Percy Jackson 3, le livre de RICK RIORDAN

LE SORT DU TITAN

*L’heure était grave. Nous perdions des pensionnaires.
Or nous avions besoin de tous les nouveaux combattants
que nous pouvions trouver. Le problème c’était que les
demi-dieux ne sont pas si nombreux que ça.*
(Extrait : LE SORT DU TITAN, troisième tome de la série
PERCY JACKSON de Rick Riordan. Publication originale :
2007,  Livre audio : Audiolib éditeur, publié en 2018. Durée
d’écoute : 8 heures 53 minutes. Narrateur : Benjamin Bollen.)

Percy et ses amis Annabeth, Grover et Thalia se retrouvent face à un horrible manticore, Une terrifiante créature légendaire au visage d’homme mais avec un corps de lion et une queue de scorpion. Ils n’ont la vie sauve que grâce à l’intervention de la déesse Artémis. Mais lorsque Annaeth disparait , une nouvelle quête semée d’embûches s’annonce : Percy devra plus que jamais se méfier des manipulations et des pièges de Cronos, le Seigneur des Titans. Les monstres sont toujours décidés à tuer les demi-dieux : Percy aura besoin de tous ses pouvoirs pour leur échapper.

LA MYTHO AU GOÛT DU JOUR
*«Qu’est-ce qui t’es arrivé? Tu as oublié
toutes ces discussions que nous avons
eues ? Toutes ces fois où nous avons
maudit les Dieux ? Nos Pères n’ont rien
fait pour nous. Ils n’ont aucun droit de
régner sur le monde.»*
(Extrait)
Depuis LE VOLEUR DE FOUDRE, notre héros Percy Jackson a beaucoup mûri.

Dans un article paru en octobre 2015 sur ce site, je présentais Percy Jackson de la façon suivante : …Un héros attachant et sympathique. Percy Jackson est un jeune garçon de 12 ans au départ de la saga. C’est un jeune un peu turbulent, énergique, curieux, imaginatif. Il est de son temps. Un jeune comme tous les jeunes…avec toutefois un gros plus…il est le fils d’un dieu et ça fait de lui un demi-dieu.

Trois ans plus tard, revoici Percy Jackson dans le troisième volet d’une pentalogie qui lui est consacrée : LE SORT DU TITAN. (voir LE VOLEUR DE FOUDRE)

Dans ce troisième volet, Les monstres sont toujours décidés à tuer les demi-dieux. Artémis part seule de son côté, chasser un des monstres les plus dangereux (qui se révélera être l’Ophiautoros, et qui sera finalement sauvé et protégé par Percy pour des raisons stratégiques d’abord et qui deviendront finalement sentimentales).

Chasseresses et demi-dieux vont alors à la Colonie des Sang-Mêlés. Artémis est enlevée à son tour. Une quête unissant demi-dieux et Chasseresses est alors lancée pour retrouver la déesse et sauver Annabeth. Le monde entier en dépend. Il semble que l’Olympe soit menacé.

Percy Jackson a maintenant 14 ans. Il a conservé toutes ses belles qualités auxquelles s’est ajouté un magnifique gain en maturité. Il demeure ombrageux mais il est devenu plus réfléchi, un peu moins spontané et sa fidélité en amitié est inébranlable. L’écriture de Rick Riordan est vraiment très efficace. Il entraîne ici le lecteur au cœur d’un crescendo qui nous rapproche graduellement et implacablement d’une guerre entre les Titans et les Dieux.

Je ne vous cache pas que j’ai toujours eu un faible pour la mythologie grecque. Riordan a dépoussiéré cette mythologie, l’a servi à la moderne et y a ajouté un brin d’humour. Ça aurait plu à Homère je crois.

Aussi, il ne faut pas s’étonner de voir Dionysos, dieu de la vigne, du vin et de ses excès, de la folie et la démesure, jouer avec son téléphone cellulaire pendant une conférence des Dieux. Je craignais que cet aspect de modernité me déçoive et c’est exactement le contraire qui s’est produit. J’ai été emballé, emporté, accroché.

Malgré quelques passages tirés par les cheveux, je considère que Rick Riordan a exploité avec intelligence l’héroïsme juvénile. Il a beaucoup travaillé sur l’équilibre, la constance. Si on ajoute à cela les nombreux rebondissements, un rythme rapide et un fil conducteur solide, ce livre pour la jeunesse a sûrement gagné un élargissement d’audience. J’ai beaucoup aimé aussi la façon dont Riordan a exploité le panthéon de l’Olympe et les personnages de la mythologie.

L’auteur a réactualisé plusieurs Dieux et personnages sur lesquels je savais peu de choses comme par exemple, le Titan Atlas, ennemi de Zeus, condamné à porter la sphère céleste sur ses épaules, Héphaïstos, le dieu de la forge, le sanglier d’érymanthe, une bête énorme, féroce et meurtrière.

Le capturer fut l’un des douze travaux d’Hercule. J’en passe bien sûr mais ça m’a fait dévorer le livre.

J’ai trouvé particulièrement brillant le conseil des dieux à la fin du volume. L’auteur semble vouloir personnaliser les dieux et ne se gêne pas pour leur donner un petit côté caricatural, définit Percy Jackson comme potentiellement dangereux pour l’Olympe et prépare le terrain pour le quatrième volet.

Les dialogues du conseil des dieux sont particulièrement savoureux avec une belle pointe d’humour. Ce troisième volet est un succès et la plume de l’auteur est plus qu’attractive.

J’ai utilisé la version audio du livre et j’ai pu profiter de la narration dynamique et entraînante de Benjamin Bollen qui a su adapter un registre vocal pour chaque personnage important. Le satyre Grover est particulièrement réussi ainsi que la chasseresse Zoé. La voix d’adolescent de Bollen a une signature qui favorise l’attention. Bref, peu importe la plateforme, je crois que vous apprécierez ce troisième opus. Vivement la suite…

Suggestion de lecture du même auteur : PERCY JACKSON, LE VOLEUR DE FOUDRE

Richard Russel Rick Riordan Jr est un auteur américain né en 1964 au Texas. Dès le début de sa carrière, il connaît une réussite fulgurante avec la TRES NAVARRE une série mystère pour adultes (7 volumes publiés de 1997 à 2007) qui a remporté plusieurs prix prestigieux, dont, le prix Edgar Allan Po.

