LES MONDES CACHÉS, bandes dessinées

Commentaire sur la série en bd de
DENIS-PIERRE FILIPPI et SILVIO CAMBONI

Réalisant que la magie ne peut tout résoudre, Grégoire a décidé de ne plus faire usage de ses pouvoirs. Mais lorsque son amie Itsuki disparaît au sein du mystérieux Arbre-Forêt, il s’élance sans hésitation à sa poursuite. S’ensuit une haletante course contre le temps qui l’entraine au plus profond d’un monde merveilleux et sauvage. La quête de Grégoire s’étend sur trois tomes : 1 : L’ARBRE FORÊT, 2 : LA CONFRÉRIE SECRÈTE, 3 : LE MAÏTRE DES CRAIES.

Ci-bas, extrait de LES MODES CACHÉS, tome 2, LA CONFRÉRIE SECRÈTE de Denis-Pierre Filippi et Silvio Camboni. Les Humanoïdes associés éditeur, 2016. Le tome 1 est sorti en 2015 et le tome 3 en 2019. Édition de papier, 46 pages. Aussi disponible en numérique. Coloristes : Joëlle Comtois (tomes 2 et 3) Chantal Boudreau, Jessica Bodart, Valérie Martineau (tome 2) Yvan Gaspard (tome 1).

 
Plus fort que la magie

Eh oui ! C’est, pour moi, une nouvelle incursion dans l’univers de la bande dessinée et ma foi, j’ai l’impression d’y prendre goût. J’ai observé quand même attentivement son évolution depuis mon enfance. L’enrichissement de ce genre littéraire s’est fait plus rapidement que pour les autres. Explosion de talents, autant que de couleurs. Cette fois, je me suis intéressé à une œuvre de Denis-Pierre Filippi et Sylvio Camboni, les créateurs de Gargouilles. Il s’agit de LES MONDES CACHÉS qui raconte l’histoire d’un jeune mage : Grégoire. Ceux qui ont suivi Gargouilles connaissent bien Grégoire.

C’était encore un enfant quand il a été admis mage dans sa dernière aventure au royaume de Gargouilles. Aujourd’hui, dans LES MONDES CACHÉS, Grégoire est un ado. Et il est de retour dans son p’tit monde ordinaire. Enfin, façon de parler. Pour une vie ordinaire, Grégoire accepte de renoncer à ses pouvoirs. Mais la donne change quand son ami Itsuki disparaît dans l’arbre-forêt. La quête de Grégoire comportera beaucoup de danger.

Dans le tome 2, LA CONFRÉRIE SECRÈTE, Grégoire travaille à protéger les mondes merveilleux de l’hostilité des hommes et empêcher la magie de prendre le pas sur la réalité. Dans le tome 3, Grégoire retrouve sa cousine Edna. Ils se retrouvent malgré eux dans le monde caché, happé par un dessin. Ils en reviendront avec une magnifique surprise.

Depuis ce jour où il est devenu mage, Grégoire est garant de la bonne cohabitation entre le monde des hommes et celui des créatures magiques. Il est le gardien des mondes cachés. Cette mignonne petite série m’a beaucoup plus.

En fait, le seul petit reproche que je peux faire est que Grégoire fait montre d’une sagesse qui n’est pas compatible avec son âge. Mais les auteurs ont pris soin de rendre le pétillant jeune homme sympathique et attachant.

Cette série m’a surpris par la qualité de ses graphismes. On dirait que la créativité crayonnée a pris le pas sur la facilité informatique. Chapeau aux coloristes qui ont donné à leurs planches un indéniable petit caractère magnétique qui fait évoluer Grégoire et ses amis dans un monde pastel qui rend la lecture confortable et attirante.

Quoique le travail soit abouti, j’aurais souhaité plus de détails sur Edna et une plus lente évolution des personnages dans le monde du dessin. Quoiqu’il en soit, LES MONDES CACHÉS constituent une suite évolutive de GARGOUILLES, un peu plus mûre alors que le personnage principal se dirige allègrement vers l’âge adulte, tout en gardant une bonne nature et une générosité toute naturelle.

Le texte est de nature à amener les jeunes lecteurs/lectrices à se poser des questions. Par exemple pourquoi Grégoire renoncerait-il à la magie. Que ferions-nous à sa place. Ce texte véhicule de belles valeurs comme l’empathie, l’amitié et même l’esprit de famille.

