Un voisin étrange

Commentaire sur le livre de
FLORIAN DENNISSON

*j’AI ZOOMÉ SUR LES PETITES CAISSES. Sur chacune d’elles, il y avait une sorte d’autocollant carré, jaune et noir, sur lequel était imprimé un logo. Un logo que j’avais déjà vu auparavant. Un logo qui m’a toujours fait peur.

(Extrait : UN VOISIN ÉTRANGE, Florian Dennisson, livre 1 de la série HISTOIRES ÉTRANGES, Florian Dennisson et Chambre noire Éditeurs, 2019, version numérique, équivalence : 130 pages brochées, littérature jeunesse.)

  

Pendant les vacances de la Toussaint, Olivier Leroy pénètre sans en avoir le droit sur le terrain d’une des maisons de son village et fait une découverte étrange ayant peut-être un rapport avec l’une des énigmes les plus célèbres de l’Histoire. Le lendemain, un voisin bizarre vient s’installer en face de chez lui, dans une maison délabrée dont personne n’a jamais voulu depuis des décennies. Puni et ayant interdiction de sortir de chez lui, Olivier va avoir beaucoup de mal à mener son enquête et résoudre les mystères qui s’accumulent autour de lui.

 Olivier et les templiers

UN VOISIN ÉTRANGE est un roman court, léger, agréable à lire, un récit parfait pour introduire les jeunes au polar et pour les encourager à aller plus loin dans leurs lectures. Voici l’histoire d’olivier Leroy, un ado de 13 ans. Un jour, Olivier observe une pelleteuse tomber dans un énorme trou sur le terrain des Imbert, les voisins qui voulaient se faire construire une piscine. Une fois le terrain déserté, c’était plus fort que lui, Olivier s’y est aventuré et a découvert une grande quantité de caisses portant un drôle de dessin sur leurs côtés. C’était un sigle.

Pour sa curiosité, Olivier a été puni par son père qui lui interdit de sortir pendant plusieurs jours, mais décide tout de même de faire enquête avec l’aide de sa nouvelle amie Amanda. Le duo observe également un drôle de voisin dans de mystérieuses activités nocturnes dans sa grange.

Entre temps, la mère d’Olivier, qui est prof d’histoire, apprend à son fils que le sigle qu’il a observé sur les caisses est celui des templiers, un ordre religieux et militaire issu de la chevalerie du Moyen-âge, chargés de protéger les pèlerins sur la route de Jérusalem et ayant accumulé au fil du temps de fabuleuses richesses, jamais retrouvées à ce jour. Amanda et Olivier mettront ainsi à jour un inimaginable complot.

Brillante, l’idée de Florian Dennisson d’introduire dans son récit une notion d’histoire avérée, intrigante et de nature à stimuler l’imagination du jeune lectorat d’autant que l’Ordre des Templiers est encore de nos jours, entouré de mystère, de secrets et d’énigmes.

Les pré-ados et jeunes ados vont se reconnaître dans cette belle aventure et s’identifieront facilement à Olivier et Amanda. Ils découvriront dans ce petit livre ce qu’ils aiment en général : de l’intrigue, du mystère, du danger et surtout, la douceur et l’efficacité d’un bel esprit d’équipe et de l’amitié. Dans cet opus, tous les éléments sont réunis pour donner aux jeunes le goût de la lecture.

C’est un bon roman pour les jeunes qui pourrait être aussi un baume pour le cœur des adultes…à une condition toutefois, il ne faut pas le lire avec des yeux et un esprit d’adulte car vous y découvririez un sérieux manque de profondeur, qualité qui ne figure pas dans les priorités des jeunes lecteurs de 8 à 13 ans et c’est normal. Il faut bien commencer par le commencement. L’important est de lire.

Enfin, dans son livre, l’auteur a bien résumé l’histoire et l’objectif des templiers, mais j’invite les jeunes qui veulent pousser leurs recherches à ce sujet à consulter le dossier publié par Vikidia.

