LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE

H2G2, II

Commentaire sur le livre de
Douglas Adams

*Mesdames et messieurs…l’Univers tel que nous le
connaissons existe maintenant depuis cent soixante-
dix millions de milliards d’années et s’achèvera dans
un peu plus d’une demi-heure. Aussi, sans plus tarder,
bienvenue à tous et à chacun à Milliways, le dernier
restaurant avant la fin du monde!*
(extrait de LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE
H2G2, II, Douglas Adams, Folio sf,  t.f. : éditions denoël 1982
211 pages, éd. Num.)

Nous sommes dans un futur indéterminé.  La terre a été détruite pour permettre la construction d’une voie rapide intergalactique. Un petit groupe, (un astrostoppeur, un androïde instable, un président de galaxie et deux terriens rescapés de la destruction) vadrouille de galaxie en galaxie équipé d’un guide galactique en faisant des sauts temporels, ce qui les rapproche dangereusement de la fin de l’univers : le big crunch. C’est ainsi que notre équipe, le temps d’une dernière bouffe, aboutit chez Milliways, le dernier restaurant avant la fin du monde. Il s’agit du deuxième tome de la pentalogie H2G2. 

Adams ou le futur halluciné
*Dans la crypte, les vingt-quatre joggers se
dirigèrent vers vingt-quatre sarcophages
vides alignés contre le mur, les ouvrirent,
y pénétrèrent et tombèrent dans
vingt-quatre sommeils sans rêve…*

LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE est un récit extrêmement original qui comporte de multiples facettes : on y trouve un peu de psychologie, de la philosophie…l’écriture rappelle parfois l’essai, l’étude de mœurs…on trouve évidemment de la science-fiction et de l’humour…beaucoup d’humour lié à la spontanéité des dialogues…

*Les Jatravartidiens de Viltevolde VI croient pour leur part que tout l’univers fut en réalité violemment éternué de la narine d’un être qu’ils nomment le Grand Archtoumtec vert…*

*…un guide touristique…mieux vendu que la théorie du trou noir, un itinéraire personnel par Teraroplopla Eccentrica (la fameuse prostituée à trois seins d’Eroticon Six) et même plus controversé que le dernier titre à scandale du philosophe Ooland Colluphid : Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur le sexe tout en étant obligé de le trouver…*

*L’immeuble ne va pas tarder à atterrir. Pour sortir, ne prenez pas la porte…Sortez par la fenêtre…*

*Trin Tragula était un rêveur, un penseur, un spéculateur, un philosophe ou-comme se plaisait à le répéter son épouse-un idiot.* (extraits de LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE de Douglas Adams).

Voilà pour l’humour…je ne me suis pas ennuyé à la lecture de ce livre. Pour l’aspect science-fiction, il y a plein de trouvailles que je vous laisserai découvrir. Je dirai toutefois que la question n’est pas de savoir où se situe le dernier restaurant avant la fin du monde mais plutôt  QUAND il se situe. L’auteur développe la théorie selon laquelle si l’univers a un commencement : LE BIG BANG, il aura aussi une fin : LE BIG CRUSH.

Or une bulle temporelle permet à des privilégiés d’assister à la fin de l’Univers en mangeant tranquillement…puis de revenir en arrière par saut temporel pour s’éloigner de la fin et permettre à la vie de continuer tout aussi tranquillement. L’auteur s’amuse ici à amplifier l’absurdité et le comique loufoque des clichés liés aux voyages dans le temps. Ça donne des passages très drôles et parfois même tordus et des trouvailles pour le moins farfelues.

J’ai maintes fois remarqué, dans mes lectures, que la philosophie d’apparence bon marché ou teintée d’humour cache souvent des pensées profondes et même de grandes vérités. À travers l’humour qui confine parfois à la loufoquerie, le récit d’Adams porte en lui une réflexion sur l’humanité, ses mythes religieux, ses cultures et comme il est question de fin du monde, l’histoire met en perspective des questionnements sur le sens de la vie et les buts de l’existence.

C’est un livre intéressant, bien écrit et qui va droit au but, avec un regard objectif sur notre ouverture d’esprit quant au rôle que nous jouons dans cette vie. Une lecture divertissante, agréable et même enrichissante…

Suggestion de lecture : HISTOIRES À LIRE AVANT LA FIN DU MONDE, collectif, recueil de nouvelles.

Douglas Adams (1952-2001) était un écrivain natif du Royaume-Uni. Il s’est fait connaître au départ par sa collaboration avec les Monthy Python. Mais son heure de gloire arrive avec la diffusion de la célèbre série radio H2G2 sur BBC. Quatre ans plus tard en 1979, Adams publie le premier tome du cycle H2G2 le guide du voyageur galactique. Le cycle sera complété en 1992 et comprendra cinq volumes. H2G2 sera par la suite adapté au théâtre, en série télévisée, au cinéma et même en jeu vidéo. LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE est le deuxième tome de la série.

BONNE LECTURE
JAILU
MAI 2015

LE COQ DE BRUYÈRE, livre de MICHEL TOURNIER

*Car il est vrai qu’un ineffable secret l’unissait à vendredi, et ce secret, c’était une certaine petite tache verte qu’il avait fait ajouter dès son retour par un cartographe du port sur le bleu océan des Caraïbes…* (extrait de LE COQ DE BRUYÈRES, LA FIN DE
ROBINSON CRUSOÉ,  Michel Tournier, Éditions Gallimard, 1978, num. 214 pages)

LE COQ DE BRUYÈRE est un recueil de contes et nouvelles comprenant 14 récits aux formes variées. L’œuvre passe en revue quelques grands mythes (le Père Noël par exemple) en provoquant chez le lecteur différentes émotions contradictoires telles le bonheur et la tristesse, le rire et les larmes, la certitude et le scepticisme…Dans tous les récits, spécialement les plus tragiques, l’auteur fait intervenir l’humour…c’est ainsi qu’on découvre une nouvelle vertu étrange au citron, que l’ogre du Petit Poucet serait un hippie et même que le Père Noël aurait donné le sein à l’Enfant Jésus. Le titre d’un de ces récits est devenu celui du recueil : LE COQ DE BRUYÈRE.

