PERCY JACKSON 1, LE VOLEUR DE FOUDRE

Commentaire sur le livre de
Rick Riordan

*Nous étions en route pour Los Angeles. Nous
étions censés trouver l’entrée des Enfers. Ma
mère…Sally Jackson. Il fallait que je la retrouve.
Il fallait que j’empêche Hadès de déclencher la
troisième guerre mondiale.*
(extrait de PERCY JACKSON tome 1, LE VOLEUR DE
FOUDRE, Rick Riordan, éditions Albin Michel,
collection WIZ, 2006, 273 pages. Éd. Numérique)

Percy Jackson est un jeune garçon énergique de 12 ans. Après une série d’évènements surnaturels,  la vie de Percy va basculer quand il apprend que les Dieux de la mythologie grecque existent vraiment et qu’ils ont pour demeure le Mont Olympe, accessible par le toit de l’Empire State building. Mais il y a pire pour Percy quand il apprend qu’il est lui-même demi-dieu, fils de Poséidon et qu’on l’accuse d’avoir dérobé l’Éclair Primitif, symbole de la puissance de Zeus. Une guerre sans merci couve et elle aura pour théâtre le monde entier. Percy doit découvrir qui est le voleur de foudre et sauver le monde d’une fin atroce.

JE VOUS PRÉSENTE PERCY…

Rick Riordan a créé pour la jeunesse, un héros attachant et sympathique. Percy Jackson est un jeune garçon de 12 ans au départ de la saga. C’est un jeune un peu turbulent, énergique, curieux, imaginatif.

Percy est un jeune de son temps…un jeune comme tous les jeunes…avec toutefois un gros plus…il est le fils d’un dieu et ça fait de lui un demi-dieu. Dans le VOLEUR DE FOUDRE, Percy apprend avec stupéfaction sa vraie nature et que son meilleur ami Grover Underwood est un satyre (masculin de Nymphe), lui aussi demi-dieu à corps humain avec des jambes de bouc.

Percy adhère à la colonie des sang-mêlé où tous les demi-dieux s’entraînent pour survivre et combattre les plans de dieux malfaisants.  C’est là que Percy Jackson se verra confier sa première mission : découvrir qui est le voleur de foudre et restituer à Zeus l’Éclair Primitif. Plusieurs autres quêtes suivront et toutes ces aventures sont magnifiquement bien détaillées dans les cinq volumes de la saga. Voici les quatre titres qui suivent le VOLEUR DE FOUDRE :

ZEUS DE NEW-YORK
(OU la mythologie grecque servie à la moderne)
*Nous avions presque atteint le bord lorsque les miroirs se sont ouverts
comme des écoutilles et que des milliers de minuscules…choses métalliques
ont déferlé. Anabeth a hurlé. C’était une armée de bestioles mécaniques :
des corps de bronze, de petites gueules crochues…qui fonçaient sur nous…
-Des araignées…les créatures mécaniques sortaient du pourtour par millions…*
(Extrait de PERCY JACKSON 1, LE VOLEUR DE FOUDRE)

Je dois dire que j’ai été agréablement surpris par ce livre qui adapte de façon assez remarquable les dieux de la mythologie grecque au goût du jour et là les trouvailles sont nombreuses et issues d’une imagination pour le moins fertile. Par exemple, le fait que le Mont Olympe soit accessible par l’Empire state building de New-York. Il suffit, pour les initiés, de demander le 600e étage…c’est tout simple….

Ma plus belle surprise a été le passage dans lequel Percy Jackson et ses amis se retrouvent aux Enfers devant HADÈS qui explique ses soucis administratifs, décrivant les enfers comme un territoire, avec des départements et des sous-départements. Ça m’a arraché des sourires car dans LE VOLEUR DE FOUDRE, l’auteur a réalisé comme une jonction entre le drame, l’héroïsme et l’humour.

Évidemment c’est grandiloquent…des enfants qui combattent des dieux, c’est pousser l’héroïsme juvénile très loin et beaucoup de lecteurs pourraient se sentir abusés mais moi ça m’a plus, en particulier parce que j’ai pu renouer avec l’imagerie de l’Iliade qui m’a tant fasciné quand j’étais adolescent : les dieux, demi-dieux, héros, satyres, minotaures, monstres, la méduse, Cerbère le chien à trois têtes gardien des enfers, les hydres, les furies et j’en passe…le tout servi dans un cadre moderne et avec un humour bien dosé..

LE VOLEUR DE FOUDRE n’est pas pour moi un coup de cœur à proprement parler mais j’ai quand même  beaucoup apprécié ce livre : il est rythmé, les enchaînements sont rapides, les jeunes personnages sont attachants et bien qu’invraisemblables et parfois délirants, les rebondissements sont nombreux et spectaculaires et le tout est fort bien mis en évidence par les effets spéciaux du septième art. Il faut simplement se rappeler que Percy Jackson est un jeune héro créé pour la jeunesse…l’adulte que je suis y a trouvé largement son compte.

Suggestion de lecture, du même auteur : PERCY JACKSON LE SORT DU TITAN

Richard Russel Rick Riordan Jr est un auteur américain né en 1964 au Texas. Dès le début de sa carrière, il connaît une réussite fulgurante avec la TRES NAVARRE une série mystère pour adultes (7 volumes) qui a remporté plusieurs prix prestigieux, dont, le prix Edgar Allan Po. Dès 2005,  il entreprend la série PERCY JACKSON, et par la suite, LES HÉROS DE L’OLYMPE (la suite de la saga PERCY JACKSON), de 2011 à 2015. Riordan a aussi publié plusieurs romans, recueils, essais et séries dont LES CHRONIQUES DE KANE et la fameuse SÉRIE LES 39 CLÉS, début de publication : 2011

Au moment d’écrire ces lignes,  La Twentieth Century Fox avait acheté les droits cinématographiques de la série PERCY JACKSON.  deux films sont sortis :

En 2009: LE VOLEUR DE FOUDRE, réalisé par Chris Columbus. Scénariste: Rick Riordan.