Je ne peux pas dire que le récit tranche par son originalité, son thème étant très récurent mais j’ai été séduit par la présentation, la fluidité de la plume, l’imagination des auteurs et la qualité du graphisme.

Dans LE MAÎTRE des craies, tout semble en place pour une suite…Je suis curieux de voir ce que réserve la vie à Grégoire et ses amis. J’ai passé plus qu’un beau moment de lecture, ce fut pour moi un beau moment d’évasion.

Suggestion d’écoute : ASTÉRIX LA BD AUDIO, d’après René Goscinny et Albert Uderzo

Denis-Pierre Filippi et Silvio Camboni lors d’une entrevue vidéo sur leurs albums mettant en scène les personnages de Disney dont Mickey bien sûr. Nourri très tôt au Spirou, Denis-Pierre Filippi (photo à droite) est l’auteur-scénariste. Il excelle dans les scénarios où une pointe d’imaginaire vient enchanter le récit. Il trouve sa place aussi bien dans des récits pour la jeunesse, que dans l’érotisme, dans les histoires de marins que dans celles de policiers, dans le thriller que dans le fantastique…

Silvio Camboni (photo à gauche) naît le 4 septembre 1967 à Santadi en Italie. C’est le dessinateur. Dès 1989, il collabore sur plusieurs films de Walt Disney dont Mickey, Monster Allergy… En 1998, Silvio Camboni fonde la « Sardinian School », l’école de bande dessinées de Caglieri, dans laquelle il enseigne la BD et l’illustration. En 2001, il reçoit le prix de la revue Fumo di China, dans la catégorie BD d’humour, jeunes auteurs. 

 Quelques BD de Filippi-Camboni


NOTE : ne pas confondre GARGOUILLES qui sont des personnages créés par Filippi et Camboni et GARGOUILLE (sans *s*), un personnage de BD créé par le québécois Tristan Demers.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 5 juin 2022

LES CONTES D’ANDERSEN, recueil de classiques

*Jamais la grand-mère n’avait été si grande ni si belle.
Elle prit la petite fille sur son bras, et toutes les deux
s’envolèrent joyeuses au milieu de ce rayonnement, si
haut, si haut, qu’il n’y avait plus ni froid, ni faim ni
angoisse; elles étaient chez Dieu.*
(Extrait : LA PETITES FILLES AUX ALLUMETTES, LES CONTES
D’ANDERSEN, Hans Christian Andersen, Des contes
sélectionnés ont été réédités en numérique par Storylab
Éditions en juin 2011)

Les contes d’Andersen figurent parmi les histoires les plus célèbres dans le monde entier destinées aux enfants. Ce recueil regroupe les histoires considérées les meilleures par l’éditeur. La plupart ont été adaptées au cinéma par Disney.«…Les contes d’Andersen n’offrent pas seulement quelques descriptions de tableaux pittoresques, de péripéties saisissantes ou de personnages originaux, ils ouvrent comme une source de vie, de pensées et de réflexions sur la vie et la destinée humaine…» Étienne de Havenard,
traducteur, (1873-1952)

LES ENSEIGNEMENTS DE L’ANTICONTE
*«Me voilà devenu broche! Dit l’aiguille.
Je savais bien que j’arriverais à de
grands honneurs. Lorsqu’on est quelque
chose, on ne peut manquer de devenir
quelque chose. »*
(Extrait : LA GROSSE AIGUILLE, LES CONTES D’ANDERSEN)

Les contes d’Andersen constituent pour moi un véritable relent d’enfance. Je les ai lus bien avant les contes de Perrault ou de Grimm et même avant les fables de La Fontaine. Ma relecture d’une partie de ces contes m’a permis d’en savourer toute la richesse et avec le recul du temps et l’âge aidant, j’ai pu apprécier toute la dimension dramatique de ces contes et leur caractère humain.

En effet, ce qui m’a accroché dans les contes d’Andersen c’est, insérée ici et là, une certaine dose de cynisme, de tragédie. J’y ai vu peu de fantastique comme on en trouve dans les contes classiques comme CENDRILLON, LA BELLE AU BOIS DORMANT,  et autres contes du grand Charles Perreault. J’ai ressenti toutefois du merveilleux, rêves et cauchemars…

Les contes d’Andersen ont quelque chose de bouleversant qui colle peut-être un peu plus avec les dualités de la vie : espoir-désespoir, misère-abondance, pauvreté-richesse, philanthropie-misanthropie, haine-amour. Je me suis senti loin du surréalisme qui caractérise par exemple les contes de Jacob et Wilhelm Grimm comme Blanche-Neige, le Petit Chaperon rouge ou LA BELLE AU BOIS DORMAN.

