Le fantôme de l’opéra

Commentaire sur le livre de
GASTON LEROUX

Version audio

Le fantôme leur était apparu sous les espèces d’un monsieur en habit noir qui s’était dressé tout à coup devant elles, dans le couloir, sans qu’on puisse savoir d’où il venait. Son apparition était si subite qu’om eut pu croire qu’il sortait de la muraille. Et c’est vrai que depuis quelques mois, il n’était question, à l’opéra, que de ce fantôme en habit noir qui se promenait comme une ombre du haut en bas du bâtiment, qui n’adressait la parole à personne, à qui personne n’osait parler et qui s’évanouissait, du teste, aussitôt qu’on l’avait vu…

Extrait : LE FANTÔME DE L’OPÉRA, version audio, Compagnie du savoir éditeur, 2015. Durée d’écoute : 10 heures 43. Narrateurs : William Cros, Frédéric Chevaux, Florence Dupuy-Aleyrac, Philippe Colin, Patrick Blandin et Patrick Martinez-Bournat. Publié à l’origine en 1910 par l’éditeur Pierre Lafitte.

Des événements étranges ont lieu à l’Opéra : le grand lustre s’effondre pendant une représentation, un machiniste est retrouvé pendu. La direction doit se rendre à l’évidence : un fantôme ou un homme machiavélique hante le théâtre.

Certains affirment avoir vu le visage déformé de cet être qui ne semblerait pas être humain. Puis une jeune chanteuse, Christine Daaé incarne une Marguerite éblouissante dans Faust de Gounod. Effrayée, elle confie au vicomte Raoul de Chagny, secrètement amoureux d’elle, une incroyable histoire. La nuit, l’ange de la musique l’inspire et visite fréquemment sa loge. Cette voix est-elle celle du fameux fantôme, Erik, un être au visage hideux, réfugié dans son royaume souterrain, sous l’Opéra ?

Passionnément épris de la jeune Christine, il l’enlève et l’emprisonne dans son repaire des sombres profondeurs. Raoul de Chagny, aidé d’un mystérieux Persan, se lance à la recherche de la jeune femme. Il doit alors affronter une série de pièges diaboliques conçus par le fantôme, grand maître des illusions.

 ERIK LE DIABOLIQUE

   Malgré son indéniable côté lugubre et sombre, LE FANTÔME DE L’OPÉRA est une histoire d’amour. Il m’a semblé aussi que l’histoire avait un certain caractère gothique, ce qui n’est pas surprenant vus les mystères qui entourent le grand opéra de Paris. Nous l’avons vu plus haut, des évènements étranges ont lieu à l’opéra.

Ces manifestations suscitent peurs, craintes et superstitions. En effet, on pointe du doigt une mystérieuse créature qui a installé ses quartiers dans un des cinq sous-sols de l’opéra, là où personne ne s’aventure. Cette créature squelettique et au visage scarifié dépourvu de nez aurait comme vrai nom Erik mais on l’appelle aussi l’ange de la musique, le monstre tant sa laideur porte au dégoût et plus souvent, le fantôme de l’opéra.

Erik tombe en amour avec une starlette nommée Christine qu’on dit sublime dans son interprétation de Marguerite dans Faust de Gounod. Or le vicomte Raoul de Chagny est déjà amoureux d’elle quoique secrètement. Dans sa folie, le fantôme va jusqu’à enlever Christine ce qui provoque une montée aux barricades dont les acteurs auront à résoudre énigmes, imbroglios et mystères qui placent le récit aux frontières du policier et du genre fantastique.

Ce récit repose sur cette capacité extraordinaire de Gaston Leroux d’entretenir l’intrigue, de la manipuler, de la tordre, de l’intensifier ou l’adoucir à volonté laissant le lecteur dans l’expectative avec un irrésistible besoin de comprendre et d’aller jusqu’au bout de l’aventure.

Telle est la force du récit : la profondeur de son intrigue. Ceux et celles qui ont lu LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE vont me comprendre plus aisément. Ne comptez pas trop sur les personnages. Personnellement, j’ai trouvé Christine un peu insignifiante, le vicomte m’a semblé avoir plutôt les allures d’un ado et le policier était rien de moins qu’énervant. Bref des personnages peu travaillés et pas vraiment attachants. Il est possible ici que Gaston Leroux ait été sarcastique car il était passablement critique de ses contemporains.

Je ne peux pas dire que ce roman m’aura marqué. Son départ et son rythme sont lents. Il y a des longueurs, beaucoup de déclamation, un peu de redondance. Malgré tout, comme dans LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE, Gaston Leroux m’a attrapé dans ses filets avec une intrigue solidement bâtie.

D’autant intrigant, que le récit évoque, de façon voilée un mystère provenant des dédales sous-terrain de l’opéra Garnier à Paris. C’est un fait avéré qu’à l’époque, les moins nantis qui n’avaient pas accès au prestigieux opéra associaient les évènements suspects qui semblaient hanter l’opéra aux légendes. Habilement, Leroux nous laisse croire au fantastique et semble aussi habilement défaire ses arguments. C’est plutôt le lecteur qui est mystifié.

Je le répète, LE FANTÔME DE L’OPÉRA n’est pas pour moi une lecture marquante mais ça reste un grand classique de la littérature. Pour moi, il y a plus de pour que de contre et je suis heureux de connaître enfin l’histoire du FANTÔME DE L’OPÉRA.

