Commentaire sur le livre de
DIANA URBAN
<La cloche me tomba presque des mains lorsque Sasha et Priya poussèrent un cri. Ma poitrine se comprima tandis que tout le monde regardait ce qui était posé sur le plateau, bouche bée… Une seringue… >
Extrait : QUI DOIT MOURIR, Diana Urban, Albin Michel Jeunesse, 2020, édition de papier, 480 pages. Version audio : Audible studios éditeur, 2020, durée d’écoute 9 heures 57 minutes. Narrateur : Hervé Carrasco.
On dirait le début d’une blague… La star du lycée, le super athlète, le meilleur élève, l’accro aux joints et le solitaire se retrouvent dans la même pièce. Ils ont été sélectionnés pour un dîner exclusif. Pour quoi ? Par qui ? La farce tourne au vinaigre. Au centre de la pièce se trouvent une bombe à retardement, une seringue de poison et le message suivant : vous avez une heure pour tuer l’un d’entre vous. Sans cela, vous périrez tous, dans cette pièce.
Pourquoi eux ? Qui les a piégés ? Alors que chacun cherche dans son passé ce qui le lie aux autres, l’évidence se dessine : ils cachent tous un secret… Un secret dangereux ? fatal ? Chacun tente de sauver
sa peau, mais la question reste. Qui doit-on sacrifier ?
MACABRE HUIS CLOS
QUI DOIT MOURIR est un huis clos noir, très addictif, bien construit et qui en dit long sur notre méconnaissance de la nature humaine. Mais voyons d’abord la trame. Sur convocation de la mairie, six personnes, des lycéens, se rendent à l’endroit indiqué en vue de l’attribution d’une bourse. Une fois dans la pièce prévue à cet effet, tout se referme derrière eux. Les voilà enfermés.
Au départ, cet emprisonnement a toutes les apparences d’une blague, mais les jeunes déchantent vite lorsqu’ils constatent la présence dans la pièce d’une bombe à retardement, 60 minutes pour être précis, d’une seringue contenant un poison mortel, la toxine botulique et d’un message court et glacial : <une personne parmi vous doit mourir>
Pour bien saisir l’ampleur du drame humain qui va se dévoiler jusqu’à un inimaginable gâchis à faire grincer des dents, il faut saisir la psychologie complexe des personnages qui est graduellement dévoilée grâce à des -chapitres flash-backs- qui alternent avec les chapitres se concentrant sur les évènements tragiques qui se déroulent dans la pièce close.
Voici un aperçu des personnages : Amber est la narratrice. C’est une musicienne à l’ambition modérée. Diego est l’intellectuel du groupe, dans le genre un peu effacé. Scott est le rebelle, dealer. Robbie est un sportif, garçon énergique. Priya est une fille plutôt solitaire et enfin il y a Sasha, égocentrique jusqu’au nombrilisme, narcissique et une habile manipulatrice. Pendant une heure, les secrets de chaque personnage vont s’imbriquer dans cette tragédie anxiogène et intrigante.
C’est un récit qui est venu me chercher rapidement à cause de la justesse de la description des évènements en vase clos car le caractère dramatique de leur situation poussera les jeunes à toutes sortes de bassesses à commencer par la nécessité ressentie de déterminer rapidement qui doit mourir, qui sera sacrifié. Dans un tel moment, on ne peut plus vraiment cacher sa vraie nature. Comprendre ce qui se passe est aussi un beau défi pour le lecteur : complot, canular, vengeance, blague, expérience ?
Dans son livre, Diana Urban redéfinit la méchanceté. Les personnages manquent de profondeur mais ce n’est pas un critère forcément recherché par les ados. Les sous-thèmes sont efficacement développés et suscitent une saine réflexion : harcèlement, manipulation et suicide des ados principalement. La finale est une longue justification, un peu ampoulée mais la tension dramatique et la surprenante découverte de la véritable nature d’un des personnages créent un filet qui saisit les lecteurs.
QUI DOIT MOURIR ? Est un roman fort et dérangeant qui accroche et questionne.
En fait, si vous êtes comme moi, vous vous poserez sans doute la question qu’on aimerait mieux, au fond, éviter, à savoir : qu’est-ce que je ferais à leur place. Je crois que mes souliers seraient très, très petits. Je recommande donc ce roman. Il décoiffe…pas de doute.
Brièvement, un mot sur la version audio. Je ne l’ai pas aimée. Le narrateur n’a pas réussi à transmettre les émotions générées par l’histoire. Il narre presque comme si c’était un conte. Et puis dans l’histoire, c’est Amber qui fait la narration. C’est une fille. Pourquoi a-t-on choisi un homme pour la version audio. Mauvais choix à mon avis.
L’auteure DIANA URBAN
BONNE LECTURE
BONE ÉCOUTE
Le vendredi 29 novembre 2024