A.N.G.E 1, ANTICHRISTUS d’ANNE ROBILLARD

*Le jeune agent se mit à saigner du nez,
car les ondes générées par les couleurs
attaquaient maintenant son cerveau…
-En fait, je suis le seul à présent qui
puisse te sauver. Si tu ne viens pas vers
moi, tu mourras au bout de ton sang.*
(extrait de ANTICHRISTUS, a.n.g.e no 1,
Anne Robillard, Michel Lafont, 2007, é. Num.
285 pages)

Pendant une enquête de routine sur les enseignements d’un prétendu gourou, les agents de l’A.N.G.E découvrent que de graves évènements de nature apocalyptique pourraient se produire à court terme. Mais l’enquête est complexe car l’A.N.G.E se heurte à la mystérieuse puissance du faux prophète et d’autre part, l’Alliance, mystérieuse et redoutable organisation maléfique prépare la venue de l’antéchrist.  L’implication d’un mystérieux envoyé du Vatican rend la situation encore plus énigmatique. L’A.N.G.E aura fort à faire pour préserver l’humanité d’une fin qui semble très proche.

L’AGENCE NATIONALE DE GESTION DE L’ÉTRANGE

L’A.N.G.E. est une agence fictive créée par l’auteure québécoise Anne Robillard : une société secrète basée à Montréal et formée par des personnages choisis pour leurs qualités spéciales dans le but de protéger l’humanité contre les forces du mal.

Les principaux personnages sont  Cédric Orléans, directeur de la base de Montréal, Yannick Jeffrey, un des meilleurs agent de l’A.N.G.E, spécialiste de la mythologie, Océane Chevalier, agente, Vincent McCleod, agent et Cindy Bloom, spécialiste des faux prophètes. De nombreux autres personnages viennent soutenir l’Agence qui opère dans le monde entier. A.N.G.E. est une grande saga ésotérique en 10 tomes.

La mystérieuse puissance du faux prophète
*Hadès arriva de nulle part au milieu du salon,
un poignard à la main. Vincent recula vers la
fenêtre avec l’intention de s’y élancer. Le
démon l’agrippa par derrière et le plaqua
contre sa poitrine puante, ramenant la lame
de sa dague sur sa gorge.*
(extrait de A.N.G.E tome 1, ANTICHRISTUS)

C’est avec LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE que j’ai découvert la plume d’Anne Robillard. J’y reviendrai sur ce site. Par la suite, j’ai été attiré par la série A.N.G.E. Il s’agissait pour moi de lire le premier tome pour évaluer si ça valait la peine de continuer et effectivement, j’ai mis toute la saga dans mes projets de lecture.

Le thème de l’apocalypse a été développé dans une multitude de livres et à peu près dans tous les styles littéraires. Mais l’originalité de A.N.G.E réside dans une organisation secrète, implantée dans le monde entier, qui utilise des moyens et des technologies ultrasophistiqués.

L’agence fait intervenir sur le terrain des agents surentraînés dont certains sont même dotés de pouvoir surnaturels (les fameux témoins annoncés par la bible, à découvrir dans le tome 1) et aidés par d’autres mystérieux personnages. L’objectif de l’A.N.G.E : lutter contre l’Alliance, une contre-organisation qui prépare la venue de l’Antéchrist.

Malgré les clichés devenus sans doutes inévitables car il n’y a pas plus classique que la lutte du bien contre le mal, j’ai trouvé l’ensemble assez imaginatif.

En effet, développer une histoire dans laquelle la haute technologie s’oppose au surnaturel, c’est inventif et très captivant.

Ne vous attendez pas à un suspense qui atteint des sommets insoutenables. En fait je devrais dire pour être plus exact que le suspense est allégé par le côté prévisible de l’histoire. C’est un phénomène inévitable quand on connait ne serait-ce qu’un petit peu, les prophéties de l’apocalypse.

Mais dans cette histoire, la lutte du bon contre le méchant est originale, bien bâtie, relativement bien documentée (le sujet aurait pu être fouillé un peu plus et traité avec un peu plus de profondeur). Les chapitres sont courts, l’ensemble est captivant et aisé à lire. Je pense qu’Anne Robillard a atteint son objectif : bâtir une bonne histoire, autant pour les jeunes que pour les adultes et donner le goût de lire la suite.

Suggestion de lecture, de la même autrice : LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE

Anne Robillard est une écrivaine québécoise née le 9 février 1955. Tôt dans son adolescence, elle découvre Tolkien et développe un goût prononcé pour le surnaturel dont elle imprégnera l’ensemble de son œuvre. Auteure prolifique adorant le *fantasy*, Anne Robillard a écrit une grande saga en 12 tomes qui se déroule dans un monde magique que des Chevaliers doivent protéger contre les forces du mal : LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE. On lui doit la série A.N.G.E. et de nombreux livres dont QUI EST TERRA WILDER (2006), CAPITAINE WILDER et la série LES HÉRITIERS D’ENKIDIEV.

Pour en savoir plus sur l’œuvre d’Anne Robillard, consultez son site officiel : www.annerobillard.fr .

BONNE LECTURE
JAILU
MARS 2015

INTERNET REND-IL BÊTE ? De NICHOLAS CARR

*Le contenu d’un média a moins d’importance que
le média lui-même pour son influence sur notre
façon de penser et d’agir.*
(Marshal McLuhan extrait de POUR COMPRENDRE LES
MÉDIAS : LES PROLONGEMENTS TECHNOLOGIQUES DE
L’HOMME, cité dans INTERNET REND-IL BÊTE de Nicholas
Carr,   éd. Robert Laffont, t.f. 2011, éd. Num. 280 pages)

INTERNET REND-IL BÊTE est un essai dans lequel Nicholas Carr, critique et spécialiste des nouvelles technologies dévoile les effets collatéraux d’internet sur le cerveau, la pensée, l’intelligence et la vigueur intellectuelle. Carr décrit en détail la fragmentation provoquée par l’avènement et la progression extrêmement rapide de l’ère numérique. Suite à ses constats sur l’emprise d’Internet et des réseaux sociaux , il pose une question cruciale : qu’est devenue notre façon de penser, de lire et d’écrire? Il y a un prix à payer pour l’engouement de la société à Internet et aux nouvelles technologies car l’incidence d’Internet sur l’intelligence humaine est évidente.