Suggestion de lecture : LE MYSTÈRE DES JONQUILLES d’Edgar Wallace

À gauche, l’auteur Gaston Leroux. À droite un autre de ses livres LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE que j’ai commenté sur ce site.  Cliquez ici

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert

DANS LE LABYRINTHE

Commentaire sur le livre de
SIGGE EKLUND

Un soir de mai, dans une banlieue cossue de Stockholm, une petite fille disparaît mystérieusement de sa chambre. Après plusieurs jours d’investigations, la police en vient à soupçonner le père, Martin. L’intrigue de ce drame psychologique, tout entière tournée vers la reconstitution de l’instant précis de cette disparition, s’appuie sur une habile succession de flashbacks mettant en quatre personnages : Martin, l’éditeur talentueux accusé d’avoir violenté sa fille ; Tom, son mystérieux collaborateur à la personnalité inquiétante ; Asa, la mère, psychologue autrefois brillante qui s’enfonce dans une profonde dépression ; et Katja, l’infirmière étudiante qui semble cacher un sombre secret. 

*Katja sent son cœur battre encore plus vite. Elle se penche vers lui, aux aguets. En même temps, elle redoute déjà les prochains mots prononcés. Elle ne sait plus si elle veut vraiment entendre un aveu. Dans le lointain retentit la sirène d’une voiture de police. Martin est allongé, immobile sur le lit et fixe l’air vide. Après un long silence il dit : -J’ai fait quelque chose de mal. *
(Extrait : DANS LE LABYRINTHE, Sigge Eklund, Piranha éditeur, 2017, 517 pages en format numérique)

Quatre fois perdu dans une vie

C’est un huis-clos psychologique très dense, un peu glauque. Il n’y a pas beaucoup de personnages mais l’auteur exploite à fond le profil psychologique de chacun ce qui donne l’impression au lecteur de s’enfoncer dans un labyrinthe et rien n’est simple car si le labyrinthe a ici une valeur de symbole, il y en a aussi un vrai dans l’histoire.

Voyons les faits : Une petite fille de onze ans, Magda, disparaît mystérieusement de sa chambre. En plus de la police, quatre proches de la fillette participent aux recherches : Asa, sa mère, une psychologue dépressive, Martin son père, éditeur talentueux, très souvent absent, tom, son ambitieux collaborateur et Katja, l’infirmière scolaire qui a découvert ce que la petite fille cachait farouchement.

Tout au cours du récit, l’auteur pénètre profondément l’esprit de chaque acteur du drame au point que tout laisse à penser que Martin est coupable mais c’est mal connaître les effets d’un labyrinthe. L’auteur imbrique la psychologie de ses personnages dans un dédale d’introspection, d’analyse et de déductions qui permettent très peu au lecteur d’avancer.

Je crois avoir bien saisi l’idée de l’auteur mais j’ai été déçu par son développement. Quand il est question d’enfants dans un récit, ma sensibilité augmente de plusieurs crans or, dans cette histoire d’Eklund, je n’ai pratiquement pas senti, de la part de l’auteur, d’empathie pour Magda, peu ou pas d’émotion chez ses parents et à peu près rien sur la nature de sa disparition…a-t-elle simplement fugué? été Enlevée ? Blessée quelque part ou morte ? 

L’auteur se consacre sur la petite histoire secrète de chaque personnage. Je finirai par connaître le coupable bien sûr…et comme ça arrive souvent, c’est le coupable le plus improbable. Mais au fait, coupable de quoi. Allais-je le savoir dans la finale…? La vérité est que je n’ai jamais vraiment compris le véritable sort de la petite fille. La finale est opaque et ne m’a pas appris grand-chose. Il me manque des réponses. Je suis resté sur mon appétit.

Le livre comporte certaines forces comme l’alternance dans l’étude des personnages. Les sauts temporels que l’auteur n’a pas inutilement compliqués. Il faut quand même être concentré. Le lien avec le labyrinthe est bien exploité et je dois dire que l’écriture est très belle. Ça s’arrête là malheureusement. Je n’ai pu m’attacher à aucun personnage. Je les ai trouvés froids, tourmentés et centrés sur eux-mêmes laissant le lecteur à lui-même pour comprendre ce qui est arrivé à Magda.

J’ai trouvé ce roman noir, opaque, accusant des longueurs et manquant de rythme. L’ensemble est lourd et pas vraiment abouti. C’est la première fois que je suis déçu d’une lecture suédoise mais je m’y replongerai c’est certain.

Suggestion de lecture : L’EAU NOIRE, de Chloé Bourdon

On sait peu de choses sur Sigge Eklund. C’est un auteur suédois né en 1974. Il est scénariste (à ce titre, il a évolué à Los Angeles) producteur, télé, journaliste web et il est aussi un blogueur très suivi. DANS LE LABYRINTHE est son cinquième roman, traduit dans quatorze pays. Au moment d’écrire ces lignes, les autres romans n’étaient pas traduits en français.

Bonne lecture
Claude Lambert

le dimanche 27 octobre 2024

Cartes sur table

Commentaire sur le livre d’
AGATHA CHRISTIE

*-Si je voulais commettre un crime…> dit M. Shaitana…
-Je m’y prendrais de façon très simple. Des accidents se
produisent tous les jours…il haussa les épaules et prit
son verre de vin… il y eut un moment de silence… *
(Extrait : CARTES SUR TABLE, Agatha Christie, Librairie des
Champs-Élysées éditeur, 1939, papier, poche, 320 pages)

M. Shaitana est un excentrique collectionneur à l’air méphistophélique, il met toujours un point d’honneur à chercher l’excellence, que ce soit pour acheter une tabatière ou pour débusquer le parfait assassin. Et pour le prouver au célèbre détective belge, Hercule Poirot, il convie lors d’une soirée huit hôtes triés sur le volet :  u. Mais quand on entre dans la cage du tigre, celui-ci peut bondir et, au cours de la soirée, le rictus démoniaque de M. Shaitana s’effacera définitivement. C’est une erreur de laisser traîner des armes potentielles en présence d’aussi éminents spécialistes

 

Une nouvelle pause AGATHA
*-Voyons, laissez-moi l’examiner ! s’écria le médecin avec
impatience. Il ne s’agit peut-être que d’une syncope.
-Excusez-moi mais personne ne touchera le cadavre avant
l’arrivée du médecin légiste. Mesdames et messieurs,
M, Shaitana a été assassiné. *
(Extrait)

Je reste émerveillé par cette capacité d’Agatha Christie d’apporter à chacune de ses histoires une touche différente et de l’originalité. Je constate aussi avec bonheur qu’Agatha Christie n’a jamais fait de concession sur la place de la psychologie dans la résolution des énigmes. Voyons ce que nous avons ici. Un monsieur *je sais tout* excentrique, énigmatique et surtout diabolique, invite à un dîner suivi d’un bridge, huit personnes : quatre spécialistes du crime, et quatre criminels qui ont échappé à la justice.

