LA ROME ANTIQUE, de Peter Ackroyd

De la série VOYAGES DANS LE TEMPS

*Rome s’effondra il y a plus de mille cinq cents ans, mais elle nous a laissé un héritage riche. Nombreux sont les monuments et les routes qui ont survécu. On enseigne encore le latin dans le monde entier. Les écrivains et les orateurs de la république inspirèrent les dirigeants des révolutions française et américaine. L’empire britannique prit pour modèle l’empire romain. *  (LA ROME ANTIQUE, Peter Ackroyd, La Mascara éditeur, 2006, collection Voyages dans le temps. Édition de papier, illustrée, 145 pages)

Rome a contribué à façonner le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui.

L’HÉRITAGE DE ROMULUS

C’est un livre intéressant dont la principale force est la présentation graphique en plus d’être richement illustré de photos et de dessins. Le livre nous fait voyager dans le temps jusqu’à la fondation de Rome et sa croissance avant de devenir le prestigieux empire qui a jeté les bases de notre civilisation.

Le livre couvre les grands thèmes de l’évolution romaine mais traite les sujets de façon plutôt superficielle. C’est un ouvrage généraliste qui ne fait qu’initier à l’histoire romaine mais qui couvre l’essentiel. Pour couvrir l’histoire de la Rome antique il faut lire au minimum HISTOIRE DE LA ROME ANTIQUE de Lucien Jerphagnon ou, écrit sous le même titre, le livre de Le Boec Yann. Mais pour s’initier à l’histoire et l’héritage de Rome, le livre de Peter Ackroyd est excellent et m’a donné le goût de pousser plus loin.

Le livre passe en revue, dans les grandes lignes, la naissance de Rome, les innombrables guerres, l’époque de la république, les empereurs, une petite chronique de la vie quotidienne à Rome, l’empire et sa chute.

Livre bien fait, bien documenté, très agréable à l’œil, parfait pour les jeunes qui ont le goût de s’initier à l’histoire. Le livre dans l’ensemble est plutôt limité dans les détails mais propose des annexes qui comble partiellement cette lacune. Le livre est très coloré et bien ventilé. Il se lit vite et bien. Bref, un petit documentaire de qualité.

Suggestion de lecture : EXODUS, de Leon Uris

Pour la biographie de Peter Ackroyd, cliquez ici. Il existe aussi une quantité impressionnante de films sous le thème de la Rome antique. Le site senscritique propose ici une filmographie de 54 titres. Je vous invite aussi à parcourir une bibliographie préparée par booknode sous le même thème. Plusieurs documentaires pourraient aussi vous intéresser dans cette liste.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 21 avril 2024

LE VOLCRYN, le livre de Gorge R.R. Martin

*Maintenant, je suis vieux, de plus en plus vieux. Bientôt,
la mystérieuse nébulosité du volcryn percera le voile du
tentateur et, à travers les abîmes sans vie, à travers le vide,
à travers l’éternel silence, nous le suivons, mon Armageddon
et moi, nous lui donnons la chasse. *
(Extrait : LE VOLCRYN,
Actusf éditeur, 2015, format numérique, coll. Hélios, 170 pages)

Depuis des temps immémoriaux, les volcryns traversent la galaxie. Personne ne sait d’où ils viennent, où ils se rendent ni même ce qu’ils sont vraiment. Karoly d’Branin est bien décidé à être celui qui percera ce mystère. Entouré de scientifiques de talent, il embarque sur l’Armageddon. Mais bien vite les tensions s’accumulent. Quelle est cette menace sourde qui effraie tant leur télépathe ? Et pourquoi le commandant du vaisseau refuse d’apparaître autrement que par hologramme ? Karoly est certain d’une chose : ses volcryns sont tout proches. Pas question de faire demi-tour. Quel qu’en soit le prix.

Le peu rassurant ARMAGEDDON
*Le commandant Royd est parfait, dit-elle en secouant
la tête. Un homme étrange pour une étrange mission.
Qu’avez-vous à redire à ça? Vous n’aimez pas le mystère?*
(Extrait)

Le VOLCRYN est un roman pas très long. Il sent un peu le réchauffé, le déjà vu…disons une variation sur un thème connu. Sans dire que le sujet brille par son originalité le récit reste intriguant et très axé sur la psychologie des personnages. Voyons comment ça se présente.