En 2013: LA MER DES

MONSTRES, réalisé par
Thor Freudenthal. Scénariste: Rick Riordan

BONNE LECTURE
JAILU
OCTOBRE 2015

RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE, Steven Spielberg

*Ce qu’ils virent les laissa muets, assommés de stupeur.
Cela les dépassait, bouleversait toutes les idées qu’ils
avaient pu se faire. C’était trop. Trop pour des mots.
-Seigneur! Parvint enfin à murmurer Roy, la gorge serrée.
-Mon Dieu!  Oh mon Dieu! Dit Jillian. Incapables d’en
dire plus, ils s’abimèrent dans leur contemplation…*
(Extrait de RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE, Steven Spielberg,
t.f. Ed. P. Belfond. 1978, 205 pages. Or.  Columbia pictures)

RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE. PHOTO DU LIVRE ET AFFICHE DU FILM

du grand Spielberg

Une équipe de savants venus du monde entier et dirigée par un français, le professeur Claude Lacombe établissent un lien formel entre des évènements pour le moins troublants qui viennent perturber le quotidien de la planète : des passages d’ovnis signalés par des Tours de contrôle par exemple, ou la découverte d’un navire échoué sur un plateau désertique tibétain.

Parallèlement à ces évènements, un jeune garçon est enlevé par une force mystérieuse et aux quatre coins du monde, des femmes et des hommes tombent sous l’emprise d’une mélodie et tous sont obsédés par une mystérieuse montagne. Parmi eux, Roy Neary qui connaîtra le fin mot de l’histoire, car, le professeur Lacombe est catégorique là-dessus, une rencontre du troisième type se prépare…

Une histoire qui ne vieillit pas

*Cinquante points lumineux jaillirent du nuage
et se rapprochèrent à une vitesse fulgurante*
(extrait RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE)

Je dirai d’entrée de jeu que le livre, c’est le film. On ne peut pas parler de l’un sans parler de l’autre. Les deux sont intimement liés. Une fois scénarisé, le livre écrit par Steven Spielberg est devenu le film réalisé par Steven Spielberg qui lui est devenu une des plus grandes réussites de l’industrie cinématographique américaine…un film culte.

Si vous avez vu le film, le livre pourrait vous sembler monotone et ennuyeux. Vous aurez l’impression de lire un script. Si vous lisez le livre sans avoir vu le film, vous douterez peut-être du talent de Spielberg comme écrivain car bien que le lecteur puisse se sentir aspiré par un crescendo de crainte et d’émerveillement en alternance, l’écriture est d’une naïveté parfois désarmante. Morale de l’histoire…voyez le film.

Cela dit l’histoire a quelque chose de mélodieusement onirique. Spielberg arrive à nous faire espérer que si on avait à être visité par des extra-terrestres ça serait comme dans le scénario de RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE…la longue préparation à une rencontre avec de sympathiques créatures frêles au sourire réservé et attachant venus nous saluer comme de bons voisins à bord d’un magnifique vaisseau à côté duquel notre technologie semble à l’âge de pierre.

Dans les faits, je considère que Spielberg a eu le génie de créer, pour son histoire, des extra-terrestres amicaux, sympathiques, attachants et sans malice tout en les entourant d’une aura nébuleuse et mystérieuse (et même qu’il récidivera en 1982 avec E.T. l’Extra-terrestre. Il y aura aussi quelques essais un tantinet timides comme Abyss ou encore Cocoon du réalisateur Ron Howard)

Ainsi, Spielberg allait à contre-courant de ce que nous ont pratiquement toujours offert le cinéma et la télévision : de vilains extra-terrestres hideux, méchants, destructeurs et tueurs et les exemples ne manquent pas : Alien, Independance day, la guerre des mondes, Mars attaque, *V*, les envahisseurs, Predator, La Chose et j’en passe.

Donc l’idée de Spielberg était d’exploiter l’émerveillement plutôt que la terreur, ce qui a donné une petite merveille qui a révolutionné la science-fiction autant en littérature qu’au cinéma.

Bien sûr, comme des millions de personnes, j’ai vu le film et comme des millions de personnes, j’ai été enchanté. J’ai voulu lire le livre surtout pour voir s’il ne m’apporterait pas quelque chose de plus.

Tel ne fût pas le cas, quoique j’aie quand même pu laisser mon imagination vagabonder agréablement en pensant aux différentes séquences de la finale. Je pense par exemple à cette scène où on voit tous ces gens réunis dans la montagne (…la fameuse montagne qui faisait l’obsession de Roy Neary et de tant d’autres), tous ces savants béats devant le vaisseau colossal qui se tenait devant eux sans toucher le sol…

…ou encore cette scène pendant laquelle Neary est entraîné dans le vaisseau par les petites créatures ou encore cette scène superbe ou le prof Lacombe montre à un extra-terrestre un signe d’amitié en guise d’adieu.

Juste pour la finale et le plaisir d’imaginer, je pourrais vous recommander le livre, mais il y a mieux…voyez le film…ça vaut le coup.

Suggestion de lecture : LA 5e VAGUE, de Rick Yancey

Steven Spielberg est un réalisateur et producteur américain né à Cincinnati en 1946. C’est un des scénaristes et metteurs en scène les plus prolifique de toute l’histoire de l’industrie cinématographique. En parler ici serait beaucoup trop long même pour un simple résumé car sa carrière couvre près d’une trentaine de succès historiques à partir de DUEL, le déclencheur de sa carrière sorti en 1971 jusqu’à LINCOLN sorti en 2012 en passant par LES DENTS DE LA MER, LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE, E.T. L’EXTRA TERRESTRE, JURASSIC PARK, IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN et j’en passe.

