LE TEMPS PARALYSÉ, livre de DEAN KOONTZ

…Le garçon se libéra de sa ceinture de sécurité,
s’agenouilla sur le siège et regarda derrière lui.
-Bordel de merde…
-Étant donné les circonstances, je pardonne le
Langage…
(extrait de LE TEMPS PARALYSÉ
Dean Koontz, éditions J’ai Lu, 1990)

Le temps est relatif : le voyage dans le temps
Est théoriquement possible
(théorie de la relativité générale, Einstein, 1916)

Corollaire de la théorie d’Einstein : revenir dans
Le passé pourrait permettre de modifier les
Évènements futurs. Cette théorie ouvre la porte
À ce qu’on appelle LES PARADOXES TEMPORELS.

LE TEMPS PARALYSÉ raconte le destin de Laura née au moment précis où un éclair transperçait le ciel. Alors que Laura a 12 ans, son père meurt et elle est par la suite trimbalée d’orphelinat en famille d’accueil jusqu’à l’âge adulte où elle devient une écrivaine célèbre. À chaque épisode de bonheur, la fatalité la rattrape par l’action de mystérieux hommes en noir qui veulent sa mort, et à chaque fois, elle est sauvée par un mystérieux ange gardien prescient qui semble  venir de nulle part et dont l’arrivée toujours providentielle coïncide avec…un éclair qui transperce le ciel…pourquoi un ange gardien…la réponse est dans le livre où le temps prend une importance capitale.

C’est un livre passionnant mais qui nécessite un exercice parfois intense de la pensée à cause du thème développé. Ce thème, très présent dans la littérature de science-fiction et développé largement dans la série-culte AU CŒUR DU TEMPS est complexe. Il s’agit de la notion du temps, le voyage dans le temps et les paradoxes temporels. (voir les liens à la fin de l’article).

Pardonnez-moi d’insister…si vous voulez pleinement savourer cette histoire imaginée avec intelligence, vous devrez en faire la lecture dans un endroit calme et vous concentrer pour démêler et comprendre les notions de paradoxes.

Même si l’auteur a fait de très beaux efforts de vulgarisation, il n’hésite pas à faire dire à son héroïne…je cite *VOUS N’AURIEZ PAS UNE TONNE D’ASPIRINE?*  Ça vous donne une idée du défi à relever, mais ça vaut la peine.

L’intrigue est intense et soutenue et donne l’impression qu’on a plus affaire à un thriller qu’à un roman de science-fiction avec un dosage équilibré de terreur et de suspense. D’ailleurs, il y a une phrase qui revient souvent dans la deuxième moitié du volume…je cite : *-LE DESTIN LUTTE POUR RÉTABLIR CE QUI ÉTAIT PRÉVU.-

Koontz s’attache à cette phrase ou devrais-je dire au sens profond de cette phrase pour donner à son récit une intensité dramatique qui garde infailliblement le lecteur captif. Il est fidèle à son style en offrant une histoire étoffée qui conjugue l’histoire (qui appartient au passé) et le destin des hommes (qui est une notion d’avenir). Je vous recommande LE TEMPS PARALYSÉ…un excellent divertissement

Suggestion de lecture : DARK  WEB de Dean Koontz

BONNE LECTURE
MAI 2013
Claude Lambert

(En Complément…)

MOI, CLAUDE – le livre de ROBERT GRAVES

Moi, Tibère-Claude-Drusus-Néron-Germanicus, etc
(Je ne vais pas vous infliger dès maintenant tous mes titres)
Connu encore tout récemment de mes amis…sous les noms de
-Claude l’Idiot-, Claude le Bègue-, Clau-Clau-Claude-, ou à
Tout le moins de –pauvre oncle Claude-, je m’apprête
Aujourd’hui à écrire l’étrange histoire de ma vie.
……
-Qui est ce vieux monsieur? Demanda un des soldats,
Nouveau venu au Palais. Il n’a pas l’air dangereux.
-Comment, tu ne sais pas? C’est le frère infirme de
Germanicus. Un brave vieux type. Pas méchant pour
Un sou.. Lève-toi Seigneur. On ne te fera pas de mal.

(extrait de MOI, CLAUDE de Robert Graves, Galimard 1987)

Mémoires et récit autobiographique de Tibère-Claude-Drusus-Néron-Germanicus, petit-neveu d’Auguste, neveu de Tibère, oncle de Caligula, beau-père de Néron, époux d’Agripine et de Messaline…devenu malgré lui empereur de Rome suite au meurtre de Caligula (lui-même héritier de Tibère)

Je précise ici que les mémoires de Claude sont imaginaires. En fait, MOI CLAUDE est un roman historique que Robert Graves a écrit sous forme d’autobiographie. Ça n’a rien à voir avec la série télévisée britannique MOI CLAUDE EMPEREUR qu’on dit une série culte et qui, sans l’apport de Derek Jacobi, aurait été un parfait navet.

L’ouvrage de Graves est supérieur par sa sensibilité, sa sobriété et la recherche constante de la réalité politique de l’époque, une politique qui était polluée par des croyances qu’aujourd’hui nous jugeons absurdes, conditionnés que nous sommes par le modernisme libéral du 21e siècle.

Graves donne donc la parole à Claude, considéré par ses contemporains comme un parfait débile intellectuel et qui fait le bilan de sa vie. J’ai apprécié le fait que l’auteur ait bien mis en perspective le fait que Claude n’a jamais voulu être empereur. Il l’est devenu parce qu’on le jugeait plus manipulable que dangereux…c’était sans doute une erreur.