Iconoclaste et séduisant…
*En tout cas, c’est défendu de manger
pendant la classe. Tu me copieras
cinquante fois ‘je mange des citrons
en classe’*
(extrait LA JEUNE FILLE ET LA MORT,
LE COQ DE BRUYÈRE)

LE COQ DE BRUYÈRE est un intéressant recueil de contes et de nouvelles, chaleureux et attendrissant qui attire le lecteur dans ses pages en faisant appel à un mélange d’émotions mises en valeur par un humour léger. Les récits sont quelque peu disparates.

Quelques-uns m’ont déçu, plusieurs m’ont accroché, spécialement ceux qui semblent allier les merveilles des contes classiques aux récits plus récents, de même tendance, mais qui se sont adaptés à la modernité comme LA FUGUE DU PETIT POUCET par exemple où l’auteur concède à l’ogre une nature de hippie qui évoque la recherche constante et inconditionnelle de la liberté.

LA FUGUE DU PETIT POUCET est un exemple de récit iconoclaste comme LA FIN DE ROBINSON CRUSOÉ ou LA MÈRE NOËL. Michel Tournier est un peu vandale dans son genre. À la lecture de ses récits, j’ai développé l’impression d’une tentative de sa part de redéfinir les mythes, de tirer un trait sur l’histoire et de se tourner vers l’avenir.

J’ai senti une dualité entre le concepteur et le philosophe et une merveilleuse capacité de balloter le lecteur de la tristesse à la joie, de la fragilité de l’esprit au courage et à l’abnégation.

Dans le COQ DE BRUYÈRE il y a des rebondissements, de l’inattendu, de l’originalité, de la recherche. J’ai été particulièrement surpris par LES SUAIRES DE VÉRONIQUE. Dans ce récit, Véronique est photographe et chaque photo qu’elle prend enlève une parcelle de vie à son modèle :

*…vous m’avez aussi beaucoup pris. Vingt-deux mille deux cents trente-neuf fois quelque chose de moi m’a été arraché pour entrer dans le piège à images, votre –petite boîte de nuit-…

Vous m’avez plumé comme une poule, épilé comme un lapin angora. J’ai maigri, durci, séché non sous l’effet d’un quelconque régime alimentaire,  mais sous celui de ces prélèvements effectués chaque jour sur ma substance…*(extrait LES SUAIRES DE VÉRONIQUES, LE COQ DE BRUYÈRE).

Bref, Véronique tue avec son appareil photo…un simple appareil photo qui a la particularité de *siphonner* la force vitale.

La plupart des récits sont venus me chercher mais LES SUAIRES DE VÉRONIQUE est sans doute celui qui m’a le plus surpris.

Avec la séduction de l’humour tendre, les récits sont porteurs de sagesse et d’une intéressante réflexion sur le sens de la vie et de la mort, le refus de grandir (thème développé avec brio dans le récit TUPIK où un jeune garçon projette de couper son pénis pour éviter de devenir un homme) et ça va plus loin avec des observations parfois saisissantes sur la nature humaine.

C’est tout Tournier…divertir et faire réfléchir. Ça m’a plu.

Suggestion de lecture : NOUVELLES NOIRES, de Renaud Benoit

Michel Tournier (1924-  ) est un écrivain français né à Paris. Dès 1941, il développe un intérêt pour la philosophie. Malgré un échec au concours de l’agrégation, il gagne sa vie comme traducteur et rédacteur publicitaire, animateur et concepteur à la radio avant de joindre l’équipe du fameux éditeur PLON en 1959.

Il publie son premier roman en 1967 VENDREDI OU LES LIMBES DU PACIFIQUE, grand prix de l’Académie française. Avec ce chef d’œuvre et LE ROI DES AULNES, prix Goncourt en 1970, Tournier s’est par la suite entièrement voué à une brillante carrière littéraire tout en siégeant à l’Académie Goncourt.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
MAI 2015

FANTÔME EN HÉRITAGE, livre d’ANNIE JAY

*J’étais si terrifié que j’ai essayé en vain de crier,
j’étais comme paralysé. Et elle, elle me regardait
d’un air calme. Moi aussi je la regardais, et même
que je voyais au travers de son corps.*
(extrait de FANTÔME EN HÉRITAGE, Annie Jay,
Hachette Livre, 1997, 2003 et 2006, éd. Num.
70 pages, Hachette jeunesse)

Ce récit est l’histoire de Brice, un jeune garçon de 12 ans qui s’installe avec sa mère dans une très ancienne maison, héritage de l’arrière- grand –oncle Joseph. En héritant de la maison, Brice se rend compte très vite qu’il a aussi hérité d’un fantôme qui l’habite : elle s’appelle Constance, tuée par Joseph pour son héritage et enterrée en secret. Ce fantôme frustré, capricieux, malin et têtu est bien décidé à mener la vie dure à Brice jusqu’à ce qu’elle obtienne justice ainsi qu’un enterrement digne du titre.

Brice accepte (a-t-il le choix?) d’aller au fond de cette affaire ne serait-ce que pour se débarrasser de cette peste. Il sera aidée par sa grand-mère, Blanche, appelée à juste titre Mamie Bazooka, une drôle de femme, farfelue et extravagante. Premier objectif pour Brice : surmonter sa peur. Ensuite, trouver le corps de Constance…rien de facile…

LA PESTE TRANSPARENTE
*-Je les ai hantés du soir au matin et
du matin au soir, fit en riant
l’intéressée. L’avantage pour les
fantômes, c’est qu’il n’existe ni
jour, ni nuit!
(extrait de FANTÔME EN HÉRITAGE)

Comme tous les humains sont confrontés tôt ou tard à des histoires de fantômes, dans les livres, à la télé, au cinéma ou dans la tradition orale, et même paraît-il dans la vraie vie, autant commencer de bonne heure avec délicatesse, sensibilité et même, pourquoi pas, de l’humour. C’est ce que propose Annie Jay aux jeunes à partir de 8 ans.

Les parents peuvent se rassurer, c’est tout à fait sans danger. Le seul risque est celui de vous faire poser beaucoup de questions. À vous de satisfaire l’insatiable curiosité des jeunes avec discernement et faites comme madame Jay…ajoutez-y de l’humour.

