LA MORT HEUREUSE, livre de HANS KÜNG

*Pour moi, refuser de prolonger indéfiniment ma vie temporelle
fait partie de l’art de vivre et de ma foi dans une vie éternelle.
Quand le temps sera venu, j’aurai le droit, pour autant que j’en
serai capable, de décider, en prenant personnellement mes
responsabilités, du moment et de la manière de mourir.

Si cela
m’est accordé, je serais content de mourir en pleine conscience
et de me séparer dignement des gens qui me sont chers.*
(Extrait : LA MORT HEUREUSE, Hans Küng, Éditions du Seuil, 2015,
Édition de papier, 135 pages)

LA MORT HEUREUSE est un plaidoyer éthique et philosophique en faveur d’une mort assistée digne et humaine. Le célèbre théologien réformiste Hans Küng revendique ce droit particulièrement au nom de sa foi dans une vie éternelle car il est clair pour lui qu’il n’y a aucun antagonisme entre la foi et le droit pour un être humain le moment venu, de décider quand et comment il va mourir alors qu’il doit lutter contre la maladie dégénérative et sans retour, et ce dans d’intolérables souffrances physiques et psychologiques. L’auteur développe une réflexion intense, libre et ouverte.

DON DE DIEU, DEVOIR DE L’HOMME
*De  la dignité de l’homme procède le droit
à se déterminer lui-même pour sa vie,
toute sa vie, même pour l’ultime étape,
celle du mourir.*
(Extrait : LA MORT HEUREUSE)

Ce livre développe un sujet extrêmement délicat. En effet, la mort assistée est un principe de fin de vie qui fait l’objet de profonds désaccords et malentendus de société sur les plans éthique, juridique, politique, médical, religieux et social. On sait que Hans Küng est un théologien catholique réformiste, voire rebelle aux positions ultra-conservatrices de l’église dont celle sur la mort assistée.

Une croyance pratiquement universelle veut que la vie soit un don de Dieu et qu’y mettre fin prématurément constituerait un déni de Dieu et dans ces conditions, l’âme ne peut être sauvée. Dans LA MORT HEUREUSE, l’argumentaire de Kung est complètement à contre-courant de cette croyance, au point de se lancer dans une apologie de la mort assistée dans un cadre moral, humain et éthique bien précis…

*Actuellement, nombre de théologiens sont d’avis que l’homme doit tenir jusqu’à *la fin prévue* pour lui et qu’il n’a pas le droit de remettre sa vie *avant l’heure*…Le Dieu créateur bon a-t-il vraiment *prévu* une réduction de la vie humaine à une vie purement biologique et végétative, avec de l’incontinence, des cathéters, une sonde stomacale et des plaies qui produisent des ulcères.

Beaucoup se demandent aujourd’hui pourquoi le fait de remettre librement, de façon responsable, une vie définitivement détruite, avec des souffrances insupportables, *avant l’heure* devrait faire l’objet d’interminables débats. La mort n’est absolument pas toujours l’ennemi de l’homme.*

Tout l’argumentaire du livre tourne autour de cette affirmation. Et pour alimenter la réflexion, Küng aborde cette peur profonde et atavique qui afflige tous les humains, au-delà de la peur de la mort : la peur de la non-existence, du non être…*De même que l’homme et le monde ne surgissent pas du néant, de même ils ne retombent pas dans le néant.

Le mourir et la mort ne sont que des étapes et un nouvel avenir vient à leur suite…Là où l’homme atteint l’ultime de sa vie, ce n’est pas le Néant qui l’attend mais…Dieu et auprès duquel les morts sont entre bonnes mains…* Donc s’est précisément parce que Hans Küng est profondément croyant qu’il plaide pour une mort assistée, encadrée, digne et humaine. Il n’est évidemment pas compris par tout le monde.

J’ai apprécié ce livre mais comprenons-nous bien. La question n’est pas de savoir ici si je suis d’accord ou non avec l’auteur. Je n’ai pas lu ce livre comme on lit un éditorial. Mais j’ai trouvé l’argumentaire de Küng sérieux et crédible.

Ce livre m’a permis d’affuter et d’enrichir mon opinion, de découvrir une nouvelle façon de voir les choses, de mettre de l’ordre dans mes idées et de préciser ma pensée sur un sujet qui est, et qui sera toujours complexe. Je dois dire aussi que Küng m’a surpris par son interprétation de la foi que je croyais jusqu’alors en parfaite contradiction avec l’euthanasie et pour son audace à faire face à ce que j’ai toujours appelé l’étroitesse d’esprit des officiers de l’Église.

Il y aura je pense autant d’interprétations de ce livre que de lecteurs, son sujet touchant la conscience de chacun puisqu’il met en perspective l’enjeu du rapport de l’homme avec la mort. Moi je considère ce livre comme un plaidoyer éthique sérieux.

Je n’ai pas senti que l’auteur voulait me *vendre* une idée comme ce fut le cas de plusieurs livres que j’ai lu sur les expériences de mort imminente par exemple. On peut sentir la conviction de l’auteur sans la partager complètement. La liberté est au lecteur qui se voit offrir ici un fort intéressant outil de réflexion.

Hans Küng est un théologien catholique et écrivain né en Suisse en 1928. Après des études en théologie à Rome, il est ordonné prêtre en 1954. Il exerça la prêtrise tout en continuant ses études dans diverses universités européennes, puis il devint professeur de théologie à l’Université de Tübingen en république fédérale d’Allemagne où il fit la connaissance de Joseph Ratzinger, alors futur pape Benoît XVI.

À partir des années 1970, il publie de nombreux ouvrages en poursuivant son enseignement  puis un conflit l’oppose à Rome, plus particulièrement à la Congrégation pour la doctrine de la Foi.