Dès 2005,  il entreprend la série PERCY JACKSON, 5 volumes, et par la suite, LES HÉROS DE L’OLYMPE (la suite de la saga PERCY JACKSON), 5 volumes de 2011 à 2015. Riordan a aussi publié plusieurs romans, recueils, essais et séries dont LES CHRONIQUES DE KANE et la fameuse SÉRIE LES 39 CLÉS, début de publication : 2011

Le narrateur, Jeremy Bollen a une feuille de route très impressionnante. Il a fait ses débuts au théâtre dans Roméo et Juliette. Très actif dans le domaine du doublage de films et de dessins animés (Les mystérieuses Cités d’or, Sabrina, Les Nouvelles Aventures de Peter Pan…), il est notamment la voix française de Tintin dans le film de Steven Spielberg. Avec sa voix d’adolescent et son registre vocal extrêmement polyvalent, il performe avec succès.

À LIRE AUSSI
BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 11 août 2019

ANAVÉLIA, le livre de KIM FOURNELLE

Les neuf médaillons

*Lentement, elle se laissa emporter, sentant son cœur
ralentir et sa vue s’embrouiller. Les heures s’écoulèrent
sans qu’elle réagisse, puis soudain un ruban noir
couvrit son regard. Un froid humide l’engloutit, et un
bourdonnement incessant se mit à résonner autour
d’elle. Pensant que c’était la mort qui venait la chercher,
elle se mit à divaguer doucement. -Enfin…*
(Extrait: ANAVÉLIA LES NEUF MÉDAILLONS, Kim Fournelle,
Éditions AdA, 2013, édition de papier, 675 pages)

Tyffanie semblait avoir la vie rêvée jusqu’à ce qu’elle trébuche dans un monde hostile…une plongée en enfer. Lentement, afin de se procurer sa drogue pour revoir ses couleurs, elle renonce à sa survie jusqu’à être acculée au pied du mur et ne voir aucune autre option que la mort. Elle pense que celle-ci est venue la délivrer quand un homme vient la surprendre. Qui est ce capitaine Inès qui lui parle d’une légende dont elle semble faire partie. Elle ne le sait pas, mais elle va embarquer dans une aventure plus grande qu’elle ne l’aurait jamais imaginé. La Légende des neuf médaillons sera-t-elle sa délivrance?

Une *fantasy* sympathique
*…«Au moins je pourrai venger les miens si je les
tue et les renvoie en petites tranches au château.»
Tyffanie se mit à se secouer violemment sur le sol.
Elle voulait se défendre, elle voulait parler. «Très
bien Jordan. Attachez-les sur l’exécutoire dehors,
et nous les pendrons au coucher du jour.»

(Extrait : ANAVÉLIA LES NEUF MÉDAILLONS)

 C’est un livre très volumineux dans le genre Fantasy qui développe une grande quête et qui nous fait passer d’une sous-quête à l’autre. Il y a beaucoup de personnages, des longueurs, quelques redondances mais c’est un récit riche d’aventures et de leçons.

Je résume d’abord ce que ça raconte : Alors qu’elle nage dans l’enfer de la drogue et victime d’une vie dissolue, Tyffanie est interrompue dans son attente de la mort, par un mystérieux personnage : Le capitaine Oswald Inès qui lui fait une offre étrange :

*-J’ai passé devant votre rideau et vous sembliez en pleine douleur, alors je suis entré et je vous ai vue. Et c’est là que j’ai vu votre marque et que j’ai su… – Vous avez su ? – Oui, j’ai su que vous étiez ce qui me manquait pour chercher le trésor de ces îles. J’ai su que j’étais votre guide pour empêcher une horreur.* (Extrait)

Cernée par la souffrance et la douleur, Tyffanie ne pouvait vraiment refuser. C’est ainsi qu’elle s’est lancée dans une aventure extraordinaire : la légende des 9 médaillons qui pourrait garantir à Tyffanie la rédemption. Ce n’est pas pour rien qu’Oswald l’a choisie. Elle a la marque…elle est l’élue.

C’est donc une grande aventure qui attend les lecteurs. Une aventure qui se passe en mer et aussi sur les îles qui représentent autant de sous-quêtes et sur ces îles, l’équipage s’enrichira de nouvelles alliances et tout ce beau monde affrontera l’ennemi final : Shelk.

C’est un récit typique de la fantasy : des magiciens, des sorcières, des Elfes, des monstres, il y a même un vampire, et italien encore, personnage sympathique, drôle et pas méchant pour deux sous : Émilio, le cuistot de bord. Il y a du mystère et une héroïne, Tyffanie, qui a en elle des pouvoirs qu’elle ignore mais qui sera aidée par des alliés inespérés pour les mettre en évidence et les rendre redoutables.

Ça ne réinvente pas le genre, mais l’auteur a développé avec beaucoup de savoir-faire, la transformation de son héroïne et ses interactions avec l’équipage. De plus Kim Fournelle a beaucoup travaillé sur ses personnages, imposant à chaque espèce ses qualités propres et sa psychologie, ses forces et ses faiblesses

Tyffanie est un personnage particulièrement attachant et l’auteure s’est bien gardée d’en faire une héroïne sans peur et sans reproche comme on en voit souvent en littérature. Comme vous voyez, le livre a des belles qualités. Toutefois, c’est un long pavé. Et encore, il y a une suite. Il y a des longueurs, c’est inévitable et les scénarios se ressemblent d’une île à l’autre. Il y a des redondances et bien sûr, un petit caractère prévisible.