Dans ce petit livre de moins de 75 pages, aisé à lire, tous les ingrédients sont réunis pour faire passer de bons moments aux enfants : des jeunes personnages attachants, une mamie extravertie et extravagante avec des cheveux rouges et des vêtements aux agencements de couleurs plutôt loufoques (et c’est pas pour rien qu’elle se fait appeler MAMIE BAZOOKA…imaginez…une grand-mère d’âge très respectable…en mini-jupe) et surtout, le fantôme d’une jeune fille d’une quinzaine d’années…

Le fantôme dont il est question dans cette petite histoire n’est pas vraiment méchant, mais c’est une peste, capricieuse, entêtée et collante. Il faudra un bel esprit d’équipe de Brice, le jeune personnage principal de l’histoire, et de ses amis, y compris l’excentrique Mamie Bazooka pour se débarrasser de cette peste.

Annie Jay est surtout spécialisée dans les romans historiques pour la jeunesse. FANTÔME EN HÉRITAGE est un essai dans le vaste domaine littéraire du fantastique pour les jeunes lecteurs et lectrices. Mon avis est que c’est bien essayé. Elle a bien saisi tout l’état d’esprit d’un enfant, son goût en éveil pour le mystérieux, les petites intrigues, l’aventure.

FANTÔME en héritage est une belle petite histoire écrite avec sensibilité,  pleine de rebondissements et de rythme et développant des thèmes précieux pour les jeunes : l’esprit d’équipe, l’amitié et le courage qui consiste d’abord à surmonter sa peur.

Un bon ptit livre.

Suggestion de lecture : GHOST STORY, de Peter Straub

Annie Jay (1957-) est une auteure française spécialisée dans les romans historiques destinés à la jeunesse. FANTÔME EN HÉRITAGE est une petite déviation dans la carrière de l’auteure qui tente un essai dans le mystère et le fantastique. Annie Jay est le passionnée d’histoire et motivée par l’objectif de transmettre aux jeunes le goût de la lecture. À ce jour, elle a publié 14 romans LA FIANCÉE DE POMPÉI, publié en 2013. Pour en savoir plus sur Annie Jay, consultez son site officiel : http://anniejay.com

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
MAI 2015

BOB MORANE ALIAS M.D.O. de HENRI VERNE

*C’est alors que, derrière le battant,
un rire retentit. Un rire grinçant,
désagréable, faisant songer au
bruit provoqué par une feuille de
métal froissé…*
(extrait de BOB MORANE ALIAS M.D.O.
Henri Verne, Pocket Marabout # 45, 1968,
Éditions Gérard & co, Verviers, num. 116 p.)

Le SMOG, organisation criminelle qui fait la pluie et le beau temps à Hong Kong détenait en otage les clients de l’hôtel Ylang Ylang. SMOG a fini par libérer tout le monde sauf une personne : Louis Nordham, alias M.D.O… qui a été retrouvé mort dans le vieux quartier de la ville. Avant de mourir, M.D.O. avait eu le temps de contacter Bob Morane pour lui demander de l’aide, mais c’était trop tard. Morane et Bill Ballantine se mettent en quête de la présumée auteure de l’assassinat, nulle autre  que Miss Ylang Ylang, la grande patronne de SMOG. Nos amis seront aidés par un des rois de la pègre de Hong Kong.

Qui est Bob Morane?

Bob Morane est un personnage créé par Henri Verne en 1953 à la demande de Marabout Junior dont le directeur de la collection était soucieux d’offrir à la jeunesse un héros, aventurier et justicier et dont elle pourrait suivre les aventures de livre en livre. Verne écrit donc un premier *Morane* en 1953 : LA VALLÉE INFERNALE. Les jeunes sont emballés. Plus de 180 romans suivront jusqu’en 2000. Bob Morane est un personnage attachant. Il court après les ennuis, ou les ennuis courent après lui. Il donne parfois l’impression d’être un peu brouillon, mais il est sans peur, il a un sens aigu de la justice. Bob Morane est un sportif, passionné de livres, de films d’horreur et de bains chauds. Bien qu’en général son attitude soit celle d’un don quichotte redresseur de torts, courageux voire téméraire, ses nombreuses qualités et ses petits travers en ont fait un personnage extrêmement attachant. Les jeunes l’ont adopté rapidement.

La guerre aux vilains…
*Si vous n’étiez pas une femme,
je vous briserais la nuque
comme une malfaisante volaille
que vous êtes…*
(extrait de BOB MORANE ALIAS M.D.O.)

Dans les livres de Verne consacrés à Bob Morane, et ils sont nombreux comme vous l’avez vu plus haut, le gentil justicier va donc d’une aventure à l’autre. Comme plusieurs personnes de ma génération, des hommes surtout, j’ai lu les aventures de Morane pendant mon adolescence, mais je n’ai pas pu vraiment m’attacher au personnage. J’ai apprécié plusieurs récits mais mon intérêt était limité.

40 ans plus tard,  avec le recul du temps et sachant que les aventures de Bob Morane sont encore lues un peu partout dans le monde, j’ai à nouveau fait la lecture de quelques aventures du héros. J’ai choisi de parler de ALIAS M.D.O. toutefois mes commentaires s’appliqueraient je crois à n’importe quels titres de la série.

Les critiques décrivent Morane comme un personnage attachant. C’est vrai qu’il est sympathique mais comme je l’ai dit plus haut, *il n’est pas vraiment venu me chercher*.
Bob Morane est un peu justicier, agent secret, espion, policier, défenseur des opprimés…il évolue d’un récit à l’autre avec un personnage créé pour le seconder et parfois ramener un peu son esprit brouillon à l’ordre, il s’agit de Bill Ballentine.

Morane rencontre dans ses aventures des personnages parfois surréalistes comme on en voit par exemple dans la série James Bond. Il donne des rossées mais il en reçoit aussi. Il subit des échecs mais il en sort plus fort et il a une qualité que j’apprécie beaucoup dans ce genre de roman, il a la capacité de s’enrichir de ses erreurs. Ce n’est pas un invincible qui a réponse à tout. Il est très doué et fort mais il est humain. Pas étonnant donc que Bob Morane ait été tant apprécié des ados des sixties et il l’est encore aujourd’hui.

