L’ANTRE DE LA HAMMER partie 2, Marcus Hearn

*L’objectif de ce livre n’est pas de proposer une histoire exhaustive de la Hammer, mais de partager le meilleur de ses archives, film par film. Les classiques sont présentés aux côtés d’une sélection judicieuse d’autres titres, tous datés de l’année où la production a débuté.* (Extrait de L’ANTRE DE LA HAMMER, introduction)

Si vous voulez d’abord revenir
sur la première partie de
l’article, cliquez ici.

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LA MYTHIQUE MAISON

*Le scénariste Anthony Hinds imagina une intrigue qui voyait le baron de Peter Cushing s’enfoncer plus encore dans la dépravation, et le réalisateur Terence Fisher baigna le film dans une atmosphère sombre et décadente…FRANKESTEIN AND THE MONSTER FROM HELL sortit finalement en 1974, six ans avant la mort de Terence Fisher.

Le dernier des films traditionnels à la Hammer était aussi le dernier chapitre de la carrière du plus grand réalisateur de la compagnie.* (Extrait de L’ANTRE DE LA HAMMER, de l’article : FRANKENSTEIN ET LE MONSTRE DE L’ENFER, p 150-151)

Comme je l’ai indiqué dans la première partie de cet article, la Hammer a occupé une place importante dans ma vie. Pendant mon enfance mais surtout dans l’adolescence, je surveillais chaque sortie de film, étudiais longuement chaque affiche, surveillais l’horaire des films à la télé.

Je recherchais tous les articles des revues spécialisées qui suivaient les carrières de mes acteurs fétiches… Boris Karloff, Vincent Price, Peter Cushing, Christopher Lee, Barbara Shelly, Betty Davis, Michael Ripper et plusieurs autres…

Et même encore aujourd’hui je reste à l’affût. C’est avec une joie indescriptible que j’ai dévoré le livre de Marcus Hearn L’ANTRE DE LA HAMMER, je parle de la réédition de 2016 revue et augmentée.

Lire ce livre, c’est pénétrer dans la crypte de la Hammer, s’accaparer un héritage d’une extraordinaire richesse. Ce livre m’a fait découvrir des aspects de la Hammer qui m’étaient inconnus comme par exemple, la série QUATERMASS EXPERIMENT de Nigel Kneale qui a eu dans les années 1950 un impact énorme sur les spectateurs et sur la critique.

Autre exemple : The CURSE OF FRANKESTEIN qui fût le premier film d’horreur gothique, à la source de la notoriété internationale de la Hammer et qui introduisit un des piliers du cinéma d’épouvante : Peter Cushing…

Dans cet ouvrage exhaustif, j’ai passé en revue toutes les productions de la Hammer à travers des documents inédits dont des correspondances, lettres, notes privées, dessins et maquettes et des photos par centaines dont certaines sont très rares. Dans ce livre, il n’y a pas de commentaires analytiques sur les tendances de la Hammer.

Ce n’est pas non plus une anthologie. Ce livre, c’est LA HAMMER : son évolution, ses artisans, ses héros et son matériel promotionnel abondant. J’y ai découvert entre autres que la Société Britannique produisait des films dans tous les genres : comédies, fantastiques, polars, historiques et même des films classés X dans les années 50.

Évidemment, la notoriété de la Hammer repose sur l’horreur et l’épouvante avec entre autres un des personnages les plus exploités dans l’histoire de la Hammer : Dracula qui a permis de mettre en scène un des acteurs les plus productifs de l’histoire : Christopher Lee.

J’ai passé un extraordinaire moment de lecture et de visionnement. C’est un véritable livre de collection, luxueux présentant un graphisme superbe, papier glacé, une présentation globale très agréable, bourré de photos et d’annotations comportant beaucoup d’inédits. Une fête pour les yeux et l’esprit, que vous soyez inconditionnel de la Hammer ou néophyte.

