LA COURSE AUX ÉTOILES, de JAMES MICHENER

Si on se rappelait les interminables délais lors des premiers
Vols, la déception et le découragement des hommes bouclés
Dans leur capsule au sommet d’une gigantesque fusée pendant
Des heures d’affilée et les ajournements de départ répétés, les
Chances de faire décoller cette fusée-là dans un intervalle de
Deux secondes, paraissaient bien minces.
(extrait de LA COURSE AUX ÉTOILES de
James Michener, Libre Expression, 1984)

C’est une longue et belle histoire qui commence vers la fin de la 2e grande guerre par l’enlèvement de plus d’une centaine de savants allemands (voués à une mort certaine) et leur installation clandestine aux États-Unis. Cet extraordinaire sauvetage tissera la toile du projet le plus complexe et le plus coûteux de l’histoire humaine : le programme spatial américain.

Cette fabuleuse histoire nous est racontée par James Michener à travers le destin de huit personnes : quatre hommes et quatre femmes qui, malgré les lourds débats politiques, scientifiques et financiers qui agiteront ce projet grandiose, entreront dans la légende en plaçant toute l’humanité témoin privilégié de la conquête de l’espace, des vols historiques de Gemini et Apollo jusqu’aux premiers pas de l’homme sur la lune.

LA COURSE AUX ÉTOILES est un roman historique qu’on doit aborder comme une chronique. L’auteur y passe en revue le quotidien de ses héros, réels et fictifs, sur une période de plus de 40 ans : leur vie sentimentale et professionnelle, leurs échecs, leurs victoires et leur participation à l’évolution politique et scientifique d’un pays appelé à devenir le plus puissant du monde.

Le lecteur est entraîné dans une suite d’évènements historiques de premier plan dont il devient le témoin : la deuxième guerre mondiale, la chasse aux *sorcières* communistes, la nécessité pour les américains de devancer les Russes dans la conquête de l’espace, l’avènement de la NASA.

Ajoutons le discours historique de Kennedy donnant un sens au programme spatial américain en lançant les USA dans la conquête de l’espace avec des objectifs précis et des moyens financiers colossaux, la création du programme GEMINI et l’avènement du programme spatial le plus coûteux de l’histoire : APOLLO. L’auteur a même imaginé ce qu’aurait pu être le destin d’Apollo 18.

LA COURSE AUX ÉTOILES est une petite brique de 750 pages qui se lit très bien. Les aspects scientifiques y sont assez bien vulgarisés (suffisamment pour ne pas décourager le lecteur), les aspects humains et politiques y sont bien développés et fidèles au contexte de l’époque avec entre autres un regard évolutif sur le rôle des femmes, l’émancipation des noirs et l’éternelle muraille qui sépare la science de la politique.

L’ouvrage est aussi un reflet assez fidèle d’une époque où on voyait des communistes partout.  C’est une grande saga sans prétention qui m’a accroché et qui a réveillé le petit garçon qui a toujours été en moi, celui qui, comme tant d’autres observaient les astres et rêvaient de les conquérir. C’est une belle page d’histoire que je recommande sans hésiter.

Suggestion de lecture :  CODE ZÉRO, de Ken Follet

BONNE LECTURE
Claude Lambert
OCTOBRE 2013

(En Complément…)

MICHAEL GUINZBURG, L’IRREMPLAÇABLE EXPÉRIENCE…

DE L’EXPLOSION DANS LA TÊTE

Sept paires de bras qui se lèvent,
Sept nez qui saignent,
Sept paires d’oreilles qui crachent du sang,
Sept yeux qui gonflent,
Sept yeux qui giclent, volent, roulent
Et…mort,
Il n’y a pas de quoi être fier,
Il faut que j’aille à la fête ce soir!
(extrait de *L’IRREMPLAÇABLE EXPÉRIENCE DE
L’EXPLOSION DANS LA TÊTE* , Michael Guinzburg,
Gallimard, 1997)

Le théâtre des évènements est Cashampton, petite ville balnéaire américaine où a vécu Jackson Pollock, artiste-peintre excentrique, ivrogne en particulier, dépravé et cinglé en général.

La ville est aux prises avec un mal étrange qui atteint de plus en plus de gens et qui commence par de violentes crises de hoquets, puis du sang qui gicle des oreilles jusqu’aux yeux arrachés de leur orbite…des morts violentes et horribles dignes des plus sombres histoires d’horreur.

