HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION

Commentaire sur le collectif dirigé par
JAMES CAMERON

*La science-fiction a toujours été à l’origine de profonds questionnements :
Qu’est-ce qu’un être humain ? Quel est le sens de notre existence ?… Sommes
nous appelés à périr ou à évoluer encore et encore…le genre n’a pas peur de
contempler les plus insondables abysses philosophiques. *
(Extrait : HISTOIRE
DE LA SCIENCE-FICTION, Collectif dirigé par James Cameron, Mana Books
éditeur, 2019, livre illustré, version papier, 225 pages).

ÉCRIVAINS :
Radall Frakes, Brooks Peck, Sidney Perkowitz, Matt Singer, Gary K. Wolfe et Liss Yaszeck

RÉALISATEURS ET CINÉASTES INTERWIEVÉS :
Guillermo Del Toro, George Lucas, Christopher Nolan, Arnold Schwarzeneger, Ridley Scott et Steven Spielberg, James Cameron

DIRECTION ET INTERVIEWS :
James Cameron

PRÉFACE : Randall Frakes     POSTFACE : Broocks Peck

Pour mettre en perspective l’histoire et l’évolution de la science-fiction, le réalisateur de TITANIC James Cameron conduit personnellement des entretiens avec Guillermo del Toro, George Lucas, Christopher Nolan, Arnold Schwarzenegger, Ridley Scott et Steven Spielberg sur leur vision du genre, sur son impact et son évolution. Ces cinéastes primés nous entraînent dans des discussions fascinantes autour des extraterrestres, des voyages temporels, des intelligences artificielles ou encore des épopées spatiales.

Divertir et pousser au questionnement
*Je pense que nous manquons de fictions
opposant foi et science. Pour moi, la foi
relève de la superstition, et la science
est le seul chemin vers la vérité *
(James Cameron, extrait)


James Cameron avec Guillermo Del Toro (Hell boy, le labyrinthe de Pan…)

C’est un beau livre, grand format, abondamment illustré, composé principalement de six entrevues qui racontent et imagent l’histoire de la science-fiction et tentent d’expliquer les frontières qui sont autant de zones grises entre la science-fiction et la science : *…le plus intéressant, lorsque l’on est dans cette industrie depuis si longtemps, c’est que l’on voit des choses qui relevaient de la science-fiction devenir de la vraie science. * (Arnold Schwarzenegger, interviewé par James Cameron)

Cinq de ces entrevues sont réalisées par James Cameron : Guillermo Del Toro, George Lucas, Christopher Nolan, Arnold Schwarzenegger et Ridley Scott. L’auteur-concepteur est lui-même interviewé par Randall Frakes. Une grande quantité de sous-thèmes sont développés comme l’éthique et les dérapages technologiques, le caractère précurseur de la science-fiction et les questions que la science-fiction suscite dévoilant ainsi un certain aspect philosophique du genre :

*Mais les questions existentielles font partie intégrante de la science-fiction. Qui sommes-nous? Pourquoi existons-nous? Qu’est-ce que la conscience ? Qu’est-ce que l’âme ? Qu’est-ce qui fait de nous des humains? * (Extrait : Guillermo Del Toro, interviewé par James Cameron) À tous ces questionnements, je pourrais ajouter celui-ci, car il est abordée par les six participants : Sommes-nous seuls dans l’univers ? 

Autre observation, importante je crois : les participants tentent d’établir la différence, voir la frontière entre la science-fiction, l’épouvante, le fantastique et l’horreur avec leurs sous-thèmes comme le gore ou le gothique. Avec un tel ouvrage, j’observe que, si le cinéma demeure un divertissement, il véhicule pourtant beaucoup de matière à réflexion.

Voilà ce qu’est cet ouvrage principalement, une bonne analyse du genre qui laisse le libre arbitre aux lecteurs-lectrices. Étant moi-même depuis toujours mordu de science-fiction et de fantastique, ce livre m’a rappelé de beaux souvenirs. Je l’ai dévoré. C’est un livre très bien développé, bien documenté, enrichi d’archives personnelles et des nombreux souvenirs des six intervenants.