Neuf scientifiques, xénotechnicienne , xénobiologiste, télépathe, psi et techniciens s’embarquent à bord d’un vaisseau ultrasophistiqué pour aller à la rencontre du VOLCRYN un peuple légendaire qui, selon cette légende, ère dans un vaisseau colossal, vers les limites de la galaxie depuis des temps très anciens. Le véritable problème tient au fait que le capitaine du vaisseau, Royd Erris est confiné dans des quartiers scellés et n’a aucun contact avec les passagers, sauf par hologramme.

Ainsi s’installent la crainte, la méfiance, le doute, les soupçons et au final, la mort car il devient incertain que le capitaine Erris ait vraiment le contrôle du vaisseau. Beaucoup de choses pourraient empêcher les scientifiques de s’approcher des Volcryn, en supposant que cette énorme entité ne soit pas un prétexte. Le vaisseau porte bien son nom : ARMAGUEDDON.

LE VOLCRYN est une sorte de space opera, une novella de type huis-clos très dense et à forte connotation paranoïaque. J’ai reconnu plusieurs éléments qui auraient pu être empruntés à des grands classiques : ODYSSÉE DE L’ESPACE 2001 à cause du dérèglement de Hal l’ordinateur. Celui de l’Armageddon perd les pédales mais pour des raisons quelque peu nuancées. ALIEN, LE 8e PASSAGER à cause de l’étouffante paranoïa liée à la présence probable d’une entité à bord. LES DIX PETITS NÈGRES à cause de la tension qui monte proportionnellement aux disparitions.

Aussi, le mystérieux commandant qui vit à l’écart dans un quartier qui le maintiendrait possiblement en vie grâce à une atmosphère particulière et l’absence de gravitation, n’est pas sans rappeler les navigateurs de la guilde du film DUNE (1984) qui ne peuvent sortir de leur atmosphère chargée de gaz d’épice.

C’est un récit qui, bien qu’en léger déficit de développement, garde le lecteur tendu et alerte. Il ne tranche pas par son originalité mais il est très bien écrit, sans longueur, sans errance. Personnellement j’ai aimé ça et j’ai tout lu d’un trait. Et puis ça nous change un peu de l’interminable saga TRÔNE DE FER. La forme va au-delà du thriller. C’est un roman bien construit. Il est court, comme toutes les novellas ce qui ne l’empêche pas d’être crédible.

Un récit abrégé, et crédible quant aux aspects environnementaux et psychologiques a permis au livre de décrocher le prix LOCUS du meilleur roman court en 1981. Et il est évident qu’avec un tel texte, générateur de haute tension et d’oppression, on n’allait pas tarder à adapter ce mélange de science-fiction et d’horreur au cinéma, puis à la télévision.

Quant à la finale, je l’ai trouvé satisfaisante, mes questions sur le Volcryn ayant trouvé certaines réponses, mais pas toutes. Le Volcryn n’est pas forcément ce qu’on pense en cours de lecture. Je crois que ça reste et ça restera une énigme. Ceci est un autre aspect du déficit de développement dont j’ai parlé plus haut. C’est le risque à courir quand on écrit une novella.

Donc c’est un bon petit livre qui fait travailler l’imagination. Un peu gore, très dense…mélange de science-fiction, de mystère, de thriller auquel on a ajouté une touche de fantastique et une petite matière à réflexion sur le pouvoir de l’esprit. Pas mal intéressant…

Suggestion de lecture : DUNE, livre premier et second, de Frank Herbert (commentaire sur biblioclo)

Mondialement connu pour sa série du Trône de Fer, George R. R. Martin a eu avant elle une riche carrière d’écrivain, récompensée par de prestigieux prix (Hugo, Nebula, Locus…). Touchant à tous les genres avec le même brio, à l’aise aussi bien sur la forme longue que plus courte, il signe avec Le Volcryn un huis clos spatial angoissant qui tient en haleine jusqu’à la dernière page.

Le Volcryn au cinéma


Affiche du film NIGHTFLLYERS, adaptation du livre de Gorge R.R. Martin LE VOLCRYN. Film réalisé par Robert Collector et sorti en 1987, Dans la distribution on retrouve Catherine Mary Stewart, John Standing, et Lisa Blunt, entre autres. Le film a été scénarisé par Robert Jaffe qui assume aussi le rôle de producteur.