Quarante ans après la mort de l’artiste *fêlé* Pollock, un journaliste, Roger Lymon se prépare à écrire une biographie du célèbre personnage. Il enquête donc à Cashampton auprès de personnages pour la plupart excentriques du monde de l’art et qui ont tous eu un certain lien avec Jackson Pollock. Ses découvertes auront de quoi surprendre…entre autres, les raisons pour lesquelles des têtes explosent…

Né à New-York le 10 septembre 1958, Michael Guinzburg est le parfait homme à tout faire. Il a été plongeur, cuisinier, coursier, garde du corps de strip-teaseuse, chauffeur de poids-lourds, télégraphistes, détective, fleuriste et j’en passe. Il a écrit entre autres deux romans chez Gallimard, collection La Noire : L’IRREMPLAÇABLE EXPÉRIENCE DE L’EXPLOSION DANS LA TÊTE et ENVOIE-MOI AU CIEL SCOTTY.

 

Sans être un chef d’œuvre de style, c’est un livre intéressant que j’ai apprécié, mais j’ai dû surmonter quelques irritants, par exemple la quantité impressionnante de personnages qui interviennent dans l’histoire, avec des noms composés compliqués. Il faut vraiment se concentrer pour ne pas s’y perdre. Il y a aussi le fait que le langage du livre est d’une crudité parfois déconcertante.

Guinzburg y est allé très fort à ce chapitre et c’est sans compter un audacieux étalement d’obscénités sexuelles.  Mais les forces du livres sont indéniables : l’écriture est intense, riche en dialogues et l’humour qui teinte l’œuvre est très très noir. Même dans la description de ses scènes d’épouvante, l’auteur est parvenu à me faire sourire, sinon rire.

Autre élément intéressant et qui n’est pas pour me déplaire : l’auteur tourne en dérision le monde de l’art par des propos, des observations et des dialogues parfois très acides et il en fait autant d’ailleurs sur l’extravagance des riches. Voici un extrait qui illustre mon propos : 

…* Le fond de la piscine de Terry était tapissé de sculptures et de toiles sous enveloppes étanches, et des invités équipés d’un masque et d’un tuba plongeaient, afin d’examiner les œuvres de près, tandis que leurs chéquiers et leurs bijoux, réunis dans des sacs en plastique, se trouvaient sur des chaises longues.*

C’est tout le livre en fait qui est une réflexion sur le monde de l’art (ce qui amène une certaine dilution de l’intrigue) qu’il devient difficile de prendre au sérieux.

À lire si vous ne craignez pas le ridicule, l’humour noir et un contexte plutôt débridé. Avec ce livre de Guinzburg, j’ai fait diversion dans mes lectures. Aucun regret…

Suggestion de lecture : L’INSOMNIE de Tahar Ben Jelloun

BONNE LECTURE

Claude Lambert
SEPTEMBRE 2013

Inferno

Mes chaleureuses salutations à vous amies lectrices et amis lecteurs!

C’est à mon tour de mettre mon grain de sel dans le débat entourant le dernier opus de Dan Brown : INFERNO.

Je dis débat parce que l’accueil du livre a été un peu mitigé…les avis sont partagés…beaucoup de critiques sont sévères et même caustiques dans certains cas.

Vous voulez savoir ce que j’en pense?
Alors je vous invite à lire mon article et plonger avec moi dans l’enfer de Dante…

Aller lire mon commentaire sur INFERNO de Dan Brown

JAILU

 

FUNÉRARIUM, le livre de BRIGITTE AUBERT

*…Elle s’est logée sur le côté de la deuxième
cervicale, le long du nerf pneumo-gastrique.
Elle vous a chatouillé le rachis, ajouta-t-il,
débonnaire, le genre de caresse qui peut vous
laisser aussi frais qu’un légume congelé pour
le restant de vos jours.*
(extrait de FUNÉRARIUM de Brigitte Aubert,
Éditions du Seuil, 2006)

Voici l’histoire de Léonard Moreno, appelé Chib, la quarantaine, un peu introverti, renfermé, et vivant confortablement de sa profession d’embaumeur. Un jour, Moreno est approché par une femme : Blanche Andrieu qui lui demande d’embaumer sa petite fille Élizabeth-Louise, appelée  Elilou, morte accidentellement et de l’installer dans un cercueil de verre. Attiré par cette femme, Chib accepte et fait la connaissance de sa famille, des nobles très riches. Au cours de l’embaumement, Chib s’aperçoit que la petite a été victime de mauvais traitements allant jusqu’à l’agression. Troublé, Chib enquête discrètement sur les sévices infligés à la jeune fille et s’apprête à pénétrer très graduellement dans un horrible secret de famille.

