LA ROME ANTIQUE, de Peter Ackroyd

De la série VOYAGES DANS LE TEMPS

*Rome s’effondra il y a plus de mille cinq cents ans, mais elle nous a laissé un héritage riche. Nombreux sont les monuments et les routes qui ont survécu. On enseigne encore le latin dans le monde entier. Les écrivains et les orateurs de la république inspirèrent les dirigeants des révolutions française et américaine. L’empire britannique prit pour modèle l’empire romain. *  (LA ROME ANTIQUE, Peter Ackroyd, La Mascara éditeur, 2006, collection Voyages dans le temps. Édition de papier, illustrée, 145 pages)

Rome a contribué à façonner le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui.

L’HÉRITAGE DE ROMULUS

C’est un livre intéressant dont la principale force est la présentation graphique en plus d’être richement illustré de photos et de dessins. Le livre nous fait voyager dans le temps jusqu’à la fondation de Rome et sa croissance avant de devenir le prestigieux empire qui a jeté les bases de notre civilisation.

Le livre couvre les grands thèmes de l’évolution romaine mais traite les sujets de façon plutôt superficielle. C’est un ouvrage généraliste qui ne fait qu’initier à l’histoire romaine mais qui couvre l’essentiel. Pour couvrir l’histoire de la Rome antique il faut lire au minimum HISTOIRE DE LA ROME ANTIQUE de Lucien Jerphagnon ou, écrit sous le même titre, le livre de Le Boec Yann. Mais pour s’initier à l’histoire et l’héritage de Rome, le livre de Peter Ackroyd est excellent et m’a donné le goût de pousser plus loin.

Le livre passe en revue, dans les grandes lignes, la naissance de Rome, les innombrables guerres, l’époque de la république, les empereurs, une petite chronique de la vie quotidienne à Rome, l’empire et sa chute.

Livre bien fait, bien documenté, très agréable à l’œil, parfait pour les jeunes qui ont le goût de s’initier à l’histoire. Le livre dans l’ensemble est plutôt limité dans les détails mais propose des annexes qui comble partiellement cette lacune. Le livre est très coloré et bien ventilé. Il se lit vite et bien. Bref, un petit documentaire de qualité.

Suggestion de lecture : EXODUS, de Leon Uris

Pour la biographie de Peter Ackroyd, cliquez ici. Il existe aussi une quantité impressionnante de films sous le thème de la Rome antique. Le site senscritique propose ici une filmographie de 54 titres. Je vous invite aussi à parcourir une bibliographie préparée par booknode sous le même thème. Plusieurs documentaires pourraient aussi vous intéresser dans cette liste.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 21 avril 2024

LA MYTHOLOGIE, ses dieux, ses héros, ses légendes

Commentaire sur le livre d’
EDITH HAMILTON

*la mythologie nordique et la mythologie grecque
nous donnent une claire image de ce qu’étaient ces
 peuples auxquels nous devons la plus grande part
de notre héritage spirituel et intellectuel. *
(Extrait : LA MYTHOLOGIE, Edith Hamilton, origine :
Marabout éditeur, 2013, papier, 450 pages. Version
audio : Audiolib éditeur 2019, durée d’écoute : 14 heures.
Narrateur : Thierry Jenssen)

Le livre saisit toute l’importance que gardent, à notre époque, les mythes et les légendes, qui sont le fondement même de notre culture, et où nous puisons encore une si large inspiration. Remontant aux sources, c’est chez les poètes Homère, Hésode, Pindare, Ovide qu’Édith Hamilton retrouve la substance des grands thèmes mythologiques et nous les restitue, dans leur spontanéité, sous forme de merveilleuses histoires : Orphée et Eurydice, Tantale et Niobé, les travaux d’Hercule, le défi d’Icare, la descente de Thésée aux Enfers De l’avis unanime, un ouvrage clair et complet. 

Merveilles des panthéons
*Avec la naissance de la Grèce,
l’homme se plaça au centre de l’univers*

(Extrait)

Par le biais d’une plume qui me rappelle un peu celle de Jean Markale dans LE CYCLE DU GRAAL, enduite de poésie, de fantastique et de fabuleux, densifiée par une narration chaude et enveloppante, Edith Hamilton vient me rappeler que je me suis peut-être trop fier au cinéma pour pénétrer les mystères de la mythologie. Le récit m’a permis de faire de magnifiques découvertes, de m’apprendre des choses dont j’étais loin de me douter.

Je savais que les dieux se bousculent au panthéon. Il y a un dieu pour chaque chose. Par exemple, j’apprends que la déesse de l’aube avait pour nom AURORE. Qu’Écho était une nymphe condamnée par Héra à ne plus pouvoir parler, sauf pour répéter les derniers mots qu’elle avait entendus. Que Pandore possédât une boîte que Zeus lui avait interdit d’ouvrir car cette boîte contenait tous les maux de l’humanité. On connait la suite…Pandore ayant cédé à sa curiosité…

Un dernier exemple : Arachné était une jeune femme qui excellait dans l’art du tissage. Suite à une cuisante humiliation, elle se suicida mais Athéna décida de lui donner une seconde vie sous forme d’araignée suspendue à son fil. Il fallait y penser…la mythologie au secours de l’étymologie. C’est ainsi que j’allai de découverte en découverte avec ce livre qui m’a conquis dès les premières minutes.