*…Il s’est avéré que quand les gens font des
recherches sur le Net, le schéma de leur
activité cérébrale est très différent de
celui qu’ils ont quand ils lisent du texte
semblable à ceux des livres…*
(extrait de INTERNET REND-IL BÊTE)

C’est un ouvrage costaud et rigoureux dans lequel Nicholas Carr développe un long argumentaire visant à démontrer les effets collatéraux d’internet sur notre intelligence et notre raisonnement. L’auteur se base sur des études et des expériences scientifiques sérieuses pour expliquer les répercussions neurologiques de la surutilisation d’Internet et ce, même si, comme Carr le dit lui-même : *L’évolution nous a donné un cerveau capable littéralement de changer d’esprit à tout bout de champ.*

Carr entre dans les moindres détails du fonctionnement des cellules cérébrales, de leur chimie et de leurs interactions pour démontrer la *plasticité du cerveau* et le fonctionnement de la programmation mémorielle. Le raisonnement qui s’ensuit tend à démontrer que les énormes possibilités du Net font de nous des penseurs plus superficiels.

L’auteur vise entre autres les hyperliens, ces fameux liens sur lesquels on clique et qui nous amène vers d’autres liens qui nous amènent encore vers d’autres liens et ça n’a plus de fins. Pour Carr, cette façon de lire (qui n’a aucune espèce de profondeur, contrairement à la lecture linéaire, soit celle d’un bon vieux livre) éparpille totalement notre attention et même notre discernement.

Ce n’est qu’un exemple pour amener le lecteur à comprendre les changements que provoque Internet dans notre façon de lire d’écrire et de penser. La fréquente utilisation d’Internet est d’autant affaiblissante que notre dépendance à cette ressource inépuisable qu’est le web est grandissante et frôle l’irréversibilité.

C’est un livre très crédible malgré certains irritants : le titre d’abord, pompeux et inapproprié par rapport au contenu. Je ne crois pas que je sois devenu bête et je suis toujours capable de m’adonner à une lecture linéaire, de dévorer un bon livre fait de papier et de le lire en profondeur.

Les chapitres sont très longs et la profondeur du sujet traité rend l’ensemble parfois difficile à suivre d’autant que le ton est un peu doctoral. Mais il demeure que ce livre est porteur d’une profonde réflexion concernant les effets d’Internet sur notre physiologie et notre esprit, notre humanité. À ce sujet, Carr cite le célèbre informaticien Joseph Weizeanbaum :

*Le grand danger qui nous menace quand nous devenons plus intimes avec notre ordinateur…c’est de commencer à perdre notre humanité, à sacrifier les qualités mêmes qui nous distinguent des machines. La seule façon de l’éviter, c’est d’avoir la lucidité et le courage de refuser de déléguer à l’ordinateur les plus humaines de nos activités mentales…*

Le raisonnement de Nicholas Carr va dans plusieurs directions, mais pour moi, il y a convergence vers l’inévitable conclusion que la surutilisation du WEB amène à la paresse intellectuelle et touche de façon importante notre psychologie cognitive.  Enfin, est-ce que le livre est alarmiste?  Je dirai simplement qu’il est empreint d’un alarmisme sain.

Suggestion de lecture : SANS UN MOT, de Harlan Coben

Nicholas Carr est un auteur américain,  journaliste,  chroniqueur, éditeur et critique très actif, parfois virulent des nouvelles technologies. Il s’est rendu  célèbre avec THE SHADOWS : INTERNET IS DOING TO OUR BRAINS, nominé pour le PULIZER américain. Il y décrit les effets neurologiques d’Internet sur le cerveau. On lui doit aussi BIG SWITCH : REWIRING THE WORLD, FROM EDISON TO GOOGLE traduit en 20 langues. Il a aussi créé un blog mais il est en anglais. On peut le consulter au www.roughtype.com

BONNE LECTURE
JAILU
FÉVRIER 2015

LE BERCEAU DU CHAT, livre de KURT VONNEGUT Jr

*Soit dit en passant, Bokonon nous apprend que
lorsqu’un des membres d’un duprass meurt,
l’autre le suit dans la semaine. Quand vint pour
les Minton le temps de mourir, ils le firent tous
deux à la même seconde.*
(extrait de LE BERCEAU DU CHAT de Kurt Vonnegut Jr,
Éditions J’ai lu, t.f. Éditions du Seuil, 1972, num. 160 pages)

Un journaliste appelé Jonas projette l’écriture d’un livre sur Hiroshima et un des inventeurs de la bombe qui a détruit la célèbre ville, le docteur Hoeniker qui a aussi inventé la *glace 9*, un redoutable produit qui solidifie tout ce qui est liquide. Ses recherches l’amènent à San Lorenzo,  une île des caraïbes dirigée par un dictateur aidé d’un prophète appelé Bokonon qui annonce une imminente apocalypse. Jonas découvre que la famille a conservé le secret de cette terrifiante invention qu’est la *GLACE 9*. Jonas se rend compte que sur une toute petite île, une invention de fin du monde et la présence d’une secte agressive, ne font pas ce qu’on appellerait  un ménage idéal…

En hommage à la stupidité humaine

*Faite par une femme, une telle musique
ne pouvait s’expliquer que par un cas de
schizophrénie ou de possession
démoniaque…
(extrait de LE BERCEAU DU CHAT)

LE BERCEAU DU CHAT est un récit à l’évolution lente et constante qui met en perspective la stupidité humaine et l’absurdité de la démarche de l’homme et de son caractère destructeur qui le pousse à l’intrigue, à l’indifférence et au cynisme.