Avec FUNÉRARIUM, ne vous attendez pas à plonger dans l’eau de rose, Étant donnée la nature du sujet. En effet, Brigitte Aubert a exploité tout son talent et sa force d’écrivaine pour *installer* le lecteur dans une atmosphère oppressante et morbide qui n’est pas sans rappeler, à certains égards, L’EXORCISTE de William Peter Blatty.

En fait, Brigitte Aubert a relevé un défi intellectuel exigeant mais à la hauteur de son talent : elle a créé un personnage, Léonard Moreno,  sans talent particulier à part celui qu’il déploie dans l’exercice de sa profession, embaumeur.

Et c’est justement comme embaumeur qu’il s’aperçoit que la dépouille d’une jeune fille a été agressée et que sa mort est suspecte. *Tiraillé* par sa conscience professionnelle, Moreno entreprend une enquête et s’immisce dans la famille Andrieu qui est rien de moins qu’un nid de vipère.

Pendant son enquête, Moreno aura à jongler avec des indices de pédophilie, de zoophilie, de nécrophilie, de satanisme et autres bassesses, sans compter les morts qui s’empilent.

L’auteure  laisse peu de répit au lecteur et à peu près aucun élément lui permettant d’identifier la personne coupable de ces monstrueuses déviations. L’écriture est puissante et sa fluidité ne nuit en rien à l’intensité dramatique de l’histoire.

Malgré l’incroyable morbidité qui caractérise le roman et qui ne ménage pas le lecteur, j’ai été séduit par un certain sens de l’humour de l’auteure qui m’a arraché plusieurs sourires.

Malgré tout, je mentionne que la trame sinistre est non seulement entretenue tout au long du récit, mais est accentuée par de petits intermèdes intercalés entre les chapitre et que Brigitte Aubert appelle des *INTERMEZZOS*. Voici un petit extrait…

*Elle puait.
Elle puait son odeur.
Elle puait l’esclave.
Dans ses yeux, dans sa bouche.
L’odeur sale.
L’odeur des cris entre les draps.
L’odeur mouillée.
Qui fait mal.
Ses lèvres de salope sur les joues des enfants.
…*

Pas très joyeux… bien qu’il baigne dans la dépravation et la haine, ce livre est surprenant. Il ne fait pas dans la dentelle c’est vrai mais l’histoire est bien ficelée, intense, attire irrésistiblement le lecteur dans sa toile…un livre que vous n’oublierez pas.

Suggestion de lecture : AVIS DE DÉCÈS, de Daniel Naud

BONNE LECTURE

Claude Lambert
AOUT 2013

(En Complément…)

1958 à 2011 Durée du voyage : 2 minutes

C’était plus fort que moi, il fallait que je me jette corps et âme dans le dernier-né des univers de Stephen King.

Dans un article un peu plus long que de coutume, je vous invite à lire mon commentaire sur le dernier livre de King :  22/11/63 un roman qui transcende un fait historique qui a conservé jusqu’à aujourd’hui toute sa complexité : le meurtre de John Fitzgerald Kennedy.

Je serai très heureux de lire vos propres commentaires à ce sujet.

Aller lire l’article 22/11/63 DE STEPHEN KING

Bonne lecture
JAILU

22/11/63, un roman de STEPHEN KING

*…La figure d’Oswald est apparue juste
au-dessus  de l’épaule du grand bonhomme
et j’ai vu quelque chose de plus surprenant
encore : Lee Harvey Oswald souriait…*

***

*…Mrs Kennedy avait emporté une autre
tenue dans l’avion…il s’agissait d’un tailleur
en lainage rose agrémenté d’un col noir.
Le tailleur serait bien assorti avec les roses
qu’on allait lui offrir à Love Field, mais
certainement moins avec le sang qui
souillerait sa jupe, ses bas et ses souliers…*

(extraits de 22/11/63, Stephen King,
Éditions Albin Michel, 2013 t.f.)