Les aventures de Bob Morane s’étalent sur 180 livres. Ce sont des livres assez courts, entre 100 et 200 pages. Ce sont des récits sans trop de profondeur. Toutefois la profondeur n’est pas une qualité que les ados cherchaient particulièrement dans les sixties. Donc les récits sont assez brefs, bien ventilés avec des chapitres courts et qui sont imprégnés d’un fort caractère aventurier, le tout en accord avec les caractéristiques culturelles des adolescents  d’hier et d’aujourd’hui.

Tous ces éléments s’appliquent évidemment au récit choisi pour ce commentaire : ALIAS M.D.O . Dans ce récit, Henri Verne ballote son personnage dans une société de gangsters et en profite au passage pour donner de la CIA une image peu flatteuse. Un petit livre qui manque un peu de substance mais qui constitue un bon divertissement…assez agréable à lire…ou à relire.

Suggestion de lecture : 35 MM, de Christophe Collins

MORANE EST AUSSI UN HÉROS DE LA BD

Charles-Henri-Jean Dewisme est un auteur belge né à Ath le 16 octobre 1918. Dès sa préadolescence,  il prend goût à la lecture. Il écrit ses premières nouvelles à l’âge de 17 ans. Après la guerre, il devient journaliste de terrain pour une agence de presse américaine, et il écrit des feuilletons pour des magazines. Son premier livre, LA PORTE OUVERTE est publié en 1944. En 1953,  il crée le personnage de Bob Morane. La première aventure du héros, LA VALLÉE INFERNALE est publiée le 16 décembre 1953 et connaît un succès immédiat. C’est à ce moment-là que Charles-Henri-Jean Dewisme choisit un pseudonyme : Henri Verne.

Entre autres adaptations de Bob Morane, je citerai une très bonne télésérie tournée en 1963 et comprenant 26 épisodes avec Claude Titre dans le rôle principal (photo à gauche) et Billy Kearns dans le rôle de Ballantine, le meilleur ami de Morane, personnage récurrent dans les romans de Verne. Pour en savoir plus sur l’auteur, son œuvre, sur Bob Morane et sur les adaptations, consultez le site internet  http://imaginaire.ca/BobMorane/

BONNE LECTURE
JAILU
AVRIL 2015

BEAUX MECS ET SACS D’EMBROUILLES, de Meg Cabot

*Je me demandais si tu avais un peu de temps
aujourd’hui…Est-ce que tu pourrais passer chez
moi pour me donner un coup de main?
TRADUCTION : peux-tu venir chez moi pendant
que mes parents ne sont pas là, histoire qu’on
-s’amuse un peu tous les deux?
(extrait de BEAUX MECS ET SAC D’EMBROUILLES de
Meg Cabot, t.f. Hachette 2008, 185 pages éd. Num. )

 BEAUX MECS ET SAC D‘EMBROUILLES est le récit de Kathie Ellison, une ado jolie et  talentueuse qui vit à Eastport, une petite ville dont les citoyens vouent un culte à leur équipe de football collégiale et où les joueurs sont considérés comme de jeunes dieux. Katie courre deux lièvres en même temps. Trois si on tient compte de l’arrivée dans le décor de l’énigmatique Tommy Sullivan. Pour couvrir sa vie sentimentale compliquée, Kathie ne compte plus les mensonges mais elle sent très vite un piège se refermer sur elle. Qu’arrivera-t-il lorsque la vérité triomphera? La vérité sur ses motivations et sur Sullivan ? un joli sac d’embrouilles en perspective…

Histoire de fille pour filles

*Je n’étais pas la seule menteuse à Eastport,
mais j’étais la plus grosse,
la plus grosse de toute l’histoire de la ville,
assurément.*
(extrait de BEAUX MECS ET SAC D’EMBROUILLES)

C’est une histoire quand même assez banale comme il en arrive à des millions d’ados, mais je l’ai trouvée sympathique et divertissante. Il y a les personnages qui sont très attachants mais toute la dynamique du récit repose sur l’imagination de Kathie et ça m’a accroché.

Kathie est une belle jeune fille qui a de très belles qualités mais ce qui lui complique la vie et crée des situations tantôt cocasses tantôt dramatiques est résumé dans une superbe petite phrase que j’ai notée en cours de lecture et je cite… *OK, je suis une menteuse, doublée d’une mangeuse de garçons (combinaison plutôt mortelle je vous l’accorde), mais je ne suis pas débile.*

Donc, Kathie est la reine des menteuses et cette tendance aux mensonges crée des imbroglios qui justifient amplement le titre du volume et qui rappellent un peu les comédies d’erreur au théâtre et au cinéma.

Donc le défi du lecteur est de démêler les mensonges de Kathie et de voir où ça la mène en attendant un happy end qui ne manquera pas d’originalité.

Ce livre n’est pas la trouvaille du siècle mais il est rafraîchissant, très proche des ados et il soulève des questions qui sont débattues depuis que le monde est monde : qu’est-ce que l’amour? (une concurrente au concours annuel de MISS CLAMS en donne une définition très intéressante dans le récit), est-ce que toute vérité est bonne à dire? Doit-on absolument dire la vérité même si on sait qu’elle fera mal? Peut-on se limiter à des demi-vérités?

Ce livre n’a rien d’un exercice philosophique mais des questions intéressantes sont quand même soulevées…des questions qui sont d’une actualité brûlante dans la vie de n’importe quel adolescent. Alors pour une petite détente, je vous recommande *BEAUX MECS ET SACS D’EMBROUILLES*. Son écriture est simple, vivante, pleine de rebondissements (pas tous prévisibles) et la lecture complète ne prend que quelques heures.

Suggestion de lecture : DARWIN ET L’ÉVOLUTION EXPLIQUÉS À NOS PETITS-ENFANTS, de Pascal Pick

NOTE : malheureusement, le site officiel de Meg Cabot n’est disponible qu’en anglais (www.megcabot.com) mais je vous invite à visiter  www.MEG-CABOT.SKYROCK.com  pour en savoir plus sur l’auteure et son impressionnante bibliographie.

Meggin Patricia Cabot est une auteure américaine de romans pour adolescents et adultes. Elle est née en 1967 à Bloomington indiana où elle a fait des études d’art et exercé différents métiers avant de se consacrer à plein temps à l’écriture  avec, comme premier roman WHERE ROSES GROW WILD publié en 1998 sous le pseudonyme de Patricia Cabot. Elle a écrit plus de quarante romans dont plusieurs sont devenus des best-sellers traduits dans 37 pays et vendus à plus de 5 millions d’exemplaire. LE ROMAN D’UNE PRINCESSE a déjà été adapté à l’écran par les studios Disney.

