Adopte-moi, le livre de SINÉAD MORIARTY

*…-James, tu ne vas pas le croire…cette adoption
va nous coûter 20 000 dollars.
-Ben je vais peut-être changer d’avis. Bordel, cette
histoire d’adoption, c’est une putain de course
d’obstacles…*
(extrait de ADOPTE-MOI de Sinéad Moriarty,
Pocket, 2009, 265 pages)

Après deux ans *d’essais intensifs* pour avoir un bébé, Emma et James décident de s’investir dans l’adoption d’un enfant sans trop savoir dans quel marathon ils allaient se lancer. Leur choix se porte sur un petit bébé russe. Aux petits problèmes quotidiens, la passion de James pour le sport, la famille un peu tordue d’Emma et les amis qui viennent parfois compliquer la vie, s’ajoute une incroyable course à obstacles obligeant le couple à affronter une tonne de paperasses administratives, l’apprentissage de la langue et de la culture russe et pire encore : convaincre une assistance sociale qui n’entend pas trop à rire. 

Un bébé à tout prix…

*…Où est passée ma petite optimiste?
-Elle s’est fait tabasser à mort par les
esprits diabolique du service des
adoptions…*
(dialogue entre Emma et James,
extrait de ADOPTE-MOI, Sinéad Moriarty)

C’est un  bon petit roman amusant et instructif. Le sujet est original. Il est en effet assez rare qu’un sujet aussi complexe que l’adoption internationale soit développé sous forme de roman.

ADOPTE-MOI est le récit de Emma Hamilton qui dresse un portrait attendrissant et humoristique des multiples courbettes, galipettes et pirouettes qu’elle doit faire, avec son mari James, instructeur d’une équipe de rugby, pour séduire les assistantes sociales de l’adoption internationale, en particulier Dervla, le dragon de service affecté à l’enquête sur la famille Hamilton, une pincée pas commode et dont le sens de l’humour est à revoir.

Dans ce livre, les assistantes sociales ne bénéficient pas d’une grande popularité. Le couple Hamilton réserve à Dervla quelques pensées et blagues plutôt caustiques…*ainsi, la vieille vache était capable de sourire pensai-je amèrement* (pensée d’Emma lors d’un souper réunissant des candidats adoptants)…

*Quelle est la différence entre une assistante sociale et un pitbull? Au moins avec le pitbull, tu as une chance de récupérer un morceau de ton bébé. –Quand vous serez prêt… j’aimerais commencer cet entretien, à moins que vous ne souhaitiez vous débarrasser de quelques autres plaisanteries d’abord…* (dialogue plutôt tendu entre Dervla et Donal, un garant des Hamilton).

Si le roman raconte de façon réaliste les démarches compliquées et parfois démoralisantes de James et Emma Hamilton il raconte aussi le quotidien du couple et à ce niveau non plus, il n’y a pas de longueur et mon intérêt pour l’histoire n’a jamais failli.

L’auteure a placé au cœur de son histoire des personnages qui viennent ajouter du piment et de la vie. Par exemple, Barbara, appelée Babs, la sœur d’Emma, une jeune adulte pourrie, extravagante et allumeuse, Thomas, un enfant mal élevé et détestable, ou Annie, une ado persuadée que son tuteur légal est sa propriété.

La faiblesse de l’ouvrage réside dans ce qui semble une vision presqu’entièrement féminine de l’adoption. On y trouve des sentiments masculins mais ils donnent l’impression d’être remisés. Bref sur le plan littéraire, c’est ce que j’appellerais un *livre de filles*.

Ça vient un peu assombrir la crédibilité de l’ensemble. Mais on trouve dans l’histoire beaucoup de rebondissements, de situations cocasses, de l’humour, de l’énergie. L’écriture est fluide, touchante et sympathique. Un bon moment de lecture.

