LE COMTE DE MONTE-CRISTO, Alexandre Dumas

*Et maintenant, adieu bonté, humanité, reconnaissance… Adieu tous les sentiments qui épanouissent le cœur!… Je me suis substitué à la Providence pour récompenser
les bons…Que le Dieu vengeur me cède la place pour punir les méchants!*
(Extrait : LE COMTE DE MONTE-CRISTO, Alexandre Dumas, Flammarion 1998, édition revue en 2007 et réunissant les deux tomes parus en 1998 en un seul volume. Papier, 420 pages)

Voici l’histoire d’Edmond Dantès, capitaine en second sur le navire Marchand LE PHARAON. En février 1815, Dantès est promu capitaine par son armateur. Jaloux de cette promotion, le comptable de bord, Danglar fomente, avec l’aide de complices, un complot qui vise à éliminer Dantès qui se retrouve au cachot dans le château d’If. Il devient ami avec un codétenu, détenteur du secret de l’existence d’un fabuleux trésor sur l’île de Monte-Cristo. Dantès s’échappe du Château d’If, réussit à se rendre dans l’île et à prendre possession du trésor. Alors, il devient le Comte de Monte-Cristo et jure d’exercer une implacable vengeance. 

UNE VENGEANCE EN FINESSE
*«Camarade…je vous adjure d’avoir pitié de moi
et de me répondre. Je suis le capitaine Dantès,
bon et loyal français, quoique accusé de je ne
sais quelle trahison : où me menez-vous? Dites-
le, et, foi de marin, je me rangerai à mon devoir
et me résignerai à mon sort.»*
(Extrait : LE COMTE DE MONTE-CRISTO)

Encore une fois, j’avais une envie irrésistible de me tourner vers les classiques de la littérature. Je voulais un roman à large spectre comprenant plusieurs éléments : action, trahison, espionnage, machination, romantisme, vengeance et autres *tags* appropriés.

J’ai consulté la liste des best-sellers à vie et j’ai finalement choisi un livre que j’ai déjà lu il y a plus de 40 ans. Je vous parle du grand classique d’Alexandre Dumas : LE COMTE DE MONTE-CRISTO. Alors que j’étais dans la jeune vingtaine, je me rappelle très bien avoir été séduit par la beauté de l’écriture du Père Dumas et de son style exotique et alerte.

La trame est très simple mais le développement est surprenant : le 24 février 1815, jour où Napoléon quitte l’île d’Elbe, Edmond Dantès débarque à Marseille pour s’y fiancer avec Catalane Mercédès. Edmond est un jeune marin de 19 ans, second du navire LE PHARAON et pressenti pour remplacer le capitaine.

Trahi par ses propres amis jaloux, Edmond est dénoncé comme conspirateur bonapartiste, enfermé au Château d’If sur une île au large de Marseille. Il y restera pendant 14 ans et y fera la connaissance de l’abbé Faria qui dévoile à Edmond le secret de l’emplacement d’un trésor sur l’Île de Monte- Cristo.

Avec difficulté et non sans d’énormes risques, Edmond s’échappe de sa prison et réussit à gagner l’île de Monte-Cristo, trouve le trésor, s’en empare et enfin concocte sa vengeance contre ceux qui l’ont accusé et emprisonné injustement.

J’ai trouvé remarquable la façon dont l’auteur a réintégré Dantès dans son milieu. Il le fait passer pour divers personnages dont le comte de Monte-Cristo. J’ai aussi beaucoup apprécié la finesse avec laquelle Dantès exerce sa vengeance.

En adhérant à cette vengeance que je jugeais fort légitime, je devenais accro du livre, de la magie de son écriture et du petit caractère fantastique que j’ai perçu dans le développement du récit tout à fait dans la tradition littéraire du XIXe siècle.

Et un petit plus : une vengeance méthodique sans violence abusive, une garantie de bonheur et de liberté pour ceux qui lui sont restés fidèles le tout enrobé d’émotions et d’un style qui je crois allait ouvrir la voie à une nouvelle forme romanesque en littérature et aux fameuses histoires de cap et d’épée au cinéma.

J’ai noté toutefois quelques faiblesses, mais c’est en comptant avec mon raisonnement de lecteur du 21e siècle. Le livre accuse des longueurs et des redondances. Devrais-je me compter chanceux? L’édition originale de l’œuvre compte 1 500 pages dans le genre roman feuilleton. Dumas adorait s’étendre longtemps sur des passages précis de ses œuvres et parfois, ça ne finissait pas de finir.

L’édition que j’ai lue a un peu plus de 400 pages et j’observe encore des longueurs. Il y a aussi plusieurs passages déclamés aux formes plus théâtrales que littéraires. Certains passages rappellent la complainte d’autres contes. J’ai été aussi un peu déçu de la finale, le sort de Morel traînant à mon avis inutilement en longueur.