Par bonheur, j’ai bien toléré les nombreuses longueurs du récit dans les trois premiers quarts du livre en essayant de comprendre la démarche de l’auteur, où il voulait en venir. Ma patience a été récompensée. Le dernier quart du récit plonge le lecteur, la lectrice dans une finale spectaculaire et dramatique dans laquelle l’auteur semble vouloir préciser toute sa pensée sur l’incroyable puissance de la bêtise humaine.

Dans LE BERCEAU DU CHAT, la bêtise humaine est décriée par Vonnegut par sa plume dense et incisive qui apparente son récit à un réquisitoire. Il pointe sévèrement du doigt la connerie humaine.

Il faut être patient je le rappelle, pour lire ce récit qui accuse un crescendo lent. Toutefois, il y a un élément dans le récit qui a gardé mon intérêt constant : l’omniprésence de la *glace9*, cette invention monstrueuse de fin du monde, heureusement fictive, enfin pour l’instant je suppose, et qui, dans la finale du récit montre tout ce qu’elle peut faire, ou, devrais-je dire, défaire. Pour faire un petit jeu de mot un peu ampoulé, je dirais que la glace 9 m’a gardé chaud.

Je précise aussi que Vonnegut n’a pas fait d’efforts particuliers pour rendre ses personnages attachants. Dans un contexte de mise en lumière de la stupidité, c’était probablement secondaire.

Je recommande la lecture de ce livre. Il est un peu picaresque et a un petit côté humoristique, mais surtout, il est porteur d’une réflexion profonde sur la stupidité humaine, au danger que représente l’homme pour lui-même, à son caractère ravageur, même si j’aime à penser que l’humanité a de belles qualités qu’elle devrait mettre davantage en valeur. Malheureusement, le récit ne développe qu’un seul côté de la médaille.

Suggestion de lecture : CARBONE MODIFIÉ, de Richard Morgan

Kurt Vonnegut (1922-2007) est un écrivain et journaliste américain. Sa vie est une suite de drames en commençant par le suicide de sa mère, et surtout le fait qu’il a été fait prisonnier par les allemands pendant la bataille des Ardennes, qu’il a goûté aux camps de travail et qu’il a échappé de justesse au plus grand carnage de la seconde guerre : le bombardement de Dresde.

Il s’en inspirera  pour écrire en 1969 ABATTOIR 5 qui deviendra le livre phare de son œuvre. Vonnegut trouvera sa voie en 1959 avec LES SIRÈNES DE TITAN, en adoptant un style incisif, acide, parodique et très engagé.

BONNE LECTURE
JAILU
FÉVRIER 2015

LE BILLETS GAGNANT, de Mary Higgins Clark

*Cynthia revit la nuit où elle était entrée
dans cette pièce pour trouver Stuart
étendu sur le tapis…elle sentit ses mains
devenir moites. Des gouttes de
transpiration perlaient sur son front.
Dehors, elle entendait le vent gémir en
forcissant…*
(extrait de MEURTRE À CAPE CODE, du recueil
LE BILLET GAGNANT de Mary Higgins Clark,
éd. Albin Michel, collection SPÉCIAL SUSPENSE
num. 1993, 250 pages)

Le recueil comprend trois nouvelles : LE BILLET GAGNANT : Ernie Gagne 2 millions de dollars à la loterie. Au lendemain d’une beuverie, il se rend compte que son billet a disparu…MEURTRE À CAPE COD : Willie et Alvira découvrent que leur voisine vient d’être libérée de prison après avoir purgé une peine pour le meurtre de son beau-père. Or la jeune femme a toujours clamé son innocence. Alvira décide de mener une enquête afin d’innocenter sa jeune voisine…LE CADAVRE DANS LE PLACARD : pendant leurs vacances à Londres, Willy et Alvira ont prêté leur appartement à Brian, un jeune écrivain.

À leur retour, Ils découvrent le cadavre de l’ex petite amie de Brian dans un placard. Brian est évidemment soupçonné de meurtre. Alvira n’en croit rien et décide d’aller au fond de cette affaire.

DES NOUVELLES DE MARY

*Anticipant le plaisir qu’il éprouverait bientôt
à faire des largesses, Ernie commanda son
quatrième whisky-soda. C’est alors que son
attention fût attirée par l’étrange manège
de Loretta…*
(extrait de LE BILLET GAGNANT)

Il y a longtemps que je voulais lire Mary Higgins Clark. Elle m’intriguait, elle qui semble sortir des livres à la chaîne. J’ai donc satisfait ma curiosité et j’ai choisi au hasard LE BILLET GAGNANT ET AUTRES NOUVELLES.

Dans ce recueil, Mary Higgins Clark fait revivre deux personnages qu’elle a créé dans  le roman NE PLEURE PAS MA BELLE : Alvirah et Willy Meehan, respectivement femme de ménage et plombier, les deux à la retraite après avoir gagné 40 millions de dollars à la loterie. Les évènements ont conduit Alvirah à faire du journalisme et à devenir détective amateur.

C’est le genre de personnage qui a à peu près toujours raison et qui se mêle d’un peu de tout. Notez que DANS NE PLEURE PAS MA BELLE, l’auteure avait fait mourir Alvirah. C’est la fille de Mary, Carol qui l’a persuadé de faire revivre ce personnage. Je me demande encore si c’était une bonne idée.

Il semble que je n’ai pas choisi le bon livre pour apprécier l’auteure. Alvirah est une femme très intelligente, extrêmement curieuse qui joue les détectives en faisant passer les inspecteurs professionnels pour des amateurs sans envergure…trop beau pour être vrai…mais les personnages qu’elle croise n’ont aucune dimension psychologique.

Il y a 3 nouvelles dans cet ouvrage et elles ont toutes un point en commun : le fil conducteur est fragile, les intrigues prennent toutes sortes de direction. Il n’y a pas de suspense et peu de rebondissements. On est très loin de Miss Marple là…

Plusieurs conclusions sont bâclées comme ça se produit souvent dans les nouvelles qui manquent de développement. Aucune de ces nouvelles n’a vraiment capté mon intérêt. Je dirais même que j’ai trouvé ces récits ennuyeux et très prévisibles, l’écriture sans profondeur et sans conviction.