 

 

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT
le vendredi 19 avril 2024

 

LE CYCLE DE FONDATION, livre 1 Isaac Asimov

version audio

*Siège du gouvernement impérial depuis des centaines de générations sans interruption…parmi les mondes les plus peuplés et les plus développés industriellement de tout le système, Trentor pouvait difficilement ne pas devenir l’agglomération la plus dense…que l’espèce humaine n’eût jamais connue.*

(Extrait : LE CYCLE DE FONDATION, tome 1, Isaac Asimov,  rééd. Gallimard 2018, 416 pages. Version audio : Audiolib éditeur, durée d’écoute, 11 heures 7 minutes, narrateur : Stéphane Ronchewsky)


En ce début de treizième millénaire, l’Empire n’a jamais été aussi puissant, aussi étendu à travers toute la galaxie. C’est dans sa capitale, Trantor, que l’éminent savant Hari Seldon invente la psychohistoire, une science nouvelle permettant de prédire l’avenir. Grâce à elle, Seldon prévoit l’effondrement de l’Empire d’ici cinq siècles, suivi d’une ère de ténèbres de trente mille ans. Réduire cette période à mille ans est peut-être possible, à condition de mener à terme son projet : la Fondation, chargée de rassembler toutes les connaissances humaines. Une entreprise visionnaire qui rencontre de nombreux et puissants détracteurs… C’est avec ce livre que débute un cycle imposant et prestigieux basé sur la connaissance.

UN ROMAN HISTORIQUE DU FUTUR
*Conformément aux prévisions inéluctables de la psycho-histoire,
le contrôle économique exercé par la fondation ne fit que s’étendre.
Les marchands s’enrichirent et avec la richesse vint la puissance.*
(Extrait)

C’est avec ce livre que débute le Cycle de Fondation, une œuvre monumentale qui a occupé Isaac Asimov une bonne partie de sa vie d’auteur. Tout le récit de ce premier livre repose sur la psychohistoire, une science inventée à Trantor, au cœur de l’empire par un grand savant appelé Harry Seldon.

Le savant utilise sa science pour prévoir l’effondrement de l’empire dans moins de 500 ans suivi de trente mille ans d’anarchie. L’effondrement est inévitable mais on pourrait réduire la période de ténèbres à mille ans à certaines conditions. Les autorités autorisent Seldon à s’installer avec 100,000 collaborateurs sur une planète  aux confins de l’empire.

L’organisation portera le nom de FONDATION. Son but premier est de rassembler la totalité des connaissances de la civilisation dans une gigantesque encyclopédie. Mais au fil du temps, la Fondation, qui aura de nombreux détracteurs, deviendra une autorité morale, un symbole disciplinaire et même une référence religieuse.

Le problème est que l’action visionnaire de la Fondation met en perspective les tendances immuables de l’histoire, influençant ainsi l’action des hommes. Par son action, la Fondation pourrait-elle accélérer le processus d’implosion de la Société de tout un empire ?

Tous les livres d’Asimov portent au questionnement sur le futur de la Société en particulier. Le Cycle de Fondation est une longue réflexion à cet effet. Encore une fois, Asimov, cet icône de la science-fiction ne m’a pas déçu par l’originalité de son sujet enchâssé dans un *roman du futur*.

Sa façon de raconter est tout à fait unique et sa plume est porteuse de messages et d’observations critiques sur la nature humaine et le gâchis qui caractérise la préparation de son futur. J’ai été un peu surpris par le processus de développement adopté par l’auteur.

Ce premier cycle évoque un recueil de nouvelles basés sur l’action de personnages qui viennent et qui s’en vont mais qui laissent leur marque dans l’ensemble du cycle.

Il m’a semblé étonnant qu’Asimov accorde si peu de places aux variantes et aux fluctuations historiques. L’auteur semble vouloir nous dire que ce qui doit arriver arrivera. C’est tout. Voyons comment.

*On pourrait croire que l’Empire est éternel. Et pourtant, monsieur le Procureur, jusqu’au jour où la tempête le fend en deux, un tronc d’arbre pourri de l’intérieur semblera plus solide que jamais. L’ouragan souffle déjà sur l’Empire. Prêtez-lui l’oreille d’un psychohistorien… et vous entendrez craquer les branches de l’arbre. *

Le récit est très axé sur la politique au détriment de l’action. C’est, je dirais, le défaut de sa qualité. Je suis un peu mitigé sur ce choix mais je peux comprendre les raisons d’Asimov de mettre l’accent sur la politique, la diplomatie, la représentation et bien évidemment l’acquisition de connaissances.