Après le repas, les invités se lancent dans un bridge mais Shaitana reste dans le salon et semble assoupi jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il est mort, poignardé au cœur. Comme de juste, parmi les criminalistes se trouve Hercule Poirot, Comment Shaitana a pu être assassiné au nez et à la barbe de tout le monde. Pas d’indice, pas de preuve, pas d’idée. Même Poirot est déstabilisé…phénomène assez rare.

Pour faire avancer l’investigation, il y a deux possibilités : fouiller le passé de chaque suspect et faire preuve de psychologie. Comme le dit Poirot, *je mets cartes sur tables* , son idée étant d’analyser et de fouiller les attitudes, les comportements et la mémoire de chaque joueur pendant la partie de bridge. S’ensuivra, une extraordinaire chaîne de déductions qui déterminera le coupable le plus improbable.

Évidemment, je suivais un peu en arrière car je n’ai aucune notion de bridge mais, de la démarche du limier, j’ai pu saisir toute la force de la logique…logique qui va permettre à Poirot de résoudre beaucoup plus qu’un meurtre. L’intrigue est un peu complexe et oppose les méthodes de Poirot à celles de la police. C’est souvent comme ça. Certains dialogues sont trop longs, et l’enquête est compliquée. Mais j’ai trouvé l’ensemble bien ficelé et le dernier quart du récit fait place à de nombreux revirements.

Quant aux méthodes de Poirot et je pense aussi à un autre limier célèbre créé par Agatha Christie, Miss Marple, je reproduis ici un extrait de l’article que j’ai publié en septembre 2014 sur ce site :

 <Les deux célèbres détectives appliquent les grands principes du roman policier qu’Agatha Christie a collés à la réalité de l’ensemble de son œuvre, à savoir :
-Le crime peut-être expliqué par la personnalité de la victime comme celle de l’assassin.
-La recherche de mobiles est plus importante que celle d’indices dans la recherche de solution d’un crime.
– le coupable ne peut être démasqué qu’au terme d’une investigation, souvent psychologique, des antécédents de la victime.
-Très souvent la solution de l’énigme ne se trouve qu’après une recherche purement intellectuelle.
Donc Poirot et Marple sont le reflet fidèle de la mentalité littéraire de leur créatrice qui fait passer la solution des énigmes par une profonde compréhension de la psychologie des personnages.>

À lire donc : CARTES SUR TABLE, une autre très bonne idée d’Agatha Christie.

Suggestion de lecture : 17 NOUVELLES ENQUÊTES DE SHERLOCK HOLMES et du docteur Watson, d’Arthur Conan Doyle

Agatha Mary Clarissa Miller devenue Agatha Christie est une des romancières les plus appréciées de l’histoire de la littérature. Elle a vécu de 1891 à 1976. Auteure de 84 romans, une vingtaine de pièces de théâtre et de plusieurs recueils de nouvelles, elle a présidé à l’élaboration de règles de base pour un bon roman policier avec ses fameux détectives Hercule Poirot et Jane Marple qui ont une approche originale et hautement intuitive de la résolution d’énigmes. Évidemment, il y aurait beaucoup à dire sur la grande dame. La place et le temps me manquent mais pour en savoir plus sur la célèbre romancière, je vous invite à consulter le site internet  http//agatha.christie.free.fr/.

DU MÊME AUTEUR :
Pour prendre connaissance du livre audio DIX PETITS NÈGRES,
cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur À L’HÔTEL BERTRAM,
cliquez ici.

Bonne lecture 
Claude Lambert
le dimanche 12 octobre 2024

LES SECRETS DE BROCÉLIANDE

Commentaire sur le livre de
JEAN-LUC BANNALEC

*Brocéliande ! Reprit-elle. Que d’évocation dans ce simple mot prononcé avec vénération par toute l’Europe médiévale ! Le dernier royaume des fées. C’est ici qu’ont pris forme certaines histoires merveilleuses parmi les plus belles ayant su toucher le cœur des hommes. *

(Extrait : LES SECRETS DE BROCÉLIANDE, de Jean-Luc Bannalec. Presscite éditeur, 2020, 300 pages. Version audio : Lizzie éditeur, 2021, durée d’écoute 9 heures 11 minutes, narrateur : Pierre Lognay)

Le commissaire Dupin et son équipe s’apprêtent à passer un moment de détente en forêt de Brocéliande. En effet, Nolwenn, sa fidèle assistante, lui a proposé d’allier obligations professionnelles et découverte du « dernier royaume des fées », l’épicentre breton du fantastique, l’endroit mythique par excellence. Pendant que son équipe prépare la visite de l’église du Graal et du Val sans retour, Dupin va interroger pour le compte d’un collègue parisien le directeur du centre de Recherches arthuriennes. Mais, quand il se présente, il découvre un cadavre.

Premier meurtre d’une série… Qui donc, parmi le groupe de sept scientifiques, fine fleur de la recherche arthurienne, serait impliqué dans cette affaire ? Quels liens souterrains unissent ces éminents savants ?  Est-ce ce projet controversé de parc d’attractions dans différents sites arthuriens ? Une découverte exceptionnelle dont l’un ou l’autre voudrait s’octroyer la paternité ? Beaucoup de pistes pour le commissaire Dupin.