Le récit véhicule toutefois une belle leçon de vie. D’une part, il faut savoir que nous avons en nous une force insoupçonnée qui contribue à atteindre ou maintenir l’équilibre dans notre vie, et d’autre part, retenir qu’il y a toujours de l’espoir, et voir comme une nécessité… *Le bonheur de la bonne compagnie et des moments simples de la vie qui vous remplit d’une béatitude incroyable .* (Extrait)

Pour ce qui me concerne, j’ai trouvé ce livre agréable, bien documenté, avec des bonnes idées, des personnages sympathiques. Le fil conducteur de l’histoire est parfois mince, il faut s’y accrocher mais c’est un détail parce que la plume est assez fluide. La pire faiblesse est au niveau de la structure : des chapitres qui n’en finissent pas de finir…trop long, un peu lourd. J’aurais préféré une meilleure ventilation. Mai qu’à cela ne tienne, je vous recommande ce livre et sa suite : LA QUÊTE DES DIEUX

Suggestion de lecture : L’HEURE DE L’ANGE, d’Anne Rice

KIM FOURNELLE

À LIRE AUSSI :

ANAVÉLIA, TOME 2, LA QUÊTE DES DIEUX

Maintenant en parfait contrôle de ses pouvoirs après avoir reçu l’éducation de Karmina, Tyffanie prend la mission des Dieux entre ses mains. Elle se lance dans la quête qu’ils lui ont octroyée sans se poser plus de questions, mais la vie reste une surprise…

Prisonnière de son destin, elle fait face aux épreuves qui se dressent sur son chemin sans se douter de ce qui l’attend vraiment. Sera-t-elle prête à faire ce qu’elle doit faire pour accomplir la dure et lourde tâche qui s’impose à elle ?

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le samedi 3 août 2019

 

 

Le Seigneur des Anneaux de JOHN R.R. TOLKIEN

*Boromir se tut, et ses yeux se fermèrent avec lassitude. Au bout d’un moment, il parla de nouveau : -Adien Aragorn ! Va à Minas Tirith et sauve mon peuple ! J’ai échoué. -Non ! dit Aragorn, lui prenant la main et lui baisant le front. Tu as vaincu. Peu d’hommes ont remporté une pareille victoire. Sois en paix ! Minas Tirith ne tombera pas.*

(Extrait : LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, J.R.R. Tolkien, publication originale, 1954, éditions Allen & Unwin, pour en savoir plus sur les différentes éditions et traductions. Cliquez ici ).

LE SEIGNEUR DES ANNEAUX est une gigantesque fresque littéraire dans laquelle on trouve tout un monde, entièrement conçu par Tolkien…un monde avec sa complexité, sa logique, aux fins de l’histoire c’est surtout une logique de guerre, et ses habitants : des hobbits, des nains, des elfes, des hommes. Au départ composé de six livres, l’œuvre a été rééditée en 1954 en trois volumes totalisant près de 1350 pages :

Tome 1 : LA COMMUNAUTÉ DE L’ANNEAU raconte les évènements qui conduiront à la formation de la communauté de l’Anneau. La compagnie tentera de vaincre Sauron, ultime force du mal.

Tome 2 : LES DEUX TOURS la quête pour la destruction de l’Anneau dont Sauron de Mordor cherche à s’emparer pour asservir les peuples de la terre habitée.

Tome 3 : LE RETOUR DU ROI Frodon tente de franchir la Porte Noire mais n’y arrive pas. Aura-t-il une alternative. Il doit détruire l’anneau à tout prix. Entre temps, la Terre se couvre de ténèbres alors qu’on se prépare pour le combat final.

UN POUR TOUS ET TOUS CONTRE L’ANNEAU
*…Un anneau pour les gouverner tous,
Un anneau pour les trouver,
Un anneau pour les amener tous
et dans les ténèbres les lier,
Au pays de Mordor où s’étendent les
ombres.
*
(Extrait)

Pour résumer brièvement la saga, je dirai que le lecteur suit les aventures de Frodon Sacquet, neveu de Bilbo. Ce sont les deux personnages piliers du récit. L’objectif de Frodon Sacquet qui est en fait le fil conducteur de l’histoire, est de détruire l’Anneau unique dont veulent s’emparer Sauron et Saruman pour réduire à l’esclavage les peuples de la Terre du milieu.

Il sera aidé par des amis, membres de chaque espèce : nains, elfes, hobbits et hommes. Ensemble ils forment la Communauté de l’anneau. Ils frôleront la mort plus d’une fois pour aider Frodon dans sa quête.

En 10 ans, j’ai lu le Seigneur des Anneaux trois fois et j’ai vu la trilogie cinématographique une dizaine de fois. Je vois du nouveau à chaque fois. J’ai été séduit par plusieurs choses dont la richesse du langage qui confine parfois à la poésie.

D’ailleurs, on trouve quantité de poèmes et de chants parsemés dans le long récit. Ils viennent préciser les sentiments de l’auteur, de ses personnages, d’un évènement, du destin. J’ai toujours été sensible à la qualité du langage dont l’expression doit m’atteindre non seulement au cerveau mais jusqu’au fond du cœur.

J’ai été aussi sensible à tout cet univers créé par Tolkien, son décor, ses habitants avec leur histoire, leur généalogie. Il n’y a pas de faille dans l’univers de Tolkien. Tout est cohérent.

La plume de Tolkien est d’une légèreté remarquable comme si le récit n’avait pas été prémédité…comme si le scénario se précisait au fur et à mesure que l’auteur le couchait sur papier et pourtant, j’ai trouvé l’ensemble majestueux avec des passages descriptifs de toute beauté lorsqu’il est question par exemple du village bucolique des hobbits ou encore le repère des Elfes du monde sylvestre.

Bien sûr, l’œuvre a quelques faiblesses. Par exemple, j’ai eu un peu de difficultés à m’attacher aux personnages. Sauf quelques exceptions J’ai trouvé qu’ils manquaient de chaleur, d’empathie, le genre marche ou meurs. Les exceptions comprennent Legolas et le peuple sylvestre.

