HANTISE : LA MAISON HANTÉE, Shirley Jackson

<Voyons se dit-elle, voyons. Ce n’est qu’un bruit, et
un froid terrible, terriblement, affreusement froid.
C’est un bruit au fond du couloir, à l’autre
extrémité. Près de la porte de la nursery, et un
froid terrible. Ce n’est pas ma mère qui frappe le mur.>
(Extrait : HANTISE : LA MAISON HANTÉE, Shirley
Jackson, Éditions Presses Pocket, collection Terreur,
1999, édition numérique, 180 pages.)

Le docteur Montague, intéressé par les phénomènes parapsychologiques, décide de passer un été dans une maison réputée hantée appelée HILL HOUSE. Il est accompagné de l’héritier de la maison, et deux femmes qu’il a choisies pour leurs dons paranormaux : Ils se rendent compte que les rumeurs sont justes : la maison abrite quelque chose ou quelqu’un…quelqu’un qui ne veut pas se taire. HILL HOUSE est une maison de 80 ans construite par Hugh Crain qui avait des goûts architecturaux très particuliers. La plupart des maisons ont une bonne nature. Certaines sont mauvaises…

UNE BICOQUE BELLIQUEUSE
Un tout petit rire ténu leur parvint, apporté
dans la chambre comme par un courant d’air
un minuscule ricanement teinté de folie, le
plus faible des chuchotements de rire.
(Extrait : HANTISE : LA MAISON HANTÉE)

Encore une maison hantée me direz-vous ? Vous avez raison, le sujet est très réchauffé mais on en a peut-être pas exploité toutes les facettes. Le livre qui nous intéresse aujourd’hui est un classique. Il a corrigé le tir dans certains cas et ouvert la voie dans d’autres cas. Donc comme dans tout classique, il y a des choses qui ne changent pas.

Par exemple, le gentil professeur qui réunit des sujets, autant que possible avec des talents médiumniques afin de vérifier et prouver ses théories : *Mais il comptait bien être récompensé de toutes ses peines par la sensation qui ne manquerait pas de saluer la publication de son ouvrage sur les causes et les effets des perturbations parapsychologiques dans une maison communément dite ‘hantée’.* (Extrait)

C’est l’adaptation du livre à l’écran qui m’a donné l’idée d’entreprendre la lecture du livre. Les deux versions m’ont fait réaliser qu’en général, les auteurs, et surtout les réalisateurs se dépêchent de passer à la violence, l’agressivité, les effets visuels spectaculaires. Dans notre livre du jour, Shirley Jackson installe l’horreur tout doucement, graduellement, donnant une place à l’expression corporelle, au non-dit.

Elle explore avec une lenteur étudiée non seulement la psychologie des personnages, Nellie en particulier, mais aussi à la psychologie de la maison : HILL HOUSE qui…*C’était une maison sans gentillesse, qui n’était pas destinée à être habitée. Il n’y avait pas en elle la moindre place pour l’homme, ni pour l’amour, ni pour l’espoir* (Extrait)

Le but de l’auteur n’était pas de faire éclater des têtes ou de faire pourrir la chair mais d’installer graduellement une peur qui devient une terreur qui va crescendo. C’est ainsi que le ton s’intensifie et la maison devient alors pire que ce que l’on croyait : *Un réservoir de méchanceté contenue* (Extrait) Il y a une espèce de jeu dans lequel l’auteur tente d’entraîner le lecteur.

Si le livre a pu me donner l’impression que j’étais un cobaye dans cette étude, c’est je crois parce qu’il a trouvé le ton juste. Ce livre a quelque chose d’hypnotisant. Ses personnages ont été bien développés. En particulier celui de Léonore (NELLIE) dont l’exaltation est un facteur de stress non négligeable. Et encore plus fort : l’énigmatique madame Dudley qui semble la seule à savoir ce qui se passe.

J’ai toutefois trouvé plutôt ordinaire de voir se pointer dans le cours de l’histoire un personnage qui s’insère mal : madame Montague en personne. Une sorte de miss-je-sais-tout qui porte sur les nerfs et accompagné de son sous-fifre : Quant à l’inclusion de ce  personnage dans l’histoire, je ne suis pas sûr d’avoir bien compris le choix de l’auteur.

Pour toutes les raisons expliquées plus haut, je considère ce livre de Shirley Jackson comme un chef d’œuvre. Ce livre a été plus qu’une addiction pour moi, je suis carrément devenu acteur du drame qui se joue entre les murs de HILL HOUSE. C’est un livre d’horreur écrit avec une grande intelligence et beaucoup d’imagination afin de garder le lecteur alerte.

