GENÈSE: AUTRE MONDE, de MAXIME CHATTAM

*Patience mon cher, patience ! Chaque chose en son temps. D’abord, annihiler la rébellion des gamins ensuite s’occuper des affaires internes de l’empire. Gagner le
pouvoir et éjecter l’usurpateur. *

(Extrait : GENÈSE : AUTRE MONDE, Maxime Chattam, éd. originale : Albin Michel, 2016, papier, 624 pages. Édition audio : Audible studios, 2017, durée d’écoute : 17 heures 27 minutes. Narrateurs : Hervé Lavigne, Isabelle Miller. Genèse est le 7e livre de la série AUTRE MONDE)

Traqués par l’empereur et par Entropia, Matt, Tobias, Ambre et les leurs doivent fuir et rallier des terres inconnues pour s’emparer du dernier Cœur de la Terre avant qu’il ne soit détruit. Mais le monde souterrain qu’ils découvrent ne grouille pas seulement de dangers. Il recèle d’incroyables révélations. La guerre est proche. Les sacrifices nécessaires. L’ultime course-poursuite est déclarée. Autre-Monde s’achève et livre enfin tous ses secrets.

Rendu à la fin
*Il était complètement vulnérable et sa vie allait
peut-être s’arrêter ici dans l’obscurité d’une
pyramide glaciale…la lame se rapprocha
encore. Allait-il mourir ici comme ça sans
même résister?… <Je n’y arrive pas…à quoi
bon…autant que tout s’arrête…>
(Extrait)

Dans ce septième et dernier  opus de la grande saga AUTRE MONDE, nous suivons un groupe d’adolescents formé autour de l’alliance des trois (voir tome 1) Matt Carter, Tobias et Ambre Caldero. Les jeunes fuient momentanément le fourbe empereur et surtout Ggl une entité aussi puissante que malveillante qui veut assimiler les trois Cœurs de la terre. Pour cela, il a besoin à tout prix d’Ambre Caldero, gardienne du premier Cœur de la terre.

Nos amis se dirigent vers l’est, affrontant les pires dangers, en particulier Entropia, un concentré de pollution de l’ancien monde qui a acquis une conscience par intelligence artificielle. Entropia est entièrement contrôlée par ce monstre appelé Ggl. C’est à l’est qu’aura lieu l’affrontement final avec un complet déséquilibre des forces à l’avantage de Ggl.

Ces graves évènements se déroulent dans une société futuriste ou l’objectif de Ggl est de former un unique réseau universel uniforme et dominant, en tuant les hommes par empoisonnement d’abord puis en numérisant leur esprit enrichissant ainsi une conscience collective artificielle…une finalité d’une incroyable cruauté.

*Ggl est parvenu à façonner un passage entre l’abstrait de la donnée numérique et le concret de la matière. Lorsque nous sommes avalés, nos corps font le chemin inverse…* (Extrait)

Bien sûr AUTRE MONDE est une saga de fantasy et de science-fiction mais elle a un petit quelque chose de contemporain…d’actuel·. internet y est pointé du doigt ainsi que les réseaux sociaux qui ont permis, dans l’histoire imaginée par Chattam, l’assimilation des consciences. Une réflexion sur la dispersion inconsciente de nos données personnelles.

Faut-il se surprendre de l’analogie entre Ggl et Google ? Cette saga est pleine de trouvailles originales qui viennent dépoussiérer un thème vieux comme le monde : l’éternelle dualité entre le bien et le mal et qui vient réactualiser le thème de Gaïa…la terre qui souffre du cancer appelé homme.  Lire ce récit, c’est plonger dans un autre monde et s’oublier.

L’œuvre est bien ventilée et l’auteur prend le temps de développer les sentiments amoureux qu’éprouvent les pans. Ainsi que l’indéfectible amitié qui les lie à leurs chiens géants. C’est une saga ambitieuse et intense et ce septième tome conclue l’œuvre d’une façon quasi parfaite.

