S’AIMER MALGRÉ TOUT

Commentaire sur le livre de
NICOLE BORDELEAU

*Lorsqu’une vieille blessure de rejet se réveille, on est comme saisi d’une forte fièvre et on peut perdre le contact avec la réalité. Quand Madeleine vit le jeune couple s’éloigner d’elle, c’est ce qu’il lui arriva. Elle fut projetée dans le passé. Des souvenirs douloureux fusaient de toutes parts, avec une force qui la fit vaciller. *

(Extrait : S’AIMER MALGRÉ TOUT, Nicole Bordeleau, Flammarion éditeur, 2021, 400 pages, ISBN : 9782081519473, disponible en version audio chez Vues et voix éditeur, durée d’écoute : 9 heures 4 minutes, narratrice : Chantal Fontaine.)

Un concentré d’aveux

S’AIMER MALGRÉ TOUT est l’histoire d’une femme au bout du rouleau : Édith, une professionnelle détruite à petit feu par un misogyne sans conscience, alcoolique avec un foie malade, et guettée par la dépression est perdue dans un cercle de dépendance qui remonte à deux générations et qui met en évidence une tendance à la fragilité mentale.

Pour aider les lecteurs/lectrices à comprendre l’ampleur du problème d’Édith et son destin, l’auteure a incorporé au cœur de son livre les carnets du père d’Édith et l’histoire détaillée de sa mère.

C’est un peu comme un livre dans un livre mais ces carnets font toute la richesse de l’œuvre et constituent un puits d’émotions. Le récit couvre trois générations. Peut-être qu’une version papier m’aurait donné une impression de misérabilisme, je n’ai pas vraiment eu ce sentiment avec la version audio mais cette dernière m’a quand même singulièrement agacé à cause d’une fâcheuse tendance de la narratrice Chantal Fontaine à baisser radicalement son registre vocal dans ses fins de phrase qui deviennent des chuchotements. C’est loin de mettre en valeur le récit qui souffre déjà de longueurs

C’est une histoire d’une infinie tristesse, prenante et qui brasse des émotions au point d’accuser de la lourdeur. Si j’exclus les longueurs et cette impression de remplissage que j’ai ressentie en écoutant le livre audio, c’est la principale faiblesse de l’œuvre.

Quant à ce que j’en retire sur le plan social et sur les principaux thèmes développés, il y a des points intéressants, le principal étant que l’œuvre de Nicole Bordeleau soulève des problèmes et des questionnements avec lesquels la Société compose plutôt mal : la misogynie, l’alcoolisme et autres addictions, la dépendance affective, la dépression et tous les problèmes liés à la santé mentale, l’introspection, l’indifférence, l’empathie.

Si le livre de Nicole Bordeleau laisse matière à réflexion, j’ai été fortement agacé par les petits messages et allusion de l’auteure laissés un peu partout sur la connaissance de soi-même et l’épanouissement personnel. Étant donné le CV de l’auteure, ça sent l’exercice de vente des ateliers de développement de la personnalité et de méditation.

À ce sujet, le titre du livre est très ajusté à l’histoire. C’est un aspect important à mon sens parce qu’il me fait déchanter à tout coups. Bref : Thèmes assez bien travaillés, les carnets sont de belles trouvailles. Le rythme est lent et la trame est longue. Je ne suis pas sorti de cette écoute vraiment emballé.

Suggestion de lecture : LA VIE QUAND-MÊME UN PEU COMPLIQUÉE D’ALEX GRAVEL-CÔTÉ de Catherine Girard-Audet

De la même auteure

À lire : biographie de Nicole Bordeleau,

           Site officiel

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 22 décembre 2024

Le vent en parle encore

Commentaire sur le livre de MICHEL JEAN

<Quand le train d’atterrissage touche le sol, elle comprend qu’ils ont atteint leur destination. Ils ne retrouveront les leurs que dans dix mois. Une éternité quand on a quatorze ans. Un vertige s’empare d’elle. Pourtant, de sa gorge nouée, aucun son ne parvient à sortir, même pas un soupir. L’adolescente serra très fort la main de Marie qui, comme elle, reste sans voix. Face aux jeunes filles se dresse le pensionnat de Fort George. > Extrait : LE VENT EN PARLE ENCORE, Michel Jean, Libre Expression éditeur, 2013, réédition 2021. Papier, 215 pages.


À quatorze ans, Virginie, Marie et Charles sont arrachés à leurs familles sur ordre du gouvernement canadien. Avec les autres jeunes du village, ils sont envoyés, par avion, dans un pensionnat perdu sur une île à près de mille kilomètres de chez eux pour y être éduqués. On leur coupe les cheveux, on les lave et on leur donne un uniforme. Il leur est interdit de parler leur langue. Leur nom n’existe plus, ils sont désormais un numéro. Soixante-dix-sept ans plus tard, l’avocate Audrey Duval cherche à comprendre ce qui s’est passé à Fort George et ce qu’il  est advenu des trois jeunes disparus mystérieusement.

