1984, le grand classique de George Orwell

…*C’était lui qui décidait à quel moment on devait
le faire crier de souffrance…à quel moment on devait
lui laisser un répit, quand on devait lui injecter une
drogue…c’est lui l’inquisiteur…
…nous sommes des morts dit-il…*
(extrait de *1984* de George Orwell, 1949 BeQ) 

1984, Londres fait maintenant partie d’un pays dirigé par un parti unique qui impose un régime totalitaire extrêmement oppressif. Aux lendemains d’une guerre nucléaire, un fonctionnaire, Winston Smith est chargé de modifier, trafiquer et réécrire l’histoire afin qu’elle concorde avec l’idéologie du parti. Avec son ami Julia, Winston décide de défier les règles. Ils seront tous les deux interceptés et reconnus coupables de pensée criminelle par la police de la pensée. Winston en particulier devra faire face aux terribles secrets qui hantent les couloirs du redoutable Ministère de l’Amour…pas de place dans le régime pour les sentiments.

En lisant *1984*, j’ai eu l’impression de manquer d’air…une sensation d’étouffement…un peu comme un claustrophobe qui lit une histoire qui se déroule dans un sous-marin qui prend l’eau pendant une plongée…pas étonnant…Orwell évoque dans *1984* un véritable cauchemar :  une dictature ultra-totalitaire oppressive et répressive qui fait de ses citoyens un véritable peuple de moutons sans âme, sans avenir et sans espoir.

Il m’a semblé évident qu’Orwell s’est basé sur la politique soviétique pour bâtir son histoire et plus précisément sur le régime stalinien mais il y a ajouté des trouvailles qui défient l’imagination. Par exemple, ces fameux paradoxes qui atteignent des sommets de dérision : le ministère de la vérité qui glorifie le mensonge, le ministère de l’abondance qui administre la famine, le ministère de la paix qui gère la guerre et…la cerise sur le gâteau… le ministère de l’amour qui torture les opposants au régime.

UNE PURE DYSTOPIE

Il y a aussi Big Brother…personnage emblématique et virtuel qui a un œil sur la vie et les pensées de chaque citoyen et qui semble avoir comme objectif de retirer à chacun toute individualité.

Autre exemple : LA NOVLANGUE, la seule langue de communication autorisée par le régime. La novlangue dépouille entièrement le langage de tout ce qui pourrait avoir un caractère subversif selon le régime. Donc le nombre de mots est réduit au minimum…plus de synonymes, pas de figures de style ni d’expressions, plus de couleur…bref ça donne un langage de communication d’une froideur incroyable. Orwell consacre un appendice très détaillé sur la novlangue à la fin de son livre.

*1984* évoque une dystopie pure et dure dans laquelle des besoins aussi élémentaires que le bonheur et l’amour contreviennent aux règles du parti. Pas de place pour les sentiments dans un monde où même les enfants dénoncent leurs parents. Ça vous donne une idée de l’esprit de famille…

Tout au long de ma lecture, j’ai senti la réprobation et l’amertume de l’auteur. Je n’ai donc pas été surpris qu’il ait voulu trop en mettre. En effet, il y a dans son livre des longueurs parfois exaspérantes et des passages creux. La dernière phrases du livre m’a littéralement coupé le souffle…c’est le moins que je puisse dire.  Je ne vous livrerai pas cette phrase ici, mais elle m’a laissé amer… j’aurais souhaité autre chose.

Comme probablement beaucoup de lecteurs et lectrices, j’ai davantage apprécié la réflexion à laquelle ce livre m’a poussé que sa lecture elle-même. Malgré ses petits travers, *1984* demeure un incontournable emblématique de la science-fiction.