J’ai trouvé les personnages particulièrement bien travaillés et aboutis. Leur profil s’étend quand même sur sept tomes mais je m’y suis attaché.

Mon préféré est de loin TOBIAS, jeune ado hyperactif auquel le narrateur Hervé Lavigne a prêté une voix énergique, déterminée et bourrue. Je souffrais pour eux…j’espérais pour eux, signe évident que l’auteur a trouvé le ton juste. J’ai pu aussi bénéficier d’une bande sonore exceptionnelle avec les narrateurs Hervé Lavigne et Isabelle Miller.

Un plaisir pour les oreilles. Ce qui m’a un peu agacé tient au fait que les personnages sont peut-être un peu trop parfaits pour leur âge, 13-16 ans, intelligence, dons, force et habileté supérieurs à la normale mais au moins, ils aiment et ils sont humains d’où leur caractère abouti.

Comme il l’a fait dans l’ensemble de son œuvre, Maxime Chattam poursuit sa réflexion sur les dérives de notre société. La plume est forte et poussée. La saga est d’une grande profondeur. Je la recommande sans hésiter.

Suggestion de lecture : LE VILLAGE de Karl Olsberg

Né en 1976 à Herblay, dans le Val-d’Oise, Maxime Chattam brille avec son premier thriller, Le 5e règne, publié sous le pseudonyme Maxime Williams, en 2003 aux éditions Le Masque. Cet ouvrage a reçu le prix du Roman fantastique du festival de Gérardmer.

Après la trilogie composée de L’Âme du mal, In tenebris, et Maléfices, il a écrit Le Sang du temps (Michel Lafon, 2005) et Le Cycle de la vérité en trois volumes aux éditions Albin Michel : Les Arcanes du chaos (2006), Prédateurs (2007) et La Théorie Gaïa (2008). Retrouvez toute l’actualité de l’auteur sur  www.maximechattam.com

Pour lire le commentaire de mllambert sur LA THÉORIE GAĨA de Maxime Chattam, cliquez ici. Pour lire le commentaire de Claude Lambert sur LE 5E RÈGNE, cliquez ici.

 Autre monde : Les six premiers tomes


L’alliance des trois/Malronce/Le cœur de la terre/Entropia/Oz/Neverland

Bonne lecture et bonne écoute
JAILU/Claude Lambert
le samedi 26 juin 2021

L’ÉPICERIE SANSOUCY, de RICHARD GOUGEON

L’épicerie Sansoucy
Le p’tit bonheur

*Un simple malaise physique ne pouvait engendrer
à lui seul un tel éloignement des êtres. Même le
taciturne Placide, le plus renfermé de ses enfants,
ne lui était jamais apparu aussi étrange, aussi
impénétrable…*
(Extrait : L’ÉPICERIE SANSOUCY, le p’tit bonheur,
Richard Gougeon, Les éditeurs réunis, format poche,
réédition : 2018, édition de papier, 425 pages

Au milieu des années 1930, dans le quartier ouvrier de Maisonneuve, la pauvreté règne, le chômage est le pain quotidien des miséreux. La famille nombreuse de Théodore Sansoucy s’entasse dans un logement au-dessus de son épicerie-boucherie.

Irène, l’aînée des enfants Sansoucy, est la vieille fille sage de la maisonnée. Forte tête, Léandre travaille au magasin, et la tension monte entre son père et lui. Marcel, étudiant peu talentueux, livre les commandes.

L’intellectuel Édouard, quant à lui, rêve de se marier avec la fille du notaire Crochetière, chez qui il fait son apprentissage de clerc. Il ne s’intéresse nullement aux siens et encore moins à l’épicerie.

Simone, la « petite perle » du clan, amoureuse d’un Irlandais au grand dam du paternel, ainsi que l’impénétrable Placide, membre de la congrégation de Sainte-Croix qui aspire à marcher sur les pas du frère André, complètent le portrait de cette famille. La vie de quartier s’anime autour de la petite épicerie.