Il cesse d’enseigner en 1996. Atteint de la maladie de Parkinson, il se dévoue depuis 1993 à la fondation POUR UNE ÉTHIQUE PLANÉTAIRE qui veut développer la coopération entre les religions. Cet engagement lui a valu le PRIX NIWANO de la paix en 2005.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 22 avril 2018

L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL

Commentaire sur le livre de
Michel Leboeuf

*Non, non, lecteurs de premières pages en librairie,
ne me quittez pas! Ne refermez pas le bouquin si
vite. Lisez la dernière page tant qu’à faire. Vous
allez voir, la fin est pas mal du tout. Vous arriverez
peut-être même à vous réconcilier avec moi, le
personnage principal.*
(Extrait : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL,
Michel Leboeuf, Éditions Michel Quintin, num. 480 pages)

C’est le récit de Philippe Morel, 53 ans, un professionnel des relations publiques. Morel a une particularité extrêmement rare : il n’a pas de nombril. Évidemment ce signe particulièrement distinctif a marqué sa vie. Cette vie tourmentée, Morel nous la raconte : une vie de moqueries et de mépris de la part de son entourage. Il passe en revue toutes les étapes de son destin, y compris les épisodes où il fait l’objet de D’expériences scientifiques. Mais le récit déborde de la science. C’est l’histoire d’un homme qui n’a pas été uni à sa mère par un cordon ombilical et qui ne connaîtra rien de moins qu’une véritable descente aux enfers.

LE DRAME DE L’HOMME-OPOSSUM
*Dans mon berceau, me voilà saisi d’une sorte
de pressentiment…la voix douce me camoufle
la vérité, elle l’enrobe de rose bonbon…
J’ai peur, j’ai la certitude que ce qui vient ne
sera ni rose ni bonbon. Après ça, on
s’étonnera du fait que je veuille vivre tout
seul, en parfaite autarcie, le plus loin
possible des hommes.
(Extrait : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL)

Ce livre raconte l’histoire très particulière de Philippe Morel, né sans nombril, comme un opossum. Pour apprécier ce livre, il y faut bien comprendre la situation très singulière de Morel. Il est né sans nombril comme si dès le départ, la nature l’avait débranché de sa mère.

Comme cette nouvelle va faire le tour du monde, le phénomène étant assez rare, on peut penser qu’étant trop différent des autres, Morel devienne comme débranché de la société avec des rapports humains réduits au minimum.

Quant à savoir ce qui se passe dans sa tête, je vous laisse lire le livre pour le savoir, mais je peux vous mettre sur le sentier en vous dévoilant que Philippe Morel adore tuer des mouches en les brulant avec une loupe. Ça vous donne une petite idée…je dis bien petite.

Si vous arrivez à bien saisir la psychologie du personnage, sa tare plutôt embarrassante, et ses motivations, il vous faudra accepter maintenant la deuxième condition. 2) s’armer de patience. Le roman est très intéressant et tranche un peu par son originalité mais il traîne en longueur.

C’est très long avant de pouvoir s’accrocher à l’histoire ou aux personnages qui ne sont pas particulièrement attachants. C’est long d’autant que le récit est narré à la première personne par Morel qui n’a pas toujours des choses intéressantes à raconter. Pour toutes ces raisons, je préfère utiliser le terme DRAME qui convient mieux que THRILLER.

Là où le roman devient intéressant, à partir du moment où il prend son rythme, après au moins une bonne centaine de pages, c’est quand on commence à comprendre les motivations de Morel. Ça m’a poussé à me demander qu’est-ce que je ferais à sa place et c’est là que le roman devient un peu dérangeant. Morel devient un peu bizarre, violent et la finale, sans être spectaculaire, est intéressante, voire surprenante jusqu’à un certain point.

Même si ce livre est parfois long à en être pénible, je pense surtout à la première moitié, l’histoire a quelque chose de particulier, elle a un caractère étrange. La plume de Michel Leboeuf est tout aussi étrange nous entraînant dans les méandres d’un esprit confus.

L’homme dont on a discuté du cas dans les plus grandes facultés de médecine et qui servira de cobaye pour des expériences bizarres sera dorénavant appelé l’homme-opossum et tentera le plus possible de retourner à l’anonymat. Ce ne sera pas simple et c’est là qu’est le point fort du roman : la relation devenant graduellement et irrémédiablement tordue entre Philippe Morel et son environnement.

Malgré ses faiblesses, l’histoire est intéressante et appelle une suite de deux autres tomes : Le tome 2 : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL Alter Ego et le tome 3 : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL Alma Mater.

Michel Leboeuf est un écrivain, scientifique, naturaliste et communicateur québécois né à Trois-Rivières en 1962. Après avoir œuvré pendant plusieurs années en écologie forestière, il consacre maintenant tout son temps dans le secteur des médias et de l’édition.

Il est rédacteur en chef du magazine NATURE SAUVAGE et auteur de 14 livres documentaires sur la flore et la faune, d’essais et d’œuvres de fiction. Il a été deux fois lauréat du prix HUBERT-REEVES qui récompense l’excellence littéraire dans le domaine de la vulgarisation scientifique en français au Canada.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 11 février 2018

FÂCHÉ NOIR, le livre de Stéphane Dompierre

MIEUX VAUT EN RIRE

*…J’aime imaginer qu’un lecteur
puisse pogner les nerfs,
mais je n’ai pas envie de lire
ses insultes…*
(extrait de AVANT QUE JE ME FÂCHE,
avant-propos de FÂCHÉ NOIR,
Stéphane Dompierre,
Éditions Québec Amérique, 2013)

Le québécois Stéphane Dompierre a réuni 52 de ses meilleures chroniques mises en ligne sur le portail YAHOO. Ce recueil de chroniques d’humeur s’intitule FÂCHÉ NOIR comme sur YAHOO. Dans ces chroniques, Stéphane Dompierre met en perspective nos petits travers bien humains ainsi que des situations quotidiennes qui ont le don de *taper sur les nerfs*.  Il passe en revue les irritants quotidiens, des tendances souvent absurdes et livre le tout de façon parfois (et souvent même) mordante.

Dans ce livre, le chroniqueur québécois Stéphane Dompierre nous livre ses meilleures chroniques FÂCHÉ NOIR mises en ligne sur le portail de Yahoo et dans lesquelles se conjuguent humour, ironie et sarcasme. L’auteur y passe en revue nos manies, penchants, travers, habitudes et autres tendances qui, sans qu’on le réalise, ont le don d’énerver les autres.

C’est un livre qui fait diversion de nos tracas quotidiens. Il m’a arraché beaucoup de rires et j’ai eu beaucoup de plaisirs à lire ses commentaires mordants et irrévérencieux sur toutes sortes de petites plaies qui sont souvent la signature de notre personnalité…ou qui ont le don de mettre en rogne.