 Haut lieu des légendes arthuriennes

C’est une intrigue forte mais complexe qui a pour théâtre la mythique forêt de Brocéliande située en Bretagne armoricaine, identifiée couramment à la forêt de Paimpont qui est toujours une commune française de Bretagne et qui continue d’assimiler sa forêt à Brocéliande : une forêt dense, ancienne, toujours considérée enchantée, car intimement liée aux légendes arthuriennes et au Saint-Graal.

Des scientifiques sont tués. Ils ont un point en commun, ils appartenaient au Centre de recherche arthurienne, un institut universitaire. Les suspects sont au nombre de sept et appartiennent tous au Centre de recherches. Un des mobiles serait lié à un projet de parc d’attractions dans les sites arthuriens. Un autre mobile, beaucoup plus sérieux serait lié à une découverte extraordinaire en rapport avec le Saint-Graal.

L’enquête est confiée au commissaire Dupin, personnage récurrent dans l’œuvre de Jean-Luc Bannalec.

Dupin doit fouiller le profil de chacun des sept scientifiques suspectés qui ont plusieurs points en commun dont ceux d’être narcissiques et égocentriques cherchant désespérément, non pas la fortune, mais la renommée, la reconnaissance…la gloire. L’assassin ayant été assassiné, Dupin et son équipe ne sont pas au bout de leur peine.

L’intrigue est solide en plus de présenter un petit caractère mythique qui fait sentir au lecteur l’omniprésence de Merlin, d’Arthur et de la Dame du Lac. Moi qui ai toujours été fasciné par l’époque médiévale et les Chevaliers de la Table Ronde, j’ai été servi car l’intrigue policière, qui est digne du titre, est doublée d’une atmosphère mystérieuse qui donne envie de faire un peu de tourisme du côté de Paimpont.

C’est plus qu’un roman. C’est une aventure qui met le lecteur à témoin. Il se dégage du récit non seulement un esprit de légende mais aussi un formidable esprit d’équipe chez les agents de Dupin. Les personnages sont attachants. Deux d’entre eux m’ont particulièrement fasciné. Dupin bien sûr et un autre personnage particulièrement bien façonné, Nolwen, celle qui anticipe, qui cherche et qui prend soin…un ange gardien quoi.

Bonne histoire, bon tempo, rebondissements et un peu de mystère. Original et intrigant car toute l’atmosphère de la mythologie arthurienne est intimement liée à une enquête fort bien développée. J’ai beaucoup aimé.

NOTE : Si les légendes arthuriennes vous intéressent, je vous invite à lire mon   commentaire sur LE CYCLE DU GRAAL de Jean Markale.

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le vendredi 23 août 2024

LA CHASSE, Bernard Minier

<La forêt recouvrait les collines, la nuit recouvrait la forêt, la peur recouvrait ses pensées. Sa peur avait un son – celui de sa propre respiration terrorisée et de son cœur qui battait -, elle avait une odeur – celle de sa transpiration et de cette chose puante sur sa tête -, elle avait une couleur : noir, noir de la foret, noir de l’âme de ces hommes, noir de sa propre peau…>

Extrait : LA CHASSE, Bernard Minier, XO éditeur 2021, papier, 424 pages. Version audio : Lizzie éditeur, 2021, 1.01 go, durée d’écoute : 12 heures 11 minutes, narrateur : Hugues Martel.

Il y a des ténèbres qu’aucun soleil ne peut dissiper. Sous le halo de la pleine lune, un cerf surgit de la forêt. L’animal a des yeux humains. Ce n’est pas une bête sauvage qui a été chassée dans les forêts de l’Ariège… Dans ce thriller implacable au final renversant, Bernard Minier s’empare des dérives de notre époque. Manipulations, violences, règlements de comptes, un roman d’une actualité brûlante sur les sentiers de la peur. Une enquête où Martin Servaz joue son honneur autant que sa peau.

 

DÉRIVE EN CRESCENDO


Aucun criminel ne fait montre de plus de cruauté que celui qui se croit d’avance absous de ces crimes par une cause qu’il pense juste.

Extrait

 

L’auteur frappe fort dès le début alors qu’un jeune noir coiffé d’une tête de cerf fait l’objet d’une cruelle chasse à mort dans une forêt toulousaine. Sur son cadavre, on trouvera un simple mot gravé : Justice. L’éditeur présente ce livre comme un thriller. Ce genre littéraire procure généralement des émotions fortes, ce que je n’ai pas vraiment ressenti. J’ai vu plutôt ce livre comme un polar à cause, en particulier, de l’analyse extrêmement critique qu’il fait de la Société.

C’est un roman très noir. Il ne brille pas particulièrement par son originalité. J’ai trouvé l’intrigue, développée sur fond de COVID, intéressante mais plutôt limitée, entre autres par les observations acerbes faites sur une société malade à en crever. L’idée de base du récit est dévoilée assez vite.

Je crois plutôt que c’est la chasse qui tient le lecteur dans le coup…la chasse au gibier humain d’abord, puis la chasse aux chasseurs et c’est à ce niveau que l’auteur développe la théorie d’une justice occulte opérant dans la plus totale illégalité. Ce n’est pas une nouveauté en littérature mais j’ai trouvé intéressante la façon dont ce thème est développé dans la CHASSE.

Sa force étant occultée par un rythme très lent, l’intrigue ne m’a pas vraiment fasciné, encore moins l’analyse sociétale qui s’en dégage : Société à la dérive, justice traficotée, police infiltrée par l’incompétence et la trahison, entre autres. Rien de nouveau.

Je crois quand même pouvoir identifier ici deux éléments qui font principalement la force du récit : premièrement son atmosphère ou l’ambiance si vous préférez, sa noirceur, son non-dit qui force les méninges du lecteur pour tenter de comprendre les motivations des chasseurs de gibier humain et le parallèle avec la Société actuelle.