Suggestion de lecture : 99 FRANCS de Frederic Beigbeder

Sinéad Moriarty est une écrivaine de nationalité Irlandaise. Elle a travaillé à Londres comme journaliste commerciale et comme chargée des communications au projet des Jeux Olympiques de Londres.  Au moment d’écrire ces lignes, elle exerce le métier de *maman* à Londres.

À ce titre, son expérience de maman l’a motivé à écrire *FAIS MOI UN BÉBÉ* en 2004, traduit en une vingtaine de langues,  livre publié chez Plon. Quelques année plus tard, elle récidive avec *ADOPTE-MOI*. Elle travaille à un troisième volume, D’ICI À LA MATERNITÉ qui viendra compléter la trilogie.

EN COMPLÉMENT :
À PROPOS DE L’ADOPTION INTERNATIONALE…

Je vous invite à prendre connaissance d’un reportage du journaliste Baptiste Ricard-Châtelain publié dans LAPRESSE.CA  le 7 janvier 2012. Le journaliste dresse le portrait le plus récent de l’adoption internationale qu’il qualifie de *chemin de croix*. Plusieurs liens sont proposés.

Allez à http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201201/06/01-4483655-adoption-internationale-lillusion-du-bebe-parfait.php Pour ce qui est de l’adoption internationale au Québec, l’idéal pour en savoir plus est encore de visiter le site du secrétariat à l’adoption internationale qui propose aussi plusieurs liens pour une recherche complète. Allez à http://adoption.gouv.qc.ca/accueil.phtml

BONNE LECTURE
Claude Lambert
OCTOBRE 2014

99 FRANCS, le livre de FREDERIC BEIGBEDER

*L’avantage avec la nouveauté,
c’est qu’elle ne reste jamais neuve.
Il y a toujours une nouvelle
nouveauté pour faire vieillir la
précédente.*
(extrait de 99 FRANCS, Frederic Beigbeder,
éditions Grasset, paru en 2000)

99 FRANCS est le récit d’Octave, un concepteur publicitaire égocentrique et blasé  travaillant pour une prestigieuse agence de publicité. Octave se rebelle contre l’étrange moralité du monde complexe de la réclame. Il cherche à être congédié afin de quitter la société avec les avantages sociaux (qu’il n’aurait pas s’il démissionnait)  mais ses patrons refusent obstinément de le virer, lui pardonnant continuellement ses excès. Alors Octave remet tout en question, sombrant dans une vie dissolue et critiquant ouvertement les travers vicieux de ces machines à exploiter l’être humain que sont les multinationales et les entreprises de concepts publicitaires.

Tout s’achète

Oh la la la vie en rose
le rose qu’on nous propose
d’avoir les quantités d’choses
qui donnent envie d’autre chose
aïe on nous fait croire
que le bonheur c’est d’avoir
de l’avoir plein nos armoires
dérisions de nous dérisoires…
(extrait de la chanson FOULE SENTIMENTALE
composée et interprétée par Alain Souchon,
de l’album C’EST DÉJÀ ÇA, 1993)

Ce livre est venu me chercher et ça n’a pas été long. Peut-être est-ce parce que j’ai moi-même évolué dans les sphères de la publicité pendant plusieurs années. Toutefois j’étais très loin des sphères mondiales. J’aurais fait long feu dans une agence sans doute parce que j’ai toujours remis en question l’éthique de la réclame que je trouve très douteuse. Je me pose trop de questions du genre : *est-il vraiment nécessaire de montrer une belle fille aux seins nus et généreux pour vanter les mérites d’une paire de souliers? *

Changer les mentalités dans le domaine de *l’advertising* est impossible. Frederic Beigbeder a essayé et il s’est cassé le nez. Il sait de quoi il parle ayant évolué lui-même une dizaine d’années dans la publicité internationale. Dans 99 FRANCS, il fustige copieusement le monde de la publicité. Pour ce faire, il laisse la parole au personnage qu’il a créé : Octave Parango, concepteur publicitaire de haut niveau qui nous livre un récit vitriolé de ses observations sur les tendances perverses et vicieuses de la publicité.