C’est un excellent récit, fort bien mis en valeur par la narration de Stéphane Ronchewski, vivante, expressive, enveloppante. Sa conviction vocale m’a donné l’impression qu’il s’est mis lui-même dans la peau d’Asimov. Une parfaite réussite. Enfin, je veux signaler un irritant. Tout au long du récit, occasionnellement, le son baisse et laisse en plan plusieurs phrases de l’encyclopedia galactica.

Je peux comprendre que ce procédé, qui serait l’équivalent de points de suspension dans un texte écrit, empêche de longs palabres qui dilueraient l’intérêt des auditeurs\auditrices. J’ai tout de même trouvé ça énervant d’autant que plusieurs de ces phrases introduisaient des sujets intéressants.

Mais dans l’ensemble, ce livre m’a parlé. Il m’a rejoint ainsi que nos savants contemporains qui crient sur les toits l’urgence de la situation planétaire. Asimov est, sur le plan sociétal ce que Jules Verne fut sur le plan scientifique : précurseur, visionnaire. Ce livre audio m’a enchanté et comme tout est en place pour la suite, je ne manquerai pas d’y revenir.

Suggestion de lecture, du même auteur : LE CLUB DES VEUFS NOIRS

Écrivain américain d’origine russe, Isaac Asimov est né le 2 janvier 1920 à Petrovitchi. Il est mort le 6 avril 1992 à New York. Docteur en biochimie, il a écrit des livres de vulgarisation scientifique et enseigne à l’université, mais c’est surtout ses récits de science-fiction qui feront sa célébrité.

Il écrit ses premières nouvelles pendant ses études puis devint rapidement un grand auteur de science-fiction. En 1958, il décide de se consacrer entièrement à l’écriture et publiera des centaines d’ouvrages scientifiques et de fiction jusqu’à sa mort, en 1992. Parmi ses œuvres les plus célèbres, on peut citer le cycle Fondation (1951, 1953, 1982) et Les Robots (1950).

Le cycle fondation

À ÉCOUTER AUSSI

Bonne écoute
Claude Lambert
Le dimanche 7 août 2022

Les protecteurs, le livre de MARIO FECTEAU

*La liste des mondes en attente d’un premier
contact apparut. Elle était assez courte
comme toujours. Mais l’un deux était signalé
par un code d’intervention prioritaire…*
(Extrait : LES PROTECTEURS, des nouvelles de
l’univers, tome 1, Mario Fecteau, Éditions AdA,
2014. Édition de papier, 300 pages.)

Les habitants de la planète Bolmia sillonnent l’espace à la recherche d’autres civilisations qu’ils souhaitent protéger de l’holocauste nucléaire. Des siècles plus tôt, ils ont échappé à la destruction, étape qu’aucune autre espèce n’a jamais réussi à franchir. Le protecteur okBoKirzilmo a développé un sentiment spécial pour une planète particulière, sur laquelle vit une espèce agressive mais très prometteuse. C’est en travaillant à sauver cette civilisation que Kirzi vivra les moments forts d’une brillante carrière, à surveiller la progression d’une espèce dont les capacités hors du commun éveillent son affection. Une espèce appelée « homme » …

AVANT-PROPOS :
En 1938, l’adaptation radiophonique par Orson Welles de La Guerre des mondes de H.G. Wells sur la radio américaine (CBS) fit croire à un grand nombre d’auditeurs qu’une véritable invasion martienne avait lieu.

La pièce était constituée d’une succession de flashs d’information, interviews, et reportages en direct. Orson Welles avait poussé au plus loin le réalisme de la mise en scène : bien qu’étant annoncé au début de la diffusion comme l’adaptation d’un livre, le programme débute par un bulletin météo, puis une séquence musicale brutalement interrompue par des brèves relatant d’étranges explosions sur Mars.

En écoutant l’enregistrement de cette pièce, on comprend aisément que des auditeurs arrivant en cours de programme aient pu paniquer et croire à une véritable invasion extra-terrestre : des personnes appelèrent la police, persuadées d’avoir vu des Martiens !

Le lendemain et durant plusieurs jours, les journaux firent écho de scènes de panique, même s’il est en réalité difficile d’étudier réellement leur ampleur1. On peut écouter l’enregistrement de l’émission sur anecdote-du-jour.com Je vous invite également à lire mon commentaire sur le livre de H.G. Wells. Cliquez ici.

