LE NOM DE LA ROSE, le livre d’Umberto Eco

*Puisse ma main ne point trembler au moment
où je m’apprête à dire tout ce qui ensuite arriva. *
(Extrait : LE NOM DE LA ROSE, Umberto Eco,
origine : Grasset éditeur, 1990, 550 pages. Version
audio : Audiolib éditeur, 2012, durée d’écoute :
22 heures 4 minutes, narrateur : François d’aubigny)

Au début du XIVe siècle, une abbaye située aux confins de la Provence et de la Ligurie. Un lieu voué à la prière et à l’étude avec sa bibliothèque qui fait l’admiration de tout l’Occident chrétien, à l’écart des violences et des luttes de pouvoir qui déchirent les royaumes voisins. Jusqu’au jour où un moine est trouvé mort au bas des murailles. C’est le début d’une sanglante série que devra élucider Guillaume de Baskerville Alors qu’une délégation papale est sur le point de faire son entrée au monastère, dirigée par un farouche adversaire de Guillaume, le grand inquisiteur envoyé par le pape Jean XXII, le dominicain Bernardo Gui.

Les envoyés du pape sont venus débattre de la pauvreté du Christ mais son dirigeant ne tarde pas à instruire un procès bâclé condamnant le meurtrier présumé, pour sorcellerie.

La terrifiante bibliothèque
*Jusqu’alors j’avais pensé que chaque livre parlait des choses,
humaines ou divines, qui se trouvent hors des livres. Or je m’apercevais
 qu’il n’est pas rare que les livres parlent de livres, autrement dit,
 qu’ils parlent entre eux. À la lumière de cette réflexion, la bibliothèque
 m’apparut encore plus inquiétante. *
(Extrait)

LE NOM DE LA ROSE est, pour moi, une œuvre monumentale de Umberto Eco. Ma façon de le présenter peut sembler grandiose mais c’est un roman psycho-philosophico-mystico-théologique développé dans un contexte médiéval, le tout sur fond d’intrigue qui prend, du moins au départ, l’allure d’un polar. C’est mon impression. Ce n’est jamais allé plus loin.

Je dois vous dire d’entrée de jeu que, si j’ai été subjugué par ce fleuron de la littérature, je n’ai jamais pu m’enlever de l’esprit l’adaptation cinématographique du livre signée en 1986 par Jean-Jacques Annaud avec Sean Connery dans le rôle de Guillaume de Baskerville et Christian Slater dans le rôle d’Adso de Melk. Ce film, que je considère comme un chef d’œuvre du septième art a le grand mérite de vulgariser et rendre accessibles les nombreuses exégèses, théories et explications philologiques contenues dans le livre.

Notez toutefois que l’adaptation est relativement libre car le livre et le film ne finissent pas vraiment de la même façon. Quant à l’Église, elle est comme elle a toujours été…dans le champ. Le film m’a permis de rendre très recevable le livre d’Eco que j’ai trouvé très savant, érudit, pas toujours facile à suivre avec entre autres une impressionnante quantité de citations latines… irritantes mais probablement nécessaires.

Maintenant, un petit rappel du contexte : Nous somme en 1327. L’autorité du pape Jean XXII et celle de l’empereur Louis IV déchirent la chrétienté qui est secouée par un débat émotif, houleux et profond, suscité par les franciscains et visant la pauvreté de l’Église.

Dans ce contexte, le franciscain Guillaume de Baskerville et son pupille Adso de Melk, qui est le narrateur du récit, se rendent dans une lointaine abbaye aux confins de la Provence, se joindre à une légation papale dirigé par un inquisiteur agressif : Bernardo Gui, pour débattre de la pauvreté du Christ, un débat de torts et de raison qui ne sert finalement qu’à occulter le conflit politique entre le pape et l’empereur.

Dès son arrivée à l’abbaye, Guillaume se voit demandé par l’Abbé de la communauté d’enquêter sur une mort très suspecte. C’est finalement une série de meurtres que le bon Guillaume devra résoudre.

Je crois qu’Umberto Eco a relevé un défi colossal en nous plongeant dans le cœur de l’obscurantisme alors qu’on voyait l’hérésie partout, en suivant un cœur pur quoiqu’orgueilleux sur le plan intellectuel et duquel jaillit la lumière qui manquait tant à cette époque. Considérons Guillaume comme un précurseur de la période des lumières.