Suggestion de lecture : LE LIVRE QU’IL NE FAUT SURTOUT,SURTOUT,SURTOUT PAS LIRE, de Sylvie Laroche

DU MÊME AUTEUR


L’auteur Florian Dennisson

Bonne lecture
Claude Lambert

LES AVENTURES EXTRAORDINAIRES D’ARSÈNE LUPIN

COMMENTAIRE SUR LE RECUEIL
L’AIGUILLE CREUSE et autres histoires

De Maurice Leblanc

*Est-ce qu’il ne s’agit pas d’Arsène Lupin ? Est-ce que nous ne devons pas, avec lui, nous attendre justement à ce qui est invraisemblable et stupéfiant. Ne devons-nous pas nous orienter vers l’hypothèse la plus folle ? Et quand je dis la plus folle, le mot n’est pas exact. * (Extrait :  Les aventures extraordinaires d’Arsène Lupin, tome II, Jean-Claude Gawsewitch éditeur, 2012, édition de papier, 370 p.)

Arsène Lupin évoque des énigmes, des secrets enfouis et des cachettes mystérieuses, des machinations, des courses-poursuites et des coups de théâtre. Un héros désinvolte et raffiné, cambrioleur mais gentleman, hors-la-loi autant que justicier, Arsène Lupin, en passionnant des générations de lecteurs par sa verve et ses exploits, figure en bonne place au panthéon de la littérature populaire. »

Le voleur honnête

Je me suis finalement décidé à lire LES AVENTURES EXTRAORDINAIRES d’Arsène Lupin dans leur version originale. Sur le personnage lui-même, je suis un peu mitigé en ce sens que j’ai eu de la difficulté à m’y attacher. Lupin est une légende plus grande que nature, presque trop parfait, arrogant, mufle à ses heures, prétentieux, manipulateur et imbu mais tellement brillant, subtil, intelligent et malin.

Ce sont les histoires qui m’on subjugué, la plume incroyablement maîtrisée de Maurice Leblanc qui a créé un *gentil bandit* tellement magnétique, travaillé en profondeur et si génial qu’il est devenu un monstre sacré, un immortel incontournable de la littérature et de l’écran. Le tome 2 des aventures de Lupin est particulièrement important car on y retrouve un chef d’œuvre de la littérature policière : L’AIGUILLE CREUSE, un roman phare qu’il faut absolument lire si on veut pénétrer en profondeur l’âme de Lupin et saisir l’esprit de l’auteur.

J’ai beaucoup aimé L’AIGUILLE CREUSE pour plusieurs raisons. Il est question, dans ce récit, d’un épais mystère comportant un secret que les rois de France se transmettaient et dont Arsène Lupin s’est approprié. La fameuse « aiguille » contient le plus fabuleux trésor jamais imaginé. Voilà qui explique, en partie seulement, la puissance du personnage et ses moyens d’agir.

J’ai trouvé le récit aussi particulièrement captivant parce qu’il introduit un personnage à la fin de son adolescence : Isidore Beautrelet, élève de rhétorique surdoué, ce qui est incongru au départ. Il se trouve qu’Isidore est devenu mon héros dans cette aventure parce qu’il a tenu tête à Lupin et a fait la barbe à un policier obsédé par la capture du célèbre voleur : le détective Ganimard.

L’ouvrage comporte plusieurs petites curiosités. J’en citerai une dernière, qui donne une saveur particulière à L’AIGUILLE CREUSE : Leblanc parodie Sherlock Holmes. L’antihéros devient Herlock Sholmès, un détective particulièrement antipathique et imbu. J’ai adoré.

L’œuvre, parue entre 1908 et 1909 n’a pas vieilli. Ça se lit sans prendre conscience du temps qui passe et j’ai compris très vite pourquoi, à travers les mystères, revirements et rebondissements, par sa manière d’être et sa psychologie, Arsène Lupin est devenu le GENTLEMAN CAMBRIOLEUR, terme qui sera consacré d’ailleurs par la célèbre chanson de Jacques Dutronc et qui deviendra le thème de la célèbre télésérie.

Je vous souhaite sincèrement de lire ces aventures avec le même enchantement que je celui que j’ai ressenti et les émotions qui l’accompagnent évidemment.