Ça continue évidemment. Plusieurs livres et essais ont été publiés sur l’homme et sa carrière. Ici, je vous recommande STEVEN SPIELBERG, UNE RÉTROSPECTIVE de Richard Shickel publié aux Éditions de La Martinière. Véritable coup de coeur, ce livre, rempli d’illustrations, passe en revue les exploits légendaires de Spielberg. C’est un livre-rétrospective qui rend hommage à 40 années d’excellence dans l’univers du septième art. En ce qui concerne l’aspect biographique, je vous invite à visiter le site internet http://www.drjones.fr/biographie.php

BONNE LECTURE
JAILU
SEPTEMBRE 2015

 

LE COFFRE D’AVLEN, livre de L. SPRAGUE de CAMP

*…On discerna bientôt des pointes de lance qui
perçaient le sol et brillaient au clair de lune.
Puis des cimiers de casque apparurent, et
bientôt, dans le clair de lune, se dressèrent
cent quatre-vingt-huit géants, hauts de huit
pieds et armés jusqu’aux dents.*
(extrait LE COFFRE D’AVLEN, de L. Sprague de Camp,
t.f. 1970, Éditions Denoel, num. 177 pages)

Jorian, un voyageur, fait halte dans une ville en effervescence : XYLAR. Il ne sait pas qu’à tous les cinq ans, le roi est décapité et que sa tête est lancée dans la foule en fête. Celui qui attrape la tête devient roi pour cinq ans avant d’être décapité à son tour. Jorian reçoit la tête et est reconnu l’élu. Il fait un bon roi, mais il n’a aucune envie de perdre la tête à la fin de son règne. Notre héro va s’associer à un sorcier qui accepte de l’aider à abolir cette coutume. Il y a toutefois une condition : Jorian doit voler le Coffre d’Avlen et le remettre au sorcier. Ce coffre, précieusement gardé contient des sorts qui permettrait au sorcier et à ses acolytes d’obtenir un pouvoir absolu. 

…de quoi perdre la tête…

*Cela semble être une règle de la royauté que,
sur six rois, il y ait un héros, un coquin, un fou
et trois médiocres…

*-Que la Sainte Grenouille nous sauve.-*
(Extrait de : LE COFFRE D’AVLEN, de Lyon Sprague de Camp)

C’est un petit livre intéressant. L’histoire est originale. Toutefois, je l’ai appréciée davantage pour son aspect descriptif que pour l’intrigue. En fait l’histoire commence alors que, sur le point d’être décapité, Jorian s’échappe avec l’aide d’un magicien nommé Karadur. En échange de son aide, Karadur exhorte Jorian à trouver et lui remettre le coffre d’Avlen qui renferme des sorts et des incantations qui assureraient un énorme pouvoir au magicien.

Bien sûr, tout le monde court après Jorian…sa vie est continuellement menacée mais l’auteur a créé un personnage tellement parfait qu’il se sort de toutes les situations périlleuses. Il n’y a pas vraiment d’intrigues, pas de rebondissements, peu d’émotions. L’histoire a un petit côté prévisible et inachevé d’autant que le destin semble reléguer aux oubliettes le contenu du coffre qui me donnait parfois l’impression d’être secondaire dans l’histoire.

J’ai été toutefois agréablement surpris par la description des étapes dans la quête de Jorian. En effet, Sprague de Camp décrit avec beaucoup d’intelligence, de fluidité et d’imagination l’organisation politique et sociale des pays visités, ce qui est peu courant dans les romans de type *fantasy*.

À la fin de l’histoire par exemple, le conclave des magiciens est une vraie trouvaille, nous rappelant nos congrès modernes avec leurs règles parfois lourdes, régissant les assemblées délibérantes. En fait Sprague de Camp a créé tout un univers de petits états en plein développement avec leurs travers, leurs traditions parfois tordues (comme le fait de décapiter un roi après cinq ans de règne) mais aussi leurs bons côtés faits de têtes et de cœurs tournés vers le futur.

Ce type de développement littéraire est intéressant car il ouvre la porte au sens de l’humour qui marque quelque peu le livre, vient alléger la violence qui caractérise souvent le *fantasy* et va jusqu’à donner au lecteur l’impression de lire une histoire vraie ou tout au moins que l’univers décrit a déjà existé. De plus, l’auteur semble vouloir démontrer que la magie a ses limites et que rien ne peut remplacer le courage, l’abnégation, la volonté et l’imagination.

Autre fait intéressant dans LE COFFRE D’AVLEN : Jorian est un conteur…un excellent conteur et dans sa quête, il raconte des histoires captivantes au point de faire oublier quelque peu le véritable sens de cette quête sans oublier le fait que Jorian est un costaud qui aime se battre et qui est un voleur hors-pair.

Je vous suggère sans hésiter la lecture de ce livre. Il est assez court, rythmé, agréable à lire grâce à son langage riche et coloré et demeure, malgré son originalité et ses petites trouvailles, un roman de fantasy avec ses ingrédients habituels : des aventures, des héros, des magiciens et sorciers, des prêtres, des bêtes étranges, des bretteurs et de belles bagarres.

LE COFFRE D’AVLEN est finalement un très bon divertissement.

Suggestion de lecture : PROIES, de Mo Hayder

Lyon Sprague de Camp (1907-2000) était un écrivain américain. Admirateur de Lovecraft, ami d’Isaac Asimov, Sprague de Camp était un passionné de science-fiction et de fantasy. Il a entre autres insufflé une seconde vie au célèbre personnage de Robert Howard CONAN LE BARBARE dont il a poursuivi la saga avec, au passage une biographie de Howard. Il a été un des premiers auteurs de fantasy à imbriquer l’histoire et les sciences linguistiques à ses récits.  Il a écrit des biographies, romans historiques. De Camp s’est aussi intéressé à différentes tendances littéraires dont la poésie et le roman policier. Il a été membre d’un club littéraire appelé TRAP DOOR SPIDERS qui servit de modèle au CLUB DES VEUFS NOIRS de son ami Isaac Asimov.