Le récit est imprégné de l’Esprit des grands penseurs et poètes de l’antiquité…Ovide surtout, mais aussi Virgile et l’incontournable Homère car l’odyssée d’Ulysse est omniprésente dans le récit qui m’apprend aussi que le nom grec d’Ulysse était Odysséus. Une autre découverte sur l’origine d’un mot. Je savais que l’histoire des Dieux est une suite de complots, d’hypocrisie, de jalousie, de tueries et j’en passe mais le récit met l’emphase sur la façon dont les mortels composaient avec les *marionnettistes*.

Il était clair que les dieux étaient voués à la disparition parce que les mortels cesseraient d’y croire. Quoiqu’il en soit, certains héros sont apparus sous un jour nouveau pour moi. J’apprends par exemple qu’Hercule aurait tué sa femme et ses enfants dans un accès de folie insufflée par une déesse, ce qui a conduit à l’incontournable mythe des douze travaux d’Hercule.

La seule faiblesse de l’ouvrage concerne la mythologie nordique qui n’occupe qu’une petite place à la fin du récit, ce qui est incompatible avec le caractère généraliste du titre. Odin méritait mieux que ça je pense. Mais il reste que j’ai beaucoup aimé ce livre. Un excellent divertissement.

Suggestion de lecture : PETITES HISTOIRES DE LA MYTHOLOGIE, d’Hélène Montardre

Edith Hamilton, née le 12 août 1867 et morte le 31 mai 1963, est une enseignante, helléniste, historienne américaine d’origine allemande, spécialiste de la mythologie grecque et de la Grèce antique.

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 27 janvier 2024

GAMER 2, de Pierre-Yves Villeneuve

*…dans le fureteur de mon ordi, je clique sur un raccourci
qui m’amène directement sur la page Facebook. La page
aux codes indéchiffrables. Sans succès, je m’y suis
attaquée à coup de deux heures par soir tous les soirs
cette semaine…zéro pour cent de réussite…*
(Extrait : GAMER, tome 2 : DANS L’ARÈNE, de Pierre-Yves
Villeneuve, or. : Les Malins éditeur, 2017, version audio :
Audible studio éditeur, 2018, durée d’écoute : 8 heures 14
minutes. Narratrice : Mélanie Paiement)

Malgré les heures passées à tenter de découvrir qui sont les auteurs de la page Facebook qui rend la vie de Margot si misérable, Laurianne fait face à un mur. Elle devra peut-être chercher de l’aide dans les recoins les plus obscurs d’internet. À l’école, la peste de Sarah-Jade continue de régner en tyran, mais Laurianne a un plan pour la remettre à sa place. Comme si ce n’était pas assez, on rapporte des événements inquiétants sur les serveurs de La Ligue des mercenaires… Des gamers racontent avoir été la proie d’attaques aussi foudroyantes que dévastatrices. Certaines théories font froid dans le dos. Ça n’empêche pas les quatre amis de parfaire leur entraînement en vue du tournoi de la Ligue. Si seulement ils savaient ce qui les attend…

Sur mesure pour adolescents/adolescentes
*Les missiles vont s’abattre sur les immeubles et raser
cette partie de la ville. Alors que nous arrivons sur la
grande place, les bombes commencent à exploser. Les
immeubles sont éventrés, éparpillés, réduits en miettes.
La terre tremble, une onde de choc plaque nos avatars au
sol…*
(Extrait)

Cette histoire comporte deux volets qui s’imbriquent : premier volet, des relations entre ados dont plusieurs sont dans une phase de réveil hormonal. Des relations parfois conflictuelles, d’autres fois cordiales et à l’occasion, cordialement conflictuelles car plusieurs se lèveraient de bonne heure pour détester certains personnages comme Sarah-Jade par exemple, la peste de service.

J’ai trouvé que ce volet n’apportait ni nouveauté ni originalité. Des ados qui font voler les couteaux à différentes hauteurs…banal. Le deuxième volet, c’est le jeu. Le jeu de console. On entre dedans comme dans TRON le film iconique de Disney. Je n’ai jamais été amateur de jeux de console. J’ai passé un peu de temps sur SNES mais quand ça s’est démodé, j’ai décroché.

Bien que les jeux de console me laissent indifférent, sur le plan de la lecture, j’ai trouvé le développement intelligent, évolutif et attractif surtout à cause des stratégies de jeu relativement bien expliquées. Toutefois, dans le volet jeu, je n’ai pas senti d’urgence, de suspense, d’action à l’emporte-pièce. Cependant, il est une force que j’ai trouvé très perceptible dans le récit à savoir que l’auteur a intimement lié le jeu à la culture des jeunes qui sont déjà imprégnés des nouvelles technologies.

Pour plusieurs, ce sera une tendance à vie, il y en a certains que ça pourrait rendre malade. GAMER laisse à penser que le jeu et la techno contribuent à affuter le schéma de pensée des jeunes. Ça donne au récit une dimension pas mal intéressante et à ce niveau, le fil conducteur des dialogues dans l’action du jeu est solide. C’est le principal lien qui m’a gardé accroché à l’histoire.

Suggestion de lecture : ARMADA, d’Ernest Cline

Au début des années 1990, Pierre-Yves Villeneuve aurait tout donné pour devenir astrophysicien et s’isoler dans un observatoire au sommet d’une montagne afin d’étudier les étoiles. L’univers lui a joué un drôle de tour, car pendant ses études universitaires, il s’est mis à travailler comme libraire, et quelques années plus tard, le voilà qui était éditeur dans une grande maison d’édition !  Au moment d’écrire ces lignes, il continue de peaufiner les histoires qui naissent dans sa tête (il signe notamment la populaire série Gamer). (Communication jeunesse)

Pour commencer par le commencement

Le tome 1 de la série GAMER : NOUVEAU PORT

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le vendredi 23 juin 2023

LE JOUR OÙ MAMAN M’A PRÉSENTÉ SHAKESPEARE

Commentaire sur le livre de
JULIEN ARANDA

*Quand on arrivait sous les colonnes éclairées de la
Comédie-Française, maman redevenait soudain une
adulte. –La légende raconte que Molière est mort ici,
chuchotait-elle. Surtout, ne fais pas de bruit.*
(Extrait : LE JOUR OÙ MAMAN M’A PRÉSENTÉ SHAKESPEARE,
Julien Aranda, Eyrolles éditeur, 2018, 194 pages en format num.)

