IDÉALIS

À LA LUEUR D’UNE ÉTOILE INCONNUE

Commentaire sur le livre de
CHRISTOPHER PAOLINI

Kira Navàrez… Tu m’as un jour demandé ce que je voyais parmi les étoiles. Je t’ai dit que j’y voyais des questions. Maintenant c’est toi que j’y vois. Je nous y vois tous les deux.

Extrait : IDEALIS 1, À LA LUEUR D’UNE ÉTOILE INCONNUE, de Christopher Paolini, Bayard jeunesse 2020, papier, 837 pages. Version audio : Audiolib éditeur, 2021. Durée d’écoute : 27 heures 20 minutes. Narratrice Noémie Bianco.

Kira Navárez rêvait d’un monde nouveau. Elle vient de réveiller un cauchemar d’une ampleur intersidérale…

Lors d’une mission de routine sur une planète inconnue, Kira découvre un organisme vivant d’origine extraterrestre. Fascinée, elle s’approche de l’étrange poussière noire. La substance s’étend sur tout son corps et commence à prendre le contrôle. Kira, en pleine transformation, va explorer les dernières limites de sa condition d’être humain.

Mais quelle est l’origine de cette entité ? Quelles sont ses intentions ? La scientifique n’a pas le temps de répondre à ces questions : la guerre contre les aliens est déclarée, et Kira pourrait bien être le plus grand et le dernier espoir de l’humanité.

Un long space opera

IDEALIS suit une jeune femme, Kira Navarez, exobiologiste. Vous avez déjà le résumé ci-haut. Vous avez donc compris que, lors d’une exploration, Kira a été envahie par une entité appelée LAME SOUPLE qui va protéger Kira, souvent malgré elle et qui va l’impliquer dans une guerre sans merci entre les humains et les extra-terrestres dont les Méduses qui la reconnaîtront comme IDEALIS.

La LAME SOUPLE, devient pour Kira une espèce d’armure endoderme semblant avoir son énergie et sa volonté propres. Elle est difficile à contrôler mais j’ai découvert très vite qu’elle est apprivoisable, ce qui est un des rares aspects originaux de l’histoire. Reste à découvrir pour le lecteur quel est l’objectif de cette entité ainsi que le sens et la direction qu’elle donnera à l’histoire.

C’est un livre très long, peu original car il emprunte largement à du déjà-vu. J’y ai vu en effet quantité de clins d’œil sur des titres célèbres comme TERMINATOR, le célèbre robot qui était doté d’un bouclier interne, offensif et défensif, à base de métal liquide. Je pense aussi à ALIEN, la célèbre série initiée par Ridley Scott. Il y a aussi un peu de LA GUERRE DES ÉTOILES et j’ai aussi senti l’influence de la SF des années ASIMOV et GUIEU entre autres dans l’atmosphère et la description des créatures.

Donc, dans le tome 1 d’IDEALIS, Paolini n’invente rien. Ajoutons à cela de longs palabres, de la redondance, des personnages plus ou moins travaillés, un ensemble plutôt simpliste et parfois tiré par les cheveux.

Il reste tout de même des forces dignes de mentions qui pourraient intéresser en particulier le lectorat adolescent friand de science-fiction. Je pense en particulier aux motivations de la LAME SOUPLE et de l’intimité très spéciale qu’elle crée avec kira. Il y a aussi l’aspect intriguant. Je fais ici référence au sens que donnera KIRA à l’histoire et à l’équilibre des mondes.

Il y a enfin cette capacité particulière que l’auteur a donné à Kira : celle de communiquer avec les extra-terrestres. Ce don précis amène à certains dialogues assez intéressants. Malheureusement, IDEALIS 1 n’offre ni conclusion ni aboutissement et encore moins une idée même vague de ce qui attend les lecteurs et lectrices dans IDEALIS 2. Rien pour mettre en appétit.

J’ai lu ce livre en me fiant essentiellement sur la notoriété de Paolini qui s’est bâtie sur ERAGON, la fameuse saga-fantasy créée pour la jeunesse et adaptée au cinéma. Malgré quelques irritants, j’avais adoré cette série dont je considère le style et l’écriture supérieurs à IDEALIS.

Je ne regrette aucunement ma lecture, mais je ne suis par certain de passer à IDEALIS 2.