Le talent de Jackson force l’admiration car même lorsque la maison est calme et ses occupants en repos, la grande HILL HOUSE demeure inquiétante. Il y a très peu de coups de théâtre. La force du livre est sa capacité de jouer sur le ressenti et l’atmosphère avec une lenteur calculée et voulue.

Quant à savoir si on doit lire le livre avant de voir le film. Moi, c’est ce que je recommande. Le livre est plus prenant, assorti d’un rythme efficace. J’ajoute que le livre exploite vraiment bien le personnage de madame Dudley, personnage beaucoup plus discret dans le film. C’est donc un bon livre à lire à la lueur d’une chandelle, juste pour le plaisir et vous laissez la porte de votre penderie ouverte. Qui sait si elle ne va pas se fermer toute seule…

Suggestion de lecture : CRÉATURE, de John Saul

Shirley Jackson est une romancière américaine née à North Bennington, Vermont. C’est une spécialiste du récit fantastique et dhorreur. Elle a écrit entre autres NOUS AVONS TOUJOURS VÉCU AU CHÂTEAU, considéré comme un chef d’œuvre. Son livre LA MAISON HANTÉE est tenu par Stephen King pour lun des meilleurs romans fantastiques du XXe siècle. En 1948 paraît THE ROAD THROUGHT THE WALL, un premier roman dhorreur, suivi dune série de nouvelles réunies plus tard dans le recueil LA LOTERIE ET AUTRES HISTOIRES. Sy déploient les qualités qui ont fait la notoriété de lauteur : une mise en situation ancrée dans un quotidien banal, le passé trouble des personnages, lentretien diabolique du doute sur les évènements surnaturels qui simposent peu à peu. (voir Polars pourpres)

LA MAISON HANTÉE AU CINÉMA

Je suis peut-être à contre-courant de plusieurs critiques mais je trouve l’adaptation du livre de Shirley Jackson au grand écran en 1999, très intéressante. Il s’agit donc du film réalisé par Jan De Bont.

Il est possible toutefois que j’ai un parti pris car la distribution de LA MAISON HANTÉE comprend deux de mes acteurs préférés : Liam Neeson dans le rôle du docteur David Marrow (Montague) et la magnifique Marian Seldes qui incarne l’énigmatique madame Dudley, un personnage tout à fait fascinant de la distribution du film et omniprésent dans le livre.


À gauche l’affiche du film, à droite, Liam Neeson incarne le docteur Marrow qui est en fait le docteur Montague dans le livre. Les deux ont les mêmes motivations.

Marian Seldes incarne madame Dudley qui tient dans une stressante routine verbale qui va au-delà du domaine domestique :

*Je ne reste pas, une fois que jai préparé le dînerje ne reste pas ici après la tombée de la nuit. Je men vais avant quil ne commence à faire noirce qui veut dire quil ny aura personne dans les environs si vous avez besoin daidenous ne pourrions pas vous entendre, pendant la nuitpersonne ne pourrait vous entendrependant la nuitdit madame Dudley avec un large sourire.*

Cette dame a quelque chose de glaçant, terrifiant. Je suis peut-être naïf mais selon moi, elle est le personnage le plus énigmatique du moins si je me limite à l’aspect littéraire.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le jeudi 6 février 2020

LES CLOCHES DE L’ENFER, de JOHN CONNOLLY

*Longtemps Mme Abernathy avait partagé
le désir de son maître de voir la terre
transformée en une autre version de
l’enfer, mais quelque chose avait changé.*
(Extrait : LES CLOCHES DE L’ENFER, John Connoly,
T.F. Éditions l’archipel, 2012, papier, 340 pages)

À 11 ans, Samuel Johnson déjoue les plans machiavéliques de l’horrible Ba’al, un démon qui prépare l’invasion de la terre et l’avènement de son maître : le mal Suprême. Deux ans plus tard, Ba’al n’a toujours pas digéré son échec quand arrive enfin l’heure de la revanche. Et c’est ainsi que Samuel et son chien Boswell se retrouvent propulsés en enfer… Ba’al n’en fera qu’une bouchée ! Promis, juré.

Mais il oublie un peu vite les ressources insoupçonnées de Samuel et de ses compagnons d’infortune : quatre nains énervés, deux agents de police tatillons et un marchand de glaces. Et puis Samuel pourra aussi compter sur le soutien d’une vieille connaissance : Nouilh, petit démon aussi gaffeur que poltron. Qui donc, à la fin, se fera sonner les cloches ?