J’ai fait beaucoup de découvertes et j’ai compris que le cinéma d’aujourd’hui ne serait peut-être pas le même s’il n’avait subi l’influence et l’attraction de la Hammer. L’auteur de ce livre étant reconnu comme l’historien officiel de la Hammer, vous aurez entre les mains un livre d’histoire complet, attractif et passionnant.

Et un petit détail en passant…vous connaissez bien Daniel Radcliff pour avoir incarné Harry Potter, L’ANTRE DE LA HAMMER vous le fera connaître sous un jour nouveau et différent.

Je recommande fortement L’ANTRE DE LA HAMMER…un moment d’évasion total…

Suggestion de lecture : HISTOIRES EXTRAORDINAIRES, recueil D’Edgar Alan Poe

Marcus Hearn est un auteur natif du Royaume-Uni. Il est aussi éditeur et spécialiste de la Hammer, qualifié par plusieurs d’historien de la célèbre firme. Après avoir amorcé sa carrière chez Marvel en 1993, Hearn entreprend son œuvre comprend les biographies de cinéastes tels George Lucas, réalisateur de Star Wars et Gerry Anderson. Hearn est aussi chercheur associé au Centre Télévisuel Historique de Cinéma et l’historien officiel de de la Hammer. Il est aussi l’auteur de L’ART DE LA HAMMER. (voir plus bas)

À LIRE AUSSI

Il y a plus de cinquante ans, avec la sortie de La Malédiction de Frankenstein et la performance légendaire de Christopher Lee dans Dracula, la Hammer a ouvert une nouvelle ère dans le cinéma, mêlant le sexe et l’horreur avec un style et un panache qui ont fait la renommée mondiale de la petite société britannique. L’art de la Hammer rassemble les meilleures et les plus emblématiques affiches de films produits pour le studio Hammer, des œuvres rares venues du monde entier. Mettant en vedette les plus grands films Hammer, dont La Malédiction de Frankenstein, la série Dracula, et bien d’autres encore.

Bonne Lecture
Claude Lambert
le samedi 23 janvier 2021

L’ANTRE DE LA HAMMER partie 1, Marcus Hearn

*Dans les années 1950, l’horreur à la sauce Hammer était l’expérience la plus terrifiante que le cinéma pouvait offrir. Cette terreur était alors incarnée par un astronaute mutant, un scientifique amoral ou un vampire assoiffé de sang. La mort et le sexe n’étaient plus laissés à l’imagination du spectateur et la Hammer enrichissait cette promesse d’un large support promotionnel…

…Le voyage commence en 1954, avec l’expérience qui a transformé à la fois la Hammer et l’histoire du cinéma britannique…*
(Extrait de L’ANTRE DE LA HAMMER, édité en 2016 par Akileos pour la traduction française, Marcus Hearn, édition de papier avec archives, photos, illustrations. 32.5 X 24.5 cm, 185 pages)

Ce voyage exceptionnel dans l’antre de la Hammer présente des accessoires de tournage, des pages de scripts annotées, des designs de production, des documents publicitaires rares et des correspondances privées. Des centaines de photos rares et inédites permettent de s’immerger dans un panorama complet de l’héritage de la Hammer, des classiques classés X des années 50 jusqu’aux dernières productions du studio.

Écrit et compilé par Marcus Hearn, l’historien et spécialiste de la Hammer, et comprenant des contributions exclusives des acteurs et réalisateurs associés au nom du studio, cet ouvrage est le plus prestigieux jamais publié sur le légendaire Studio de l’Horreur.

PRÉSENTATION DE LA HAMMER

Nous avons tous été impressionnés tôt ou tard par les logos et les œuvres des grands studios de cinéma tels Paramount, Universal, Warner Bros ou Disney pour ne nommer que ceux-là et c’est sans parler des réalisateurs, tout aussi illustres. Mais pour moi, c’est la HAMMER FILMS qui remporte la palme ayant pris une place très importante dans ma vie d’enfance et d’adolescence et même encore aujourd’hui.