L’ouvrage a certains irritants qui pourront être perçus différemment d’un lecteur à l’autre : toutes les entrevues comportent des passages d’auto-flatterie, quelques échanges dithyrambiques et un étalage de connaissances parfois poussées à outrance. Personnellement, ça m’énerve, mais j’ai pu surmonter ce détail car HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION m’est apparu comme un ouvrage hautement iconographique, attractif et dont la mise en page est d’une exceptionnelle qualité.

Les nombreux souvenirs que ce livre a fait remonter en moi me donnent le goût de replonger dans cet univers cinématographique en constante évolution. J’ai beaucoup apprécié enfin les nombreuses références à la rampe de lancement que constitue la littérature au cinéma. Un très bon livre qui enrichira je crois, votre bibliothèque.

Suggestion de lecture : HISTOIRES À LIRE AVANT LA FIN DU MONDE, collectif

James Cameron, diplômé en physique a réalisé entre autres, ALIENS LE RETOUR (1986), ABYSS (1989), TERMINATOR 2 LE JUGEMENT DERNIER (1994) TITANIC (1997, récompensé par 11 Oscars, dont celui du meilleur réalisateur et AVATAR. Notez qu’à ses débuts dans l’industrie cinématographique, Cameron était spécialiste des effets spéciaux. Il avait été engagé par un réputé producteur des années 1980, Roger Corman. Cette expérience exceptionnelle lui a été profitable et utile tout au long de sa carrière de réalisateur. Dans HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION, l’entrevue avec James Cameron a été réalisée par le scénariste Randall Frakes.


AVATAR de James Cameron. Coût de production, plus de 500 millions…un record historique.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 7 mai 2023

LE CID EN 4e B, la bande dessinée de VÉROPÉE

De nos jours, pas évident de lire Le Cid, de Corneille, quand on a treize ans ! Et pourtant, malgré les 382 ans qui les séparent, Chimène, Rodrigue et Don Diègue ne sont pas si éloignés de Naomy, Sarah-Lou, Brandon, Amine et de leurs acolytes ! Bienvenue dans le huis clos de la salle de classe de 4 e B. Entre frictions, moments de grâce, inepties et traits d’esprit, les élèves vont peu à peu apprivoiser la pièce et son langage suranné, à l’image de Lou qui s’exclame désormais « M’dame, quel outrage infâme, on m’a pris mon quatre couleurs ! »

 

DU FRANÇAIS TRÈS VIVANT

(Extrait : LE CID EN 4e B, par Véropée, scénariste et dessinatrice, La Boîte à bulles éditeurs, 100 pages, format numérique : 39,3 Mo. Publication : 14 mai 2019)

Pour comprendre cette adorable petite bande dessinée de Véropée, il faut connaître LE CID. Il s’agit bien sûr de la célèbre pièce de théâtre tragi-comique de Pierre Corneille crée en 1637. Dès le départ, cette pièce en cinq actes, en vers rimés deux à deux et en Alexandrins est devenue un classique immortel du théâtre et de la littérature. J’ai dû bien sûr faire un sérieux exercice de mémoire et faire un bond en arrière. En fait, j’ai dû refaire mes devoirs et relire cette œuvre patrimoniale. J’en propose ici le résumé rédigé par superprof.fr.

Don Diègue et le comte de Gomès ont décidé d’unir leurs enfants Rodrigue et Chimène qui s’aiment. Mais le comte, jaloux de se voir préférer le vieux don Diègue pour le poste de précepteur du prince, offense ce dernier en lui donnant un soufflet. Don Diègue, affaibli par l’âge et trop vieux pour se venger par lui-même, remet sa vengeance entre les mains de son fils Rodrigue qui, déchiré entre son amour et son devoir, finit par écouter la voix du sang et tue le père de Chimène en duel. Chimène essaie de renier son amour et le cache au roi, à qui elle demande la tête de Rodrigue.