BONNE LECTURE
JAILU
SEPTEMBRE 2015

PANIQUE À LA MAISON BLANCHE, Clive Cussler

*Les hélicoptères de l’armée et de la marine
grouillent comme des sauterelles et on
pourrait presque traverser le fleuve à sec
tellement les garde-côtes sont nombreux.
Vous ne m’avez pas tout dit Amiral, loin de là.*
(extrait de PANIQUE À LA MAISON BLANCHE,
Clive Cussler, t.f. Grasset et Fasquelle 1985,
463 pages en édition numérique)

Le Catawba, navire garde-côte reçoit un SOS dans le golfe de Cook, Alaska. Les garde-côtes arrivent trop tard. Tout le monde est mort à bord de l’Amie Marie. Plusieurs évènements graves vont s’enchaîner : entre autres, le Président des États-Unis disparaît et réapparaît plusieurs jours plus tard avec un comportement anarchique qui échappe à toute logique. Plusieurs autres personnalités disparaissent et les morts s’accumulent.  Ainsi commence le défi le plus dramatique de la carrière de Dirk Pitt : mettre fin à une effroyable machination destructrice qui risque de rompre irrémédiablement l’équilibre mondial. 

Implacable machination

*L’eau s’engouffra aussitôt par les énormes
brèches de la coque. Le VENICE frémit et
entama son agonie. Il ne lui fallut que
huit minutes pour mourir…*
(extrait de PANIQUE À LA MAISON BLANCHE)

C’est du grand Cussler, fidèle à son style et la force de son écriture : intrigue solide, évolution et enchaînements rapides, action, héroïsme, nombreux rebondissements, imprévisibilité et bien sûr, l’omniprésence de la mer et des fonds marins sans oublier l’évocation d’une passion de l’auteur, et par ricochet de son personnage fétiche Dirk Pitt pour les vieilles voitures.

J’ai reconnu aussi Cussler dans son habitude de vouloir parfois trop en mettre. Ça donne de nombreux passages peu vraisemblables et plutôt arrangeants sur le plan littéraire.

Bien que ce roman n’invente pas la roue, son idée de base est intéressante et soulève une question non moins intéressante : Qu’est-ce qui arrivera à l’humanité le jour où on pourra manipuler et programmer à sa guise un cerveau humain? Pour l’instant c’est de la science-fiction mais au rythme où évoluent la science et la technologie il faut croire que rien n’est impossible.

J’ai noté une phrase en cours de lecture qui illustre bien le côté dramatique de la question…*Le secrétaire d’État pianota sur son bureau : -le président disparaît pendant 10 jours, et quand il revient, il perd les pédales*.
Il y a là une fort intéressante matière à débat.

Autre élément intéressant dans ce livre est qu’il nous met le nez dans l’incroyable complexité de l’administration américaine et de ses services secrets, de ses coulisses militaires, des relations internationales, des effets pervers de la ruse politique, de la corruption et de la recherche du pouvoir à tout prix.

L’ensemble est un peu classique, mais c’est un thriller efficace qui se lit vite et bien et dont l’évolution est très rapide ce qui a pour effet de garder le lecteur captif. Les habitués de Cussler ne seront peut-être pas surpris.

Suggestion de lecture : DÉSAXÉ, de Lars Kepler

Clive Cussler est un romancier américain né en Illinois le 15 juillet 1931. Sa passion pour la vie sous-marine, le patrimoine marin international et les épaves transparaît dans l’ensemble de son œuvre. Il a entamé sa carrière d’écrivain en 1965 avec VORTEX (difficile à vendre au départ) Puis MAYDAY, suivi de ICEBERG où il introduit un personnage qui deviendra récurent dans la suite de son œuvre : DIRK PITT l’aventurier. Le premier grand succès littéraire de Cussler fût RENFLOUEZ LE TITANNIC. Cussler est aussi réputé pour son impressionnante collection de voitures reconstituées.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
AOÛT 2015

LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE

H2G2, II

Commentaire sur le livre de
Douglas Adams

*Mesdames et messieurs…l’Univers tel que nous le
connaissons existe maintenant depuis cent soixante-
dix millions de milliards d’années et s’achèvera dans
un peu plus d’une demi-heure. Aussi, sans plus tarder,
bienvenue à tous et à chacun à Milliways, le dernier
restaurant avant la fin du monde!*
(extrait de LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE
H2G2, II, Douglas Adams, Folio sf,  t.f. : éditions denoël 1982
211 pages, éd. Num.)

Nous sommes dans un futur indéterminé.  La terre a été détruite pour permettre la construction d’une voie rapide intergalactique. Un petit groupe, (un astrostoppeur, un androïde instable, un président de galaxie et deux terriens rescapés de la destruction) vadrouille de galaxie en galaxie équipé d’un guide galactique en faisant des sauts temporels, ce qui les rapproche dangereusement de la fin de l’univers : le big crunch. C’est ainsi que notre équipe, le temps d’une dernière bouffe, aboutit chez Milliways, le dernier restaurant avant la fin du monde. Il s’agit du deuxième tome de la pentalogie H2G2. 

Adams ou le futur halluciné
*Dans la crypte, les vingt-quatre joggers se
dirigèrent vers vingt-quatre sarcophages
vides alignés contre le mur, les ouvrirent,
y pénétrèrent et tombèrent dans
vingt-quatre sommeils sans rêve…*

LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE est un récit extrêmement original qui comporte de multiples facettes : on y trouve un peu de psychologie, de la philosophie…l’écriture rappelle parfois l’essai, l’étude de mœurs…on trouve évidemment de la science-fiction et de l’humour…beaucoup d’humour lié à la spontanéité des dialogues…

*Les Jatravartidiens de Viltevolde VI croient pour leur part que tout l’univers fut en réalité violemment éternué de la narine d’un être qu’ils nomment le Grand Archtoumtec vert…*

*…un guide touristique…mieux vendu que la théorie du trou noir, un itinéraire personnel par Teraroplopla Eccentrica (la fameuse prostituée à trois seins d’Eroticon Six) et même plus controversé que le dernier titre à scandale du philosophe Ooland Colluphid : Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur le sexe tout en étant obligé de le trouver…*

*L’immeuble ne va pas tarder à atterrir. Pour sortir, ne prenez pas la porte…Sortez par la fenêtre…*

*Trin Tragula était un rêveur, un penseur, un spéculateur, un philosophe ou-comme se plaisait à le répéter son épouse-un idiot.* (extraits de LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE de Douglas Adams).

