AMOS DARAGON, la série de BRYAN PERRO

-La grande croisade
-Le masque de l’Éther
-La fin des dieux

*Écoute, cette île est infestée de cyclopes.
Justement, je viens de faire connaissance
avec la mâchoire de l’un deux et je peux
te dire que je n’ai aucune envie de
m’éterniser ici…*
(extrait de AMOS DARAGON LA FIN DES DIEUX
Bryan Perro,  éd. Les Intouchables,  2006, 150
pages)

-La grande croisade :
Après avoir récupéré la toison d’or qui le rend invincible, Barthélémy est élu chef du Royaume des Quinze et part à la conquête du continent mais le Royaume de Bérion s’y oppose et décide de faire sécession. Furieux, Barthélémy décide d’attaquer Bérion. C’est toute la planète qui est en péril. Amos Daragon et ses amis décident d’intervenir. (AMOS DARAGON LA GRANDE CROISADE, Bryan Perro, éd. Les Intouchables, 2005, 185 pages, éd. Num.)

Le masque de l’Éther :
Amos chemine dans l’univers de son corps spirituel à la recherche du Masque de l’Éther. Cette quête est nécessaire pour sauvegarder l’équilibre du monde. Amos devra y mettre tout son cœur et son courage. (AMOS DARAGON LE MASQUE DE L’ÉTHER, Bryan Perro, éd. Les Intouchables, 2006, 150 pages, éd. Num.)

La fin des dieux :
Les dieux s’étant entre déchirés pour le pouvoir, ce qui a fait des millions de morts sur la terre, le porteur de masque Amos Daragon a pour mission de détruire les dieux et établir l’équilibre du bien et du mal pour permettre au monde d’enfin partager des temps de paix. (AMOS DARAGON LA FIN DES DIEUX, Bryan Perro, éd. Les Intouchables, 2006, 150 pages, éd. Num.)

L’univers d’Amos
*Barthélémy lança le pot par terre qui explosa
en mille morceaux. Il saisit ensuite avec sa
grosse main la toute petite fée étourdie par
le choc et lui brisa tous les os du corps en
refermant son poing sur elle. On entendit un
léger craquement, comme une branche sèche
qui se casse sous la caresse du vent.*
(extrait de AMOS DARAGON LA GRANDE CROISADE)

Récemment, je me trouvais dans une salle d’attente, avec mon livre évidemment. À côté de moi, un ado était plongé dans la lecture d’un volume d’AMOS DARAGON. C’est là que je me suis décidé de faire connaissance avec le jeune héros dont j’ai tant entendu parlé : AMOS DARAGON. J’avais aussi beaucoup entendu parlé de son auteur, Bryan Perro qui, comme moi, est natif de Shawinigan au Québec.

J’ai donc sauté sur l’occasion de varier mes lectures, renouer avec la littérature jeunesse et faire la connaissance d’un jeune héro à qui l’auteur a confié la périlleuse mission de rétablir l’équilibre du monde menacé par la guerre sans merci que se livrent les dieux du bien et du mal.

Pour ma quête, j’ai choisi de lire les trois derniers volumes de la série (si je ne tiens pas compte de la trilogie LE SANCTUAIRE DES BRAVES) LA DERNIÈRE CROISADE, LE MASQUE DE L’ÉTHER ET LA FIN DES DIEUX.

D’abord, qui est AMOS DARAGON?
Amos est un ado. Il a 12 ans au départ. Il atteindra 15 ans dans l’épisode LE MASQUE DE L’ÉTHER. Il est courageux et même téméraire. C’est un garçon très intelligent et sait faire preuve de bonté et d’empathie. Il a été désigné comme l’élu de la 2e génération des porteurs de masques.

Ces masques sont en fait des entités qui se fondent sur son visage et qui lui donne le pouvoir de dominer les éléments naturels : le feu, l’air, l’eau et la terre. À cela s’ajoute le masque ultime de l’éther. Les qualités exceptionnelles d’Amos Daragon le désignent pour une mission complexe et dangereuse : délivrer le monde de l’omniprésence des Dieux et rétablir l’équilibre.

Ayant réalisé depuis longtemps que, dans toutes les mythologies, les hommes ne sont que les jouets des dieux, j’ai trouvé ces trois livres fascinants. Bien sûr, l’élément central est classique de la FANTASY : des dieux capricieux avides de gloire et de pouvoir et indifférents à la souffrance des hommes, des héros qui se rebellent, aidés de créatures étranges et soutenus par la magie et des pouvoirs qu’il faut d’abord découvrir et mériter.

Toutefois, j’ai trouvé l’idée de Perro originale et susceptible de développer l’engouement chez les jeunes : confier à des ados la mission de débarrasser le monde de ces dieux cruels, encombrants et nuisibles à l’aide de masques et de dons magiques. Le plan de campagne s’étend et se complexifie d’un tome à l’autre. C’est une montée graduelle, un crescendo vers la rencontre ultime.