Suggestion de lecture : SÉCESSION, de Julien Centaure


L’auteur Christopher Paolini

 

Bonne lecture
Claude Lambert

le samedi 11 octobre 2025

LE RESSAC DE L’ESPACE, de Philippe Curval

*Quel prix l’homme doit-il payer pour garder sa liberté?
Un monde de plénitude vaut-il la peine d’être vécu si on
ne peut y exercer son libre arbitre et son esprit critique?
Une apparence de bonheur et une vie de plaisir valent-
elles la peine de renoncer à son individualité ? Jusqu’à
collaborer avec l’envahisseur ? *
(Extrait : LE RESSAC DE L’ESPACE, Philippe Curval, à
l’origine, Hachette éditeur 1962, 244 pages. Pour la présente,
P. Curval, format numérique, 235 pages

Après une longue errance, le Txalq arrive finalement sur Terre. Sa quête est terminée ; il va pouvoir à nouveau se diviser par scissiparité et se multiplier. Les Txalqs sont un peuple parasite pour qui l’homme est un hôte parfait car ils peuvent les dominer sans peine. Naturellement les humains vont organiser la résistance, mais quelques hommes libérés de l’emprise mentale des extra-terrestres révèlent bientôt que la symbiose avec un Txalq apporte paix, harmonie et bonheur. C’est par milliers désormais qu’hommes et femmes se livrent joyeusement à la domination des parasites. Seule une poignée d’irréductibles tentent de préserver leur condition humaine. Une poignée contre toute une planète…

Les accords du cauchemar
(titre d’un chapitre de la troisième partie)
*Nous n’échangeâmes aucune parole, traumatisés que nous étions
par cette invraisemblable vision d’un monde nouveau auquel nous
voulions échapper de toutes nos forces. Aucun d’entre nous n’aurait
pu désavouer la pensée que je formulai à cette minute : nous devons
analyser ce qui nous incite à ne pas abdiquer notre dignité d’humain
pour nous intégrer à la civilisation harmonieuse que les Txalqs
établissent sur terre. C’est en en découvrant les raisons que nous
pourrons envisager la reconquête. *
(Extrait)

Forcés de quitter leur planète, des Txalqs errent dans l’espace jusqu’à ce qu’ils soient interceptés par des humains en mission spatiale. Les humains décident de ramener ces créatures sur la terre sans savoir que les Txalqs sont des parasites. Pour survivre, ils doivent s’emparer d’une race inférieure pour des raisons accessoires d’une part, car les Txalqs sont des êtres à peu près incapables sur le plan physique et d’autre part et surtout, pour atteindre un mode de vie idéal fait de beauté et d’harmonie.

C’est le genre de paradis artificiel que procurent aux humains certaines drogues sauf qu’ici, les Txalqs tendent à créer ce monde paradisiaque par l’hypno-contrôle. Les Txalqs, qui se reproduisent par scissiparité ne tardent pas à prendre le contrôle de la terre et étrangement, la plupart des humains sont trop heureux de vivre dans cette espèce de paradis artificiel, acceptant ainsi une symbiose qui leur est imposée…*S’il établissait sa domination sur ces êtres, c’était dans l’unique dessein de créer avec eux un monde harmonieux. En échanges de membres pour agir, il leur offrirait une sorte de renaissance, il deviendrait le corps pensant de leur espèce. * (Extrait) .

Refusant ce bonheur plastique qui n’est rien d’autre qu’une forme d’esclavage, une poignée d’humains décident de résister, fuient sur la planète Vénus afin d’organiser la libération de la terre.

C’est un des très bons romans d’anticipation que j’ai eu le plaisir de lire. Il développe en profondeur la philosophie TXALQ et amène le lecteur et la lectrice à des questionnements très intéressants : entre autres : qu’est-ce que l’homme est prêt à faire ou à donner pour être libre et LA question sur laquelle on pourrait s’étendre longtemps : Est-ce qu’une vie complètement dépourvue de libre arbitre et de sens critique vaut la peine d’être vécue.

Le livre de Curval alimente aussi un intéressant débat sur l’addiction. Si vous croyez que les Txalqs font ce qu’ils veulent avec facilité, détrompez-vous et c’est là que l’auteur nous amène à réfléchir sur la nature humaine. Les hommes sont rebelles, ataviquement violents et addicts. Ils aiment le sexe, ils aiment le jeu, le risque et ils sont épris de liberté. Ils sont humains quoi et de cette humanité, les Txalqs devront en payer le prix.

Est-ce que les hommes pourraient *déteindre* sur les Txalqs ?

Pas étonnant que ce livre soit devenu un classique de la science-fiction francophone. C’est un hymne à la liberté…cette précieuse liberté dont les hommes se privent entre eux depuis la nuit des temps. J’ai trouvé la plume de Curval envoûtante, un peu à l’image de cette créature qu’il a créée. Elle est dosée pour offrir tout ce que souhaitent les amateurs d’anticipation : des revirements, de la technologie, de la confrontation, le choc des idées et le fameux retour introspectif sur soi-même qui se traduit par une question bien simple : Qu’est-ce que je ferais à la place des humains dans cette histoire ? Je mets ma lucidité et mon libre arbitre au placard ou je me bats ?

