LA CITÉ ET LES ASTRES D’ARTHUR C. CLARKE

*Les hommes qui habitaient Diaspar avaient
été conçus aussi soigneusement que ses
machines. Le fait qu’il fût unique faisait
d’Alvin une rareté, mais ce n’était pas
nécessairement une vertu.
(extrait de LA CITÉ ET LES ASTRES, d’Arthur
C. Clarke, Éditions Denoël, 1962)

 
Diaspar est une ville d’un très loin futur, dirigée par un superordinateur qui  maintient les citoyens en vase clos, à l’abri du besoin mais dans l’éternelle crainte de l’extérieur de la ville, apparemment glacé, désertique, invivable. Les Citoyens sont maintenus en vie grâce à des circuits d’éternité qui les reproduisent à l’infini. L’histoire est celle d’Alvin, une exception dans l’univers de Diaspar car c’est sa première vie et il ne semble pas du tout effrayé par l’inconnu.

AVANT-PROPOS :

LA CITÉ ET LES ASTRES est sorti en 1956, soit 12 ans avant la parution de L’ODYSSÉE DE L’ESPACE 2001, point culminant de la littérature de science-fiction.  Je le précise ici parce que j’ai décelé  dans LA CITÉ ET LES ASTRES des *germes* de l’Odyssée, à la lumière de multiples allusions aux étoiles, à l’espace et à la petitesse de l’être humain dans un univers infini. Peut-être l’Odyssée couvait elle aussi dans d’autres livres de Clarke?  Ça pourrait être la joie d’une nouvelle découverte dans le puits sans fond de la littérature…

LA CITÉ ET LES ASTRES est un des plus beaux romans de la littérature au rayon de la science-fiction. Bien que publié pour la première fois il y a plus de 50 ans, pour moi, ce roman est sans âge et demeure indémodable, incontournable.

Clarke a donné à son personnage principal, Alvin, une exceptionnelle force de caractère sensiblement allégée par une certaine candeur. Alvin est l’éternel curieux qui a soif de connaissance et qui est soucieux de sortir son peuple de l’ignorance et de l’automatisme d’une vie sans saveur et sans défis. J’ai beaucoup apprécié le courage que lui a insufflé l’auteur, ainsi que son petit côté *tête de mule* qui le pousse à aller au bout de ses rêves. Il est attachant et comme lecteur, je m’en suis fait un ami.

Dans cette belle histoire, Alvin est l’élu. Ça, c’est le côté typique, pratiquement non-renouvelable des romans de type *fantasy*. Mais au-delà de ce *déjà vu*, l’originalité de l’ensemble réside dans le fait que l’élu veut préparer son peuple à recevoir et à surmonter une terrible vérité : que toute l’histoire de son peuple, s’étendant sur des millions d’années, repose sur des faussetés et des mensonges et qu’il existe à l’extérieur de Diaspar un autre peuple, différent mais qui gagnerait à être connu.

Donc l’histoire repose sur la recherche de la vérité et non sur la guerre, la violence, les armes et l’agressivité belliqueuse. Il n’y a pas d’armées, pas d’esprit de vengeance ni de désirs de domination.

Ce sont les thèmes développés dans l’histoire qui rendent LA CITÉ ET LES ASTRES unique car plusieurs de ces thèmes échappent habituellement aux romans *fantasy * :  la beauté, le sens profond de l’amitié, le partage,  l’acceptation des différences…la tolérance, la recherche enthousiaste de la paix et du goût de vivre.

Malgré son âge, LA CITÉ ET LES ASTRES est un roman *au goût du jour*…un vent chaud et apaisant.

Suggestion de lecture : LES SENTIERS DES ASTRES de Stefan Platteau

Bonne lecture
Claude Lambert JUIN  2013

(En Complément…)

LE TEMPS PARALYSÉ, livre de DEAN KOONTZ

…Le garçon se libéra de sa ceinture de sécurité,
s’agenouilla sur le siège et regarda derrière lui.
-Bordel de merde…
-Étant donné les circonstances, je pardonne le
Langage…
(extrait de LE TEMPS PARALYSÉ
Dean Koontz, éditions J’ai Lu, 1990)

Le temps est relatif : le voyage dans le temps
Est théoriquement possible
(théorie de la relativité générale, Einstein, 1916)

Corollaire de la théorie d’Einstein : revenir dans
Le passé pourrait permettre de modifier les
Évènements futurs. Cette théorie ouvre la porte
À ce qu’on appelle LES PARADOXES TEMPORELS.