Deuxième force du roman : un personnage particulièrement bien travaillé et qui tient lieu de fil conducteur dans tout le récit : Le policier Martin Servaz, un brillant limier, opiniâtre, tenace, personnage récurrent dans l’œuvre de Bernard Minier. J’ai beaucoup aimé son caractère directif et sa façon de mener l’enquête.

Bref, LA CHASSE est un roman qui explore, avec une imagination parfois trop poussée, la noirceur de l’âme humaine et les tares de notre Société. L’intrigue est moyenne mais les motivations dévoilées graduellement dans l’histoire poussent à la réflexion entre autres sur le mal que la Société sa fait à elle-même. Ce n’est pas ce que j’appellerais un livre inoubliable mais il est intéressant à lire avec des personnages intéressants à suivre, dont un Martin Servaz égal à lui-même.

Suggestion de lecture : UNE CHASSE DANGEREUSE de Clifford D. Simak


L’auteur : Bernard Minier

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 11 août 2024

GARE AUX FANTÔMES

AGATHA RAISIN
Enquête 14

Commentaire sur le livre de
M.C.BEATON

*– Aggie, il y a un mort là-dessous. Nous ne pouvons pas nous en aller comme ça.
– Comment sais-tu qu’il est mort ?
– Quand un homme gît sur le dos, le cou tordu, le regard fixe et vitreux, il y a dix chances contre une pour que ce soit le cas. *
Extrait, AGATHA RAISIN, enquête 14, GARE AUX FANTÔMES QUI VIVRA VERRA ! M.C Beaton, Albin Michel éditeur 2018, 326 pages. Version audio : Audible studio éditeur, 2018, durée d’écoute : 6 heures 25. Narratrice : Françoise Carrière.

Le nouveau voisin d’Agatha Raisin, Paul Chatterton, propose à Agatha Raisin d’enquêter sur la maison dite hantée de Madame Witherspoon, une vieille dame détestée de tous. Il se passe des choses inquiétantes dans cette maison et quand la vieille femme meurt dans d’étranges circonstances, Agatha met un point d’honneur à trouver le meurtrier.

 Très à l’anglaise

Voyons d’abord le contenu : Une vieille femme rêche et acariâtre se plaint que sa maison est hantée. Agatha Raisin saute sur l’occasion de pratiquer son activité préférée : l’investigation. En compagnie de son voisin, Paul Chatterton, elle offre à madame Witherspoon de capturer le fantôme. Hallucination ? Supercherie. Un jour, la vieille dame meurt dans des circonstances nébuleuses et madame Raisin décide de pousser son enquête beaucoup plus loin, au risque de piler au passage sur les pieds des policiers.

Peu de choses à dire sur ce quatorzième opus de la série AGATHA RAISIN. C’est rafraîchissant, léger agréable à lire, la version sonore est un peu déclamée et rappelle parfois la lecture d’un conte. Irritant par moment. L’idée de base est intéressante, le développement est passable. En fait, il n’y a rien de vraiment neuf dans ce livre. La série s’essouffle.

GARE AU FANTÔMES, comme les autres livres est très centré sur l’héroïnes, ses amourettes ambiguës, ses manières anglaises et elle a comme toujours, des problèmes avec les mauvaises langues. Chatterton, son copain pas sûr, type vieux garçon amène un petit quelque chose d’original à l’ensemble.

L’intrigue est faible, l’enquête policière n’a rien d’enlevant mais Agatha Raisin est parfois drôle à suivre. Ç’est un roman très léger. Ça se laisse lire mais par rapport à la série, c’est redondant, répétitif et prévisible. Il serait peut-être temps que l’auteure passe à autre chose.

Suggestion de lecture, de la même autrice : LA QUICHE FATALE


 L’auteure M.C. Beaton


UNE PETITE PARTIE DE LA COLLECTION

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 3 août 2024

L’ÉNIGME DE LA CHAMBRE 622

Commentaire sur le livre de
JOËL DICKER

*- Vous êtes le diable ! s’écria Macaire.
– Je suis pire que le diable, car moi j’existe. *
Extrait : L’énigme de la chambre 622, de Joël
Dicker, version audio par Audiolib éditeur, 2020
durée d’écoute : 17 heures 20 minutes.
Narrateur : Steve Driesen. Édition de papier:
B. de Fallois éditeur, 2020, 572 pages

Une nuit de décembre, un meurtre a lieu au Palace de Verbier, dans les Alpes suisses. L’enquête de police n’aboutira jamais.

Des années plus tard, au début de l’été 2018, lorsqu’un écrivain se rend dans ce même hôtel pour y passer des vacances, il est loin d’imaginer qu’il va se retrouver plongé dans cette affaire.

Que s’est-il passé dans la chambre 622 du Palace de Verbier ?

 

Retour aux sources helvètes

J’aime autant vous dire d’entrée de jeu que pour lire ce livre, il faut s’armer de patience. Voyons d’abord la trame. De passage dans un hôtel appelé Palace de Verbier, dans les Alpes suisses, un écrivain est intrigué par le fait qu’il n’y a pas de chambre 622. Il découvre dans l’ordre, les chambres 621, 621-bis et 623.

L’écrivain est intrigué au point d’entreprendre des recherches qui lui apprendront finalement qu’il y a eu un meurtre dans la chambre 622. Une sombre affaire qui n’a jamais eu sa conclusion et qui a poussé la direction de l’hôtel à éliminer le chiffre 622. Mais que s’est-il passé exactement dans la chambre 622 ? toute l’histoire repose sur cet évènement. On dirait bien que notre écrivain tient le sujet de son prochain livre.