Quand on a 10 ans, pas de papa mais une mère amoureuse de Shakespeare et que l’on s’attend à voir débarquer les huissiers d’un jour à l’autre, la vie n’est pas simple. Elle, comédienne de théâtre passionnée, fascine son fils qui découvre le monde et ses paradoxes avec toute la poésie de l’enfance. Avec leur voisine Sabrina et les comédiens Max, Lulu et Rita, ils forment une famille de cœur, aussi prompte à se fâcher qu’à se réconcilier. Mais, un jour, la réalité des choses rattrape la joyeuse équipe. Et le petit garçon est séparé de sa mère. Comment, dès lors, avancer vers ses rêves ? 

Dans l’ombre de William et George
*…j’ai pensé que dans ce monde, il ne faut pas
s’attarder à devenir une trop bonne fourmi,
parce que le jour où les mouches changent
d’âne, on a vite fait de se retrouver dépourvu,
comme une cigale mais avec la joie de
vivre en moins. *
(Extrait)

C’est un petit livre qui m’a réchauffé le cœur. Pas pour l’originalité de son histoire mais plutôt pour la sincérité de la plume et la beauté de l’écriture. Le narrateur est un jeune garçon qui a six ans au début de l’histoire. Dommage, l’auteur n’a pas cru bon lui donné un nom. Je ne comprends pas ce choix. Pour la mère, pas plus original…on l’appellera la maman.

Donc la Maman est une comédienne qui s’est rendue au plus profond de la misère par amour pour le théâtre et en particulier pour les pièces de Shakespeare qu’elle joue avec des comédiens aussi passionnés qu’elle devant…des salles vides.

Le petit garçon a passé une partie de son enfance avec, dans son environnement, des huissiers, policiers, juges, juristes familiaux, un voisin grognon, une voisine originale ayant une mémoire phénoménale des codes-barres et une tante obsédée par la réalité des choses et donc de ce fait, en conflit avec sa sœur, la maman.

Un jour, quelques phrases prononcées par un grand monsieur vont tout faire basculer. Suivront : le décès du metteur en scène et l’arrivée dans la vie du garçon encore tout jeune, d’une belle fille appelée Sarah qui se trouve à être la fille du grand monsieur.

Cette histoire raconte donc le parcours enchanté d’une troupe de théâtre très spéciale…disons hors-norme.  Ce récit m’a beaucoup ému et m’a amené à porter un regard différent sur ceux et celles qui n’entrent pas dans *le moule de la Société* qu’on pourrait appeler ici des marginaux mais alors là sans arrière-pensées aucune.

L’écriture est d’une superbe finesse à la limite de la poésie. Si je me réfère à la réalité des enfants, je dirais que cette histoire a de la profondeur. La faiblesse tient dans le fait que, outre l’utilisation de mots déformés, de phrases détournées et d’une bonne quantité de néologismes comme télédébilité par exemple, l’enfant fait plus vrai que nature, une sagesse sans aucune turbulence et une façon trop mature de mettre en mots ses émotions et ses sentiments.

Je n’ai senti aucune souffrance chez cet enfant pourtant balloté et vivant dans une perpétuelle incertitude. Ça ne me semble pas très réaliste mais il y a une telle sincérité dans le texte qui constitue en fait 200 pages de manifestation d’amour, d’espoir, d’humanité et d’optimisme. Bref, un brassage d’émotions qui ne laisse pas indifférent.

J’ai aussi beaucoup aimé ce livre pour ses nombreuses références à Georges Brassens qui est et restera toujours mon poète et auteur-compositeur préféré.

<…car maman, même si elle était amoureuse de Shakespeare, elle lui faisait parfois des infidélités avec Georges Brassens parce qu’elle trouvait que sa voix et sa guitare s’accordaient parfaitement et que c’était un vrai poète comme il n’en existe plus aujourd’hui et qu’il n’en existerait plus jamais parce que le monde sombrait à cause de toutes ces émissions de télédébilité et tous ces réseaux asociaux…> Extrait

Dans un même monde où tristesse et joies s’entrelacent, l’auteur a fait cohabiter Shakespeare et Brassens avec bonheur et habileté, comme si cela allait de soi. Ça, j’ai adoré. Et si j’ai parlé plus haut de personnes marginales, j’ai trouvé très à propos la citation de LA MAUVAISE RÉPUTATION de Brassens au début de l’ouvrage de Julien Maranda :

*Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant mon chemin de petit bonhomme,
Mais, non, les braves gens n’aiment pas que,
L’on suive une autre route qu’eux*
(LA MAUVAISE RÉPUTATION, Georges Brassens)

Sans révolutionner la littérature, ce livre de Julien Aranda fait du bien…un petit vent de fraîcheur comme je les aime parfois. Les leçons de la vie vues à travers les yeux d’un enfant et la poésie de Brassens. Ça ne pouvait m’atteindre davantage. À lire absolument.