Par exemple, Dompierre se *fâche noir* contre les photos de vacance, les guichets automatiques, les erreurs de jugement, les heures d’ouverture, les tatouages, les voisins et peut-être le meilleur chapitre du livre : un commentaire cinglant et fort réaliste sur les manuels d’instruction.

J’ai trouvé ce livre à la fois délicieux et mordant. Pour apprécier ce livre, il ne faut pas avoir peur du ridicule et accepter de se livrer de bonne grâce à un exercice loin d’être malsain : rire de soi un bon coup. Il ne faut pas oublier non plus que ce sont des chroniques d’humeur en ce sens que Dompierre sonde le cœur des irritants quotidiens, l’amplifie, le caricature et nous oblige carrément à en rire.

Je vous recommande ce livre. Il se lit vite et bien. Les chapitres sont très courts et sautent du *coq à l’âne*. L’auteur fait preuve de beaucoup d’imagination et j’ai apprécié  cette petite touche d’exagération qui caractérise chaque sujet et qui vient nous rappeler que nous ne sommes rien d’autres que des humains…alors vaut mieux en rire.

Peut-être un jour l’auteur deviendra-t-il fâché noir contre…lui-même…

Divertissant…incontournable.

Je vous invite également à lire le commentaire de mllambert sur ce livre

Suggestion de lecture : LE LIVREUR, de Marie-Sophie Kesteman

Stéphane Dompierre est né à Montréal en 1970. Son premier roman UN PETIT PAS POUR L’HOMME a eu un succès éclair et lui a valu le Grand-Prix de la Relève Littéraire Archambault en 2004. Dompierre a d’abord fait des études en musique mais il s’est tourné rapidement du côté de l’écriture. Il est aussi scénariste pour la télévision et le cinéma et chroniqueur pour Yahoo et ELLE QUÉBEC en plus d’être porte-parole de la journée mondiale du livre et du droit d’auteur avec Chrystine Brouillet.

BIBLIOGRAPHIE :

-Fâché noir, 2013, Québec Amérique
-Corax, 2012, VLB éditeur
-Stigmates et BBQ, 2011, Québec Amérique
-Gloire et crachats, Jeunauteur- tome 2  avec Pascal Girard 2010, Québec Amérique
-Morlante, 2009, Coups de tête
-Souffrir pour écrire, jeunauteur tome 1 avec Pascal Girard, 2008, Québec Amérique
-Mal élevé, 2007, Québec Amérique
-Un petit pas pour l’homme, 2004, Québec Amérique

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
6 novembre 2016

BEAUX MECS ET SACS D’EMBROUILLES, de Meg Cabot

*Je me demandais si tu avais un peu de temps
aujourd’hui…Est-ce que tu pourrais passer chez
moi pour me donner un coup de main?
TRADUCTION : peux-tu venir chez moi pendant
que mes parents ne sont pas là, histoire qu’on
-s’amuse un peu tous les deux?
(extrait de BEAUX MECS ET SAC D’EMBROUILLES de
Meg Cabot, t.f. Hachette 2008, 185 pages éd. Num. )

 BEAUX MECS ET SAC D‘EMBROUILLES est le récit de Kathie Ellison, une ado jolie et  talentueuse qui vit à Eastport, une petite ville dont les citoyens vouent un culte à leur équipe de football collégiale et où les joueurs sont considérés comme de jeunes dieux. Katie courre deux lièvres en même temps. Trois si on tient compte de l’arrivée dans le décor de l’énigmatique Tommy Sullivan. Pour couvrir sa vie sentimentale compliquée, Kathie ne compte plus les mensonges mais elle sent très vite un piège se refermer sur elle. Qu’arrivera-t-il lorsque la vérité triomphera? La vérité sur ses motivations et sur Sullivan ? un joli sac d’embrouilles en perspective…

Histoire de fille pour filles

*Je n’étais pas la seule menteuse à Eastport,
mais j’étais la plus grosse,
la plus grosse de toute l’histoire de la ville,
assurément.*
(extrait de BEAUX MECS ET SAC D’EMBROUILLES)

C’est une histoire quand même assez banale comme il en arrive à des millions d’ados, mais je l’ai trouvée sympathique et divertissante. Il y a les personnages qui sont très attachants mais toute la dynamique du récit repose sur l’imagination de Kathie et ça m’a accroché.

Kathie est une belle jeune fille qui a de très belles qualités mais ce qui lui complique la vie et crée des situations tantôt cocasses tantôt dramatiques est résumé dans une superbe petite phrase que j’ai notée en cours de lecture et je cite… *OK, je suis une menteuse, doublée d’une mangeuse de garçons (combinaison plutôt mortelle je vous l’accorde), mais je ne suis pas débile.*

Donc, Kathie est la reine des menteuses et cette tendance aux mensonges crée des imbroglios qui justifient amplement le titre du volume et qui rappellent un peu les comédies d’erreur au théâtre et au cinéma.

Donc le défi du lecteur est de démêler les mensonges de Kathie et de voir où ça la mène en attendant un happy end qui ne manquera pas d’originalité.

Ce livre n’est pas la trouvaille du siècle mais il est rafraîchissant, très proche des ados et il soulève des questions qui sont débattues depuis que le monde est monde : qu’est-ce que l’amour? (une concurrente au concours annuel de MISS CLAMS en donne une définition très intéressante dans le récit), est-ce que toute vérité est bonne à dire? Doit-on absolument dire la vérité même si on sait qu’elle fera mal? Peut-on se limiter à des demi-vérités?

Ce livre n’a rien d’un exercice philosophique mais des questions intéressantes sont quand même soulevées…des questions qui sont d’une actualité brûlante dans la vie de n’importe quel adolescent. Alors pour une petite détente, je vous recommande *BEAUX MECS ET SACS D’EMBROUILLES*. Son écriture est simple, vivante, pleine de rebondissements (pas tous prévisibles) et la lecture complète ne prend que quelques heures.

Suggestion de lecture : DARWIN ET L’ÉVOLUTION EXPLIQUÉS À NOS PETITS-ENFANTS, de Pascal Pick

NOTE : malheureusement, le site officiel de Meg Cabot n’est disponible qu’en anglais (www.megcabot.com) mais je vous invite à visiter  www.MEG-CABOT.SKYROCK.com  pour en savoir plus sur l’auteure et son impressionnante bibliographie.