La Hammer m’a toujours fasciné et m’attire encore dans une incroyable orbite d’horreur, d’ésotérique, de fantastique, de mystère, le tout mis en évidence par les effets spéciaux réalisés avec les moyens qu’on avait à l’époque : 1940-1970…pas d’ordinateur…du fait-maison… à la mitaine comme un dit au Québec. Quand j’étais ado, visionner un film de la Hammer était une fête.

Maintenant, avec le recul, du temps, je me suis intéressé à l’histoire et à l’évolution, en particulier qui fera l’objet de mon commentaire sur le livre de Marcus  Hearn dans la deuxième partie de ce dossier. Pour l’heure, je résumerai très brièvement les débuts de la Hammer.

Premier pas important : Enrique Carreras, directeur d’une chaîne de salles de cinéma s’associe avec William Hinds, propriétaire d’une chaîne de bijouteries pour fonder une société de production cinématographique qui sera 100% britannique. Comme Hinds jouait à l’occasion au théâtre sous le nom de Will Hammer. Les nouveaux associés en ont profité pour baptiser la Société HAMMER FILMS.

Suggestion de lecture : L’ANTRE DE LA HAMMER, partie 2, de Marcus Hearn

DES GRANDS NOMS

Trois monstres sacrés qui ont défini le genre de la Hammer : en haut à droite, SIR CHRISTOPHER LEE (1922-2015) acteur britannique le plus prolifique de l’histoire avec 225 films. Au centre, VINCENT PRICE (1911-1993) acteur américain spécialisé dans les films d’épouvante.

Et à gauche, PETER CUSHING (1913-1994), acteur britannique, célèbre pour son rôle de Victor Frankenstein bien sûr, mais aussi pour avoir incarné le fameux détective Sherlock Holmes. Lee et Cushing furent les premiers à apparaître dans une production à succès de la Hammer film.

Peter Cushing, réactualisé dans LA GUERRE DES ÉTOILES, incarne le seigneur Tarkin.

Christopher Lee, réactualisé dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Il incarne SAROUMANE.

Terence Fisher, réalisateur britannique (1904-1980) célèbre pour avoir réalisé les plus grands succès de la Hammer, renouvelant le mythe du fantastique en jouant sur les couleurs, les décors réalistes, l’esthétisme et surtout sur une ambiance gothique.

Dans ma prochaine publication, je parlerai de l’héritage de la Hammer qui est le véritable objet du livre de Marcus Hearn : L’ANTRE DE LA HAMMER.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 17 janvier 2021

LE MONDE DE BARNEY, de MORDECAI RICHLER

*Si je m’aventure dans cette pagaille, dans ce ratage
qu’est l’histoire de ma vie, c’est uniquement pour
répondre aux venimeuses calomnies que Terry
McIver répand dans son autobiographie à paraître*
(Extrait : LE MONDE DE BARNEY, Mordecai Richler,
Éditions Albin Michel, livre de poche, 1999, papier, 600p.)

Mécontent du livre de souvenirs que vient de publier un écrivain qu’il a fréquenté dans sa jeunesse, Barney Panofsky, 67 ans, canadien issu de la communauté juive de Montréal, décide de donner sa version des faits et d’écrire ses mémoires. Passionné de hockey, grincheux, alcoolique, caustique et d’une redoutable mauvaise foi, Barney règle ses comptes : québécois francophones nationalistes, écrivains ratés ou pédants, antisémites, mais aussi ses coreligionnaires, personne n’est épargné. Il ne manque pas d’évoquer ses trois mariages et les villes où il est passé au gré de ses diverses activités : Paris, New-York, Toronto et bien sûr Montréal. Autobiographie fictive et drôle.