 

IMAGINER L’INIMAGINABLE

C’est un livre inoubliable, est troublant et dur dans sa réalité. Il m’a choqué, attristé et ému. Il m’a surtout mis <les barres sur les T> si vous me permettez l’expression. Il m’a aussi conforté sur la piètre opinion que j’ai concernant la qualité de l’enseignement que j’ai reçu à la petite école et sur l’obscurantisme crasse que l’Église faisait peser sur la Société. Le livre a été publié en 2013 puis, réédité en 2021, s’ajustant ainsi à l’actualité de premier plan qui a secoué l’ensemble du Canada et qui est évoqué par Michel Jean dans la postface :

<Cent cinquante mille enfants autochtones ont fréquenté ces établissements. Plus de quatre mille y sont morts. Les conditions de vie difficiles qui prévalaient dans les pensionnats sont le plus souvent attribuables au financement insuffisant du gouvernement canadien. Elles ont entraîné des problèmes sanitaires, un régime alimentaire inadéquat et un manque de vêtements et de médicaments pour les enfants sur place>  Extrait

Dès la fin du XIXe siècle, le but, aujourd’hui avoué du gouvernement canadien était de <désindianiser> les jeunes autochtones en les arrachant d’abord à leur famille et en les assimilant à la Société en général : <Quand les cinquante-trois enfants sont descendus de l’avion, chacun a perdu son nom, son foyer et, déjà, une part de sa dignité.> Extrait

Et on a confié la gestion de ce gâchis à des prêtres et autres religieux décidés à dresser ces <petits sauvages.> Les pensionnats étaient dirigés par le même clergé qui, dans le passé, s’était posé en rempart contre l’intégration forcée des francophones.> Extrait.

N’est-ce pas édifiant ? Et je ne m’étendrai pas sur la violence psychologique, les agressions physiques, abus sexuels dont le viol, morts douteuses et le mépris dont les enfants autochtones ont été victimes de la part de religieux supposément voués à la charité et à l’empathie.

DES ÉMOTIONS QUI CHAVIRENT

Bien que le livre mette à jour des atrocités orchestrées en toute impunité par de soi-disant <bien-pensants>, le récit de Michel Jean est développé avec beaucoup de sensibilité et est dépourvu d’éléments spectaculaires. Évidemment, beaucoup de passages ont généré en moi de la frustration, de la colère mais l’auteur, lui-même d’origine innue, journaliste d’enquête, chef d’antenne, écrivain et universitaire, s’est exprimé sur des faits avérés.

C’est dur, mais c’est bien écrit, c’est simple, c’est humble, sobre et ça met en lumière la situation actuelle des premières nations et sur l’image qu’on a développé d’elles, plus faussement qu’autrement. Je crois que LE VENT EN PARLE ENCORE, livre qui porte admirablement son titre, est une œuvre qui doit être lue, absolument, pour se rappeler, ne pas oublier…un argumentaire pour décrier la bêtise et l’hypocrisie.

Suggestion de lecture: LE RÊVE DE CHAMPLAIN, de DAVID HACKETT-FISCHER


L’auteur Michel Jean


DU MÊME AUTEUR

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 21 décembre 2024

Regarder le noir

Commentaire sur le collectif dirigé par
YVAN FAUTH

*Chacun peut laisser libre cours à ses fantasmes, sans peur d’être vu ou jugé. Grâce au noir et à l’anonymat, chacun peut révéler sans crainte les aspects les plus débridés ou les plus sombres de sa personnalité. * Extrait

Douze auteurs prestigieux de noir sont ici réunis et, si chacun a son mode opératoire, le mot d’ordre est le même pour tous : nous faire ouvrir grand les yeux au fil de récits qui jouent avec les différentes interprétations de la vision.

Dans ces nouvelles, ils ont donné libre cours à leur noire imagination pour créer une atmosphère, des personnages inoubliables et une tension qui vous happeront dès les premiers mots… et jusqu’à la chute.

Éclectique et surprenant, ce recueil renferme des expériences exceptionnelles de lecture.


Noir c’est noir

Comme dans tous les recueils de nouvelles, il y a du bon et du moins bon. Le principe du recueil nous permet de découvrir de nouveaux auteurs, comme ce fut mon cas. Des styles différents, des plumes variées. La plupart des lecteurs et lectrices trouvent dans un recueil une ou plusieurs nouvelles qui valent bien l’achat du livre.

Dans REGARDER LE NOIR, le thème est imposé et ça m’a permis de faire des découvertes sur des visions différentes du noir…sans jeu de mots. Je dis <jeu de mot> parce que chaque auteur nous livre sa vision de la noirceur et de ce qui s’y cache.

Les nouvelles de ce récit ont, vous vous en doutez bien, un point en commun : elles sont noires. Je veux dire très très noires, propres à démoraliser et l’éditeur a frappé très fort dès le départ avec REGARDER LES VOITURES S’ENVOLER, d’Olivier Norek dont la vision du noir s’est portée sur la méchanceté, crue, froide, sans appel. J’ai donc été ébranlé dès le départ puis par la suite, j’ai ressenti des émotions mitigées.

Ma nouvelle préférée fut celle de Claire Favan : LE MUR qui raconte l’odyssée du navire Havana Bay qui sillonne les mers grâce à l’énergie procurée par les innombrables déchets qui s’y trouvent. C’est une vision très noire de l’avenir de l’humanité sur le plan écologique. Mais le récit m’a frappé à la fois pour son caractère implacable et par son actualité.

Il n’est pas facile de critiquer un recueil de nouvelles. Sur ce plan, aucun n’est mauvais même si la nouvelle travaille encore à se bâtir une renommée. Mais là où votre choix est sensiblement facilité c’est que le thème du recueil est imposé. Alors si vous êtes prêts à affronter tout ce qui se cache dans le noir : intolérance, colère, méchanceté, peur et folie, vous trouverez sûrement votre petit bonheur dans ce recueil.

C’est exactement ce qui m’est arrivé.