Partout dans le récit qui souffre de longueurs, les Elfes viennent apporter beauté, douceur, légèreté et apaisement. Dernière exception : les Hobbits, avec leur joli village vert, leur culture, leur histoire, leur mentalité. Ils sont petits avec les pieds poilus, ils sont enjoués, aiment la vie, la famille, les amis et ils adorent leur terre.

Enfin, j’ai fait la connaissance d’un personnage très très spécial : TOM BOMBADIL à qui Tolkien consacre deux poèmes dans les aventures de Tom Bombadil. Je n’ai jamais compris pourquoi Peter Jackson n’en a pas tenu compte dans sa trilogie cinématographique.

En terminant, c’est vrai qu’il y a beaucoup de longueurs, le déploiement descriptif de Tolkien est impressionnant et parfois c’est trop et ça dilue l’implication émotionnelle du lecteur. Enfin je crois que la psychologie des personnages est réduite au minimum. Mais il ne faut pas oublier que LE SEIGNEUR DES ANNEAUX est né d’une passion de Tolkien pour la philologie et les contes de fée.

Pour moi peu importe, à cause de la richesse d’expression, le petit caractère chaleureux et folklorique des hobbits, le caractère enchanteur des décors, les critères environnementaux si disparates entre le mordor et les terres libres, la puissance de l’écriture, je reconnais LE SEIGNEUR DES ANNEAUX comme précurseur et catalyseur de la littérature dite de FANTASY, une œuvre marquante du XXe siècle considéré comme un classique.

Je n’hésite pas à vous recommander LE SEIGNEUR DES ANNEAUX mais avant d’entreprendre cette longue lecture, j’ai deux suggestions à vous faire : vous apprécierez beaucoup plus et beaucoup mieux votre lecture si vous connaissez Tolkien, ne serait-ce qu’un peu. Une petite recherche internet vous permettra d’en savoir un peu plus sur sa vie, son œuvre et sa mentalité.

LE SEIGNEUR DES ANNEAUX deviendra beaucoup plus compréhensible. Enfin, avant la lecture du SEIGNEUR DES ANNEAUX, je vous recommande de lire BILBO LE HOBBIT que j’ai déjà commenté sur ce site (cliquez ici) l’ouvrage précurseur introduit Gandalf et Bilbo le Hobbit qui, avec d’autres personnages, tissent la toile de la plus extraordinaire fresque de la littérature moderne. L’ouvrage principal sera beaucoup plus facile à comprendre. Une dernière remarque : j’ai préféré lire le livre avant de regarder la trilogie réalisée au cinéma par Peter Jackson.

Tolkien nous raconte l’histoire du célèbre BILBO LE HOBITT, personnage de la Comté, paisible qui n’aime ni les aventures ni les imprévus et qui tisse pourtant, sans le savoir la toile de la plus extraordinaire fresque de l’histoire de la littérature: LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Commentaire de jailu/Claude Lambert.

John Ronald Reuel Tolkien est né en 1892 à Bloemfontein, en Afrique du Sud. Il partit pour la France en juin 1916 et combattit pendant la bataille de la Somme mais fut ensuite rapatrié pour avoir contracté la fièvre des tranchées. Il consacra les années suivantes à son travail d’enseignant et se révéla bientôt comme l’un des meilleurs spécialistes de philologie du monde.

En marge de sa carrière académique, il continuait d’écrire un grand cycle de mythes et légendes situées dans un monde imaginaire appelé Terres-du-Milieu, qu’il avait entâmé dès son adolescence. Il eut quatre enfants, pour qui il écrivit d’abord Bilbo le Hobbit en 1936. Le succès fut tel que son éditeur réclama une suite. Tolkien travailla 14 ans à l’élaboration de cette suite, Le Seigneur des Anneaux, dont le premier tome ne parut qu’en 1954, et qui remporta un succès phénoménal dans tous les pays.

Tolkien prit sa retraite à Bournemouth, où il mourut le 2 septembre 1973, laissant à son fils Christopher la tâche gigantesque mais passionnante de publier, notamment sous la forme d’un récit suivi et cohérent (Le Silmarillion), la masse énorme de manuscrits qu’il avait accumulé tout au long de sa vie. (source)

LE SEIGNEUR DES  ANNEAUX au cinéma
Les films de la trilogie sont sortis respectivement en 2001, 2002 et 2003, tous réalisés par Peter Jackson. Réalisé au coût de 285 millions de dollars, ce projet fut l’un des plus ambitieux de l’histoire du cinéma.
Principaux acteurs : Elijah Wood (Frodon), Ian McKellen (Gandalf), Sean Astin (Sam), Billy Boyd (Peregrin), Dominic Monaghan (Meriadoc), Vigo Mertensen (Aragorn), Sean Bean (Boromir), Orlando Blomm (Legolas), John Rhys-Davies (Gimli), Ian Holmes (Bilbon), Chistopher Lee (Saruman).

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 13 avril 2019

 

L’HEURE DE L’ANGE, livre d’ANNE RICE

*De douces mélodies se mêlaient, mais une sombre urgence pulsait au-dessous. De nouveau, la musique enfla. Les cuivres s’élevèrent, dessinant une forme effrayante.
Soudain, toute la composition sembla remplie de menace, figurant le prélude et l’expression de la vie qu’il avait menée.*
(Extrait : L’HEURE DE L’ANGE, Anne Rice, t.f. Éditions Michel Lafon, 2010, édition de papier, 275 pages)

Après un contrat particulièrement éprouvant, Lucky, un tueur professionnel, est abordé par un mystérieux inconnu appelé Malchia qui prétend être l’Ange gardien de Lucky. C’est d’autant plus étrange que Malchia dit tout savoir de Lucky et il dispose de toute évidence d’un stupéfiant pouvoir. Or Malchia fait à Lucky une offre étonnante : il lui propose de racheter ses crimes en sauvant des vies plutôt que de les prendre. Poussé par la curiosité, Lucky accepte et se retrouve au Moyen-Âge où il doit aider une famille juive accusée de meurtres rituels. est-ce une chance de rédemption pour lui ou un innommable cauchemar ??