Pour une première lecture de Mary Higgins Clark, j’ai été déçu. Je m’attendais à beaucoup mieux, connaissant la notoriété de l’auteure, son talent sans compter ses statistiques de vente…

Je veux croire que LE BILLET GAGNANT ET AUTRES NOUVELLES n’est pas le reflet fidèle de l’œuvre de Clark. Il faudra simplement que j’essaie autre chose.

Suggestion de lecture : AGATHA RAISIN, LA QUICHE FATALE, de M.C. Beaton

Mary Higgins Clark est une écrivaine  américaine, née à New-York le 24 décembre 1927. Elle a cinq enfants issus de son mariage avec Warren Clark décédé en 1964. Elle publie son premier livre en 1969, une biographie de George Washington : LE ROMAN DE GEORGE ET MARTHA. C’est un échec.

Elle changera alors de style et adoptera le suspense. Elle connaîtra alors  un succès sans faille avec de nombreux prix et distinctions. Mary Higgins Clark a écrit près de 60 romans et nouvelles. Plusieurs de ses histoires ont été adaptées à l’écran.

Pour connaître sa biographie complète de Mary Higgins-Clark, visitez son site officiel 

http://www.m-higgins-clark.com/

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JANVIER 2015

BAISSE LA PRESSION, TU ME LES GONFLES !

Commentaire sur le livre de
San Antonio

*À cause de son visage grêlé, Molly Heigerter devint réellement neurasthénique et se refusa définitivement à son mari. Mais comme il n’avait plus envie d’elle, tout fût pour le mieux dans le pire des mondes!* (extrait de BAISSE LA PRESSION, TU ME LES GONFLES, San Antonio, éd. Fleuve noir, 1958, 160 pages, éd. num.)

Félix mène une enquête sur une étrange résurgence de la variole dans le territoire américain. Après avoir communiqué son rapport aux services policiers concernés, Félix reçoit la visite d’agents secrets qui semblent décidés à l’éliminer. Apparemment, Félix en sait trop. Pour l’aider à comprendre ce qui lui arrive et dénouer cette intrigue pour le moins mystérieuse, Félix, désormais fugitif,  fait appel à son ami San-Antonio. Le célèbre détective se rend à Vienne où se cache Félix pour y mener une enquête pas très orthodoxe et qui ne plaît ni à la police de Vienne ni aux agents secrets. San-Antonio et Félix s’engagent ainsi dans une course contre la montre.

Deux comprimés. Deux cons primés.

-Et ce jeune garçon, qui est-il?
-mon fils adoptif.
-Bravo! Il est tellement mieux de
réparer les erreurs des autres que
d’en commettre soi-même.*
(ex. BAISSE LA PRESSION TU ME LES GONFLES)

Il y a déjà un bon moment que je suis intrigué par San Antonio. Je me disais qu’avec plus de 75 titres pour les seules aventures du détective, il devait y avoir un intérêt du lectorat, voir un engouement.  Je me suis dit *il faut que j’aille voir* et c’est ce que j’ai fait. J’ai pris un titre au hasard dans l’impressionnante production de San Antonio et je l’ai lu. Peut-être suis-je tombé sur le p’tit mouton noir de la série, mais j’ai trouvé ça un peu pénible.

Les personnages sont artificiels, dont Félix que l’auteur a affublé d’un pénis de 19 pouces de long…pas grand-chose à voir avec l’histoire sinon que ça *joue* un peu sur la psychologie du personnage sans doute. Mais le problème est que l’intrigue est noyée dans ce genre d’assertion.

Le fil conducteur s’en va dans tous les sens. L’histoire est inégale et évolue en dents de scie. De plus l’humour contenu dans ce livre ne m’a pas impressionné ni fait rire…à moins de s’imaginer un homme debout et dont le pénis traîne à terre…mais l’effet se dissipe vite.

Autre élément frappant dans ce livre : le langage est extrêmement argotique et plusieurs passages sont carrément vulgaires. Ainsi, Félix a un PAF de 45 centimètres. On ne regarde pas la télé, on VISE LA TELOCHE. Ça ressemble plus à un dialecte qu’à une langue. J

e ne m’habituerai jamais à ce genre d’écriture réservée aux pratiquants de l’argot. Dommage parce que le sujet était prometteur : la réapparition de la variole…d’origine criminelle encore. Ça aurait dû m’accrocher, mais ça n’a pas été le cas.

Toutefois, loin de moi l’idée de bannir San-Antonio de mes projets de lecture. Forte de 75 titres, la collection San-Antonio a quand-même capté l’intérêt de nombreux lecteurs et lectrices.

J’essaierai alors de savoir pourquoi en espérant trouver mieux.

San-Antonio, de son vrai nom Frédéric Charles Antoine Dard (1921-2000) était un écrivain français qui a fait ses débuts comme rédacteur dans un journal local de Lyon. Il a commencé l’écriture en 1949 avec RÉGLEZ-LUI SON COMPTE, un polar.

Ce sera le début d’une longue et impressionnante série à succès publiée d’abord dans la collection Police au Fleuve Noir, puis dans sa propre collection dédiée, toujours au Fleuve Noir à partir de 1970 . Il est devenu célèbre pour avoir créé le fameux commissaire San Antonio dont il adoptera le pseudonyme.

Pour en savoir plus sur Frédéric Dard, alias San Antonio et son impressionnante bibliographie, je vous invite à visiter le site internet http://www.commissaire.org

Suggestion de lecture : LE GAZON…PLUS VERT…DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA CLÔTURE, d’Amélie Dubois.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
NOVEMBRE 2014

MEURTRES EN SOUTANE, Phyllis Dorothy James

*…Pendant deux secondes, la tête restait
en place avant de basculer lentement, et
la grande fontaine rouge jaillissait, ultime
célébration de la vie. Telle était l’image
que dev
ait endurer le Père Martin nuit
après nuit.*
(extrait de MEURTRES EN SOUTANE de P.D. James
Le livre de poche,  t.f. Arthème  Fayard, 2001, 341
pages, éd. Num.)

