DRÔLE DE MAÎTRESSE, livre d’ÉVELYNE REBERG

*Moi, j’ai tout de suite trouvé que c’était une
drôle de maîtresse : elle avait la bouche en
forme de pneu son visage luisait comme celui
de ma mémé Andrée quand elle se met de la
crème de beauté.*
(Extrait : DRÔLE DE MAÎTRESSE, Évelyne Reberg, Arno,
Éditions Hatier, 1993, édition de papier, 42 pages,
littérature-jeunesse, 7-8 ans)

DRÔLE DE MAÎTRESSE raconte l’histoire de Benoît Casse-noix, Léonard le froussard et Lazare. Un jour leur vie est un peu chamboulée parce que leur institutrice, madame Bégonia tombe malade et est remplacée par un drôle de numéro : Miss Cassolette. Elle parlait lentement et impressionnait toute la classe. Elle semblait follette miss Cassolette. Il y a fort à parier que les enfants se souviendront longtemps des leçons de Miss Cassolette. DRÔLE DE MAÎTRESSE  a été écrit pour les enfants de 7 à 8 ans. Le livre est rehaussé des illustrations d’Arno et comprend un petit lexique. 

L’ALLURE FOLLETTE DE MISS CASSOLETTE
*Elle parlait lentement miss Cassolette,
comme si elle dormait tout haut,
ça nous impressionnait.*
(Extrait : DRÔLE DE MAÎTRESSE)

J’ai eu plaisir à lire ce petit livre d’autant que j’ai eu droit à une petite surprise de l’auteure. L’histoire est simple. Un jour, l’institutrice, madame Bégonia tombe malade et elle est remplacé par un drôle de numéro : Miss Cassollette. Il faut voir la remplaçante…je ne m’y attendais pas du tout et ce sera sûrement une surprise pour les enfants aussi.

Vous allez très vite comprendre pourquoi cette histoire ne vieillit pas.*Bon. Voilà la maîtresse qui nous décline le verbe « manger » : -Je broute, tu croûtes, il droute, nous froutons, vous groutez, ils chroutent. Cette fois, il y a eu un long, long, long silence* (Extrait)

Cette histoire s’adresse aux premiers lecteurs qui ont tendance à dévorer les histoires, je dirais les 7-8 ans. Le petit volume réunit les caractéristiques habituelles des livres pour les enfants » chapitres courts, grosses lettres, dans l’ensemble, une histoire courte, celle-ci fait 45 pages.

Et bien sûr, les illustrations. Celles de DRÔLE DE MAÎTRESSE ont été réalisées par Arno qui a créé des illustrations fort belles et très expressives tout à fait dans le ton de l’histoire.

J’ai toujours trouvé important d’identifier les illustrateurs et de reconnaître leurs mérites car comme c’est le cas pour DRÔLE DE MAÎTRESSE, le fil conducteur de l’histoire tourne autour de leurs dessins et en général, les enfants y sont sensibles. Ici, je crois qu’auteure et illustrateur ont fait un beau travail d’équipe.

Je veux mentionner aussi que DRÔLE DE MAÎTRESSE fait partie d’une collection un peu spéciale. En effet, la collection RATUS POCHE a cette particularité d’introduire l’enfant à une notion de compréhension de texte. Dans DRÔLE DE MAÎTRESSE, on trouve, à toutes les deux ou trois pages, une question accompagnée de dessins.

Ce sont des dessins-réponses et il y en a trois. L’enfant doit trouver la bonne réponse en pointant le dessin correspondant. C’est une façon originale et même drôle d’apprendre et de comprendre ce que dit le texte. Il y a en tout 13 réponses à trouver et l’enfant qui trouve les 13 bonnes réponses devient un super-lecteur.

On trouve aussi à la fin du livre, un petit lexique qui aidera les enfants à comprendre les mots compliqués.

C’est un bon petit livre avec une petite histoire toute simple mais aussi originale et drôle. J’invite donc les enfants à faire connaissance avec une DRÔLE DE MAÎTRESSE. Je crois qu’ils se souviendront longtemps de ses curieuses leçons…

Evelyne Reberg est née en 1939. Elle a publié notamment « Juju pirate » chez Flammarion, « La Bibliothèque ensorcelée » chez Bayard. Professeur de lettres, puis bibliothécaire, elle est également auteure de nombreuses histoires pour enfants. Elle a également écrit des ouvrages pour des éditeurs tels que Bayard et Duculot .

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 14 janvier 2018

 

LE LIVRE DES RECORDS RÉGLISSE, Marilou Addison

Et la série LES ZOZOS DU SPORT
Littérature jeunesse

*Ceci est le livre des records Réglisse. Ce manuel
contient des épreuves que peu d’entre vous
connaissent. Des compétitions que seuls les vrais
sportifs peuvent réussir. En accomplissant ces
exploits, nous pourrons enfin dévoiler à tous que
nous méritons de figurer dans ce livre en tant qu’
athlètes accomplis.*
(Extrait : LE LIVRE DES RECORDS RÉGLISSES, de la série
LES ZOZOS DU SPORT, Marilou Addison, Andara Éditeur
2016, édition de papier, 420 pages, illustré par Richard
Petit, littérature jeunesse pour les 8 ans et plus)

POUR ANULER LA NULLITÉ
*En sifflotant, les mains derrière le dos, Luigi
s’approche de Yohan, déjà entouré par des
dizaines de participants. Ces derniers sont
fébriles. Avec raison! S’ils ne remportent pas
au moins UNE épreuve, ils pourront se traiter
eux-mêmes de tous les noms dont ils ont osé
affubler l’école de Yohan! Et devenir la crème
de la crème du zozotisme.
(Extrait : LE LIVRE DES RECORDS RÉGLISSE)

Voici un livre que j’ai trouvé drôle et divertissant. Le héros de l’histoire est Yohan, 12 ans. Yohan rêve de faire partie de l’équipe de soccer de son école. Toutefois, un handicap l’empêche d’être accepté : on le juge trop petit pour jouer et performer au soccer. Pour Yohan, qui est effectivement petit, cette raison ne tient pas debout.

Il sent qu’il peut devenir un joueur-clé de son équipe. Il faut dire aussi qu’il n’y a pas grand monde qui performe dans son école qui se fait appeler gentiment L’école des Zozos du sport. Eh oui ! Il semble que son école soit la plus nulle dans tous les sports.

Pour remédier à cette situation gênante, Yohan, aidé par un homme-fée apparu de nulle part et qui a un accent espagnol plutôt comique, organise une compétition réunissant les quatre écoles de sa ville. L’initiative vise à faire entrer son école dans LE LIVRE DES RECORDS RÉGLISSE.

