LA MÉMOIRE QU’ON VOUS A VOLÉE, 1760 à nos jours

Commentaire sur le livre de
GILLES PROULX
et
Louis-Philippe Messier

*Plus personne ne se rappelle qu’Ô Canada fut composé pour la fête nationale du 24 juin, qu’UN CANADIEN ERRANT rendait hommage aux patriotes exilés en Australie ou que le club de hockey CANADIEN s’appelle ainsi parce qu’il était réservé aux joueurs d’expression française. *

(Extrait de la préface signée par l’historien Gilles Laporte du livre de Gilles Proulx et Louis-Philippe Messier LA MÉMOIRE QU’ON VOUS A VOLÉE, de 1760 à nos jours. Les Éditions du journal, 2019, par Mylène Des Cheneaux, édition de papier, 245 pages)

Après le succès de Nouvelle-France. Ce qu’on aurait dû vous enseigner, Gilles Proulx revient à la charge pour revaloriser la mémoire collective du Québec. Pourquoi connaissons-nous si mal notre histoire? Dans cet ouvrage rédigé en collaboration avec Louis-Philippe Messier, Gilles Proulx raconte les grands événements et célèbre les personnages marquants qui ont façonné le Québec, de la Conquête jusqu’à nos jours.
*La perte de mémoire rend un peuple incapable des faire des choix éclairés et d’agir sur la réalité…* (Préface de Gilles Laporte. Historien)

Histoire de savoir
*La capitulation est une décapitation*
(Extrait : début du récit alors que la France

perd son vaste territoire nord-américain)

Tout m’a attiré dans ce livre en commençant par la justesse du titre car depuis la petite école qui, en matière d’histoire m’a fait faire un départ aussi spectaculaire que faux, j’ai réalisé au fil de mes lectures et de mes recherches et avec le temps, à quel point j’ai été non pas seulement mal informé mais surtout désinformé.

Comme j’ai toujours apprécié le franc-parler et la rectitude de Gilles Proulx, j’ai été vite séduit par la présentation, le contenu. Car pour moi, il s’agissait des répondre à cette question : Pourquoi est-ce que je connais si mal mon histoire.

La bonne Société politisée et la petite école des années 60 ont occulté tellement de choses importantes qui expliquent ce que nous sommes devenus aujourd’hui et ce, pour des raisons éminemment opportunistes.

Gilles Proulx et Louis-Philippe Messier sont de ces horlogers du temps qui viennent remettre les pendules à l’heure. Ils viennent nous rappeler qu’Henri Bourassa est un peu plus que le nom d’un bouleva, que Pontiac est un peu plus qu’une marque de voiture. Les auteurs remontent le temps et établissent un lien solide entre le passé et le présent.

LA MÉMOIRE QU’ON NOUS A VOLÉE est un ouvrage en quatre parties. La première partie est une préface de l’historien Gilles Laporte qui prépare le lecteur à l’entrée en scène de Gilles Proulx.

*Dès 1840, l’occupant britannique entreprend de déposséder le Canada Français des symboles de son enracinement en Amérique : le castor, la feuille d’érable, ses liens avec les autochtones et jusqu’à la poutine…*. (Extrait)

Il semble bien qu’on ait perdu la mémoire depuis fort longtemps. La deuxième partie du livre publie l’argumentaire de Gilles Proulx et il n’y va pas toujours avec le dos de la cuillère mais ça me va…le message passe :

*Ce poste facile et payant a été créé pour imiter celui des lords qui ont leur chambre en Grande-Bretagne. En 1867, tout comme aujourd’hui, le Sénat est, d’abord et avant tout, un moyen de récompenser ses amis aux frais du con…tribuable ! (Extrait)

Évidemment, ça frôle l’écart, mais il faut connaître l’auteur. En matière de franc parler, Gilles Proulx est une légende. Il y a des choses qui ne changent pas. Beaucoup de liens évoquant le passé expliquent le présent. Imaginez que votre ordinateur n’a pas été mis à jour depuis 5 ans. LA MÉMOIRE QU’ON NOUS A VOLÉE me rappelle une mise à jour de masse.