Par le biais de Parango, l’auteur ne fait pas dans la dentelle. Les couleurs sont annoncées dès le début du livre : *…eh oui, je pollue l’univers. Je suis le type qui vous vend de la merde. Qui vous fait rêver de ces choses que vous n’aurez jamais…J’ai trois vogues d’avance et m’arrange toujours pour que vous soyez frustré. Vous faire baver, tel est mon sacerdoce. Dans ma profession, personne ne souhaite votre bonheur, parce  que les gens heureux ne consomment pas.*

Dans son livre, l’auteur se fout de l’effet qu’il peut produire. Ce n’est pas pour me déplaire car chercher à être trop gentil peut contribuer à euphémiser la vérité. Vous êtes donc averti avant d’entreprendre la lecture de ce livre. Il est très incisif et son langage est assez cru.

*En général, quand on commence un livre, il faut tâcher d’être attachant et tout mais je ne veux pas travestir la vérité : je ne suis pas un gentil narrateur. En fait, je serais plutôt du genre grosse crapule qui pourrit tout ce qu’il touche. L’idéal serait que vous commenciez à me détester avant de détester l’époque qui m’a créé.*

Malgré son humour grinçant, sa crudité parfois audacieuse, un étalage d’états d’âme un peu lassant surtout dans la deuxième partie et une finale un peu bizarre,  99 FRANCS est un roman satirique très bien documenté, porteur d’une profonde réflexion sur l’extraordinaire pouvoir de la publicité manipulatrice et corruptrice. L’auteur met bien l’emphase sur le pouvoir de la réclame, allant même jusqu’à dire que c’est la publicité qui a porté Hitler au pouvoir.

C’est un roman acide et encore, pour mettre l’emphase sur ses propos, l’auteur ajoute à son œuvre quelques pages de publicités abracadabrantes et encore, avec un maximum de mauvais goût. Les opinions qui y sont exprimées sont radicales surtout de la part d’une personne qui a *craché dans sa soupe*, mais à aucun moment de ma lecture, j’ai senti qu’il avait tort.

Frederic Beigbeder est né en France en 1965. Sa carrière est brillante et placée sous le signe de la polyvalence : écrivain, critique littéraire, publicitaire, chroniqueur et éditeur. C’est aussi un passionné de littérature. Il a plusieurs titres à son actif dont MÉMOIRE D’UN JEUNE HOMME DÉRANGÉ et WINDOWS ON THE WORLD.

C’est en mettant à profit sa vaste expérience de publicitaire que Frederic Beigbeder a signé son plus gros succès : 99 FRANCS en 2000.

Je signale enfin que Frederic Beigbeder a créé le prix de Flore qui récompense chaque année un auteur au talent prometteur, et qu’il a contribué avec Lionel Aracil, à la création du PRIX SADE remis chaque année pour récompenser un auteur singulier et honnête homme, selon la définition de son siècle. Un authentique libéral qui sera parvenu par-delà les vicissitudes de la Révolution et l’emprise de l’ordre moral, à défaire les carcans de la littérature comme ceux de la politique. (Extrait du site internet officiel du Prix de Sade).

Cette contribution est tout à fait compatible avec la personnalité de Beigbeder qui a la réputation d’un homme extravagant et provocateur et qui déclare lui-même aimer l’argent, les sorties et la vie à *cent à l’heure*.

Suggestion de lecture : INTERNET REND-IL BÊTE, de Nicholas Carr

En complément, je signale que 99 FRANCS de Frederic Beigbeder a été adapté à l’écran en 2007 par le réalisateur Jan Kounen. Beigbeder a collaboré à la réalisation. Ce film met en vedette Jean Dujardin qu’on dit excellent dans le rôle d’Octave Parango (parce que très capable de jouer le rôle d’un personnage qu’on aime détester). 