2011, le restaurateur Al Templeton détient un secret extraordinaire. En effet, il y a, dans son arrière-boutique un passage temporel qui relie 2011 à 1958. Al conçoit un projet non moins extraordinaire : utiliser ce passage temporel, soit  jusqu’à 1958 et patienter par la suite jusqu’en 1963 et empêcher le meurtre du président John Kennedy. Mais Al en est empêché par un cancer très agressif et il confie cette mission à son ami Jake Epping, un enseignant de Lisbon, Maine. Jake accepte mais il lui faudra du temps pour comprendre qu’il transgresse les règles naturelles du temps et surtout pour comprendre les paradoxes du temps et le fameux effet Papillon. Ainsi Jake s’installe dans l’Amérique des années 50 à la recherche d’un mystérieux personnage errant, possiblement le plus médiatisé de l’histoire américaine : Lee Harvey Oswald. Deux questions : tricher avec le temps amènerait quelles conséquences? Et est-ce que le jeu en vaut la chandelle?

AVANT PROPOS :
L’EFFET PAPILLON

L’effet papillon ou théorie de la prédictibilité a été élaborée en 1972 par le météorologue Edward Lorenz lors d’une conférence à l’Association Américaine pour l’Avancement de la Science. La théorie se base sur une question beaucoup plus complexe qu’elle en a l’air : *le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas?*

La question devient plus fluide si on ajoute le battement d’ailes de milliards de papillons auxquels on ajoute le battement d’ailes de milliards d’oiseau etc. Lorenz précise bien que si le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut provoquer une tornade au Texas, il peut aussi l’empêcher. Ça nous rapproche considérablement de la théorie du chaos et du déterminisme.

En regard du roman de King, ce qu’il faut surtout retenir, c’est que si l’Effet Papillon s’applique aussi aux humains, cela voudrait dire que des changements de comportement semblant insignifiants au départ pourraient déclencher des bouleversements à grande échelle. Cette théorie à elle seule rendrait le voyage dans le temps extrêmement hasardeux.

Stephen King veut sauver JFK
(figaro.fr)

Je suis heureux qu’un de mes auteurs préférés soit resté aussi fort et alerte parce que 22/11/63 est un roman très fort, un coup de génie de Stephen King qui a décidé de mettre l’horreur de côté pour s’attaquer à une des énigmes les plus complexes du 20e siècle : le meurtre de John Fitzgerald Kennedy. D’ailleurs cette énigme déchire encore les historiens et les milieux politiques américains.

L’Amérique a opté pour l’Acte isolé mais la théorie du complot est encore tenace. Il y a encore de l’obscurité sur cette affaire et ce nouveau livre de King demeurera d’actualité longtemps.

Il faut préciser que King n’apporte aucune réponse à l’énigme du meurtre de Kennedy, mais l’auteur ne croit pas à la théorie du complot. Il m’a semblé évident qu’il est parti du principe de l’acte isolé et l’opinion qu’il se fait du meurtrier de Kennedy, Lee Harvey Oswald est frappante : un minable sans envergure. Le livre de King n’est pas une enquête. L’auteur a simplement imaginé une chronologie, une chaîne d’évènements en utilisant le voyage dans le temps.

Je crois avoir déjà expliqué sur ce site que développer le thème du voyage dans le temps pose un défi de taille : comment rester cohérent et composer avec les risques théoriques du voyage temporel : les paradoxes temporels et l’effet papillon. Voilà la première force du roman de King : La cohérence. Il s’est donné des principes clairs au départ et s’y est tenu. Voyons voir :

1) Chaque saut temporel dure deux minutes au temps de départ. Exemple, Jake a fait un saut de 2011 à 1958. Il est resté 5 ans dans l’ancien monde. Son absence en 2011 n’a duré que deux minutes.

2) Dès qu’un étranger fait intrusion dans le passé, il y a harmonisation par rapport aux effets de sa présence sur le futur. Autrement dit, le passé est tenace et refuse de changer.

3) La théorie de la prédictibilité est incontournable. Même une simple respiration dans le passé peut influencer le futur. C’est l’effet papillon.

4) Enfin, si Jake fait le saut en 1958 et qu’il revient en 2011, un retour éventuel en 1958 annulera tout ce qui a été fait dans le premier saut. C’est ce que King appelle une remise à zéro. Ça j’ai trouvé ça génial et vous découvrirez pourquoi en cours de lecture.