Suggestion de lecture : L’INQUISITEUR de Henri Gougaud

George Orwell a une longue histoire, mais je retiens ici le fait qu’il a été sergent dans la police impériale Birmane pendant cinq années au bout desquelles il a démissionné parce qu’il était en désaccord total avec l’idéologie oppressive qui sévissait dans la première moitié du 20e siècle dans ce pays. Sans doute y puisa-t-il toute son inspiration. Après la 2e guerre mondiale, il a travaillé pour la BBC et il rédigea ses deux plus célèbres romans : *LA FERME DES ANIMAUX* et *1984*. George Orwell est mort en 1950, emporté par la tuberculose avant même qu’il puisse prendre connaissance de la publication de *1984*.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
MAI 2015

à lire en complément…

CAUCHEMAR TOTALITAIRE

Cauchemar totalitaire

Amis lecteurs, amies lectrices, bonjour.

Comment vous sentiriez-vous si vous viviez  dans un pays imposant un régime totalitaire reprenant les travers les plus sordides et oppressifs du nazisme et du stalinisme, un régime sans humanité où même vos propres enfants n’hésiteraient pas à vous dénoncer et vous livrer à la torture et au lavage de cerveau…???

Dans un article un peu plus long qu’à l’accoutumée, je vous invite à plonger dans l’univers dystopique de *1984*, œuvre emblématique de la science-fiction écrit par George Orwell.

Lisez mon article et n’hésitez pas à me faire part de vos commentaires.

Bonne lecture.

JAILU

 

HEUREUX QUI LIT…

Bonjour,

Ray Bradbury est un de mes écrivains préférés. Le moment est venu pour moi de vous parler de ce grand maître de l’anticipation, et plus particulièrement de son livre FARENHEIT 451.

Je vous invite à lire mon article et à plonger cette fois dans un univers dystopique où la lecture d’un livre est…interdite.

Bonne lecture

JALU

FAHRENHEIT 451, le livre de RAY BRADBURY

*…Chaque homme doit être l’image de l’autre, comme ça tout le monde est content :
plus de montagnes pour les intimider, leur donner un point de comparaison. Conclusion! un livre est un fusil chargé dans la maison d’à côté. Brûlons-le, déchargeons l’arme. Battons en brèche l’esprit humain…
(extrait de FAHRENHEIT 451, Ray Bradbury, 1953, réédité en 1981, Éditions Denoël) 

Fahrenheit 451 est une dystopie qui évoque un état totalitaire dans lequel l’unique rôle des pompiers consiste à…brûler les livres parce que ceux-ci sont considérés comme dangereux pour le régime politique et pour l’humanité. Considéré comme le meilleur pompier de son unité, Guy Montag fait la rencontre de Clarisse, une jolie jeune femme, intelligente et curieuse.

Ces rencontres vont se multiplier. Étonné par l’intelligence de Clarisse et sa soif de connaissance, Montag développera dans son esprit des *idées sacrilèges*  genre **…mais au fond quel mal y a-t-il à lire**.

 

Un jour, avec son unité, Montag est appelé sur les lieux de la découverte d’une bibliothèque appartenant à une vieille dame. Les ordres sont clairs : BRÛLEZ TOUT. La vieille dame, refusant de quitter son trésor, est brûlée avec les livres. Écœuré, Montag devient rebelle et commence à lire en cachette.

Sa femme Mildred le découvre et le dénonce. Il est condamné à brûler sa propre maison. Il fuit et se cache. Devenu traître à l’état et transfuge, Montag se joint à un groupe rebelle caché dans les bois et dont chaque membre s’est mis en devoir d’apprendre un livre par cœur avant de le détruire, et ce dans le but de le transmettre oralement.

Extrait du film Fahrenheit 451 adapté par François Truffaut

C’est un livre en trois parties, un peu difficile à suivre par moment, mais la richesse descriptive de l’ensemble est telle qu’elle fait oublier ce détail au lecteur même s’il lui faut beaucoup de concentration pour bien suivre l’évolution de l’histoire.

Ce qu’il faut retenir surtout, c’est que ce livre mythique a conservé toute son actualité. Si sa trame évoque quelque peu *1984* de George Orwell, autre dystopie incontournable, l’extraordinaire sens de l’anticipation de l’auteur n’est pas sans me rappeler l’essence visionnaire de Jules Verne.