Derrière le comptoir, Sansoucy reçoit des confidences. Cependant, les commentaires sont bien moins drôles à entendre lorsqu’ils concernent sa vie familiale. Surtout s’il s’agit des frasques de ses enfants…

INTIMISTE ET ANECDOTIQUE
*L’amour ne règle pas tous les problèmes, Arlette. Je ne
suis pas plus avancé que j’étais avec cette histoire de
restaurant. Comme c’est là, je me retrouve le bec à
l’eau, sans emploi comme des milliers de jeunes de mon
âge, sans avenir, avec un loyer à payer, puis une
blonde qui colle à moi comme une grosse mouche à
marde, taboire.*
(extrait)

L’épicerie Sansoucy est un roman historique, une chronique intimiste du cœur des années 1930 qui suit le quotidien d’une famille québécoise typique vivant à Montréal, dans les logements situés au-dessus de l’entreprise familiale : L’épicerie-boucherie Sansoucy.

Une vraie famille québécoise pure laine d’avant-guerre comprenant une variété de genres et bien sûr, une flopée de *matantes* *mononcs*, beaux-frères et belles-sœurs, cousins et cousines…tous des personnages attachants mais qui ne sont pas vraiment là pour simplifier la vie familiale. Bref une famille typique.

Richard Gougeon développe son histoire un peu comme Roger Lemelin l’a fait plus tard avec les Plouffe : la vie de tous les jours d’une famille attachante avec ses hauts, ses bas et ses petites intrigues. Il y a bien sûr des différences accessoires entre les deux histoires mais il faut surtout dire que le récit de Gougeon débute quelques années avant la guerre tandis que l’histoire des Plouffe débute quelques années après la guerre.

Au Québec ça fait des différences importantes dans le tissu familial. L’auteur met l’emphase sur deux éléments essentiels : d’abord, la vie de quartier évolue autour de l’épicerie. Ça crée des évènements cocasses qui impliquent évidemment les commères du quartier.

Et il y a les petits drames qui montent vite en épingle : l’accident de Marcel, les aventures douteuses de Léandre, le hold-up de l’épicerie. Même avec le recul du temps, on continue de se reconnaître dans ce récit que j’ai trouvé savoureux.

J’ai été particulièrement captivé par les moments où je trouvais Colombine, la fiancée d’Édouard, au derrière de laquelle j’aurais donné volontiers un bon coup de pied. La rencontre entre la famille Sansoucy et les Crochetière était un pur délice…un classique du choc des cultures, le quartier Hochelaga et Westmount :

*- Vous oubliez l’étiquette Mère. Vous auriez pu attendre avant de vous asseoir. -Ma chérie ! rétorqua faiblement madame Crochetière. Sa fille prit un air offusqué. -La convenance la plus élémentaire l’exige, exprima-t-elle. Même lorsqu’on reçoit du monde ordinaire. * (Extrait) La visite des Crochetière chez les Sansoucy était aussi un bel exemple du choc des convenances.

Cette saga a constitué pour moi un très bon moment de lecture. Richard Gougeon nous a concocté une petite finale dramatique au premier tome qui ne fait que nous donner l’envie de poursuivre la lecture. N’hésitez pas. Vous ne serez pas déçu.

Suggestion de lecture : RUE PRINCIPALE. été 1966, de Rosette Laberge

La suite… 


Richard Gougeon est né à Granby en 1947. Très préoccupé par la qualité de la langue française, pour la beauté des mots et des images qu’ils évoquent. Il a enseigné pendant trente-cinq ans au secondaire. L’auteur se consacre aujourd’hui à l’écriture et est devenu une sorte de marionnettiste, de concepteur et de manipulateur de personnages qui s’animent sur la scène de ses romans. ( richardgougeon.com )

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le  dimanche 4 octobre 2020

LE SIÈCLE, la trilogie de KEN FOLLET

*Si la guerre éclatait, les américains déchaîneraient une tempête atomique qui annihilerait toutes les grandes villes d’Union Soviétique. Les morts se compteraient
par millions. La Russie mettrait plus d’un siècle à s’en relever. Et les Soviétiques avaient sûrement prévu une intervention  du même genre contre les États-Unis.*
(Extrait : LE SIÈCLE 1, AUX PORTES DE L’ÉTERNITÉ, Ken Follett, t.f. : Éditions Robert Laffont, 2014, édition de papier, 1215 pages.)