Pour le reste, Stephen King demeure égal à lui-même : son roman est très long (près de 1000 pages), il prend bien son temps pour introduire ses personnages et comme dans la plupart de ses livres, il accuse des longueurs en exposant la psychologie de ses personnages.  Fait intéressant, King brosse un portrait très riche des années 60 : la mode, les tendances, les mentalités, la politique, les relations internationales et bien sûr l’incontournable menace nucléaire.

C’est un roman intense, complexe et extrêmement captivant qui pousse le lecteur à se poser une question non moins complexe : Que serait notre monde d’aujourd’hui si Kennedy n’avait pas été tué en 1963?

Ce à quoi peut s’attendre le lecteur et la lectrice repose sur une magnifique petite phrase très explicite écrite quelque part dans le livre de King et je cite :

*quand on essaye de changer le passé, il mord* (citation de Georges Amberson, extraite de 22/11/63 de Stephen King)

Je crois que vous ne serez pas déçu.

Suggestion de lecture : LE TEMPS PARALYSÉ de Dean Koontz

Je ne ferai pas ici le bilan biographique de Stephen King. Comme vous vous en doutez, il est assez impressionnant. Je vous invite plutôt à visiter le site
www.stephenking999.com .
Ainsi vous saurez tout sur le grand maître de l’étrange. Je vous invite aussi à lire mon article intitulé LE MONDE À PART de Stephen King concernant la septologie LA TOUR SOMBRE, disponible ICI

BONNE LECTURE

Claude Lambert
JUILLET 2013 

LES LOIS FONDAMENTALES DE LA STUPIDITÉ HUMAINE

Les crétins…ignorent en général à quel point
Les gens stupides sont dangereux. Rien
d’étonnant à cela, ce n’est qu’un signe de
Plus de leur crétinerie…
(extrait de LES LOIS FONDAMENTALES DE LA
STUPIDITÉ HUMAINE, de Carlo M. Cipolla, Presses
Universitaires de France, 2012)

Commentaire sur le livre
de
De Carlo M. Cipolla

Essai qui analyse de façon très originale le phénomène de la stupidité humaine que l’auteur considère comme *…l’une des plus puissantes forces obscures qui entrave le bien-être et le bonheur de l’humanité*. Pour bien connaître cette force, et donc se donner la possibilité de la combattre, l’auteur a établi cinq lois fondamentales en s’appuyant sur une classification simplifiée des individus : les crétins, les intelligents, les bandits et les stupides. L’essai tend à évaluer l’impact de la stupidité humaine sur nos destins personnels.

Brièvement imbriqué dans mes multiples lectures et recherches, LES LOIS FONDAMENTALES DE LA STUPIDITÉ HUMAINE est un petit livre (70 pages) qui pour moi, a fait diversion vu la grande originalité du sujet. En effet, Cipolla y décortique la stupidité humaine avec beaucoup de sérieux, voire de rigueur.

C’est un livre spécial, pas banal qui force l’attention. Des étudiants de CEGEP pourraient l’appeler *cours de stupidité 101* ou de façon plus pompeuse le *précis de la stupidité*.

J’ai trouvé ce livre drôle, toutefois, un chapitre situé au cœur de l’opuscule m’a fait prendre l’ensemble plus au sérieux. Il s’agit d’un chapitre qui détaille de façon précise la toute-puissance de la stupidité. C’est un livre intéressant quoique le sujet soit développé de façon très cartésienne et avec un peu d’humour décapant.

Il répond à des questions et en soulève d’autres : Est-ce qu’un crétin peut être intelligent? Quel est le pouvoir d’un être à la fois crétin et stupide? Quel mal peut faire un bandit intelligent? Un prix Nobel peut-il être stupide?

Partant du principe énoncé par le philosophe et poète Johann Christoph Friedrich Schiller à savoir :  *contre la stupidité, les Dieux même luttent en vain* pour moi la grande question est : DE QUOI AURAIT L’AIR L’HUMANITÉ MAINTENANT EN L’ABSENCE TOTALE DE STUPIDITÉ?  Pour tous les lecteurs, il y a de quoi s’amuser avec un des plus grands mystères de la condition humaine.