Ray Bradbury décrit le drame d’une société sans âme privée du droit de lire pour des raisons de sécurité nationale (typique d’un régime totalitaire). En contrepartie, la société adule l’image, à tel point que même les murs des maisons sont devenus des écrans.

En privilégiant la consommation de l’image en particulier et de masse en général, le régime engourdit les esprits et embellit ce qui n’est en réalité qu’un cauchemar : une société menottée en perpétuel lavage de cerveau, continuellement au bord de la guerre et dont l’ignorance est entretenue avec des raffinements de savoir-faire.

FARENHEIT 451 propose une profonde réflexion sur le pouvoir des livres, dans ce qu’ils ont de positif, bénéfique et stimulant pour l’ensemble de la société qui a le droit sacré à la liberté d’expression. Voilà pourquoi ce livre publié il y a 60 ans garde toute son actualité. 

Dans une société où la télé exerce une force presque irrésistible sur les esprits et où internet semble vouloir prendre le contrôle de *L’ÉCRIT*, Bradbury avertit qu’en négligeant le livre, la société se punit en se privant d’un énorme potentiel de découverte, endort ses talents, brime sa liberté d’expression, bref elle frôle la décadence.

FARENHEIT 451 est un livre sans âge d’une beauté extraordinaire et d’une prodigieuse clairvoyance qui force l’admiration. Son auteur n’a négligé aucun détail. Il ne faut donc pas se surprendre que la température de combustion d’un livre soit de…451 degrés Farenheit…

Suggestion de lecture : LEGEND de Marie Lu

BONNE LECTURE
JAILU
AVRIL 2014

(À lire en complément…)

ONDE DE CHOC, le livre de MARILOU ADDISON

*…-je vais avoir besoin de toi bientôt.
-Bien sûr! Tout ce que tu veux! Je te le redis encore
Et encore, je serai là pour toi!
-Tout ce que je veux? Répète-t-il, une lueur étrange
Dans le regard. -…vraiment tout? Tu me le jures?…
-…Tout ce que tu voudras Elliot!
-D’accord…mais pas tout de suite…je dois encore
Réfléchir avant de prendre ma décision.

(Extrait de ONDE DE CHOC, Marilou Addison,
Éditions de Mortagne, 2013, littérature Jeunesse)

ONDE DE CHOC est l’histoire de deux ados : Elliot, 17 ans, plein de vie, audacieux et téméraire et Ralph 16 ans et demi, plus réservé, sensible et timoré. La vie de nos deux héros basculera complètement suite à un accident dramatique qui rend Elliot infirme. Ne pouvant accepter sa situation, Elliot songe à en finir avec la vie, mais il a besoin d’aide. Ralph entendra alors une demande, extrêmement grave qu’aucun être humain normal doté de sensibilité et d’empathie n’a envie de recevoir.  Pour Ralph, le choc est énorme et profond.

Je dirai d’abord que le mot *euthanasie* est un terme générique qui couvre l’euthanasie comme telle, le suicide assisté et l’homicide par compassion.

Cette histoire imaginée par Marilou Addison et écrite pour les ados n’a rien d’innovateur. Toutefois, dans une écriture simple et fluide, elle pose aux adolescents un problème d’une profonde complexité. Je sais bien que l’euthanasie est illégale au Canada mais au-delà de la loi, il y a ici une notion de transcendance qui questionne continuellement notre conscience.

En lisant ONDE DE CHOC, le jeune lecteur se posera inévitablement cette question : *qu’est-ce que je ferais si mon meilleur ami me demandais de l’aider à mourir?*

Dans son livre, Marilou Addison a pris bien soin d’opposer deux natures diamétralement opposées : Elliot, téméraire et plein de vie, Ralph, pusillanime et réfléchi;  ça fait *cliché* mais l’inclusion de détails sur le quotidien de ces jeunes, leur vie amoureuse et leurs relations familiale a ajouté à l’ensemble un très intéressant cachet de sincérité et d’authenticité.

