Commentaire sur le livre de
LUCY MAUD MONTGOMMERY
*De sémillants châteaux en Espagne surgissaient des brumes et des arcs-en-ciel de son imagination fertile ; des aventures nouvelles et exaltantes l’entraînaient dans leur sillage merveilleux, aventures dont elle demeurait jusqu’à la fin l’héroïne triomphale et qui ne la voyaient surtout jamais sombrer dans ces misérables pétrins qui marquaient sa vie réelle. *
(Extrait : Anne la maison aux pignons verts, livre 1, Lucy-Maud Montgomery, version papier, Québec Amérique 2001, 374 pages. Version audio : Voolume éditeur, version intégrale, 2021, durée d’écoute : 10 heures 46 minutes. Narratrice : Émilie Moget.

Anne, une petite orpheline rousse à l’imagination débordante, est envoyée par erreur chez les Cuthbert, qui attendaient plutôt un garçon pour les aider aux travaux de leur ferme. Mathew ne se résigne pas à la renvoyer et l’emmène à sa maison aux pignons verts. Impulsive, volubile et gaffeuse, mais surtout brillante, optimiste et généreuse, Anne réussira-t-elle à gagner leur cœur?
Du terroir littéraire canadien

Un bon matin, dans la gare ferroviaire d’une campagne de la majestueuse Île-du-Prince-Édouard, Mathew Cuthbert, homme d’âge mûr, attend avec impatience l’arrivée d’un solide garçon orphelin que lui et sa sœur, Maryla, ont décidé d’adopter pour les aider dans l’exploitation de leur ferme aux Pignons Verts.
À leur grande surprise, c’est une fille qui leur est envoyée. Elle s’appelle Anne, 10 ans. La première idée des fermiers est de la retourner à l’orphelinat et de clamer leur mécontentement. Mais il se produit un rapide revirement.
Au départ, Anne est un inépuisable et étourdissant moulin à parole, attribut qui m’a énervé pendant une bonne partie du récit. Comme j’ai écouté la version audio, livrée sans chaleur ni émotion, j’ai vite constaté que le qualificatif *moulin à parole* est un euphémisme.
Comme je tenais à voir où voulait me conduire l’autrice Lucy-Maud Montgomery j’ai patienté et enduré plusieurs autres irritants. En effet, en plus d’être volubile à l’excès, Anne a un caractère bien trempé. Elle est un peu hautaine, s’exprime à la *british*, elle est très intelligente, imaginative mais elle est un peu gauche et l’humilité n’est pas sa tasse de thé.

Comme Mathew et Maryla Cuthbert, moi aussi j’ai connu un revirement dans mes sentiments. Je me suis surpris à développer de l’empathie pour cette jeune fille qui avait les cheveux roux en passant. C’était loin d’être un avantage au tournant du XXe siècle. Je suis tombé sous le charme, mais beaucoup plus tard dans le récit.
Ce livre est le premier d’une saga évolutive qui conduit doucement Anne vers la sagesse, l’empathie, la connaissance dont elle est avide et l’amour qui la fera marcher sur le fil fragile qui sépare le rêve de la réalité. Elle conservera toujours dans cette grande chronique une espèce de langage d’un autre temps (ce qui fut pour moi un irritant exacerbé par la version audio).
Vous avez compris que pour moi, ça a été long avant d’embarquer dans l’histoire mais le texte s’enrichit au fur et à mesure de son développement avec finesse et intelligence. Anne devient moins fébrile, plus ouverte aux autres et demeure résolument attachée aux Pignons verts. C’est une jeune fille graffignée dans son enfance que l’autrice fait cheminer lentement vers l’âge adulte. Une très belle évolution.
L’émotion et la chaleur s’installent au fil du récit et tout au long de l’histoire j’ai été intrigué par l’évolution de ce qui semblait au départ, la naissance d’une petite amourette entre Anne et Gilbert Blythe.
ANNE LA MAISON AUX PIGNONS VERTS est le dévoilement en douceur d’une personnalité riche et attachante. Au final, j’ai aimé ce roman porteur d’ondes positives, de sourires et d’émotion, le tout dans un contexte historique réaliste. C’est un roman coloré et riche en leçons de vie.
Je vous recommande ce roman, spécialement le format papier.
Suggestion de lecture : CHARLES LE TÉMÉRAIRE d’Yves Beauchemin

L’autrice Lucy-Maud Montgommery
Bonne écoute
Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 3 mai 2025
L’histoire a pour cadre l’orphelinat de Saint Cloud’s, au fin fond du Maine, et relate l’existence de ses pensionnaires pendant plus d’un demi-siècle. À commencer par Wilbur Larch, directeur de Saint Cloud’s, gynécologue excentrique. Aux yeux de nombre de femmes, un saint qui se sent investi d’une double mission : mettre au monde des enfants non désirés, futurs orphelins – <l’œuvre de Dieu» -, interrompre dans l’illégalité des grossesses – l’«œuvre du Diable». Peu à peu, entre le médecin et Homer Wells, un orphelin réfractaire à l’adoption vont se développer des relations et des sentiments qui ressemblent fort à ceux d’un père et d’un fils.
John Irving est né en 1942 et a grandi à Exeter (New Hampshire). Avant de devenir écrivain, il songe à une carrière de lutteur professionnel. Premier roman en 1968: Liberté pour les ours ! suivi d’Un mariage poids moyen et de L’Épopée du buveur d’eau. La parution du Monde selon Garp est un événement. Avec L’Hôtel New Hampshire, L’Oeuvre de Dieu, la Part du Diable (adapté à l’écran par Lasse Hallström en 2000), Une prière pour Owen, Un enfant de la balle, Une veuve de papier et La Quatrième Main, l’auteur accumule les succès auprès du public et de la critique. John Irving partage son temps entre le Vermont et le Canada.
Le film est sorti le 22 mars 2000. Il a été réalisé par Lasse Hallström. Dans la distribution, on retrouve entre autres, Toby McGuire, Charlize Theron, Delroy Lindo et Michael Caine. Le film a été adulé et récompensé décrochant l’Oscar du meilleur scénario adapté remis à John Irving, et l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle remis à Michael Caine. Le film a aussi été nominé 5 fois aux Oscars dont l’Oscar au meilleur réalisateur et l’oscar du meilleur film.