Par les questions qu’il pose, par l’équilibre dont il a toujours gardé le souci et par sa profonde connaissance de la nature humaine, Philippe Curval a doté son récit d’une belle crédibilité.

Je sais que l’idée de l’atteinte du Nirvana ou la vie dans un monde ou guerre, haine et violence n’ont pas de sens sont des thèmes récurrents en littérature (par exemple, les inconditionnels de Star Trek se rappelleront sûrement du monde de Landru) mais peu de romans ont atteint la profondeur et l’intensité que Curval a insufflé dans son récit.

Une très belle pièce littéraire… à lire absolument.

Suggestion de lecture : LES PROTECTEURS, de Mario Fecteau

Écrivain, journaliste, photographe, Philippe Curval est l’un des principaux fondateurs de la science-fiction française, au milieu du siècle précédent. Il obtient le prix Jules Verne pour Le Ressac de l’espace (Hachette/Gallimard, « Le Rayon Fantastique », 1962), le Grand Prix de la science-fiction française pour l’Homme à rebours (R. Laffont « Ailleurs & Demain », 1974) et de nombreux autres prix et distinctions.

Son amour pour la nouvelle l’a conduit à en écrire plus de cent. Ses derniers recueils, Rasta Solitude (Flammarion « Imagine ») en 2003, et L’homme qui s’arrêta (La Volte) en 2009. Son travail critique sur la SF, commencé dans Galaxie, se poursuivra au Monde, et au Magazine littéraire. Traduit dans quatorze pays, à cette date, il a publié plus de quarante volumes. (La Volte éditeur)

Bonne lecture
Claude Lambert/ biblioclo.com
Le samedi 4 février 2023

LA 5e VAGUE, le livre de RICK YANCEY

*Oubliez les batailles héroïques avec des tanks et des
avions de chasse, et notre victoire finale d’humains
intrépides…sur cette nuée de créatures aux yeux
exorbités. C’est aussi éloigné de la vérité que leur
planète mourante n’était éloignée de la nôtre, bien
vivante. La vérité c’est qu’une fois qu’ils nous eurent
trouvés, nous étions foutus. *
(Extrait : LA 5e VAGUE, Rock Yancey, éditeurs : Robert Laffont
2013 et Pocket jeunesse 2018, édition de papier, 640 pages)

À l’aube de la 5e Vague, sur une autoroute désertée, Cassie tente de Leur échapper… Eux, ces êtres qui ressemblent trait pour trait aux humains et qui écument la campagne, exécutant quiconque a le malheur de croiser Leur chemin. Eux, qui ont dispersé les quelques rescapés. Pour Cassie, rester en vie signifie rester seule. Elle se raccroche à cette règle jusqu’à ce qu’elle rencontre Evan Walker. Mystérieux et envoûtant et qui pourrait bien être son ultime espoir de sauver son petit frère. Ils savent comment nous exterminer. Ils nous ont enlevé toute raison de vivre. Ils viennent maintenant nous arracher ce pour quoi nous sommes prêts à mourir…

Une promesse en pleine invasion
*…Il existe toutes sortes de conneries…les conneries que tu
connais…les conneries que tu ne connais pas…Et les
conneries que tu penses connaître, mais que tu ne connais
pas vraiment. Faire une promesse au beau milieu d’une
invasion extra-terrestre tombe dans cette dernière
catégorie.
(Extrait)

1ère vague : Extinction des feux, 2e vague : Déferlante, 3e vague : Pandémie, 4e vague : Silence

Dans ce drame post-apocalyptique, nous suivons une jeune fille : Cassiopée Marie Sullivan qui sera appelée Cassie tout au long du récit. La terre a été envahie par des extra-terrestres qui, en quatre vagues successives, ont éliminé plus de 80% de l’humanité…des milliards de morts. À la lisière de la cinquième vague, nombre d’humains restants sont victimes d’abduction par les envahisseurs,

nous retrouvons Cassie, témoin d’un massacre dont celui de son père, obligée de laisser aller son petit frère Sammy embarqué par des humains *envahis* avec les autres enfants vers un mystérieux camp où ils seront pris en charge. Dans sa lutte incessante pour survivre, Cassie sera sauvée par un adolescent pour le moins mystérieux et énigmatique : Evan Walker.