Suggestion de lecture : TRAITÉ SUR LA TOLÉRANCE, Voltaire

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Juillet 2013

(En Complément…)

L’ÉTRANGE CAS DU Dr JEKYLL ET DE Mr HYDE

DE ROBERT LOUIS STEVENSON

Petit récit qu’il conviendrait de lire au moins une fois, L’Étrange cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde est une nouvelle d’épouvante mille fois reprise, citée, adaptée à l’écran et à la scène. Bien que cette réalité prive quelque peu l’intrigue de son effet (lequel serait autrement extraordinaire), la lecture de ce classique en vaut grandement la peine.

Comme on peut s’y attendre, le style est très articulé et fait évoluer quelques gentlemans Anglais dans un décor Londonien qu’on imagine sombre et brumeux, en cette fin de XIXème siècle. Utterson, le notaire et ami du Dr. Jekyll, se fait raconter une sinistre histoire au sujet d’un certain Mr. Hyde.

Il découvre que ce personnage, présenté comme un affreux nabot, est une des fréquentations du Dr. Jekyll. Soucieux des intérêts de son client et du bien-être de son ami, il cherchera à connaître le lien obscur qui relie l’un et l’autre.

Comme l’élément clé de son intrigue, le récit affiche deux visages différents. L’angoisse croissante et le mystère, que l’on peut voir en l’aspect de Mr. Hyde, en font un parfait divertissement, et l’émotion est entretenue sans effusion démesurée d’hémoglobine et de violence gratuite.

Ensuite lors de la chute, le Dr. Jekyll pousse à la réflexion sur la dualité de l’homme, il explore l’idée de creuser un tel fossé entre le bien et le mal au sein d’un seul individu, que celui-ci se divise en deux entités distinctes. Là est l’originalité au coeur d’un thème éternel. Après avoir lu la dernière ligne, je n’ai pu m’empêcher de prendre quelques instants pour méditer la question, une fois de plus.

Suggestion de lecture : AFFAIRES ÉTRANGES de Joslan F. Keller

Phenixgoglu
Juillet 2013

LES BRAVOURES DE THOMAS HARDY, PHILIPPE ALEXANDRE

…Tandis qu’il descend les marches, le garçon
ne peut retenir un sourire gamin :
mentir n’a jamais été aussi excitant…
(extrait de LES BRAVOURES DE THOMAS HARDY
1. LE BAL DES ANCIENS de Philippe Alexandre)

Pour bien marquer son entrée au secondaire et devenir très populaire, Thomas Hardy décide de se démarquer en établissant un record du monde qui serait immortalisé dans le livre des records Guinness. Au cours de ses préparatifs, une chaîne d’évènements fait réaliser à Thomas qu’établir un record ne lui apporterait finalement pas grand-chose. Alors… pourquoi pas un projet qui sèmerait de la joie de vivre et du soleil autour de lui en particulier pour sa grand-mère chez qui le médecin vient de diagnostiquer la maladie d’Alzeimer. La première chose à faire pour Thomas : prendre son courage à deux mains…

Quand je lis un livre pour pré-ado, je dois d’abord relever le défi de retrouver l’esprit qui m’animait quand j’avais 11-12-13 ans. La nature fait le reste…car après tout, les jeunes d’aujourd’hui ne diffèrent pas tellement de ceux de l’époque des baby-boomers. Les jeunes de tous temps sont caractérisés par la curiosité, la soif de connaissance, le goût de l’indépendance, la nécessité de se démarquer et le besoin d’être aimés. Ainsi retombé en enfance, le temps d’une lecture, je peux décider si, d’après mes critères, les jeunes lecteurs et jeunes lectrices ont été bien servis par le livre. Je crois que c’est le cas ici. J’ai eu beaucoup de plaisir à suivre Thomas dans son aventure.

Je note d’abord que Philippe Alexandre a donné à son héros principal une personnalité attachante et une belle force de caractère avec juste ce qu’il faut de sensibilité. Donc, Thomas rayonne et a cette capacité de transmettre au jeune lecteur et à la jeune lectrice de l’énergie et le goût d’en savoir plus, ne serait-ce que de s’assurer que le jeune héros est allé au bout de ses rêves.