LE SIÈCLE est une longue saga qui s’étend sur plusieurs générations et est présentée en trois tomes. Dans la CHUTE DES GÉANTS, Ken Follet introduit cinq grandes familles : américaine, russe, allemande, anglaise et galloise. Ces familles se sont imbriquées, aimées et ont fini par s’entredéchirer dans le cadre dramatique de la première guerre mondiale et de la révolution russe. L’HIVER DU MONDE raconte la vie des enfants de ces familles qui verront Hitler accéder au pouvoir absolu en Allemagne, tissant la toile dramatique de la deuxième guerre mondiale.

Les destinées toujours enchevêtrées de ces familles se poursuivent dans AUX PORTES DE L’ÉTERNITÉ dans les années troublées de 1960 à 1990 : temps forts de l’influence soviétique et de la guerre froide. La saga montre comment tous ces personnages ont affronté les grandes tragédies du XXe siècle.

UNE FRESQUE AMBITIEUSE
*L’arrogance précède la chute*
Extrait : LE SIÈCLE 1, LA CHUTE DES GÉANTS)

Avec LE SIÈCLE il m’a encore une fois été permis d’admirer l’audace de Ken Follet. Il a créé, imaginé cinq familles : américaine, russe, allemande, anglaise et gauloise et leur a fait traverser le vingtième siècle, elles et les générations suivantes, à travers ses propres observations.

Tout y est : les deux guerres mondiales sans compter les guerres civiles, la guerre froide et la guerre du Vietnam, le règne périlleux de John F Kennedy et la crise des missiles de Cuba, la révolution russe. Dans son regard qui s’étend sur une centaine d’années, Follet nous parle de ces familles qui se sont croisées, aimées, déchirées à travers les plus grandes tragédies de l’histoire.

LE SIÈCLE réunit trois tomes : TOME 1, LA CHUTE DES GÉANTS : l’auteur présente et installe graduellement les familles dans son roman. Elles devront faire face dans un premier temps à la première guerre mondiale qui laissera derrière elle un sillage de mort et de désolation.

La révolution russe marquera aussi cette époque. TOME 2, L’HIVER DU MONDE : la génération suivante constate tristement l’arrivée au pouvoir des Nazis, la montée d’Hitler et enfin les drames et abominations de la deuxième guerre mondiale.

TOME 3 : Les générations qui s’enchevêtrent affrontent cette fois d’énormes troubles sociaux et politiques localement et aussi à l’Échelle internationale alors que le monde vient à un cheveu de la confrontation nucléaire, la construction du mur de Berlin et la création d’Israël et la guerre froide…la liste pourrait s’allonger…

Ce roman est monumental. Il se démarque je crois par la qualité de sa recherche historique. Il y a bien sûr quelques faiblesses, typiques des grandes sagas, pour ce que j’ai pu observer personnellement.

Chaque tome accuse quelques longueurs, je pense entre autres aux aventures amoureuses des familles offrant un luxe de détails souvent inutiles, ou la crise de Cuba qui aurait pu être un peu plus condensée. le rythme est parfois en dents de scie et j’observe un essoufflement dans le troisième tome où les personnages deviennent plus froids et la description des évènements légèrement plus relâchée.