Suggestion de lecture : L’INFLUENCE D’UN LIVRE, de Philippe Aubert de Gaspé fils

Julien Aranda nous livre un premier roman en 2014 : « Le sourire du clair de lune » (City Éditions) qui a le parfum nostalgique des histoires que lui racontait son grand-père.

Encouragé par ses lecteurs, conforté dans sa vocation, il publie en 2016 « La simplicité des nuages » (City Éditions), roman plus contemporain décrivant les turpitudes d’un cadre parisien en quête de sens. En 2018, il publie son troisième roman « Le jour où Maman m’a présenté Shakespeare »(Éditions Eyrolles) qui raconte la trajectoire enchantée d’une comédienne de théâtre éprise d’absolu et de son petit garçon qui n’a d’yeux que pour elle.

William Shakespeare (1564-1616) <photo du haut> un des auteurs les plus évoqués dans l’histoire de la littérature et du cinéma et le poète Georges Brassens, deux immortels en convergences dans la vie d’un jeune garçon.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 23 octobre 2022

 

ASTÉRIX CHEZ LES QUÉBÉCOIS

*Ce livre propose avant tout un regard affectueux sur ce grand classique de la BD à travers les yeux des gens d’ici. Il témoigne de l’impact qu’Astérix a eu, ou du moins semble avoir eu, sur notre société distincte, une collectivité affublée d’une spécificité culturelle tout aussi singulière que l’ADN qui constitue la sève de nos héros gaulois. Qui sait si les combats des irréductibles gaulois, comme par un effet miroir, n’ont pas influencé les nôtres, leur insufflant un volontarisme qui ne nous est pas toujours inné. *

(Extrait, ASTÉRIX CHEZ LES QUÉBÉCOIS, Tristan Demers, Hurtubise éditeur, Les Éditions Albert René/Goscinny-Uderzo, 2018, papier illustré, grand format, 180 pages)

Depuis sa création en 1959 et fort de ses 375 millions d’exemplaires vendus, Astérix n’a cessé de fasciner les lecteurs de tous âges. Accueillant chacun des albums de la série avec enthousiasme, les québécois se sont identifiés à ce petit village gaulois qui poursuit, seul, sa lutte contre l’envahisseur romain.

Ce livre documentaire explique le pourquoi et le comment de cette histoire d’amour franco-québécoise unique. Tous les aspects des rapports établis au fil des ans entre les québécois et l’œuvre de Goscinny et Uderzo sont passés au crible : historique, politique, culturel, publicitaire, muséal, etc… une invitation à la relecture d’une des plus grandes séries de l’histoire mondiale de la bande dessinée : ASTÉRIX.

 Un gaulois par chez nous
*Puisque le village d’Astérix résistant à l’envahisseur est
ce qui nous unit, les gaulois et nous, cela fait des québécois
des lecteurs différents, probablement plus sensibles aux
motivations d’Abraracourcix et de ses villageois. C’est en
tout cas ma conviction profonde, peu importe ce que peuvent
en dire les sceptiques.
(Commentaire de Tristan Demers dans
l’épilogue de ASTÉRIX CHEZ LES QUÉBÉCOIS)

J’avais six ans quand Astérix est né de l’imagination d’Uderzo et Goscinny. Je ne me suis pas tout de suite intéressé au personnage. J’étais en train d’apprendre à lire et je venais tout juste de faire connaissance avec un autre personnage célèbre : Tintin. Le célèbre reporter ainsi que  Milou et le capitaine Haddock que j’affectionnais particulièrement allaient m’accompagner toute mon enfance et une partie de l’adolescence jusqu’à ce que je me penche sur mon premier album d’Astérix.

Ce fut le coup de foudre à l’époque, et c’est encore le coup de foudre aujourd’hui. Soixante ans plus tard, un québécois, mordu de la bande dessinée, Tristan Demers, vient rappeler les débuts d’une grande histoire d’amour entre Astérix et l’ensemble d’un peuple : Le Québec.

Dans un livre à la présentation extrêmement bien soigné et bourré d’illustrations et de photos, Tristan Demers explique cette relation privilégiée en établissant des liens d’identification, des ressemblances, des rapports développés au fil du temps, entre autres sur les plans historiques, culturel et spécialement sur le plan socio-politique :

*Nous pouvons, tout comme vous, évoquer sans rire nos ancêtres les gaulois. Même s’il nous advient de nous sentir cernés comme Astérix dans son village (…) et de songer aussi que l’Amérique du nord tout entière aurait fort bien pu être gauloise plutôt que néo-romaine.* (Extrait du discours du premier Ministre du Québec, René Lévesque devant l’Assemblée Nationale française en novembre 1977, publié dans ASTÉRIX CHEZ LES QUÉBÉCOIS)

Je pense que Tristan Demers, que j’ai eu le plaisir de rencontrer une fois, s’est dépassé en présentant la genèse d’une série qui allait rapidement constituer le fleuron mondial du neuvième art et surtout en expliquant de façon simple et claire ce qui fait qu’on se ressemble et qu’elle a été l’influence des célèbres irréductibles sur les québécois et les québécoises.

Le livre est destiné aux québécois mais il peut bien être lu par l’ensemble de la francophonie mondiale tellement la plume est excellente bien qu’il n’y a que des québécois pour saisir toute la portée des passages les plus intimistes que j’ai personnellement savourés : *Au fond, le village d’Astérix n’est pas très éloigné du modèle type de la FAMILLE PLOUFFE ou de celle des PAYS D’EN HAUT : on y mange, on s’y dispute et on s’y comporte parfois comme des enfants. * Heureusement, les québécois n’ont jamais craint l’auto-dérision. *

Dans son livre, je crois que Tristan Demers n’a rien oublié. Il consacre même un petit chapitre à CINÉ-CADEAU, cette trouvaille géniale de Télé-Québec qui a introduit les aventures d’Astérix et Obélix à toute une génération de jeunes. Mes propres enfants ont connu ces gentils gaulois par le biais de ciné-cadeau. Je n’exagère donc pas en disant que ce livre m’a fait vibrer et il en est ressorti de belles émotions.