C’est le plus grand des voleursOui, mais c’est un gentlemanEt chaque femme à son heureRêve de voir son visage
De l’actrice à la danseuseÀ l’épouse la meilleureGentleman cambrioleurA gagné le cœur
C’est le plus grand des voleursOui, mais c’est un gentlemanIl s’empare de vos valeursSans vous menacer d’une arme
Quand il détrousse une femmeIl lui fait porter des fleursGentleman cambrioleurEst un vrai seigneur
Extrait de la chanson GENTLEMAN CAMBRIOLEUR : Yves Dessca/Jean-Pierre Bourtayre/Frank Harvel
 
Suggestion de lecture : LE CHIEN DES BASKERVILLE, d’Arthur Conan-Doyle
 

Explorez la biographie de Maurice Leblanc ici.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 27 août 2023

L’ALCHIMISTE, le livre de PAULO COELHO

* J’ai appris que le monde possède une Âme, et
celui qui pourra comprendre cette âme comprendra
le langage des choses. J’ai appris que de nombreux
alchimistes ont vécu leur Légende Personnelle et
qu’ils ont fini par découvrir l’Âme du monde, la
Pierre Philosophale, l’Élixir de Longue vie.*
(Extrait : L’ALCHIMISTE, Paulo Coelho, T.F. : Éditions
Anne Carrière, 1994, édition de papier, 200 pages)

L’ALCHIMISTE est un conte philosophique qui suit le cheminement personnel d’un jeune berger espagnol : Santiago. Un jeune homme attachant qui a fait ses études dans un séminaire mais il a renoncé à être prêtre, préférant être plus proche de l’environnement, de la nature. Santiago entend parler d’un trésor enfoui au pied des pyramides. Il part à sa recherche et c’est pendant cette longue quête que Santiago fera sa rencontre avec l’ALCHIMISTE, un grand sage qui apprendra au jeune homme à lire les signes du destin et par-dessus tout, à aller au bout de son rêve. C’est l’ALCHIMISTE qui a fait connaître Paulo Coelho au monde entier.

AU BOUT DU RÊVE
*Une quête commence toujours par
la Chance du débutant. Et
s’achève toujours par
L’épreuve du Conquérant.*
(Extrait : L’ALCHIMISTE)

Voici l’histoire de Santiago, un jeune berger andalou qui, à la suite d’un rêve, décide d’entreprendre un long voyage ayant comme objectif final les pyramides d’Égypte, ce qui implique entre autres la traversée du désert du Sahara. D’après le rêve de Santiago, un magnifique trésor est enfoui au pied d’une de ces pyramides.

C’est dans le désert que Santiago fera sa rencontre avec l’alchimiste qui lui expliquera que ce rêve représente sa légende personnelle. Santiago recevra une leçon de vie qui lui enseignera la nécessité d’aller au bout de ses rêves, ce qui lui fait un peu peur.

Ce livre est présenté comme un conte philosophique mais il m’est apparu essentiellement comme un roman initiatique. L’ALCHIMISTE est un best-seller international. Il a atteint beaucoup de monde. J’ai lu beaucoup sur le sujet, entre autres LA PROPHÉTIE DES ANDES de James Redfield et LE POUVOIR DU MOMENT PRÉSENT d’Eckhart Tolle.

Tous ces livres ont été écrits dans une optique d’enrichissement de la personnalité et de l’esprit, ils ont un caractère qui pousse à la spiritualité, à la philanthropie. Aucun de ces livres n’est mauvais. J’ai savouré les livres de Redfield. Toutefois, avec L’ALCHIMISTE, j’ai appris peu de choses nouvelles. Le sujet, encore omniprésent en littérature, est échaudé. Sur le plan initiatique, L’ALCHIMISTE n’a rien de vraiment original.

Très personnellement, je crois que Paulo Coelho n’est pas allé assez loin avec la quête de Santiago. L’ensemble, un peu ampoulé, comporte beaucoup de clichés et de phrase toutes faites du genre *Certaines fois, il est impossible de contenir le fleuve de la vie*. (extrait)

Sur le plan romanesque, c’est un peu différent. L’histoire, quoique trop brève est bien construite et la deuxième partie en particulier a un petit quelque chose de très intriguant et voilà le coup de génie de Coelho : la nature du trésor que découvre Santiago m’a surpris et ébloui du fait de son contenu et de l’endroit où il a été découvert. Cet endroit est à mille lieux de ce que je croyais, un endroit impossible et pourtant…

L’écriture de Coelho est forte. L’aventure de Santiago évolue en crescendo et met parfaitement en perspective le message que livre le récit de Paulo Coelho à savoir qu’il faut aller au bout de ses rêves. *Si je le pouvais, j’écrirais une énorme encyclopédie sur les mots «chance» et «coïncidence». C’est avec ces mots-là que s’écrit le langage universel. * (Extrait)