Je pense que Marilou Addison a relevé avec succès un beau défi : celui de traiter avec sensibilité un thème aussi grave et complexe que l’euthanasie, dans une écriture accessible et une évocation assez juste des motivations qui poussent à faire la demande de suicide assisté.

Ce n’est pas à proprement parler un livre génial, mais il a la vertu, voire l’audace de questionner les jeunes et de les faire réfléchir sur un problème qui divise profondément notre société.

Suggestion de lecture :  LA MORT HEUREUSE de Hans Küng

Marilou Addison a grandi à Montréal où elle a évolué dans les milieux du livre entre autres comme libraire et coordonnatrice du prix CÉCILE GAGNON. Elle est mère de trois enfants. Elle adore écrire pour les petits pour qui elle a créé le personnage PISTACHE.

NOTE : ONDE DE CHOC a été publié aux Éditions de Mortagne dans la collection TABOO qui réunit des ouvrages écrits pour les jeunes et traitant de sujets sensibles. Je vous suggère par exemple DERNIÈRE STATION de Linda Corbo qui aborde le suicide sans détour à travers l’histoire d’une adolescente en mal de vivre. Tous les livres de cette collection semblent porteurs d’espoir et de courage.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
AVRIL 2014

DOSSIERS SECRETS, PIERRE BELLEMARE

*…Alors elle lâche son verre qui éclate sur le
sol carrelé de rouge, et elle hurle avec une
force incroyable. Elle n’appelle pas son mari,
elle ne crie pas *au secours*, elle hurle un son
bizarre, strident, modulé à l’infini, c’est la voix
de la peur la plus animale…*

(extrait de DOSSIERS SECRETS de Pierre Bellemare,
LA MAISON SOUS LA LUNE, Éditions de la Seine, 1984)


Fidèles à leur passion, Pierre Bellemare et Jacques Antoine poursuivent leur exploration de l’étrange et de l’insolite avec DOSSIERS SECRETS. Ce livre réunit 54 histoires dans lesquelles l’insolite fait loi. Par exemple cette incroyable aventure de Betty et Barney qui, après avoir observé un mystérieux objet lumineux dans le ciel seront victimes d’un trou de mémoire d’une heure et demi…que dévoilera l’hypnose?  Saisi par une atmosphère oppressante, le lecteur plonge dans l’univers de l’irrationnel où le cerveau est impuissant à comprendre. Ce livre fait partie d’une collection de 8 titres développant essentiellement les thèmes du fantastique et de l’insolite.

DOSSIERS SECRETS est un recueil de courtes histoires. Ce ne sont pas des récits d’horreur proprement dits, à glacer le sang et à empêcher de dormir mais plutôt de petites aventures étranges qu’on ne peut expliquer car elles échappent à la logique.

C’est là que ça devient intéressant car le lecteur est amené à jongler avec ce qui se cache derrière les apparences et à chercher la vérité qui, bien qu’impossible à atteindre, lui donne la possibilité de tirer ses propres conclusions en séparant le rationnel de ce qui est impossible à comprendre pour le cerveau humain.

Comme je l’ai mentionné, les histoires sont courtes. Plusieurs d’entre elles manquent de fini et la conclusion de plusieurs récits pourraient bien laisser les lecteurs sur leur appétit. Je dirais que c’est un livre divertissant qui plonge le lecteur dans l’univers de l’étrange : inconnu, magie, folie, insolite, enchantement, bizarre…

C’est loin d’être le meilleur livre que j’ai lu mais les histoires sont hors du commun et l’ensemble est original.

Suggestion de lecture : X FILES, NOUVELLES AFFAIRES NON CLASSÉES, de JOE HARRIS, CHRIS CARTER ET DIRK MAGGS

Avant même d’atteindre l’âge adulte, Pierre Bellemare (photo de gauche)  rêve d’une carrière dans les médias. Au milieu des années 50, il rencontre Jacques Antoine, concepteur de la célèbre émission LA CHASSE AU TRÉSOR. Il deviendra présentateur de nombreuses émissions, puis deviendra animateur et producteur sur Europe 1 et le demeurera pendant 17 ans.