Les thèmes développés dans ce livre sont aussi très intéressants et sont de nature à influencer positivement les jeunes : la valeur de l’amitié, les relations intergénérationnelles et interethniques, les relations garçons-filles et la naissance de sentiments. Bien sûr on y retrouve des thèmes à caractère un peu plus romanesques mais qui attirent souvent les jeunes comme un aimant : par exemple, le courage, la générosité et un brin de témérité.

C’est un livre fluide et rafraîchissant qui devrait plaire aux jeunes et leur donner le goût de lire davantage…qui sait?

Suggestion de lecture : LE CHATEAU DES FANTÔMES, Sophie Marvaud

BONNE LECTURE

JAILU/Claude Lambert
JUIN 2013

(En Complément…)

LA CITÉ ET LES ASTRES D’ARTHUR C. CLARKE

*Les hommes qui habitaient Diaspar avaient
été conçus aussi soigneusement que ses
machines. Le fait qu’il fût unique faisait
d’Alvin une rareté, mais ce n’était pas
nécessairement une vertu.
(extrait de LA CITÉ ET LES ASTRES, d’Arthur
C. Clarke, Éditions Denoël, 1962)

 
Diaspar est une ville d’un très loin futur, dirigée par un superordinateur qui  maintient les citoyens en vase clos, à l’abri du besoin mais dans l’éternelle crainte de l’extérieur de la ville, apparemment glacé, désertique, invivable. Les Citoyens sont maintenus en vie grâce à des circuits d’éternité qui les reproduisent à l’infini. L’histoire est celle d’Alvin, une exception dans l’univers de Diaspar car c’est sa première vie et il ne semble pas du tout effrayé par l’inconnu.

AVANT-PROPOS :

LA CITÉ ET LES ASTRES est sorti en 1956, soit 12 ans avant la parution de L’ODYSSÉE DE L’ESPACE 2001, point culminant de la littérature de science-fiction.  Je le précise ici parce que j’ai décelé  dans LA CITÉ ET LES ASTRES des *germes* de l’Odyssée, à la lumière de multiples allusions aux étoiles, à l’espace et à la petitesse de l’être humain dans un univers infini. Peut-être l’Odyssée couvait elle aussi dans d’autres livres de Clarke?  Ça pourrait être la joie d’une nouvelle découverte dans le puits sans fond de la littérature…

LA CITÉ ET LES ASTRES est un des plus beaux romans de la littérature au rayon de la science-fiction. Bien que publié pour la première fois il y a plus de 50 ans, pour moi, ce roman est sans âge et demeure indémodable, incontournable.

Clarke a donné à son personnage principal, Alvin, une exceptionnelle force de caractère sensiblement allégée par une certaine candeur. Alvin est l’éternel curieux qui a soif de connaissance et qui est soucieux de sortir son peuple de l’ignorance et de l’automatisme d’une vie sans saveur et sans défis. J’ai beaucoup apprécié le courage que lui a insufflé l’auteur, ainsi que son petit côté *tête de mule* qui le pousse à aller au bout de ses rêves. Il est attachant et comme lecteur, je m’en suis fait un ami.

Dans cette belle histoire, Alvin est l’élu. Ça, c’est le côté typique, pratiquement non-renouvelable des romans de type *fantasy*. Mais au-delà de ce *déjà vu*, l’originalité de l’ensemble réside dans le fait que l’élu veut préparer son peuple à recevoir et à surmonter une terrible vérité : que toute l’histoire de son peuple, s’étendant sur des millions d’années, repose sur des faussetés et des mensonges et qu’il existe à l’extérieur de Diaspar un autre peuple, différent mais qui gagnerait à être connu.

Donc l’histoire repose sur la recherche de la vérité et non sur la guerre, la violence, les armes et l’agressivité belliqueuse. Il n’y a pas d’armées, pas d’esprit de vengeance ni de désirs de domination.

Ce sont les thèmes développés dans l’histoire qui rendent LA CITÉ ET LES ASTRES unique car plusieurs de ces thèmes échappent habituellement aux romans *fantasy * :  la beauté, le sens profond de l’amitié, le partage,  l’acceptation des différences…la tolérance, la recherche enthousiaste de la paix et du goût de vivre.

Malgré son âge, LA CITÉ ET LES ASTRES est un roman *au goût du jour*…un vent chaud et apaisant.

Suggestion de lecture : LES SENTIERS DES ASTRES de Stefan Platteau

Bonne lecture
Claude Lambert JUIN  2013

(En Complément…)