On retrouve aussi dans la distribution Jocelyn Quivrin et Vahina Giocante. Notez que le comédien Gilbert Ponté avait déjà fait une version théâtrale de 99 FRANCS en 2002 au théâtre Trévise. Il y jouait seul sur scène. La critique du film est divisée. Allo-Ciné lui a attribué tout juste la note de passage.

À lire

BONNE LECTURE
Claude Lambert
OCTOBRE 2014

Et vous trouvez ça drôle ? Le livre de COLUCHE

*Nous organisons un grand concours
de chèques à mon nom. Le plus gros a
gagné*
(extrait de ET VOUS TROUVEZ ÇA DRÔLE de
Coluche,  Le livre de Poche, France Loisirs,
2000, 112 pages , éd. Num.)

ET VOUS TROUVEZ ÇA DRÔLE est un ouvrage en deux parties. On y retrouve d’abord un recueil de blagues, pensées humoristiques, remarques et aphorismes à saveur de critique sociale, extraits de conférences et d’émissions de radio et de télévision animées par Coluche au cours de sa carrière.

Dans la deuxième partie, l’éditeur propose la transcription d’une très intéressante conférence faite par Coluche le 27 février 1986 à la loge Locarno 72 du Grand Orient de France. Cette conférence portait sur les nouveaux pouvoirs ainsi que sur les évènements et les motivations qui ont conduit à la création des RESTOS DU CŒUR. (Voir complément cinéma et anecdote à la fin de l’article)

COLUCCI : de l’humour et du cœur
*De toute manière, il y a un truc qui est sûr, c’est que
j’ai trouvé un créneau, et tant que je parlerai au
public, je leur parlerai de ça. Je leur parlerai de la
possibilité qu’ils ont de débarrasser le pouvoir de
ce qu’il ne fait pas ou de ce qu’il fait mal.*
(extrait d’une conférence de Coluche, le 27 février 1986
et consignée dans son livre ET VOUS TROUVEZ ÇA DRÔLE)

*******

*Lolita a plus d’parrain
nous on a plus notre meilleur copain
t’étais un clown mais t’étais pas un pantin
enfoiré on t’aimait bien
maintenant on est tous orphelins
putain d’camion, putain d’destin, tiens ça craint*

(Extrait de la chanson PUTAIN DE CAMION de Renaud Séchan, sortie en 1988 en mémoire de son ami Coluche, mort en 1986 en percutant un camion avec sa motocyclette. La chanson est dédiée aux enfants de Coluche Marius et Romain ainsi qu’à la fille de l’auteur, Lolita Séchan, filleule de Coluche.)

*******

Je voulais en savoir plus sur Coluche. Bien sûr, rien ne vaut une bonne biographie, mais j’étais essentiellement attiré par la chaîne d’évènements qui a préludé à la création des RESTOS DU CŒUR. ET VOUS TROUVEZ ÇA DRÔLE est donc un opuscule en deux parties. J’ai passé rapidement sur la première partie,  un recueil de blagues et de pensées humoristiques parfois à saveur politique ou idéologique.

Bon c’est de l’humour français…on aime ou on n’aime pas. Ça m’a fait sourire un peu…pas plus. Coluche est beaucoup plus drôle quand on le voit que quand on le lit. Au cinéma, sa présence est puissante et transcende n’importe quel scénario.

J’ai été beaucoup plus captif de la deuxième partie qui est la transcription d’une conférence dans laquelle Coluche s’exprime sur les nouveaux  pouvoirs et c’est dans cette partie que j’ai compris les motivations de Coluche, le sens de son implication sociale et son altruisme.  Mon objectif était de mieux comprendre l’homme et j’ai atteint cet objectif.

Louis Dalmas, responsable de la loge Maçonnique  Locarno a bien cerné Coluche en décrivant les trois ressorts qui le motivent : provocation, satire, générosité. Dalmas n’a pas manqué de faire le lien entre Coluche et le grand Molière dont la plume était plutôt vitriolique face à l’avarice, la cupidité et l’hypocrisie.