Meggin Patricia Cabot est une auteure américaine de romans pour adolescents et adultes. Elle est née en 1967 à Bloomington indiana où elle a fait des études d’art et exercé différents métiers avant de se consacrer à plein temps à l’écriture  avec, comme premier roman WHERE ROSES GROW WILD publié en 1998 sous le pseudonyme de Patricia Cabot. Elle a écrit plus de quarante romans dont plusieurs sont devenus des best-sellers traduits dans 37 pays et vendus à plus de 5 millions d’exemplaire. LE ROMAN D’UNE PRINCESSE a déjà été adapté à l’écran par les studios Disney.

BONNE LECTURE
JAILU
AVRIL 2015

 

ALLONS Z’ENFANTS, le livre d’YVES GIBEAU

*Mais Simon ne revint pas s’assoir à la table.
Réfugié dans sa chambre, et déshabillé,
couché maintenant, il méditait sa rancœur,
accumulait les projets de fuite, de suicide
même, soudain prêt à toutes les tentatives.*
(extrait de ALLONS Z’ENFANTS de Yves Gibeau,
Calman-Lévy, 1952, 357 pages, éd. Num.)

ALLON Z’ENFANTS est l’histoire de Simon Chalumot, 12 ans, que son père, un vétéran de la première guerre mondiale  à l’esprit peu ouvert envoie dans une école militaire pour devenir soldat au service de la patrie. Simon découvrira très vite la discipline brutale des sergents de l’école et la rigidité militaire qui sont  incompatibles avec sa nature. Il deviendra vite rebelle et insoumis et connaîtra les tentatives d’évasion et même de suicide. Cette vie insoutenable durera 10 années pendant lesquelles la bêtise et l’étroitesse  tenteront de *casser* le caractère de l’enfant dont le seul rêve en est un d’espoir et de liberté.

La descente aux enfers de Simon Chalumot

*…et l’élève Chalumot ne mérite aucune clémence,
aucun passe-droit. C’est l’exemple même de la
désobéissance, de l’anarchie, de la rébellion. Je
regrette, cher monsieur, d’avoir à vous dire de
telles vérités…*
(extrait de ALLONS Z’ENFANTS)

ALLONS Z’ENFANTS est l’histoire d’un ado français : Simon Chalumot envoyé de force dans les écoles militaires par son père, ajutant à la retraite…un père raté, incapable, étroit d’esprit et qui ne jure que par la discipline militaire…l’histoire d’une bonne nature d’enfant bousculée, insultée, brutalisée, maladroitement manipulée et considérée valable pour les poubelles de l’armée.

Ce qui m’a le plus frappé dans ce livre, c’est son caractère antimilitariste. En effet, ce n’est pas un livre qui pousse le lecteur à faire copain-copain avec l’armée et les traditions militaires. Gibeau y dénonce la vanité, la domination, la recherche du pouvoir, l’abus de pouvoir et une mentalité complètement déconnectée de la psychologie humaine en général et de celle des enfants en particulier. Les exemples sont nombreux…j’en citerai deux :

*Les militaires de carrière, Chalumot, ce sont tous des feignants, des nuisibles. Tu te vantes de ta retraite, du pognon que t’encaisse  tous les trimestres. À qui il appartient ce pognon Chalumot?…je m’esquinte pour toi tous les jours…pour toi et tes semblables…et Dieu sait s’il y en a de ces propres à rien.

C’est moi encore qui entretiens ton fils, qui lui permets de faire le clown à l’école, avec des zigotos de ton espèce…ton fils, t’es en train de le tuer à petit feu…tu n’es pas son père Chalumot. Pour lui t’es un adjudant, rien qu’un adjudant…*

L’auteur n’est vraiment pas tendre pour les militaires comme le montre cet extrait d’un dialogue entre Simon et un ami de son parrain…

*…Beau métier d’feignant qu’on t’fait faire là. À quoi qu’vous êtes utiles vous autres? J’l’ai dit à ton sacré père, les militaires, c’est la dégoûtation de la France. T’entends?…*

C’est un livre dur, sans compromis…une charge extrêmement critique voire virulente contre l’hypocrisie militaire et la stupidité. Son écriture puissante et caractérielle a provoqué chez moi une forte émotion. Si Simon rencontre dans son histoire quelques rares personnes correctes auxquelles il peut s’identifier, je n’ai pas vraiment senti une recherche d’équilibre de la part de l’auteur.

C’est un jugement sans appel sur la mentalité d’une époque où les enfants et les ados étaient les derniers à être consultés sur leur avenir par leurs parents et plus particulièrement par nombre de pères bornés et bouchés dont l’unique désir reposait sur cette phrase impérative : *marche sur mes pas ou crève.

La finale du livre est particulièrement éprouvante et choquante. Comment ne pas aimer Simon et être troublé par sa souffrance qui résulte de la bêtise et de l’égocentrisme. C’est un bon livre qui garde captif mais il est dur et très direct. J’espère que les choses ont changé. Je sais que les enfants et les ados d’aujourd’hui sont plus entendus, mais sont-ils écoutés?

Suggestion de lecture : ADOPTE-MOI, de Sinead Moriarty

Yves Gibeau (1916-1994) est un écrivain français. Fils de militaire, Yves fût lui-même mobilisé en 1939, prisonnier de guerre en 1940, rapatrié d’Allemagne et démobilisé en 1941. Vivra par la suite de différents boulots : journaliste et même chansonnier. Ses écrits sont de nature hautement pacifiste et évoquent une haine irréversible du militarisme. ALLONS Z’ENFANTS est son livre le plus lu et sûrement le plus caustique sur les milieux militaires qu’il considère comme inutilement bêtes et brutaux.

En complément j’attire votre attention sur l’adaptation cinématographique de ALLONS Z’ENFANTS scénarisée par Yves Boisset et Jacques Kirsner et sorti en France en 1981. Yves Boisset en est le réalisateur.

Dans la distribution, on retrouve Lucas Belvaux dans le rôle de Simon Chalumot et Jean Carmet dans le rôle de l’adjudant Chalumot, le Père de Simon. Le film est surtout axé sur la carrière militaire obligatoire de Simon. Une fois démobilisé, il consacre sa vie à sa passion : la littérature et le cinéma mais il sera vite rattrapé par la deuxième guerre mondiale qui le retourne à l’armée sans qu’il ait le choix encore une fois.