Le messager de Dieu et le tueur
*Une voix en moi me soufflait qu’un sain désir
de surmonter l’épreuve qui nous attendait
l’aurait mieux servi que la candeur avec
laquelle il se précipitait vers le sort que le
destin nous réservait.*
(Extrait)

J’ai trouvé ce livre intéressant à certains égards mais il ne m’a pas particulièrement emballé. C’est ma première incursion dans l’univers d’Anne Rice et le fait que je n’aie pas commencé par son best-seller ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE était voulu. Je voulais lire un *Anne Rice* qui n’était pas submergé par la critique et la publicité.

Ici, le fil conducteur est simple : un tueur à gage se voit offrir par un ange de racheter ses crimes en acceptant d’être plongé au Moyen-Âge afin d’aider une famille juive accusée de meurtres rituels et de les sauver d’une mort certaine et injuste.

Bien que le livre n’est pas divisé en parties, j’en ai tout de même distingué quatre : 1) après son dernier meurtre, Lucky est approché par Malchiah, un ange qui lui propose un étrange marché.

Cet ange est ce que l’on appelle un Séraphin, classé par la tradition chrétienne dans la première hiérarchie des anges. 2) Malchiah fait revivre à Lucky le fil de sa vie. 3) Lucky remonte le temps jusqu’au Moyen-Âge pour remplir une mission qu’il accepte. 4) Après sa mission, Lucky revient dans le temps présent avec un avenir bien défini.

C’est une histoire un peu étrange à forte connotation religieuse et développée autour du thème de l’existence des anges. C’est une histoire de rédemption bâtie à la va-vite. Par exemple, j’ai trouvé plutôt simple la façon avec laquelle un tueur froid, dépourvu d’empathie et de sentiments décide de suivre comme ça un ange, dans l’espérance d’une rédemption.

J’ai eu de la difficulté à m’accrocher au récit, l’introduction étant longue et le nœud de l’histoire tardif. Dans ce livre, peu stimulant sur le plan littéraire, il n’y a pas vraiment d’action, pas d’intrigue.

Toutefois, je dirais que l’ensemble est sauvé par le passage de Lucky, devenu Frère Toby au Moyen Âge, plus précisément en l’an 1257 pour aider et sauver une famille juive accusée injustement du meurtre d’une petite fille qui en réalité est morte d’une maladie fulgurante.

Dans ce passage de 125 pages, plus dense et dramatique, l’auteure fait évoluer son personnage principal dans le contexte de relations extrêmement difficiles entre les Chrétiens et les Juifs. La haine dont les Juifs font les frais y est très bien décrite mais l’auteure a eu la sagesse de ne prendre aucun parti, décrivant aussi bien les travers de la juiverie que ceux de la chrétienté.

Ce passage m’a fait passer par une certaine gamme d’émotions, même si j’ai eu un peu de difficulté avec la crédibilité du personnage principal. Une fois la mission accomplie, suit le retour de Toby à son époque. Je dois dire que la finale est plutôt prévisible et très ordinaire.

À savoir maintenant si vous allez aimer ce livre. C’est bien possible que oui, si vous n’avez pas d’attentes particulières d’Anne Rice. On sait que cette auteure aime mêler les époques et conserve un style résolument baroque. Ici, elle nous entraîne dans l’Univers des anges gardiens, de leurs pouvoirs et des relations étranges et particulières qu’ils entretiennent avec les humains.

Le sujet est assez original parce que peu développé en littérature, du moins sous la forme de roman et actuel si on tient compte du fait que beaucoup de personnes croient à l’existence des anges et plus spécifiquement de l’ange gardien.

Il est intéressant de suivre la transformation de Toby et le rôle que joue Malchiah. L’ensemble manque de profondeur mais la plume est fluide et le tout se lit assez bien.

Anne Rice est une auteure américaine née en Louisiane le 4 octobre 1941, spécialisée dans la littérature fantastique. Plongée dans un profond désespoir suite à la mort de sa fille qui n’avait alors que 6 ans, Anne Rice s’est mise à l’écriture. Son tout premier livre ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE est considéré par plusieurs critiques comme un des plus grands succès de la littérature américaine contemporaine. Forte de son succès, elle s’est installée dans la maison de ses rêves en Nouvelle-Orléans, qu’elle décrit parfaitement dans le premier tome de chroniques de sorcières LA MAISON DES MAYFAIR.  

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 28 juillet 2018

LE COFFRE D’AVLEN, livre de L. SPRAGUE de CAMP

*…On discerna bientôt des pointes de lance qui
perçaient le sol et brillaient au clair de lune.
Puis des cimiers de casque apparurent, et
bientôt, dans le clair de lune, se dressèrent
cent quatre-vingt-huit géants, hauts de huit
pieds et armés jusqu’aux dents.*
(extrait LE COFFRE D’AVLEN, de L. Sprague de Camp,
t.f. 1970, Éditions Denoel, num. 177 pages)

Jorian, un voyageur, fait halte dans une ville en effervescence : XYLAR. Il ne sait pas qu’à tous les cinq ans, le roi est décapité et que sa tête est lancée dans la foule en fête. Celui qui attrape la tête devient roi pour cinq ans avant d’être décapité à son tour. Jorian reçoit la tête et est reconnu l’élu. Il fait un bon roi, mais il n’a aucune envie de perdre la tête à la fin de son règne. Notre héro va s’associer à un sorcier qui accepte de l’aider à abolir cette coutume. Il y a toutefois une condition : Jorian doit voler le Coffre d’Avlen et le remettre au sorcier. Ce coffre, précieusement gardé contient des sorts qui permettrait au sorcier et à ses acolytes d’obtenir un pouvoir absolu. 