Suggestion de lecture :  NOUVELLES NOIRES, recueil de Renaud Benoit


De gauche à droite : Barbara Abel, Amélie Antoine, R.J. Ellory et Julie Ewa


De gauche à droite : René Manzor , Johana Gustawsson, Karine GiebelClaire Favan


De gauche à droite : Fred MarsOlivier Norek, Fabrice Papillon, Gaëlle Perrin-Guillet

 

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 15 décembre 2024

 

Les ailes d’Alexanne

Tome 1 : 4h44
D’ANNE ROBILLARD

*C’est alors qu’un énorme camion transportant une cargaison de billots de bois fonça droit sur elle… Paralysée, Alexanne assista à la scène cauchemardesque, les yeux écarquillés. À son grand étonnement, en grinçant sur la chaussée, le mastodonte lui traversa le corps, comme si elle avait été un hologramme. *

Extrait : LES AILES D’ALEXANNE, tome 1, 4H44 d’Anne Robillard. Michel Lafon éditeur 2011, format broché, 365 pages. Version Numérique : Guy Saint-Jean éditeur, 275 pages.

Après la mort de ses parents, Alexanne Kalinovsky est confiée à sa tante Tatiana. La vieille dame vit seule dans un immense manoir aux multiples chambres parfumées à l’encens, garnies d’anges et de chandelles. Découvrant l’histoire de ses origines russes et ses propres dons particuliers, Alexanne apprendra toute la vérité sur l’héritage étrange dont son père l’avait tenue éloignée. Pour ceux et celles qui ont apprécié la fabuleuse histoire des Chevaliers d’Emeraude, l’écrivaine crée un univers tout nouveau avec la série Les ailes d’Alexanne. Cette saga explore les phénomènes paranormaux, la guérison spirituelle et les anges. 

Un héritage magique

C’est avec *4h44* que débute le cycle de fantasy LES AILES D’ALEXANNE qui suit des êtres magiques et qui a comme principale héroïne Alexanne Kalinovsky, une jeune fille de 16 ans, sympathique tête dure, qui, après la mort de ses parents est prise en charge par sa tante Tatiana dans les Laurentides.

Graduellement, Alexanne découvre qu’elle possède des dons, certains pouvoirs comme celui de la *double-vue*. Elle accumule les surprises quand elle apprend qu’elle est une fée, comme sa tante, qu’elle a des pouvoirs de guérison et qu’elle peut communiquer avec non seulement les êtres magiques qui peuplent la forêt, mais aussi avec les anges.

Dans ce premier tome de la saga, Alexanne est en apprentissage. Elle apprend de sa tante tout ce qu’elle doit savoir. Mais des événements viendront compromettre leur petit train de vie avec l’arrivée d’Alexei Kalinovsky, l’oncle d’Alexanne qui a toutes les caractéristiques d’un loup. Elle aura aussi le coup de foudre pour un beau jeune homme du village qui s’appelle Mathieu.

J’ai toujours apprécié l’écriture d’Anne Robillard. Elle est fluide, facile à suivre, et souvent touchante. J’ai connu Anne Robillard avec LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE. Cette fois, elle nous entraîne dans quelque chose de différent.

Je pense que l’autrice a tout mis en place pour une série prometteuse. C’est un récit rafraîchissant, plein de candeur, un soupçon de naïveté, de la magie. Le récit ne développe pas tant les fées qui relèvent de la magie que les systèmes de croyances qui relèvent du paranormal : réincarnation, au-delà, lumières mystérieuses, magnétisme, karma, etc.

Anne Robillard démarre sa saga avec de la retenue. Rien de spectaculaire, de tiré par les cheveux. Au contraire, reposant sur des croyances très répandues, l‘histoire est empreinte d’un certain degré de plausibilité. Du fantastique, de la foi et la naissance d’une histoire d’amour. Ça devrait plaire au lectorat adolescent.

Les personnages sont sympathiques et attachants même si certains échappent un peu à ma compréhension faute de précisions. C’est le cas de Mathieu. Le livre manque de détails sur l’origine et le fonctionnement des pouvoirs et établie une différence timide entre la spiritualité et la magie. C’est sa principale faiblesse.

Sinon, l’histoire est très sympathique, développée tout en douceur et sa mission, réussie, soit tout mettre en place pour la suite de la saga avec une bonne injection de *revenez-y*. C’est doux, original, agréablement descriptif et l’heure à laquelle répondent les anges est vraiment une belle trouvaille.

Je recommande la série avec chaleur. C’est tout un univers dans lequel nous plonge madame Robillard. Un heureux mélange de paranormal, de fantasy et d’actuel. Son objectif : permettre à Alexanne de déployer ses ailes.


L’autrice Anne Robillard
une spécialiste des sagas

Bonne lecture
Claude Lambert

le samedi 14 décembre 2024

SEAWOLF, Michael Dimercurio

<Ahmed sentit un soupir de soulagement monter en lui, jusqu’à
ce que les écrans des ordinateurs s’arrêtent, que les lumières
s’éteignent et que les derniers ventilateurs cessent de fonctionner.
À 5 mètres sous la surface de la mer, le bâtiment avait perdu toute
source d’énergie. >
Extrait : SEAWOLF de Michael Dimercurio, L’Archipel éditeur pour la
traduction française, 1997. Édition de papier, 460 pages.

 

2002 : Mohammed al-Sihoud, maître absolu des pays musulmans coalisés, déclare la guerre sainte à l’Occident. Son principal atout : l’Hégire, un sous-marin équipé d’un missile au plutonium. Son plan : rayer Washington de la carte. A bord du Seawolf, le commandant Michael Pacino sait qu’il doit tout faire pour intercepter l’Hégire. Et que le compte à rebours qui déclenchera le feu nucléaire est déjà commencé…

 

Dernière chance
Aucune mission ne se déroule jamais parfaitement.
La seule différence entre une opération réussie et
un raid raté réside dans l’ampleur des imprévus.