Ce livre très sympathique m’a bien fait rire. Il réunit les critères que les jeunes recherchent dans leur lecture dont le sens de l’humour qui est omniprésent dans le récit : *Comme vous pouvez le constater, l’équipement permis est constitué d’une raquette de tennis et une douzaine d’œufs. Le but du jeu est de renvoyer la balle, ou plutôt l’œuf, de l’autre côté du filet, SANS LE CASSER ! (Extrait)

Les autres compétitions sont toutes aussi bizarres. Aussi, il ne faudra pas se surprendre que le héros de cette histoire qui est le plus petit de sa classe s’appelle Yohan Lenain ou que l’infirmière de l’école s’appelle madame Seringue.

Le livre comporte une autre caractéristique intéressante pour les jeunes lecteurs et lectrices : il est volumineux…plus de 400 pages. Avec des lettres très grosses, environ quarante mots par page et souvent moins car le livre est abondamment illustré. Ça se lit donc aussi vite qu’un petit livre.

Bien sûr, sa présentation en kiosque est un peu impressionnante mais ici, j’ai un message pour les jeunes et il pourrait aussi s’adresser à beaucoup d’adultes : Ne vous laissez pas impressionner par l’épaisseur d’un livre ou par le nombre de pages. Prenez un livre, essayez-le pour la peine. Entrez dans l’histoire, si vous ne trouvez rien qui vous y retient, essayez un autre livre. Tôt ou tard, vous ne verrez plus le temps passer.

Ce livre est une intéressante et amusante lecture que je propose aux jeunes lecteurs et lectrices et elle est aussi porteuse de petite leçons et de petites morales très actuelles, sur les vertus du travail d’équipe par exemple, la perspicacité, la ténacité, la volonté et la tolérance.

De plus, comme le dit si bien cet étrange personnage, l’homme-fée maladroit qui est là pour aider Yohan, façon de parler : *Cé né pas tout dé gagner dans la vie ! * (Extrait)

Donc en résumé, LES ZOZOS DU SPORT, LE LIVRE DES RECORDS RÉGLISSE est un *bon gros petit livre*, c’est-à-dire 412 pages en très gros caractère, très ventilé, abondamment illustré par un artiste de talent, Richard Petit.

Les chapitres sont courts, titrés de façon très originale. Il y a de l’action, des bonnes idées et beaucoup d’humour. Ça se lit vite et bien. Les jeunes vont aimer je crois.

Suggestion de lecture, de la même autrice : EXPÉDITEUR INCONNU, de Marilou Addison

Marilou Addison a grandi à Montréal entre une mère écrivaine et un père qui enseignait le français. On comprend donc d’où lui vient cet engouement pour les livres et l’écriture.

Diplômée en littérature de l’UdM, elle a été commis de bibliothèque, libraire, attachée de presse et coordonnatrice du Prix Cécile Gagnon, décerné par l’Association des écrivaines et des écrivains québécois pour la jeunesse (AEQJ) en hommage à une écrivaine pionnière de la littérature jeunesse au Québec…

Parmi ses ouvrages pour enfants, mentionnons : J’ai mangé Pistache, Pistache détective et La Planète des Mignons… À la croisée du temps est son premier roman pour adolescents, sur ce site, j’ai déjà commenté ONDE DE CHOC, un véritable cri du cœur d’un adolescent en détresse,  et elle en a d’autres en préparation.

Marilou a d’ailleurs des tonnes de projets qui ne demandent qu’à naître sous sa plume… Active dans les divers salons du livre du Québec, l’auteure adore rencontrer ses lecteurs. C’est pourquoi elle visite régulièrement les écoles afin de communiquer sa passion à tous ceux qui sont prêts à l’entendre !

QUELQUES TITRES DE MARILOU ADDISON
POUR LA JEUNESSE

On peut avoir plus d’infos sur Marilou Addison chez Mortagne et aux éditions Boomerang-Jeunesse. Beaucoup  d’autres titres à venir. Voici le lien de Boomerang Jeunesse:

http://www.boomerangjeunesse.com/auteurs/marilou-addison/

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Le dimanche 10 septembre 2017

LA PIEUVRE, le livre de JULIE RIVARD

*Après avoir roulé sur l’asphalte, se tordant pour
chasser la souffrance physique, il rouvrit les yeux
et aperçut, non loin, l’agent du SPVM sous
couverture qui regardait la scène sans réagir.
Henrik crispa le visage pour lui communiquer son
impuissance. En guise de réplique, l’agent prit la
fuite.*
(Extrait : LA PIEUVRE, Julie Rivard, VLB éditeur, 2013
édition de papier, 265 pages.)

Dans le petit village de Cap-à-Nipi, l’agent Henrik Hansen, se bat contre un syndrome de stress post-traumatique à force d’avoir repêché des cadavres et il n’est pas au bout de ses peines. Une organisation criminelle d’un nouveau genre prend racine dans la paisible région : la Pieuvre. Le groupe, composé exclusivement de femmes, sévit dans toute la province. chargé de démanteler l’organisation, Henrik commet l’erreur de prendre l’affaire un peu trop à la légère mais il a tort, surtout lorsque le mystérieux leader du groupe l’entraîne dans les eaux les plus sombres qui soient : celles de son passé.  

Pourquoi pas des femmes?
*Issues pour la plupart de familles dysfonctionnelles,
elles avaient modelé leur comportement sur celui
d’un père minable ou d’un conjoint accro aux séjours
en prison…Pour que ses filles puissent agir à leur
guise, la leader avait eu la brillante idée de déléguer
toutes les besognes routinières à…des jeunes hommes!
C’était le monde à l’envers.
(Extrait : LA PIEUVRE)

Je dirais dès le départ que LA PIEUVRE est un roman *bon-moyen*. Il n’y a pas beaucoup d’action ou peut-être a-t-elle été mal pressentie parce qu’elle ne saute pas aux yeux. L’histoire tourne autour d’une organisation criminelle, composée de femmes et qui s’étend à des grandes villes jusque dans les régions éloignées dont Cap-À-Nipi , un village fictif situé sur la Côte-Nord du Québec. Ces femmes prétendent prendre la place des Hells Angels.

Malheureusement, le sujet qui, au départ, était original, a été très insuffisamment exploité et l’auteure a ouvert grande la porte aux clichés et dans une certaine mesure au machisme, je fais ici référence à l’humour qui est passablement mâle.

Et puis j’ai pu encore une fois lire le développement d’une histoire vieille comme le monde : celle du policier aux prises avec ses démons qui rencontre régulièrement son psychologue…policier qui a une sœur pour laquelle il est très protecteur.

Ce n’est pas tout…il se trouve que le bon policier a eu une flamme amoureuse dans le passé avec la cheffe de la Pieuvre : Eva qui se trouve par hasard dans la région de Cap-À-Nipi et que cette flamme se ravive. C’est du déjà vu et revu. En littérature, cette situation amincit considérablement l’intrigue.

Il y a un dernier détail que j’ai trouvé étrange : l’arrivée d’un personnage mal défini dans la vie d’Astrid, la sœur du policier dont j’ai parlé plus haut. Ce personnage s’appelle Marc Bertollini.