BONNE LECTURE
JAILU
FÉVRIER 2015

INTERNET REND-IL BÊTE ? De NICHOLAS CARR

*Le contenu d’un média a moins d’importance que
le média lui-même pour son influence sur notre
façon de penser et d’agir.*
(Marshal McLuhan extrait de POUR COMPRENDRE LES
MÉDIAS : LES PROLONGEMENTS TECHNOLOGIQUES DE
L’HOMME, cité dans INTERNET REND-IL BÊTE de Nicholas
Carr,   éd. Robert Laffont, t.f. 2011, éd. Num. 280 pages)

INTERNET REND-IL BÊTE est un essai dans lequel Nicholas Carr, critique et spécialiste des nouvelles technologies dévoile les effets collatéraux d’internet sur le cerveau, la pensée, l’intelligence et la vigueur intellectuelle. Carr décrit en détail la fragmentation provoquée par l’avènement et la progression extrêmement rapide de l’ère numérique. Suite à ses constats sur l’emprise d’Internet et des réseaux sociaux , il pose une question cruciale : qu’est devenue notre façon de penser, de lire et d’écrire? Il y a un prix à payer pour l’engouement de la société à Internet et aux nouvelles technologies car l’incidence d’Internet sur l’intelligence humaine est évidente.

*…Il s’est avéré que quand les gens font des
recherches sur le Net, le schéma de leur
activité cérébrale est très différent de
celui qu’ils ont quand ils lisent du texte
semblable à ceux des livres…*
(extrait de INTERNET REND-IL BÊTE)

C’est un ouvrage costaud et rigoureux dans lequel Nicholas Carr développe un long argumentaire visant à démontrer les effets collatéraux d’internet sur notre intelligence et notre raisonnement. L’auteur se base sur des études et des expériences scientifiques sérieuses pour expliquer les répercussions neurologiques de la surutilisation d’Internet et ce, même si, comme Carr le dit lui-même : *L’évolution nous a donné un cerveau capable littéralement de changer d’esprit à tout bout de champ.*

Carr entre dans les moindres détails du fonctionnement des cellules cérébrales, de leur chimie et de leurs interactions pour démontrer la *plasticité du cerveau* et le fonctionnement de la programmation mémorielle. Le raisonnement qui s’ensuit tend à démontrer que les énormes possibilités du Net font de nous des penseurs plus superficiels.

L’auteur vise entre autres les hyperliens, ces fameux liens sur lesquels on clique et qui nous amène vers d’autres liens qui nous amènent encore vers d’autres liens et ça n’a plus de fins. Pour Carr, cette façon de lire (qui n’a aucune espèce de profondeur, contrairement à la lecture linéaire, soit celle d’un bon vieux livre) éparpille totalement notre attention et même notre discernement.

Ce n’est qu’un exemple pour amener le lecteur à comprendre les changements que provoque Internet dans notre façon de lire d’écrire et de penser. La fréquente utilisation d’Internet est d’autant affaiblissante que notre dépendance à cette ressource inépuisable qu’est le web est grandissante et frôle l’irréversibilité.

C’est un livre très crédible malgré certains irritants : le titre d’abord, pompeux et inapproprié par rapport au contenu. Je ne crois pas que je sois devenu bête et je suis toujours capable de m’adonner à une lecture linéaire, de dévorer un bon livre fait de papier et de le lire en profondeur.

Les chapitres sont très longs et la profondeur du sujet traité rend l’ensemble parfois difficile à suivre d’autant que le ton est un peu doctoral. Mais il demeure que ce livre est porteur d’une profonde réflexion concernant les effets d’Internet sur notre physiologie et notre esprit, notre humanité. À ce sujet, Carr cite le célèbre informaticien Joseph Weizeanbaum :

*Le grand danger qui nous menace quand nous devenons plus intimes avec notre ordinateur…c’est de commencer à perdre notre humanité, à sacrifier les qualités mêmes qui nous distinguent des machines. La seule façon de l’éviter, c’est d’avoir la lucidité et le courage de refuser de déléguer à l’ordinateur les plus humaines de nos activités mentales…*

Le raisonnement de Nicholas Carr va dans plusieurs directions, mais pour moi, il y a convergence vers l’inévitable conclusion que la surutilisation du WEB amène à la paresse intellectuelle et touche de façon importante notre psychologie cognitive.  Enfin, est-ce que le livre est alarmiste?  Je dirai simplement qu’il est empreint d’un alarmisme sain.

Suggestion de lecture : SANS UN MOT, de Harlan Coben

Nicholas Carr est un auteur américain,  journaliste,  chroniqueur, éditeur et critique très actif, parfois virulent des nouvelles technologies. Il s’est rendu  célèbre avec THE SHADOWS : INTERNET IS DOING TO OUR BRAINS, nominé pour le PULIZER américain. Il y décrit les effets neurologiques d’Internet sur le cerveau. On lui doit aussi BIG SWITCH : REWIRING THE WORLD, FROM EDISON TO GOOGLE traduit en 20 langues. Il a aussi créé un blog mais il est en anglais. On peut le consulter au www.roughtype.com

BONNE LECTURE
JAILU
FÉVRIER 2015

LE POURQUOI DU COMMENT, Daniel Lacotte

*…l’ambition de ce modeste ouvrage se résume
en une inextinguible foi dans les vertus du savoir
et de la raison. Les deux seules notions
élémentaires qui peuvent encore sauver
l’humanité.*
(extrait de LE POURQUOI DU COMMENT, Daniel
Lacotte, Albin Michel 2004, num. 228 et 235 pages)

LE POURQUOI DU COMMENT est un essai en 3 tomes. La série est présentée sous forme de questions/réponses et développe de façon originale et parfois humoristique différents aspects de la connaissance. La pertinence des questions varie selon les énoncés et le lectorat mais couvre les multiples facettes de la connaissance spécialement dans le domaine de la vie quotidienne, les sciences, l’espace et les animaux. Chaque tome est attractif : brève question qui attise la curiosité, réponse en quelques pages, chapitres courts, concis. Brève introduction et index thématique complet viennent compléter l’ensemble.