<extrait>

C’est un techno-thriller assez efficace si je tiens compte du fait que j’avais l’impression de manquer d’air en lisant le récit de cette poursuite ultime de sous-marins qui se lancent des missiles meurtriers et destructeurs. Donc, en ce qui me concerne, l’auteur a trouvé le ton juste même si le roman est ultra-technologique…trop pour moi en fait même s’il a eu la bonne idée d’annexer un glossaire à la fin du volume. Toutefois, l’histoire comme telle est simple.

Le FIU, front Islamique uni, déclare la guerre aux pays occidentaux et son chef suprême, le général Al-Sihoudf souhaite lâcher sur les États-Unis un missile d’un nouveau genre qui tuerait tous les américains par l’effet de radiations rapidement envahissantes. Ce missile unique serait lancé à partir d’un super sous-marin de classe Destiny appelé Hégire. Au-Moins deux sous-marins américains vont se casser les dents sur l’Hégire. Finalement, le Seawolf se lance dans une mission de la dernière chance mais son destin n’a rien de réjouissant.

Au-delà des irritants qui parsèment cet ouvrage, j’ai été impressionné par les stratégies et contre-stratégies des capitaines qui connaissent à fond les incroyables possibilités de leur bateau. Malgré un langage technique complexe, l’auteur a entretenu chez moi une certaine anxiété. C’était haletant. Et bien sûr une chasse aveugle a toujours un caractère angoissant.

Il y a quelques points qui m’on agacé. L’introduction est très longue. Il est difficile d’entrer dans l’histoire et de comprendre sa structure car le Seawolf embarque dans la course tardivement. De plus, l’état du sous-marin est précaire, ayant été retiré prématurément d’un chantier de réparation. J’ai remis continuellement en question son efficacité. Tout ça nous amène vers une finale étrange qui m’a rappelé des scènes au ralenti. J’ai été un peu déçu par la conclusion qui m’a semblé un peu bâclée.

Enfin, ça parait que l’auteur DiMercurio a servi à bord d’un sous-marin à titre d’officier. D’une part, il traîne dans ce livre la trame de ses deux livres précédents : OPÉRATION SEAWOLF et LE SOUS-MARIN DE L’APOCALYPSE. J’ai trouvé les liens timides, ténus. Il eut été peut-être préférable de les lire avant LA MISSION DE LA DERNIÈRE CHANCE. Peut-être mais je suis sceptique.

Le problème n’est pas de saisir l’histoire et de savoir où l’auteur s’en va. Le problème c’est de passer à travers tout le jargon technologique qui dilue l’intrigue et l’action. L’auteur a fait certains efforts pour vulgariser mais j’avais quand même l’impression d’avoir en main le canevas d’un cours de sous-marin 303. Je maintiens toutefois que ce thriller a été suffisamment efficace pour maintenir chez moi cette espèce de stress grisant qui me rive aux pages. Le livre a la note de passage. À vous de voir.

Suggestion de lecture : PANIQUE À LA MAISON BLANCHE, de Clive Cussler

Formé à l’Académie navale d’Annapolis dans le Maryland, et diplômé du MIT en ingénierie mécanique, plongeur et ancien officier à bord du sous-marin USS Hammerhead, Michael DiMercurio est un spécialiste des technologies de pointe en matière d’armement.

Huit romans ont paru aux éditions de l’Archipel, parmi lesquels Opération Seawolf (1994, rééd. 2003), Coulez le Barracuda ! (1998) Menace en haute mer (2001), La Dernière Torpille (2003), Alerte plongée immédiate (2005). Il vit à Princeton, dans le New Jersey. <L’Archipel>

Du même auteur

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 13 décembre 2024

SÉCESSION, Julien Centaure

*Depuis de nombreuses années, tous les colons étaient descendus sur Terra et Madeleine avait dû admettre que son ami faisait partie des cinq millions de malheureux perdus pendant le voyage de 15 000 ans à travers l’espace… *

(Extrait : ESPERANZA 64 TOME 3, SÉCESSION de Julien Centaure, version audio, audible studio éditeur, 2019. Durée d’écoute : 16 heures 48 minutes, narrateur : Renaud Dehesdin. Équivalence : 541 pages.)

20 ans après l’arrivée de l’Esperanza 64 en orbite de Terra, tous les colons, qui dormaient dans des soutes vivent désormais sur la planète. Chacun possède un logement, un travail et mange à sa faim. La mission, confiée par Exodus à l’équipage du grand vaisseau, peut donc être considérée comme accomplie. Cependant, ce succès se doit d’être relativisé, car la grande majorité des colons abhorrent le système en place. Ils voudraient retrouver les fondements, si adaptés au genre humain, que sont la démocratie, la propriété privée et la liberté d’entreprendre. La révolution couve et Élisabeth, acculée, cherche désespérément une solution.

Tant qu’il y aura des hommes…

SÉCESSION est le troisième livre de la saga ESPERANZA 64. Bien qu’il peut être lu ou écouté indépendamment, pour mieux apprécier le volume, il est préférable d’avoir pris connaissance des deux premier livres. À ce propos, je vous réfère à un article que j’ai publié sur ce site en mai 2019 sur ESPERANZA 64. Dans ce troisième opus, les rescapés d’Esperanza ont fondé une colonie en plusieurs cités sur Terra, l’exoplanète qui les accueille.