Et puis j’ai trouvé l’aspect romanesque légèrement sous-développé. Enfin, il y a deux parties à ce roman : Edmond Dantès avant sa rencontre avec Fariah et le Comte de Monte-Cristo après sa rencontre avec Fariah alors qu’il est devenu un peu plus froid et calculateur jusqu’au machiavélisme, une situation plus difficile à inscrire dans un contexte romanesque.

Mais ce sont des détails. La perfection n’existe nulle part y compris en littérature. Encore une fois, 40 après, j’ai été enchanté de revisiter Alexandre Dumas dont l’influence est encore marquante dans la littérature moderne. Je vous invite donc à entreprendre la lecture du livre le plus lu d’Alexandre Dumas et une des œuvres les plus adaptées à l’écran : LE COMTE DE MONTE-CRISTO.

Alexandre Dumas Père (1802-1870) est un écrivain français. Ne pas confondre avec Alexandre Dumas fils (1824-1895) à qui on doit entres autres LA DAME AUX CAMÉLIAS. Le Père, à 13 ans, est engagé comme coursier dans une étude de notaire. Il se lie avec Adolphe de Leuven qui l’initie à la poésie moderne.

Ils écrivent ensemble des vaudevilles qui connaîtront des succès flatteurs. Suite à la publication et au succès de LES TROIS MOUSQUETAIRES en 1844 et LE COMTE DE MONTE- CRISTO en 1846, il lance en 1853 LE MOUSQUETAIRE, un quotidien, suivi en 1857 du MONTE-CRISTO, un hebdomadaire. Parallèlement, il écrit LA REINE MARGOT en 1845, LE COLLIER DE LA REINE et plusieurs autres…

LE COMTE DE MONTE-CRISTO AU CINÉMA
Ils ont incarné Monte-Cristo au fil du temps

          
Jean Dangelo (1929)                             Robert Donat (1934)

    

                                 Louis Jourdan 1961               Richard Chamberlain 1975

Jim Caviezel, 2002

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 18 novembre 2018

MOBY DICK, le classique d’HERMAN MELVILLE

*Les terriens ont une idée en vérité fort
imprécise de la taille énorme de la
baleine et de son énorme puissance, et
lorsqu’il m’est arrivé de leur fournir des
exemples formels de cette double énormité,
je fus, de manière significative, félicité
pour ma bonne plaisanterie…*

(Extrait : MOBY DICK, Herman Melville, classique
ebook, édition originale, 1851, rééd. En numérique
2015, libre de droit, 700 pages)

MOBY DICK est le récit d’Ismaël, homme solitaire et de son expérience à bord du PEQUOD, un baleinier commandé par le capitaine Achab, homme têtu et tyrannique qui, jadis, s’est fait arracher une jambe par MOBY DICK, un gigantesque cachalot blanc. Depuis, il ne pense qu’à se venger en le tuant et il n’hésite pas à entraîner ses matelots dans un voyage autour du monde à la poursuite de la baleine particulièrement belliqueuse et féroce. Ce classique de Melville est considéré comme un des dix plus grands romans de l’histoire de la littérature.

LA MYTHOLOGIQUE TERREUR BLANCHE DES MERS
*Mais vous n’avez pas pu la harponner?
-Je n’ai pas eu envie d’essayer! Un membre,
n’est-ce pas suffisant? Que deviendrais-je
sans cet autre bras? Et je croirais volontiers
que Moby Dick avale plutôt qu’il ne mord.*

Comme je l’ai déjà mentionné sur ce site, j’aime à l’occasion partir à la découverte d’un classique. Ayant déjà beaucoup entendu parler de Moby Dick et ayant vu les adaptations à l’écran, j’ai donc opté pour le classique de Herman Melville : MOBY DICK.

Je m’attendais à une longue et colossale bataille épique entre MOBY DICK, un énorme et monstrueux cachalot blanc, futé et agressif et le capitaine Achab, vieux loup de mer endurci qui a perdu une jambe jadis broyée par Moby Dick. Depuis, sa seule raison de vivre est la vengeance.

J’ai été déçu. Le livre de Melville est un long pavé de 700 pages et la colossale bataille n’occupe qu’une trentaine de pages à la fin du volume. Le récit d’Ismael le matelot me rappelle plutôt une encyclopédie de la cétologie à ses premiers balbutiements.

Tout y passe : les espèces de baleine, leur classement, leur anatomie, leurs différents comportements, les produits qu’on en tire, l’art de la chasse à la baleine, les rôles de chacun dans une baleinière, les mythes et folklore entourant la baleine y compris l’odyssée de Jonas, avalé par une baleine et recraché par la suite…la liste est longue…le tout écrit avec les informations dont on disposait au milieu du 19e siècle, c’est-à-dire peu de choses.