Juste pour savoir…

*Après le pain, l’éducation est le
premier besoin du peuple.*
(le 13 août 1793, Georges Danton (1759-1794)
réclame à la tribune de la convention une
instruction publique gratuite et obligatoire.
Cité dans LE POURQUOI DU COMMENT 1

Dans LE POURQUOI DU COMMENT, Daniel Lacotte répond à des questions qu’on s’est posées tôt ou tard sur plusieurs sujets qui peuvent sembler banals. Ces questions ont piqué notre curiosité à un moment quelconque de notre existence. Bien sûr l’absence de réponses ne nous a pas empêché de vivre. Mais j’ai trouvé extrêmement agréable d’avoir des réponses à une quantité de questions que je me suis posées dans ma vie…des questions qui peuvent paraître insignifiantes, mais pour l’auteur, il n’y a pas de questions insignifiantes ou naïves. Toutes questions méritent réponse.

Par exemple, je sais maintenant pourquoi l’Oncle Sam personnifie les États-Unis, d’où vient le signe du dollar,  pourquoi le ciel est bleu et pourquoi la mer est bleue? Pourquoi le bâillement est-il contagieux? D’où vient l’expression OK…je sais aussi maintenant pourquoi le sang est rouge, pourquoi on rêve, d’où vient le personnage de Dracula, pourquoi un chat noir apporte le malheur et j’en passe…

Voici donc un livre simple, bien ventilé, très bien documenté qui vient apporter un éclairage inusité sur de multiples facettes de la connaissance dans les domaines de la vie sociale, de l’univers, de la culture et des animaux. Ajoutez à cela une bonne touche d’humour qui vient alléger et rafraîchir l’ensemble de l’œuvre.

En fait, Daniel Lacotte vient nous dire qu’il n’y a pas de question *niaiseuses* ou naïves. En général, ceux qui utilisent ces qualificatifs n’ont aucune réponse à donner. LE POURQUOI DU COMMENT a été écrit pour le simple plaisir d’apprendre, apporter aux parents par exemple, mais aussi aux enseignants, un outil d’enrichissement des connaissances pour les enfants et les ados. Bref ces tomes ont été écrits pour le plaisir et j’ai eu plaisir à les lire. Je ne me suis pas ennuyé.

Suggestion de lecture : DARWIN ET L’ÉVOLUTION EXPLIQUÉS À NOS PETITS-ENFANTS de Pascal Pick

Daniel Lacotte est un écrivain français né à Cherbourg en 1951. Malgré sa formation d’ingénieur et de physicien, Lacotte est fortement attiré par le journalisme. En 1983, Il rejoint même le Centre de formation des journalistes de Paris dont il deviendra directeur pédagogique jusqu’en 1987. Par la suite, il sera rédacteur en chef dans différents journaux français, et s’adonnera à l’écriture.

Daniel Lacotte a écrit de nombreux poèmes. Plusieurs de ses recueils mettent en perspective la sensibilité de l’auteur et un évident sens de l’humour, entre autres, LES PLUS BEAUX POÈMES POUR ENFANTS (1982) et LES POÈTES ET LE RIRE (1998). Lacotte a publié une trentaine d’ouvrages dont des biographies et des romans historiques et bien sûr la série LE POURQUOI DU COMMENT qui a eu un succès plutôt flatteur…

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JANVIER 2015

BARTLEBY LE SCRIBE, livre de HERMAN MELVILLE

*Ce que j’avais vu ce matin-là me persuada que
le scribe était victime d’un désordre inné, incurable.
Je pouvais faire l’aumône à son corps, mais son
corps ne le faisait point souffrir; c’était son âme qui
souffrait, et son âme, je ne pouvais l’atteindre.*
(extrait de BARTLEBY LE SCRIBE de Herman Melville,
1853, rééd. Gallimard 1996, 90 pages, éd. Num.)

Ayant besoin d’une aide supplémentaire dans ses activités professionnelles, un homme de loi de Wall street New York publie une annonce et finit par engager un nommé Bartleby comme scribe, c’est-à-dire employé aux écritures. Bartleby, homme solitaire et introverti est, au départ, travailleur et volontaire, mais graduellement, il refuse de travailler et répond simplement à tous les ordres que lui donne son employeur *je préfèrerais pas*. Il devient de plus en plus apathique, passif, indolent Le notaire décide donc de renvoyer Bartleby mais a énormément de difficultés à s’en défaire. Il déploie de grands moyens pour ne plus le voir mais rien à faire, Bartleby semble indécollable.

Je préfèrerais pas…
(expression fétiche de Bartleby,
ex. Bartleby le scribe)

BARTLEBY LE SCRIBE est un opuscule étonnant, un petit livre très bref mais qui en dit tellement long. Melville nous plonge dès le départ dans l’atmosphère surannée d’une étude légale de New York où évoluent des personnages étranges : le notaire et ses trois employés appelés uniquement par leur surnom : Dindon, Lagrinche et Gingembre.

Puis arrive Bartleby, étrange personnage solitaire et introverti, engagé par le notaire pour l’assister dans les écritures.  Mais bientôt, le scribe refuse de travailler et répond invariablement aux ordres qu’on lui donne :  *je préfèrerais pas*, toujours au conditionnel, mais le résultat est le même, il ne fait rien et se replie davantage sur lui chaque jour.

Le notaire tente de s’en défaire mais sans beaucoup de conviction et c’est là que se manifeste toute la beauté du texte car le notaire est allé au bout de ses ressources pour comprendre et aider l’infortuné Bartleby qui s’est pratiquement limité à son expression fétiche dans le texte.

On n’apprend à peu près rien sur le scribe sauf ce qu’il est maintenant : âme abandonnée, esprit impénétrable, corps statique, sans vie active qui semble ne se nourrir que de biscuits au gingembre. Le scribe refuse de travailler. Chez Bartleby, tout n’est que refus…il refuse de s’ouvrir, de parler, de se détendre, de s’amuser et même de quitter le bureau…ça va jusqu’au refus de vivre…et pendant ce temps, le notaire fait preuve d’une patience quasi surnaturelle.

Ce texte d’une incroyable profondeur m’a touché jusqu’à l’âme. C’est un petit livre marqué par le pessimisme et la mélancolie mais qui, avec beaucoup de subtilité, amène le lecteur à réfléchir sur la condition humaine et la détresse de l’âme, détresse qui ne s’exprime pas et qu’on ne peut ressentir que par empathie.