Voilà pour l’humour…je ne me suis pas ennuyé à la lecture de ce livre. Pour l’aspect science-fiction, il y a plein de trouvailles que je vous laisserai découvrir. Je dirai toutefois que la question n’est pas de savoir où se situe le dernier restaurant avant la fin du monde mais plutôt  QUAND il se situe. L’auteur développe la théorie selon laquelle si l’univers a un commencement : LE BIG BANG, il aura aussi une fin : LE BIG CRUSH.

Or une bulle temporelle permet à des privilégiés d’assister à la fin de l’Univers en mangeant tranquillement…puis de revenir en arrière par saut temporel pour s’éloigner de la fin et permettre à la vie de continuer tout aussi tranquillement. L’auteur s’amuse ici à amplifier l’absurdité et le comique loufoque des clichés liés aux voyages dans le temps. Ça donne des passages très drôles et parfois même tordus et des trouvailles pour le moins farfelues.

J’ai maintes fois remarqué, dans mes lectures, que la philosophie d’apparence bon marché ou teintée d’humour cache souvent des pensées profondes et même de grandes vérités. À travers l’humour qui confine parfois à la loufoquerie, le récit d’Adams porte en lui une réflexion sur l’humanité, ses mythes religieux, ses cultures et comme il est question de fin du monde, l’histoire met en perspective des questionnements sur le sens de la vie et les buts de l’existence.

C’est un livre intéressant, bien écrit et qui va droit au but, avec un regard objectif sur notre ouverture d’esprit quant au rôle que nous jouons dans cette vie. Une lecture divertissante, agréable et même enrichissante…

Suggestion de lecture : HISTOIRES À LIRE AVANT LA FIN DU MONDE, collectif, recueil de nouvelles.

Douglas Adams (1952-2001) était un écrivain natif du Royaume-Uni. Il s’est fait connaître au départ par sa collaboration avec les Monthy Python. Mais son heure de gloire arrive avec la diffusion de la célèbre série radio H2G2 sur BBC. Quatre ans plus tard en 1979, Adams publie le premier tome du cycle H2G2 le guide du voyageur galactique. Le cycle sera complété en 1992 et comprendra cinq volumes. H2G2 sera par la suite adapté au théâtre, en série télévisée, au cinéma et même en jeu vidéo. LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE est le deuxième tome de la série.

BONNE LECTURE
JAILU
MAI 2015

LE BERCEAU DU CHAT, livre de KURT VONNEGUT Jr

*Soit dit en passant, Bokonon nous apprend que
lorsqu’un des membres d’un duprass meurt,
l’autre le suit dans la semaine. Quand vint pour
les Minton le temps de mourir, ils le firent tous
deux à la même seconde.*
(extrait de LE BERCEAU DU CHAT de Kurt Vonnegut Jr,
Éditions J’ai lu, t.f. Éditions du Seuil, 1972, num. 160 pages)

Un journaliste appelé Jonas projette l’écriture d’un livre sur Hiroshima et un des inventeurs de la bombe qui a détruit la célèbre ville, le docteur Hoeniker qui a aussi inventé la *glace 9*, un redoutable produit qui solidifie tout ce qui est liquide. Ses recherches l’amènent à San Lorenzo,  une île des caraïbes dirigée par un dictateur aidé d’un prophète appelé Bokonon qui annonce une imminente apocalypse. Jonas découvre que la famille a conservé le secret de cette terrifiante invention qu’est la *GLACE 9*. Jonas se rend compte que sur une toute petite île, une invention de fin du monde et la présence d’une secte agressive, ne font pas ce qu’on appellerait  un ménage idéal…

En hommage à la stupidité humaine

*Faite par une femme, une telle musique
ne pouvait s’expliquer que par un cas de
schizophrénie ou de possession
démoniaque…
(extrait de LE BERCEAU DU CHAT)

LE BERCEAU DU CHAT est un récit à l’évolution lente et constante qui met en perspective la stupidité humaine et l’absurdité de la démarche de l’homme et de son caractère destructeur qui le pousse à l’intrigue, à l’indifférence et au cynisme.

Par bonheur, j’ai bien toléré les nombreuses longueurs du récit dans les trois premiers quarts du livre en essayant de comprendre la démarche de l’auteur, où il voulait en venir. Ma patience a été récompensée. Le dernier quart du récit plonge le lecteur, la lectrice dans une finale spectaculaire et dramatique dans laquelle l’auteur semble vouloir préciser toute sa pensée sur l’incroyable puissance de la bêtise humaine.

Dans LE BERCEAU DU CHAT, la bêtise humaine est décriée par Vonnegut par sa plume dense et incisive qui apparente son récit à un réquisitoire. Il pointe sévèrement du doigt la connerie humaine.

Il faut être patient je le rappelle, pour lire ce récit qui accuse un crescendo lent. Toutefois, il y a un élément dans le récit qui a gardé mon intérêt constant : l’omniprésence de la *glace9*, cette invention monstrueuse de fin du monde, heureusement fictive, enfin pour l’instant je suppose, et qui, dans la finale du récit montre tout ce qu’elle peut faire, ou, devrais-je dire, défaire. Pour faire un petit jeu de mot un peu ampoulé, je dirais que la glace 9 m’a gardé chaud.

Je précise aussi que Vonnegut n’a pas fait d’efforts particuliers pour rendre ses personnages attachants. Dans un contexte de mise en lumière de la stupidité, c’était probablement secondaire.

Je recommande la lecture de ce livre. Il est un peu picaresque et a un petit côté humoristique, mais surtout, il est porteur d’une réflexion profonde sur la stupidité humaine, au danger que représente l’homme pour lui-même, à son caractère ravageur, même si j’aime à penser que l’humanité a de belles qualités qu’elle devrait mettre davantage en valeur. Malheureusement, le récit ne développe qu’un seul côté de la médaille.