…de quoi perdre la tête…

*Cela semble être une règle de la royauté que,
sur six rois, il y ait un héros, un coquin, un fou
et trois médiocres…

*-Que la Sainte Grenouille nous sauve.-*
(Extrait de : LE COFFRE D’AVLEN, de Lyon Sprague de Camp)

C’est un petit livre intéressant. L’histoire est originale. Toutefois, je l’ai appréciée davantage pour son aspect descriptif que pour l’intrigue. En fait l’histoire commence alors que, sur le point d’être décapité, Jorian s’échappe avec l’aide d’un magicien nommé Karadur. En échange de son aide, Karadur exhorte Jorian à trouver et lui remettre le coffre d’Avlen qui renferme des sorts et des incantations qui assureraient un énorme pouvoir au magicien.

Bien sûr, tout le monde court après Jorian…sa vie est continuellement menacée mais l’auteur a créé un personnage tellement parfait qu’il se sort de toutes les situations périlleuses. Il n’y a pas vraiment d’intrigues, pas de rebondissements, peu d’émotions. L’histoire a un petit côté prévisible et inachevé d’autant que le destin semble reléguer aux oubliettes le contenu du coffre qui me donnait parfois l’impression d’être secondaire dans l’histoire.

J’ai été toutefois agréablement surpris par la description des étapes dans la quête de Jorian. En effet, Sprague de Camp décrit avec beaucoup d’intelligence, de fluidité et d’imagination l’organisation politique et sociale des pays visités, ce qui est peu courant dans les romans de type *fantasy*.

À la fin de l’histoire par exemple, le conclave des magiciens est une vraie trouvaille, nous rappelant nos congrès modernes avec leurs règles parfois lourdes, régissant les assemblées délibérantes. En fait Sprague de Camp a créé tout un univers de petits états en plein développement avec leurs travers, leurs traditions parfois tordues (comme le fait de décapiter un roi après cinq ans de règne) mais aussi leurs bons côtés faits de têtes et de cœurs tournés vers le futur.

Ce type de développement littéraire est intéressant car il ouvre la porte au sens de l’humour qui marque quelque peu le livre, vient alléger la violence qui caractérise souvent le *fantasy* et va jusqu’à donner au lecteur l’impression de lire une histoire vraie ou tout au moins que l’univers décrit a déjà existé. De plus, l’auteur semble vouloir démontrer que la magie a ses limites et que rien ne peut remplacer le courage, l’abnégation, la volonté et l’imagination.

Autre fait intéressant dans LE COFFRE D’AVLEN : Jorian est un conteur…un excellent conteur et dans sa quête, il raconte des histoires captivantes au point de faire oublier quelque peu le véritable sens de cette quête sans oublier le fait que Jorian est un costaud qui aime se battre et qui est un voleur hors-pair.

Je vous suggère sans hésiter la lecture de ce livre. Il est assez court, rythmé, agréable à lire grâce à son langage riche et coloré et demeure, malgré son originalité et ses petites trouvailles, un roman de fantasy avec ses ingrédients habituels : des aventures, des héros, des magiciens et sorciers, des prêtres, des bêtes étranges, des bretteurs et de belles bagarres.

LE COFFRE D’AVLEN est finalement un très bon divertissement.

Suggestion de lecture : PROIES, de Mo Hayder

Lyon Sprague de Camp (1907-2000) était un écrivain américain. Admirateur de Lovecraft, ami d’Isaac Asimov, Sprague de Camp était un passionné de science-fiction et de fantasy. Il a entre autres insufflé une seconde vie au célèbre personnage de Robert Howard CONAN LE BARBARE dont il a poursuivi la saga avec, au passage une biographie de Howard. Il a été un des premiers auteurs de fantasy à imbriquer l’histoire et les sciences linguistiques à ses récits.  Il a écrit des biographies, romans historiques. De Camp s’est aussi intéressé à différentes tendances littéraires dont la poésie et le roman policier. Il a été membre d’un club littéraire appelé TRAP DOOR SPIDERS qui servit de modèle au CLUB DES VEUFS NOIRS de son ami Isaac Asimov.

BONNE LECTURE
JAILU
SEPTEMBRE 2015

AMOS DARAGON, la série de BRYAN PERRO

-La grande croisade
-Le masque de l’Éther
-La fin des dieux

*Écoute, cette île est infestée de cyclopes.
Justement, je viens de faire connaissance
avec la mâchoire de l’un deux et je peux
te dire que je n’ai aucune envie de
m’éterniser ici…*
(extrait de AMOS DARAGON LA FIN DES DIEUX
Bryan Perro,  éd. Les Intouchables,  2006, 150
pages)

-La grande croisade :
Après avoir récupéré la toison d’or qui le rend invincible, Barthélémy est élu chef du Royaume des Quinze et part à la conquête du continent mais le Royaume de Bérion s’y oppose et décide de faire sécession. Furieux, Barthélémy décide d’attaquer Bérion. C’est toute la planète qui est en péril. Amos Daragon et ses amis décident d’intervenir. (AMOS DARAGON LA GRANDE CROISADE, Bryan Perro, éd. Les Intouchables, 2005, 185 pages, éd. Num.)

Le masque de l’Éther :
Amos chemine dans l’univers de son corps spirituel à la recherche du Masque de l’Éther. Cette quête est nécessaire pour sauvegarder l’équilibre du monde. Amos devra y mettre tout son cœur et son courage. (AMOS DARAGON LE MASQUE DE L’ÉTHER, Bryan Perro, éd. Les Intouchables, 2006, 150 pages, éd. Num.)

La fin des dieux :
Les dieux s’étant entre déchirés pour le pouvoir, ce qui a fait des millions de morts sur la terre, le porteur de masque Amos Daragon a pour mission de détruire les dieux et établir l’équilibre du bien et du mal pour permettre au monde d’enfin partager des temps de paix. (AMOS DARAGON LA FIN DES DIEUX, Bryan Perro, éd. Les Intouchables, 2006, 150 pages, éd. Num.)