ASTÉRIX CHEZ LES QUÉBÉCOIS fera autant le délice des néophytes que des connaisseurs, jeunes et moins jeunes. L’édition est très soignée avec papier semi-glacé. Le livre est bien ventilé et la plume fluide, le tout est une mine d’or en informations.

Je ne suis pas amateur de livres-documentaires mais dans ce cas-ci, pour utiliser un vieux cliché…je crois bien que je suis tombé dans la marmite étant petit…

Suggestion de lecture : RENÉ GOSCINNY RACONTE LES SECRETS D’ASTÉRIX

Tristan Demers est né le 19 septembre 1972, à Montréal. Son intérêt marqué pour la bande dessinée l’incitera à créer sa propre série, Gargouille, à l’âge de 10 ans ! En 1988, les éditions Levain/Mille-Îles publient un premier album de Gargouille : Chasse aux mystères ! Sept autres albums paraissent dans les années qui suivent. Depuis, Tristan compte à son actif plus de 70 000 albums vendus et 250 participations dans les salons du livre et autres festivals de la francophonie, de la Belgique au Liban, en passant par la Suisse et la Côte d’Ivoire!

Gargouille est un des personnages les plus populaire de la bande dessinée québécoise et on le retrouve sous forme de produits dérivés. Le bédéiste est également chroniqueur et illustrateur à télévision depuis des années. Récipiendaire de plusieurs prix, Tristan a lancé, en collaboration avec Jocelyn Jalette et Raymond Parent, au printemps 2006, un guide pédagogique sur la bande dessinée destiné aux enseignants. Enfin, une biographie de l’auteur, publiée en 2003, soulignait les vingt ans de son personnage.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 1er mai 2022

 

L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON, de MURIEL BARBERY

*Il faut vivre avec cette certitude que nous
vieillirons et que ce ne sera pas beau, pas
bon, pas gai. Et se dire que c’est maintenant

ce qui importe: construire, maintenant,
quelque chose, à tout prix, de toutes ses
forces.*

(Extrait: L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON, Muriel
Barbery, Gallimard, 2006, édition de papier,
410 pages)

Renée, une femme intelligente, douée est timorée au point de vivre dans sa peau de concierge insignifiante et ignorante. Tous ceux qui l’entourent rue de Grenelle la connaissent sous cet angle. Il y a aussi une jeune fille brillante de 12 ans appelée Paloma. Elle rejette le monde des adultes qu’elle considère comme hypocrites et ineptes et décide qu’elle se suicidera le jour de ses 13 ans, après avoir mis le feu à l’appartement familial. Toutefois, Kakuro Ozu, cultivé et raffiné va changer la donne. Il comprend que Renée se donne des airs de ce qu’elle n’est pas. On la compare à un hérisson. Et Ozu semble lui en attribuer l’élégance.

LA SEMPITERNELLE DUALITÉ

*Je me souviens de toute cette pluie…
Le bruit de l’eau martelant le toit, les
chemins ruisselants, la mer de boue
aux portes de notre ferme, le ciel noir,
le vent, le sentiment atroce d’une
humidité sans fin, qui nous pesait
autant que nous pesait notre vie…*
(Extrait : L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON)

C’est le tapage médiatique mielleux voire dithyrambique qui m’a poussé à lire ce livre. C’est un récit étrange que celui de Renée Michel, une concierge du 7 rue de Grenelle : 54 ans, petite, laide, moins qu’ordinaire et inintéressante. C’est le personnage principal. S’ajoute une jeune ado : Paloma, 12 ans, exceptionnellement brillante et qui, catastrophée par l’insignifiance du monde adulte et la complexité de la vie, planifie son suicide.

Plus loin dans le récit, un mystérieux personnage entre en conjonction dans la vie de Renée et Paloma : Kakuro Ozu, un japonais aisé qui va changer la vie de la jeune et de la vieille fille, ressortir et dynamiser leur personnalité. L’histoire de ces trois personnages converge jusqu’à une issue à la fois dramatique et heureuse.

Je ne peux en dire plus sinon préciser que madame Michel est extrêmement cultivée, lettrée, intelligente, lectrice avide. Elle est tout ça et plus encore mais…en cachette. Elle ne veut absolument pas étaler sa culture au contraire.

Elle la cache farouchement préférant donner l’image que se fait habituellement la bonne société d’une simple concierge, ce dont s’aperçoit rapidement monsieur Ozu : *J’ai endossé mon habit de concierge semi-débile. Il s’agit là d’un nouveau résident que la force de l’habitude ne contraint pas encore à la certitude de mon ineptie et avec lequel je dois faire des efforts pédagogiques spéciaux… * (Extrait)

J’ai aimé ce livre, mais avec un enthousiasme modéré. Je ne comprends pas l’engouement exagérément poussé pour cet ouvrage. Je l’ai trouvé plutôt prétentieux, ampoulé. L’auteure y expose une philosophie poussée à outrance sur l’estime de soi, la vie, les apparences. C’est un roman philosophique dans lequel il n’y a rien de simple.