Elizabeth a mis en place un système politique qui se rapproche de l’état de droit mais qui a toutes les apparences du communisme. Rien à voir toutefois avec les régimes qui se sont succédés en Union Soviétique. Sur Terra, le système était viable à cause de l’importance accordée aux droits de la personne. Mais les hommes étant ce qu’ils sont, une scission s’est opérée dans la population : une partie souhaitant de continuer à soutenir le régime en place, l’autre désirant l’économie de marché, bref, l’instauration du capitalisme.

Toutes les parties se sont mises d’accord pour qu’Élizabeth et ses partisans fassent sécession et aillent vivre ailleurs, sur une autre planète déjà détectée. Personnes, installations et matériel seraient envoyés sur la nouvelle planète appelée LUMIÈRE <Parce qu’elle a deux soleils> grâce à la technologie avancée d’une race appelée -superhumains- et basée sur une science devenue légendaire en science-fiction, grâce à Gene Roddenberry et sa création, STARTREK : le télétransport.

SÉCESSION raconte le transfert de ces gens sur une planète plus ou moins accueillante, l’obligation pour eux de coexister avec d’autres races extra-terrestres en particulier les KEINIS avec l’obligation morale du respect des différences, l’établissement d’alliances et la préparation d’un avenir satisfaisant pour tous. Ce n’est pas simple, mais les hommes ne sont pas simples. Julien Centaure a relevé, je crois, un très beau défi.

Beaucoup de critiques considèrent que la série s’essouffle. Je ne trouve pas. La sécession à elle seule est tout un défi à développer et Centaure l’a fait avec une parfaite connaissance de la nature humaine.

Disons que ce que j’ai trouvé le plus difficile est que l’exploration spatiale a laissé sa place aux sciences de la terre et aux tendances humaines. Mais la grande force de Centaure est le message qu’il insère un peu partout dans son récit sur la tolérance et le respect des différences. L’action et les revirements ne manquent pas. Un fil conducteur efficace fait qu’il est facile de suivre l’histoire qui évolue dans une parfaite cohérence.

Le récit accuse quelques longueurs, un peu de redondance comme on en trouve souvent dans les grandes sagas. Les personnages sont bien travaillés, particulièrement les extra-terrestres à qui l’auteur a donné un rôle de premier plan. La description d’une planète neuve témoigne d’une grande imagination de l’auteur, En fin, je signale l’excellente prestation du narrateur Renaud Dehesdin qui ne m’a jamais déçu.

Suggestion de lecture du même auteur : LES NETTOYEURS

Les autres tomes

Pour lire mon commentaire sur le livre premier d’ESPERANZA 64, cliquez ici


Bonne écoute
Bonne lecture
Claude Lambert.
Le dimanche 8 décembre 2024

 

RAINBOW 6, livre 2

Commentaire sur le livre de
TOM CLANCY

*…Et il était embringué dans une affaire dont
les implications dépassaient en envergure
un massacre collectif. *
(Extrait : RAINBOW SIX, tome 2, Tom Clancy,
T.f. Alabin Michel éditeur, 1999. Papier, 510 p.)

Une terrible menace pèse sur le monde. À la veille des jeux Olympiques, les attentats terroristes aveugles se multiplient en Europe. Aux États-Unis, le FBI enquête discrètement sur de mystérieuses disparitions. Un grand trust pharmaceutique édifie un étrange centre de recherches avancées en plein Kansas. John Clark, qui a déjà combattu sur le terrain les maniaques du chantage nucléaire, économique ou biologique, va se retrouver au cœur d’intrigues infernales. Récemment nommé à la tête d’une cellule antiterroriste internationale , Rainbow, il peut tenter l’impossible et sauver le monde d’une menace mortelle. Car c’est l’incroyable objectif des terroristes : la fin de l’espèce humaine

Le scénario de la fin
*…ce sont des druides, une secte de types qui vénèrent
la nature comme si c’était une divinité. Ils disent que
la planète appartient aux animaux mais pas aux hommes.
Ils disent qu’ils veulent restaurer l’ordre naturel… et
pour y parvenir, ils sont prêts à éliminer la totalité du
genre humain…de la folie pure… *
(Extrait)

Pour ceux et celles qui n’ont pas lu le livre 1, la bonne nouvelle est que le livre deux se lit très bien indépendamment. L’essentiel est de savoir que, vu la montée du terrorisme à l’échelle mondiale, des américains prendront une initiative très particulière mais hautement efficace. Entre autres, des agents de la CIA, John Clarke et Domingo Chavez se joindront à Alistair Stanley pour former une unité antiterroriste internationale baptisée RAINBOW, basée au Royaume-Uni et mise à la disposition de l’OTAN même si elle est entièrement financée et commandée par les États-Unis.

Voilà pour la création de RAINBOW. Le livre deux est basé sur un complot écologiste et développe le thème des savants fous et des dérives scientifiques. Je dois dire que la corde est sensible parce qu’au moment d’écrire mon article, la pandémie COVID 19 fait rage depuis un an sur l’ensemble de la planète. Maintenant voyons le résumé et vous allez comprendre ma petite gêne.

À l’approche des jeux olympiques en Australie, les attentats terroristes se multiplient et on signale de mystérieuses disparitions pendant qu’un puissant consortium pharmaceutique bâtit un centre de recherches ultra-secret au Kansas. Le FBI ne tarde pas à faire des liens et met au jour une menace biologique qui atteint la terre entière, ourdie par des écologistes extrémistes obsédés, tordus, dirigés par un milliardaire qui s’est adjoint des scientifiques sans scrupules dans le but de créer une saloperie qui éliminerait l’humanité et ainsi sauver la nature.