Parce qu’on appelle ces textes d’Andersen des contes, ça m’a fait tout drôle d’y découvrir la finalité dans le malheur comme DANS LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES dont l’amertume et l’expression de malheur qui s’en dégage m’ont bouleversé. Pour donner un autre exemple, que dire de LA PETITE SIRÈNE qui sombre dans un amour impossible, malheureux et dont le destin passe par une solution de violence qu’elle n’est pas sûre d’adopter :

*…Elle nous a donné un couteau bien affilé que voici. Avant le lever du soleil, il faut que tu l’enfonces dans le cœur du prince et, lorsque son sang encore chaud tombera sur tes pieds, ils se joindront et se changeront en une queue de poisson. Tu redeviendras sirène…avant le lever du soleil, il faut que l’un de vous deux meure. Tue-le et reviens ! * (extrait) Soit dit en passant, ce conte, entre autres, a été superbement dénaturé par le cinéma.

Andersen a soumis tous ses héros à l’épreuve mais ils ne sont pas tous soumis à la morale. Plusieurs destins sont une véritable tragédie. On dit de Christian Hans Andersen, celui qu’Alexandre Dumas appelait * l’aimable poète danois * qu’il avait une personnalité attachante d’une part mais étrange d’autre part. Ses écrits lui ont valu une extraordinaire notoriété.

Peut-être a-t-il voulu mordre dans la vie pour enterrer définitivement sa vie d’enfant pauvre et méprisé. Il a été balloté par les dualités de la vie et ça se ressent dans le texte. Le merveilleux passe par l’épreuve ce qui revient à dire «mérite ton bonheur» Oserais-je prêté à ses écrits des prétentions autobiographiques? Peut-être.

Proches des réalités humaines, les contes d’Andersen conservent une extraordinaire actualité. Plusieurs pensent qu’ils ne sont pas destinés aux enfants. Moi je crois qu’ils sont destinés à tout le monde. Ne vous inquiétez pas pour les enfants. Inquiétez-vous plutôt de leur addiction aux jeux vidéo. Les contes d’Andersen sont un trésor d’imagination, d’inventivité et de beauté. Ils étaient dans le temps, un chef d’œuvre. Ça reste aujourd’hui un chef d’œuvre.

Suggestion de lecture : DOUZE CONTES VAGABONDS, de Gabriel Garcia Marquez

Hans Christian Andersen (1805-1875) est un célèbre écrivain et conteur d’origine danoise, il est d’ailleurs considéré comme le symbole du génie populaire nordique. 1822 marquera un tournant pour Andersen alors qu’il commence la publication de ses premiers textes. Il a son premier succès, notamment en 1830 avec Promenade du canal de Holmen à la pointe orientale d’Amagre. Il écrit ensuite d’autres romans à forte tendance autobiographique ainsi que des poèmes, des pièces de théâtre et des récits de voyage.

Mais, c’est dans la période de 1832 à 1842 qu’il publie ce qui établira définitivement sa notoriété : Des contes…des contes qui n’ont jamais été destinés aux enfants et pourtant ce sont les enfants qui ont été les plus fervents lecteurs de son œuvre. Walt Disney a fait d’ailleurs plusieurs adaptations, libres, pour plusieurs, c’est du moins mon opinion.

Cette période de grande inspiration culminera sur la rencontre d’Andersen avec Charles Dickens qui fit de son personnage « Uriah Heep » le portrait exact de Hans Christian Andersen. Les contes et histoires de Hans Christian Andersen sont traduits dans plus de quatre-vingts langues et pays du monde entier, et inspire encore aujourd’hui les artistes tout en émerveillant petits et grands.

LES CONTES D’ANDERSEN AU CINÉMA


La Petite Sirène est le 36? long-métrage d’animation est le 28? « Classique d’animation » des studios Disney. Sorti en 1989, il s’inspire du conte du même nom de Hans Christian Andersen, publié en 1836.
(d’après Wikipédia)

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le samedi 14 septembre 2019