BONNE LECTURE
JAILU
AVRIL 2015

 

LE BILLETS GAGNANT, de Mary Higgins Clark

*Cynthia revit la nuit où elle était entrée
dans cette pièce pour trouver Stuart
étendu sur le tapis…elle sentit ses mains
devenir moites. Des gouttes de
transpiration perlaient sur son front.
Dehors, elle entendait le vent gémir en
forcissant…*
(extrait de MEURTRE À CAPE CODE, du recueil
LE BILLET GAGNANT de Mary Higgins Clark,
éd. Albin Michel, collection SPÉCIAL SUSPENSE
num. 1993, 250 pages)

Le recueil comprend trois nouvelles : LE BILLET GAGNANT : Ernie Gagne 2 millions de dollars à la loterie. Au lendemain d’une beuverie, il se rend compte que son billet a disparu…MEURTRE À CAPE COD : Willie et Alvira découvrent que leur voisine vient d’être libérée de prison après avoir purgé une peine pour le meurtre de son beau-père. Or la jeune femme a toujours clamé son innocence. Alvira décide de mener une enquête afin d’innocenter sa jeune voisine…LE CADAVRE DANS LE PLACARD : pendant leurs vacances à Londres, Willy et Alvira ont prêté leur appartement à Brian, un jeune écrivain.

À leur retour, Ils découvrent le cadavre de l’ex petite amie de Brian dans un placard. Brian est évidemment soupçonné de meurtre. Alvira n’en croit rien et décide d’aller au fond de cette affaire.

DES NOUVELLES DE MARY

*Anticipant le plaisir qu’il éprouverait bientôt
à faire des largesses, Ernie commanda son
quatrième whisky-soda. C’est alors que son
attention fût attirée par l’étrange manège
de Loretta…*
(extrait de LE BILLET GAGNANT)

Il y a longtemps que je voulais lire Mary Higgins Clark. Elle m’intriguait, elle qui semble sortir des livres à la chaîne. J’ai donc satisfait ma curiosité et j’ai choisi au hasard LE BILLET GAGNANT ET AUTRES NOUVELLES.

Dans ce recueil, Mary Higgins Clark fait revivre deux personnages qu’elle a créé dans  le roman NE PLEURE PAS MA BELLE : Alvirah et Willy Meehan, respectivement femme de ménage et plombier, les deux à la retraite après avoir gagné 40 millions de dollars à la loterie. Les évènements ont conduit Alvirah à faire du journalisme et à devenir détective amateur.

C’est le genre de personnage qui a à peu près toujours raison et qui se mêle d’un peu de tout. Notez que DANS NE PLEURE PAS MA BELLE, l’auteure avait fait mourir Alvirah. C’est la fille de Mary, Carol qui l’a persuadé de faire revivre ce personnage. Je me demande encore si c’était une bonne idée.

Il semble que je n’ai pas choisi le bon livre pour apprécier l’auteure. Alvirah est une femme très intelligente, extrêmement curieuse qui joue les détectives en faisant passer les inspecteurs professionnels pour des amateurs sans envergure…trop beau pour être vrai…mais les personnages qu’elle croise n’ont aucune dimension psychologique.

Il y a 3 nouvelles dans cet ouvrage et elles ont toutes un point en commun : le fil conducteur est fragile, les intrigues prennent toutes sortes de direction. Il n’y a pas de suspense et peu de rebondissements. On est très loin de Miss Marple là…

Plusieurs conclusions sont bâclées comme ça se produit souvent dans les nouvelles qui manquent de développement. Aucune de ces nouvelles n’a vraiment capté mon intérêt. Je dirais même que j’ai trouvé ces récits ennuyeux et très prévisibles, l’écriture sans profondeur et sans conviction.

Pour une première lecture de Mary Higgins Clark, j’ai été déçu. Je m’attendais à beaucoup mieux, connaissant la notoriété de l’auteure, son talent sans compter ses statistiques de vente…

Je veux croire que LE BILLET GAGNANT ET AUTRES NOUVELLES n’est pas le reflet fidèle de l’œuvre de Clark. Il faudra simplement que j’essaie autre chose.

Suggestion de lecture : AGATHA RAISIN, LA QUICHE FATALE, de M.C. Beaton

Mary Higgins Clark est une écrivaine  américaine, née à New-York le 24 décembre 1927. Elle a cinq enfants issus de son mariage avec Warren Clark décédé en 1964. Elle publie son premier livre en 1969, une biographie de George Washington : LE ROMAN DE GEORGE ET MARTHA. C’est un échec.

Elle changera alors de style et adoptera le suspense. Elle connaîtra alors  un succès sans faille avec de nombreux prix et distinctions. Mary Higgins Clark a écrit près de 60 romans et nouvelles. Plusieurs de ses histoires ont été adaptées à l’écran.

Pour connaître sa biographie complète de Mary Higgins-Clark, visitez son site officiel 

http://www.m-higgins-clark.com/

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JANVIER 2015

LE POURQUOI DU COMMENT, Daniel Lacotte

*…l’ambition de ce modeste ouvrage se résume
en une inextinguible foi dans les vertus du savoir
et de la raison. Les deux seules notions
élémentaires qui peuvent encore sauver
l’humanité.*
(extrait de LE POURQUOI DU COMMENT, Daniel
Lacotte, Albin Michel 2004, num. 228 et 235 pages)

LE POURQUOI DU COMMENT est un essai en 3 tomes. La série est présentée sous forme de questions/réponses et développe de façon originale et parfois humoristique différents aspects de la connaissance. La pertinence des questions varie selon les énoncés et le lectorat mais couvre les multiples facettes de la connaissance spécialement dans le domaine de la vie quotidienne, les sciences, l’espace et les animaux. Chaque tome est attractif : brève question qui attise la curiosité, réponse en quelques pages, chapitres courts, concis. Brève introduction et index thématique complet viennent compléter l’ensemble.