ENFER HORS-SENTIER
*Dans le chaos et le fracas qui avaient suivi l’échec de
l’invasion, personne n’avait remarqué que deux
phacochères nommés Shan et Gath avaient disparu,
et qu’il y avait donc deux paires de bras en moins
pour jeter des pelletées de charbon dans les grands
brasiers de l’enfer.*
(Extrait : LES CLOCHES DE L’ENFER)

LES CLOCHES DE L’ENFER est un livre aussi étrange que fascinant. Le titre ne prend sa véritable signification que vers la fin du récit. Ce livre est la deuxième partie de la saga de Samuel Johnson. N’ayant pas trouvé la première partie (LES PORTES), je me suis rabattu sur la deuxième qui peut se lire indépendamment. Je précise aussi que l’auteur fait un retour sur le premier volet donc le confort avec l’histoire s’installe rapidement.

Voyons rapidement l’histoire. Deux ans après avoir déjoué les plans diaboliques de Ba’al, incarné dans le récit par l’horrible madame Abernathy, Samuel et son chien Boswell sont subitement propulsés en enfer par Abernathy, fort désireuse de finaliser son plan de vengeance afin de se réconcilier avec le Mal Suprême.

Mais Samuel a des ressources et des amis aussi : quatre nains énervés, deux agents de police, un marchand de glace et Nouilh, un petit démon maladroit mais très sympathique. Il est évident que tôt ou tard, quelqu’un quelque part va se faire sonner les cloches.

C’est un livre très original et comme je le précise au début, il est un peu étrange, mettant en scène des personnages disparates dans un univers peuplé de créatures bizarres et où règne le mal évidemment avec le grande Maître du Mal et ses lieutenants dont Abigor et Abernathy.

Ce sont des noms qui évoquent la trahison, la soif de pouvoir et un ardent désir d’envahir la terre pour en faire une prolongation de l’enfer. Cet univers a été bien imaginé. Il y a un petit quelque chose de folklorique dans le récit. L’auteur étant Irlandais, il ne faut peut-être pas trop s’en surprendre,

Ce n’est pas un livre qui va vous donner des cauchemars bien au contraire. Le sens de l’humour de Connolly est particulièrement aiguisé partout : le titrage, le texte et les renvois en bas de pages qui à eux seuls consacrent le caractère rafraîchissant de l’ouvrage :

*Pas même le travail des démons les plus nuls comme Dhïnhg-Dhônhg, le démon des gens qui sonnent à la porte quand on est sur le point de passer à table; Woüa, le démon des choses mortes qui flottent dans la soupe (et du proverbial cheveu dans la soupe)…Plouf, le démon des choses qui coulent quand il vaudrait mieux qu’elles remontent à la surface et grrrin’s’Äbl, le démon qui bloque les engrenages.* (Extrait)

Donc l’humour est omniprésent. À cela s’ajoute une plume fluide et très descriptive, beaucoup d’imagination, un fil conducteur efficace et le concept de l’enfer imaginé par l’auteur m’a agréablement surpris. L’enfer est au cœur de l’aventure mais Connolly y a laissé un petit message à l’effet qu’il y a toujours de l’espoir et même lorsqu’elle devient des plus improbable, la rédemption est toujours possible :

*…Il arrive même que le Bien naisse du Mal…Et le Mal, comme l’épisode du forgeron l’a démontré, contient toujours en lui-même la possibilité de sa propre rédemption.* (Extrait)

Côté faiblesse : le récit est bien structuré mais l’émotion manque à l’appel. La finale m’a semblé expédiée. Le récit accuse aussi quelques longueurs et le début est un peu lent. À part, peut-être Samuel, j’ai eu de la difficulté à m’attacher aux personnages. Mais en général l’originalité a le dernier mot avec l’humour omniprésent et souvent subtil de l’auteur.

Quant aux Cloches de l’enfer, je vous laisse découvrir ce qu’elles annoncent. Ce n’est vraiment pas un livre méchant bien au contraire. LES CLOCHES DE L’ENFER est un livre jeunesse mais les adultes y trouveront aussi de quoi se divertir.

Suggestion de lecture : LES NEUF CERCLES, de R.J. Ellory

John Connolly est un écrivain irlandais. Il est surtout connu pour sa série de romans mettant en vedette le détective privé Charlie Parker. Avant de devenir un romancier à temps plein, John Connolly travaille comme journaliste, barman, fonctionnaire du gouvernement local, serveur et coursier au grand magasin Harrods à Londres.