Il arrive de nulle part, tombe amoureux d’Astrid, s’installe à toute fin pratique avec elle. D’où vient-il? Qu’est-ce qu’il vient faire dans l’histoire? Il y a une explication à la fin, mais elle m’a laissé sur ma faim par sa minceur. Était-ce pour brouiller les cartes du côté du lecteur? Possible.

Donc nous avons ici l’exemple d’une bonne idée, mais exploitée avec timidité. Je m’attendais au départ à un polar solide et original mais je suis tombé finalement sur un simple suspense.

Le livre a toutefois des qualités intéressantes. Je pense entre autres à ce petit côté convivial et parfois bon enfant qui rend les personnages sympathiques. Par exemple, le policier principal Henryk Hensen fait équipe avec Denis et Danny Dupuis, une paire de jumeaux qui verse parfois dans le comique et qui n’est pas sans rappeler le célèbre duo de policiers créé par Hergé : Les dupond-Dupont.

Ajoutons à cela une relation très rafraîchissante entre le policier et sa sœur et un bel humour parsemé tout le long du récit. Comme je le disais, cet humour peut faire un peu mâle étant donnée la nature de l’organisation criminelle, mais comme c’est le cas pour le langage un peu cru, l’auteure ne pouvait pas vraiment passer outre..

J’apprends, dans le quatrième de couverture que LA PIEUVRE est le premier volet des aventures du fameux policier Henrik Hansen. Comme je l’ai constaté souvent en littérature policière, le personnage principal a besoin d’aide, notre héro se bat contre un syndrome de stress post-traumatique dont il souffre à force d’avoir repêché des cadavres. L’influence de ce syndrome sur le travail du policier n’est pas évidente mais force quelques épisodes chez le psy.

Bien que je n’aie pas trouvé cette lecture emballante, je lui ai trouvé un petit quelque chose de sympa, de la sensibilité, et j’y ai pris un certain plaisir. Je suis sûr qu’avec le temps, l’auteure va raffiner son personnage principal, mieux mettre en perspective son petit côté ténébreux et surtout mieux ligoter son intrigue. Quoiqu’il en soit, je suis partant pour lire le prochain volet des aventures du policier d’origine danoise : Henrik Hansen.

Suggestion de lecture : LE CHAT ET LES PIGEONS, d’Agatha Christie

Julie Rivard est native de Pointe-Claire. Au moment d’écrire ces lignes, elle habite la ville de Québec où elle a étudié en droit, puis en enseignement de l’anglais. Elle dit avoir écrit son roman à l’âge de 12 ans alors qu’elle était en 6e année du primaire.

C’était peut-être mauvais, mais on sait qu’une véritable passion venait de naître. Elle a d’abord écrit des livres pour enfants et trois romans policiers : MEZZA MORTA, DRAMMA (prix des abonnés du réseau des bibliothèques de la ville de Québec), LA PIEUVRE est son troisième roman.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 30 juillet 2017

LES PETITES CULOTTES, livre de GÉRALDINE COLLET

*Il y a très peu de temps, j’ai découvert qu’il existait des culottes mécaniques. Je nomme cela ainsi car aussi intrigantes soient-elles, il semblerait qu’à l’intérieur, une étrange machinerie remplisse des fonctions bien particulières. Si j’en saisis parfaitement l’intérêt érotique, je ne peux m’empêcher d’en détourner quelque peu l’utilisation* (Extrait : LES PETITES CULOTTES, une nouvelle de Géraldine
Collet, 2013, Neobook Édition, numérique, 142 pages)

LES PETITES CULOTTES est un récit cocasse dans lequel l’écriture rencontre l’intimité des petites culottes. Un étant aussi impudique que l’autre, autant parcourir les situations cocasses dans lesquelles les dames se reconnaîtront forcément. Après tout, il n’est pas toujours évident de se retrouver dans tous ces termes savants et il est facile de se perdre dans toute cette lingerie. C’est le moment idéal pour les garçons de prendre des notes…culottes d’écolière, de rechange, pour la piscine, cataloguées, culottes de la première fois, la première culotte noire, la culotte pressée, les slips, tout y est pour une exploration en *profondeur*…

UN RECUEIL DE CULOTTES CULOTTÉ
*Quelle est la différence entre une fille et un garçon?…
Je me suis faite à l’idée que les filles avaient des
culottes avec des princesses et les garçons des slips avec
des super héros. Pourtant, je vous assure qu’une culotte
avec Goldorak et ses fulguro-poings auraient fait mon
bonheur et que je n’avais rien d’un rien d’un petit gars!
(Extrait : LES PETITES CULOTTES)

Ce n’est pas un livre qui va révolutionner la littérature. Il faut le prendre pour ce qu’il est d’après ce que l’on est : un divertissement, une digression, une diversion dans vos lectures plus sérieuses. Ne vous attendez à rien de grivois. Tout au plus certains passages sont coquins.

Géraldine Collet développe un sujet qui a toujours hanté l’imagination de monsieur et madame tout le monde : LES PETITES CULOTTES. L’auteur décrit une variété de culottes dans une série de courts textes sans liens.

On dirait la vie, le quotidien, l’ordinaire, les réussites et les échecs du point de vue de la petite culotte. Elles y passent toutes : les culottes d’hiver, les culottes de la femme enceinte, la culotte de cheval, la culotte échancrée en lycra, la célèbre culotte noire, et même la culotte en PVC sans compter l’invention du siècle en matière de culottes : le string.

Il y a dans ce petit livre autant d’éléments pour satisfaire la curiosité que pour l’alimenter et bien sûr, l’ensemble est teinté d’humour : *Tanga, shorty, boxer, string : que de mots exotiques pour désigner aujourd’hui une culotte! Il ne faudrait tout de même pas oublier que l’essentiel est de pouvoir y glisser la première syllabe*.  (Extrait)

De l’humour sous formes d’affirmations, de dictons, de proverbes…*Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il n’a pas de culotte pour passer l’hiver ? (Extrait)  Partons du principe que les culottes touchent tout le monde de près, l’auteure devait être certaine de toucher tout le monde.

En ce qui me concerne, quand j’ai vu le titre au hasard d’un bouquinage numérique, la curiosité m’a poussé et je l’ai finalement lu. C’est un livre intéressant mais pas emballant. Il donne l’impression que l’auteure s’est motivée pour vider le sujet.

Alors, il fallait varier au maximum les sortes de culottes : formes, style, couleur, grandeur. Le résultat est que beaucoup de textes se ressemblent. Il y a un peu de redite, de redondance. Quand j’ai vu le pedigree de cinq ou six culottes, j’avais l’impression d’avoir tout vu.

L’ouvrage est aussi ponctué de petits jeux, quizz, devinettes, il y a même un mot caché. Ce genre de diversion n’apporte absolument rien au texte, l’ensemble étant déjà très ventilé et facile à lire. Je ne peux pas dire que je suis déçu, après tout ce livre m’a fait sourire ce qui est une victoire sur moi.