Donc les informations qu’on y trouve sont soit inexactes ou dépassées. On précise même que la baleine est un –poisson-souffleur- et on l’appelle LÉVIATHAN en référence au célèbre monstre marin de la mythologie.

Je crois que si ce qui vous intéresse est la confrontation entre MOBY DICK et Achab, je vous dirais : voyez le film tout simplement. En particulier la version réalisée en 1956 par John Huston et dans laquelle Gregory Peck campe à merveille le vieil Achab.

Pour en revenir au livre, j’aimerais préciser qu’il n’a pas que des défauts. En fait, le récit est empreint de philosophie. Outre le fait qu’en haut de la pyramide, on retrouve l’éternelle lutte du bien contre le mal, Melville enrichit son récit de nombreux éléments encore très actuels et qui sont de nature à nous faire réfléchir.

Il y a les mythes et la religion bien sûr, mais au-delà de l’histoire, l’auteur aborde des thèmes qui nourrissent la réflexion de l’ensemble de la Société encore de nos jours : l’écologie, l’amitié, la solidarité et autres valeurs humaines et la folie qui semble habiter le vieil Achab qui devient ici un personnage symbolique.

Le récit a donc une grande valeur symbolique à savoir que le drame qui s’y joue est un peu le lot quotidien de l’humanité. Ce côté un peu prophétique m’a plu.

Ce livre, truffé de symboles, de paraboles et d’images prêche l’harmonie. L’écriture de Melville est puissante et complexe. Les phrases sont très longues et le langage confine parfois à la poésie. Je signale aussi que dans l’édition que j’ai lue, il n’y a pas de glossaire et je me suis senti un peu perdu dans le langage maritime.

Donc, l’ensemble est un peu difficile à lire et demande de la concentration mais j’ai trouvé le défi intéressant et j’ai beaucoup appris.

Herman Melville (1819-1891) est un écrivain américain né à New-York. Avant d’écrire, il a exercé plusieurs métiers : comptable, instituteur, arpenteur, matelot, baleinier. Comme écrivain, il prend son envol en 1845 en publiant son premier récit d’un séjour aux Marquises. Il atteint la notoriété en 1851 alors qu’il publie MOBY DICK qui deviendra un des grands classiques de la littérature à l’échelle de la planète, encore lu de nos jours et plusieurs fois adapté au cinéma et pour la télévision. En 1864, il publie un ouvrage de poésie. Très affaibli par une violente crise d’épilepsie, maladie mal connue à l’époque, Herman Melville meurt des suites d’une attaque cardiaque en 1890.

MOBY DICK AU CINÉMA

Il y a eu plusieurs adaptations de MOBY DICK au cinéma et à la télévision…plus d’une douzaine…adaptations de l’œuvre ou inspiration.

La plus célèbre adaptation au cinéma remonte à 1956 :


Sortie le 4 novembre 1956, cette version a été réalisée par John Huston et réunit une impressionnante distribution : Gregory Peck, Richard Basehart (qui incarne l’amiral Nelson dans la série VOYAGE AU FOND DES MERS), Leo Genn, Harry Andrews et Orson Wells. Le budget de la production était aussi impressionnant pour l’époque : 4,500,000.00$ avec près de 2 millions d’entrée en salle. Le DVD du film est sorti en août 2006.

Cette version est une coproduction américaine, britannique et australienne  de Francis Ford-Coppola, réalisée pour la télévision en 1998 par Franc Roddam. Elle réunit également une intéressante distribution, Patrick Stewart en tête : Dominic Purcell, Henry Thomas, Ted Levine, et un héros de la production de 1956 : Gregory Peck qui incarne ici le Père Mapple. Cette version a reçu un prix et une nomination.

Je citerai enfin la version réalisée en 2010 par Trey Stokes et réunissant à l’écran Barry Bostwick, Renée O’Connor, Matt Lagan et Adam Grimes. Malheureusement ce film confirme un *essoufflement* du thème de la vilaine baleine. La critique est passablement négative voire acerbe, plusieurs considérant la production comme un échec total.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 28 octobre 2018

LEGEND, tome 1, le livre de MARIE LU

*L’espion nous observe les uns après les autres.
Une lueur de rage brille dans son regard. Des
filets de sang s’échappent de sa bouche et
coulent sur son front et ses cheveux avant de
tomber par terre. Dès qu’il s’agite, le
commandant marche sur la chaîne qui lui
enserre le cou.*
(Extrait : LEGEND, tome 1, Marie Lu, édition originale
XIWEI LU, 2012, traduction française chez Bragelonne,
2012. Littérature-jeunesse. Éd. Num. 290 pages.)