Juste pour savoir…

*Après le pain, l’éducation est le
premier besoin du peuple.*
(le 13 août 1793, Georges Danton (1759-1794)
réclame à la tribune de la convention une
instruction publique gratuite et obligatoire.
Cité dans LE POURQUOI DU COMMENT 1

Dans LE POURQUOI DU COMMENT, Daniel Lacotte répond à des questions qu’on s’est posées tôt ou tard sur plusieurs sujets qui peuvent sembler banals. Ces questions ont piqué notre curiosité à un moment quelconque de notre existence. Bien sûr l’absence de réponses ne nous a pas empêché de vivre. Mais j’ai trouvé extrêmement agréable d’avoir des réponses à une quantité de questions que je me suis posées dans ma vie…des questions qui peuvent paraître insignifiantes, mais pour l’auteur, il n’y a pas de questions insignifiantes ou naïves. Toutes questions méritent réponse.

Par exemple, je sais maintenant pourquoi l’Oncle Sam personnifie les États-Unis, d’où vient le signe du dollar,  pourquoi le ciel est bleu et pourquoi la mer est bleue? Pourquoi le bâillement est-il contagieux? D’où vient l’expression OK…je sais aussi maintenant pourquoi le sang est rouge, pourquoi on rêve, d’où vient le personnage de Dracula, pourquoi un chat noir apporte le malheur et j’en passe…

Voici donc un livre simple, bien ventilé, très bien documenté qui vient apporter un éclairage inusité sur de multiples facettes de la connaissance dans les domaines de la vie sociale, de l’univers, de la culture et des animaux. Ajoutez à cela une bonne touche d’humour qui vient alléger et rafraîchir l’ensemble de l’œuvre.

En fait, Daniel Lacotte vient nous dire qu’il n’y a pas de question *niaiseuses* ou naïves. En général, ceux qui utilisent ces qualificatifs n’ont aucune réponse à donner. LE POURQUOI DU COMMENT a été écrit pour le simple plaisir d’apprendre, apporter aux parents par exemple, mais aussi aux enseignants, un outil d’enrichissement des connaissances pour les enfants et les ados. Bref ces tomes ont été écrits pour le plaisir et j’ai eu plaisir à les lire. Je ne me suis pas ennuyé.

Suggestion de lecture : DARWIN ET L’ÉVOLUTION EXPLIQUÉS À NOS PETITS-ENFANTS de Pascal Pick

Daniel Lacotte est un écrivain français né à Cherbourg en 1951. Malgré sa formation d’ingénieur et de physicien, Lacotte est fortement attiré par le journalisme. En 1983, Il rejoint même le Centre de formation des journalistes de Paris dont il deviendra directeur pédagogique jusqu’en 1987. Par la suite, il sera rédacteur en chef dans différents journaux français, et s’adonnera à l’écriture.

Daniel Lacotte a écrit de nombreux poèmes. Plusieurs de ses recueils mettent en perspective la sensibilité de l’auteur et un évident sens de l’humour, entre autres, LES PLUS BEAUX POÈMES POUR ENFANTS (1982) et LES POÈTES ET LE RIRE (1998). Lacotte a publié une trentaine d’ouvrages dont des biographies et des romans historiques et bien sûr la série LE POURQUOI DU COMMENT qui a eu un succès plutôt flatteur…

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JANVIER 2015

BAISSE LA PRESSION, TU ME LES GONFLES !

Commentaire sur le livre de
San Antonio

*À cause de son visage grêlé, Molly Heigerter devint réellement neurasthénique et se refusa définitivement à son mari. Mais comme il n’avait plus envie d’elle, tout fût pour le mieux dans le pire des mondes!* (extrait de BAISSE LA PRESSION, TU ME LES GONFLES, San Antonio, éd. Fleuve noir, 1958, 160 pages, éd. num.)

Félix mène une enquête sur une étrange résurgence de la variole dans le territoire américain. Après avoir communiqué son rapport aux services policiers concernés, Félix reçoit la visite d’agents secrets qui semblent décidés à l’éliminer. Apparemment, Félix en sait trop. Pour l’aider à comprendre ce qui lui arrive et dénouer cette intrigue pour le moins mystérieuse, Félix, désormais fugitif,  fait appel à son ami San-Antonio. Le célèbre détective se rend à Vienne où se cache Félix pour y mener une enquête pas très orthodoxe et qui ne plaît ni à la police de Vienne ni aux agents secrets. San-Antonio et Félix s’engagent ainsi dans une course contre la montre.

Deux comprimés. Deux cons primés.

-Et ce jeune garçon, qui est-il?
-mon fils adoptif.
-Bravo! Il est tellement mieux de
réparer les erreurs des autres que
d’en commettre soi-même.*
(ex. BAISSE LA PRESSION TU ME LES GONFLES)

Il y a déjà un bon moment que je suis intrigué par San Antonio. Je me disais qu’avec plus de 75 titres pour les seules aventures du détective, il devait y avoir un intérêt du lectorat, voir un engouement.  Je me suis dit *il faut que j’aille voir* et c’est ce que j’ai fait. J’ai pris un titre au hasard dans l’impressionnante production de San Antonio et je l’ai lu. Peut-être suis-je tombé sur le p’tit mouton noir de la série, mais j’ai trouvé ça un peu pénible.

Les personnages sont artificiels, dont Félix que l’auteur a affublé d’un pénis de 19 pouces de long…pas grand-chose à voir avec l’histoire sinon que ça *joue* un peu sur la psychologie du personnage sans doute. Mais le problème est que l’intrigue est noyée dans ce genre d’assertion.

Le fil conducteur s’en va dans tous les sens. L’histoire est inégale et évolue en dents de scie. De plus l’humour contenu dans ce livre ne m’a pas impressionné ni fait rire…à moins de s’imaginer un homme debout et dont le pénis traîne à terre…mais l’effet se dissipe vite.

Autre élément frappant dans ce livre : le langage est extrêmement argotique et plusieurs passages sont carrément vulgaires. Ainsi, Félix a un PAF de 45 centimètres. On ne regarde pas la télé, on VISE LA TELOCHE. Ça ressemble plus à un dialecte qu’à une langue. J

e ne m’habituerai jamais à ce genre d’écriture réservée aux pratiquants de l’argot. Dommage parce que le sujet était prometteur : la réapparition de la variole…d’origine criminelle encore. Ça aurait dû m’accrocher, mais ça n’a pas été le cas.