Suggestion de lecture : CARBONE MODIFIÉ, de Richard Morgan

Kurt Vonnegut (1922-2007) est un écrivain et journaliste américain. Sa vie est une suite de drames en commençant par le suicide de sa mère, et surtout le fait qu’il a été fait prisonnier par les allemands pendant la bataille des Ardennes, qu’il a goûté aux camps de travail et qu’il a échappé de justesse au plus grand carnage de la seconde guerre : le bombardement de Dresde.

Il s’en inspirera  pour écrire en 1969 ABATTOIR 5 qui deviendra le livre phare de son œuvre. Vonnegut trouvera sa voie en 1959 avec LES SIRÈNES DE TITAN, en adoptant un style incisif, acide, parodique et très engagé.

BONNE LECTURE
JAILU
FÉVRIER 2015

ACIDE SULFURIQUE, livre de AMELIE NOTHOMB

*…Qu’une fille si belle et si gracieuse fût
promise à une mort à laquelle on
assisterait en direct créait une tension
insoutenable et irrésistible…*
**********
*…Vint le moment où la souffrance des
autres ne leur suffit plus : il leur en fallut
le spectacle.*
(extraits de ACIDE SULFURIQUE, Amélie Nothomb,
Éditions Albin Michel, 2005)

Pour les besoins d’une émission de téléréalité intitulée CONCENTRATION, les organisateurs kidnappent des gens, engagent des gardiens appelés kapos et réunissent tout ce monde dans un endroit secret aménagé en camp de concentration. Cruauté et horreur sont alors portées à l’écran quotidiennement pour le bénéfice d’un public avide appelé à voter pour désigner les prisonniers à abattre. Les cotes d’écoute atteignent des sommets. L’histoire se concentre sur une belle étudiante devenue la prisonnière CKZ114 et une chômeuse engagée comme kapo appelée ZDENA qui devient obsédée par la prisonnière CKZ114…

ACIDE SULFURIQUE : Composé chimique huileux, incolore, inodore, hautement corrosif, appelé aussi Vitriol.

Souriez…la télévision vous enlaidi…

*…si tu parles, tu meurs,
si tu ne parles pas, tu meurs,
alors parle et meurs*

ACIDE SULFURIQUE a comme toile de fond la téléréalité.  Quant à savoir ce que je pense de la téléréalité, c’est très simple, pour moi elle est le nec plus ultra de la connerie. Mais comme je suis plutôt du genre à vivre et laisser vivre, je respecte les gens qui aiment ça. Toutefois, et vous me trouverez un peu naïf peut-être, je n’imaginais pas qu’on puisse partir d’une coquille aussi vide de sens pour en faire un tableau aussi brutal et hors de toutes réalités probables.

ACIDE SULFURIQUE est un opuscule de moins de 100 pages. Il ne faut donc pas se surprendre du fait que Amélie Nothomb entre tout de suite dans le vif du sujet : à peu près pas d’introduction, mise en contexte déficiente, à peu près rien sur la psychologie des personnages à part les deux héroïnes :  CKZ114 qui finit par dévoiler son nom,  Pannonique et la kapo Zdena, une finale prévisible et un développement un peu simpliste.

Bien sûr, le livre est porteur d’une certaine réflexion sur la téléréalité et les réactions du grand public, décrit un peu comme ce qui pourrait ressembler à un cheptel de moutons. Mais j’ai trouvé l’ensemble trivial, insipide et bâclé. C’est très en dessous du talent d’Amelie Nothomb qui nous a habitué à mieux, avec entre autres BIOGRAPHIE DE LA FAIM et TUER LE PÈRE.

J’avais développé l’impression, en lisant,  que l’auteure est partie d’une idée de génie mais sans trop savoir quoi faire avec. Le résultat est qu’elle n’a rien inventé du tout et que l’ensemble est peu crédible.

C’est dommage parce que la téléréalité est un domaine, pour ne pas dire une industrie sur laquelle il y a beaucoup à dire. Avec son talent qui ne fait aucun doute, l’auteure aurait pu ficeler une histoire crédible en misant sur la force de ses personnages, la subtilité habituelle de sa plume et même y ajouter un petit caractère visionnaire qui colle avec la réalité…

Partie remise…

complément : la téléréalité selon Larousse.

Suggestion d’un roman traitant de la téléréalité : I.R.L.,  d’Agnès Marot

Amelie Nothomb est née au Japon en 1967. Elle vit de l’écriture depuis 1992, époque à partir de laquelle les succès s’enchainent, entre autres STUPEUR ET TREMBLEMENTS, grand prix de l’Académie Française en 1999 et adapté au cinéma en 2003. Elle a été honorée par le jury du prix Jean Giono en 2008 pour l’ensemble de son œuvre. Considérée comme extravagante et généreuse, l’auteure a plus d’une vingtaine de roman à son actif dont BARBE-BLEUE publié en 2012

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
AOÛT 2014

RAVAGE, un grand classique de RENÉ BARJAVEL

*…et le moteur de la rame a pris feu. La graisse, l’huile, je ne sais. Et les gens qui étaient serrés autour se sont mis à griller comme des saucisses. Je me suis battu, j’ai grimpé sur des épaules, j’ai marché sur des têtes, je suis tombé dans du feu, je ne sais plus…* (Extrait de RAVAGE de René Barjavel, Denoël 1946, réed. Omnibus 1996)

Année 2052, Paris : Voici l’histoire de François Deschamps. Paris a été entièrement reconstruite et dépend entièrement de machines sophistiquées permettant aux citadins de couler une vie sans effort. Un jour, une panne totale d’électricité paralyse toute la ville laissant la population complètement désemparée. La loi du plus fort prend le dessus. François fuit la ville en perdition et va vers le sud où il fonde une nouvelle société basée sur le modèle ancestral. Les machines y sont interdites, voir sacrilèges. Le système fonctionne jusqu’à ce qu’un jour un homme se présente avec une machine qu’il vient de construire. François est prêt à tout pour protéger sa nouvelle société.

L’histoire se déroule en France loin dans le futur. RAVAGE est une dystopie. En effet, l’auteur y décrit d’abord un régime déshumanisé dans lequel le quotidien est entièrement dominé par la science et une technologie ultra sophistiquée qui endort la population dans un confort quasi obscène, lui évitant pratiquement tout effort.