Le sujet est intéressant, mais l’auteur l’a complexifié inutilement, y a incorporé de petites romances insignifiantes et s’est lui-même mis en scène, ce que j’ai trouvé très ordinaire d’autant que son rôle est très accessoire. Le fait que l’auteur, Joël Dicker se soit attribué le rôle de l’écrivain n’est pas la moindre de mes déceptions. Dans ce livre, il y a tellement de revirements, de dialogues platoniques, de longueurs et de personnages mal définis qu’au bout du compte, les pinceaux s’emmêlent, sans compter les sauts temporels qui ne sont pas de nature à simplifier ce récit qui s’en trouve passablement alourdi.

Les idées géniales, parce qu’il y en a, sont occultées par le caractère fantaisiste de L’ensemble. On dirait une caricature se manifestant suite à une idée de départ mal développée. J’ai été tout de même captivé par un personnage énigmatique : Ternagol, fasciné aussi par une machination qui a échappé à tout le monde pendant quinze ans et qui connait un dénouement surprenant dans le troisième quart du récit.

Je ne peux pas en dire plus sinon que l’idée était excellente, mais gâchée, peut-être par l’idée de trop bien faire…manifestation d’un vieux principe qui dit que trop, c’est comme pas assez. Certains personnages sont carrément ridicules, c’est le cas notamment de Scarlet, une connaissance de l’écrivain, insignifiante à tout point de vue. L’auteur a d’ailleurs établi un lien avec Scarlet Ohara, la miss Scarlet du film Autant en emporte le vent de Victor Flemming. Ça frôle le remplissage.

Pour un lecteur patient, la finale est intéressante et ne manque pas d’imagination mais malheureusement l’ensemble est décevant par la faiblesse de son style, ses tendances à l’errance et ses dialogues vides. Enfin, j’ai trouvé la version audio empreinte d’un dynamisme et d’une qualité qui ont l’avantage de…disons sauver les meubles.

Suggestion de lecture : LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE, de Gaston Leroux


L’auteur Joël Dicker

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert

le samedi 27 juillet 2024

LE CRÉPUSCULE DES DIEUX

Commentaire sur 

Le livre IV de la tétralogie des origines

— Vous savez ce qui se passe, mon cher Albrecht, quand les proches conseillers du roi finissent par diriger l’État à sa place à force de courtisanerie.
— Rappelez-le-moi.
— Dans une dictature, cela provoque un bordel qui vous fait perdre une guerre mondiale. Dans une démocratie, la gouvernance du peuple par le peuple devient un merveilleux trompe-l’œil dissimulant un carcan administratif, une nuée de conseillers, de lobbyistes qui dirigent le système à leur guise. 

 Extrait :  La tétralogie des origines, livre IV, LE CRÉPUSCULE DES DIEUX, Stéphane Przybylki, version audio, Sonobook éditeur, 2016, durée d’écoute : 14 heures 18 minutes. Narrateur : Victor Vestia.

Mai 1942. Reinhard Heydrich se meurt dans un hôpital de Prague. À moins que… Le monde est à feu et à sang, l’humanité se consume dans les affres d’une guerre comme elle n’en a jamais connu. Dans le chaos du conflit qui déchire le monde d’hier s’esquisse déjà celui de demain, mais les véritables enjeux de cette boucherie planétaire se dévoilent enfin – bien plus cruciaux que tout ce qu’il était possible d’imaginer.

Un futur que l’ancien SS Friedrich Saxhäuser refuse, qu’il ne permettra pas. Désormais coule dans ses veines l’impensable puissance révélée au cœur du Kurdistan irakien. Un pouvoir tel qu’il pourrait bien provoquer ce que, dans les secrets méandres du complot, tous redoutent : le crépuscule des dieux…

ET SI LES DIEUX S’EN MÊLAIENT

Voici donc la conclusion de la fameuse tétralogie uchronique des origines. Une série qui aura satisfait finalement l’amateur que je suis de complots, d’intrigues, d’espionnage : mélange explosif dans lequel l’auteur a habilement imbriqué la science-fiction et bien que Przybylski ait retravaillé l’histoire, le récit a assurément un lien avec l’actualité.

Ceux et celles qui ont lu les quatre livres se rappelleront que tout a commencé avec la découverte, par des SS, de preuves irréfutables de la présence extra-terrestre parmi nous. C’est un des liens avec l’actualité. Comme on le sait, ce sujet est devenu une conviction de société.

Par la suite, les extra-terrestres se sont manifestés et c’est ainsi qu’a commencé un jeu sordide de manipulation, de pouvoir, de contrôle allant jusqu’à l’expérimentation sur des sujets humains finissant suppliciés et que de monstrueuses créatures du nazisme et des SS sont devenus des instruments, marionnettes des étrangers tel le démon blond : Reinhard Heydrich. Le quatrième livre est très axé sur les horreurs innommables des SS pendant la deuxième guerre mondiale. Certains passages pourraient heurter les âmes sensibles.

Le lien avec la science-fiction m’a particulièrement captivé. Les motivations des extra-terrestres m’ont rappelé celles des aliens de INDEPENDANCE DAY, film de Rolland Emmerich. Le lien avec l’actualité aussi comme la destruction d’un ovni qui s’est écrasé près de Roswell. Dois-je rappeler que cette affaire est restée jusqu’à nos jours fort énigmatique.

J’ai aimé la progression de cette histoire. Un peu moins sa finale, la progression m’ayant préparé à mieux. L’auteur part de faits avérés sur le plan historique et bâtit une uchronie avec beaucoup d’imagination. La plume est fluide, claire et rien ne permet à l’auditeur et à l’auditrice de perdre le fil conducteur de l’histoire. Donc, c’est facile à suivre.

Avec sa connaissance pointue de l’histoire, l’auteur nous offre avant tout un récit historique, crédible, convaincant et photographique, me donnant l’impression d’être dans l’action, témoin de l’apparition d’un ovni, venu de nulle part. L’auditeur ou le lecteur ne voit plus le temps passer. La faiblesse, si on peut dire est que la tétralogie n’apporte rien de nouveau au genre et emprunte un peu trop au style X FILES mais j’ai consommé, si je puis dire, un sympathique moment d’écoute. Le narrateur a fait un assez bon boulot.