Il devient rapidement frustré par la profession, et commence à écrire « Every Dead Thing » (Tout ce qui meurt) pendant son temps libre qui obtient un Shamus Award. Le site officiel de John Connelly est en anglais mais j’ai beaucoup apprécié ma visite, en particulier l’imposante bibliographie du créateur de Charlie Parker. Allez voir.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 2 février 2020

LE PASSE-MONDES, livre de THIBAULT ROLLET

L’histoire de Mr.N
(Tome 1)

*Mais c’est qu’il serait sourd le monsieur ! Youhou,
par là,  non,  plus bas, et aveugle avec ça ! Sur la
table enfin ! Je restai coi. C’était le livre qui me
parlait. Deux yeux et une bouche étaient sortis de
la couverture. J’étais certain qu’ils n’y étaient pas
auparavant.*
(Extrait : LE PASSE-MONDES L’HISTOIRE DE Mr N. tome 1,
Thibault Rollet, Éditions du Petit Caveau, collection Sang
noir, 2014, papier et numérique, 200 pages pour le num.)

Neeyers est journaliste de son état. C’est un homme droit et intègre. Sa vie va basculer le jour où un étrange personnage lui rendra visite pour lui apprendre que le journalisme, c’est fini pour lui. À la place, il s’occuperait de guider les morts et de veiller sur eux. Passe-Mondes. C’est ainsi que je me nomme et ce sera votre patronyme désormais. Monsieur N. entreprendra ainsi une étrange formation et découvrira en même temps que le lecteur, un univers parsemé de légendes fantomatiques et vampiriques ainsi qu’une vision de la mort plutôt décalée et assez drôle…

DES MONDES QUI SE FRÔLENT
*Dan passa un coup de fil pour qu’un groupe
passe détruire les corps. On m’expliqua
qu’effectivement, chez les vampires,
l’enterrement n’était pas pratiqué.*
(Extrait LE PASSE-MONDES, L’HISTOIRE DE Mr N)

Un livre très intéressant. Une histoire originale : *Monsieur Neeyers, je vous nomme Passe-Mondes. Puissiez-vous accomplir votre travail avec perfection…* (extrait) N pour Neeyers.

Un journaliste qui fait son travail, qui a une vie ordinaire comme les autres mais qui va basculer complètement quand il reçoit la visite d’un étrange personnage qui dit s’appeler Passe-Mondes et dont le but est de guider les morts et d’exécuter les commandes des grands Maîtres : le Très-Haut et le Très-Bas.

Par la décision des Grands-Maîtres, Passe-Mondes dirige les morts vers les portes qui leurs sont destinées et qui se trouvent dans le Middleway…le chemin du milieu où habite Passe-Mondes. Il voit aussi à l’équilibre des destins, attribuant récompenses et punitions. Neeyers a été désigné pour remplacer Passe-Mondes. Pas le choix…très peu d’explications.

Une formation lui est imposée… : *Ainsi commença le récit le plus fou que l’on puisse raconter, à la fois le plus invraisemblable…et le plus plausible. Celui d’un être aux frontières de la vie et de la mort. L’histoire du Passe-Mondes…* (Extrait)

L’originalité du récit réside en partie dans les pouvoirs extraordinaires dont Neeyers hérite, et la façon dont il reçoit la commande des grands Maîtres : un parchemin qui apparaît dans la poche de son manteau tout simplement.

Un jour, Neeyers reçoit une commande très particulière qui le propulse dans le monde des vampires pour régler un conflit entre les différentes castes vampiriques dont une en particulier dirigée par l’incarnation de la cruauté : Prâal, un monstre qui à lui seul met en danger l’humanité entière.

Plusieurs éléments m’ont accroché dans ce récit m’entraînant graduellement vers l’addiction. Je ne citerai que les principaux : la vision de Thibault Rollet d’une vie après la mort et cette nonchalance avec laquelle les décisions sont rendues et appliquées, manque d’allure et d’ardeur. Notez que c’est plus drôle que dramatique parce que ça rappelle assez bien la bureaucratie du monde des vivants.

Autre élément original : les pouvoirs de Mr N., celui par exemple de faire apparaître un whisky dans ses mains…une boisson venue de nulle part et haut de gamme encore… l’humour qui se dégage de l’ensemble est un autre élément original : il est noir, mais il fait ressortir de l’œuvre, un petit quelque chose de réaliste, de plausible.

La principale faiblesse que je relève du récit tient dans le fait qu’on sait peu de choses sur Passe-Mondes avant son implication dans le conflit entre vampires et même avant de passer officiellement dans le middleway. J’aurais aimé suivre plus longtemps Mr N. dans son quotidien et savourer des anecdotes qui s’en dégagent.

Pas encore une histoire de vampire… Peut-être Thibault Rollet a-t-il prévu le coup car sa plume habile m’a aspiré dès les premiers moments dans une intrigue solide qui va crescendo jusqu’à une finale surprenante et forte…très forte.

Si vous vous considérez lassé des histoires de vampires, essayez PASSE-MONDES. Je pense que c’est une histoire qui sort de l’ordinaire et qui laisse à penser que tout n’a pas été dit sur les vampires. Je vous ai dit que la finale est forte.