Toutefois, loin de moi l’idée de bannir San-Antonio de mes projets de lecture. Forte de 75 titres, la collection San-Antonio a quand-même capté l’intérêt de nombreux lecteurs et lectrices.

J’essaierai alors de savoir pourquoi en espérant trouver mieux.

San-Antonio, de son vrai nom Frédéric Charles Antoine Dard (1921-2000) était un écrivain français qui a fait ses débuts comme rédacteur dans un journal local de Lyon. Il a commencé l’écriture en 1949 avec RÉGLEZ-LUI SON COMPTE, un polar.

Ce sera le début d’une longue et impressionnante série à succès publiée d’abord dans la collection Police au Fleuve Noir, puis dans sa propre collection dédiée, toujours au Fleuve Noir à partir de 1970 . Il est devenu célèbre pour avoir créé le fameux commissaire San Antonio dont il adoptera le pseudonyme.

Pour en savoir plus sur Frédéric Dard, alias San Antonio et son impressionnante bibliographie, je vous invite à visiter le site internet http://www.commissaire.org

Suggestion de lecture : LE GAZON…PLUS VERT…DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA CLÔTURE, d’Amélie Dubois.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
NOVEMBRE 2014

BINE L’AFFAIRE EST KETCHUP, Daniel Brouillette

*Pour dire franchement, j’apprécie autant
mon enseignante que les crevettes, les
piqûres de maringouin, le chocolat à la
menthe, les visites chez le dentiste, les
prises de sang, le coloriage, les fesses qui
piquent et les bananes brunes. Comme
elle me crie sans cesse par la tête, je vais
faire à la mienne.*
(extrait de BINE 1. L’AFFAIRE EST PET SHOP,
Daniel Brouillette, éditions Les Malins,
littérature jeunesse 220 pages)

L’AFFAIRE EST PET SHOP est le premier tome d’une série consacrée à notre jeune héros, grouillant, énergique et attachant, Benoit-Olivier Lord, un garçon de 13 ans surnommé BINE pour une raison assez originale que vous découvrirez très vite dans ce premier volume. Nous sommes à la veille des Fêtes, et pour aller au bout de ses rêves dans cette période mouvementée, Bine poursuit deux objectifs : convaincre ses parents de lui offrir un chien pour Noël et gagner le cœur de la belle Maxim (Pas d’erreur c’est bien une fille), 11 ans. Il n’aura peut-être pas tout à fait ce qu’il veut, mais les Fêtes pourraient bien prendre une tournure heureuse.

Un chausson au poisson avec ça?

C’est un excellent petit volume pour les pré-ados qui apprécient en général ce qui leur ressemble et bien sûr le sens de l’humour qui caractérise ce livre.. Je n’exagère pas en disant que chaque chapitre de ce volume m’a apporté une bonne dose de rire.

J’ai beaucoup apprécié ce livre en particulier à cause des qualités que l’auteur Daniel Brouillette a attribué au jeune Benoit-Olivier : un exceptionnel sens de la répartie et une magnifique spontanéité dans ses relations avec ses pairs et même avec la belle Maxim qui fait battre son *ti-cœur* et dans son langage basé sur un vocabulaire pas toujours recherché et pas toujours appétissant mais qui finit toujours par nous faire sourire. Disons que ses jeux de mots sont parfois douteux mais plusieurs ne manquent pas d’originalité.

Brouillette a créé un jeune personnage tannant mais attachant et surtout spontané avec un franc-parler qui a de quoi étonner (la citation au début de l’article n’est qu’un petit exemple).  Le quatrième de couverture décrit BINE comme le plus vieux, le plus grand et le plus niaiseux de son école. D’après ma lecture, le terme niaiseux est inadéquat. Benoit-Olivier est un garçon imaginatif et débrouillard qui est de son temps et de son âge.

Autre détail signifiant, l’auteur ne s’est pas contenté de numéroter ses chapitres, il les a titrés pour attraper l’œil avec des libellés drôles et originaux*un chausson au poisson avec ça?…De la chicane dans ma cabane et des cochons dans mon salon…La dictée chienne…* pour ne donner que quelques exemples.

Le chapitre De la chicane dans ma cabane et des cochons dans mon salon est particulièrement comique car Benoit-Olivier y décrit le comportement de sa famille lors du réveillon : *…Noël, fête de la famille? Pas chez nous. Ici c’est de la chicane qu’on enveloppe et qu’on range sous le sapin et on passe la soirée à la développer…*

BINE a toutes les apparences d’un roman écrit pour les garçons, mais je suis sûr que les jeunes filles y trouveront leur compte et même les adultes car le volume semble porteur d’une petite réflexion sur la façon dont les jeunes voient leurs parents et les adultes en général.

Je pense que la série est prometteuse.

En tout cas ce premier tome ne m’a pas déçu.

À lire aussi :

Écrite dans la même veine, BIENVENUE DANS LA CHNOUTE est la deuxième incursion dans le monde mouvementé  de Benoit-Olivier, surnommé BINE. On a vu dans le tome 1, que le relations familiales chez BINE étaient…disons un peu compliquées. Cette fois, après des mois de conflits, les parents de Bine ont décidé de divorcer. Ils l’envoient vivre bien malgré lui chez ses grands-parents. Pour mettre un peu de joie dans sa vie, il concocte un plan génial avec Maxim afin de passer une nuit à l’école et faire disparaître le satané recueil de dictées de Mme Béliveau. Pour y arriver, ils doivent inclure dans l’équation la personne qui a le plus chances de faire foirer le plan…

Daniel Brouillette est né en 1978. Après ses études, il est devenu enseignant au primaire. Son attachement pour la création et l’écriture l’amène à abandonner son boulot pour joindre l’École nationale de l’humour. Depuis sa sortie en 2006, il a travaillé en tant qu’auteur-scripteur-concepteur pour les émissions « L’union fait la force » et  « Duo » entre autres.   Bine : l’affaire est pet shop » est le premier tome des aventures du jeune Benoit-Olivier, suivi de *bienvenue dans la chnoute* et d’autres suivront sans aucun doute…

Pour explorer la série BINE de Daniel Brouillette, cliquez ici.