Son imagination tournant à la vitesse *GRAND V*, il quittera Europe 1 en 1987 pour adapter le concept américain du télé-achat sur TF1. Enfin Pierre Bellemare n’en reste pas là…il écrit de nombreux livres réunissant des histoires étranges ou hors du commun…près d’une centaine de titres, des millions d’exemplaires vendus…

Jacques Antoine (1924-2012) (photo de droite) est un homme de télévision et de radio qui s’est distingué en produisant, pendant près de 40 ans plus de 150 jeux pour la radio, mais surtout pour la télé, et dont plusieurs ont été très célèbres dont LA CHASSE AU TRÉSOR.

Il y a aussi FORT BOYARD (îlot désaffecté d’origine militaire dont Jacques Antoine se portera acquéreur en novembre 1988 pour la production de la célèbre série télé). Jacques Antoine a aussi participé à quelques scénarios de films et écrit comme co-auteur et complice de Pierre Bellemare.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
AVRIL 2014

CARNET DE VOYAGE D’UN MORT DÉBUTANT

Je me pose des questions qui me font
Perdre du temps. C’est vrai,  mais j’ai
Toujours été ainsi.  Dois-je changer
Maintenant que je suis mort?

(extrait de CARNET DE VOYAGE D’UN MORT
DÉBUTANT, Isabelle Bouvier, Iboux éditions, 2012)

Commentaire sur le livre
D’ Isabelle Bouvier

La mort, c’est le meilleur moment de la vie, c’est pourquoi il est préférable de le garder pour la fin.

Gustave Parking

Isabelle Bouvier a imaginé le carnet de voyage de Paul qui, après sa mort se retrouve dans un endroit de transition où il peut, même mort, continuer à vivre une vie ressentie. Il y a bien sûr quelques exceptions, issues de l’imaginaire de l’auteure. Par exemple le fait de faire apparaître des choses en les souhaitant très fort. Dans ce monde mystérieux où apparemment il ne fait que passer, il attend une lettre qui lui expliquera la suite des évènements.

Paul profite de cette transition pour entreprendre une quête complexe : comprendre le sens de la vie et de la mort, comprendre ce qu’il fait là et comprendre aussi les gens qui l’entourent…bref une quête au bout de la mort.

Il retrouve son papy, fait la connaissance de l’énigmatique  monsieur jeudi, se fait une amie : Maria et entreprend un journal où il consigne ses questionnements,  ses observations, ses recherches et ses rencontres.

C’est un magnifique petit livre sans prétention et tout en sensibilité. Dans ce livre, il n’y a pas de discours, de manifestations morales ou de théories compliquées sur la vie après la mort. Isabelle Bouvier raconte très simplement sa vision du cheminement d’un homme simple, attachant avec un petit côté *enfant*, après sa mort.

En fait, c’est un livre qui pousse à l’introspection en évitant le piège de l’examen de conscience et de la fameuse psychose du ciel et de l’enfer. Avec un brin de poésie, une douce pointe d’humour, l’auteure laisse supposer que bien des questions trouvent leurs réponses dans le cœur des vivants.

Loin d’être moralisateur, l’ouvrage est de nature à apaiser l’esprit qui se préoccupe davantage de la mort que de vivre. C’est un petit livre rafraîchissant qui se lit vite et en douceur.

L’auteure Isabelle Bouvier

Je vous recommande CARNET DE VOYAGE D’UN MORT DÉBUTANT, le premier roman d’Isabelle Bouvie Bon jusqu’au dernier mot. Pour en savoir davantage sur Isabelle Bouvier, je vous invite à visiter son blog au http://monavistinteresse.blogspot.fr/

Suggestion de lecture : PASSAGE, de Yanick St-Yves

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
AVRIL 2014

LE LIVRE DU VOYAGE, de BERNARD WERBER

Eh oui! Moi, LE LIVRE DU VOYAGE, non seulement
Je t’évite de t’intoxiquer, mais, en plus, même sans
Initiation, je te permets de réussir ce que n’arrivent à
faire que les plus grands chamans.
Non, ne me dis pas merci, c’est tout naturel, c’est
Notre contrat.
(extrait de LE LIVRE DU VOYAGE, Albin Michel, 1997)

Le livre du voyage est un essai de Bernard Werber qui propose au lecteur de s’investir dans un voyage intérieur par le pouvoir de son Esprit et des mots. Le livre s’adresse directement au lecteur en le tutoyant et en le guidant dans un processus de visualisation de lieux ou de situation afin de favoriser la paix et l’harmonie.