Même l’humour qui est largement présent dans le récit est parfois d’une lourdeur démesurée : *Ce que le papier de toilette fait au postérieur des gens creuse bien plus largement l’abîme des rangs que maints signes extérieurs. Le papier de chez monsieur Ozu…doux et délicieusement parfumé est voué à combler d’égards cette partie de notre corps qui… en est particulièrement friande. * (Extrait)

Il y a je l’admets, certains passages plus légers, celui par exemple qui décrit la professeure de français de Paloma comme affichant un évident surplus de poids, au point d’être affublée de nombreux bourrelets. Cette femme s’appelle madame maigre. L’auteure ne manque pas d’humour, c’est évident.

La véritable force du roman est dans la profondeur des personnages, malmenés par la vie et qui sont appelés à s’aider mutuellement par l’entremise d’un sage. Les émotions qu’ils partagent sont fortes par moment même si les situations ne sont pas toujours crédibles comme Paloma par exemple qui planifie son suicide comme si c’était une liste d’épicerie.

Quant à Renée, elle m’a impressionné même si je n’ai pas vraiment compris ses motivations quant au regrettable camouflage de sa culture…j’ai toutefois bien saisi le rapprochement avec le hérisson. Il pourrait être je crois discutable.

Voilà…le fameux roman porté aux nues à une vitesse vertigineuse en 2006 est un bon roman mais ça s’arrête là. J’admets que la concierge ultra-cultivée et passionnée d’Anna Karénine et qui cache farouchement sa culture est une trouvaille originale, qu’il y a dans le livre beaucoup de matière à réflexion.

Malheureusement, le récit est étouffé par la philosophie qu’il colporte, élitiste et beaucoup trop tartinée : *Mais si, dans notre univers, il existe la possibilité d’être ce qu’on n’est pas encore…est-ce que je saurai la saisir et faire de ma vie un autre jardin que celui de mes pères*? (Extrait) intéressant, bien écrit mais lourd.

Je vais jusqu’à vous le recommander, quoique je ne vous souhaite pas de *tomber* sur l’édition que j’ai lue : un spectaculaire gâchis de fautes d’orthographe et de frappes.

Suggestion de lecture : LA FIN DU MONDE A DU RETARD, de J.M. Erre

Muriel Barbery est une romancière française née le 28 mai 1969 à Casablanca. Souhaitant rester dans l’ombre médiatique, Muriel Barbery demeure discrète. Son grand succès tient beaucoup plus du bouche à oreilles et de l’engouement pour ses livres. Ses deux livres ont été récompensés par de nombreux prix, en particulier L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON, adapté à l’écran. Voir ci-bas.

Au cinéma, L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON devient LE HÉRISSON…

À gauche, l’affiche du film LE HÉRISSON, de la réalisatrice Mona Achache, adaptation libre de l’œuvre de Muriel Barbery, sorti en juillet 2009. Ci-haut, l’affiche du film. On retrouve aussi dans la distribution Garance le Guillermic (La jeune fille à la caméra sur l’affiche) et Anne Brochet.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 26 avril 2020

MOTS D’EXCUSE, livre de PATRICE ROMAIN

*Des mots méprisants ou condescendants (un peu), des mots d’excuse ou de justification (beaucoup), des mots qui photographient le milieu familial (passionnément), des mots qui racontent, ou plutôt résument l’amour des
parents pour leur enfant et leur angoisse face au risque d’échec scolaire (à la folie), des mots insignifiants (pas du tout)*
(Extrait de l’avant-propos de MOTS D’EXCUSE de Patrice Romain, 2011, François Bourin éditeur, num. 55 pages)

Retards, absences, difficultés scolaires, contestations de notes… autant d’occasions pour les parents d’écrire au maître de leurs petites progénitures. Patrice Romain qui a été professeur, principal et directeur d’école pendant plus de 20 ans a recueilli, au fil des ans,  ces perles drôles ou émouvantes. Au-delà du sourire, ces billets sont également le reflet d’une société. Bien sûr, ces *mots* viennent de France mais vous allez voir qu’ils ont un évident caractère universel, de sorte que tous les parents du monde pourraient bien se reconnaître, et probablement en rigoler….des fautes d’orthographe entre autres.

ESSAYEZ DONC DE CHANGER LES PARENTS!
*Monsieur
excuser moi pour se Matin.
Car le petit frère à Sassia à
été Malade toute la nuit et
il a chié partou.
Merci d’avance.*
(Extrait : MOTS D’EXCUSE,
transcription intégrale)

L’EXCUSE EST HUMAINE…
MOTS D’EXCUSE est un opuscule de Patrice Romain qui a constitué comme un intermède dans mes lectures. C’est court, c’est drôle et ça porte un peu à réfléchir.

On ne peut pas vraiment critiquer MOTS D’EXCUSE. L’auteur a simplement réuni des mots de parents pour excuser leurs rejetons d’un retard à l’école par exemple, d’un devoir pas fait ou pour se plaindre d’une injustice dont ils pourraient être victimes.

On dirait que les raisons pour écrire un mot au prof sont aussi nombreuses qu’il y a d’élèves dans le monde. Romain a précédé son petit recueil d’un avant-propos dans lequel il explique qu’il en a vu de toutes les couleurs, laissant à penser que les parents comprennent peu le petit côté *missionnaire* du métier d’enseignant.

Je précise ici que Patrice Romain a publié intégralement les messages des parents. Pas de censure, pas de correction d’orthographe, pas de ponctuation. C’est du *mot pour mot*. Le résultat : c’est bourré de fautes.