Aussi il faut dire que ce livre ne parle que des petites culottes pour femmes. C’est un peu dommage, avouez qu’il y aurait eu des liens intéressants à faire. Enfin je ne suis pas voyeur, mais j’aurais préféré des textes avec un peu plus de substance, plus coquins un peu et plus sensuels cela dit sans vulgarité. Sur ce plan, le petit livre est quand même très honnête.

L’humour aussi lui donne une certaine valeur :*Avec l’engouement des foules pour l’écologie, la culotte écologique vient d’être inventée. Fabriquées pour certaines à partir de pulpes de pins recyclées, elles seraient thermo régulatrices, anti-odeur, absorbante, lavable en machine à 30 degrés et…biodégradables! Nous voilà enfin débarrassées de la culpabilité d’oublier nos culottes n’importe où !* (Extrait) Avouez que ça se glisse assez bien dans une conversation : Vous savez j’ai beaucoup lu sur les culottes thermorégulatrices…

Évidemment, en ce qui me concerne du moins, ce n’est pas un livre qui va passer à l’histoire mais c’est léger, rafraîchissant, le sujet est traité avec beaucoup de douceur. Les textes sont très courts, le sujet est original, l’ouvrage est très ventilé donc facile et agréable à lire. Enfin, je ne savais pas qu’il y a une culotte pour chaque occasion.

Ça se laisse lire…

Suggestion de lecture : LE TÉLÉPHONE PORTABE, gadget de destruction massive, collectif

Née à Paris en 1975, Géraldine Collet étudie l’histoire contemporaine et devient professeure. Elle enseigne durant quatorze ans puis elle se consacre aujourd’hui pleinement à l’écriture. Principalement auteure jeunesse, elle est également scénariste de bandes dessinées et continue d’explorer d’autres formes littéraires.

Avec la complicité d’Arnaud Boutin au dessin, elle a signé La Boulette, Le Petit Vent et Le Petit Marcel. Elle signe également la série Jacotte avec l’illustratrice Estelle Billon-Spagnol. Plusieurs de ces livres ont été traduits en Corée, en Espagne, en Chine et bientôt aux États-Unis… Elle a un blog qu’on peut visiter au http://geraldinecollet.unblog.fr/

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Le dimanche 25 juin 2017

YUL ET SA CLIQUE, une BD de JULIEN MARIOLE

Yul et sa clique
1. L’âge de raison

La clef, extrait de YUL ET SA CLIQUE, 1. L’âge de raison. Scénario, dessins et couleurs : Julien Mariolle. Éditions Sandawe, 2014, 50 pages, édition numérique, collection Youbox.

YUL ET SA CLIQUE est une série de sketches en bandes dessinées mettant en scène Yul que l’auteur appelle un *adulescent* c’est-à-dire un jeune adulte qui peine à maturer. La vie de Yul est complètement chambardée quand il emménage avec Sam, sa copine, mère de jumelles : Liz et Lola. Yul est un grand amateur de science-fiction et de cinéma fantastique. Il va devoir concilier ses rêves et son travail avec son nouveau rôle de papa de substitution et conjoint d’une mère-poule… le quotidien rocambolesque d’un éternel adolescent. 

Immature mais tellement attachant 

C’est la première fois que je commente une bande dessinée et  ma foi je me demande pourquoi j’ai tant tardé. Après tout, c’est la bande dessinée qui m’a introduit dans le merveilleux univers du livre et je ne m’en privais pas : Tintin, Spirou, Quick et Flupke, Jo et Zette, Bob et Bobette, Gaston Lagaffe, Astérix…Voilà…je me reprends aujourd’hui.

Avant de faire mon choix, j’ai fait une longue recherche pour me familiariser avec l’univers actuel de la bande dessinée. J’ai fait d’extraordinaires découvertes de talents et d’imagination…des bédéistes québécois comme, entres autres,  Michel Rabagliati, Réal Godbout, Philippe Girard, Michel Falardeau et des bédéistes d’ailleurs…Christophe Allerston, Matt Groening avec les Simpson, Philippe Chapuis le créateur de TITEUF sans oublier l’immortel Uderzo….et j’en passe comme vous vous en doutez.

Il fallait faire un choix et celui-ci s’est arrêté sur YUL ET SA CLIQUE, une excellente bande dessinée de Julien Mariolle un bédéiste français qui en a écrit le scénario et réalisé les dessins…une remarquable manifestation de talents. J’ai ri. J’ai même beaucoup ri.

YUL ET SA CLIQUE est un opuscule humoristique qui comprend deux sketches par page, indépendants les uns des autres mais formant une histoire continue. Il se lit vite et bien et j’ai même eu plaisir à le relire.

Que ce soit voulu ou non, tous les livres portent en eux des petits messages, ou des pensées, des réflexions ou dépeignent des réalités qui nous touchent. YUL ET SA CLIQUE ne fait pas exception à la règle car l’histoire est bâtie sur le thème de la famille recomposée. Ça ne fait pas de l’ouvrage une profonde étude sociologique, mais beaucoup de lecteurs se reconnaîtront et en riront car l’humour de Mariolle est omniprésent et efficace.

Je vous invite donc à faire la connaissance de Yul, immature mais tellement drôle et sympathique, et de sa clique…parfait pour tous les âges y compris les vieux qui sont demeurés jeunes.

Suggestion de lecture : Capitaine Static, BD de Alain M. Bergeron et Sampar

Julien Mariolle est un bédéiste français né en 1978 dans la région Bordelaise, plus précisément à Libourne. Dès son enfance, il rêve de devenir dessinateur humoristique et créateur de bandes dessinées pour adultes.

Après l’obtention du BAC, Julien Mariolle décroche un diplôme de narration graphique à l’École Supérieure de l’Image d’Angoulême. Il devient par la suite professeur d’arts plastiques et fait ses débuts dans la création graphique. Il signe son premier album en 2009 aux éditions Les enfants rouges, DANS LES CORDES. LE TEMPS DES CERISES SUIT EN 2010. Brillante carrière en évolution.