Suggestion de lecture : LA PART DE L’AUTRE, d’Éric-Emmanuel Schmidt. Ce livre développe également une uchronie.

Les trois premiers tomes

Ci-haut, l’auteur de la tétralogie des origines, Stéphane Przybylki , auteur français, malgré son nom imprononçable.

Quant au narrateur, Victor Vestia, je n’ai rien trouvé à part une page Facebook vide. Pas de photo, pas de parcours…peut-être gagne-t-il à être inconnu.  Et pourtant sa performance était bonne.

Pour ce qui est du titre du livre IV de la tétralogie des origines, il faut faire attention car plusieurs livres d’auteurs différents portent le titre LE CRÉPUSCULE DES DIEUX :

-Le crépuscule des dieux de la série Amos d’Aragon par Bryan Perro
-Le crépuscules des dieux par Nicolas Jarry
-Le crépuscule des dieux en bandes dessinées
-Le crépuscule des dieux de Charlotte Key, qui est aussi une série.
-Le crépuscule des dieux est aussi le titre d’un célèbre opéra de Richard Wagner.

Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 20 juillet 2024

 

N.É.O. T1 de Michel Bussi

Commentaire sur le livre 1
La chute du soleil de fer

*Quelque chose est en train de changer, Zyzomys, on ne le voit pas encore, mais je le sens. C’est dans l’air. La course des nuages n’est plus la même. Ni la caresse du vent, ni la brûlure du soleil. Quelque chose se modifie. Nous ne pouvons pas attendre les grands froids de la Veillée du Sanctuaire. Nous devons nous préparer. *

Extrait : NÉO, livre 1, LA CHUTE DU SOLEIL DE FER, de Michel Bussi. Édition de papier, Pocket jeunesse, 2023, 600 pages. Format numérique : 12-21 éditeur, 2020, 513 pages, 2208 KB. Version audio : Lizzie éditeur, 2020, durée d’écoute : 11 heures 50 minutes. Narrateur : Damien Witecka

Dans un monde où les adultes ont disparu, il existe deux refuges pour les deux bandes rivales d’enfants qui ont survécu au cataclysme : le tipi et le château. Les uns chassent pour se nourrir, les autres vivent reclus et protégés. Bientôt, une étrange maladie fait peser un risque de famine sur le clan du tipi, le privant de ses proies. Et si ceux du château étaient à l’origine de cet empoisonnement ?

L’heure de la confrontation est venue : la guerre entre les deux tribus peut-elle encore être évitée, alors que la nature est plus menacée que jamais ? Zyzo, l’espion au grand coeur du tipi, et Alixe, la reine du château, sauront-ils unir leurs forces pour déjouer les mystères, les intrigues et les trahisons ? ILS SONT PRÊTS À TOUT POUR SAUVER L’HUMANITÉ.

Du Bussi pour les jeunes

Première incursion de Michel Bussi dans la littérature jeunesse. Même si certains détails sont à parfaire, je crois que c’est prometteur. Voyons d’abord le tableau : nous sommes dans un futur post-apocalyptique. L’humanité a été décimée par un gaz toxique. Toutefois, en France, des enfants ont survécu. Au début de l’histoire, ils ont tous douze ans. Je vous laisse découvrir pourquoi. L’idée est originale.

Ils sont vivants parce que quelques adultes un peu plus résistants ont pu subvenir à leurs besoins dans leurs premières années de vie. À l’origine, les enfants ont formé deux clans : les enfants du tipi, abritée par la tour Eiffel <habillée> et les enfants du Château, à l’abri dans un célèbre musée électrifié par un satellite qui les fournit en énergie solaire, appelé SOLEIL DE FER. Grâce à l’Énergie, les enfants du Château ont accès à tout ce dont ils ont besoin y compris la culture et la connaissance.

Les deux clans se détestent et sont toujours au bord de la guerre. Un jour, alors que la guerre est sur le point d’éclater, les enfants doivent faire face à un ennemi commun : une étrange maladie tue les animaux et provoque la famine. De plus, le SOLEIL DE FER est loin d’être propre et éternel…Sera-t-il possible pour les enfants de mettre la haine de côté ? De résoudre mystères et trahisons ?

Au moment d’écrire ces lignes, je ne sais pas vraiment comment les ados ont perçu cette lecture mais j’ai été frappé par le fait que l’auteur prête aux enfants de son histoire des raisonnements qui ne sont pas de leur âge avec un sens artificiellement aigu de la haine, de la trahison et de l’intrigue. Pour des enfants de 12 ans, c’est un peu poussé. Les personnages manquent de profondeur. Le plus réussi est celui d’Alixe, la reine du château qui est d’une authenticité rafraîchissante.

Quant au personnage central, Zizomis, il est un peu froid et pusillanime. Difficile de s’y attacher mais son amour de la paix et de l’harmonie jouera dans la balance. Le thème choisi pour changer le cours de l’histoire, c’est-à-dire cette mystérieuse maladie qui tue les animaux m’a semblé sous-développé, un peu noyé dans les palabres des enfants. Enfin, il y a de longs passages statiques, pas beaucoup d’action sauf dans le dernier quart du récit, porteur d’émotions.

Malgré ses faiblesses, j’ai été sensible au récit parce qu’il propose une intéressante réflexion sur l’utilité de la guerre et sur les mécanismes de rapprochement dans un conflit. Ici l’ennemi commun est presque un prétexte qui amène le lecteur à s’interroger sur la violence, le bellicisme et la domination par le pouvoir, la haine. L’atavisme est peut-être une explication mais certainement pas une excuse. Des personnages ont la haine dans le sang, comme Mordélia, la sorcière du tipi.