Suggestion de lecture : BINE TOME 9, TOURISTA SOUS LES PALMIERS de Daniel Brouillette

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
NOVEMBRE 2014

AU SUD DE NULLE PART, recueil de CHARLES BUKOVSKY

*…-Joe, lâchez-moi! Vous allez trop vite,
Joe, lâchez-moi!
-Pourquoi es-tu venue ici, salope?*
(extrait de AU SUD DE NULLE PART,
Charles Bukowski, Éd. Grasset et Fasquelle,
1982, t.f. 206 pages, éd. Num.)

AU SUD DE NULLE PART est un recueil de 27 nouvelles généralement très courtes et fortement inspirées de la vie de l’auteur Charles Bukowski. À travers son personnage autobiographique Henri Chineski, l’auteur aborde ses sujets courants : les femmes, l’alcool, les courses de chevaux, une vie d’errance, sa rencontre avec des personnages excentriques, instables et misanthropes  et surtout, l’auteur évoque son désenchantement face au rêve américain.

AVANT-PROPOS :
Sacré Charles…

Le moment est venu pour moi de vous parler d’un autre de mes auteurs préférés. Il s’agit de Charles Bukowski. Il y a parfois des personnes auxquelles on s’attache sans qu’on comprenne exactement pourquoi. Bukowski m’a toujours fasciné, intrigué.

Charles Bukowski était un homme tourmenté, instable…c’était un marginal, misanthrope, bourru et indiscipliné qui a passé la majeure partie de sa vie imbibé d’alcool. Pourtant son esprit, sa pensée, sa vision de la vie étaient d’une exceptionnelle profondeur. Son errance constante l’a amené à juger sans prétention, autant que sans concession, la folie qu’il constate au quotidien.

J’ai choisi de vous parler de son livre AU SUD DE NULLE PART à connotation fortement autobiographique. Si vous décidez de lire ce livre, vous pourriez développer, comme moi, l’impression que Bukowski est un vieil ami qui reste pas loin, difficile d’approche, caustique et pourtant attachant et terriblement humain…

Les contes souterrains
*Ne hurle pas lui dit-il ou j’ te tue,
alors empêche-moi de te tuer.*
(ex. AU SUD DE NULLE PART, C. Bukowski)

AU SUD DE NULLE PART est un petit bouquet d’insolences littéraires que j’ai dévoré. Bien sûr il faut apprendre à connaître Bukowski car dans ce recueil de nouvelles, la misanthropie est poussée à ses extrémités. Et la manifestation la plus évidente de cette tendance est dans la nouvelle intitulée L’EXPÉDITIONNAIRE AU NEZ ROUGE. Voici quelques citations…

*Je n’aime tout bonnement pas les gens…*
*…je n’ai jamais rencontré un homme que j’ai aimé…*
*Randall était célèbre en tant qu’isolationniste, pochard, homme grossier et amer…*

Dans la même nouvelle…je cite : *Malgré tout, Randall avait de l’humour. Il savait rire de la souffrance et de lui-même. On ne pouvait s’empêcher de l’aimer.*

Voilà…c’est ça Bukowski. C’est sans concession. On l’aime ou on l’aime pas. AU SUD DE NULLE PART est un recueil de nouvelles fortement imprégnées de sexe et d’alcool et qui n’ont pas vraiment de conclusions. Il n’y a pas de rebondissements ou d’intrigues. C’est l’histoire de la dérive d’un être humain, une exploration des cotés obscurs de l’âme et l’évocation du rêve américain tourné en dérision.

L’écriture est simple mais très directe, parfois brutale. Les personnages sont sombres, misérables, désillusionnés, bourrés d’alcool et de douleurs décrits à la manière de Bukowski…crûs et amers.

Pourtant j’ai aimé ce livre car malgré le désespoir qui y est décrit ou qui le caractérise, il y a des moments drôles, attendrissants et la plume de Bukowski atteint souvent, spécialement dans les dernières nouvelles la profondeur d’une remarquable poésie qui entraîne malgré lui le lecteur, la lectrice.

Lire Bukowski c’est une expérience spéciale car s’il est acerbe, il a au moins la qualité d’être authentique et sincère.

Suggestion de lecture : LE CHEMIN PARCOURU, d’Ishmael Beah

Henry Charles Bukowski est romancier et poète américain, d’origine allemande né à Andernach et mort en Californie en 1994 à l’âge de 73 ans. Il n’a que deux ans quand ses parents décident d’aller vivre à Los Angeles, mais ils connaîtront la misère à cause de la crise économique.

Dès l’âge de 16 ans, le corps de Charles se couvre de pustules. Son mal prend des proportions telles qu’il se verra comme un monstre. Charles, enfant battu par son père jusqu’à l’âge de 17 ans quitte le foyer familial, vit d’un logement miteux à l’autre et sombre graduellement dans l’alcool, mais il écrit. Il va d’un petit boulot à l’autre pour vivre mais il est systématiquement renvoyé…

…mais entretemps il écrit…toujours au son de la musique classique diffusée à la radio et avec de l’alcool en abondance. En 1960, à 40 ans, Bukowski publie son premier livre : FLEUR, POING ET GÉMISSEMENT BESTIAL, un recueil de poèmes. Entre autres épisodes d’indiscipline, Bukowski s’enivre sur le plateau d’APOSTROPHE, l’émission littéraire de Bernard Pivot et doit être évacué du plateau.

Bukowski devient de plus en plus angoissé et alcoolique, mais il continue à écrire et plusieurs de ses livres connaîtront un succès tel que Bukowski atteindra la notoriété et ce, malgré le dédain qu’il éprouve pour le monde littéraire qu’il trouve terne et snob.

Parmi les titres consacrés on retrouve entre autres LES CONTES DE LA FOLIE ORDINAIRE (adapté au cinéma), JOURNAL D’UN VIEUX DÉGUEULASSE, AU SUD DE NULLE PART et LE POSTIER (Bukowski a été postier pendant une dizaine d’années)

À lire
Je vous suggère également un article signé Robert Lévesque et publié en 2008 par le site les libraires.ca. L’article ne s’est jamais démodé même s’il est disons…plutôt acide ou certains diront noir…

BONNE LECTURE
Claude Lambert
OCTOBRE 2014