Le gène Atlantis

Commentaire sur le livre de 
A.G. Riddle

<Pour Karl, la scène qui se déroulait devant lui, pratiquement au ralenti, avait quelque chose d’irréel. Il se sentit s’élancer vers Steve, tandis qu’il détachait une corde d’un mousqueton à sa taille pour la lui lancer. Steve l’attrapa à la seconde même où un craquement sinistre emplissait l’air. Sous ses pieds, la glace se rompit, tandis que s’ouvrait un gouffre sans fond.>

Extrait : LE GÈNE ATLANTIS, tome 1 de la trilogie, A.G. Riddle, Bragelonne éditeur pour la présente traduction, format numérique, 1316 pages.

En Antarctique, des chercheurs ont mis au jour, enfouie dans la glace, une mystérieuse structure vieille de plusieurs milliers d’années. À l’intérieur, l’équipe fait une découverte qui va radicalement changer l’histoire de l’homme — mais qui pourrait également déclencher son extinction… parallèlement, Kate Warner, une scientifique est venue s’installer à Jakarta, en Indonésie, pour fuir son passé.

Son acharnement l’a menée à une avancée fondamentale : un traitement pour l’autisme. Or l’aboutissement de ses travaux va s’avérer infiniment plus dangereux que ce qu’elle pouvait imaginer… Le jour où deux enfants sont enlevés dans sa clinique, Kate est entraînée malgré elle dans un complot mondial aux conséquences imprévisibles.

Intéressant mélange de genres

C’est effectivement un mélange de genres : Science-fiction, suspense, espionnage, mythologie dont l’Atlantide et beaucoup de sciences : archéologie, évolution, anthropologie, génétique, ufologie et j’en passe, le tout sur fond de menaces apocalyptiques.

C’est très réchauffé comme histoire. Intéressant mais ordinaire. Le fil conducteur est instable et rend l’histoire pas facile à lire par moment à cause entre autres d’une impressionnante galeries de personnages plus ou moins aboutis.

Ce qui a stimulé mon intérêt tient sur deux facteurs : premièrement, au moment où je lisais ce livre, le Canada était dans la sixième vague de la pandémie dite du COVID 19 qui a fait des millions de morts dans le monde. Or l’apocalypse annoncée dans l’histoire est une pandémie, celle-ci déclenchée volontairement par ce qu’on appelle *le protocole de Toba* qui contient un fond de vérité historique  (en parlant du célèbre volcan) :

*Quel que soit ce <protocole de Toba>, je crois que son objectif final est de réduire la population humaine dans des proportions radicales. * (Extrait) Ce fameux protocole qui a des racines eugéniques suppose que : *…les enfants souffrant d’autisme pouvaient représenter une menace. Qu’ils étaient la prochaine étape de l’évolution humaine. *

Le deuxième facteur est une certaine somme de trouvailles dispersées dans l’ouvrage. Par exemple, une théorie assez singulière sur la grippe espagnole qui a fait de 50 à 100 millions de morts dans le monde entre 1918 et 1921. Autre exemple, une théorie visant à conforter l’hypothèse que l’Atlantide ait vraiment existé et que les Atlantes sont en dormance.

Un dernier exemple : une hypothèse élaborée sur la théorie du complot à l’origine des évènements du 11 septembre 2001. C’est sans compter l’évocation d’une distorsion temporelle, de la lance du destin, du grand déluge et j’en passe. Intéressant mais étourdissant. C’est un peu tiré par les cheveux.

C’est quand même intéressant à lire. L’écriture est fluide, les chapitres sont courts. L’ensemble est bien ventilé, il y a de bonnes idées et il est clair pour moi que l’auteur s’est bien documenté.

Je dirai simplement qu’il en a trop mis…trop de théories, trop de science, trop de personnages, une imagination débordante mais pas suffisamment canalisée. J’ai relativement aimé mais sans trop d’étincelles.