LE TEMPS PARALYSÉ raconte le destin de Laura née au moment précis où un éclair transperçait le ciel. Alors que Laura a 12 ans, son père meurt et elle est par la suite trimbalée d’orphelinat en famille d’accueil jusqu’à l’âge adulte où elle devient une écrivaine célèbre. À chaque épisode de bonheur, la fatalité la rattrape par l’action de mystérieux hommes en noir qui veulent sa mort, et à chaque fois, elle est sauvée par un mystérieux ange gardien prescient qui semble  venir de nulle part et dont l’arrivée toujours providentielle coïncide avec…un éclair qui transperce le ciel…pourquoi un ange gardien…la réponse est dans le livre où le temps prend une importance capitale.

C’est un livre passionnant mais qui nécessite un exercice parfois intense de la pensée à cause du thème développé. Ce thème, très présent dans la littérature de science-fiction et développé largement dans la série-culte AU CŒUR DU TEMPS est complexe. Il s’agit de la notion du temps, le voyage dans le temps et les paradoxes temporels. (voir les liens à la fin de l’article).

Pardonnez-moi d’insister…si vous voulez pleinement savourer cette histoire imaginée avec intelligence, vous devrez en faire la lecture dans un endroit calme et vous concentrer pour démêler et comprendre les notions de paradoxes.

Même si l’auteur a fait de très beaux efforts de vulgarisation, il n’hésite pas à faire dire à son héroïne…je cite *VOUS N’AURIEZ PAS UNE TONNE D’ASPIRINE?*  Ça vous donne une idée du défi à relever, mais ça vaut la peine.

L’intrigue est intense et soutenue et donne l’impression qu’on a plus affaire à un thriller qu’à un roman de science-fiction avec un dosage équilibré de terreur et de suspense. D’ailleurs, il y a une phrase qui revient souvent dans la deuxième moitié du volume…je cite : *-LE DESTIN LUTTE POUR RÉTABLIR CE QUI ÉTAIT PRÉVU.-

Koontz s’attache à cette phrase ou devrais-je dire au sens profond de cette phrase pour donner à son récit une intensité dramatique qui garde infailliblement le lecteur captif. Il est fidèle à son style en offrant une histoire étoffée qui conjugue l’histoire (qui appartient au passé) et le destin des hommes (qui est une notion d’avenir). Je vous recommande LE TEMPS PARALYSÉ…un excellent divertissement

Suggestion de lecture : DARK  WEB de Dean Koontz

BONNE LECTURE
MAI 2013
Claude Lambert

(En Complément…)

MICRO, de MICHAEL CHRICHTON et RICHARD PRESTON

N’ayant envie ni de se retrouver arrosés
Ni de servir de repas au scarabée, ils
Cessèrent de parler et restèrent immobiles
Pendant que l’insecte poursuivait son chemin,
Visiblement en quête d’une proie. Soudain…
(extrait de MICRO de Michael Crichton et
Richard Preston, éditions Robert Laffont, 2012)

Après la mort de Michael Crichton en 2008, on a découvert sur son ordinateur, la première ébauche du roman MICRO, un document incomplet mais très riche en possibilités. L’éditeur a demandé à un grand admirateur de Crichton, Richard Preston, d’écrire la suite de l’histoire.

Preston y a vu une possibilité de rendre hommage à l’auteur prolifique et d’un talent exceptionnel qu’est Michael Crichton, le père de JURASSIC PARK. Le livre a été publié à titre posthume à la fin de l’année 2011 et a rapidement été classé Bestseller.

À Honolulu, une mystérieuse société de bioprospection : Nanigen,  attire dans ses filets de recrutement sept étudiants venus de Harvard. En réalité, cette société opère un mystérieux appareil qui lui permet de réduire objets et créatures vivantes à l’état microscopique.

Le directeur de Nanigen, Vin Drake, corrompu et sans scrupules, cache aux nouveaux venus les véritables raisons de leur venue à Nanigen, entre autres la fabrication de micro robots qui peuvent devenir rapidement meurtriers et hors de contrôle.

Très vite, les étudiants en savent trop. Ils sont miniaturisés et abandonnés dans la forêt tropicale. Commence alors pour les jeunes scientifiques une lutte impitoyable pour survivre à une nature cruelle et échapper à Vin Drake, prêt à tout pour se débarrasser de témoins gênants.