Graves n’a pas fait l’erreur de sombrer dans le sensationnalisme. Mais que pouvait rapporter Claude de sa vie publique sinon les meurtres, les boucheries, les intrigues de cour, les mensonges, les trahisons, les complots, la vie débridée des Julio-Claudiens. Cependant, l’auteur a pris soin de comprendre l’homme.

Bien que l’empire Romain ait continué de s’étendre sous le règne de Claude, ce dernier était sans doute le moins *militaire* des Césars. Il s’intéressait davantage à la justice, aux affaires sociales et à l’architecture. C’était un bon administrateur et un bâtisseur. En plus, il était travaillant. Pas mal pour quelqu’un à qui on ne prêtait que la moitié d’une cervelle (aspect qui a été retenue dans de nombreux livres et au cinéma)

Bien sûr, MOI CLAUDE est un roman mais je crois que son regard critique sur la politique et la décadence des Césars est crédible…un aperçu de quelques éléments importants qui devaient tisser lentement la toile de la chute de l’empire romain.

Un livre intéressant…

Suggestion de lecture : LE SCANDALEUX HELIOGABALE d’Emma Locatelli

À gauche :
l’auteur Robert Graves

BONNE LECTURE

JAILU/Claude Lambert
MAI 2013

FÂCHÉ NOIR, le livre de STÉPHANE DOMPIERRE

Le monde est infiniment plus intéressant
que n’importe laquelle de mes opinions à son sujet.
– Nicholas Nixon
(épigraphe incroyablement bien choisi)

Je ne m’étendrai pas trop longtemps sur ce livre. Je me sentirais un peu ridicule de commenter éternellement FÂCHÉ NOIR de Stéphane Dompierre, vu que ce livre est en soit une longue série de commentaires négatifs au possible.

Disons simplement que ce livre est un recueil de chroniques que Stéphane Dompierre à écrites pour Yahoo! Québec. Dans ses chroniques, qui ne dépassent jamais deux pages,  il s’emporte à sa manière et décrit sa vision de certaines choses de son oeil soupe-au-lait. À travers des anecdotes et des faits divers nous pouvons lire son opinion sur des sujets assez inspirants et marrants tels « Tes photos de vacances », « Le snobisme alimentaire », « La croissance personnelle », « L’épicerie » et tant d’autres.

Le chialage à lui seul pourrait faire le sujet d’une thèse. Il y a des chialeux amateurs, des chialeux qui en ont fait un art. Il y a des chialeux invivables, d’autres sont plus amusants. Et surtout il y a ceux qui aiment écouter les bons chialeux s’exécuter et d’autres que ça insupporte. Dans FÂCHÉ NOIR, Stéphane Dompierre à un discours ni constructif ni édifiant, mais certainement divertissant pour peu qu’on le prenne au second degré. On peut suivre ses chroniques également ici, personnellement je suis fan (pas de flux RSS malheureusement).

C’est à prendre avec humour, mais j’éviterais tout de même de le lire avant d’aller faire l’épicerie à l’heure de pointe!

Suggestion de lecture : LE JOUR OÙ LES LIONS MANGERONT DE LA SALADE VERTE, de Raphaëlle Giordano

PHENIXGOGLU
MAI 2013

ARSÈNE LUPIN, l’oeuvre de MAURICE LEBLANC

Sur mon Sony digital book reader prs-t2 (super appareil en passant) se trouvent quelques livres exemples gratuits, une poignée de vieux romans sans doute délesté de droit d’auteur depuis un moment.  Je vous parle aujourd’hui de l’un d’entre eux. Il s’agit d’un classique, j’ai nommé Arsène Lupin – Gentleman-Cambrioleur, de Maurice Leblanc (1907). C’est un recueil de petites histoires de traques et de cambriolages.

Maurice Leblanc

Je ne connaissais pas grand chose des aventures d’Arsène Lupin, sinon de vagues souvenirs de dessins animés inspirés des aventures du maître cambrioleur. Une chose est certaine, j’adore les personnages paradoxaux. On en a vu d’incroyables à l’écran, tel le lieutenant Columbo (une perspicacité légendaire derrière un air naïf et simplet) ou plus récemment le Dr. House (un médecin phénoménal derrière une misanthropie chronique), mais ce genre de figure est plus rare dans les romans. Alors l’idée d’un gentleman-cambrioleur était plutôt séduisante, et je n’ai pas été déçu.

On suit les aventures d’Arsène Lupin avec la même fascination que pour un détective particulier, qui élève sa profession au rang d’Art. Là où on se demande comment Sherlock trouvera l’auteur d’un crime parfait, on se demande comment Arsène dévalisera une forteresse apparemment imprenable. Ce changement d’angle est par moment un peu déroutant, mais ça reste génial.

C’est un excellent personnage qu’a créé Maurice Leblanc. Parfait maître dans son domaine et doté d’un passé obscur permettant toutes les suppositions, nous lui pardonnons sa modestie parfois douteuse car on sait que son côté gentleman est quant à lui parfaitement authentique. Il est décrit comme un composé bizarre d’intelligence et de perversion, d’immoralité et de générosité.

Et que dire de l’écriture de Maurice Leblanc. Il utilise un style élégant et articulé qui sied à merveille à son personnage. J’ai été impressionné par toutes les acrobaties narratives auxquelles il se livre pour surprendre le lecteur. Sous sa plume, Arsène Lupin se glisse dans la foule, s’y confond, devient un personnage qu’on voit sans regarder; tantôt le figurant qui boit son café en arrière plan, tantôt rien de moins que le narrateur en personne! Soyez attentif et surveillez votre montre à gousset!

Suggestion de lecture : LE DOSSIER 113, d’Émile Gaboriau

PHENIXGOGLU
MAI 2013