Le livre se présente un peu comme un compagnon qui dirige le lecteur vers son inconscient.

Le seul héros du livre est le lecteur lui-même.

Dans l’œuvre de Bernard Werber, LE LIVRE DU VOYAGE fait vraiment bande à part. Il faut prendre ce livre pour ce qu’il est. C’est un essai, un instrument qui peut aider les lecteurs et lectrices à la recherche de l’harmonie avec leur environnement.

Personnellement, ce livre ne m’a pas apporté grand-chose, même si je crois avoir une bonne capacité d’introspection, de rêve et d’émerveillement.

Mais je pense qu’il donne au lecteur ou à la lectrice qui veut vraiment et totalement s’investir dans un voyage intérieur la possibilité d’atteindre un certain bien-être. Mais je le précise, il faut avoir beaucoup d’imagination et être persévérant.

Comme dans n’importe quel livre méditatif, le décrochage guette les lecteurs et lectrices qui ne seraient pas VRAIMENT volontaires pour se laisser aller à un profond voyage intérieur.

Ce livre est loin d’être un chef d’œuvre et il n’offre rien de neuf mais j’en retiens une phrase extraordinaire  qui vient conforter une conviction profonde que j’ai toujours eue en écrivant. *…que les livres ont la puissance que leur accorde le lecteur et que celle-ci peut être sans fin. *

Suggestion de lecture :  L’ODYSSÉE DU TEMPS, livre 1 d’Arthur C. Clarke

BONNE LECTURE
JAILU Claude Lambert
MARS 2014

LES 120 JOURNÉES DE SODOME, MARQUIS DE SADE

*…il se relève, baise encore la petite fille,
lui expose un gros vilain cul sale qu’il lui
ordonne de secouer et de socratiser;…*
…………….
*…Moi qui vous parle, j’ai bandé à voler,
à assassiner, à incendier, et je suis
parfaitement sûr que ce n’est pas l’objet
du libertinage qui nous anime,  mais
l’idée du mal.*
(extraits de LES 120 JOURNÉES DE SODOME, 1785)

Vers la fin du règne de Louis XIV, quatre psychopathes de 45 à 60 ans se réunissent pour mettre à exécution une bacchanale d’une incroyable perversité. Le président DeCurval, le financier Durcet, le duc de Blangis et l’évêque son frère sont des aristocrates dont l’énorme fortune n’est que le produit du crime. Ces quatre êtres sans morale réunissent 38 objets de luxure pour les soumettre à leur pouvoir absolu : leur épouse, 8 jeunes garçons, 8 jeunes filles, tous kidnappés,  8 sodomistes choisis pour leur dimension monstrueuse, quatre femmes sexagénaires pour garder le harem, quatre proxénètes appelées historiennes et six cuisinières et servantes. Les 42 personnages s’enferment dans un château isolé pour 120 journées d’une orgie sans nom, dans un crescendo d’horreur. 

UNE INCURSIONS CHEZ LES DÉGÉNÉRÉS

J’ai longtemps hésité avant d’écrire un article sur le Marquis de Sade. Après tout, que peut nous apprendre le Marquis hormis cette incroyable capacité qu’ont beaucoup d’êtres humains (trop nombreux hélas) à dépasser les limites de la perversité et de la cruauté. Et puis je me suis longtemps demandé pourquoi certains pontes de la critique littéraire prétendent que le Marquis de Sade doit figurer dans toutes bonnes bibliothèques dignes du titre. Et je me suis aussi demandé quelle était l’urgence d’adapter ces livres au cinéma (ce qui n’a donné que de parfaits navets) Peut-être ai-je voulu jouer le jeu pour vider la question.