L’âge des personnages suggère qu’il n’est jamais trop tôt pour transmettre de bonnes valeurs. L’auteur nous fait aussi un clin d’œil bien pensé sur la protection de l’environnement. Il y a beaucoup de personnage dans l’histoire mais l’auteur et l’éditeur ont eu l’excellente idée de dresser une liste des principaux acteurs avec leurs principaux attributs. Je salue cette initiative qu’on devrait voir plus souvent.

Voilà, je vous laisse découvrir le SOLEIL DE FER et la première grande protectrice des enfants MARIE-LUNE, les croyances et les traditions dans les clans. C’est quand même bourré de bonnes idées.

Enfin, pour sa première expérience en littérature jeunesse, Bussi a très bien adapté sa plume avec un style clair et limpide, donc accessible. Je crois que je vais m’offrir la suite. Ça semble prometteur.

Suggestion de lecture : CHRONIQUES POST-APOCALYPTIQUES D’UNE ENFANT SAGE, d’Annie Bacon


L’auteur, Michel Bussi

La suite

Mordélia et Ogénor partent à la conquête de Versailles… Le clan du château et le clan du tipi sont réconciliés ! Les frontières de la ville et de ses environs peuvent enfin être repoussées : le monde s’ouvre désormais à eux.
Mais au-delà des grandes découvertes et derrière une cohabitation en apparence sereine, Alixe, Zyzo et leurs amis devront percer de nouveaux mystères. Comment les enfants ont-ils pu survivre juste après le passage du nuage? Quelles sont les origines des deux clans ? Qui était vraiment Marie-Lune ? Mordélia, chassée de la ville, a conservé un objet secret qui contient peut-être des réponses à toutes ces questions. Or, habitée par une féroce volonté de survivre, elle compte bien prendre sa revanche…

BONNE LECTURE
BONNE ÉCOUTE
CLAUDE LAMBERT
le dimanche 9 juin 2024

ATTAQUE EXTRATERRESTRE

COMMENTAIRE SUR

LES CHRONIQUES DE L’INVASION, tome 1
de Morgan Rice

*Kevin trouvait que le terme « hallucination » n’était pas apte à décrire ce qu’il vivait. Il donnait l’impression que ses visions étaient des choses irréelles et fantomatiques alors qu’elles semblaient remplir le monde quand elles se produisaient. C’étaient des images de paysages qu’il n’avait jamais vus, des horizons indistincts. Et, bien sûr, les chiffres. « 23h06m 29.283s, -05 02’28.59 », dit-il. <Cela doit avoir un sens. C’est forcé.> *

Extrait : ATTAQUE EXTRATERRESTRE La chronique des invasions livre 1, de Morgan Rice. Morgan Rice éditrice, 2019. Pour la présente, j’ai utilisé le format numérique.

Un garçon de 13 ans, qui est en train de mourir d’une maladie rare du cerveau, est le seul humain capable d’entendre et de décoder les signaux qui viennent de l’espace. SETI confirme qu’il s’agit d’un signal authentique.

Quel est ce message ? Comment le monde va-t-il réagir ?

Et surtout : est-ce que les extra-terrestres arrivent ?

Une vision de l’heroic fantasy

Le personnage principal de cette histoire est un sympathique adolescent de 13 ans, Kevin McKenzie. Il y a aussi son amie Luna, attachante elle aussi, authentique, qui jouera un rôle un peu plus tardif mais très important. Kevin souffre d’une maladie rare, la leucodystrophie, une maladie dégénérative du cerveau qui le condamne à court terme et qui a entre autres pour effet de provoquer des visions.

Paradoxalement, sa maladie permet à Kevin de capter et décoder de véritables signaux venus de l’espace. Le SETI est consulté, puis la NASA entre en jeu. Avant d’éclater, la vérité fera un détour par ce qui a toutes les apparences d’un canular. Cette incompréhension de la nature des évènements pourrait coûter très cher à l’humanité.

Très bon livre, intrigue solide allant crescendo jusqu’à en être haletante dans le dernier quart du tome. ATTAQUE EXTRATERRESTRE est le premier tome d’une tétralogie dramatique, LES CHRONIQUES DE L’INVASION écrite par une écrivaine réputée pour ses séries littéraires.

Il faut toutefois faire attention et interpréter correctement le quatrième de couverture et l’image de la page de couverture qui laisse à penser qu’un ou des vaisseaux extraterrestres viennent menacer la terre. Ça viendra sans aucun doute. Disons que pour ce premier tome, le titre a été mal choisi. Mais dans ce premier opus, l’auteure met les éléments en place pour amener les lecteurs/lectrices vers une invasion de type <abduction>, ou enlèvement par possession.

Dans ce fantasy addictif, rapide et facile à lire, l’action se resserre graduellement et prend subitement un envol foudroyant. Dans ce livre, beaucoup d’éléments relèvent du déjà-vu. La série n’invente rien et ne brille pas par son originalité. Aussi, malheureusement, l’édition que j’ai lue était farcie de fautes de traductions, mots escamotés et groupes de mots inadéquats. Je trouve dommage qu’un éditeur laisse passer autant d’erreurs.

La force du livre réside dans la qualité de ses personnages et la montée scrupuleusement calculée de l’intrigue. J’ai aussi beaucoup apprécié les informations livrées par l’auteure sur le programme SETI concernant la recherche d’intelligence extraterrestre et sur le rôle de la NASA à ce niveau. L’ouvrage est bien documenté.

Donc très bon livre qui annonce une série prometteuse. Le tome suivant, ARRIVÉE dit tout je crois, sauf quel sera le sort de Kevin et Luna. À lire sans hésitation.

Suggestion de lecture : LA FANTASTIQUE ODYSSÉE, de Chérif Arbouz

La suite

De gauche à droite, les tomes 1, 2 et 3



L’auteure Morgan Rice

Intéressé par une possible vie extraterrestre ? Je vous invite à consulter ce petit dossier fort intéressant de Futura science sur nos connaissances actuelles à ce sujet.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 2 juin 2024