Elle vous oblige presque à ne pas échapper à la suite : L’HISTOIRE DE Mr N. tome 2 LES TROIS GRANDS alors que le *Service après-Mort* impose à N. une surprenante mission… (eh oui, l’humour est toujours présent surtout si on considère le traitement d’une âme en peine comme un service après-vente)

Le livre a presque tout pour plaire. Il y a un peu d’émotion mais surtout de la magie, du surnaturel et une intrigue puissante. Un dernier mot, pas besoin d’être amateur de fantastique pour lire ce livre car il contient plusieurs avenues intéressantes.

Suggestion de lecture : PASSAGE, de Yanick St-Yves

Thibeault Rollet (1991-   ) est un musicien, professeur de guitare et écrivain français. C’est un passionné de fantastique. Ces univers extraordinaires ont marqué son adolescence : Edgar Allan Poe, Tim Burton et plusieurs autres. Aujourd’hui, cette influence transpire dans l’œuvre musicale de son groupe rock qui a pour nom Mr N. qui fait aussi l’objet de son roman. Rollet a créé tout un univers autour de ce personnage fétiche.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Le samedi 1er février 2020

Que s’est-il vraiment passé ? Collectif

Commentaire sur le Collectif de
SÉLECTION DU READER’S DIGEST

*Sainte-Beuve disait qu’il y a des façons
infinies d’écrire l’histoire. Il en est une qui
privilégie les épisodes mystérieux, sujets à
controverse; en même temps qu’elle pique
la curiosité, elle donne à penser. C’est celle
que nous proposons.*

(Extrait : introduction de QUE S’EST-IL VRAIMENT
PASSÉ ? Édition originale, SÉLECTION du Reader’s
Digest, Traduction Canadienne-Française, les
publications Modus Vivendi, 2014, réed. 2017.
Collectif, édition de papier, 350 pages)

Que s’est-il vraiment passé depuis la nuit des temps ? Les mystères et les drames entourant les évènements historiques et les personnages célèbres, ceux qui piquent la curiosité tout en donnant à réfléchir…Sélection du reader’s digest a réuni 116 énigmes appartenant à différents moments de l’humanité.

Des énigmes comme celles issues de la théorie du complot dont la mort de John F Kennedy, des mythes comme Robin des bois et le roi Arthur et les mystères actualisés par le nouveau millénaire comme la possibilité d’une vie sur d’autres planètes. Une impressionnante collection des mystères les plus intrigants de l’histoire.


À gauche en haut, « L’une des énigmes posées par le nazisme réside dans l’envoûtement qu’Hitler exerça sur les foules allemandes. » (Extrait : QUE S’EST-IL VRAIMENT PASSÉ)
À droite en haut, «L’identité de Jack L’éventreur a obsédé de nombreux détectives amateurs et professionnels, mais elle reste un mystère. » (Extrait) En bas, l’arche de Noé. Le déluge n’a jamais été prouvé hors de tout doute, mais les scientifiques continuent de rassembler des éléments qui tendent à démontrer qu’il a bel et bien eu lieu.

MYSTÈRES HISTORIQUES
À ces énigmes passionnantes, les avancées de
sciences comme l’astronomie, la paléontologie
et l’archéologie commencent à proposer des
réponses.
(Extrait : QUE S’EST-IL VRAIMENT PASSÉ?)

QUE S’EST-IL VRAIMENT PASSÉ ? réunit les grands mystères non élucidés de l’histoire de l’humanité. En tout, 116 énigmes qui défient l’imagination. L’ouvrage est présenté en sept parties qui sont autant de grandes époques historiques : l’Aube des temps, le Monde Antique, le Moyen-âge, l’Époque Moderne, le XXe siècle en deux parties et les Énigmes du IIIe millénaire.

Tout y passe, de la naissance de l’art à la recherche de la vie extra-terrestre en passant par l’assassinat de de John F Kennedy et le naufrage du Titanic. Le livre tente aussi de séparer les mythes de la réalité en parlant par exemple de Robin des bois, du Roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde et du suaire de Turin…

Le collectif comprend de nombreuses photos et illustrations, je ne les ai pas comptées mais il y en a plus de 400. Enfin, initiative que j’apprécie au plus haut point, le livre se termine par un index substantiel. L’ouvrage est d’une présentation magnifiquement soignée et publie de nombreuses photographies d’œuvres d’art pour appuyer le propos.

