LES PASSAGERS, John Marrs

<Claire inspira plusieurs fois profondément pour se calmer et contempla, mal à l’aise, sa propre voiture. Ben avait signé le contrat pour l’acheter à crédit trois semaines plus tôt, et elle avait encore du mal à s’habituer à ses multiples fonctionnalités nouvelles. La plus grande différence avec leur précédente voiture, c’est que celle-ci n’avait plus ni volant, ni pédales, ni possibilité de passer en contrôle manuel. Elle était totalement autonome, et ça effrayait Claire.>

Extrait : LES PASSAGERS, John Marrs, Hugo roman éditeur, 2020, édition de papier, 448 pages. Aussi en format numérique.

Les voitures sans conducteur ? Un réel progrès pour la sécurité de tous, nous dit-on. Mais quand un hacker prend le contrôle de huit d’entre elles, le progrès devient une menace. Mortelle. Les huit véhicules et leurs passagers sont programmés pour rouler vers une collision aussi spectaculaire que fatale.

Tous vont mourir. Tous, sauf celui ou celle que le public décidera de sauver via les réseaux sociaux. Chaque passager doit plaider sa cause pour influencer les votes. Mais le hacker connaît aussi leurs secrets Les plus sombres…

Qui sont les huit passagers ?

Libby : Une femme ordinaire qui devient la voix du public dans cette crise.
Jude : Un homme avec un passé sombre, cachant des secrets.
Sofia : Une immigrée qui lutte pour sa survie et celle de sa famille
Sam : Un vétéran de guerre avec des blessures physiques et émotionnelles.
Claire : Une femme enceinte, symbole d’espoir et de vulnérabilité
Shabana : Une politicienne controversée avec des ambitions personnelles.
Jack : Un influenceur des réseaux sociaux, obsédé par sa popularité
Victor : Un homme âgé, représentant une génération passée.

Huit piégés…
Qui survivra ?

Nous sommes dans un futur pas si lointain dans une Angleterre régie par les nouvelles technologies. Tout est intelligence, depuis le grille-pain en passant par la tondeuse jusqu’aux voitures qui ne requièrent plus de conducteurs.

Un jour, huit passagers deviennent otages dans leur propre voiture, un mystérieux hacker ayant pris le contrôle de tous les systèmes. Impossible de fuir. Le pirate annonce froidement que les huit voitures vont entrer en collision et que tout le monde devrait en mourir.

C’est un roman qui m’a époustouflé et même giflé d’une certaine façon. LES PASSAGERS est un thriller-chorale, une forme littéraire qui exige une parfaite maîtrise de la technique d’écriture. À ce titre, je considère John Marrs comme un artiste.

C’est une histoire aussi sordide que glaçante car elle évoque une société trompée, désinformée, exploitée et manipulée, ce qui est en fait, très proche de la Société d’aujourd’hui. Le livre dénonce aussi le pouvoir des hackers, le piratage informatique et la corruption politique qui sous-tend toute l’intrigue.

Le plus grand pouvoir de cette histoire à faire frémir est de pénétrer profondément dans les dérives technologiques et l’inimaginable puissance des réseaux sociaux. Car il faut bien le dire, le malheur des huit passagers terrorisés fera l’objet d’un spectacle. Je parle bien sûr de cette plaie de l’univers médiatique qu’on appelle la téléréalité.

Sur le parcours des voitures piégées, la foule est hystérique : *Quand les gens deviennent partie d’une foule, ils cessent d’être des individus, leurs inhibitions disparaissent, ils ne suivent plus leurs règles morales habituelles* (Extrait) L’auteur a tout prévu, y compris un profil psychologique de chaque passager et un jugement de nature à nous rappeler qu’il ne faut pas se fier aux apparences.

C’est un roman coup de poing, spectaculaire. Le rythme est haletant. La lecture est vite devenue addictive. Quoique très intrigant, L’épilogue est long et sensiblement embrouillé et je n’ai pas été très surpris de la finale.

Mai dans l’ensemble, ce livre fut pour moi un vrai coup de cœur qui n’est pas sans faire réfléchir sur la corruption politique et le dangereux pouvoir qu’exerce l’intelligence artificielle sur nos vies. En principe c’est un roman d’anticipation mais son actualité m’a pris de court.

C’est une histoire développée avec génie. Malgré sa ventilation, elle ne m’a laissé aucun répit. J’espère voir ce livre adapté au cinéma. Ce n’était pas le cas au moment d’écrire cet article.  Si l’éventuel réalisateur y met autant de talent que l’auteur, la production battrait des records.

Je pourrais en parler encore longtemps mais en conclusion, je dirai que c’est un livre à lire absolument et que John Marrs est un auteur à surveiller.