En fait, avec son langage éclaté habituel, Coluche nous pousse à une réflexion très sérieuse sur le pouvoir du show-business. C’est d’ailleurs ce nouveau pouvoir qui a amené la création des restos du cœur et la réalisation de nombreux gestes de solidarité.

Ce pouvoir est supérieur à celui de la Presse. Coluche ne se gêne pas pour le dire…je cite : *…nous, on fait une profession de générosité, alors que les journalistes font une profession qui est très proche de la méchanceté.*

Je pourrais dire, de façon peut-être un peu plus euphémique que les journalistes atteignent la tête et que les artistes atteignent le cœur. Ça donne aux artistes un pouvoir extraordinaire qui n’a pas de frontière. Coluche ne prétend pas détenir la vérité absolue, mais son argumentaire pourrait pousser le lecteur à tirer des conclusions intéressantes.

Michel Colucci (1944-1986) était un comédien et humoriste français, né de famille italienne. Dès l’âge de 15 ans, il devient chanteur et à partir de 1974, obtient la notoriété  comme comédien à la radio et à la télévision, puis comme acteur au cinéma.

Il utilise son humour caustique pour dénoncer les travers de la société en matière de religion, de morale et de politique. Il va jusqu’à se présenter aux élections présidentielles de 1981 avec comme slogan : *je vais foutre la merde*. Il finit par se retirer. François Mitterand devait-il être soulagé?

Suggestion de lecture : LOUIS DE FUNÈS, de Brigitte Kernel

BONNE LECTURE
JAILU
JUILLET 2015

VOIR LE COMPLÉMENT CINÉMA ET ANECDOTE

1 COBRA, 2 SOULIERS ET BEAUCOUP D’ENNUIS

Commentaire sur le livre d’
Alexander McCall Smith

*…Elle continue à feuilleter le magazine, il y avait
une photo du pape qui descendait d’hélicoptère…
Deux cardinaux vêtus de rouge le suivaient et elle
remarqua qu’ils étaient l’un comme l’autre de
constitution très traditionnelle, ce qu’elle trouva
rassurant. Si je vois Dieu un jour se dit-elle, je suis
certaine qu’il ne sera pas maigre…*
(extrait de 1 COBRA, DEUX SOULIERS ET BEAUCOUP
D’ENNUIS, Alexander McCall Smith, éditions 10/18,
Collection Grands Détectives, 2007)

Ce livre raconte le quotidien de l’Agence numéro 1 des Dames Détectives du Botswana dirigée par Mma Precious Ramotswe et sa fidèle assistante Mma Makutsi. Grâce à leur extraordinaire capacité de déduction et à leur formidable intuition, elles réussissent à résoudre toutes les énigmes…histoires familiales, chantage, adultère, falsification, etc. la vie professionnelle des Dames Détectives s’imbrique dans leur vie amoureuse et sociale. 1 COBRA, DEUX SOULIERS ET BEAUCOUP D’ENNUIS est le 7e tome des aventures de ces dames sympathiques et énergiques.

BOTSWANA :

La république du Botswana est un petit pays d’Afrique australe sans accès à la mer, entouré par l’Afrique du sud, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe. On appelle les habitants les Botswanais. La population est d’un peu plus de 2 millions d’habitants. Les langues officielles sont l’anglais et le tswana. La capitale est Gaborone.

Entre un terrible cobra
et un maître chanteur…

Tout au cours de ma lecture, je me suis posé la question : s’il y a une intrigue digne du titre dans ce livre, où est-elle? Eh bien voilà, il n’y en a pas. Dans cette histoire, il n’y a pas de crimes violents ou de situations morbides. Il n’y a à peu près pas d’action, pas de suspense. Pourtant j’ai pris plaisir à lire ce livre et je crois comprendre pourquoi Alexander McCall Smith s’est rendu au septième tome.

D’abord, l’histoire comprend quelques énigmes qui, malgré leur légèreté, pousse le lecteur à émettre quelques hypothèses et même à tirer des conclusions. Toutefois la vraie force du livre réside dans le caractère des personnages principaux : les dames détectives…premières femmes détectives du Botswana (ce n’est pas rien), des femmes sympathiques et empathiques. On s’y attache dès le début de l’histoire.