Relisez bien le synopsis. Quel serait selon vous le meilleur endroit pour lâcher un virus qui tuerait tout le monde en moins de deux semaines? Mais la grande pharmacie arrive en héros avec un vaccin, en fait, deux vaccins. Un pour les élus, l’autre pour les condamnés. C’est fou mais intrigant. Il semble que ce livre vieillissant se soit remis au goût du jour en s’ajustant à l’actualité.

Évidemment, le livre met en garde contre les déviations scientifiques, l’insuffisance de rigueur et appelle à l’intensification d’une conscience, d’une éthique. En dehors de ce fait, beaucoup de passages m’ont paru invraisemblables, peu crédibles et exagérément spectaculaires. Puisque je suis dans les irritants, il y a de la redondance dans les explications techniques qui sont déjà parfois lourdes comme ça arrive souvent dans les livres de Clancy. Ça se répète.

Enfin, le livre suit une tendance littéraire bien américaine qui, heureusement, semble vouloir s’atténuer : il glorifie les américains dans une logique de bons et de méchants. Les américains sont évidemment les bons, les gardiens de la vérité, les policiers du monde. Ça m’énerve à un point… Dans les points forts…l’histoire ne manque pas d’action. L’intrigue est bien développée et tient en haleine. Le sujet du livre a un côté terrifiant qui garde le lecteur et la lectrice dans le coup.

C’est un roman fort, techno-thriller, sensiblement dépoussiéré par la situation dans le monde. Intéressant…

Suggestion de lecture : LE VENGEUR, de Frederick Forsythe

Thomas Leo Clancy Jr., dit Tom Clancy, né le 12 avril 1947 à Baltimore (Maryland), où il meurt le 1er octobre 2013, est un romancier américain. Ses romans d’espionnage, du genre techno-thriller ou thriller politique, sont technologiquement très documentés et tournent autour du milieu du renseignement américain, plus précisément la CIA — à l’exception de TEMPÊTE ROUGE — sur fond de guerre froide ou de terrorisme. Certains de ses romans connaissent des adaptations au cinéma, notamment À la poursuite d’Octobre rouge ou La Somme de toutes les peurs. Au moment d’écrire cet article, RAINBOW 6 était en projet d’adaptation au cinéma pour 2022.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 7 décembre 2024

Faux amis

Commentaire sur le livre de
LINWOOD BARCLAY

L’inspecteur Duckworth aurait voulu que les crimes soient mieux répartis dans le temps. Il n’avait vraiment pas besoin d’une explosion dans le drive-in là, tout de suite. Quitte à faire sauter le Constellation, pourquoi ne pas l’avoir fait au mois de mars? Ou remettre ça à l’automne? Pourquoi les méchants du nord de l’état de New-York ne le consultaient pas avant de passer à l’acte?

<Extrait : FAUX AMIS, Linwood Barclay, J’ai lu éditeur 2020, 544 pages. Version audio chez Audible studios éditeur, 2018, durée d’écoute 12 heures 17 minutes. Narrateur : Arnaud Romain.

Le mystérieux 23

Dans une petite ville appelée Promise Falls et située au milieu de nulle part, une série d’évènements secoue la communauté : l’écran géant d’un ciné-parc explose, faisant quatre morts. C’est l’évènement avec lequel Barclay démarre son roman sur des chapeaux de roues.

L’inspecteur Duckworth enquête mais ses recherches mettent au jour quantité d’autres évènements : des mises en scène macabres comme 23 écureuils morts fixés sur un grillage à la vue de tous.

Est-ce un hasard si l’explosion du drive in a eu lieu à 23 heures 23 ou encore que l’autobus numéro 23 en feu descende une rue…sans conducteur…au cœur de l’histoire, des mystérieux DVD qui sont activement, voire désespérément recherchés parce qu’ils contiennent les petits intermèdes très chauds d’un club d’échangistes. Enfin, les morts et les agressions s’accumulent.

Ce livre est un enchevêtrement compliqué d’intrigues multiples qui se recoupent ou s’imbriquent, ponctuées de quelques revirements et coups de théâtre. Je dois dire que c’est bien écrit, bien imaginé et bien développé, un peu dur à suivre à cause d’une grande quantité de personnages dont les motivations ne sont pas toujours claires.

Ceux qui connaissent bien Linwood Barclay ne seront pas surpris d’apprendre que FAUX AMIS contient beaucoup d’allusions à d’autres livres du même auteur : évènements, personnages, enquêtes, contextes, etc. C’est une habitude qui m’a toujours énervé. Un casse-tête de plus pour ceux et celles qui découvrirons Barclay avec ce livre.  Même si je n’ai pas été emballé par ce livre, de façon générale, je crois qu’il plaira aux amateurs de suspense, d’intrigues et de thriller. La plume est forte, le rythme est élevé. L’ensemble manque d’originalité mais l’évènement de départ ne laisse pas indifférent.

Deux éléments m’ont plus particulièrement déçu dans la lecture de ce livre. La finale n’est pas aboutie. Je n’ai pas eu toutes les réponses à mes questionnements. Je suis resté comme sur ma faim. Même si ce livre devient le point de départ d’une série comme je crois l’avoir compris, j’aurais souhaité un meilleur éclairage sur les motivations et les mobiles. Enfin, il y a le déroulement de l’enquête comme telle.