Donc pour les lecteurs et lectrices avides de ressourcement, d’enrichissement spirituel et de leçons de vie, il y a de fortes chances que ce petit volume atteigne l’enfant qui sommeille en vous. En ce qui me concerne, le sujet développé est un peu mièvre et reste à la surface des choses. Je n’ai pas regretté ma lecture cependant, car à partir du milieu du récit ou à peu près, je me suis surpris à me demander si Santiago allait trouver le trésor et comment ?

Il se bâtit une intrigue qui est entretenue par la suite et qui tient en haleine malgré les propos parfois moralisateurs de l’Alchimiste. Vous vous posez aussi sûrement la question : Peut-il transformer le métal en or ? À vous de le découvrir. Vous pourrez alors, comme moi, savourer un dénouement brillant et surprenant :

*Les Pyramides lui sourirent et il leur sourit en retour, le cœur empli d’allégresse. * (extrait) Je sais, ça peut dire beaucoup de choses mais ça en révèle peu.

Comme beaucoup de lecteurs et lectrices, j’ai apprécié ce livre, mais pas nécessairement pour les mêmes raisons.

Suggestion de lecture : IMMORTELLE RANDONNÉE, COMPOSTELLE MALGRÉ MOI, de Jean-Christophe Rufin

Natif de Rio de Janeiro, Paulo Coelho est l’un des auteurs les plus lus au monde. Son œuvre, traduite dans 80 langues et récompensée par de nombreux prix, a déjà dépassé les 165 millions d’exemplaires vendus dans plus de 170 pays. 

Conseiller spécial pour le dialogue interculturel et les convergences spirituelles auprès de l’UNESCO, Coelho défend les valeurs attachées au multiculturalisme. Il a été nommé messager de la paix pour les Nations Unies en septembre 2007.

BONNE LECTURE
Claude Lambert

le vendredi 2 avril 2021

LE COMTE DE MONTE-CRISTO, Alexandre Dumas

*Et maintenant, adieu bonté, humanité, reconnaissance… Adieu tous les sentiments qui épanouissent le cœur!… Je me suis substitué à la Providence pour récompenser
les bons…Que le Dieu vengeur me cède la place pour punir les méchants!*
(Extrait : LE COMTE DE MONTE-CRISTO, Alexandre Dumas, Flammarion 1998, édition revue en 2007 et réunissant les deux tomes parus en 1998 en un seul volume. Papier, 420 pages)

Voici l’histoire d’Edmond Dantès, capitaine en second sur le navire Marchand LE PHARAON. En février 1815, Dantès est promu capitaine par son armateur. Jaloux de cette promotion, le comptable de bord, Danglar fomente, avec l’aide de complices, un complot qui vise à éliminer Dantès qui se retrouve au cachot dans le château d’If. Il devient ami avec un codétenu, détenteur du secret de l’existence d’un fabuleux trésor sur l’île de Monte-Cristo. Dantès s’échappe du Château d’If, réussit à se rendre dans l’île et à prendre possession du trésor. Alors, il devient le Comte de Monte-Cristo et jure d’exercer une implacable vengeance. 

UNE VENGEANCE EN FINESSE
*«Camarade…je vous adjure d’avoir pitié de moi
et de me répondre. Je suis le capitaine Dantès,
bon et loyal français, quoique accusé de je ne
sais quelle trahison : où me menez-vous? Dites-
le, et, foi de marin, je me rangerai à mon devoir
et me résignerai à mon sort.»*
(Extrait : LE COMTE DE MONTE-CRISTO)

Encore une fois, j’avais une envie irrésistible de me tourner vers les classiques de la littérature. Je voulais un roman à large spectre comprenant plusieurs éléments : action, trahison, espionnage, machination, romantisme, vengeance et autres *tags* appropriés.

J’ai consulté la liste des best-sellers à vie et j’ai finalement choisi un livre que j’ai déjà lu il y a plus de 40 ans. Je vous parle du grand classique d’Alexandre Dumas : LE COMTE DE MONTE-CRISTO. Alors que j’étais dans la jeune vingtaine, je me rappelle très bien avoir été séduit par la beauté de l’écriture du Père Dumas et de son style exotique et alerte.