Cet opuscule, qui ne manque pas de grandeur est aussi porteur de réflexion sur les affres de la solitude, l’espoir et aussi sur une vertu qui a toujours fait défaut à l’humanité : la tolérance.

C’est un texte imprégné de détresse mais inoubliable qui évoque une recherche sur le sens de la vie et sur l’absurdité qui souvent, ne manque pas de la caractériser.

À lire absolument…

On retrouve aussi BARTLEBY LE SCRIBE dans le recueil LES CONTES DE LA VÉRANDA réédité en 1995 chez Gallimard. Ces nouvelles ont été écrites alors que la carrière littéraire de l’auteur était très difficile. Melville ne sera vraiment reconnu qu’après sa mort.

Herman Melville (1819-1891) est un romancier et poète américain. Il est considéré comme l’une des figures marquantes de la littérature américaine avec des chefs d’œuvres devenus incontournables dont Moby dick, Pierre ou les ambiguïtés et les célèbres CONTES DE LA VÉRANDA dans lesquels on retrouve BARTLEBY LE SCRIBE.

Influencé par la plume de Fenimore Cooper et Byron entre autres, il commence à écrire en 1845. La véritable consécration est venue bien après sa mort avec entre autres un engouement qui ne s’est jamais démenti pour MOBY-DICK à partir des années 1950 et pour son œuvre en général.

Suggestion de lecture : du même auteur, MOBY DICK

BONNE LECTURE
JAILU
DÉCEMBRE 2014

Adopte-moi, le livre de SINÉAD MORIARTY

*…-James, tu ne vas pas le croire…cette adoption
va nous coûter 20 000 dollars.
-Ben je vais peut-être changer d’avis. Bordel, cette
histoire d’adoption, c’est une putain de course
d’obstacles…*
(extrait de ADOPTE-MOI de Sinéad Moriarty,
Pocket, 2009, 265 pages)

Après deux ans *d’essais intensifs* pour avoir un bébé, Emma et James décident de s’investir dans l’adoption d’un enfant sans trop savoir dans quel marathon ils allaient se lancer. Leur choix se porte sur un petit bébé russe. Aux petits problèmes quotidiens, la passion de James pour le sport, la famille un peu tordue d’Emma et les amis qui viennent parfois compliquer la vie, s’ajoute une incroyable course à obstacles obligeant le couple à affronter une tonne de paperasses administratives, l’apprentissage de la langue et de la culture russe et pire encore : convaincre une assistance sociale qui n’entend pas trop à rire. 

Un bébé à tout prix…

*…Où est passée ma petite optimiste?
-Elle s’est fait tabasser à mort par les
esprits diabolique du service des
adoptions…*
(dialogue entre Emma et James,
extrait de ADOPTE-MOI, Sinéad Moriarty)

C’est un  bon petit roman amusant et instructif. Le sujet est original. Il est en effet assez rare qu’un sujet aussi complexe que l’adoption internationale soit développé sous forme de roman.

ADOPTE-MOI est le récit de Emma Hamilton qui dresse un portrait attendrissant et humoristique des multiples courbettes, galipettes et pirouettes qu’elle doit faire, avec son mari James, instructeur d’une équipe de rugby, pour séduire les assistantes sociales de l’adoption internationale, en particulier Dervla, le dragon de service affecté à l’enquête sur la famille Hamilton, une pincée pas commode et dont le sens de l’humour est à revoir.

Dans ce livre, les assistantes sociales ne bénéficient pas d’une grande popularité. Le couple Hamilton réserve à Dervla quelques pensées et blagues plutôt caustiques…*ainsi, la vieille vache était capable de sourire pensai-je amèrement* (pensée d’Emma lors d’un souper réunissant des candidats adoptants)…

*Quelle est la différence entre une assistante sociale et un pitbull? Au moins avec le pitbull, tu as une chance de récupérer un morceau de ton bébé. –Quand vous serez prêt… j’aimerais commencer cet entretien, à moins que vous ne souhaitiez vous débarrasser de quelques autres plaisanteries d’abord…* (dialogue plutôt tendu entre Dervla et Donal, un garant des Hamilton).

Si le roman raconte de façon réaliste les démarches compliquées et parfois démoralisantes de James et Emma Hamilton il raconte aussi le quotidien du couple et à ce niveau non plus, il n’y a pas de longueur et mon intérêt pour l’histoire n’a jamais failli.

L’auteure a placé au cœur de son histoire des personnages qui viennent ajouter du piment et de la vie. Par exemple, Barbara, appelée Babs, la sœur d’Emma, une jeune adulte pourrie, extravagante et allumeuse, Thomas, un enfant mal élevé et détestable, ou Annie, une ado persuadée que son tuteur légal est sa propriété.

La faiblesse de l’ouvrage réside dans ce qui semble une vision presqu’entièrement féminine de l’adoption. On y trouve des sentiments masculins mais ils donnent l’impression d’être remisés. Bref sur le plan littéraire, c’est ce que j’appellerais un *livre de filles*.

Ça vient un peu assombrir la crédibilité de l’ensemble. Mais on trouve dans l’histoire beaucoup de rebondissements, de situations cocasses, de l’humour, de l’énergie. L’écriture est fluide, touchante et sympathique. Un bon moment de lecture.

Suggestion de lecture : 99 FRANCS de Frederic Beigbeder

Sinéad Moriarty est une écrivaine de nationalité Irlandaise. Elle a travaillé à Londres comme journaliste commerciale et comme chargée des communications au projet des Jeux Olympiques de Londres.  Au moment d’écrire ces lignes, elle exerce le métier de *maman* à Londres.

À ce titre, son expérience de maman l’a motivé à écrire *FAIS MOI UN BÉBÉ* en 2004, traduit en une vingtaine de langues,  livre publié chez Plon. Quelques année plus tard, elle récidive avec *ADOPTE-MOI*. Elle travaille à un troisième volume, D’ICI À LA MATERNITÉ qui viendra compléter la trilogie.