Ce livre est une variation d’un thème déjà largement exploité dans la littérature de science-fiction, au cinéma (avec entre autres le classique de Richard Fleischer LE VOYAGE FANTASTIQUE sorti en 1966) et à la télévision (avec la série-culte créée par Irwin Allen dans les années 60 : AU PAYS DES GÉANTS et bien sûr l’œuvre immortel de Jonathan Swift LES VOYAGES DE GULLIVER, adapté une nouvelle fois à l’écran par Rob Letterman en 2010.) Ce thème est celui de la miniaturisation.

Même si Richard Preston  a écrit à peu près les deux tiers du roman, on reconnaît aisément l’empreinte littéraire de Michael Crichton quant à l’esprit et à l’écriture. Le thème développé est aussi cher au cœur de l’auteur d’origine. MICRO me rappelle d’ailleurs à plusieurs égards JURASSIC PARK : des êtres humains continuellement confrontés au gigantisme d’une nature jugée cruelle et impitoyable.

Il n’y a pas de dinosaures ici mais c’est tout comme…les étudiants réduits à quelques millimètres doivent affronter les insectes, des plantes naturellement équipées pour se défendre et sont menacés aussi par les cruels effets de la désaturation, ce qu’on appelle LA MALADIE DES CAISSONS, conséquence directe de la miniaturisation.

Ajoutez à cela une crapule prête à vendre son âme au diable et vous obtenez un mélange explosif. Le thème est usé évidemment mais Crichton  a ce don, magnifiquement entretenu par Preston, de garder captif le lecteur en l’entraînant de rebondissement en rebondissement et en maintenant constante l’intensité de l’intrigue. J’ai aussi été séduit par la description de l’environnement dans l’infiniment petit.

L’auteur ne se limite pas aux extrêmes dangers que représente cet environnement mais aussi à sa beauté. L’histoire est crédible du seul fait d’un équilibre parfait entre la fiction et la réalité scientifique auquel s’ajoute une intensité dramatique *accrochante* .  Preston ne pouvait rendre plus bel hommage à Michael Crichton.  Vous ne serez pas déçu.

Pour en savoir plus sur les auteurs, consultez le site officiel de Michael Crichton. Il est en anglais, mais il vaut le coup d’œil :    http://www.crichton-official.com/

Et pour Richard Preston, consultez http://richardpreston.net/

Suggestion de lecture : A COMME APOCALYPSE de Preston et Child

BONNE LECTURE
Claude Lambert

LE SECRET INTERDIT, le livre de BERNARD SIMONAY

L’histoire est celle de Kevin Kramer, écrivain à succès, un jour, lors d’une tempête, Kevin est témoin d’un phénomène très étrange : il voit un navire qui n’est pas touché par la tempête, il ne bouge pas, même pas atteint par les vagues. Il monte à bord, et verra un mystérieux personnage disparaître devant ses yeux. Ce sera pour Kevin le point de départ d’une aventure extraordinaire non seulement autour du monde mais aussi au cours des âges, sur la trace d’évènements historiques auxquels il a participé dans des vies antérieures. Il se mettra en quête d’une vérité que le monde n’est pas prêt à connaître. Avec sa compagne, Alexandra, croisée sur son chemin au début de la quête, il devra affronter une force mystérieuse et implacable qui poursuit le même but.  Pour nos héros, c’est une course contre la montre et contre le mal…

Bien que ce roman fasse partie du CYCLE DES ENFANTS DE L’ATLANTIDE, on peut en faire une lecture indépendante, et tant mieux parce que l’ensemble de l’œuvre est un peu difficile à suivre. Mais c’est une autre histoire

Ici, l’auteur développe principalement 2 thèmes : l’eugénisme et surtout la réincarnation. Il n’y a rien de neuf me direz-vous. Mais il faut voir comment Simonay s’y prend pour livrer son message.

Personne ne peut confirmer que la réincarnation est une réalité parce que personne n’est jamais revenu pour en parler. Ce qui reste, quand on se livre à un débat sur la question, c’est la force des arguments. C’est l’argumentaire qui nous amène à y croire ou non. Il se trouve que c’est la force de Bernard Simonay dans LE SECRET INTERDIT. La progression de l’histoire étant constante, bien rattachée et contenant beaucoup d’éléments plausibles, l’auteur nous pousse continuellement à se poser la question : *serait-ce possible*?

Ajoutez à cela l’écriture de Simonay qui frôle parfois la poésie et qui conforte une imagination débordante. Voilà ce que j’ai aimé de ce livre : cette particularité de nous faire réfléchir et de nous faire rêver qui crée un tout porteur d’espoir. Une quête initiatique où se chevauchent la fiction et la réalité… Un livre à dévorer.