Le livre m’a tellement donné l’impression d’une chronique sur les magouilles que l’enquête semble avoir été négligée, laissant un peu dans l’ombre le pauvre inspecteur Duckworth qui est à peu près le seul personnage que j’ai trouvé intéressant.

Je ne regrette pas ma lecture, mais je crois que je vais l’oublier et que pour moi, la série s’arrête là.

Suggestion de lecture, du même auteur : NE LA QUITTE PAS DES YEUX


L’auteur Linwood Barclay

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Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 1er décembre 2024

MINDJACK, tome 1

ESPRITS LIBRES

Commentaire sur le livre de
SUZAN KAYE QUINN

*-Je ne peux te rendre tes souvenirs parce que ce n’est pas moi qui les ai supprimés.
Mais je peux te montrer ce qui est arrivé. Si tu veux.
-Il faudra que tu entres dans ma tête, c’est çà ?
-Oui. Si tu ne veux pas que je le fasse, c’est bon, ne t’en fais pas.
-Non. C’est d’accord. Je veux savoir. *

(Extrait : ESPRITS LIBRES : MINDJACK, t1, Suzan Kaye Quinn, MxM Bookmark éditeur, 2018 format numérique, 380 pages)

Quand on dans l’esprit des autres, il devient dangereux de garder un secret.  A seize ans, Kira Moore n’est qu’une Zéro, quelqu’un qui ne peut lire dans les pensées des autres, et dont les autres ne peuvent pas lire les pensées non plus. Les gens comme elle sont des parias, ce qui ne lui laisse aucune chance d’avenir avec Raf, le meilleur ami télépathe dont elle est amoureuse en secret.  Mais lorsqu’elle prend le contrôle de l’esprit de Raf par accident et manque de le tuer, Kira tente de cacher ce nouveau pouvoir qui l’effraie à sa famille, ainsi qu’à Raf lui-même, dont la méfiance grandit chaque jour un peu plus.

Mais les mensonges ne font que se resserrer autour d’elle, l’entraînant au plus profond du monde caché des mindjackers, où prendre le contrôle des gens qu’elle aime n’est que le début de la longue liste des choix mortels qui l’attendent.

Une bactérie pour l’esprit
*Il avait fallu un évènement inconsidéré de la part de Raf,
comme sa tentative de m’embrasser, pour déclencher
cette catastrophe cérébrale. Une journée normale au
lycée ne devrait pas être si dangereuse que ça. À moins
que…Le tremblement de mes mains n’était pas, mais
alors là pas du tout rassurant. *
(Extrait)

Mindjack a été pour moi une intéressante trouvaille littéraire, originale et rafraîchissante. Essayons d’abord de résumer l’histoire. Suite à la contamination des eaux potables de la terre par des cocktails médicamenteux qui se sont répandus très rapidement, l’évolution des humains est altérée. Ils deviennent télépathes…à un point tel que la télépathie est devenue la norme pour communiquer.

Mais dans le processus, il y a des étapes et bien sûr des exceptions : il y a d’abord les zéros, trop jeunes pour prendre conscience de leur pouvoir. Quand ça arrive, ils deviennent des changelins, donc en voie de devenir télépathe. À cette règle, l’exception est considérée dans cette histoire comme un danger potentiel pour la société : il s’agit du jackeur, c’est-à-dire que sans être télépathe, le jackeur peut lire la pensée d’un autre, l’influencer, la modifier, et lui donner des ordres. Le jackeur peut même percevoir l’odeur de la pensée. C’est le petit côté du récit tiré par les cheveux.

L’histoire est celle d’une ado : Kira Moore, d’abord une zéro puis se découvre un talent particulier pour exercer une influence mentale sur les autres. Un copain de classe, Simon l’aide à développer ce don…don qui deviendra puissant, dérangeant…nuisible. Elle sera traquée, envoyé dans un camp spécial pour jackeurs appelés à faire l’objet d’expériences. Kira aura des choix déchirants à faire.

Ce qui m’a surpris vraiment dans ce livre, c’est que l’auteur a réussi à apparenter de façon crédible l’esprit humain au langage informatique. Les esprits entrent en symbiose pour ne pas dire qu’ils sont réseau. Difficile de garder un secret dans ces conditions. Ce livre est plein de trouvailles et on y trouve aussi beaucoup d’idées saugrenues :

*-Donne-moi ton téléphone…il y a une interface mentale dedans, tu jacques dedans et tu me programmes ton numéro…je levai un sourcil, étonnée ; je pouvais donc jacquer les interfaces psychiques ? * (Extrait)

Avec une interface mentale, un jacqueur pouvait faire n’importe quoi…débrancher un système d’alarme, démarrer une auto à distance. D’après-vous, est-ce qu’un jacqueur peut tuer? J’ai trouvé extraordinaire l’imagination déployée dans cette histoire qui a suscité en moi beaucoup de questionnements. Principalement, qu’est-ce que je ferais avec un pouvoir pareil ? La vie ne doit-elle pas être ennuyante quand on ne communique que par télépathie, sans son, expression faciale.

Les incroyables possibilités engendrées par le don de mindjacking classent le volume au rang du fantastique. Le thème n’a pas dû être facile à développer. L’auteur a travaillé fort pour maintenir une cohérence, une crédibilité, sans nuire à l’intrigue.

Le côté romanesque est un peu sous-développé mais ce n’est que le premier livre de la trilogie. J’ai trouvé Kira attachante et la suivre à la trace m’a procuré toute une gamme d’émotions. J’ai fait plus que lire je pense bien…j’ai englouti.