La trame est très simple mais le développement est surprenant : le 24 février 1815, jour où Napoléon quitte l’île d’Elbe, Edmond Dantès débarque à Marseille pour s’y fiancer avec Catalane Mercédès. Edmond est un jeune marin de 19 ans, second du navire LE PHARAON et pressenti pour remplacer le capitaine.

Trahi par ses propres amis jaloux, Edmond est dénoncé comme conspirateur bonapartiste, enfermé au Château d’If sur une île au large de Marseille. Il y restera pendant 14 ans et y fera la connaissance de l’abbé Faria qui dévoile à Edmond le secret de l’emplacement d’un trésor sur l’Île de Monte- Cristo.

Avec difficulté et non sans d’énormes risques, Edmond s’échappe de sa prison et réussit à gagner l’île de Monte-Cristo, trouve le trésor, s’en empare et enfin concocte sa vengeance contre ceux qui l’ont accusé et emprisonné injustement.

J’ai trouvé remarquable la façon dont l’auteur a réintégré Dantès dans son milieu. Il le fait passer pour divers personnages dont le comte de Monte-Cristo. J’ai aussi beaucoup apprécié la finesse avec laquelle Dantès exerce sa vengeance.

En adhérant à cette vengeance que je jugeais fort légitime, je devenais accro du livre, de la magie de son écriture et du petit caractère fantastique que j’ai perçu dans le développement du récit tout à fait dans la tradition littéraire du XIXe siècle.

Et un petit plus : une vengeance méthodique sans violence abusive, une garantie de bonheur et de liberté pour ceux qui lui sont restés fidèles le tout enrobé d’émotions et d’un style qui je crois allait ouvrir la voie à une nouvelle forme romanesque en littérature et aux fameuses histoires de cap et d’épée au cinéma.

J’ai noté toutefois quelques faiblesses, mais c’est en comptant avec mon raisonnement de lecteur du 21e siècle. Le livre accuse des longueurs et des redondances. Devrais-je me compter chanceux? L’édition originale de l’œuvre compte 1 500 pages dans le genre roman feuilleton. Dumas adorait s’étendre longtemps sur des passages précis de ses œuvres et parfois, ça ne finissait pas de finir.

L’édition que j’ai lue a un peu plus de 400 pages et j’observe encore des longueurs. Il y a aussi plusieurs passages déclamés aux formes plus théâtrales que littéraires. Certains passages rappellent la complainte d’autres contes. J’ai été aussi un peu déçu de la finale, le sort de Morel traînant à mon avis inutilement en longueur.

Et puis j’ai trouvé l’aspect romanesque légèrement sous-développé. Enfin, il y a deux parties à ce roman : Edmond Dantès avant sa rencontre avec Fariah et le Comte de Monte-Cristo après sa rencontre avec Fariah alors qu’il est devenu un peu plus froid et calculateur jusqu’au machiavélisme, une situation plus difficile à inscrire dans un contexte romanesque.

Mais ce sont des détails. La perfection n’existe nulle part y compris en littérature. Encore une fois, 40 après, j’ai été enchanté de revisiter Alexandre Dumas dont l’influence est encore marquante dans la littérature moderne. Je vous invite donc à entreprendre la lecture du livre le plus lu d’Alexandre Dumas et une des œuvres les plus adaptées à l’écran : LE COMTE DE MONTE-CRISTO.

Alexandre Dumas Père (1802-1870) est un écrivain français. Ne pas confondre avec Alexandre Dumas fils (1824-1895) à qui on doit entres autres LA DAME AUX CAMÉLIAS. Le Père, à 13 ans, est engagé comme coursier dans une étude de notaire. Il se lie avec Adolphe de Leuven qui l’initie à la poésie moderne.