Ça se lit très bien, l’écriture est fluide. C’est plein de rebondissements. Le seul irritant que je veux souligner est qu’AMOS DARAGON est trop parfait. Outre une bonne dose d’orgueil et son petit côté individualiste, Amos est sans peur et sans reproche et il a réponse à peu près à tout. Pas mal pour un ado mais peu réaliste. Ça m’a un peu agacé parce que pour moi, en littérature, la perfection peut être une barrière à l’émotion.

Pour entourer Amos, l’auteur a créé des personnages courageux, aussi dotés de pouvoirs mais plus simples et surtout très attachants, qui apportent un très bel équilibre à l’ensemble : entre autres,  Béorf Bromanson le Béorite est le meilleur ami d’Amos. C’est un gros garçon qui a le pouvoir de se transformer en ours et d’en prendre toutes les caractéristiques.

Il y a aussi Lolya, une nécromancienne, amie puis compagne d’Amos. Puis il y a Médousa. C’est une gorgone et fait original, elle doit porter des *lurinettes* pour ne pas pétrifier ses amis. Je citerai enfin le puissant Maelström, un dragon gentil et attachant qui considère son entourage comme sa famille. J’arrête là car la liste est longue.

J’ai bien aimé ma lecture, d’autant que Perro a semé dans ses récits des éléments de réflexion très intéressants, sur l’efficacité extraordinaire d’un bon travail d’équipe par exemple, sur l’amitié et ses obstacles, la tolérance, la complexité des sentiments, etc. Le ton n’est pas du tout moralisateur.

C’est une excellente lecture pour les jeunes et les adultes devraient aussi apprécier. J’ai été un peu déçu par la finale de LA FIN DES DIEUX. Je m’attendais à autre chose. C’est une conclusion loin d’être déplaisante mais elle aurait mérité je crois un développement plus étoffé. Ça pourrait toutefois être perçu différemment d’un jeune lecteur à l’autre. AMOS DARAGON demeure une lecture de choix pour les jeunes assoiffés d’aventure.

Suggestion de lecture : LES 9 VIES D’EDWARD, de Chrystine Brouillet

Bryan Perro est né à Shawinigan au Québec  le 11 juin 1968. Il est surtout connu pour la série jeunesse AMOS DARAGON crée en 2003, 15 tomes traduits en une vingtaine de langues. En 2008, il initie la série WARIWULF . Bryan Perro a aussi écrit quelques romans pour adultes. Très actif, Perro a aussi scénarisé et animé la série télé CRÉATURES FANTASTIQUES à Radio-Canada. Il a encore plusieurs projets en réserve.  Enfin il a remporté plusieurs prix dont le PRIX JEUNESSE DE SCIENCE-FICTION ET DE FANTASTIQUE QUÉBECOIS  en 2006.

BONNE LECTURE
JAILU
FÉVRIER 2015

LA CITÉ ET LES ASTRES D’ARTHUR C. CLARKE

*Les hommes qui habitaient Diaspar avaient
été conçus aussi soigneusement que ses
machines. Le fait qu’il fût unique faisait
d’Alvin une rareté, mais ce n’était pas
nécessairement une vertu.
(extrait de LA CITÉ ET LES ASTRES, d’Arthur
C. Clarke, Éditions Denoël, 1962)

 
Diaspar est une ville d’un très loin futur, dirigée par un superordinateur qui  maintient les citoyens en vase clos, à l’abri du besoin mais dans l’éternelle crainte de l’extérieur de la ville, apparemment glacé, désertique, invivable. Les Citoyens sont maintenus en vie grâce à des circuits d’éternité qui les reproduisent à l’infini. L’histoire est celle d’Alvin, une exception dans l’univers de Diaspar car c’est sa première vie et il ne semble pas du tout effrayé par l’inconnu.

AVANT-PROPOS :

LA CITÉ ET LES ASTRES est sorti en 1956, soit 12 ans avant la parution de L’ODYSSÉE DE L’ESPACE 2001, point culminant de la littérature de science-fiction.  Je le précise ici parce que j’ai décelé  dans LA CITÉ ET LES ASTRES des *germes* de l’Odyssée, à la lumière de multiples allusions aux étoiles, à l’espace et à la petitesse de l’être humain dans un univers infini. Peut-être l’Odyssée couvait elle aussi dans d’autres livres de Clarke?  Ça pourrait être la joie d’une nouvelle découverte dans le puits sans fond de la littérature…

LA CITÉ ET LES ASTRES est un des plus beaux romans de la littérature au rayon de la science-fiction. Bien que publié pour la première fois il y a plus de 50 ans, pour moi, ce roman est sans âge et demeure indémodable, incontournable.