EN COMPLÉMENT :
À PROPOS DE L’ADOPTION INTERNATIONALE…

Je vous invite à prendre connaissance d’un reportage du journaliste Baptiste Ricard-Châtelain publié dans LAPRESSE.CA  le 7 janvier 2012. Le journaliste dresse le portrait le plus récent de l’adoption internationale qu’il qualifie de *chemin de croix*. Plusieurs liens sont proposés.

Allez à http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201201/06/01-4483655-adoption-internationale-lillusion-du-bebe-parfait.php Pour ce qui est de l’adoption internationale au Québec, l’idéal pour en savoir plus est encore de visiter le site du secrétariat à l’adoption internationale qui propose aussi plusieurs liens pour une recherche complète. Allez à http://adoption.gouv.qc.ca/accueil.phtml

BONNE LECTURE
Claude Lambert
OCTOBRE 2014

LE 11 SEPTEMBRE…MINUTE PAR MINUTE

11 SEPTEMBRE
Jour du chaos
Commentaire sur le livre de
Nicole Bacharan et Dominique Simonnet

*…Qui pouvait imaginer que des êtres humains, décervelés par un endoctrinement  fanatique, puissent réaliser méthodiquement une entreprise aussi fondamentalement décivilisée?…* (extrait de 11 SEPTEMBRE LE JOUR DU CHAOS, Nicole Bacharan Dominique Simonnet, Perrin 2011)

Nicole Bacharan et Dominique Simonnet livrent le récit stupéfiant d’un des jours les plus noirs de l’Amérique avec la destruction du World Trade Center, l’attaque du Pentagone et des milliers de morts. Ils passent en revue minute par minute les évènements de cette journée de chaos, mettant en perspective l’héroïsme de milliers de personnes et surtout l’incroyable dysfonctionnement de l’administration Bush, en particulier de ses services de renseignements.

J’ai suivi ce cauchemar le jour où il s’est produit et pendant les années qui ont suivi, à la radio, la télé, dans les journaux et sur Internet. La poussière n’est jamais retombée complètement. L’Amérique en a encore gros sur le cœur. À la recherche d’un livre crédible pour avoir une vue d’ensemble, j’ai choisi l’ouvrage de Dominique Bacharan et Dominique Simonnet. Je comprends mieux maintenant pourquoi l’Amérique n’oubliera jamais.

MINUTE PAR MINUTE

Ce  livre est un document rigoureux et détaillé qui passe en revue les enquêtes approfondies, analyses, documents et entrevues afin de reconstituer, dans une chronologie serrée, les évènements dramatiques qui ont marqué le 11 septembre 2001 et tendant à démontrer que la plus puissante nation du monde est plus fragile qu’il n’y paraît.

Le terme *minute par minute* n’est pas exagéré. En fait, c’est presque du temps réel et ça donne au livre une apparence de thriller, ce qui était inévitable à mon avis à cause de l’intensité parfois oppressante de la chaîne d’évènements.

Ce livre m’a ému par la description qu’il fait de la générosité et de l’héroïsme des policiers, pompiers, secouristes et même beaucoup de simples civils dont beaucoup y ont laissé leur vie pour tenter de sauver celle des autres.

Par ailleurs, ce livre met en lumière l’incompétence de l’administration Bush et de ses départements et agences de sécurité et de renseignements, tellement nombreuses qu’elles se pilent sur les pieds. La gestion de cette crise n’a été que cafouillage. Permettez-moi de citer un passage évocateur :

*Civils et militaire agissent donc séparément, sans se concerter directement. Toutes les informations doivent transiter par différents intermédiaires, une source de malentendus et de perte de temps.

Les militaires ne reçoivent pas les informations fraîches concernant les avions commerciaux en vol ni les alertes aux détournements; les civils, eux, ne sont pas au courant des activités militaires dans le ciel.  En un mot : c’est la pagaille.*

On dirait que la raison s’est égarée quelque part : le président Bush qui tourne en rond dans le ciel à bord d’Air force one et qui sous terre, passe d’un bunker à l’autre, des agences qui se boudent et qui ne communiquent pas, des ordres contradictoires.

L’administration emmurée dans les bunkers tombe dans le piège tentaculaire de la grande confusion des rumeurs, ce qu’on appelle le brouillard de guerre si justement évoqué par les auteurs.

Ce livre m’a été utile. Il m’a permis entre autres, de réaliser que l’Amérique avait en main des indices précieux qui laissaient à penser que les États-Unis se savaient menacer sérieusement.

J’aurais cru que sortir de la guerre froide côté jardin aurait laissé les gestionnaires et exécutants de la sécurité beaucoup plus aguerris. Mais voilà, tout le monde s’attendait à une menace de l’extérieur…aucun stratège n’a prévu que ça pouvait venir de l’intérieur.

J’ai apprécié ce livre. Il est *éclairant*, crédible et extrêmement bien documenté. Il est très détaillé mais sans être trop académique. Pourquoi le lire? Parce qu’après toutes  ces années, on peut en apprendre encore sur ce cauchemar historique dans lequel 2749 personnes ont trouvé la mort sans compter les milliers de blessés.

Ce livre vient aussi nous rappeler que le fanatisme accorde peu de valeur à la vie humaine. On peut être porté à l’oublier mais l’histoire nous rappellera toujours à l’ordre.

Suggestion de lecture : HAUTE TENSION, de Richard Castle

L’écrivain, journaliste et éditeur français Dominique Simonnet et Nicole Bacharan, historienne et politologue se sont associés en 1997 pour écrire une série de quatre romans destinés aux adolescents : la série Nemo.

Ils ont aussi publié en 2000 un petit livre d’initiation à l’amour et à la sexualité destiné aux enfants : L’AMOUR EXPLIQUÉ AUX ENFANTS. Ils se sont aussi démarqués avec GOOD MORNING AMERICA ceux qui ont inventé l’Amérique (Seuil, 2011) et maintenant 11 SEPTEMBRE JOUR DE CHAO …une belle complicité…

Pour en savoir plus sur la biographie et les œuvres de Nicole Bacharan et Dominique Simonnet, ou pour leur écrire, consultez le site internet qu’ils partagent :

www.droledeplanete.com

En complément, le film-documentaire le plus crédible sur le 11 septembre 2001 est à mon avis le film intitulé simplement 9/11 réalisé par Jules Naudet, Gédéon Naudet, James Hanlon et Rob Klug. Il a été produit par la Paramount pictures en 2002.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
SEPTEMBRE 2014