Suggestion de lecture : LA CITÉ ENSEVELIE, audio, collectif d’auteurs


L’auteur A.G.Riddle

 

LA SUITE

 

Bonne lecture
Claude Lambert

Le samedi 26 juillet 2025

 

PANDEMIA, le livre de FRANK THILLIEZ

*Quand l’homme en noir mettra le Grand Projet en route, vous n’aurez aucune chance. Cette histoire n’est pas terminée et vous n’auriez jamais dû mettre les pieds
dedans.*
(Extrait : PANDEMIA, Frank Thilliez, Fleuve édition, 2015, édition de papier, 650 pages)

Deux scientifiques sont appelés à faire des prélèvements sur des cadavres de cygnes découverts à la réserve ornithologique de Marquenterre. Un sac avec des ossements est trouvé à proximité dans un étang. Quelque chose pousse les scientifiques à prendre cette découverte très au sérieux car elle pourrait bien hypothéquer l’avenir de la planète. C’est une enquête ardue pour Franck Sharko et Lucie Hennebelle ainsi que Camille, jeune et courageuse, elle aura un rôle capitale à jouer dans la préservation de l’espèce humaine car c’est bien de ça qu’il s’agit. Ils apprendront que l’homme, tel que nous le connaissons est en fait le pire virus de la Terre.


*L’un des cavaliers, le vert, était un squelette enroulé
dans un long drap et armé d’une lance. La Mort. J’ai
dû voir ce genre de tableau dans un musée. Nicolas
s’approcha, interloqué. «Ce sont…«…les quatre
cavaliers de l’apocalypse. Les annonciateurs de la
fin du monde. *
(Extrait : PANDEMIA)

C’est un thriller assez bien construit avec les héros récurrents de Thilliez : Sharko et Hennebelle. Je n’ai pas choisi ce livre pour son côté thriller biologique même s’il est bon de se faire rappeler des fois que l’être humain est extrêmement vulnérable. Mais j’ai lu beaucoup de romans sur les virus, les bactéries, les épidémies et les pandémies.

Pour moi, le sujet est usé à la corde. Bien sûr on en apprend beaucoup sur les plus petits êtres de la nature, la façon foudroyante avec laquelle une simple grippe peut se répandre. C’est effrayant, et qu’est-ce qui peut se passer quand un criminel met la main sur une culture virale ou bactériologique. J’ai choisi PANDÉMIA pour son côté policier.

Sharko et Lucie sont sur une enquête poussée, complexe et dangereuse, Une affaire de meurtres sordides commis selon un rituel qui évoque les quatre cavaliers de l’Apocalypse. Dans  ce rituel, il  y a trois cercles concentriques représentant les paliers de l’enfer, le cercle du centre étant représenté par le grand patron du mal : Satan, incarné aux fins de l’enquête par l’homme noir.

Cet icone du mal est un être froid, dépourvu de toute compassion, pas d’empathie, pas de regrets et par-dessus tout, un être qui, comme Hitler, avait dans l’idée de purifier l’humanité en conservant les meilleurs, les plus forts. C’est un des côtés originaux du roman de Thilliez, suivre un meurtrier de masse dans sa folie Eugénique.

J’ai appris beaucoup de choses avec PANDEMIA. En effet, les bassesses innommables de l’homme en noir m’ont poussé à faire une recherche sur l’eugénisme. J’ai compris entre autres que l’eugénisme fait abstraction de toute sympathie, pitié, compassion ou empathie.

Même si les progrès de la génétique viennent relativiser l’eugénisme, je considère toujours que cette philosophie n’a fait qu’ensanglanter l’histoire. Il sera intéressant de voir ce que l’eugénisme moderne donnera. Sur son site internet encyclopédique, agora nous résume sa définition de l’eugénisme. Allez voir pour vous faire une opinion…

Autre fait extrêmement intéressant qui ajoute à l’originalité de l’histoire : l’auteur fait plonger le lecteur au cœur des basses fosses d’internet : le Darknet : *Le Web profond, c’est la pire des déviances humaines, c’est la poubelle de l’humanité, un gros cyber-réservoir à déchéance. Nous on essaie de surveiller ce territoire de près dans nos services mais c’est très compliqué, vous allez voir* (extrait)

Vu l’anonymat total qui entoure les méandres du Darknet, il est impossible de remonter aux sources, ce qui laisse quartier libre à l’homme en noir pour l’utiliser comme trait d’union entre lui et ses sbires. Malheureusement le darknet est une réalité. Cliquez ici pour en savoir plus.