L’univers d’Amos
*Barthélémy lança le pot par terre qui explosa
en mille morceaux. Il saisit ensuite avec sa
grosse main la toute petite fée étourdie par
le choc et lui brisa tous les os du corps en
refermant son poing sur elle. On entendit un
léger craquement, comme une branche sèche
qui se casse sous la caresse du vent.*
(extrait de AMOS DARAGON LA GRANDE CROISADE)

Récemment, je me trouvais dans une salle d’attente, avec mon livre évidemment. À côté de moi, un ado était plongé dans la lecture d’un volume d’AMOS DARAGON. C’est là que je me suis décidé de faire connaissance avec le jeune héros dont j’ai tant entendu parlé : AMOS DARAGON. J’avais aussi beaucoup entendu parlé de son auteur, Bryan Perro qui, comme moi, est natif de Shawinigan au Québec.

J’ai donc sauté sur l’occasion de varier mes lectures, renouer avec la littérature jeunesse et faire la connaissance d’un jeune héro à qui l’auteur a confié la périlleuse mission de rétablir l’équilibre du monde menacé par la guerre sans merci que se livrent les dieux du bien et du mal.

Pour ma quête, j’ai choisi de lire les trois derniers volumes de la série (si je ne tiens pas compte de la trilogie LE SANCTUAIRE DES BRAVES) LA DERNIÈRE CROISADE, LE MASQUE DE L’ÉTHER ET LA FIN DES DIEUX.

D’abord, qui est AMOS DARAGON?
Amos est un ado. Il a 12 ans au départ. Il atteindra 15 ans dans l’épisode LE MASQUE DE L’ÉTHER. Il est courageux et même téméraire. C’est un garçon très intelligent et sait faire preuve de bonté et d’empathie. Il a été désigné comme l’élu de la 2e génération des porteurs de masques.

Ces masques sont en fait des entités qui se fondent sur son visage et qui lui donne le pouvoir de dominer les éléments naturels : le feu, l’air, l’eau et la terre. À cela s’ajoute le masque ultime de l’éther. Les qualités exceptionnelles d’Amos Daragon le désignent pour une mission complexe et dangereuse : délivrer le monde de l’omniprésence des Dieux et rétablir l’équilibre.

Ayant réalisé depuis longtemps que, dans toutes les mythologies, les hommes ne sont que les jouets des dieux, j’ai trouvé ces trois livres fascinants. Bien sûr, l’élément central est classique de la FANTASY : des dieux capricieux avides de gloire et de pouvoir et indifférents à la souffrance des hommes, des héros qui se rebellent, aidés de créatures étranges et soutenus par la magie et des pouvoirs qu’il faut d’abord découvrir et mériter.

Toutefois, j’ai trouvé l’idée de Perro originale et susceptible de développer l’engouement chez les jeunes : confier à des ados la mission de débarrasser le monde de ces dieux cruels, encombrants et nuisibles à l’aide de masques et de dons magiques. Le plan de campagne s’étend et se complexifie d’un tome à l’autre. C’est une montée graduelle, un crescendo vers la rencontre ultime.

Ça se lit très bien, l’écriture est fluide. C’est plein de rebondissements. Le seul irritant que je veux souligner est qu’AMOS DARAGON est trop parfait. Outre une bonne dose d’orgueil et son petit côté individualiste, Amos est sans peur et sans reproche et il a réponse à peu près à tout. Pas mal pour un ado mais peu réaliste. Ça m’a un peu agacé parce que pour moi, en littérature, la perfection peut être une barrière à l’émotion.

Pour entourer Amos, l’auteur a créé des personnages courageux, aussi dotés de pouvoirs mais plus simples et surtout très attachants, qui apportent un très bel équilibre à l’ensemble : entre autres,  Béorf Bromanson le Béorite est le meilleur ami d’Amos. C’est un gros garçon qui a le pouvoir de se transformer en ours et d’en prendre toutes les caractéristiques.

Il y a aussi Lolya, une nécromancienne, amie puis compagne d’Amos. Puis il y a Médousa. C’est une gorgone et fait original, elle doit porter des *lurinettes* pour ne pas pétrifier ses amis. Je citerai enfin le puissant Maelström, un dragon gentil et attachant qui considère son entourage comme sa famille. J’arrête là car la liste est longue.

J’ai bien aimé ma lecture, d’autant que Perro a semé dans ses récits des éléments de réflexion très intéressants, sur l’efficacité extraordinaire d’un bon travail d’équipe par exemple, sur l’amitié et ses obstacles, la tolérance, la complexité des sentiments, etc. Le ton n’est pas du tout moralisateur.

C’est une excellente lecture pour les jeunes et les adultes devraient aussi apprécier. J’ai été un peu déçu par la finale de LA FIN DES DIEUX. Je m’attendais à autre chose. C’est une conclusion loin d’être déplaisante mais elle aurait mérité je crois un développement plus étoffé. Ça pourrait toutefois être perçu différemment d’un jeune lecteur à l’autre. AMOS DARAGON demeure une lecture de choix pour les jeunes assoiffés d’aventure.

Suggestion de lecture : LES 9 VIES D’EDWARD, de Chrystine Brouillet

Bryan Perro est né à Shawinigan au Québec  le 11 juin 1968. Il est surtout connu pour la série jeunesse AMOS DARAGON crée en 2003, 15 tomes traduits en une vingtaine de langues. En 2008, il initie la série WARIWULF . Bryan Perro a aussi écrit quelques romans pour adultes. Très actif, Perro a aussi scénarisé et animé la série télé CRÉATURES FANTASTIQUES à Radio-Canada. Il a encore plusieurs projets en réserve.  Enfin il a remporté plusieurs prix dont le PRIX JEUNESSE DE SCIENCE-FICTION ET DE FANTASTIQUE QUÉBECOIS  en 2006.

BONNE LECTURE
JAILU
FÉVRIER 2015

LA CITÉ ET LES ASTRES D’ARTHUR C. CLARKE

*Les hommes qui habitaient Diaspar avaient
été conçus aussi soigneusement que ses
machines. Le fait qu’il fût unique faisait
d’Alvin une rareté, mais ce n’était pas
nécessairement une vertu.
(extrait de LA CITÉ ET LES ASTRES, d’Arthur
C. Clarke, Éditions Denoël, 1962)

 
Diaspar est une ville d’un très loin futur, dirigée par un superordinateur qui  maintient les citoyens en vase clos, à l’abri du besoin mais dans l’éternelle crainte de l’extérieur de la ville, apparemment glacé, désertique, invivable. Les Citoyens sont maintenus en vie grâce à des circuits d’éternité qui les reproduisent à l’infini. L’histoire est celle d’Alvin, une exception dans l’univers de Diaspar car c’est sa première vie et il ne semble pas du tout effrayé par l’inconnu.