La troisième partie du livre est une récapitulation des évènements assortie d’explications sur les grandes dates depuis la prise de Québec et la capitulation de Montréal en 1760 jusqu’au rejet de la souveraineté par les québécois en 1995. C’est riche en détails et c’est suffisamment crédible pour remettre les pendules à l’heure.

Enfin, la quatrième partie est une biographie des principaux acteurs de ce récit. J’y ai fait la connaissance de nombreux personnages dont plusieurs ont été mystérieusement occultés de mon éducation.

Je comprends de ce livre à la plume directe et riche que pour qu’un peuple survive, il doit se comprendre. Et pour se comprendre, il doit connaître ses origines. Oui, c’est vrai, les anglais et les français ont exporté leurs chicanes en Amérique mais il s’est passé tellement de choses qui expliquent la sensibilité des québécois.

J’ai l’impression que de précieuses connaissances entassées dans une arrière-boutique obscure me sont rendues. La conclusion de l’argumentaire de Gilles Proulx pose la question ultime : Qui nous a volés ? À vous de le découvrir amis lecteurs, amies lectrices… pour moi, c’est du solide.

Suggestion de lecture : L’HISTOIRE DU QUÉBEC en  30 secondes, de Sabrina Moisan et Jean-Pierre Charland.

Gilles Proulx (1940-2013) est un auteur, animateur de radio et de télévision ainsi qu’un globetrotteur québécois. Il détient un baccalauréat et une maîtrise en communication.
De 1979 à 1991, il était chargé de cours en communication à l’Université de Montréal et professeur invité à l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar au Sénégal, en journalisme radiophonique en 1983.

Il fut directeur de l’information à CKLM, journaliste à l’émission le Temps de vivre à Radio-Canada, et commentateur à CKOI-FM. Il fut animateur du Journal du midi durant 24 ans, soit de 1984 à 1994 à CJMS, de 1994 à 2004 à CKAC, puis de 2004 à 2008 au 98,5 FM.

En 1998 et 1999, il a animé les Grands Dossiers historiques à la chaîne télévisée Canal D. Photographe et voyageur, il a publié plusieurs livres dont À la conquête du monde en 1996 et Globetrotter en 2000.


À l’automne 2009, il présente une série qui s’appelle «Mémoire de Proulx» produite par le Canal Vox à Montréal et la série est diffusée sur d’autres stations au Québec.


Reporter pour Le Journal de Montréal et le quotidien 24H, Louis-Philippe Messier a signé de nombreux articles de voyage et dossiers gastronomiques. Il a le flair pour débusquer des faits divers insolites et aime approfondir l’aspect saugrenu de ses sujets. Il a aussi co-écrit avec Gilles Proulx  MONTRÉAL : 60 ÉVÈNEMENTS QUI ONT MARQUÉ L’HISTOIRE DE LA MÉTROPOLE (lecture parallèle suggérée)
L’ouvrage mêle les hauts faits historiques, les grands phénomènes sociaux et les petits faits vrais qui marquent la vie de toute cité


LECTURE PARALLALÈLE SUGGÉRÉE

Bonne Lecture
Claude Lambert
Samedi 6 août 2022

L’HISTOIRE DU QUÉBEC en 30 secondes

Les évènements les plus marquants

expliqués en moins d’une minute

Commentaire sur le livre de
SABRINA MOISAN
et
JEAN-PIERRE CHARLAND

*Il n’existe pas de rétroviseur qui permette de voir le passé. La pluralité des récits suscite maints débats qui dépassent les cadres de la discipline pour envahir l’espace public.  L’histoire d’une société nourrit la mémoire collective, soulève les passions et  contribue à la constitution d’identités fortes. L’histoire devient ainsi une source de conflit…*

(Extrait : introduction à L’HISTOIRE DU QUÉBEC EN 30 SECONDES, Sabrina Moisan, Jean-Pierre Charland, Hurtubise 2014, éditions numérique et de  papier, 160 pages)

Illustrations et maquette : Nathalie Duperré

L’HISTOIRE DU QUÉBEC EN 30 SECONDES est une synthèse du Québec à travers 55 événements importants de son histoire, depuis les premiers occupants avant même l’implantation de la colonie jusqu’aux accommodements raisonnables, en passant par la Nouvelle-France, les Patriotes, l’Expo 67, la Loi 101 et les référendums. L’ouvrage nous livre également le portrait de 8 personnalités importantes qui ont marqué l’histoire du pays. Le tout est illustré avec une iconographie vintage c’est-à-dire rafraîchie, réactualisée, remise au goût du jour. Un survol de 400 ans d’histoire.