Cassie peut-elle faire confiance à Evan qui pourrait bien être un *autre*, une coquille occupée par un esprit extra-terrestre. Dans un cas comme dans l’autre, Evan, qui devient graduellement amoureux, pourrait être la seule chance pour Cassie de retrouver son petit frère.

Ce livre est d’une grande actualité car il évoque un débarquement extra-terrestre tant évoqué par les romanciers, scénaristes du 7e art et les ufologues. Ici, l’idée des extra-terrestres est sensiblement la même que celle développée dans le film INDEPENDANCE DAY : éliminer complètement la race humaine et prendre possession de la terre pour la vider de ses ressources.

Mais dans le livre qui nous intéresse aujourd’hui, l’élimination est plus méthodique et complexe. Car même s’il en est question, on ne voit pas de vaisseaux ni d’extra-terrestres, ils sont là avec un plan précis d’annihilation : première vague : destruction de toutes les sources mondiales d’électricité, deuxième vague : un monstrueux raz-de-marée tue des millions de personnes, troisième vague : la peste se répand et emporte la presque-totalité de la population mondiale.

L’abduction intervient en quatrième vague alors que plus personne ne sait à qui faire confiance. La cinquième vague a un impact plus puissant encore sur le plan psychologique : *Le camp, les infestés ; ils prétendent que nous n’avons pas été entraînés pour tuer les extraterrestres, mais que les extraterrestres nous entraînent à nous entre-tuer. * (Extrait)

J’ai accroché très vite à ce roman malgré quelques irritants comme cette histoire d’amour entre Evan et Cassie, prévisible au possible, un peu naïve et inutilement compliquée. Je note aussi de l’errance textuelle, des longueurs qui sont susceptibles de diluer l’intérêt.

Le contexte est parfois tiré par les cheveux, l’auteur s’intéressant davantage à la mort qui se répand qu’aux conditions de vie des survivants. La galerie de personnages est très vaste. Aussi, il faut faire attention, car les enfants, une fois enlevés, changent de nom. Alors qu’on approche de la conclusion, il devient difficile de départager les personnages.

Les forces du roman sont évidentes et son originalité réside dans le fait qu’on ne voit ni extra-terrestres, ni soucoupes volantes, ni rayons mortels. Pas de créatures étranges sauf des hommes menacés par une éradication déjà bien avancée. Des hommes restants qui deviennent possédés puis manipulés.

L’impact psychologique de ce roman est plus puissant que l’action qui en découle. C’est un roman très fort mais il est noir et laisse peu de place à l’espoir. Peut-être celui-ci fera-t-il son apparition dans les prochains tomes. Dans la 5e VAGUE, les émotions sont déferlantes. Je ne me suis pas spécialement attaché aux personnages, mais Cassie est une battante et c’est un plaisir de la suivre…un beau stress.

Les dialogues sont parfois savoureux mais leur réalisme est de nature à clouer le lecteur sur place. C’est un roman profond, complexe, sombre qui en dit long sur la fragilité de la nature humaine. On peut être mitigé sur une œuvre d’une telle stature mais on s’accorde pour dire qu’elle ne laisse pas indifférent.

Suggestion de lecture : NOIRE PROVIDENCE, de James Rollins

Originaire de la Floride, Rick Yancey est titulaire d’un master de littérature anglaise. Il travaillera quelques années comme inspecteur des impôts avant de décider que son diplôme lui serait plus utile s’il se consacrait à l’écriture à plein temps- ce qui lui réussit depuis 2004. Auteur de romans pour adultes et jeunes adultes, Rick Yancey a été récompensé par de nombreux prix prestigieux, dont le Michael L. Prinz Honor et le Carnegie Medal. Lorsqu’il n’écrit pas, Rick Yancey consacre son temps à sa famille. Pour les blogueurs,  la Trilogie LA 5E VAGUE succède à Hunger games, la fameuse trilogie de science-fiction dystopique

La 5e vague est une trilogie

La 5e vague au cinéma

L’adaptation de la 5e vague au grand écran a été réalisée par J. Blakeson et est sortie en janvier 2016.
Dans la distribution, on retrouve entre autres Chloë Grace Moretz, Nick Robinson et Alex Roe. Trois scénaristes, Suzannah Grant, Akiva Goldsman et Jeff Pinker ont écrit le texte d’après l’œuvre de Rick Yancey. La critique a été plutôt mitigée sur ce film. D’après les annotations d’
ALLO CINÉ, 7% seulement des spectateurs qui ont critiqué le film lui ont accordé cinq étoiles. La Presse n’a pas été beaucoup plus emballée.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 8 mai 2022