LE TÉLÉPHONE PORTABLE, gadget de destruction massive

Commentaire sur le collectif de
L’ÉCHAPPÉE 

*À votre décharge, vous avez peu connu le monde sans portable.
Vos aînés, eux, sont si honteux de leur soumission qu’ils se
justifient à longueur de temps : «C’est juste en cas de panne de
voiture», «je l’utilise très peu», «Avec mon boulot je suis obligé»,
piètre aveu qu’il faut traduire par : «Je me suis fait avoir comme
tout le monde».*
(Extrait : LE TÉLÉPHONE PORTABLE, GADGET DE DESTRUCTION MASSIVE,
Collectif éditorial, Éditions L’Échappée, 2008, numérique, 145 pages)

Dans ce livre, la rédaction de l’Échappée pointe du doigt le téléphone portable qui constitue le plus foudroyant développement technologique de l’histoire. Il est considéré ici comme un instrument d’addiction, générateur d’autisme social. Bref le téléphone portable est devenu un fléau social. L’équipe de rédaction passe en revue ses effets qui, selon elle, ont colonisé nos vies en moins de 10 ans : l’accumulation catastrophique de déchets électroniques, la technification des rapports sociaux et la divulgation de renseignements personnels et bien sûr l’addiction. 

LE PARCOURS D’UN  RAVAGE  

C’est un opuscule qui dresse la liste des méfaits du téléphone portable. Je dis bien méfaits car il n’y a que de ça dans ce petit livre. Aucune qualité, aucune vertu, rien de positif. D’ailleurs, le lecteur est averti dès le départ. Ce petit livre fait partie de la collection NÉGATIF dirigée par PIÈCES ET MAIN D’ŒUVRE :

*Négatif. Parce qu’on ne peut qu’être contre tout, parce qu’il n’y a rien de bien dans une société négative dès son principe. Négatif. Comme l’envers, la réalité et la révélation des apparences pseudo positives.* (extrait)

Donc ce livre est un rejet total du gadget électronique le plus répandu dans le monde. Il est tout à fait dans l’optique et la mentalité de l’éditeur L’ÉCHAPPÉE : pas d’auteurs désignés et caractérisé par un schéma de pensée libertaire, tranchant et revendicateur.

J’irais même jusqu’à dire que c’est noir, ou tout au moins très sombre. Notez que le document, publié en 2008 est dépassé en lui-même parce que la technologie a beaucoup évolué, mais en pire si on s’en tient au raisonnement de l’éditeur :

*Mode d’emploi à l’attention des cobayes : pour connaître les dégâts que vous inflige une «innovation», attendez la suivante.* (Extrait)

Malgré le fait qu’il ne développe qu’un seul côté de la médaille, ce petit livre m’a impressionné et m’a tout de même fait réfléchir car il s’appuie sur des données fiables, des observations crédibles, mais qui sont de nature à faire peur.

Selon l’éditeur, les téléphones portables n’ont aucune vertu, aucune qualité digne de mention, c’est à peine s’ils sont utiles. Ils sont plutôt polluants, nuisibles et terriblement addictifs…REJET TOTAL :

*Le téléphone mobile n’est pas seulement un gadget polluant : il façonne le monde, «révolutionne notre quotidien» comme disent chercheurs et industriels, sans que jamais nous ne l’ayons choisi.* (Extrait)

C’est vrai que le téléphone portable est polluant. On en jette des millions dans le monde à chaque année parce qu’ils deviennent dépassés, technologiquement parlant et on sait que plusieurs composantes de ces mobiles sont toxiques.

C’est vrai que les téléphones portables sont addictifs, particulièrement chez les adolescents et les jeunes adultes et c’est vrai que la technologie fragilise la vie privée.

Mais est-ce que le téléphone portable est ultimement et foncièrement mauvais. Moi je n’irais pas jusqu’à le prétendre. Mais non, L’ÉCHAPPÉE tranche en parlant de mouchard parfait, de liberté sous surveillance, de grillade de cerveau et d’utilisateurs cobayes.

Enfin, L’ÉCHAPPÉE n’hésite pas à pointer du doigt les nouvelles applications développées chaque jour, de plus en plus raffinées et de nature à rendre les utilisateurs encore plus esclaves :

*Mais encore, puisque vous le réclamiez, le téléphone qui détecte la mauvaise haleine, qui vous signale les poissons sous votre canne à pêche et qui éloigne les moustiques. Et pour ces dames, le modèle qui indique le jour d’ovulation* (Extrait)

Enfin je rappelle que L’ÉCHAPPÉE avertit clairement le lecteur au début de l’ouvrage. Il n’y a rien de bon dans les téléphones portables et un argumentaire documenté et tranchant est développé sur une centaine de pages. Pour moi, il manque quelque chose c’est clair…l’objectivité. Ça porte quand même à réfléchir.

Suggestion de lecture : DANS L’OMBRE DE CLARISSE de Madeleine Robitaille

Fondée en 2004, L’ÉCHAPPÉE est une maison d’édition associative qui n’identifie pas d’auteurs en particulier mais publie collectivement selon une structure militante et revendicatrice. C’est une association alternative qui  essaie de rémunérer tous les travailleurs participant à la chaîne de production d’un livre. L’ÉCHAPPÉE milite aussi dans l’OFFENSIVE LIBERTAIRE ET SOCIALE. 

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 20 août 2017