LES ROIS MAUDITS, la série de MAURICE DRUON

LES ROIS MAUDITS

Tomes
1-LE ROI DE FER (1955)
2-LA REINE ÉTRANGLÉE (1955)
3-LES POISONS DE LA COURONNE (1956)
4-LA LOI DES MÂLES (1957)
5-LA LOUVE DE France (1959)
6-LE LIS ET LE LION (1960)
7-QUAND UN ROI PERD LA France (1977)

           

*Pape Clément !… Chevalier Guillaume !… Roi Philippe !… Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste jugement ! Maudits ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races ! *
(Extrait : LES ROIS MAUDITS, Maurice Druon, 1955, éditions Mondiales, Plon pour de multiples rééditions. L’édition intégrale de papier a 2100 pages.)

           

LES ROIS MAUDITS est une saga historique fictive, un collectif dirigé par Maurice Druon. L’histoire repose sur une légende imaginée par le chroniqueur italien Paolo Emilio:  le dernier grand maître de l’Ordre des Templiers, Jacques de Molay, alors qu’il brulait sur le bucher aurait lancé une malédiction à l’encontre du Roi de France Philippe IV Le Bel, du pape Clément V, de Guillaume de Nogaret gardien du sceau et de leurs descendants pendant 13 générations. L’histoire se développe dans un contexte d’intrigues, de complots et de lutte pour la succession au trône. On se dirige lentement mais sûrement vers la guerre de 100 ans.

OMBRE ET SANG SUR LE TRÔNE
*Eh bien ! mon frère, dit Monseigneur de Valois, avec un
mauvais sourire ; vous voici content, je pense ?
Philippe le Bel se retourna.
Non mon frère, dit-il. Je ne le suis point. J’ai commis
une erreur.»
Valois se gonfla, déjà prêt à triompher. «Vraiment,
vous en convenez ?»
«Oui mon frère, dit le roi. J’aurais dû leur faire
arracher la langue avant de les brûler.*
(Extrait : LES ROIS MAUDITS, tome 1, LE ROI DE FER)

Philippe IV le Bel (1268-1314) fut le onzième roi de France de la dynastie des Capétiens de 1285 à 1314. Il est réputé pour ses politiques progressistes et centralisatrices. Comme les finances de son royaume étaient hors de contrôle, Philippe Le Bel a été conduit à abattre l’ordre du Temple qui était très riche, expulser les juifs et rétablir une monnaie d’or qui restera stable pendant plus de cent ans.

J’ai lu avec intérêt, voire avidité la grande saga LES ROIS MAUDITS qui constitue une fresque historique d’une remarquable précision. Il faut ici souligner l’extraordinaire travail de documentation réalisé par une équipe de rédacteurs soucieux du détail avec la supervision et la touche finale du célèbre écrivain et homme politique Maurice Druon (1918-2009).

Comme nous l’avons vu plus haut, au début du XIVe siècle, la monarchie française intente le plus vaste procès de l’histoire contre le grand Maître des templiers Jacques de Molay qui lance une malédiction contre les grands responsables de la chute du temple. À partir de ce moment, une ombre sinistre s’abat sur la France. Entre autres, les quatre derniers capétiens meurent en moins de 15 ans.

Adultère, complots, intrigues de cour, procès expédiés, meurtres, trahison, mensonges, incompétence, avidité du pouvoir, détournements…les travers de la monarchie mettront en place lentement mais sûrement les éléments qui déclencheront la guerre de cent ans. Ça n’a pas tellement contribué à me faire copain copain avec les grands principes de la monarchie.

Je me contenterai ici de dire ce que j’ai ressenti en lisant ce pavé de plus de 2000 pages. Premièrement, je n’ai jamais été un adepte de la monarchie. Tous les livres d’histoire que j’ai lus à ce sujet mettent en perspective les abus de ce système. Un jour les français en ont eu marre et on fait rouler la tête de Louis XVI.

Le livre de Druon m’a démontré encore une fois à quel point la royauté avec ses *Votre Majesté*, ses *messires* ses *Chevaliers*, son *sang noble* et autres appellations hautement cossues, était loin des besoins et des misères du peuple. J’ai toujours été choqué par le mépris des nobles pour un peuple brimé par des impôts lourds et injustes, les pillages, la guerre.

Toutefois, après la recherche que j’ai faite parallèlement à la lecture des *ROIS MAUDITS*, je dois admettre que Philippe le Bel, malgré sa froideur hautaine était un roi progressiste qui a travaillé à sortir son pays de la féodalité alors vieillotte, encrassée et étouffante pour le peuple.

Ensuite, la lecture des ROIS MAUDITS que je considère documenté de façon très crédible m’a appris beaucoup de choses sur l’histoire de la France des XIV et XVe siècle et sur ses nombreuses subtilités. On sent que l’État veut émerger au détriment de l’Ordre Féodal. Malheureusement, la monarchie n’a jamais sur faire le ménage dans sa propre cour. J’ai aussi appris beaucoup de sur les forces et les faiblesses des roi de la dynastie capétienne.

La plume d’une exceptionnelle richesse m’a littéralement enlevé et rendu addictif. Forcément, sur 2100 pages il y a des longueurs. Elles concernent surtout les intrigues de cour et l’influence de certaines femmes dans le système dont celle de la redoutable comtesse Mahaut.

J’ai tout absorbé avec un intense plaisir. LES ROIS MAUDITS est une de mes meilleures lectures à vie. C’est une fresque extraordinaire qui nous entraîne dans les coulisses de l’histoire d’une France à la croisée des chemins.

Le cadre historique est respecté avec minutie et rigueur. J’ai savouré aussi la profondeur des personnages, leur psychologie, leur caractère trempé, en particulier Robert D’Artois et Mahaut…Préparez-vous à la détester celle-là. Bref LES ROIS MAUDITS est un chef d’œuvre. Ne vous laissez pas impressionner par le nombre de pages. Lisez-le…vous verrez, le temps passe vite. Il y a de l’émotion dans chaque page.

Suggestion de lecture : 1630 LA VENGEANCE DE RICHELIEU, de J.-M. Riou

Maurice Druon (1918-2009) est né à Paris. Démobilisé pendant la guerre, il devient journaliste pour la BBC. Il est coauteur avec son oncle Joseph Kessel du Chant des partisans. En 1946 Maurice Druon se consacre temps plein à la littérature. Il supervise la série historique LES ROIS MAUDITS, reçoit le prix Goncourt pour Les Grandes Familles en 1948 et le prix Pierre de Monaco pour l’ensemble de son oeuvre.

Sur le plan politique, Maurice Druon devient ministre des Affaires culturelles sous la présidence de Georges Pompidou en 1973-1974 et député de Paris de 1978 à 1981. Dans toutes ses fonctions, il se signalera par un conservatisme qui le rendra aussi célèbre que ses fresques romanesques.

BONNE LECTURE
Claude Lambert

le vendredi 8 mai 2020