L’intrigue se déroule à St-Anselm, un modeste séminaire qui forme de futurs candidats à la prêtrise anglicane et situé sur une falaise isolée de la côte Anglaise. Cette étrange institution dont l’avenir est déjà très incertain est ébranlée par une série de meurtres : un séminariste, une employée, un invité et la sœur d’un prêtre trouvent la mort dans des circonstances troublantes. L’enquête est confiée au commandant Adam Dalgliesh de Scotland Yard déjà familier des lieux pour y avoir séjourné quelques temps dans le passé. Cette enquête s’annonce rude et beaucoup plus complexe que Dalgliesh le croyait au départ.

MORTS MYSTÉRIEUSES DANS LA
SOLITUDE DE ST-ANSELM
*Travaillant tous deux en silence,
nous avons dégagé le haut du corps…*

Sans être à proprement parler un chef d’œuvre, MEURTRES EN SOUTANE est un livre très intéressant, un polar solide dont j’ai trouvé la lecture agréable et captivante. L’intrigue est serrée et évolue dans un angoissant crescendo de violence et d’étrangeté. Je suis demeuré captif de ce livre jusqu’à la dernière page.

Dès le début, j’ai été enveloppé par le contexte, l’atmosphère et surtout par l’environnement de l’intrigue : une institution religieuse située sur une falaise isolée et venteuse face à la mer du nord, un manoir solitaire, un peu sinistre mais chargé d’histoire et dont l’église anglicane tirerait profit de la fermeture, peut-être à cause des inestimables œuvres d’art qui s’y trouvent ou peut-être à cause du peu d’importance de l’institution dans la hiérarchie de la Haute Église.

Les premiers meurtres donnent l’apparence d’accidents mais le caractère sordide de l’intrigue ne tarde pas à se dévoiler. Là-dessus, le lecteur n’a d’autres choix que d’évoluer au même rythme que le commandant Dalgliesh, tellement attachant qu’on aurait envie de l’assister. C’est une force de PD James : un fil conducteur solide et évolutif mais peu prévisible.

Le petit côté un peu lassant de l’œuvre tient du fait que nous avons là un suspense à l’anglaise…les bonnes manières avant tout et le thé bien sûr. Si les œuvres de PD James sont empreintes d’analyse sociale, on ne peut sans doute lui reprocher d’être profondément anglaise et ça transpire dans l’écriture. Heureusement, l’intensité de l’écriture et de l’intrigue donnent le ton et forcent l’attention.

L’évolution de l’intrigue, le dénouement et surtout, le style très british de l’ensemble ne sont pas sans rappeler la grande Agatha Christie à la différence près que dans MEURTRES EN SOUTANE il y a plus de questionnements que de déductions avec en plus, un petit quelque chose d’ésotérique.

Saint-Anselm est un monde secret et l’auteure en dévoile très graduellement les mystères dans cet excellent polar avec son personnage fétiche, Galgliesh, confronté à une des affaires les plus lugubres de sa carrière. Beaucoup de rebondissements au programme.

Passionnant…tout simplement.

Phyllis Dorothy James est née à Oxford en 1920. Ses diverses fonctions à la section criminelle du ministère anglais de l’intérieur ont sans doute influencé cette auteure prolifique dans son goût d’une écriture amalgamant sadisme, analyse sociale, mystère et intrigue. Ses romans lui ont valu des prix fort prestigieux dont le prix français de la littérature policière.

Elle  crée en 1962 son personnage préféré : Adam Galgliesh, policier de Scotland Yard, hanté par le décès de sa femme, morte en couche en même temps que son bébé, évènement dramatique qui ne sera pas sans influence sur l’évolution du personnage et ses motivations psychologiques. Anoblie par la reine en 1990, PD James a écrit plus d’une quarantaine de romans.

Suggestion de lecture : MEURTRES POUR RÉDEMPTION de Karine Giébel

BONNE LECTURE
Claude Lambert
NOVEMBRE 2014

 

PREMIER À MOURIR, le livre de JAMES PATERSON

*-Eh, mec, t’es qui bordel?
-Celui qui tue des vermines inutiles comme toi.
Là-dessus, il tira. Une seule fois.
La tête de James Voskuhl bascula en arrière.
Du rouge éclaboussa le carrelage.
Le marié vacilla une fois, puis s’affala en avant,
tassé sur lui-même.*
(extrait de 1er
À MOURIR de James Patterson,
Éditions JC Lattès, 2003)

À San-Francisco, un tueur en série s’attaque à des nouveaux mariés. Il les assassine cruellement quelques heures à peine après la cérémonie de leur mariage. Les manies du tueur sont déroutantes et les indices, plutôt rares. L’enquête est confiée à l’inspectrice Lyndsay Boxer. Pour l’aider à neutraliser le tueur sadique qui semble insaisissable, elle s’adjoint sa meilleure amie, médecin légiste ainsi qu’une journaliste et une complice du bureau du procureur. Ensemble, les quatre femmes formeront le women murder club afin de pousser l’enquête même clandestinement s’il le faut avec un maximum d’audace et de ténacité pendant que le tueur est toujours à l’affut de…nouveaux mariés.

Place au *Crim’nanas*

Il y a  dans  1e À MOURIR beaucoup d’éléments que j’aime retrouver dans un thriller digne du titre : des chapitres courts, des liens rapides et clairs, une lecture aisée, beaucoup de rebondissements et une finale insoupçonnable. Et puis je sais pas, je ne suis pas sado mais je trouve excitant de lutter contre moi-même pour suspendre la lecture d’un livre.

Mon enthousiasme a toutefois été quelque peu tempéré par quelques irritants comme par exemple le côté *petite fille que tout le monde prend sous son aile* que Patterson a imposé à son personnage principal Lyndsay Boxer, d’autant qu’elle est atteinte d’une maladie bizarre et compliquée : l’anémie aplasique de Negli, souvent mortelle et qui s’envole comme par enchantement ou presque vers la fin. Ça donne un petit côté misérabiliste ennuyant qui n’a aucun lien avec l’histoire et dont on pourrait se passer.