JE ME SOUVIENS
*Le roi de France veut faire de bons
français avec les «sauvages». Pour
cela, ces derniers doivent reconnaître
son autorité et devenir catholiques.*
(Extrait du chapitre consacré à
l’évangélisation)

Ce n’est pas un manuel d’histoire à proprement parler. Je le vois plutôt comme un recueil de capsules exposant, en surface, les grands thèmes de l’histoire du Québec avec des sous-thèmes, des photos et illustrations et quelques annotations biographiques. Les thèmes sont génériques et ne sont donc développés que dans leurs grandes lignes.

Les thèmes sont choisis en fonction de leur importance et de leur caractère marquant ou valeur structurante. La mention *30 secondes* est un peu exagérée. Chaque capsule prend autour de deux minutes à lire et se divise de la façon suivante : Pour l’évènementiel :

1) Le thème principal (environ 1 minute 15)
2) Le condensé (3 ou 4 lignes) environ 10 secondes
3) Une petite réflexion (plus ou moins une minutes)
4) photo et suggestion biographique

Le volume propose aussi le portrait de huit personnes qui ont contribué à faire progresser le Québec comme par exemple Marie-Anne Barbel, pionnière du rôle des femmes dans la classe commerçante en Nouvelle-France. Chaque portrait se divise comme suit :

1) Présentation du personnage (environ 2 minutes)
2) Chronologie de la naissance au décès
3) Photo

Donc en lisant ce volume, on s’engage dans un survol des moments cruciaux de l’histoire. Il faut prendre le livre pour ce qu’il est : un recueil de thèmes expliquant l’essentiel seulement. e petit volume nous donne des pistes d’interprétation et nous outille pour pousser plus loin la recherche sur un ou plusieurs sujets qui pourraient vous intéresser.

C’est la principale force de ce livre et le principe est le même pour l’ensemble de la collection. (voir la liste) en tout temps, le lecteur et la lectrice conservent leur libre arbitre. Cette collection convient à tous et en particulier à la jeunesse. Beaucoup ne sont pas prêts à lire des briques sur des thèmes précis.

Cette collection livre l’essentiel, le plus important. Elle surprend par sa concision tout en permettant au lecteur d’augmenter fortement ses connaissances et encore, de façon très agréable.

J’aime le concept de cette collection. Il est bref c’est vrai, mais il est conçu pour ça. Si je veux pousser plus loin, j’utilise les annotations biographiques.

Tout en me limitant aux *30 secondes*, j’ai appris beaucoup de choses et sur certaines d’entre elles, j’ai pu préciser ma pensée. J’ai particulièrement apprécié le portrait des personnalités, le roi du nord par exemple, le bon vieux Curé Labelle, qui a présidé à la colonisation des Laurentides.

Les petits livres sont bien vulgarisés, ils sont ventilés et clairs. Ils s’adressent à tous les âges et constituent pour les jeunes en particulier un excellent outil d’introduction pour les sujets qui les passionnent. La collection EN 30 SECONDES est un bon outil d’acquisition de connaissances. Excellent pour tous, parfaite pour les jeunes lecteurs et lectrices.

Suggestion de lecture : LA VENGEANCE DE RICHELIEU de Jean-Michel Riou

D’AUTRES LIVRES DE LA COLLECTION

 

Sabrina Moisan est professeure à l’Université de Sherbrooke. Elle s’intéresse à l’enseignement de l’histoire, à l’éducation, à la mémoire collective et à l’histoire du Québec.

 

 

 

Écrivain et historien québécois né en 1954, Jean-Pierre Charland a publié plusieurs romans, dont L’Été de 1939, avant l’orage (2006) et La Rose et l’Irlande (2007), salués par la critique et appréciés du public. Sa saga Les Portes de Québec a connu un succès remarquable avec plus de 80 000 lecteurs.
Passionné d’Histoire et conteur hors pair, il offre aux lecteurs des récits à la fois authentiques et originaux. (Pause lecture)

 

Bonne lecture
Claude Lambert
janvier 2020