Mais il faut aller au-delà de l’orthographe et se rappeler que les parents qui ont écrit ces messages sont issus du siècle dernier et ont connu une enfance encadrée par un contexte culturel et économique très différent. Et puis on peut aussi se poser cette question : est-ce que les ados d’aujourd’hui font mieux?

Je recommande aux parents de lire ce petit ouvrage pour rigoler bien sûr, mais aussi pour faire un petit exercice auquel je me suis moi-même livré : tenter de se reconnaître. Les mots sont tellement variés et touchent tellement de possibilités que par moment, le livre avait sur moi l’effet d’un miroir. Il faut se rappeler que le ridicule ne tue pas.

Un bref mais agréable moment de lecture. Je vous laisse sur cette perle :

*Madame, puisque vous voulez un mot d’excuse pour le retard de ma fille, Le voilà. Au revoir.*

Suggestion de lecture : LES COLLECTIONS DU CITOYEN, collectif

Inspiré par sa longue carrière dans le monde de l’enseignement, Patrice Romain a publié plusieurs livres sur les évènements et les situations qui l’ont marqué. L’aventure a commencé en 1993 avec la publication de MON ÉCOLE, SES MAÎTRESSES, SES MAÎTRES : livre dans lequel il dresse un portrait de ses collègues enseignants du primaire vus par un élève.

Bien sûr, MOTS D’EXCUSE a suivi avec près de 100 000 exemplaires vendus. Patrice Romain est même allé jusqu’à exposer son expérience de sapeur-pompier volontaire dans son livre CHRONIQUES D’UN POMPIER VOLONTAIRE, paru en 2012 chez François Bourin. Je vous invite à consulter les notes biographiques et la bibliographie ici.

BONNE LECTURE
JAILU
28 AOÛT 2016

LE MYSTÈRE DES PIRATES, O.P. Poivre d’Arvor

FRÈRES DE SANG, FRÈRES D’ARMES

Commentaire sur le livre d’
Olivier et Patrick Poivre d’Arvor

*Je m’appelle François. J’ai dix ans et j’ai mille ans.
J’ai été de toutes les aventures du monde…je vais
aujourd’hui vous raconter la fabuleuse histoire des
pirates et des corsaires. Je les ai tous connus et
accompagnés sur les mers, ils ont été mes frères.
Mes frères de sang, mes frères d’armes.*
(4e de couverture, LE MYSTÈRE DES PIRATES, de Patrick et
Olivier Poivre d’Arvor, éd. Albin Michel jeunesse, 2009,
littérature jeunesse, 130 pages. Édition de papier)

Ouvrage en deux parties, la première étant le récit de François, un jeune garçon de 10 ans qui résume la vie de quelques pirates et corsaires devenus célèbres par leurs exploits en mer comme par exemple les frères Barberousse. La deuxième partie, plus didactique, est en fait un dossier que François appelle Carnet de navigation et qui réunit les éléments nécessaires à la compréhension de la mentalité et de la culture de tous ces personnages colorés et de leur époque : cartes, les équipages, stratégies de combat en mer, description des bateaux et des armes, etc. Le livre est agrémenté et rehaussé par les très belles illustrations d’Antoine Ronzon.

Frères de sang, Frères d’armes
*À tous mes camarades de course,
mes frères et sœurs de mer,
à tous mes cousins pirates…
merci de nous avoir fait rêver,
nous, les petits enfants du monde entier.*
(extrait : LE MYSTÈRE DES PIRATES)

Dans le MYSTÈRE DES PIRATES, les frères Poivre D’Arvor racontent les trépidantes et dangereuses aventures des corsaires et des pirates à travers les yeux d’un petit garçon appelé François.

Quoique très intéressant et vraiment bien fait, le livre ne fait qu’effleurer le sujet. Il passe en revue le destin de quelques pirates et corsaires et cette revue est à mon avis est très incomplète. Heureusement, au moins, François explique clairement au début, la différence entre un corsaire et un pirate.

Mais dans l’ensemble, le sujet n’est développé qu’en surface. Peut-être les auteurs n’ont-ils pas voulu décourager les jeunes en leur refilant une brique qui serait de nature à les décourager mais il aurait été intéressant je crois d’alimenter davantage le sujet.

En revanche, la deuxième partie du livre est impeccable et tout à fait conforme, je crois, aux capacités d’absorption intellectuelle des enfants. Cette partie est en fait un dossier qui regroupe des éléments très intéressants sur la culture pirate et corsaire et de leur époque : des cartes, une présentation des principaux navires utilisés, les stratégies guerrières, un lexique, et même des suggestions de livres, de sites internet et de films, dont bien sûr PIRATES DES CARAÏBES.

Je veux souligner ici la superbe présentation du volume : un papier au style parcheminé, une couverture attrayante une écriture simple et limpide, le langage est soigné l’ensemble est bien ventilé et enrichi par les très belles illustrations d’Antoine Ronzon réputé pour créer des images à forte intensité, extrêmement visuelles et riches en détail. Ajoutons à cela que François, le jeune narrateur a un ptit quelque chose de sympathique, d’attachant.

L’ensemble a un petit côté romanesque et devrait plaire aux jeunes, les garçons en particulier, mais aussi aux jeunes filles qui ont un caractère le moindrement aventurier. Il n’est pas exclu non plus que ce livre plaise aux adultes.

Après tout qui n’a pas été fasciné tôt ou tard par le caractère énigmatique des pirates et des corsaires.

Suggestion de lecture : L’ÉLU DE MILNOR,  de Sophie Moulay

Patrick (à gauche) et Olivier Poivre D’Arvor

Patrick Poivre D’Arvor (1947- ) est français. C’est un véritable homme-orchestre : journaliste, animateur de télévision, écrivain. Sa vie professionnelle est marquée par la controverse…il aura en effet à subir plusieurs procès et condamnations. Sa vie privée est aussi abondamment scrutée par la presse à scandale.