Suggestion de lecture : L’INSTITUT, de Stephen King

Susan Kaye Quinn est une spécialiste des fusées devenue auteure de fiction spéculative qui utilise maintenant son doctorat pour inventer des trucs sympas dans les livres. Elle écrit de la science-fiction pour jeunes adultes, avec des voyages parallèles dans le futur noir adulte et la douce romance royale. Ses romans et nouvelles à succès ont été sélectionnés pour la réalité virtuelle, traduits en allemand et présentés dans plusieurs anthologies. Maintenant qu’elle écrit des romans, sa carte de visite dit « Auteure et scientifique de fusée », mais elle passe le plus clair de son temps à inventer ses histoires et caresser ses chats. 

La suite

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 30 novembre 2024

QUI DOIT MOURIR ?

Commentaire sur le livre de
DIANA URBAN

<La cloche me tomba presque des mains lorsque Sasha et Priya poussèrent un cri. Ma poitrine se comprima tandis que tout le monde regardait ce qui était posé sur le plateau, bouche bée… Une seringue… >

Extrait : QUI DOIT MOURIR, Diana Urban, Albin Michel Jeunesse, 2020, édition de papier, 480 pages. Version audio : Audible studios éditeur, 2020, durée d’écoute 9 heures 57 minutes. Narrateur : Hervé Carrasco.

On dirait le début d’une blague… La star du lycée, le super athlète, le meilleur élève, l’accro aux joints et le solitaire se retrouvent dans la même pièce. Ils ont été sélectionnés pour un dîner exclusif. Pour quoi ? Par qui ? La farce tourne au vinaigre. Au centre de la pièce se trouvent une bombe à retardement, une seringue de poison et le message suivant : vous avez une heure pour tuer l’un d’entre vous. Sans cela, vous périrez tous, dans cette pièce.

Pourquoi eux ? Qui les a piégés ? Alors que chacun cherche dans son passé ce qui le lie aux autres, l’évidence se dessine : ils cachent tous un secret… Un secret dangereux ? fatal ? Chacun tente de sauver
sa peau, mais la question reste. Qui doit-on sacrifier ?

MACABRE HUIS CLOS

QUI DOIT MOURIR est un huis clos noir, très addictif, bien construit et qui en dit long sur notre méconnaissance de la nature humaine. Mais voyons d’abord la trame. Sur convocation de la mairie, six personnes, des lycéens, se rendent à l’endroit indiqué en vue de l’attribution d’une bourse. Une fois dans la pièce prévue à cet effet, tout se referme derrière eux. Les voilà enfermés.

Au départ, cet emprisonnement a toutes les apparences d’une blague, mais les jeunes déchantent vite lorsqu’ils constatent la présence dans la pièce d’une bombe à retardement, 60 minutes pour être précis, d’une seringue contenant un poison mortel, la toxine botulique et d’un message court et glacial : <une personne parmi vous doit mourir>

Pour bien saisir l’ampleur du drame humain qui va se dévoiler jusqu’à un inimaginable gâchis à faire grincer des dents, il faut saisir la psychologie complexe des personnages qui est graduellement dévoilée grâce à des -chapitres flash-backs- qui alternent avec les chapitres se concentrant sur les évènements tragiques qui se déroulent dans la pièce close.

Voici un aperçu des personnages : Amber est la narratrice. C’est une musicienne à l’ambition modérée. Diego est l’intellectuel du groupe, dans le genre un peu effacé. Scott est le rebelle, dealer. Robbie est un sportif, garçon énergique. Priya est une fille plutôt solitaire et enfin il y a Sasha, égocentrique jusqu’au nombrilisme, narcissique et une habile manipulatrice. Pendant une heure, les secrets de chaque personnage vont s’imbriquer dans cette tragédie anxiogène et intrigante.

C’est un récit qui est venu me chercher rapidement à cause de la justesse de la description des évènements en vase clos car le caractère dramatique de leur situation poussera les jeunes à toutes sortes de bassesses à commencer par la nécessité ressentie de déterminer rapidement qui doit mourir, qui sera sacrifié. Dans un tel moment, on ne peut plus vraiment cacher sa vraie nature. Comprendre ce qui se passe est aussi un beau défi pour le lecteur : complot, canular, vengeance, blague, expérience ?

Dans son livre, Diana Urban redéfinit la méchanceté. Les personnages manquent de profondeur mais ce n’est pas un critère forcément recherché par les ados. Les sous-thèmes sont efficacement développés et suscitent une saine réflexion : harcèlement, manipulation et suicide des ados principalement. La finale est une longue justification, un peu ampoulée mais la tension dramatique et la surprenante découverte de la véritable nature d’un des personnages créent un filet qui saisit les lecteurs.

QUI DOIT MOURIR ?  Est un roman fort et dérangeant qui accroche et questionne.

En fait, si vous êtes comme moi, vous vous poserez sans doute la question qu’on aimerait mieux, au fond, éviter, à savoir : qu’est-ce que je ferais à leur place. Je crois que mes souliers seraient très, très petits. Je recommande donc ce roman. Il décoiffe…pas de doute.

Brièvement, un mot sur la version audio. Je ne l’ai pas aimée. Le narrateur n’a pas réussi à transmettre les émotions générées par l’histoire. Il narre presque comme si c’était un conte. Et puis dans l’histoire, c’est Amber qui fait la narration. C’est une fille. Pourquoi a-t-on choisi un homme pour la version audio. Mauvais choix à mon avis.


L’auteure DIANA URBAN


BONNE LECTURE
BONE ÉCOUTE
Le vendredi 29 novembre 2024