Barjavel déploie un trésor d’imagination pour décrire, dans la première partie de RAVAGE, cette société incroyablement mécanisée. On y trouve par exemple, une machine qui, pour un seul grain de blé, est capable de produire un pain, un cigare et une chaussette.

Autre exemple, le lait n’est plus livré dans des contenants. Dans les cuisines, on trouve deux robinets : un pour l’eau chaude et l’eau froide, l’autre…pour le lait. Un dernier exemple, il n’y a plus de cimetière en France. Les morts sont conservés dans des chambres froides installées au cœur du domicile de leur famille et dans la position désirée par la famille.

Un jour, une panne générale d’électricité fait basculer tout ce monde engourdi dans un enfer démentiel : il n’y a plus d’eau, plus de nourriture, plus de transport, plus de climatisation, plus d’éclairage et imaginez un peu…plus de 50 millions de morts installés dans des chambres froides qui dégèlent… c’est le chaos total, la fin de la civilisation technologique.

Barjavel nous livre ici un classique de la science-fiction post-apocalyptique qui a été étudié dans les lycées français et même fait l’objet d’analyses poussées et de thèses universitaires à cause des questions très sérieuses et complexes qu’il pose sur la dépendance de l’homme face à la science et aux technologies.

Le livre va plus loin en poussant pratiquement son personnage principal vers le statut de dieu vivant en imposant aux survivants, grâce à son grand courage et surtout à un charisme exceptionnel un retour à la vie ancestrale et en bannissant toutes machines ou gadgets.

Donc l’auteur pose des questions ouvertes entre autres sur le libre arbitre et le retour à la terre.

J’ai trouvé ce livre passionnant. Son intensité dramatique m’a gardé captif et m’a même poussé à l’introspection. Tout le long du livre, j’ai senti une critique ouverte de l’auteur sur l’utilisation qu’on fait de la science et de la technologie. Barjavel a mis à profit son exceptionnel sens de l’anticipation dans une écriture puissante et extrêmement attractive.

L’histoire a été écrite en 1943 (rééditée par la suite) et j’y ai reconnu notre société moderne. Ce livre est donc toujours d’une étonnante actualité car il analyse de façon hautement inspirée l’homme moderne, aisément capable de redevenir une bête à partir du moment où on l’arrache de ses dépendances.

Je vous recommande RAVAGE, un livre simplement passionnant…

Suggestion de lecture, du même auteur : LE DIABLE L’EMPORTE

Auteur français, René Barjavel (1911-1985) a débuté dans le journalisme, puis il publie une série de romans d’anticipation et un essai sur les formes futures du cinéma qui fait encore autorité de nos jours. Il s’intéresse au cinéma et collabore à plusieurs films dont, entre autres, la série DON CAMILLO.

Il nous a laissé en héritage une impressionnante bibliographie qui a fait de lui un incontournable de la science-fiction. Les principaux titres de René Barjavel ont été publiés récemment dans un volume intitulé ROMANS EXTRAORDINAIRES chez OMNIBUS.

Pour en savoir plus sur l’œuvre de René Barjavel, je vous invite à visiter le site

http://barjaweb.free.fr

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JUILLET 2014

 

LE JOUR DES FOUS, D’EDMUND COOPER

 …Au cours de cette même nuit, ce qui restait
du village d’Ambergreave agonisait – une
agonie violente et grotesque, même pour
un monde transnormal…
(extrait de LE JOUR DES FOUS de Edmund Cooper,
Marabout, coll. Poussière d’Étoiles, 1966)

Les scientifiques constatent une augmentation spectaculaire des suicides en Angleterre. Le phénomène s’étend et devient mondial. Les suicidés se chiffreront bientôt par centaines de millions. Les savants qui ont nommé cette tendance *SUICIDE RADIEUX* arrivent à la conclusion que le soleil émet des radiations nouvelles et inconnues qui poussent au suicide.

Pour des raisons inconnues, seuls étaient épargnés les  fanatiques, obsédés, déficients, les idiots, maniaques homicides  et dépravés. C’est tout ce qui restait pour assurer la survie du genre humain. Mais dans ce chaos, il reste un homme qui semble lucide : Mathew Greville, condamné à survivre dans un monde livré à la démence…

Bien que le sujet du livre soit surexploité, *élimé*, usé à la corde, il y a une certaine originalité dans le traitement. Les radiations Oméga n’épargnent que les cinglés, les inadaptés et les dégénérés.

Ce n’est pas vraiment idéal pour rebâtir un monde. Mais l’auteur a bâti son histoire sur deux exceptions : le héro de l’histoire, Mathew Greville, un macho misogyne et égocentrique et Liz une bête de sexe mais qui a une certaine grâce et qui, avec une infinie patience, apprivoise Greville qui tombe graduellement amoureux.

Ensemble, ils devront survivre dans un infernal chaos, affrontant de cruelles bandes organisées dans un monde sans loi, devenu terne et sans morale. Même s’il y a beaucoup de *déjà vu* dans ce livre, l’histoire est imprégnée d’un caractère très fort qui explique probablement pourquoi LE JOUR DES FOUS compte parmi les meilleurs romans d’Edmund Cooper.

C’est sans doute le roman le plus grinçant de l’œuvre de Cooper. L’action est rapide, agressive. Le traitement est minutieux et fort. J’ajouterai que le portrait que livre l’auteur de la nature humaine quand celle-ci est confrontée à l’horreur et la déchéance est d’un réalisme qui m’a séduit, et ce, je le rappelle, même si le sujet est archi-usé (c’est le petit défaut de sa qualité).

En fait je m’étais dit dans les premières pages…*flute…encore du post-apocalyptique* mais je n’ai jamais regretté d’être allé jusqu’au bout pour les raisons que j’ai déjà mentionnées et aussi à cause de la brillante imagination qu’a déployé l’auteur pour donner à ses héros l’impulsion et la force d’organiser la survie et de rebâtir un monde qui, en bout de ligne, trouvera peut-être son second souffle.