BON DIVERTISSEMENT
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 14 mai 2017

ROMAN D’HORREUR, livre d’Arthur Tenor

Ils n’auraient jamais dû retourner
dans cette maison
*Il était là! Tout de noir vêtu, la tête dissimulée
sous un passe-montagne, bras écartés à moins
d’un mètre de lui. Valentin émit un hoquet de
stupeur. Il recula, jeta un regard autour de lui
et vit les couteaux…*


(Extrait : ROMAN D’HORREUR ILS N’AURAIENT
JAMAIS DÛ RETOURNER DANS CETTE MAISON,
Arthur Tenor, éditions Scrineo Jeunesse, 2013,
num, papier, 90 pages)

Trois ados amateurs de films d’horreur et de frissons se rendent dans une maison abandonnée et barricadée  depuis qu’elle a été le théâtre d’un meurtre sordide. Elle est considérée comme hantée et effrayante. Pour nos amis, cette réputation était un peu surfaite, aussi, ne s’attendaient-ils pas à vivre l’expérience la plus effrayante de leur vie. Le secret pour s’en sortir se trouverait dans une mystérieuse boîte mais nos amis devront passer dans tous les coins et recoins de cette maison des horreurs pour la trouver. Sueurs froides et battements de cœur au programme

Hommage aux classiques de l’horreur
*C’est comme si la maison était vivante,
comme si elle respirait, d’un souffle
rendu irrégulier par une souffrance
extrême.
(Extrait : ROMAN D’HORREUR)

J’ai vraiment passé un très beau moment de lecture avec ROMAN D’HORREUR de Arthur Ténor. Il y a plusieurs raison à cela, la principale étant qu’il m’a fait revivre de magnifiques moments de mon enfance et de mon adolescence alors que j’étais amateur de frissons. Je dévorais ce genre d’histoire et j’étais littéralement emporté par les films d’horreur, même les plus mauvais.

Comme tous les jeunes de l’époque, et c’est sûrement la même chose aujourd’hui, je cherchais la peur, je l’amplifiais malgré moi, elle m’emportait ailleurs jusqu’à ce que je la maîtrise pour finalement en rire.

Arthur Ténor nous propose ici un bon petit livre accessible à tous les âges, une histoire pleine de rebondissements et qui manie en douceur nos craintes et nos peurs. Sa plume est simple et d’une remarquable finesse. Les trois garçons sont imaginatifs et attachants. Quoique leur sens de la déduction soit un peu surfait pour leur âge, on a envie de mener l’enquête avec eux dans cette toile d’horreur, d’humour et de fantastique.

Dans ROMAN D’HORREUR, l’intrigue est solide et se prête à de nombreux rebondissements. L’objectif des jeunes limiers est simple : éclaircir le mystère de la mort des Colinsky dans cette maison qui est devenue maudite, trouver une mystérieuse boîte qui pourrait contenir des preuves et permettre aux fantômes de la maison de trouver la paix.

Bien sûr, en lisant ce livre, j’avais une impression de déjà vu ou de déjà lu. Je crois que c’est voulu par l’auteur qui désirait simplement rendre hommage aux livres et aux films cultes d’horreur, la tendance la plus consommée dans l’univers de la littérature et du septième art. Même s’il s’agit ici d’une variation sur un thème très répandu, j’ai été agréablement surpris, d’autant que le premier rebondissement repose sur un sympathique canular dont est victime le brave Valentin.

Je recommande chaleureusement ROMAN D’HORREUR, sa lecture est facile, rapide, agréable, l’histoire palpitante et bien ficelée absorbe agréablement le lecteur. À la fin du récit, on retrouve une liste de films cultes d’horreur qui sont les fleurons du genre. Malheureusement, cette liste de Mélody Mourey est loin d’être exhaustive, mais ça donne une bonne idée et ce sera à vous de compléter la liste avec des titres qui vous ont marqués.

Je mentionnerai en terminant un seul point qui m’a agacé. Dans ROMAN D’HORREUR, c’est Valentin qui mène l’enquête, et il le fait avec une intelligence et un sens de la déduction très surréaliste pour son âge.

Ce n’est pas le premier livre de littérature-jeunesse dans lequel un jeune fait la barbe aux policiers mais ça donne au tout un petit côté trop beau pour être vrai. Heureusement, le petit sentiment que Valentin éprouve pour la belle Zoéline vient alléger le tout et replace notre jeune héros un peu plus dans son groupe d’âge.

ROMAN D’HORREUR a toutes les qualités d’un bon thriller. Une lecture agréable, sympathique avec des côtés drôles…un excellent divertissement.

Suggestion de lecture : JÉRÔME ET SON FANTÔME, de Sylvie Brien

Christian Escaffre est un auteur français né en Auvergne en 1959 et spécialisé dans la littérature jeunesse. Il s’est lancé dans l’écriture pour les jeunes à la fin des années 90 sous un pseudo qu’il porte toujours : ARTHUR TÉNOR. Ancien instituteur, il a publié des romans dans des domaines très variés mais c’est surtout par ses récits historiques qu’ils s’est fait connaître. Son talent a été largement reconnu par ses pairs, en particulier avec LES MESSAGÈRES DES ABYSSES qui lui a valu le prix de la PEEP 2008.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le 12 février 2017 

LE JOUR OÙ J’AI VOULU DEVENIR POPULAIRE

Commentaire sur le livre de
Meg Cabot

*Elle est bizarre cette jupe. Pourquoi est- elle si courte? Comment vas-tu courir si Gordon Wu flanque une nouvelle fois le feu au labo et que nous devons l’évacuer
en vitesse?*
(Extrait : LE JOUR OÙ J’AI VOULU DEVENIR POPULAIRE, Meg Cabot, Hachette-jeunesse,2006, num. 226 pages, littérature-jeunesse)

 

Voici l’histoire de Steph Landry, 16 ans, sympathique, imaginative, mais malheureusement la fille la plus impopulaire de son lycée…un bouc émissaire. Son infortune a commencé il y a 5 ans alors qu’elle  avait accidentellement renversé une boisson sur la jupe de Lauren qui était alors la fille la plus populaire en ville. Lauren n’a jamais pardonné à Steph et a décidé de lui faire payer systématiquement. Mais Steph en a assez.

Elle met la main sur un vieux bouquin qui donne des recettes pour devenir populaire. L’idée fixe de Steph : se faire aimer des autres. Pour relever cet énorme défi, elle suit et applique les conseils du bouquin et dans la semaine qui suit, s’en trouve toute transformée. Cependant, la transformation de Steph va un peu plus loin que prévue et elle se voit entraînée dans des aventures parfois cocasses parfois dramatiques…

Les infortunes de la popularité
*Le succès est merveilleux, mais il implique
l’effort de suivre le rythme de cette nymphe
infidèle qu’est la popularité.*
(Charlie Chaplin, 1889-1977)

Ce récit est une variation sur un thème connu, assez répandu en littérature-jeunesse : la popularité. Ce n’est pas un chef d’œuvre à cause entre autres de son caractère prévisible, sans surprises ni rebondissements, mais il comporte des éléments intéressants.

Le personnage principal, Steph Landry, énergique et attachante, passe malheureusement pour la gourde du lycée parce qu’il y a cinq ans, elle a accidentellement taché la robe de son amie Lauren. Celle-ci lui fera payer cher cette gaffe en lui bâtissant une réputation de fille gauche et bête à éviter.

Un jour, Steph met la main sur un vieux livre qui explique comment se faire des amis et surtout, comment devenir populaire. Steph voit ce livre comme un passeport donnant accès à la popularité et décide d’appliquer ses recommandations. Elle se donne en particulier corps et âme dans un projet innovateur visant à amasser de l’argent pour l’équipe sportive de son lycée.