Dans cette histoire, l’intrigue est noyée dans les palabres théologiques et philosophiques. Toutefois, cette intrigue est intéressante car elle est en lien avec les livres contenus dans la plus grande bibliothèque de la chrétienté, riche, mais cauchemardesque.

Toute la richesse de l’œuvre repose sur les échanges et les débats entre autres sur une question qui a conservé toute son actualité : la pauvreté du Christ et les richesses de son Église. Il y a aussi de longues et intéressantes discussions sur le rire, objet de sciences sociale, objet de déchirement sur le plan théologique. Le rire est-il générateur de mal ou porteur de vérité. Est-ce que Jésus riait? Personne n’a prouvé le contraire.

J’ai trouvé l’histoire un peu complexe. Elle m’a imposé des recherches, de la réflexion, de la concentration. J’ai fait de magnifiques trouvailles. Et au final, ce livre est un délice, une fresque remarquable de l’époque médiévale…un vibrant plaidoyer en faveur de la tolérance et de l’éducation à la façon de Guillaume de Baskerville, par opposition au fanatisme et à l’obscurantisme personnifiés par Bernardo Gui.

L’ensemble est très dense, l’intrigue est originale et même passionnante même si elle semble souvent secondaire. Le contenu est savant, tentaculaire et farci de latin. On est loin du roman de gare. Considérez ce livre comme un défi, une grande aventure, un passionnant exercice intellectuel. Un livre incontournable qui m’a subjugué par sa richesse et son atmosphère.

Suggestion de lecture : LE SICARIER, de Danny-Philippe Desgagné

Né dans le Piémont en 1932, titulaire de la chaire de sémiotique de l’université de Bologne, Umberto Eco a enseigné à Paris au Collège de France ainsi qu’à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. Il est l’auteur de sept romans, parmi lesquels le célèbre Nom de la rose, et de nombreux essais, dont Comment voyager avec un saumon et À reculons comme une écrevisse. Umberto Eco est décédé le l9 février 2016 à Milan. 

Le nom de la rose au cinéma

L’adaptation cinématographique du roman LE NOM DE LA ROSE sortie en 1980 est signée Jean-Jacques Annaud. Le film met en scène l’acteur Sean Connery dans le rôle de Guillaume de Baskerville, aux côtés notamment de son pupille, incarné par Christian Slater, on retrouve également F. Murray Abraham, Michael Lonsdale, Valentina Vargas et William Hickey dans les rôles principaux.

Le film est sorti aux États-Unis le 24 septembre 1986 puis sur les écrans français le 17 décembre 1986. Il a remporté de nombreuses récompenses, dont le César du meilleur film étranger à la 12e cérémonie des César en 1987.

Bonne lecture
Bonne écoute
le dimanche 4 juin 2023

LES MISÉRABLES, version audio (1)

Commentaire (partie 1) sur l’œuvre de
VICTOR HUGO

*-Tâte comme j’ai froid, dit-elle. Bah ! répondit le père, j’ai bien plus froid que cela. La mère cria impétueusement : -Tu as toujours tout mieux que les autres, toi ! Même le mal. *
(Extrait : LES MISÉRABLES, Victor Hugo, publié à l’origine en 1862 chez Albert Lacroix, réédité chez Testard en 190, un format de 2 598 pages. Version audio : Thélème éditeur, 2016, durée d’écoute : 56 heures 52 minutes, narrateurs : Michel Vuillermoz, Élodie Huber, Pierre-François Garel, Louis Arène, Mathurin Voltz)

Jean Valjean, ancien forçat, frappé par la générosité de Mgr Myriel à son égard, essaie désormais de faire le bien autour de lui, mais son passé et l’inspecteur Javert le rattrapent malgré lui. Évadé de prison, Jean Valjean sauve la fille de Fantine, la petite Cosette, des griffes des aubergistes Thénardier, et se dissimule avec elle dans un couvent. Quelques années plus tard, le jeune Marius tombe amoureux de Cosette. L’insurrection se prépare. Javert, surpris à espionner, est arrêté, mais Jean Valjean lui sauve la vie. « Déraillé », il se suicide.