J’ai senti une certaine aisance de l’auteur à supprimer le monde normal pour le livrer à des déséquilibrés et à des cerveaux dans lesquels le génie chevauche la folie…des restes d’humains que l’auteur appelle des *Trans normaux* . Je crois que l’auteur a voulu démontrer qu’entre un fou et un être normal, la différence peut-être négligeable dans un monde post-apocalyptique ou la seule préoccupation est de survivre.

Je cite ici en terminant, un propos de Paul, membre du triumvirat qui dirige les ANARS, le troisième et dernier groupe qui recueille Mathew et Liz. Il dit, avec une agressive honnêteté*Nous sommes à ce point cinglés que pour nous, la folie multipliée par mille représente la normale*. Une telle confession ne serait-elle pas le début d’une certaine sagesse?

C’est le cas je crois et c’est le défi du livre et de ses deux héros…rebâtir avec ce que l’on a et avec ce que l’on est.

Suggestion de lecture : VOL AU-DESSUS d’UN NID DE COUCOU de Ken Kesey

Edmund Cooper (1926-1982) est un écrivain de science-fiction britannique.. Sa carrière de romancier débute vraiment au milieu des années 1950 et il se spécialisera rapidement dans le roman cataclysmique. LE JOUR DES FOUS est son œuvre marquante, sa plus grande réussite. La plupart de ses romans sont plutôt noirs, citons LE DERNIER CONTINENT publié chez Marabout, LA DIXIÈME PLANETE publié chez Denoël  et L’EMPREINTE DE VÉNUS, publié chez Lattès.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
MAI 2014

1984, le grand classique de George Orwell

…*C’était lui qui décidait à quel moment on devait
le faire crier de souffrance…à quel moment on devait
lui laisser un répit, quand on devait lui injecter une
drogue…c’est lui l’inquisiteur…
…nous sommes des morts dit-il…*
(extrait de *1984* de George Orwell, 1949 BeQ) 

1984, Londres fait maintenant partie d’un pays dirigé par un parti unique qui impose un régime totalitaire extrêmement oppressif. Aux lendemains d’une guerre nucléaire, un fonctionnaire, Winston Smith est chargé de modifier, trafiquer et réécrire l’histoire afin qu’elle concorde avec l’idéologie du parti. Avec son ami Julia, Winston décide de défier les règles. Ils seront tous les deux interceptés et reconnus coupables de pensée criminelle par la police de la pensée. Winston en particulier devra faire face aux terribles secrets qui hantent les couloirs du redoutable Ministère de l’Amour…pas de place dans le régime pour les sentiments.

En lisant *1984*, j’ai eu l’impression de manquer d’air…une sensation d’étouffement…un peu comme un claustrophobe qui lit une histoire qui se déroule dans un sous-marin qui prend l’eau pendant une plongée…pas étonnant…Orwell évoque dans *1984* un véritable cauchemar :  une dictature ultra-totalitaire oppressive et répressive qui fait de ses citoyens un véritable peuple de moutons sans âme, sans avenir et sans espoir.

Il m’a semblé évident qu’Orwell s’est basé sur la politique soviétique pour bâtir son histoire et plus précisément sur le régime stalinien mais il y a ajouté des trouvailles qui défient l’imagination. Par exemple, ces fameux paradoxes qui atteignent des sommets de dérision : le ministère de la vérité qui glorifie le mensonge, le ministère de l’abondance qui administre la famine, le ministère de la paix qui gère la guerre et…la cerise sur le gâteau… le ministère de l’amour qui torture les opposants au régime.

UNE PURE DYSTOPIE

Il y a aussi Big Brother…personnage emblématique et virtuel qui a un œil sur la vie et les pensées de chaque citoyen et qui semble avoir comme objectif de retirer à chacun toute individualité.

Autre exemple : LA NOVLANGUE, la seule langue de communication autorisée par le régime. La novlangue dépouille entièrement le langage de tout ce qui pourrait avoir un caractère subversif selon le régime. Donc le nombre de mots est réduit au minimum…plus de synonymes, pas de figures de style ni d’expressions, plus de couleur…bref ça donne un langage de communication d’une froideur incroyable. Orwell consacre un appendice très détaillé sur la novlangue à la fin de son livre.

*1984* évoque une dystopie pure et dure dans laquelle des besoins aussi élémentaires que le bonheur et l’amour contreviennent aux règles du parti. Pas de place pour les sentiments dans un monde où même les enfants dénoncent leurs parents. Ça vous donne une idée de l’esprit de famille…

Tout au long de ma lecture, j’ai senti la réprobation et l’amertume de l’auteur. Je n’ai donc pas été surpris qu’il ait voulu trop en mettre. En effet, il y a dans son livre des longueurs parfois exaspérantes et des passages creux. La dernière phrases du livre m’a littéralement coupé le souffle…c’est le moins que je puisse dire.  Je ne vous livrerai pas cette phrase ici, mais elle m’a laissé amer… j’aurais souhaité autre chose.

Comme probablement beaucoup de lecteurs et lectrices, j’ai davantage apprécié la réflexion à laquelle ce livre m’a poussé que sa lecture elle-même. Malgré ses petits travers, *1984* demeure un incontournable emblématique de la science-fiction.

Suggestion de lecture : L’INQUISITEUR de Henri Gougaud

George Orwell a une longue histoire, mais je retiens ici le fait qu’il a été sergent dans la police impériale Birmane pendant cinq années au bout desquelles il a démissionné parce qu’il était en désaccord total avec l’idéologie oppressive qui sévissait dans la première moitié du 20e siècle dans ce pays. Sans doute y puisa-t-il toute son inspiration. Après la 2e guerre mondiale, il a travaillé pour la BBC et il rédigea ses deux plus célèbres romans : *LA FERME DES ANIMAUX* et *1984*. George Orwell est mort en 1950, emporté par la tuberculose avant même qu’il puisse prendre connaissance de la publication de *1984*.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
MAI 2015

à lire en complément…