Il y a bien sûr une amourette avec un collègue policier qui prend de l’ampleur jusqu’à aboutir à un drame que je vous laisse le soin de découvrir et qui n’apporte pas grand-chose au récit.

Quant au WOMEN MURDER CLUB,  je l’ai perçu comme un dispositif pas très efficace dans le roman et ce, pour la raison citée plus haut…c’est *la petite fille que tout le monde prend sous son aile* qui mène, les trois autres filles me donnant beaucoup trop l’impression de n’être que des sous-fifres. Il y a, dans le profil psychologique des personnages, un petit côté naïf agaçant.

Mais j’ai pu surmonter ces petits pépins qui sont généralement liés à ce que j’appellerais des manies littéraires des auteurs soucieux de rendre leurs personnages attachants.

Pour les raisons que j’ai citées au début de l’article, je dirai que 1er À MOURIR est un très bon thriller. J’ajoute que le sujet est original et le rythme est très rapide. Il l’est peut-être trop, mais le fil de l’histoire étant bien entretenu, ça ne devrait pas poser de problème pour bien comprendre toutes les subtilités du déroulement de l’enquête.

Un dernier petit détail. Pour être honnête, dans l’œuvre de James Patterson, je préfère l’inspecteur Alex Cross, mais Lyndsay Boxer est brillante avec une forte capacité de déduction. Elle gagnera à être connue surtout si elle gagne un peu en maturité.

Suggestion de lecture, du même auteur : SUR LE PONT DU LOUP

Écrivain et scénariste américain, James Patterson est né en 1947 dans l’état de New-York. Lyndsay Boxer est le second personnage principal de son œuvre, le premier étant l’inspecteur Alex Cross. Pour ses romans mettant en scène Boxer, Patterson a imaginé la création du Woman Murder Club où Boxer évolue avec ses amies Cindy, Claire et Jill dans la résolution d’enquêtes complexes.

Ses livres se sont vendus par millions. En 2012, le magazine américain FORBES classait James Patterson comme l’écrivain le mieux payé au monde avec 94 millions de dollars en revenus annuels.

En complément, j’attire votre attention sur une télé série de 13 épisodes produite par la chaîne américaine ABC en 2007-2008 créée par Elizabeth Craft et Sarah Fain. Cette série est intitulée WOMEN MURDER’S CLUB inspirée du fameux quatuor féminin des romans de James Patterson. Les vedettes sont Angie Harmon, Paula Newsome, Aubrey Dollar, Laura Harris, Rob Estes et Linda Park.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
SEPTEMBRE 2014

À L’HÔTEL BERTRAM, livre d’AGATHA CHRISTIE

*…Le chanoine Pennyfather…une énigme.
Il parlait d’abord de se rendre en Suisse,
embrouillait tout, si bien qu’il ne s’y rendait
pas, revenait à son hôtel sans se faire
remarquer et en ressortait au petit jour…
pour aller où? L’étourderie pouvait-elle être
poussée si loin? Sinon que manigançait le
chanoine? Où était-il?*
(extrait de À L’HÔTEL BERTRAM, Agatha Christie,
Librairie des Champs-Élysées 1965)

L’intrigue se déroule au Bertram, un vieil hôtel de Londres qui a résisté aux bombardements de la 2e guerre mondiale et qui a conservé son cachet victorien et feutré. Le Bertram, prisé par les personnes d’un certain âge pour son confort et sa tranquillité accueille Miss Jane Marple, notre héroïne, de passage pour une petite semaine de détente.

Elle ne se doute pas que l’hôtel est sous surveillance par Scotland Yard et observe une chaîne d’évènements impliquant des employés et des clients de l’hôtel  jusqu’à ce qu’un portier de l’établissement soit assassiné. Un inspecteur de Scotland Yard mène l’enquête, mais l’expertise de Miss Marple pourrait bien devenir décisive…

La pause *Agatha*

*J’ai appris, après bien des années, à ne pas croire à l’enchaînement d’événements, trop simples. Les événements, apparemment simples, ne le sont presque jamais*
(Jane Marple, extrait de À l’HÔTEL BERTRAM, Agatha Christie)

AVANT-PROPOS :

Dans mes lectures, il m’arrive à l’occasion de délaisser pour un temps les nouveautés, canons littéraires ou curiosités diverses pour revenir à des valeurs qui sont sûres pour moi : des classiques ou des ouvrages de mes auteurs préférés. Cette fois, j’ai dévoré un livre d’Agatha Christie.

Je connais très bien son personnage le plus célèbre : Hercule Poirot , apparaissant dans 33 romans et 51 nouvelles. Mais pour cette pause *Agatha*, je voulais faire plus ample connaissance avec une vieille dame sympathique et très brillante : MISS MARPLE. J’ai choisi de lire À L’HÔTEL BERTRAM.

Je dois dire d’abord que À L’HÔTEL BERTRAM n’est pas le livre idéal pour faire connaissance avec Miss Marple comme je le souhaitais parce qu’elle ne mène pas l’enquête personnellement.

Elle y prête son concours de façon plus ou moins passive. Je voulais savoir s’il y avait une différence fondamentale entre Hercule Poirot et Jane Marple. J’ai compris qu’il n’y en a pas vraiment. Les deux célèbres détectives appliquent les grands principes du roman policier qu’Agatha Christie a collés à la réalité de l’ensemble de son œuvre, à savoir :

-Le crime peut-être expliqué par la personnalité de la victime comme celle de l’assassin.
-La recherche de mobiles est plus importante que celle d’indices dans la recherche de solution d’un crime.
– le coupable ne peut être démasqué qu’au terme d’une investigation, souvent psychologique, des antécédents de la victime.
-Très souvent la solution de l’énigme ne se trouve qu’après une recherche purement intellectuelle.