Suggestion de lecture : LA RÉINCARNATION, UNE RÉALITÉ, de J. Allan Danelek

JAILU
Octobre 2012

(En Complément…)

D’étoile en étoile, les livres de MAURICE LIMAT

Amateurs de lecture, je vous salue. Pour débuter cette série de collaborations
à ce blogue, j’ai pensé attirer votre attention sur une trouvaille que j’ai faite
récemment lors d’une de mes nombreuses pérégrinations sur internet. Attiré
cette fois par un goût de fantastique et de science-fiction, j’ai découvert Maurice
Limat, un auteur français extrêmement prolifique qui vécut de 1914 à 2002.

Quand je dis prolifique, c’est peu dire, d’autant qu’il a publié sous plusieurs
pseudonymes : Maurice Lionel, Maurice d’Escrignelles, Lionel Rey, Lionel
Rex. Vous verrez par vous-même en consultant la bibliographie très partielle
proposée à la fin de cet article.

Maurice Limat a publié une quantité considérable de petits romans d’aventure. Il est devenu célèbre pour ses romans de science-fiction réunis dans des collections non moins célèbres, en particulier FLEUVE NOIR dont il est devenu le pilier.

C’était un passionné d’occultisme, des mystères de l’espace, de science-fiction, de fantastique.

Maurice Limat a écris plus de 500 romans. C’est énorme pour un lecteur comme moi qui aime varier ses découvertes. Et puis il faut bien passer à autre chose. Néanmoins, je me suis attardé à la fameuse collection FLEUVE NOIR. J’ai lu en
tout 27 romans de cette collection. Voici les titres:

Un astronef nommé péril – La cloche de brume – Les cosmatelots de Lupus –Les créatures d’Hypnos – Un de la galaxie – Le dieu couleur de nuit – Et la comète passa – L’étoile de Satan – Le flambeau du monde – Flammes sur Titan – Les foudroyants – Fréquence ZZ – Ici finit le monde – J’écoute l’univers – Lumière qui tremble – Particule zéro – La planète de feu – Plus loin qu’Orion – Les portes de l’aurore – Le septième nuage – Les sirènes de Fao – Le soleil de glace – Les soleils noirs – Tempête sur Goxxi – La terre n’est pas ronde – Le treizième signe du zodiaque – Le voleur de rêves.

À la lecture de ces petits romans, j’ai été agacé par le manque d’aboutissement et de fini, des conclusions hâtives et quelques fois bâclées. Toutefois, cette faiblesse évidente est compensée par une force non moins évidente, soit l’idée que se fait l’auteur de l’univers. Ici, Limat fait preuve d’une imagination extraordinaire. Il a créé des centaines de mondes, sur des centaines de planètes avec leur flore, leur faune, leurs mystères, leurs phénomènes étranges, leurs peuples, leur organisation administrative et politique, leurs guerres et l’éternelle dualité entre les dominants et les soumis.

J’ai fait aussi des trouvailles étymologiques fort originales, des mots qui parlent par eux-mêmes : cosmatelot, astroport, volnager, coplanétriotes, etc. Enfin, je ne voudrais pas passer sous silence, les personnages que Limat a créé et qui gravitent autour de deux héros : Robin Muscat, policier de l’interplan (créé sur les bases de l’interpol actuelle), la police interplanétaire…un personnage énergique, brillant au caractère fort et pas toujours prévisible et son ami, le Chevalier Coqdor que j’appelle le détective de l’esprit, un personnage sympathique, sensible et attachant qui met ses importants pouvoirs paranormaux au service du bien et de la justice.

Je ne dirai pas que ces romans sont des chefs d’œuvre ou même des ouvrages de haut niveau, mais je vous recommande de les explorer, question de vous offrir une petite fantaisie rafraîchissante en pénétrant dans des mondes mystérieux et fascinants.

Maurice Limat a dépeint, pendant un peu plus de trente ans et un peu plus de cinq cents ouvrages, l’épopée d’une race humaine qui, partie de sa Terre natale, a su s’allier avec les races voisines de Mars et Vénus puis, de là, se lancer à la découverte de la Galaxie pour enfin fièrement prendre place aux côtés des natifs d’Altaïr et de Persée…

Dépaysement garanti…

suggestion de lecture : Esperanza 64 de Julien Centaure

JAILU
Octobre 2012
(En Complément…)