Évidemment, ce livre dit tout mais n’explique rien, c’est classique dans ce genre de livre. Mais le genre a évolué en même temps que la science et on trouve plusieurs pistes d’explications, des observations pertinentes ajustées aux connaissances actuelles, des hypothèses qui semblaient farfelues au XXe siècle mais qui sont revisitées de façon plus rigoureuse en ce IIIe millénaire. On y trouve aussi bien thèses, conjectures et postulats.

Le livre m’a fourni ce que j’en attendais : une collection de ce que l’histoire a de plus énigmatiques, des photos couleurs abondantes avec une magnifique mise à contribution de l’art pictural, des explications et analyses plausibles, ajustées à la science moderne.

Dès les premières pages, le collectif a piqué ma curiosité à cause, en particulier, des drames entourant les personnages célèbres. Il y a Kennedy bien sûr, mais si on remonte le temps jusqu’aux *superstars* de l’antiquité, j’ai réussi à en savoir plus sur Jules César, Cléopâtre, le roi Salomon, Marco Polo, Moïse et j’en passe.

Mon article préféré est celui consacré à la Tour de Babel car il vient nourrir une question que je me suis posée : D’où viennent les langues et dialectes ? Il doit bien avoir une explication qui transcende les aspects culturels et environnementaux. Pour faire une histoire courte, les descendants de Noé (Très nombreux et éparpillés sur la terre d’orient) qui ne parlent qu’une seule langue, décident de construire une tour tellement haute qu’elle toucherait le ciel.

Pour punir les hommes de leur orgueil, Dieu leur a fait perdre la possibilité de se comprendre en créant plusieurs langues et en les dispersant sur la terre. C’est finalement une forme de décadence qui serait à l’origine des langues. Il s’agit d’une explication essentiellement biblique. La science n’a pas encore de réponses Pour l’instant, ça reste une question de foi.

On ne peut pas vraiment critiquer un tel livre. C’est un long argumentaire en photos, en textes et en anecdotes. Moi j’ai aimé. C’est un ouvrage de collection qui sera sans doute dépassé dans quelques années mais j’y ai appris beaucoup de choses et j’ai compris que plus que jamais, l’homme cherche à comprendre, à percer les mystères emprisonnés dans l’histoire, pour mieux se connaître, tendre vers le savoir et prendre sa place dans l’univers.

C’est un bon livre. Il serait même le cadeau parfait pour l’insatiable curieux…

Suggestion de lecture : NON RECONNU, de Steven M. Greer

On ne peut pas vraiment parler d’une collection de mystères s’il n’est pas question de la catastrophe du Titanic.

Sélection du Reader’s digest est un magazine mensuel qui touche un peu à tout. Il est d’un petit format qui rappelle les livres de poches. Reader’s digest est aussi un club de livres comparables à Québec Loisirs et qui diffuse des succès d’éditeurs sous sa propre couverture et bien sûr des ouvrages conçus pour le club. Dans les deux cas on retrouve des ouvrages de références, des atlas, des guides, des enquêtes et des compilations.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 26 janvier 2020

HERGÉ FILS DE TINTIN, partie 2 de BENOÎT PEETERS

*Une information a circulé, dès le lendemain de
la mort de Hergé : il n’y aura plus de nouveaux Tintin.
À tel point que certains, croyant que tous les albums
allaient être retirés de la vente se sont précipités
chez les libraires pour compléter leur collection. Le
vrai message est plus simple…*
(Extrait : HERGÉ, FILS DE TINTIN voir partie 1 pour les
détails d’édition)

Les principaux personnages de la série TINTIN

Salutations amis lecteurs et lectrices. Aujourd’hui, je poursuis et complète mon article sur le livre de Benoît Peeters : HERGÉ, FILS DE TINTIN. D’abord, quelques mots sur l’auteur Benoît Peeters :
HERGÉ FILS DE TINTIN est une des nombreuses biographies de Georges Rémi dit Hergé. Je l’ai choisie parce que son auteur, Benoît Peeters est considéré comme une référence. Dans son livre, Benoît Peeters  explore la personnalité de l’homme et l’artiste dans toutes ses nuances, avec toutes ses contradictions et explique comment l’homme est devenu artiste en donnant naissance à une œuvre unique: LES AVENTURES DE TINTIN.

C’est une série qui a enchanté plusieurs générations de lecteurs partout dans le monde avec, outre le jeune reporter, des personnages colorés comme le capitaine Haddock, le professeur Tournesol, Dupont et Dupond, Nestor, Bianca Castafiore… Les péripéties de Tintin constituent une autobiographie indirectement car Hergé a placé en Tintin toutes ses espérances, ses rêves, ses souhaits, ses désirs.