LEGEND est le récit de June, brillante jeune femme dont l’avenir est prometteur dans les hauts rangs de l’armée, et Day, le criminel le plus recherché du pays. Il sévit depuis des années sans que les autorités puissent lui mettre la main dessus. Un jour, le frère de June, Métias, officier de l’armée, est assassiné. June, persuadée que Day est responsable de ce meurtre, le traque sans relâche. June et Day vont finir par se rencontrer, d’abord sans rien savoir de leur identité, le temps que s’installent attirance et sentiments et avant que la vérité éclate. 

JUNE Vs DAY
*Le garçon jaillit de derrière la cheminée avant que
la malheureuse ait le temps de s’effondrer. Je me
fige. Le contrôle de la situation m’a échappé.
Personne ne devait être blessé ou tué. Le
commandant Jameson ne m’a jamais dit qu’elle
ferait abattre un prisonnier…*
(Extrait : LEGEND)

LEGEND est une dystopie. L’action se déroule dans un pays où les libertés individuelles sont étouffées. Le livre raconte l’histoire de deux jeunes ados de 15 ans que tout oppose…qui vivent dans des mondes complètement opposés et à qui pourtant l’auteur a attribué une nature et un caractère auxquels beaucoup de jeunes se reconnaissent ou s’identifient.

Il y a d’abord June paris, une jeune fille considérée comme un prodige, brillante, astucieuse, patriote jusqu’au bout des ongles et vouée à un avenir fort prometteur dans l’armée. Et puis il y a Daniel Wing, appelé DAY…un jeune hors-la-loi issu d’un taudis des bidonvilles qui entourent la ville. Day est intelligent, futé, plutôt beau garçon et il a soif de ce que sa société lui refuse résolument : la liberté.

Un jour, June est appelée à remplacer son frère Métias assassiné comme officier de l’armée. Elle est convaincue que c’est DAY le meurtrier. L’histoire est un crescendo d’action soutenue qui dirige graduellement les deux jeunes héros vers la vérité. Au départ, il s’agit d’une histoire de vengeance.

En fait, l’histoire se compose de deux récits en alternance…DAY…June…DAY…June…jusqu’à la fin. Chacun se raconte à son tour. Ici, la les mécanismes de la convergence sont tout à fait prévisibles. C’est la faiblesse du livre.

Mais il faut voir de quelle façon les sentiments de June envers DAY et aussi envers le système se modifieront, pour ne pas dire s’inverseront, au fur et à mesure que la vérité se précisera. Ça, c’est le côté génial du livre : la psychologie et la force de nos jeunes héros.

De sa plume alerte et intelligente, Marie Lu a lancé comme un défi au lecteur en semant, à des moments judicieusement choisis des indices sur ce qui, finalement transformera June dans tout son être.

LEGEND est une belle histoire qui met donc en scène deux jeunes personnages séparés par une raison d’état pourrie et sans scrupule, mais qui finissent par se comprendre… il faut voir comment…c’est plus qu’une simple amourette. Il y a dans ce récit la recherche d’une vérité qui m’a agrippé.

J’ai été enthousiasmé par la lecture de ce livre. Il n’est pas très long, il se lit en quelques heures. Malgré ses petits aspects prévisibles, c’est un livre fort. J’ai déjà noté que d’une dystopie à l’autre, les mêmes thèmes reviennent souvent.

Mais dans LEGEND, j’ai relevé deux points intéressants : Marie Lu plonge le lecteur rapidement et avec un remarquable savoir-faire dans l’atmosphère et le contexte social de l’histoire et elle livre ici et là dans son récit d’intéressantes réflexions qui manquent souvent dans cette tendance littéraire qui souffre d’épuisement : la dystopie.

Le récit ne présente aucune longueur ni redondance. L’écriture est fluide, directe et laisse absorber au lecteur beaucoup d’émotion. En passant, je me suis demandé pourquoi Daniel Wing est surnommé DAY et pourquoi ce surnom est devenu le titre.

C’est brièvement mais clairement expliqué vers la fin de l’histoire. C’est comme si ça venait résumer toute l’existence de Day…bien pensé… J’ai vraiment passé un bon moment de lecture. Vivement…les deux autres tomes…

Marie Lu est une romancière américaine née en 1984 née à Wuxi en Chine. Elle n’avait que 5 ans quand sa famille s’est installée aux États-Unis. Passionnée de lecture, elle s’est mise très tôt à l’écriture et s’est spécialisée dans les dystopies. C’est sa série LEGEND en trois tomes qui lui a valu la renommée. On dit que le film LES MISÉRABLES a inspiré Marie Lu pour la création de DAY, un jeune hors-la-loi de génie. Elle continue d’écrire autant pour les jeunes que pour les adultes.

 

Bonne lecture,
Claude Lambert
le 23 septembre 2018