Malgré ces petites faiblesses, je continue à penser que cette œuvre est gigantesque et je salue le travail de titan abattu par Ken Follett en matière de recherche historique. Il y a investi énormément de temps pour apporter à sa trilogie un maximum de précision. Je trouve aussi qu’il a inséré la fiction aux histoires réelle avec finesse et intelligence. Les faits historiques et les éléments biographiques sont d’une grande précision.

Il y a un petit extra que j’aime bien dans LE SIÈCLE. C’est qu’à travers les pérégrinations des 5 familles, Follett y va de ses observations sur les différentes tendances d’époque :la musique, la mode, le cinéma, les arts et beaucoup d’autres tendances sociales. La démarche principale de l’auteur étant historique, ça vient alléger et agrémenter l’œuvre qui compte quand même 3350 pages.

J’apprécie la capacité de Ken Follett de s’investir à fond dans ses œuvres. Il me rappelle un peu Stephen King, Fenimore Cooper et plusieurs autres auteurs qui ratissent large dans le temps et l’espace et qui s’étendent sur les tendances des lieux et des époques, qui détaillent abondamment leur sujet quitte à poursuivre sur plusieurs tomes.

Je recommande toute la série mais je terminerai en disant que la trilogie est nettement inférieure au livre LES PILIERS DE LA TERRE qui, selon moi demeure l’œuvre majeure de Ken Follett et une de mes meilleures lectures à vie. Mais si vous aimez le style de l’auteur et si vous aimez l’histoire dans le genre de la chronique, vous aimerez LE SIÈCLE.

Ken Follet est un écrivain gallois spécialisé dans les thrillers politiques. Il est né le 5 juin 1949. Follet a grandi avec les histoires que lui racontait sa mère, ce qui l’a amené très tôt à développer une forte imagination ainsi que le goût de lire. Alors qu’il était étudiant pendant la guerre du Vietnam, il s’est pris peu à peu de passion pour  la politique et le journalisme. L’écriture suit rapidement. Si le succès tarde un peu à venir, déjà en 1978, son livre L’ARME À L’ŒIL connait un succès foudroyant et devient le premier d’une longue série de best-sellers.

Le point culminant de sa carrière est atteint avec LES PILIERS DE LA TERRE qui devient rien de moins qu’un succès planétaire. Fort de ce succès, il entreprend dès 2009 l’écriture de la trilogie LE SIÈCLE. Parallèlement, Follet dirige un institut de dyslexie et soutient une association de lutte contre l’analphabétisme.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 20 mai 2018

CE PAYS DE RÊVE, tome 2 : LA DÉCHIRURE

Commentaire sur le livre de
MICHEL LANGLOIS

*Mine de rien, la nature nous préparait son plus
beau cadeau. Elle sortit de son sommeil à la fin
d’avril pour nous offrir le miracle de ses feuilles
et de ses fleurs. Pendant ce temps, dans le ventre
de ma Radegonde, un fruit poussait qui allait
bientôt être mûr à point.*
(Extrait : CE PAYS DE RÊVE, Tome 2: LA DÉCHIRURE,
Michel Langlois, Éditions Hurtubise, 2012. Édition de
papier, 415 pages.)

L’histoire de Marcellin Perré commence au Havre de Grâce en France en 1670. Il est alors clerc de notaire chez son vieil oncle. Un jour, il reçoit une lettre de Québec, le Nouveau-Monde. Le Père Aveneau, un ami Jésuite l’invite à venir travailler à Québec à titre de notaire de Notre-Dame-Des-Anges. Passionné de la Nouvelle-France, Marcellin accepte. Il fera l’apprentissage d’un pays rude avec ses saisons, ses habitants, ses traditions. LA DÉCHIRURE est le deuxième tome d’une saga qui fait revivre le quotidien de nos ancêtres d’avant la conquête 