Il y a aussi l’omniprésence de certains thèmes qui sont comme une pointe d’humour et jouent un peu le rôle de fils conducteurs pas déplaisants du tout. Par exemple, il est beaucoup  question dans ce livre de la constitution traditionnelle de Mma Ramotswe, un gentil euphémisme pour dire qu’elle est grosse.

Il est aussi beaucoup question de chaussures et même de féminisme. Il est difficile de ne pas tomber sous le charme de ces femmes sages et profondément humaines.

J’en ai aussi beaucoup appris sur le Botswana, un *gros village* africain pris en sandwich entre des pays plus important comme l’Afrique du sud et le Zimbabwe. Le Botswana est un petit pays de 2 millions d’habitants.

Les traditions y ont la vie dure et il est présenté comme un beau pays, progressiste et accueillant dans lequel il fait bon vivre paisiblement. La notion d’entraide y est particulièrement forte. Le livre m’a quasiment donné le goût d’aller y faire un tour.

Si vous entreprenez la lecture de ce livre, faites-le sans attente. Moi j’ai pris ce livre pour ce qu’il est… un anti-stress…une petite douceur…

Suggestion de lecture : FIFI RINDACIER d’Astrid Lindgren

Alexander McCall Smith est né en 1948 au Zimbabwe. Il s’est fait connaître à l’échelle internationale après avoir créé le personnage de la première femme détective du Botswana : Mma Precious Ramotswe, héroïne d’une série qui compte huit volumes à ce jour. Il est également l’auteur des AVENTURES D’ISABEL DALHOUSIE et de 44 Scotland Street, premier tome des CHRONIQUES D’EDIMBOURG.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JUIN 2014

LES AUTRES, C’EST TOUJOURS RIEN QUE DES SALES TYPES

Comme son nom l’indique, le psychorigide
a l’âme calcifiée, ou, au choix, le mental
bronchiteux, la pneumonie ontologique,
bref : le pneu à plat. Il manque d’air. Ce
qui ne l’empêche pas d’être gonflant.

                                                                              **********************************

Des tas de gens meurent de la maladie,
mais beaucoup commencent par en vivre.
(extraits de LES AUTRES, C’EST RIEN QUE
DES SALES TYPES. De Jacques A. Bertrand
Éditions Julliard, 2009)

commentaire sur le livre
De Jacques A. Bertrand

Dans ce petit recueil, Jacques Bertrand décrit et critique très librement notre société actuelle à travers 20 grandes catégories d’êtres humains, présentés comme des *sales types* parce qu’ils dérangent, agacent, déplacent de l’air, irritent, exaspèrent, énervent. On retrouve entre autres l’enthousiaste, le végétarien,  le psychorigide, l’agélaste (celui qui ne rit jamais) , le touriste, le con et l’imbécile heureux.

C’est un livre intéressant qui va au-delà de l’humour. En effet, le ton est carrément satirique. Je mentionne tout de suite que dans ce livre, les humains sont analysés voire psychanalysés par un Français. Il ne faudra donc pas s’étonner de lire un chapitre consacré au parisien, considéré lui aussi comme un sale type par l’auteur. Autre fait intéressant, tous les chapitres débutent par une allusion aux chiens.

Dès le début de la lecture, j’ai senti que l’auteur s’amusait bien à décrire les humains, mais au-delà de l’amusement, Jacques Bertrand analyse la société en utilisant toute la richesse de la langue française pour mettre en perspective les travers de l’être humain.

Si certains propos sont parfois acides, l’ensemble est drôle et amusant pouvant même pousser les lecteurs (qui n’ont pas peur de se moquer d’eux-mêmes) à se trouver une place dans une ou plusieurs catégories. considérant sans doute que l’humain et le chien sont intimement  liés. Par-delà son humour parfois grinçant, l’auteur nous laisse le choix de classer l’animal comme sale type version canine, sale chien ou…comme le dindon de la farce.