Ce livre est comme une sorte de journal dans lequel on pourrait lire les événements qui ont marqué la vie de Hergé. C’est ce qui explique le titre qui donne à penser que c’est Tintin lui-même qui a enfanté son créateur. En ouvrant le livre, le lecteur entre dans les coulisses d’une personnalité en apparence insaisissable et qui s’est donné à son œuvre jusqu’à l’épuisement.

Benoît Peeters est né en 1956 à Paris. Écrivain, réalisateur et scénariste de bandes dessinées, Benoît Peeters est connu comme étant l’un des meilleurs spécialistes de Hergé. Il est aussi, avec François Schuiten l’auteur de la célèbre série LES CITÉS OBSCURES. Il a publié LIRE LA BANDE DESSINÉE en 2003.

Pour ce qui est de Tintin et surtout de son créateur, Peeters a écrit trois livres qui ont fait époque : Le Monde d’Hergé (Casterman, 1983), Hergé, fils de Tintin (Flammarion, enrichi et réédité en 2006) et Lire Tintin. Son exploration rigoureuse et profonde de l’univers de Tintin et d’Hergé fait de Benoît Peeters un véritable exégète, crédible et recherché.

 Je vous propose maintenant deux lectures parallèles issues de l’extraordinaire bibliographie annexée au livre de Benoît Peeters. Le premier concerne mon personnage préféré après Tintin : le capitaine Haddock, fier marin au caractère très trempé, grand amateur de whisky et aussi réputé pour sa capacité à proférer des jurons et des insultes dans de surprenantes envolées…

Nul autre que l’auteur lui-même n’est mieux placé pour décrire ce petit livre consacré à un personnage extraordinaire : LE CAPITAINE HADDOCK.
Le Haddock illustré est un instrument culturel présentant explications historiques et étymologiques, modifications de sens, archaïsmes, régionalismes et haddockismes. Insultes, injures, jurons : pour la première fois, tout l’arsenal des “mots” du Capitaine est présenté et analysé avec autant de sérieux que d’humour.

« Puisse le lecteur trouver ici de quoi insulter ses contemporains en s’instruisant. Qu’élargissant à son tour les limites de la langue, il fasse preuve de la féroce fantaisie du Capitaine. »
Albert Algoud

Nestor nous fait part, grâce à Serge Provencher, de sa vision de la vie à Moulinsart et en révèle certains détails méconnus. Un portrait très attachant de ce discret personnage.  Les mémoires de Nestor, Récit – Serge Provencher. Livre de 1991, édité par Le Jour / Vlb éditeur, 203 pages. Nestor y dévoile tantôt les dessous d’un album, tantôt un secret bien gardé, mais, surtout, des détails sur son quotidien. Il nous réserve également un certain nombre de belles surprises.

TINTIN AU CINÉMA

TINTIN ET LE MYSTÈRE DE LA TOISON D’OR est un film d’aventures franco-belge réalisé par Jean-Jacques Vierne et sorti en 1961. C’est le premier film inspiré des aventures de Tintin de l’auteur-dessinateur HERGÉ. Il s’appuie sur un scénario original et des acteurs réels.

Jean-Pierre Talbot Tintin par Julius Anudasson

En haut à gauche, l’affiche du film TINTIN ET LES ORANGES BLEUES, un film d’aventures franco-espagnol réalisé par Philippe Condroyer et sorti en 1964. En haut à droite, image extraite du film d’animation LE SECRET DE LA LICORNE, production américano-néo-zélandaise en capture de mouvement 3D réalisé par Steven Spielberg et produit par Peter Jackson. Le film est sorti en 2011. En bas, une mosaïque de photos de JEAN-PIERRE TALBOT réalisée par Julius Anudasson.

Durant son adolescence, alors qu’il est moniteur de sport sur une plage d’Ostende, Jean-Pierre Talbot est remarqué par Jacques Van Melkebeke pour sa ressemblance physique avec Tintin. On le présente à Hergé avec qui il sympathise immédiatement. En 2008, Jean-Pierre Talbot publie son autobiographie, revenant sur sa brève incursion dans le milieu du cinéma :

J’étais Tintin au cinéma.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 19 janvier 2020

HERGÉ FILS DE TINTIN, partie 1, de BENOÎT PEETERS

*«Tintin, c’était moi, avec tout ce qu’il y a
en moi de besoin d’héroïsme, de courage,
de droiture, de malice et de débrouillardise…»*

Hergé (Extrait: HERGÉ FILS DE TINTIN,
Benoît Peeters, Éditions Flammarion, 2006,
collection Champs essais, édition de papier,
540 pages pour l’édition numérique)