Si je mets de côté le caractère linéaire et prévisible du récit, j’ai beaucoup apprécié le fait qu’il y a, à la fin de chaque chapitre, un extrait du fameux livre qui explique comment devenir populaire. C’est intéressant et ça donne au sujet un peu usé, un petit angle novateur. J’irais jusqu’à dire que les extraits du livres sont très crédibles. Voici quelques passages…

*Vous voulez un conseil efficace pour  gagner les cœurs et les esprits de votre entourage? Soyez créative! Prenez l’initiative! Et menez vos projets à terme. L’enthousiasme gagne toujours. Et les gagnants sont populaires.*

*Devenez irrésistible… ça paraît fou, mais c’est une vérité absolue. En vous consacrant aux activités que vous aimez. Vous serez heureuse, et les hommes, comme le reste du monde sont incapables de résister aux personnes heureuses.*

*Les gens populaires sont des gagnants. Le meilleur moyen de remporter une querelle, c’est de commencer par l’éviter. Il suffit pour ça de respecter l’opinion des autres même si vous estimez qu’ils ont tort.

Il vaut toujours mieux laisser les autres parler et leur laisser croire que c’est eux, pas vous, qui sont à l’initiative de quelque chose*
(Extraits : LE JOUR OÙ J’AI VOULU DEVENIR POPULAIRE, Meg Cabot)

Le style de Meg Cabot est assez agréable et même parfois drôle. L’écriture est fluide. Malheureusement, alors que la recherche de la popularité est un sujet qui concerne autant les garçons que les filles, l’auteure a donné à son récit un genre qui rappelle plutôt les romans de filles. Vous noterez, à la lecture des extraits, que le livre s’adresse aux filles.

Le livre a quand même un petit côté accrocheur, sympathique et attachant qui porte à réflexion sur des thèmes chers aux adolescents : l’amitié, l’acceptation par ses pairs et la recherche de la reconnaissance, la tolérance.

Il ne faut pas oublier non plus la naissance des sentiments amoureux car deux garçons aux antipodes font battre le cœur de Steph et il est intéressant de découvrir comment, à travers toutes ses aventures, la belle Steph arrêtera son choix.

Malgré ses petites faiblesses, je recommande ce livre aux jeunes. Il est plaisant, rapide à lire et n’a rien de moralisateur. Il m’a toutefois laissé sur l’impression qu’être vrai et authentique est encore le meilleur moyen d’être aimé de tous.

*Évitez la popularité si vous désirez la paix. (Abraham Lincoln) (Extrait : LE JOUR OÙ J’AI VOULU DEVENIR POPULAIRE)

Suggestion de lecture : LE VIEUX QUI NE VOULAIT PAS FÊTER SON ANNIVERSAIRE, de Jonas Jonasson

Meg Cabot est une auteure américaine native de Bloomington Minnesota et maintenant installée à New-York. Elle a écrit une quarantaine de romans pour adolescents et pour adultes. Avant de signer ses romans de son vrai nom, Meg Cabot a emprunté le pseudo de Patricia Cabot en début de carrière, puis, celui de Jenny Caroll.

Plusieurs de ses livres sont devenus des best-sellers traduits dans plus de 35 pays. Le premier tome de PRINCESSE MALGRÉ ELLE, publié en 2001, a fait l’objet d’une adaptation libre des Studios Disney avec Anne Hathaway et Julie Andrews dans les rôles respectifs de Mia et de sa grand-mère. Au moment d’écrire ces lignes, Meg Cabot est toujours très active et met la dernière main sur deux nouveaux tomes de la série JOURNAL D’UNE PRINCESSE. Elle a aussi d’autres projets…à suivre. 

<Pour rester populaire, il faut rester médiocre.>
Oscar Wilde

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Le 5 février 2017

DESMOND PUCKET la magie monstre de MARK TATULLI

(DESMOND PUCKET LA MAGIE MONSTRE.
Texte et 
illustrations: Mark Tatulli, t.f. pour le Canada : Les Éditions
Héritage, 2014, édition de papier, Dominique et Compagnie,
littérature jeunesse, 235 pages)

CHASSEZ LE NATUREL ET IL REVIENT AU GALOP  

Desmond Pucket est un ado passionné par les effets spéciaux. Il excelle dans l’invention de toutes sortes de trucages et  de dispositifs pour provoquer surprises, peurs et frissons. Desmond est sur le point de réaliser son rêve : visiter la JETÉE ENCHANTÉE dans le cadre d’une sortie scolaire. Mais voilà, parce que Desmond pousse ses effroyables blagues un peu trop loin, il est menacé d’être privé de cette sortie tant souhaitée, ce qui le priverait d’une attraction très prisée : la Montagne aux Monstres. Desmond aura tout un défi à relever : éviter son renvoi de l’école et prouver qu’il peut être digne de confiance. 

LA MAGIE DU MOMENT

*…pour l’instant, mon passe-temps ne plaît pas
aux adultes. Surtout aux enseignants et aux
types chauves à l’air important qui portent
des lunettes de lecture en demi-lune et des
chandails verts caca d’oie, aussi appelés
«autorités scolaires».
(Extrait : DESMOND PUCKET LA MAGIE MONSTRE)

Si mes fréquentes incursions dans la littérature-jeunesse m’ont beaucoup fait sourire, Desmond Pucket lui, m’a carrément fait rire. Desmond Pucket est un personnage créé par Mark Tatulli : Desmond est un ado énergique et brillant, passionné par les effets spéciaux et la magie, et, parallèlement, créateur de tours pendables et de farces.

Il se présente lui-même au début du récit : *…j’adore les trucs qui font peur. Je suis un professeur de froussologie, avec une maîtrise en monstrologie…j’invente, dessine et crée mes propres effets spéciaux monstrueux. Un jour, je deviendrai riche et célèbre en créant les plus incroyables et effroyables manèges hantés de parcs d’attractions au monde. C’est mon rêve.* (Extrait : DESMOND PUCKET LA MAGIE MONSTRE)

LA MAGIE MONSTRE est donc le récit de Desmond Pucket qui caresse le rêve de visiter la Jetée Enchantée et plus particulièrement la Montagne aux Monstres. Or, une occasion se présente : une sortie avec son école. Mais comme Desmond s’attire tout de sortes d’ennuis avec ses talents particuliers, il finit par être privé de la sortie rêvée. Il doit relever tout un défi : se racheter et prouver à tous et en particulier au grincheux professeur Supliss qu’il peut être sérieux.

Depuis ma propre adolescence et même aussi loin que je puisse remonter, je constate que les jeunes recherchent à peu près toujours les mêmes éléments dans leurs lectures : des frissons, un brin d’angoisse, une bonne dose d’aventure et surtout beaucoup d’humour.