La Nouvelle-France au quotidien
*Je tenais là dans les mains un message brûlant
comme un feu de la Saint-Jean…Je ne mis guère
de temps à le porter au Père Aveneau qui promit
de le faire suivre sans délai au lieutenant civil et
criminel. Mais voilà que ce dernier ne pût s’en
occuper le jour même, aux prises qu’il était à
régler une mort qui soulagea beaucoup de
monde et…qui fit fondre beaucoup d’inquiétudes.
(Extrait : CE PAYS DE RÊVE 2, LA DÉCHIRURE)

CE PAYS DE RÊVE est une grande saga en quatre tomes qui suit les aventures de trois générations de Perré : Arnaud, Marcellin et Clément à Québec, sous le régime français, de 1627 à 1765. LA DÉCHIRURE s’attarde sur le destin de Marcellin, son installation en Nouvelle-France et son exil forcé.

Voici donc le récit du quotidien de Marcellin, notaire dans un pays tout neuf aux mœurs rudes et comment il devient victime d’une justice expédiée par des incompétents assis sur un pouvoir hors de contrôle.

J’ai beaucoup aimé ce livre pour plusieurs raisons. Son écriture est très vivante et fait plonger avec aisance le lecteur dans l’environnement naturel et social de la Nouvelle France du XVIIe siècle. J’y ai découvert une bonne centaine d’archaïsmes, de jolis mots chantants issus du vieux français qui dynamisent tellement le récit que je croyais parfois assister à un dialogue en temps réel.

Je me suis donc laissé bercer par un langage savoureux…allant de découvertes en découvertes…j’ai découvert entre entres que si je *bagoule*, c’est que je bavarde, si je *berlande*, c’est que je flâne, si je *cafiniote*, c’est que je me cache dans un coin, si ma fille *gergaude* c’est qu’elle folâtre avec les garçons, si je *gobelote*, c’est que je bois avec excès. Rassurez-vous, il y a un petit lexique à la fin du volume.

Il y a dans ce récit des éléments qui sont venus me chercher très rapidement. Le langage est le premier, le second est l’omniprésence dans le récit de Jean De La Fontaine, célèbre poète français principalement renommé pour ses fables.

Suggestion de lecture : LES MYSTÈRES D’AVEBURY, de Robert Goddart

  Jean De La Fontaine (1621-1695) était un écrivain français auteur de poèmes, de pièces de théâtre et de livrets d’opéra. C’est en s’inspirant des fabulistes de l’époque gréco-latine qu’il a écrit les fameuses fables qui ont fait sa renommée et qui sont considérées aujourd’hui comme un chef d’œuvre de la littérature française 

Comme on le sait, on peut tirer de chaque fable de monsieur De La Fontaine une petite morale dont s’inspirent plusieurs règles de vie. Dans LA DÉCHIRURE, Marcellin fait des Fables son livre fétiche et s’en inspire pour être meilleur et surtout passer sans trop de mal les épisodes fort dramatiques qui l’attendent et qui sont développés dans le livre avec beaucoup d’intensité quoique sans zèle inutile.

Des personnages riches, colorés et attachants, un langage savoureux, une plume riche et magnifiquement descriptive, un enrichissant retour dans le temps, une histoire palpitante développée dans des chapitres courts…autant d’éléments qui font de la saga CE PAYS DE RÊVE un excellent divertissement qui m’a appris beaucoup de choses entre autres sur la région que j’habite. Je crois que vous ne serez pas déçus.

Michel Langlois est un écrivain québécois natif de Baie-Saint-Paul, il a fait carrière comme généalogiste aux Archives Nationales du Québec. Passionné de généalogie, il a écrit plus de 20 livres sur le sujet dont le dictionnaire biographique des ancêtres québécois.

Il est très attaché à sa région de Charlevoix et à la région de Québec et ça transpire dans l’ensemble de son œuvre dont LA FORCE DE VIVRE qui a conquis plus de 100,000 lecteurs, UN P’TIT GARS D’AUTREFOIS, qui nous plonge de la Beauce des années 50 et bien sûr, CE PAYS DE RÊVE.

LES AUTRES TOMES

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Le 7 mai 2017