Par l’intermédiaire de Sharko, l’auteur vous donne une petite idée des horreurs qu’on peut trouver dans les bas-fonds de la toile. C’est la première fois que je lisais un roman faisant référence au darknet. Je pêche peut-être par naïveté, mais j’ai été impressionné par l’effet que ça a donné au développement du récit, un effet addictif.

Donc, si je ne tiens pas compte des nombreuses références à des enquêtes antécédentes ou des titres antécédents qui devenait singulièrement irritants, je dirai que PANDEMIA est un très bon roman : très ajusté à notre temps, donc très actuel, j’ai l’impression que Thilliez était très bien documenté.

Chapitres courts, rythme élevé, fil conducteur solide, écriture nerveuse, plusieurs moments de forte tension. C’est quand même une brique de 650 pages (édition de papier, Fleuve noir) mais ça se lit bien quoique ce n’est pas un roman idéal pour les cœurs sensibles à cause de l’inclusion du darknet dans le récit.

*Un roman peut-être bien plus efficace qu’une campagne de sensibilisation.* (LE FIGARO, édition du 15 juin 2015)

Suggestion de lecture : GENESIS, de John Case

Franck Thilliez est l’auteur de plus d’une dizaine de romans, parmi lesquels PANDEMIA bien sûr et Le SYNDROME E dont j’ai déjà parlé sur ce site. Lauréat du prix Étoiles du Parisien-Aujourd’hui en France pour le meilleur polar 2014 avec ANGOR, Franck Thilliez confirme sa place de pilier du thriller français et continue d’alterner *one-shots* et enquêtes menées par ses personnages phares Lucie Henebelle/Franck Sharko. Ses livres sont traduits dans le monde entier.

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT
Le dimanche 2 juin 2019

GENESIS, le livre de JOHN CASE, Jim/Caroline Hougan

Je viens de terminer GENESIS, le premier roman de John Case (Il s’agit d’un pseudonyme collaboratif, voir le complément). Le quatrième de couverture en parle comme d’un thriller scientifique, ce qui est ridicule. À mon avis le suspense n’y est pas suffisamment intense pour le qualifier de thriller, et la science n’y prend vraiment pas assez de place pour le qualifier de scientifique. Par contre il n’est pas mauvais! Mais  selon moi il s’agit plutôt d’un roman policier. Seul le dénouement nous immerge vraiment dans la science complexe de la génétique et c’est peut-être là où la classification est détournée.

Dans un petit village d’Italie, un vieux docteur fera une confession des plus troublantes au curé de la paroisse. Le sujet de cette confession restera inconnu du lecteur jusqu’à la fin. Une chose est sûre, il s’agit d’une révélation qui bouleversera la face du monde, et la face de la chrétienté. Plus tard à des kilomètres de là, la sœur et le neveu de Joe Lassiter périssent dans un terrible incendie criminel. Lassiter, à la tête d’une agence de détective prospère, fera enquête.

J’ai beaucoup aimé la plume de John Case dans ce livre. Il décrit bien les décors mais juste ce qu’il faut, il étale bien le style de ses personnages mais juste ce qu’il faut, il ajoute de la chair à son récit mais juste ce qu’il faut. Il a cette tendance à « décrire ce qui doit arriver avant que ça arrive ». Par exemple il décrit comment le curé devra obtenir un entretien avec les haut placés du Vatican, ou comment un grand brûlé sera traité à son arrivée à l’hôpital. Ces détails font de GENESIS un roman agréable et léger.

L’histoire est plutôt linéaire, une première intrigue est posée au début (la confession), puis mise en suspens pour laisser place à une autre (l’incendie criminel) qui évoluera très progressivement jusqu’à la fin du roman où, on s’en doute, elle rejoint la première.

Cette double intrigue compense pour le rythme un peu lent et le manque d’action dans la majeure partie du livre. Joe Lassiter, l’unique héros du roman, est un personnage qui gagne à être connu et pour lequel on éprouve de l’empathie, quoique son côté cossu de riche héritier prospère a parfois tendance à briser la magie.

J’ai bien aimé ce livre et je relierai assurément un autre livre de John Case un jour. J’ai lu des extraits assez convaincants de SYNDROME, je crois bien que ce sera le suivant!

Suggestion de lecture : PANDEMIA de Frank Thilliez

Phenixgoglu
Janvier 2013

(En complément…)