1938 : Orson Wells pendant la transmission radiophonique de LA GUERRE DES MONDES. Son audace et la justesse du ton était telle que des dizaines de milliers d’auditeurs ne faisaient plus la différence entre fiction et réalité. C’est dans ce contexte que l’auteur Mario Fecteau fait atterrir ses protecteurs pour un premier contact sur la terre. Ça promet…

L’ACADÉMIE DES EXTRA-TERRESTRES
*Il avait ensuite trouvé la longueur d’onde
Qu’écoutaient les scientifiques de la
terre et Relda avait lancé un message.
«« BONJOUR À VOUS, GENS DE LA TERRE »»
(Extrait : LES PROTECTEURS, des nouvelles de l’univers,
tome 1)

L’humanité avait à présent la réponse
à l’une des plus vieilles questions, depuis
que les premiers hominidés avaient levé
les yeux vers le ciel.
IL EXISTAIT D’AUTRES ESPÈCES
INTELLIGENTES DANS L’UNIVERS.
(extrait)

Dès le départ, je vous dirai que j’ai trouvé le livre de Mario Fecteau LES PROTECTEURS, des Nouvelles de l’Univers passionnant et tout à fait original. Il s’agit de littérature pour jeunes adultes mais ça peut intéresser tout le monde car dans son développement, le récit rejoint chacun de nous et pose des questions intéressantes.

Jusqu’à ce que Steven Spielberg décide d’aller à contre-courant avec RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE en 1977, le cinéma et la littérature nous avaient habitué à des extra-terrestres laids et méchants dont le seul but était de tuer et détruire. Dans le livre de Mario Fecteau, c’est tout le contraire : des extra-terrestres parcourent l’Univers pour sauver des mondes de la destruction nucléaire et s’intéressent en particulier à la terre.

Est-ce que l’auteur est tombé dans la facilité en faisant atterrir le vaisseau Bolmien en 1938, aux États-Unis pendant la diffusion de LA GUERRE DES MONDES sur les ondes radiophoniques de CBS? Moi je crois simplement que l’auteur a voulu nous démontrer comment la peur et l’ignorance peuvent conduire à l’anarchie et à la bêtise.

C’est là que le récit nous pose une question intéressante à débattre : comment je réagirais si je me trouvais subitement devant deux extra-terrestres semblant désarmés et qui ont une apparence différente de la mienne? Je chercherais une arme? Tenterais de communiquer?

Pour être plus précis, LES PROTECTEURS 1-Des nouvelles de l’Univers est le long récit du Protecteur Bolmien okBoKirzilmo à la spationaute Clara Jenner, déléguée par les nations Unies pour établir le premier contact avec un extra-terrestre. Il lui explique le but de sa mission. Il est évident que le protecteur a pris la terre en affection.

L’intrigue est principalement basée sur les énormes obstacles que doivent rencontrer les protecteurs avant d’établir un premier contact officiel avec les humains. Malheureusement, l’auteur a choisi de commencer par la fin. Dans ce cas, l’intrigue est quelque peu diluée. C’est la principale faiblesse du livre.

Le récit comme tel manque un peu de profondeur et malgré les beaux efforts de vulgarisation, l’aspect technique est parfois difficile à suivre. À cet effet, il serait intéressant de faire une petite recherche sur la théorie de la relativité d’Einstein.

Les principales forces : l’écriture est puissante et donne envie de tourner les pages. La psychologie des personnages n’est pas très approfondie mais ils sont terriblement attachants et drôles à la limite, Kirzi en particulier qui pousse le lecteur à partager ses convictions.

On connait la fin dès le départ. Je n’ai jamais été friand de cette formule. Il reste à nous rabattre sur le *pourquoi* et surtout le *comment*. À ce niveau, l’écriture est limpide surtout si on ne s’arrête pas trop aux aspects scientifiques parfois pesants. Bref, ce livre est un très bon divertissement, se lit vite et bien.

Suggestion de lecture : LE RESSAC DE L’ESPACE, de Philippe de Curval

Mario Fecteau est un écrivain québécois né en 1962. Après avoir vu le film LA GUERRE DES ÉTOILES à la fin des années 70, il a fait le vœu de devenir écrivain. Il était passionné par la science-fiction. Il a par la suite publié son premier roman, LES PIRATES DE L’ESPACE. Soucieux de se perfectionner, Fecteau est allé plus loin.