Suggestion de lecture : NOA, de Marc Levy


L’auteur John Marrs

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 13 avril 2025

 

NOA, de Marc Levy

*La cupidité est une tare que l’on peut pardonner, mais trahir son pays pour de l’argent, c’est un acte inacceptable. Le XXIe siècle est l’histoire de la victoire progressive de la démocratie sur les idéologies fascistes, communistes et nationalistes, le XXIe siècle est l’histoire inverse. *

Extrait : NOA, de Marc Levy. Versions papier et numérique:  Robert Laffont/Versilio éditeur, 2022, 367 et 332 pages.  Version audio : Lizzie éditeur, 2022, durée d’écoute : 7 heures 43 minutes. Narratrices : Audrey Sourdive et Marie Bouvier.

9 hackers combattent un dictateur.

Des vies sont en danger.

Une reporter d’investigation va s’infiltrer en terrain ennemi.

Le temps est compté.

Le Groupe 9, plus uni que jamais, repart en mission.

L’avenir de tout un peuple est en jeu.

Le pouvoir du hacking

NOA est un drame d’espionnage extrêmement bien ajusté à la réalité géopolitique des années 2021-22 et 23. Peut-être même trop selon une partie de la masse critique. Mais moi, j’ai passé un bon moment.

Une entité que je vous laisse découvrir, crée un groupe de 9 hackers qui doivent s’infiltrer dans un vaste complot international visant à détruire les démocraties. Le tout premier membre recruté fut une femme appelée NOA. La mission des 9 : utiliser leur génie technologique pour empêcher les russes d’arriver à leur fin.

Dans ce troisième tome, les 9 veulent protéger un reporter d’investigation infiltré en Biélorussie où le dictateur Loutchine met le pays à feu et à sang pour s’enrichir, foulant du pied le moindre droit humain.

Pas besoin d’être sorcier pour deviner que Loutchine est en fait le nom compressé de deux despotes tristement célèbres : Loutchenko, dictateur biélorusse et Poutine président de la fédération de Russie.

Même si le roman a été écrit avant l’invasion de l’Ukraine, le récit fait référence à des évènements qui ont fragilisé le monde, mettant à mal, l’équilibre géopolitique, la liberté de la Presse, les droits de la personne.

Dans ce roman aux multiples facettes, ce n’est pas l’action qui manque et elle se déroule partout dans le monde. Toutes les recettes du genre sont réunies : dessein hégémonique, meurtres à glacer le sang, énigmes, poursuites sans oublier ce qui fait la grande force du récit : une incroyable technologie de pointe dans laquelle se déploient les génies du piratage.

C’est riche en rebondissements, en revirement, en action, en vitesse et en trouvailles de toutes sortes. C’est un récit électrique qui se dévore et qui n’est pas sans rappeler les grands *James Bond* du cinéma.

Les petites faiblesses maintenant… la principale n’est pas forcément une faiblesse. Ça dépend de vos attentes et de la perception que vous avez eue des deux premiers tomes.

Ici, Marc Levy nous rapproche beaucoup trop d’une réalité alors qu’habituellement, il nous en éloigne. J’avais parfois l’impression de lire un grand reportage. Moins romanesque, plus réaliste. Moi ça m’a plu.

Il y a beaucoup de personnages. La galerie est même imposante. Il est facile de s’y perdre. Je note aussi dans la série un certain essoufflement…quelques idées qui s’étirent ou se répètent. Enfin toute bonne chose a une fin. De toutes façons, ça n’arrêtera pas les inconditionnels des nouvelles technologies.

J’ai trouvé fascinant le déploiement d’imagination dont l’auteur a fait preuve dans cette histoire. C’est un livre qui fait beaucoup réfléchir sur les effets de l’hégémonie, les droits humains et sur la valeur de la vie humaine…des grands principes dont les besoins de domination et de pouvoir ne s’encombrent pas tellement.

Une très bonne lecture.

Suggestion de lecture : LE CRÉPUSCULE DES DIEUX, de Stéphane Przybylki


L’auteur Marc Levy

Autres livres de Marc Levy

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 15 mars 2025

LE FACTEUR 119, le livre de LYDIE BAIZOT

*-Mon cerveau est humain, on peut donc dire que
je pense comme un humain. Est-ce leur cas? –C’est
difficile à dire…»…Ils possèdent 118 facteurs qui leur
inculquent un caractère, des envies, des goûts, des
devoirs…mais j’aime à croire qu’ils sont capables
de bien plus.*
(Extrait : LE FACTEUR 119, Lydie Baizot, Éditions Voy’(el)
2015, numérique, 425 pages)

Le professeur Ellyard McComb, un cybernéticien de génie met au point des intelligences artificielles humanoïdes. Un jour, tout à fait par hasard, le professeur découvre que ses I.A. ont été détournées de leur objectif initial grâce à l’ajout dans leur programmation d’un 119facteur. McComb ne tarde pas à comprendre que cette duperie, qui risque de mener tout un peuple à sa perte, est l’œuvre de son patron, Henri Havensborn, fourbe et sans scrupule. Le professeur devra prendre des risques périlleux pour contrer les sombres projets d’Havensborn à commencer par réveiller précocement des I.A.