Donc Poirot et Marple sont le reflet fidèle de la mentalité littéraire de leur créatrice qui fait passer la solution des énigmes par une profonde compréhension de la psychologie des personnages. <voir les secrets de son  succès> Je mentionnerai simplement en terminant cet avant-propos que Miss Marple est un personnage un peu plus attachant que Poirot, qu’elle a plus de vécu et qu’elle met à contribution une très forte intuition féminine. Cela dit, voyons ce qu’a donné ma lecture du livre À L’HÔTEL BERTRAM.

Mystère dans un nid feutré

C’est un livre un peu spécial qui présente une variation du style habituel d’Agatha Christie. L’intrigue est très longue à s’installer, et le meurtre n’intervient que vers la fin de l’histoire et encore, il est accessoire, comme secondaire dans le récit.

La raison en est très simple et c’est ce qui fait l’originalité de cette histoire : l’énigme de ce roman est principalement l’hôtel Bertram lui-même, visé comme un personnage principal et dans lequel on trouve des personnages qui semblent mystifier les lieux.

Donc l’auteure s’attarde à décrire ce vestige du passé qu’est le Bertram, introduit très graduellement mais efficacement ses acteurs et donne à l’ensemble une saveur très *british* qui va un peu plus loin que le thé et les muffins.

Dans cette histoire, c’est Scotland Yard qui mène l’enquête, et avec brio encore, ce qui sort un peu du cadre habituel de l’œuvre d’Agatha Christie. Mais elle s’est arrangée pour donner à Miss Marple un rôle d’observatrice, presque passive et qui pourtant est essentiel à la résolution de l’énigme. Mais c’est bien la miss Marple telle que madame Christie l’a créée : extraordinairement intuitive et mettant à profit une remarquable connaissance de la nature humaine.

À l’HÔTEL BERTRAM n’est pas ce que j’appellerais un grand livre et sûrement pas le meilleur d’Agatha Christie, mais l’histoire est originale, les lieux et les personnages attachants et il y a des rebondissements intéressants. Malheureusement, Miss Marple étant un peu trop effacée dans le récit, je n’ai pu vraiment me faire une idée précise et satisfaisante du personnage. Pour cela, je devrai me rabattre sur un autre titre.

Suggestion de lecture : 17 NOUVELLES ENQUÊTES DE SHERLOCK HOLMES ET DU DOCTEUR WATSON de Sherlock Holmes

J’attire aussi votre attention sur l’adaptation à la télé de À L’HÔTEL BERTRAM, produite par la BBC en 1987 dans la série MISS MARPLE, 7e épisode, en deux parties, avec Joan Hickson dans le rôle de Miss Marple.

Agatha Mary Clarissa Miller devenue Agatha Christie est une des romancières les plus appréciées de l’histoire de la littérature. Elle a vécu de 1891 à 1976. Auteure de 84 romans, une vingtaine de pièces de théâtre et de plusieurs recueils de nouvelles, elle a présidé à l’élaboration de règles de base pour un bon roman policier avec ses fameux détectives Hercule Poirot et Jane Marple  qui ont une  approche originale et hautement intuitive de la résolution d’énigmes.

BONNE LECTURE
JAILU
SEPTEMBRE 2014

REGISTRE DES MORTS, de PATRICIA CORNWELL

*…J’aime les émissions sur les crimes et les suspenses, parce que, en général, je sais toujours qui a fait le coup. Mais après ce qui vient de m’arriver, je ne suis pas
certaine de pouvoir un jour regarder à nouveau des choses violentes…*
(extrait de REGISTRE DES MORTS, Patricia Cormwell, Éditions des deux Terres, 2008)

Kay Scarpetta et sa nièce Lucy, aidées par l’incontournable Pete Marino ouvrent un cabinet de médecine légale à Charleston en Caroline du sud. Scarpetta n’est pas la bienvenue. Elle entre en conflit avec des notables du milieu et le tout coïncide avec une accumulation de meurtres sordides.

Le seul lien susceptible de faire avancer Scarpetta dans sa difficile enquête est une mystérieuse psychiatre : Marylin Self, personnage excentrique et instable qui en sait beaucoup sur l’énigmatique Marchand de sable qui aurait perpétré ces meurtres. Une affaire très nébuleuse pour Scarpetta et surtout, très dangereuse.

UN CASSE-TÊTE POUR KAY

Il y a longtemps que je voulais faire la connaissance de Kay Scarpetta, le personnage central de l’oeuvre de Patricia Cornwell. Voilà…j’ai été servi. Bien que ce ne soit pas obligatoire pour apprécier un livre, il m’a été impossible de m’attacher à ce personnage plutôt froid et à la personnalité complexe.

C’est une femme extrêmement compétente dans son domaine, la médecine légale, mais difficile d’approche et qui entretient des relations compliquées avec son entourage, en commençant par son fiancé, avec sa nièce et avec son environnement en général et je dois dire que l’auteure ne l’a pas doté d’une grande sensibilité.

Je termine toujours mes livres, mais avec REGISTRE DES MORTS, je dois avouer que j’ai trouver le temps un peu long. l’intrigue est tentaculaire. Elle nous entraîne dans toutes sortes de directions, et de fausses pistes en fausses pistes, on s’y perd.

Ce n’est qu’au quatrième quart du livre que j’ai compris où l’auteure voulait en venir et là je suis devenu captif. Il faut être patient et se concentrer car le fil conducteur de l’histoire est plutôt mal entretenu. Il y a des longueurs, notamment sur l’état d’âme des personnages.

Je dois préciser toutefois, au profit de Patricia Cornwell que l’intrigue qu’elle propose n’est pas conventionnelle car elle repose sur la médecine légale, auxiliaire précieux de la justice mais qui est aussi une science poussée, aussi complexe que précise.

J’en ai beaucoup appris à ce sujet en lisant REGISTRE DES MORTS: les techniques d’autopsie, les prélèvements d’ADN et l’analyse de la moindre particule qui peut aider à faire avancer une enquête. Les sciences légales sont devenues capitales pour la conclusion des enquêtes criminelles et en développer les aspects dans un roman est un défi très intéressant.