Mais l’attaque du royaume par les Maures donne à Rodrigue l’occasion de prouver sa valeur et d’obtenir le pardon du roi. Plus que jamais amoureuse de Rodrigue devenu un héros national, Chimène reste sur sa position et obtient du roi un duel entre don Sanche qui l’aime aussi et Rodrigue. Elle promet d’épouser le vainqueur. Rodrigue victorieux reçoit du roi la main de Chimène : le mariage sera célébré dans un délai d’un an.

Au départ, je me suis demandé pourquoi avoir imposé un tel sujet à des jeunes de 4e. J’aurais préféré une piève introductive ou préparatoire à un manifeste linguistique aussi pointu dont la profondeur est difficile à saisir pour des jeunes de 12 ans. La prof m’a sensiblement donné raison d’ailleurs.

Dans le récit dessiné, les jeunes sont en perpétuel questionnement. Ils sont excités, bavards, curieux et surtout intrigués…car ils apprennent la notion de dilemme et connaissent maintenant l’origine du terme dilemme cornélien car dans LE CID, si Rodrigue obéit à son devoir, il doit tuer le père de sa promise en perdant son amour ; s’il refuse la vengeance au profit de l’amour, il manque à son devoir et portera toute sa vie la marque de la lâcheté.

C’est un choix très difficile car il oppose la raison aux sentiments. C’est un peu lourd pour des enfants de cet âge. Et puis LE CID est une pièce de théâtre. Il eût été probablement plus intéressant de la jouer que la lire même si la prof semble s’appuyer sur l’audio-visuel.

Mais j’ai aimé cette bande dessinée. Elle m’a rappelé des souvenirs bien sûr. Mais j’ai aussi apprécié l’aplomb des enfants, leur spontanéité, leur personnalité attachante, leurs incessants questionnements et l’infinie patience de la prof qu’on ne voit jamais.

Le dernier quart du livre propose de larges extraits du CID…longs et ennuyeux, mais Ça m’a fait réaliser la qualité de la vulgarisation et de l’approche pédagogique dans la bande dessinée de Véropée.

Les enfants ont été dirigés dans cette expérience de raisonnement et de compréhension avec un magnifique savoir-faire d’autant qu’ils ont rejoint sans le savoir l’opinion de la haute-Société de l’époque de Corneille qui avait plus ou moins bien accueilli LE CID à sa sortie. Pour les enfants, la question se pose : comment une tragédie peut être comique et finalement, comme à l’époque les jeunes ont été un peu choqués par la finale.

C’est une petite BD très sympathique et rafraîchissante. On ne peut faire autrement que d’en rire. Je pense entre autres au fait que les jeunes de quatrième étant à l’âge du réveil hormonal ont parfois des petites remarques à caractère sexuel. C’est drôle et dénote, de la part de l’auteure une juste connaissance des jeunes. Prenez une petite heure pour lire cette BD. Je crois que vous serez charmés.

Suggestion de lecture : LES CHRONIQUES D’UNE MÈRE INDIGNE, de Caroline Allard

Véropée fait partie de ces auteurs fantômes qui ne publie pas de photos sur internet. Ça m’a toujours irrité mais heureusement ça n’enlève rien au talent de cette femme à la fois auteure et scénariste.

 

Après des études d’arts plastiques puis de lettres, Véronique devient prof de français en 2005. Enseignante le plus souvent en REP en banlieue parisienne, elle est mutée à Tours en 2013. Elle renoue, avec le dessin et crée un blog dessiné, Raoul en Milieu Naturel, et est repérée par une maison d’édition. L’album sort en 2017. Inspirée par les mots farfelus de ses élèves et l’envie de partager, elle se lance dans la réalisation d’une nouvelle Bande dessinée : Le Cid en 4eB.

BONNE LECTURE

Claude Lambert
le dimanche février 2022