AVANT-PROPOS :

LA CITÉ ET LES ASTRES est sorti en 1956, soit 12 ans avant la parution de L’ODYSSÉE DE L’ESPACE 2001, point culminant de la littérature de science-fiction.  Je le précise ici parce que j’ai décelé  dans LA CITÉ ET LES ASTRES des *germes* de l’Odyssée, à la lumière de multiples allusions aux étoiles, à l’espace et à la petitesse de l’être humain dans un univers infini. Peut-être l’Odyssée couvait elle aussi dans d’autres livres de Clarke?  Ça pourrait être la joie d’une nouvelle découverte dans le puits sans fond de la littérature…

LA CITÉ ET LES ASTRES est un des plus beaux romans de la littérature au rayon de la science-fiction. Bien que publié pour la première fois il y a plus de 50 ans, pour moi, ce roman est sans âge et demeure indémodable, incontournable.

Clarke a donné à son personnage principal, Alvin, une exceptionnelle force de caractère sensiblement allégée par une certaine candeur. Alvin est l’éternel curieux qui a soif de connaissance et qui est soucieux de sortir son peuple de l’ignorance et de l’automatisme d’une vie sans saveur et sans défis. J’ai beaucoup apprécié le courage que lui a insufflé l’auteur, ainsi que son petit côté *tête de mule* qui le pousse à aller au bout de ses rêves. Il est attachant et comme lecteur, je m’en suis fait un ami.

Dans cette belle histoire, Alvin est l’élu. Ça, c’est le côté typique, pratiquement non-renouvelable des romans de type *fantasy*. Mais au-delà de ce *déjà vu*, l’originalité de l’ensemble réside dans le fait que l’élu veut préparer son peuple à recevoir et à surmonter une terrible vérité : que toute l’histoire de son peuple, s’étendant sur des millions d’années, repose sur des faussetés et des mensonges et qu’il existe à l’extérieur de Diaspar un autre peuple, différent mais qui gagnerait à être connu.

Donc l’histoire repose sur la recherche de la vérité et non sur la guerre, la violence, les armes et l’agressivité belliqueuse. Il n’y a pas d’armées, pas d’esprit de vengeance ni de désirs de domination.

Ce sont les thèmes développés dans l’histoire qui rendent LA CITÉ ET LES ASTRES unique car plusieurs de ces thèmes échappent habituellement aux romans *fantasy * :  la beauté, le sens profond de l’amitié, le partage,  l’acceptation des différences…la tolérance, la recherche enthousiaste de la paix et du goût de vivre.

Malgré son âge, LA CITÉ ET LES ASTRES est un roman *au goût du jour*…un vent chaud et apaisant.

Suggestion de lecture : LES SENTIERS DES ASTRES de Stefan Platteau

Bonne lecture
Claude Lambert JUIN  2013

(En Complément…)

MAGICIEN L’APPRENTI, LA GUERRE DES FAILLES

Commentaire sur le livre de
Raymond E. Feist

L’histoire est celle de PUG, un ado orphelin recueilli au duché de Crydee. Un jour, alors qu’il a 15 ans, il est choisi par le magicien Kulgan pour être son apprenti. Après avoir sauvé la vie de La princesse Carline, il est anobli et devient châtelain. Il s’entraîne à la magie et développe graduellement des pouvoirs inimaginables.

La vie de Pug deviendra beaucoup plus aventureuse à partir du jour où son royaume sera menacé par le monde Tsuranni : un peuple conquérant et sans pitié. Avec son ami Tomas, son maître Kulgan et le duc Borric, PUG aura fort à faire pour organiser la défense du royaume. Le destin de PUG est donc de sauver le monde de cette menace qui n’est rien d’autre que la guerre, la destruction, le chaos.

Dans ce livre, tous les éléments classiques sont réunis pour un bon roman *fantasy*. Ce sont les ingrédients d’une recette qui n’est pas sans rappeler LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : des magiciens, des Elfes, des nains (ils sont mineurs eux-aussi et creusent dans une montagne comme dans les mines de la Mauria du Seigneur des Anneaux), des dragons, des créatures étranges et bien sûr, la menace constante de plonger le monde libre dans les ténèbres. Bien sûr, c’est un ouvrage moins complexe, moins raffiné et moins poétique que celui de Tolkien, mais cette histoire de Feist comporte une belle somme de forces intéressantes.

Ce livre m’a plu à plusieurs égards. En premier lieu, l’authenticité des personnages. D’abord PUG, le genre qu’on aimerait avoir comme ami ou petit frère, intelligent, d’abord vulnérable mais gagnant graduellement en courage et en audace au cours de l’histoire. On ne peut faire autrement que de le trouver sympathique et attachant. Il y a aussi son ami Tomas, soldat en devenir et qui force lui aussi la sympathie et l’admiration, et Carline, jeune princesse au caractère capricieux et imprévisible.

On y trouve aussi quantités d’autres personnages qui ont tous un petit quelque chose qui mobilise la sensibilité du lecteur, de la lectrice.

Autre élément intéressant : je crois que l’auteur a donné du corps à son récit en détaillant (sans excès) l’environnement du royaume, sa politique et les intrigues de cour, son actualité et surtout la pensée et la façon de faire de ses stratèges militaires.

L’écriture de Feist est simple, sans jamais sombrer dans la naïveté. Il a su empreindre à son récit de l’émotion et de la chaleur et donner à ses personnages un caractère profondément humain.

Je crois que vous ne serez pas déçu.

Suggestion de lecture : AGRIPPA, M. Rossignol et J.P. Sainte-Marie

JAILU
NOVEMBRE 2012

(En Complément…)