C’est un bon thriller mais pas plus. Vous l’apprécierez peut-être à la condition d’être patient et ouvert parce que l’histoire est longue et compliquée. Il se pourrait même que, comme moi, vous soyez obligé de revenir en arrière pour mieux comprendre les voies empruntées par l’auteure.

Il est probable que je n’ai pas choisi le livre idéal pour faire la connaissance de Kay Scarpetta car je sais que Patricia Cornwell a habitué ses lecteurs et lectrices à des histoires bien ficelées et captivantes, c’est du moins ce que je conclue à la lumière des chiffres de vente et des critiques.

Si vous voulez aussi connaître Kay Scarpetta, je vous suggère de commencer par autre chose que REGISTRE DES MORTS (même ce titre est étrange car son lien avec l’histoire n’est pas évident). Vous trouverez à la fin de cet article des titres qui pourraient peut-être vous accrocher comme POST MORTEM par exemple, qui semble pour moi, un titre prometteur pour un avenir indéterminé.

Suggestion de lecture : AMERICAN GODS, de Neil Gaiman

Patricia Cornwell est née à Miami en Floride et réside maintenant dans le Massachusetts. Elle a été journaliste mais son poste d’informaticienne à l’Institut médico-légal  de Richmond, Virginie l’a définitivement inspiré dans sa carrière de romancière.

Elle a créé le personnage qui deviendra le pilier de son œuvre : Kay Scarpetta, pathologiste, médecin légiste, une femme énergique et brillante. Son premier roman, POSTMORTEM publié en 1990 a obtenu de nombreux prix dont le prestigieux EDGAR POE AWARD. REGISTRE DES MORTS lui a valu en 2008 le GALAXY BRITISH BOOK AWARD remis pour la première fois à une américaine.

De la même auteur :

BONNE LECTURE

JAILU/Claude Lambert

AOÛT 2014

1 COBRA, 2 SOULIERS ET BEAUCOUP D’ENNUIS

Commentaire sur le livre d’
Alexander McCall Smith

*…Elle continue à feuilleter le magazine, il y avait
une photo du pape qui descendait d’hélicoptère…
Deux cardinaux vêtus de rouge le suivaient et elle
remarqua qu’ils étaient l’un comme l’autre de
constitution très traditionnelle, ce qu’elle trouva
rassurant. Si je vois Dieu un jour se dit-elle, je suis
certaine qu’il ne sera pas maigre…*
(extrait de 1 COBRA, DEUX SOULIERS ET BEAUCOUP
D’ENNUIS, Alexander McCall Smith, éditions 10/18,
Collection Grands Détectives, 2007)

Ce livre raconte le quotidien de l’Agence numéro 1 des Dames Détectives du Botswana dirigée par Mma Precious Ramotswe et sa fidèle assistante Mma Makutsi. Grâce à leur extraordinaire capacité de déduction et à leur formidable intuition, elles réussissent à résoudre toutes les énigmes…histoires familiales, chantage, adultère, falsification, etc. la vie professionnelle des Dames Détectives s’imbrique dans leur vie amoureuse et sociale. 1 COBRA, DEUX SOULIERS ET BEAUCOUP D’ENNUIS est le 7e tome des aventures de ces dames sympathiques et énergiques.

BOTSWANA :

La république du Botswana est un petit pays d’Afrique australe sans accès à la mer, entouré par l’Afrique du sud, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe. On appelle les habitants les Botswanais. La population est d’un peu plus de 2 millions d’habitants. Les langues officielles sont l’anglais et le tswana. La capitale est Gaborone.

Entre un terrible cobra
et un maître chanteur…

Tout au cours de ma lecture, je me suis posé la question : s’il y a une intrigue digne du titre dans ce livre, où est-elle? Eh bien voilà, il n’y en a pas. Dans cette histoire, il n’y a pas de crimes violents ou de situations morbides. Il n’y a à peu près pas d’action, pas de suspense. Pourtant j’ai pris plaisir à lire ce livre et je crois comprendre pourquoi Alexander McCall Smith s’est rendu au septième tome.

D’abord, l’histoire comprend quelques énigmes qui, malgré leur légèreté, pousse le lecteur à émettre quelques hypothèses et même à tirer des conclusions. Toutefois la vraie force du livre réside dans le caractère des personnages principaux : les dames détectives…premières femmes détectives du Botswana (ce n’est pas rien), des femmes sympathiques et empathiques. On s’y attache dès le début de l’histoire.

Il y a aussi l’omniprésence de certains thèmes qui sont comme une pointe d’humour et jouent un peu le rôle de fils conducteurs pas déplaisants du tout. Par exemple, il est beaucoup  question dans ce livre de la constitution traditionnelle de Mma Ramotswe, un gentil euphémisme pour dire qu’elle est grosse.

Il est aussi beaucoup question de chaussures et même de féminisme. Il est difficile de ne pas tomber sous le charme de ces femmes sages et profondément humaines.

J’en ai aussi beaucoup appris sur le Botswana, un *gros village* africain pris en sandwich entre des pays plus important comme l’Afrique du sud et le Zimbabwe. Le Botswana est un petit pays de 2 millions d’habitants.

Les traditions y ont la vie dure et il est présenté comme un beau pays, progressiste et accueillant dans lequel il fait bon vivre paisiblement. La notion d’entraide y est particulièrement forte. Le livre m’a quasiment donné le goût d’aller y faire un tour.

Si vous entreprenez la lecture de ce livre, faites-le sans attente. Moi j’ai pris ce livre pour ce qu’il est… un anti-stress…une petite douceur…

Suggestion de lecture : FIFI RINDACIER d’Astrid Lindgren

Alexander McCall Smith est né en 1948 au Zimbabwe. Il s’est fait connaître à l’échelle internationale après avoir créé le personnage de la première femme détective du Botswana : Mma Precious Ramotswe, héroïne d’une série qui compte huit volumes à ce jour. Il est également l’auteur des AVENTURES D’ISABEL DALHOUSIE et de 44 Scotland Street, premier tome des CHRONIQUES D’EDIMBOURG.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JUIN 2014