L’ART DU DESSIN
ET LA SCIENCE DE LA NARRATION
<«Au fil des ans, je n’ai cessé de retrouver
Hergé : j’ai lu des dizaines de livres et de
manuscrits à son propos, préfacé de
nombreux volumes…mon regard sur Hergé
avait changé : son travail continuait de me
parler, mais chaque fois différemment.
Benoît Peeters.>
(HERGÉ FILS DE TINTIN. Extrait de l’introduction)

Dans cette première partie d’un dossier consacré à HERGÉ, FILS DE TINTIN, je me limiterai à vous communiquer mon commentaire et mes sentiments sur ce livre fascinant…personnellement, je le considère fascinant d’une part parce qu’il y est question de deux de mes meilleurs amis d’enfance : Tintin et Milou et d’autre part parce qu’il s’agit d’une des meilleures biographies d’un personnage adulé par ses pairs et par des millions de jeunes lecteurs et lectrices qui connaissent Georges Rémi sous le nom de HERGÉ.

D’abord, dès les premières lignes de l’ouvrage, l’éditeur, Flammarion, nous donne une précieuse indication sur la façon dont on doit aborder le livre : *…dans ce singulier roman de formation, c’est surtout le personnage qui a construit son auteur. Le jeune employé du quotidien LE VINGTIÈME SIÈCLE était parti de bien peu de chose. Album après album, Tintin a fait l’éducation de Hergé, le conduisant vers des horizons inimaginables. * (Extrait)

Cette belle histoire commence en 1929 avec une idée qui débouche sur la naissance de Tintin. Au début, des revues et des magazines jusqu’en 1930 où parait le premier album officiel : TINTIN AU PAYS DES SOVIETS et suivront 22 albums canoniques, de TINTIN AU CONGO jusqu’à TINTIN ET LES PICAROS. Il faut mentionner aussi qu’entre les albums de Tintin, Hergé développait d’autres séries qui allaient faire la joie des jeunes lecteurs et lectrices : Quick et Flupke et les aventures de Jo, Zette et Jocko.

Du livre HERGÉ, FILS DE TINTIN en général, j’ai apprécié le caractère exhaustif. J’ai tout appris : chaque album a son histoire et fait un pas de plus dans l’évolution de son auteur, on apprend aussi que la plupart des personnages ne sont pas là par hasard. Ils ont été inspirés par la réalité, même les Dupond-Dupont. Par exemple, une des premières amies de Hergé s’appelait Marie-Louise Van Cutsem. Son surnom était …Milou! Vous devinez la suite. J’ai aussi appris que, malgré tout le respect qu’on lui vouait, Hergé était souvent critiqué. 

En fait, plusieurs attribuaient à certains albums un caractère politique qui passe évidemment tout droit aux yeux des enfants. J’ai aussi appris que Hergé était un homme fragile à l’esprit tourmenté, devenu un peu dépressif suite au fameux retour d’âge de la  quarantaine. Les relations avec ses pairs étaient souvent houleuses, d’autant que Hergé était perfectionniste jusqu’à l’obsession.

Une chose m’est apparue évidente : outre l’altruisme et l’empathie qui caractérisent Tintin, c’est le caractère propre insufflé au personnage qui forcera son créateur à grandir et évoluer, sans compter l’interaction du héros avec ses amis dont le capitaine Haddock qui est mon préféré…Mille sabords qu’il m’a fait rire celui-là!

Peeters a passé en revue chaque étape de la vie de Hergé, a interrogé de nombreux témoins, lu une impressionnante correspondance et appuyé sur le concept historique de chaque album et l’influence de la deuxième guerre mondiale. C’est fouillé, c’est approfondi, documenté et complété par une impressionnante bibliographie.

Suggestion de lecture: GEORGE LUCAS UNE VIE, de Brian Jay Jones

Je suis devenu *tintinophile* dès le premier album. Je ne me souciais sûrement pas des côtés sombres de son auteur et de ses États d’âme. Quand j’ai terminé ce livre remarquable de Peeters, je me sentais un peu bizarre. J’ai vite compris pourquoi. Lire ce livre comporte un danger, celui de briser la magie. J’ai connu le monde magnifique de Tintin et de ses amis, maintenant je connais l’essence floue et compliquée de son auteur. On finit par passer par-dessus cette faiblesse. Je vous recommande ce livre sans hésiter.

Dans un deuxième volet consacré à HERGÉ, FILS DE TINTIN, je vous proposerai, à la prochaine publication,  une courte biographie de Hergé, deux lectures parallèles issues de l’extraordinaire bibliographie sur le célèbre auteur-dessinateur dont une sur les célèbres jurons du capitaine Haddock et je complèterai en parlant brièvement de la présence de Tintin au cinéma.


BONNE LECTURE

CLAUDE LAMBERT

Le samedi 18 janvier 2020