C’est un livre drôle mais pas vraiment méchant. Du moins pas à outrance. C’est d’abord une merveille d’exploitation linguistique. Pour terminer, mes petites questions satiriques à moi seraient…est-ce que l’auteur lui-même pourrait se reconnaître dans une ou plusieurs catégories de sales types et puis en fin de compte, qui pourrait ne pas être considéré comme un sale type???

Je crois que ça va vous plaire…

Suggestion de lecture : LE VIEUX QUI NE VOULAIT PAS FÊTER SON ANNIVERSAIRE, de Jonas Jonasson

BONNE LECTURE
JAILU
DÉCEMBRE 2013

(En complément…)

LE C.V. DE DIEU, livre de JEAN-LOUIS FOURNIER

EXTRAIT DU DOSSIER MÉDICAL :
Électrocardiogramme du 28 août 1994 :

EXAMEN DU CŒUR DE DIEU :
Observations du cardiologue :
État neuf, n’a jamais servi……..

-Pourquoi vous appelle-t-on LE BON DIEU?
-Une vieille habitude d’avant le déluge.

-Et ça vous est resté malgré tout ce que vous avez fait?
-C’est un mot dont on se sert beaucoup dans la famille.
Regardez mon fils, vous savez comment on l’appelle?
-Je sais pas, ‘’Bon Jésus?’’
-On l’appelle ‘’bon à rien’’, ça lui va beaucoup mieux.
Et c’est pas faute de m’en être occupé…
(extraits de LE CV DE DIEU de Jean-Louis Fournier)

Une fois son Œuvre achevé, Dieu devint désœuvré et commença graduellement à s’ennuyer ferme. Alors, il prit la décision de chercher un emploi chez les humains. Il prépara son CV (quelques milliers de pages) et descendit sur terre pour sa première entrevue d’emploi, entrevue qui passa évidemment en revue les grandes réalisations de Dieu.

L’auteur a prévu dans son livre l’agenda de Dieu sur terre, quelques statistiques intéressantes et bien sûr, la transcription de l’entrevue d’emploi de Dieu avec le directeur d’une grande firme.

Je crois que ça m’a fait du bien de lire ce petit bouquin. Il est un tantinet cinglant, coquin à coup sûr, irrévérencieux mais surtout drôle et original. J’avertis tout de suite les puritains de la religion versés dans la *bondieuserie* de s’abstenir à moins d’avoir un solide sens de l’humour.

Jean-Louis Fournier nous propose un livre très original, ventilé, avec des chapitres très courts sans lourdeur mais avec quand même de la recherche, un brin de philosophie et beaucoup d’humour surtout quand on pense qu’il est ici question de l’être le plus énigmatique de l’univers : Dieu qui est présenté ici à l’image de l’homme, comme un *chum* qui pourrait être votre voisin.

Est-ce que le directeur engagera Dieu????? À lire absolument.

BONNE LECTURE

Suggestion de lecture : ET DIEU CRÉA LES BEATLES de Daniel Ichbiah

JAILU/Claude Lambert
Février 2013

(En Complément…)

Un cadavre de classe, de ROBERT SOULIÈRES

Voici un roman jeunesse fou et niaiseux, mais dans ce que ces termes ont de meilleur! En vulgarisant, il s’agit d’un roman policier, mais il est bourré d’humour! Je le recommande grandement, surtout pour les petits lecteurs, ceux qui sont intimidés ou écœurés par le côté parfois sérieux et intello de l’univers des romans.

Si vous êtes intéressé, l’excellent compte rendu que vous trouverez ICI achèvera de vous convaincre.

Dans le complément je vous présente un extrait que j’ai trouvé particulièrement sweet!

Suggestion de lecture : CAPITAINE STATIC d’Alain M. Bergeron

Phenixgoglu
Décembre 2012

(En Complément…)