Il adopte le genre fantasy en créant la série LES MAÎTRES DU PENTACLE. Les livres LES PROTECTEURS,  tome 1 : DES NOUVELLES DE L’UNIVERS et tome 2 LA PLANÈTE DE LA DISCORDE semblent pour le moment faire bande à part dans l’œuvre de Mario Fecteau.

À LIRE AUSSI

BONNE LECTURE

le samedi  mai 2020

Claude Lambert

LA CITÉ ET LES ASTRES D’ARTHUR C. CLARKE

*Les hommes qui habitaient Diaspar avaient
été conçus aussi soigneusement que ses
machines. Le fait qu’il fût unique faisait
d’Alvin une rareté, mais ce n’était pas
nécessairement une vertu.
(extrait de LA CITÉ ET LES ASTRES, d’Arthur
C. Clarke, Éditions Denoël, 1962)

 
Diaspar est une ville d’un très loin futur, dirigée par un superordinateur qui  maintient les citoyens en vase clos, à l’abri du besoin mais dans l’éternelle crainte de l’extérieur de la ville, apparemment glacé, désertique, invivable. Les Citoyens sont maintenus en vie grâce à des circuits d’éternité qui les reproduisent à l’infini. L’histoire est celle d’Alvin, une exception dans l’univers de Diaspar car c’est sa première vie et il ne semble pas du tout effrayé par l’inconnu.

AVANT-PROPOS :

LA CITÉ ET LES ASTRES est sorti en 1956, soit 12 ans avant la parution de L’ODYSSÉE DE L’ESPACE 2001, point culminant de la littérature de science-fiction.  Je le précise ici parce que j’ai décelé  dans LA CITÉ ET LES ASTRES des *germes* de l’Odyssée, à la lumière de multiples allusions aux étoiles, à l’espace et à la petitesse de l’être humain dans un univers infini. Peut-être l’Odyssée couvait elle aussi dans d’autres livres de Clarke?  Ça pourrait être la joie d’une nouvelle découverte dans le puits sans fond de la littérature…

LA CITÉ ET LES ASTRES est un des plus beaux romans de la littérature au rayon de la science-fiction. Bien que publié pour la première fois il y a plus de 50 ans, pour moi, ce roman est sans âge et demeure indémodable, incontournable.

Clarke a donné à son personnage principal, Alvin, une exceptionnelle force de caractère sensiblement allégée par une certaine candeur. Alvin est l’éternel curieux qui a soif de connaissance et qui est soucieux de sortir son peuple de l’ignorance et de l’automatisme d’une vie sans saveur et sans défis. J’ai beaucoup apprécié le courage que lui a insufflé l’auteur, ainsi que son petit côté *tête de mule* qui le pousse à aller au bout de ses rêves. Il est attachant et comme lecteur, je m’en suis fait un ami.

Dans cette belle histoire, Alvin est l’élu. Ça, c’est le côté typique, pratiquement non-renouvelable des romans de type *fantasy*. Mais au-delà de ce *déjà vu*, l’originalité de l’ensemble réside dans le fait que l’élu veut préparer son peuple à recevoir et à surmonter une terrible vérité : que toute l’histoire de son peuple, s’étendant sur des millions d’années, repose sur des faussetés et des mensonges et qu’il existe à l’extérieur de Diaspar un autre peuple, différent mais qui gagnerait à être connu.

Donc l’histoire repose sur la recherche de la vérité et non sur la guerre, la violence, les armes et l’agressivité belliqueuse. Il n’y a pas d’armées, pas d’esprit de vengeance ni de désirs de domination.

Ce sont les thèmes développés dans l’histoire qui rendent LA CITÉ ET LES ASTRES unique car plusieurs de ces thèmes échappent habituellement aux romans *fantasy * :  la beauté, le sens profond de l’amitié, le partage,  l’acceptation des différences…la tolérance, la recherche enthousiaste de la paix et du goût de vivre.

Malgré son âge, LA CITÉ ET LES ASTRES est un roman *au goût du jour*…un vent chaud et apaisant.

Suggestion de lecture : LES SENTIERS DES ASTRES de Stefan Platteau

Bonne lecture
Claude Lambert JUIN  2013

(En Complément…)