Le petit Gavroche meurt héroïquement sur les barricades. Jean Valjean sauve Marius, sans connaissance, à travers les égouts de Paris. Marius découvre qui est Jean Valjean et, ayant épousé Cosette, l’éloigne de ce forçat. Mais apprenant tardivement que ce forçat lui a sauvé la vie, il se rend avec Cosette auprès de lui : Jean Valjean se meurt, dans la solitude et le chagrin, mais peut du moins « mourir comme un saint », et heureux, ayant revu Cosette.

Les auditeurs et auditrices suivront pendant plus de cinquante-cinq heures le parcours de Jean Valjean, le héros du roman…sa condamnation au bagne, sa rencontre avec Mgr Myriel, sa tentative de réhabilitation dans la Société…Valjean, celui qui sauve et qui sera sauvé à son tour.

Dès 1829, avec la publication de son roman LE DERNIER JOUR D’UN CONDAMNÉ, Victor Hugo exprimait à voix haute son inquiétude sur le respect de la justice sociale et de la dignité humaine. Dès lors, poussé par une chaîne d’évènements à se retirer chez lui, Hugo entreprend ce qui deviendra la plus grande fresque de l’histoire de la littérature. Au fil du temps et de l’écriture, LE LIVRE DES MISÈRES deviendra LES MISÉRABLES, un roman d’inspiration réaliste, une histoire d’amour, une critique sociale, un hymne à la tolérance.

Le caractère épique de cette œuvre colossale survole de grands moments historiques : la bataille de Waterloo qui pour le célèbre auteur scelle définitivement l’ère napoléonienne, et l’émeute de Paris de juin 1832 qui pourrait bien avoir semé la graine de la Révolution Française.

S’inscrit au caractère romanesque de l’œuvre, l’incroyable traversée des égouts de Paris par Jean Valjean. LES MISÉRABLES met en perspective deux combats qui ont fait de Victor Hugo un témoin majeur de son temps : l’éternel et classique combat entre le bien et le mal et celui, un peu plus obscur entre la loi sociale et la loi morale.

Ces personnages, dits MISÉRABLES, Jean Valjean, Cosette, les Thénardier, Gavroche, ou encore Javert sont surtout décrits comme les produits d’une société génératrice de pauvreté, d’ignorance et de désespoir. Mais Jean Valjean l’émondeur n’a pas dit son dernier mot. Les hommes meurent mais pas l’espoir. C’est peut-être l’espoir qui aura soutenu tout au long de sa vie un des plus grands écrivains de tous les temps.

Suggestion de lecture : CRIME ET CHÂTIMENT, de Fedor Dostoïevsky

Les Misérables au cinéma

Alors là, faites votre choix. LES MISÉRABLES, l’œuvre de Victor Hugo a été adaptée plus d’une dizaine de fois au cinéma. Et c’est sans compter les films semblables ou adaptés librement. En fait, Vodkaster.com publie une liste préparée par Arch Stanton de 14 adaptations. Cliquez ici.

Il m’a semblé, en survolant différents sites internet, que la palme de popularité pourrait aller à la version actée par Gérard Depardieu mais surtout à cause de la performance de John Malkovitch dans le rôle de Javert. Malheureusement, cette version a été quelque peu occultée par une version plus hollywoodienne. Quoiqu’il en soit, ma version préférée demeure celle réalisée en 1982 par Robert Hossein avec Lino Ventura qui incarne Valjean.


Lino Ventura (à droite) dans le rôle de Jean Valjean

Ancien forçat, Jean Valjean, change d’identité et devient M. Madeleine. Tandis que l’Inspecteur Javert est toujours à ses trousses, il prend sous son aile la petite Cosette, martyrisée par un couple d’aubergistes, les Thénardier. Cette adaptation, remarquable par la justesse et la qualité de sa mise en scène a été réalisée en 1982. Robert Hossein, un grand acteur, nous a livré une des adaptations les plus fidèles du roman de Victor Hugo. On retrouve aussi dans la distribution Michel Bouquet dans le rôle de Javert. Jean Carmet incarne Thénardier. Evelyne Bouix et Valentine Bordelet sont respectivement la mère de Cosette et Cosette.

Pour la suite de cet article comprenant commentaire, bibliographie de l’auteur et une brève biographie, cliquez ici

Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 13 mai 2023