DÉTOURNEMENT TECHNO
*Ellyard écoutait avec une émotion et une fierté indéniables
ses enfants parler entre eux. Une personnalité avait émergé
en chacun, bien au-delà des paramètres de base qu’il avait
lui-même choisis. Finalement, un réveil prématuré avait
peut-être été salutaire pour eux, dans le sens où l’ingénieur
avait l’impression que leur évolution était plus naturelle.
(Extrait : LE FACTEUR 119)

J’ai lu plusieurs livres et vu beaucoup de films avec comme sujet les Intelligences Artificielles y compris celles auxquelles on a fini par attribué certains sentiments et même certaines capacités essentiellement humaines comme pleurer par exemple. Donc le sujet n’est pas nouveau et bien que LE FACTEUR 119 n’échappe pas à un manque d’originalité, ce livre m’a envoûté.

Pourquoi? Difficile à expliquer parfois l’attachement à un livre…peut-être à cause de l’intensité de l’écriture, des I.A. qui sont terriblement attachantes dans le récit, à cause de la puissance des mots…pour moi, chaque livre a son aura et celle qui nous intéresse aujourd’hui est très forte. Voyons pourquoi :

L’histoire se déroule dans le futur et dans une galaxie lointaine dont les planètes sont politiquement réunies en confédération. Dans cet univers, deux civilisations en particulier s’opposent dans une guerre qui ne finit pas de finir : Les Loraniens et les Médroviens.

Sur Loranys, le professeur McComb a créé 10 intelligences artificielles, type humanoïde et comportant chacune 118 facteurs d’attitudes et de comportements. Or 6 d’entre elles sont sabotées par l’ajout d’un 119facteur qui les amène à prêter assistance à l’ennemi. Elles sont envoyées sur Médrovia.

Pour injecter les nanites susceptibles de neutraliser le facteur 119, le professeurs McComb réveille les quatre I.A. qui restent et qui deviendront les héros de cette histoire : Tyler, 16 ans d’apparence, le plus attachant de la petite compagnie, doté d’une vraie personnalité d’ado ayant de l’humour et de la réplique, bricoleur génial.

Puis, viennent William, 60 ans d’apparence, informaticien de première ligne, Ethan, 30 ans d’apparence, spécialiste en médecine et sciences associées et Gabrielle, 30 ans d’apparence, militaire et conceptrice d’armes.

Dans ce récit, il y a beaucoup d’action et de rebondissements, beaucoup d’imagination aussi dans la résolution d’intrigues et de problèmes générés par un conflit complexe et destructeur. Il y a aussi une belle place pour l’humour, grâce à Tyler en particulier.

Mais le véritable intérêt du livre vient de la nature même de ses héros : quatre I.A. tellement unies qu’on dirait qu’elles forment une famille. L’auteure les fait évoluer d’une façon subtile et c’est ainsi que le lecteur assiste pour chaque I.A. à l’émergence d’une personnalité forte et attachante, complètement étrangère aux paramètres habituels des I.A.

Ce livre n’est pas sans faire réfléchir sur les nouvelles technologies souvent détournées au profit du pouvoir alors qu’on sait très bien que ce n’est pas pour cela qu’elles ont été créées. Le livre évoque aussi le pouvoir de l’esprit de corps et d’équipe et d’une certaine façon l’éveil à la vie qui appelle à un combat pour l’équité et la justice.

La fluidité de la plume conjuguée à son intensité, une remarquable imagination, des personnages énergiques et attachants qu’on aimerait compter parmi nos amis et une action presqu’incessante font toute la richesse de ce livre de science-fiction que je classe à part car il a été le premier du genre à me faire vibrer depuis de nombreuses années.

Lydie Blaizot est une écrivaine française née à Cherbourg le 12 juillet 1973. Dès son plus jeune âge, elle développe une véritable passion pour la science-fiction, le fantasy, la littérature fantastique en général. À  30 ans, elle en deviendra une spécialiste alors qu’elle prend la plume et offre son premier roman : LA MAISON DE LONDRES, publiée en 2010. LE FACTEUR 119 sera publié l’année suivante.

 BONNE LECTURE
JAILU
Le dimanche 10 juin 2018