Dans DESMOND PUCKET LA MAGIE MONSTRE, il y a tout ce qu’il faut pour garder l’intérêt du jeune lecteur et de la jeune lectrice jusqu’à la toute dernière page : une imagination débordante, de l’humour spontané mis en valeur par des illustrations très descriptives et drôles, un texte en gros caractère et très bien ventilé, le tout présenté dans une alternance de textes et de bandes dessinées.

Pour ajouter à une histoire très riche en rebondissements, Desmond Pucket a un petit sentiment pour ce qu’il considère la plus belle fille de son école : Tina Schimsky. Il nous la décrit d’ailleurs avec beaucoup d’humour:  *Si l’on pouvait la brancher à un générateur, cette fille illuminerait toute une ville* (Extrait : DESMOND PUCKET LA MAGIE MONSTRE).

Sans être moralisateur, le livre est porteur d’une petite réflexion sur l’authenticité, la tolérance et la persévérance. Bref, j’ai passé un beau moment de lecture. J’en suis sorti détendu et de bonne humeur et j’ai pu apprécier un auteur-illustrateur de talent, Mark Tatulli, et profiter de l’excellence de la traduction d’Isabelle Allard.

J’aurai peut-être l’occasion de revenir sur Desmond Pucket car LA MAGIE MONSTRE annonce une suite probable…sans doute les péripéties de notre jeune héros à la Montagne aux Monstres.

Enfin je recommande DESMOND PUCKET LA MAGIE MONSTRE à tous les jeunes de 8 ans et plus. J’en ai profité pour parcourir les titres de l’éditeur DOMINIQUE ET COMPAGNIE…c’est très prometteur…

Suggestion de lecture : DARWIN ET L’ÉVOLUTION EXPLIQUÉS À NOS PETITS ENFANTS de Pascal Pick

Mark Tatulli est un auteur américain né en 1963, spécialiste de la bande dessinée, de l’animation et de la supervision graphique. Il s’est fait connaître par son *comics trip*. Il a  toutefois atteint la notoriété avec Liõ, un petit garçon vivant seul avec son père et ses animaux familiers : une araignée, un cobra, un chat, un céphalopode et un homard… En 2013, Tatulli crée un jeune personnage débordant d’énergie et d’imagination qui pourrait bien devenir récurrent dans la littérature-jeunesse, DESMOND PUCKET.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
29 janvier 2017

L’ARRACHEUSE DE TEMPS, de FRED PELLERIN

 

*…Toussaint fût réveillé subitement. Était-ce le
chant du coq d’Ovide Samson? Non. Le coq
avait succombé d’un coup de poêlonne de
fonte dans l’omelette ce matin-là. Le chant
du toc, ce fut une explosion. Bang! Chez les
Gélinas.*
(Extrait : L’ARRACHEUSE DE TEMPS, contes de
village, Fred Pellerin, Sarrazine Éditions, 2009,
num. 135 pages)

Encore une fois, Le célèbre conteur Fred Pellerin plonge dans l’inépuisable mémoire de
Saint-Élie-De-Caxton pour nous livrer un conte touchant et vibrant sur le thème de la mort. Il y est question de cette étrangère venue s’établir au Lac-Aux-Sangsues…une femme discrète qu’on a élevée rapidement au rang de sorcière parce qu’elle lisait l’avenir. Une arracheuse de temps comme on dit…partie comme elle est arrivée emportant une grande quantité de mystères et de secrets enfouis dans la mémoire de Saint-Élie…

SAINT-ÉLIE PURE LAINE
*La dépouille faisait fureur. Tout le monde
s’était agglutiné autour de la table où
s’étendait la translivide. On observait cette
anonyme sans vie. À intervalles, chacun
jetait un œil à son voisin pour décoder une
réaction. À s’interroger sur la façon de
s’endeuiller devant l’inconnue.*
(Extrait : L’ARRACHEUSE DE TEMPS)

L’histoire tourne autour de LA STROOP, un des personnages de légende de Fred Pellerin. LA STROOP est une étrangère riche, étrange, mystérieuse et indépendante qui s’est installée un peu en retrait du village, ce qui entretien davantage le mystère qui l’entoure avec le résultat que le village n’a pas tardé à *sorciériser* la femme, encouragé par le curé neuf qui est par nature assez orthodoxe.

Ce que tout le village ne sait pas, c’est qu’il côtoie la mort, personnifiée dans le conte par celle qu’on appelle LA TRANSLIVIDE. Mais ce qu’on ne sait pas ne fait pas mal n’est-ce pas?

Toujours est-il qu’on fait connaissance avec des personnages sympathiques bien ancrés dans leur mentalité de village : Méo le coiffeur du village, Toussaint Brodeur, la belle Lurette, le curé *Neuf*…tous ont des raisons de consulter la STROOP qui aurait le pouvoir de faire reculer la mort…de lui *arracher du temps*.

Telle est la trame de ce conte rempli de fantaisies, de sympathiques expressions tordues, de tendresse, et porteur d’une belle réflexion sur la mort…pas le genre à faire peur mais plutôt à y réfléchir simplement. Fred Pellerin demeure résolument positif…même que personne ne meure pendant le passage de la STROOP chez les *Caxtoniens* sauf si on doit considérer la mort de la mort elle-même.

Le spectacle m’a ému, le livre m’a enveloppé. Dans le spectacle, Fred Pellerin a ce don magnifique de mettre en perspective le non-dit par son expression et son langage dans lequel le français *passe par des tours de passe-passe* tout à fait délicieux. Il rit de la mort sans jamais nous laisser indifférent à la Faucheuse. Avec une remarquable énergie, de l’humour et beaucoup de douceur, il laisse en nous la couvaison d’une réflexion qui viendra bien en son temps.

Si le spectacle mérite d’être vu, le livre vaut vraiment la peine d’être lu. Je sais que pour Fred Pellerin, le récit oral passe bien avant l’écrit. Mais ce livre est beaucoup plus que la transcription du conte dans le genre *mot à mot*, j’ai pu en mesurer toute l’intensité et les expressions tout à fait savoureuses et de superbes tournures de phrase :

*Et toutes ces choses faisaient d’elle une prémonitieuse sans fil. En interurbain constant avec le passé. L’avenir aussi. L’indicatif passé proche, et le futur compliqué…il suffisait de la consulter quelques minutes dans une volonté de vous refaire le futur que déjà vous n’aviez plus aucune idée de ce que vous avez fait la veille. À subjoncter au possible…*(Extrait)

Si vous êtes tanathophobe, ou si vous avez ne serait-ce que peur d’avoir peur, pensez à la légende Caxtonienne et à son fier porte-parole Fred Pellerin avec L’ARRACHEUSE DE TEMPS. C’est une formidable thérapie. Je vous dirai ici que le meilleur des mondes consiste à voir le spectacle et à lire le livre, peu importe dans quel ordre. De toute façon, les deux versions sont vendues ensemble.

Vous aimerez je crois…vous aimerez beaucoup.

