MÉMOIRES D’OUTRE-MORT, de CHRISTOPHER BUEHLMAN

*Si vous cherchez une histoire de gens sympas qui font
des trucs sympas, passez votre chemin. Vous allez
être plombé par un narrateur peu fiable qui va vous
décevoir et vous répugner au détour de chaque page.*
(Extrait : MÉMOIRES D’OUTRE TOMBE, Christopher Buelham,
Hugo roman éditeur, 2019, 429 pages. Version audio : Audible
éditeur, 2019. Durée d’écoute : 11 heures 52, narrateur : Pierre
Rochefort)

1978: Si New York est une ville sale et dangereuse pour les vivants, Joey Peacock, vampire aux traits éternellement jeunes, y voit toujours un magnifique terrain de chasse. La nuit tombée, du fameux Studio 54 aux appartements du Village en passant par le CBGB cher aux punks, il écume Manhattan en quête d’une artère compatissante. Première des règles : charmer la proie, ne jamais la tuer.

Quand vient l’aube, Joey rejoint dans une station de métro désaffectée ses frères et soeurs de sang, parmi lesquels Cvetko le Slovène philosophe, Billy Bang le fou de free jazz et, bien sûr, la patronne, Margaret, qui administre son territoire d’une main de fer. Jusqu’au jour où de nouveaux arrivants menacent la survie de la petite communauté : des enfants aux yeux brillants et aux longues canines, redoutables tueurs dont les besoins semblent sans limite…

On ne nait pas vampire, on le devient
*Je vais vous raconter comment on fait souffrir
 des gens, et si vous aimez ce genre d’histoire,
 c’est que vous êtes mauvais.*
(Extrait)

MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE aurait pu s’intituler <journal d’un vampire>. En effet, dans ce récit, un vampire, transformé dans son adolescence se raconte…son visage est d’ailleurs marqué par une éternelle jeunesse. Son nom est Joey Peacok. C’est le narrateur et il nous entraîne dans les basses fosses de New-York, c’est-à-dire les égouts qui constituent sa résidence, qui le protègent de la lumière et qui lui permettent de remonter à la surface ponctuellement afin de se nourrir.

Il raconte comment il arrive à charmer les humains avant de s’en nourrir en tuant le moins possible car, faut-il le préciser, Joey a des états d’âme. On trouve dans le récit beaucoup des clichés courants sur les vampires, mais Joey profite du <micro> pour en démonter quelques-uns comme le fameux crucifix par exemple. En effet, celui-ci fonctionne si le vampire y croit, sinon il devient aussi utile qu’un fusil à l’eau. Joey nous raconte et nous explique les mœurs des vampires, leur langage, leurs manies.

Un jour, de nouveaux arrivants menacent la petite communauté vampirique des sous-sols new-yorkais: des enfants, de véritables monstres, petits tueurs impitoyables aux appétits illimités. Le récit devient alors glauque, macabre, terrorisant et pourrait bien générer chez certains auditeurs sensibles de sérieux frissons.

Première observation, malgré un ton monocorde, j’ai senti que le narrateur s’adressait à moi. Il me raconte son monde. Je sens parfois la conviction mais en général le ton est détaché et froid ce qui est peut-être normal quand on pense qu’ici, c’est un vampire qui s’exprime. Malheureusement, l’histoire n’est pas facile à suivre. Le fil conducteur est instable et prend toutes sortes de directions. J’en ai perdu des bouts je l’admets.

Dans ce récit, il y a peu d’action. L’histoire génère un peu d’émotion quand on y explique avec des détails parfois croustillants la cruauté des enfants. Mais je m’attendais à plus d’action, un caractère plus soutenu dans le développement du récit, un rythme plus élevé ou tout au moins un peu plus nerveux.

Au début, c’est prometteur mais au final, le sujet m’a semblé sous-développé. Et puisque je parle de finale, je dois vous dire que je l’ai trouvé bizarre, peu claire. Je n’ai pas vraiment compris où l’auteur voulait en venir. J’aurais souhaité quelque chose de plus précis sur le sort des enfants et les effets sur la communauté de vampires.

Sur le plan littéraire, si vous ne gagnez pas l’auditeur ou le lecteur dans les cinquante premières pages, il devient très difficile de le gagner pour l’ensemble de l’œuvre. La première moitié du récit justifie le titre : des mémoires imbriqués sans suite. Dans la deuxième partie, l’écriture est plus limpide mais nous dirige vers une finale étrange. La première idée qui m’en est venue se résume à ces mots: C’est n’importe quoi.

Je veux quand même terminer sur certains points positifs : entendons-nous, il n’est pas question ici de <gentils vampires> mais la sincérité de Joey m’a semblé évidente. Il y a dans l’histoire de bonnes idées, entre autres sur les mœurs vampiriques. La plume est directe, le sang coule à flot, beaucoup vont apprécier sans doute. Plusieurs passages sont très durs. Amis auditeurs et auditrices, la balle est dans votre camp.

Suggestion de lecture : DRACULA, de Bram Stocker

Christopher Buehlman est né en 1969 à Tampa en Floride. Il est l’auteur de deux romans et a obtenu le prix Bridport 2007 en poésie. Il a également publié plusieurs pièces de théâtre et incarne, en tant que comédien, le personnage « Christophe the Insultor » devenu culte grâce à de nombreux festivals. Il est diplômé en histoire et en français, et vit à St. Petersburg, en Floride.

 

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert

le vendredi 5 avril 2024

RUMEURS et légendes urbaines, d’ALBERT JACK

Le livre dont je vous parle aujourd’hui n’est pas un chef d’oeuvre, et je ne le qualifierais même pas d’ouvrage. Il s’agit de RUMEURS ET LÉGENDES URBAINES de Albert Jack, un petit recueil de légendes urbaines pour lesquelles l’auteur donne tantôt le maigre résultat de ses recherches, tantôt son commentaire personnel.

Je vous partage cette lecture car je l’ai tout de même trouvé divertissante. Les légendes urbaines sont un peu comme des blagues: des histoires courtes qui retiennent l’attention et dont la chute est inattendue (ou presque). Plusieurs types de légendes sont abordés: des histoires d’épouvantes aux  anecdotes embarrassantes en passant par les histoires obscures de personnalités célèbres.

Comme je disais, il ne s’agit que d’un recueil. Il y a très peu de mythes démystifiés ou dont l’origine est détaillée. Et soyons franc, une recherche google suffit à trouver une source encore plus riche de légendes urbaines. Je pense à un vieux site qui date du début du siècle et qui est encore en ligne: http://pages.infinit.net/ginov/legende.htm (allez y jeter un coup d’oeil, c’est difficile de décrocher!)

Ce que j’aimerais maintenant, c’est un livre qui explique, décortique, définit, détaille le phénomène des légendes urbaines, en donnant des exemples. Bref j’aimerais un véritable ouvrage sur ce sujet qui m’intéresse beaucoup.

Pour finir, je peux vous recommander l’achat de RUMEURS ET LÉGENDES URBAINES, car même si ça ne sera pas le joyau de votre bibliothèque, il pourrait bien avoir une place de choix dans votre salle de bain!

Suggestion de lecture : PEURS SUR LA VILLE, recueil de nouvelles

Phenixgoglu
Décembre 2012

(En Complément…)