Clarke a donné à son personnage principal, Alvin, une exceptionnelle force de caractère sensiblement allégée par une certaine candeur. Alvin est l’éternel curieux qui a soif de connaissance et qui est soucieux de sortir son peuple de l’ignorance et de l’automatisme d’une vie sans saveur et sans défis. J’ai beaucoup apprécié le courage que lui a insufflé l’auteur, ainsi que son petit côté *tête de mule* qui le pousse à aller au bout de ses rêves. Il est attachant et comme lecteur, je m’en suis fait un ami.

Dans cette belle histoire, Alvin est l’élu. Ça, c’est le côté typique, pratiquement non-renouvelable des romans de type *fantasy*. Mais au-delà de ce *déjà vu*, l’originalité de l’ensemble réside dans le fait que l’élu veut préparer son peuple à recevoir et à surmonter une terrible vérité : que toute l’histoire de son peuple, s’étendant sur des millions d’années, repose sur des faussetés et des mensonges et qu’il existe à l’extérieur de Diaspar un autre peuple, différent mais qui gagnerait à être connu.

Donc l’histoire repose sur la recherche de la vérité et non sur la guerre, la violence, les armes et l’agressivité belliqueuse. Il n’y a pas d’armées, pas d’esprit de vengeance ni de désirs de domination.

Ce sont les thèmes développés dans l’histoire qui rendent LA CITÉ ET LES ASTRES unique car plusieurs de ces thèmes échappent habituellement aux romans *fantasy * :  la beauté, le sens profond de l’amitié, le partage,  l’acceptation des différences…la tolérance, la recherche enthousiaste de la paix et du goût de vivre.

Malgré son âge, LA CITÉ ET LES ASTRES est un roman *au goût du jour*…un vent chaud et apaisant.

Suggestion de lecture : LES SENTIERS DES ASTRES de Stefan Platteau

Bonne lecture
Claude Lambert JUIN  2013

(En Complément…)

MAGICIEN L’APPRENTI, LA GUERRE DES FAILLES

Commentaire sur le livre de
Raymond E. Feist

L’histoire est celle de PUG, un ado orphelin recueilli au duché de Crydee. Un jour, alors qu’il a 15 ans, il est choisi par le magicien Kulgan pour être son apprenti. Après avoir sauvé la vie de La princesse Carline, il est anobli et devient châtelain. Il s’entraîne à la magie et développe graduellement des pouvoirs inimaginables.

La vie de Pug deviendra beaucoup plus aventureuse à partir du jour où son royaume sera menacé par le monde Tsuranni : un peuple conquérant et sans pitié. Avec son ami Tomas, son maître Kulgan et le duc Borric, PUG aura fort à faire pour organiser la défense du royaume. Le destin de PUG est donc de sauver le monde de cette menace qui n’est rien d’autre que la guerre, la destruction, le chaos.

Dans ce livre, tous les éléments classiques sont réunis pour un bon roman *fantasy*. Ce sont les ingrédients d’une recette qui n’est pas sans rappeler LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : des magiciens, des Elfes, des nains (ils sont mineurs eux-aussi et creusent dans une montagne comme dans les mines de la Mauria du Seigneur des Anneaux), des dragons, des créatures étranges et bien sûr, la menace constante de plonger le monde libre dans les ténèbres. Bien sûr, c’est un ouvrage moins complexe, moins raffiné et moins poétique que celui de Tolkien, mais cette histoire de Feist comporte une belle somme de forces intéressantes.

Ce livre m’a plu à plusieurs égards. En premier lieu, l’authenticité des personnages. D’abord PUG, le genre qu’on aimerait avoir comme ami ou petit frère, intelligent, d’abord vulnérable mais gagnant graduellement en courage et en audace au cours de l’histoire. On ne peut faire autrement que de le trouver sympathique et attachant. Il y a aussi son ami Tomas, soldat en devenir et qui force lui aussi la sympathie et l’admiration, et Carline, jeune princesse au caractère capricieux et imprévisible.

On y trouve aussi quantités d’autres personnages qui ont tous un petit quelque chose qui mobilise la sensibilité du lecteur, de la lectrice.

Autre élément intéressant : je crois que l’auteur a donné du corps à son récit en détaillant (sans excès) l’environnement du royaume, sa politique et les intrigues de cour, son actualité et surtout la pensée et la façon de faire de ses stratèges militaires.

L’écriture de Feist est simple, sans jamais sombrer dans la naïveté. Il a su empreindre à son récit de l’émotion et de la chaleur et donner à ses personnages un caractère profondément humain.

Je crois que vous ne serez pas déçu.

Suggestion de lecture : AGRIPPA, M. Rossignol et J.P. Sainte-Marie

JAILU
NOVEMBRE 2012

(En Complément…)