Alors j’ai lu deux livres du Marquis : LA PHILOSOPHIE DANS LE BOUDOIR, un torchon élimé et simpliste, et comme deuxième livre (il n’y en aura pas d’autres, y’a rien de plus sûr) LES 120 JOURNÉES DE SODOME.

C’est après la lecture seulement que j’ai réalisé que ces deux titres étaient des œuvres dites clandestines du Marquis de Sade. C’est-à-dire que le Marquis a nié les avoir écrites jusqu’à ce que la preuve ait été faite qu’il en était bien l’auteur.

Le Marquis de Sade a passé presque la moitié de sa vie en prison, pour crimes multiples dont plusieurs épisodes de débauche. D’ailleurs son livre LES 120 JOURNÉES DE SODOME a été écrit à la Bastille vers la fin de 1785.

Ce livre innommable a été écrit dans un français plus que douteux et très expédié par un esprit torturé. De plus, la version numérique sur laquelle je suis tombé était bâclée complètement. Je m’en suis toutefois contenté, presqu’hypnotisé au départ par une gentille note d’avertissement de l’éditeur : *Voici un livre nauséabond, à tel point qu’il semble voué à finir comme il fut écrit, sous forme de feuilles volantes clouées au mur d’un cabinet d’aisance…un livre criminel et pourtant empreint de la plus froide raison*

Un peu plus loin, le Marquis lui-même semble nous prévenir que si on n’a pas le cœur solide, mieux vaut ne pas entreprendre la lecture de ce livre cru et sans âme.

Le fil conducteur de ce livre (car il y en a un malgré tout) est l’expérimentation, en 120 journées, de 600 perversions les plus représentatives des théories du Marquis de Sade développées dans l’ensemble de son œuvre. C’est ici que l’avertissement du Marquis dont j’ai parlé plus haut prend tout son sens : *C’est maintenant, ami lecteur, qu’il faut disposer ton cœur et ton esprit au récit le plus impur qui ait jamais été fait depuis que le monde existe…*

Cette histoire est donc l’exécution de toutes les facettes de la perversion. Ce livre est insoutenable et réunit ce que le marquis considère sans doute comme les raffinements du libertinage mais que moi je considère plutôt comme la dérive totale d’un esprit tordu : sadomasochisme explicite jusqu’à l’ennui, coprophagie, scatologie, torture, bacchanale, sodomie, pornographie bas de gamme, meurtre pour le plaisir et j’en resterai là.

Je ne nie pas que le Marquis de Sade ait laissé sa marque dans la littérature. Elle est effectivement difficile à éviter. Mais à la lumière du propos de LES 120 JOURNÉES DE SODOME, je dirais qu’en matière de littérature ordurière, on ne peut faire ni mieux ni pire.

Quant aux raisons pour lesquelles le Marquis de Sade devrait obligatoirement figurer dans toutes bonnes bibliothèques qui se respectent, je suis maintenant fixé, il n’y en a pas. Je considère (et c’est très personnel) que le Marquis de Sade est la représentation ultime de l’absence de raison.

Je suis heureux de passer à autre chose.

Suggestion de lecture : LE MOINE, de Mathew Gregory-Lewis

JAILU
MARS 2014

(En Complément…)

Une toile machiavélique

Amies lectrices, amis lecteurs, mes meilleures salutations.

Aujourd’hui, je vous propose un article plus long qu’à l’accoutumée.

Ça pourrait être justifié par la longueur du livre, mais ça va beaucoup plus loin. Imaginez en effet que plane sur l’existence humaine un péril nouveau genre, ourdi par…le cinéma.

Je vous invite à lire mon article et à plonger avec moi, le temps d’une lecture, dans *le Côté obscur de la Force*.

Aller lire le commentaire sur La conspiration des ténèbres

JAILU