Suggestion de lecture : LES CONTES DES 1001 NUITS

Fred Pellerin est un conteur, écrivain, scénariste et chanteur né en 1976 à Saint-Élie-De-Caxton en Mauricie au Québec. Diplômé en littérature de l’Université du Québec à Trois-Rivières, il s’est fait connaître rapidement par ses contes issus de son village natal, Saint-Élie-De-Caxton, et mettant en scène des personnages du village, comme Toussaint Brodeur, La Stroop et Méo le coiffeur, entre autres. Il est devenu, tôt dans les années 2000, un des meilleurs conteurs du Québec.

En 2007, il produit avec son frère Nicolas, un album de musique folklorique. L’année suivante, un de ses contes est adapté à l’écran par le réalisateur Luc Picard. Il a produit plusieurs spectacles, livres, disques et DVD. L’ARRACHEUSE DE TEMPS est son 4e spectacle produit en 2008, publié par la suite chez Sarrazine en 2009. Il a été reçu Chevalier de l’Ordre National du Québec en décembre 2012.

BONNE LECTURE
JAILU/CLAUDE LAMBERT

le 18 décembre 2016

L’INDIEN MALCOMMODE, livre de THOMAS KING

*Enseignez aux Indiens à pêcher, mais enseignez-leur surtout à devenir des pêcheurs chrétiens. Après, vous pourrez leur vendre des cannes à pêche… Notre plus grave erreur est d’aller porter notre civilisation aux Indiens au lieu de conduire les Indiens à la civilisation.* (Extrait : L’INDIEN MALCOMMODE, Thomas King, t.f. Éditions du Boréal, 2014, num. 725 pages)

L’INDIEN MALCOMMODE est un essai sur l’histoire, le résultat d’une longue réflexion personnelle que Thomas King a menée presque toute sa vie sur ce que ça représente d’être un indien en Amérique du Nord. Avec le franc parler typique d’un indien, King donne un petit caractère subversif à son livre en démolissant avec beaucoup d’esprit et d’humour toutes les idées reçues et préconçues sur les peuples autochtones qu’on appelle Les Premières Nations. Il ne s’agit pas d’une condamnation des attitudes ou des comportements. Il s’agit plutôt de l’histoire revisitée et replacée dans son contexte. 

Un portrait inattendu des Autochtones
d’Amérique du Nord
*Sur le plan des attitudes, en terme de dépossession
et d’intolérance, pas grand-chose n’a changé…
Vous voyez le problème que j’ai? L’histoire que
j’essaie d’oublier, ce passé que je propose de
convertir en autodafé, c’est notre présent. Ce
pourrait être aussi notre avenir.
(Extrait : L’INDIEN MALCOMMODE)

Quand j’ai lu le résumé de ce livre, je me suis replongé, l’espace d’un instant, dans les petites leçons d’histoire que je recevais à l’école primaire. La plupart du temps, ces leçons se résumaient à un constat plutôt navrant : les Blancs étaient les bons et les Indiens étaient les méchants.

Bien que je ne fusse pas plus précoce qu’un autre à l’époque, je trouvais ça trop beau pour être vrai. J’étais sceptique. Si le livre de Thomas King avait été publié à l’époque, il aurait été mis à l’index ou peut-être refilé aux universités.

En effet, dans un ouvrage sensiblement subversif, King fait une relecture de l’histoire du Canada et des États-Unis en identifiant les mythes et en replaçant les évènements dans leur contexte.

Dans un langage simple et avec des raisonnements faciles à suivre, King met dans l’ombre les récits trop beaux pour être vrais généralement très bien encadrés par la littérature en général et les manuels scolaires en particulier, et bien sûr la télévision et le cinéma.

L’auteur rappelle que la réalité est beaucoup plus complexe et avertit d’entrée de jeu le lecteur, la lectrice : Nous sommes nombreux à penser que l’histoire, c’est le passé. Faux. L’histoire, ce sont les histoires que nous nous racontons sur le passé*

Il semble que le temps, et quantités d’expédients politiques, économiques, sociaux et culturels aient dénaturé l’idée qu’on se fait des indiens. Vous comprendrez vite, comme moi que Thomas King n’a pas réécrit le passé. Il livre simplement et parfois avec humour, le fruit d’une longue réflexion personnelle et analytique qui tend à répondre à une question complexe : qu’est-ce que ça signifie d’être un indien aujourd’hui en Amérique du nord?

Pour répondre à cette question, King identifie trois classes historiques d’indiens : L’indien légal, l’indien mort et l’indien idéal. Il développe surtout en long et en large ce qui a constitué de tout temps le cauchemar des indiens : LA POSSESSION DES TERRITOIRES en expliquant les lois, traités, ententes, règlements et jugements dont les effets et les conséquences allaient plutôt à sens unique.

À l’entrée du National Cowboy Hall of Fame d’Oklahoma City se trouve la sculpture de James Earl Fraser (1876-1953). L’œuvre représente la légendaire FIN DE LA PISTE DES LARMES (The end of the trail) évoquée et développée par Thomas King dans L’INDIEN MALCOMMODE. Elle représente un guerrier à bout de force, qui s’effondre sur son cheval. Plutôt très compatible avec l’histoire. Par ailleurs, on a donné le nom de PISTE DES LARMES à l’exode Cherokee qui eut lieu pendant l’hiver 1838-1839 du Mississipi vers l’Oklahoma.

J’ai adoré ce livre…il m’a passionné pour plusieurs raisons. D’abord à cause de la beauté du texte magnifiquement traduit par Daniel Poliquin qui a su aller au-delà des mots en livrant le ressenti de l’auteur. Ensuite, j’ai ressenti toute une gamme d’émotions : la colère, la déception, la tristesse mais aussi le rire, la sympathie, l’étonnement.

C’est un livre fascinant, très bien documenté et dans lequel s’étend un raisonnement crédible facile à suivre et qui tend à expliquer de façon parfois mordante, parfois drôles où nous en sommes aujourd’hui dans nos relations avec les indiens et où est-ce que ça va nous mener.

Un plaisir à lire.

Suggestion de lecture : TRAITÉ SUR LA TOLÉRANCE, de Voltaire

Thomas King est un auteur, journaliste, animateur et conférencier né à Sacramento en Californie et installé au Canada depuis 1980, plus précisément à Guelph en Ontario où il enseigne l’anglais à l’Université. King est de descendance Cherokee et fût le tout premier conférencier autochtone canadien.

Ardent défenseur des premières nations, King s’est exprimé dans ses écrits sur l’expérience autochtones dans la littérature, les traditions orales, l’histoire, la politique, la religion et la culture avec, comme principal objectif de donner un sens aux relations complexes qu’entretiennent la société nord-américaine et les peuples autochtones.

King est aussi le créateur d’une série radiophonique intitulée THE DEAD DOG CAFE COMEDY HOUR pour CBC Radio one. Thomas King est membre de l’Ordre du Canada depuis 2004.

BONNE LECTURE

JAILU/CLAUDE LAMBERT
11 décembre 2016