UN OURS MAL LÉCHÉ
*Je suis un impulsif. Un type qui trouve préférable de
commettre des erreurs plutôt que de regretter ce
qu’il n’a pas fait. Eh bien, dans la catégorie des
erreurs, l’une des pires fut mes fiançailles puis mon
mariage avec Mrs Panofsky II. Ce qui n’excuse
aucunement mon abominable comportement au
cours de notre lune de miel.
(Extrait)

Barney Panofsky, un misanthrope juif de Montréal, 67 ans, est un personnage grognon, chialeur et mal embouché en plus d’être très porté sur la bouteille. Panofski sait ce qu’il vaut : *Bon sang ! Me voici, moi, un vieux schnoque de soixante-sept ans qui rétrécit à vue d’œil, affligé d’une queue qui fuit, et je reste toujours incapable d’expliquer un deuxième mariage qui me coûte…dix-mille dollars par mois…* (Extrait)

De ce qu’on peut bien penser de lui, Barney s’en contrefout. Ça lui donne d’ailleurs un petit côté attachant, peut-être à cause du destin tragique qui l’attend. Ça peut être dû aussi à la philosophie de supermarché qui caractérise ce personnage perçu par son entourage comme un mufle de première :

*…car c’était encore un temps…où il n’y avait pas un dentiste particulier pour les gencives, un autre pour les molaires, un autre pour les couronnes, un autre pour les extractions, non, un seul abruti se chargeait de tout à la fois*. (Extrait)

Ce dernier roman de Mordecai Richler, publié en 1997 est un récit coloré. Il a la saveur d’un testament littéraire mais aussi celle d’une petite fresque sociale qui étudie les mœurs de l’époque, sociales, sportives et politiques et qui décrit surtout un personnage loufoque qui ira jusqu’à être accusé de meurtre.

La critique de son entourage passe d’abord par l’idée qu’il se fait de lui-même. Le livre est divisé en trois parties, une pour chaque mariage de monsieur Barney. C’est surtout à la suite de ses relations tordues et conflictuelles avec ses femmes que Barney décide de revoir sa misérable vie et là, il règle ses comptes.

Bien que le récit soit centré sur ses relations difficiles avec madame Panofsky 1, 2 et 3, Barney devient caustique, par la bande, sans jeu de mot, avec les Canadiens de Montréal, les racistes, les féministes, les indépendantistes et même les juifs. Dans son œuvre, Richler aurait même été perçu comme antisémite par sa propre communauté.

Tout ça parce qu’il n’était pas content d’un livre de souvenirs publié par un écrivain qu’il a fréquenté dans sa jeunesse, ce qui l’a poussé à écrire ses mémoires. Enfin, *Avant que son cerveau ne commence à s’atrophier, Barney Panofsky est resté fidèle à deux intimes convictions : la première, que la vie est absurde; la seconde, que personne ne peut vraiment comprendre autrui. * (Extrait)

Au cours de la lecture de ce livre, je ne me suis pas ennuyé un seul instant. Difficile de ne pas s’attacher à ce grognon acide. Peut-être parce que moi non plus, je ne crains pas le ridicule mais surtout parce que j’ai décelé chez Barney une sensibilité parfois exacerbée couplée à un mal de vivre profond. Par l’intensité de sa plume, l’auteur amène le lecteur à apprécier davantage la comédie de la vie que son caractère tragique.

Malgré un récit en dents de scie, j’ai trouvé le volume riche en imagination, en humour et en vocabulaire. Barney boit comme un trou, fume comme un pompier, on se perd un peu dans sa philosophie désorganisée et effectivement, le récit est parfois dur à suivre sans fil conducteur apparent, mais Barney Panofsky demeure un personnage original, drôle et émouvant qui gagne à être connu.

Suggestion de lecture : AU SUD DE NULLE PART, de Charles Bukovsky (recueil de nouvelles)

Mordecai Richler est né en 1931 à Montréal. Il a vécu à Paris, en Espagne et en Angleterre, puis en 1972. Il s’est réinstallé au Canada. Journaliste, mais surtout écrivain renommé, il a publié plusieurs romans dont L’APPRENTISSAGE DE DUDDY. Mordecai Richler est décédé le 3 juillet 2001.

LE MONDE DE BARNEY AU CINÉMA

Extrait de l’adaptation cinématographique LE MONDE DE BARNEY
sortie en 2010 et réalisée par Richard J. Lewis avec Paul
Giamatti, Rosamund Pike et Dustin Hoffman.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 16 janvier 2021