Il a d’ailleurs écrit un livre à ce sujet : LETTRE AUX VIOLEURS DE VIE PRIVÉE (1997). Malgré tout, il accumule les distinctions : Légion d’honneur, officier de l’ordre national du mérite entre autres. Son œuvre (en partie d’inspiration autobiographique) comprend une soixantaine de titres avec la participation, pour certains d’entre eux, de son frère Olivier.

Olivier Poivre D’Arvor (1958- ) est un écrivain et diplomate français et au moment d’écrire ces lignes, il est directeur de la radio FRANCE-CULTURE. Il est aussi homme de théâtre et un peu homme à tout faire dans le réseau culturel français.

Il est l’auteur de près de 25 ouvrages, surtout des romans et des essais, certains écris  avec son frère Patrick. On lui doit en particulier LE VOYAGE DU FILS et LE MONDE SELON JULES VERNE.
Olivier Poivre D’Arvor est, au moment d’écrire ces lignes, membre permanent du jury DES PRIX LITTÉRAIRES.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
NOVEMBRE 2015

ON NE MEURT QU’UNE FOIS ET C’EST POUR SI LONGTEMPS

Commentaire sur le livre de
Patrick Pelloux

*Ce livre est un plaidoyer pour que la médecine
reste humble face à l’histoire. Combien de
médecins ont tué leurs malades au cours des
siècles?*
(extrait de ON NE MEURT QU’UNE FOIS ET C’EST
POUR SI LONGTEMPS, Patrick Pelloux, éditions
Robert Laffont, 2013)

Partant d’une recherche poussée sur les plans historique et médical, le docteur Patrick Pelloux, urgentiste, passe en revue l’agonie et les derniers moments de la vie de 30 personnalités historiques en commençant par Jésus, jusqu’à Winston Churchill en passant par Molière, Louis XIV, Beethoven, Balzac, Staline et même Laurel et Hardy. L’auteur s’est appuyé sur le contexte social, politique, culturel et médical des époques visées pour retracer avec un maximum de justesse la fin de vie de ces personnes dont le génie s’est gravé dans l’histoire.

Il faut bien mourir de quelque chose…

C’est un livre intéressant. Le sujet est original. Je craignais au départ que la lecture soit pénible à cause du sujet traité…agonie, mort, errance médicale… mais non,  le sujet est traité avec doigté, finesse, un petit soupçon d’ironie et une pointe d’humour qui vient donner à l’ensemble un bel équilibre.

Il ne faut pas oublier que Patrick Pelloux est médecin. Il ne faut donc pas se surprendre de trouver une grande quantité de détails sur l’état physiologique des illustres personnages réunis dans ce livre. Mais qu’à cela ne tienne, Patrick Pelloux est un excellent vulgarisateur et nous livre des pistes très intéressantes sur l’évolution médicale.

Il faut ici faire la différence entre manque de connaissance et errance médicale. J’étais heureux que Pelloux pointe du doigt l’incompétence crasse des médecins de la Cour de France par exemple.

Pour ces charlatans, les lavements et la saignée étaient la panacée, le remède passe –partout. Je ne suis pas expert en médecine, mais est-ce que faire des saignées généreuses et à répétition ne rend pas exsangue un malade déjà très faible.

Est-ce que même un médecin du 17e ou 18e siècle ne pouvait pas comprendre ça au moins d’instinct? J’ai l’impression qu’à cette époque, pour achever un malade, l’idéal était de trouver un médecin. Je comprends mieux l’état d’esprit de Molière quand il a écrit LE MALADE IMAGINAIRE.

Autre fait intéressant : la description de l’agonie de tous ces personnages illustres en dit très long sur leur époque. Bien que ce ne soit pas son objectif premier, le livre est porteur d’histoire avec des faits précis quoique parfois grinçants sur la mentalité de ces époques. J’ai particulièrement apprécié les chapitres sur Marie Curie et le duo le plus célèbre de l’histoire du cinéma, Laurel et Hardy.

Je pense que vous apprécierez ce livre, dont le titre a été emprunté au grand Molière d’ailleurs…il est si doux de vivre. On ne meurt qu’une fois et c’est pour si longtemps…(LE DÉPIT AMOUREUX, MOLIÈRE 1622-1672).

Je crois qu’on peut être sérieux sans se prendre au sérieux, comme Molière et comme Patrick Pelloux qui a mis à contribution non seulement ses compétences de médecin, mais aussi sa passion de l’histoire et son engouement pour la recherche afin de nous offrir un livre qui nous amène d’un personnage et d’une époque à l’autre en nous arrachant au passage des sourires amusés.

Je vous souhaite d’avoir autant de plaisir que j’en ai eu à lire ce livre.

Suggestion de lecture : LA MORT HEUREUSE de Hans Küng

Patrick Pelloux est médecin urgentiste très populaire en France pour son implication active dans les débats sur la santé et l’évolution sociale. Il publie régulièrement des chroniques dans lesquelles il prend la défense de l’hôpital public et pour lesquelles il a obtenu le prix CINO DEL DUCA de l’institut de France.

Il a écrit entre autres HISTOIRE D’URGENCES tome 1 et 2. Pelloux est devenu célèbre en 2003 quand il a donné l’alerte aux médias de la France sur les conséquences de la canicule dans les services hospitaliers.

BONNE LECTURE
JAILU
JUILLET 2014