Ils écrivent ensemble des vaudevilles qui connaîtront des succès flatteurs. Suite à la publication et au succès de LES TROIS MOUSQUETAIRES en 1844 et LE COMTE DE MONTE- CRISTO en 1846, il lance en 1853 LE MOUSQUETAIRE, un quotidien, suivi en 1857 du MONTE-CRISTO, un hebdomadaire. Parallèlement, il écrit LA REINE MARGOT en 1845, LE COLLIER DE LA REINE et plusieurs autres…

LE COMTE DE MONTE-CRISTO AU CINÉMA
Ils ont incarné Monte-Cristo au fil du temps

          
Jean Dangelo (1929)                             Robert Donat (1934)

    

                                 Louis Jourdan 1961               Richard Chamberlain 1975

Jim Caviezel, 2002

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 18 novembre 2018

L’ÎLE AU TRÉSOR, de ROBERT- LOUIS STEVENSON

*Le bruit d’une détonation retentit soudain.
Où passa le boulet? Aucun de nous ne le sut
exactement, mais j’imagine que ce fut au-
dessus de nos têtes et que le courant d’air
produit par son passage contribua à notre
désastre.*
(Extrait : L’ÎLE AU TRÉSOR, Robert Louis
Stevenson, Éditions Lito, 1883, édition de
papier, libre de droit, 125 pages)

L’ÎLE AU TRÉSOR est l’histoire de Jim Hawkins, fils d’un aubergiste ayant pignon sur rue dans un port anglais de l’Angleterre du XVIIIe siècle. Sur le principal client de l’établissement, Billy Bones pèse une obscure menace. Un mystérieux aveugle lui remet la *tache noire* qui annonce la mort dans le monde des pirates. Le même jour, Bones trouve la mort. Hawkins ouvre la malle de Bones et découvre une carte qui indique l’emplacement d’un fabuleux trésor enfoui par le redoutable capitaine Flint sur une île déserte. Il semble qu’une lutte impitoyable s’annonce pour retrouver le fameux trésor…

Le classique du réel et
du fantastique
*C’est que nous ne sommes pas les seuls à connaître
l’existence de cette carte. Les bandits qui ont attaqué
l’auberge ce soir sont certainement bien décidés à
s’emparer de ce trésor coûte que coûte. Nous devons
donc être très prudents, et chacun de nous doit
s’engager à garder le silence sur le but de notre
voyage.*
(Extrait : L’ÎLE AU TRÉSOR)

C’est avec grand plaisir que je propose aux jeunes lecteurs, et aussi aux plus vieux à qui, pour certains ça rappellera de beaux souvenirs, une belle diversion dans leurs lectures, avec un des classiques les plus réédités dans l’histoire de la littérature, sans compter le nombre d’adaptations (j’y reviendrai dans la partie cinéma) : L’ÎLE AU TRÉSOR de Robert Louis Stevenson.

Ce petit roman, divertissant et dépaysant, c’est le moins que je puisse dire, est le récit d’un jeune ado : Jim Kawkins, le narrateur qui est relayé quelques fois, pour les besoins de l’histoire par le docteur Livesey. On retrouve aussi dans l’histoire un des personnages légendaires de la piraterie : Long John Silver.

Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai lu ce petit bijou pendant mon adolescence. Je l’ai relu pour vous en parler aujourd’hui. J’ai redécouvert un livre qui n’a pas vieilli, pas une seule ride. La magie est restée intacte. L’ÎLE AU TRÉSOR demeure un des plus beaux classiques de la littérature jeunesse.

D’abord, tous les éléments sont réunis pour une recette gagnante : un jeune et brillant héros, un trésor caché, des pirates prêts à tout pour s’en emparer, une carte qui localise le trésor, une île mystérieuse, un navire, une mutinerie…mais pour réussir une recette, les ingrédients ne suffisent pas. C’est le savoir-faire avec tout ce qu’il implique qui assure la touche finale.

Avec sa plume d’une grande force et d’une magnifique simplicité, Stevenson a misé surtout sur le caractère charismatique du jeune Hawkins à qui il a prêté de belles qualités de bravoure, d’astuce et d’ingéniosité.

Malheureusement, l’auteur n’a pas cru bon de nous donner son âge. Je me rappelle que ça m’avait frustré quand j’étais ado. Aujourd’hui, je n’y accorde aucune importance. Les jeunes lecteurs d’aujourd’hui n’auront aucun mal à s’identifier à ce jeune homme attachant.

Dans ce roman, il y a un peu de violence bien sûr. On ne peut pas imaginer une histoire de pirate sans quelques morts évidemment. Mais dans L’ÎLE AU TRÉSOR, il n’y a rien de gratuit. Pas de massacre ni de mares de sang. C’est autre chose qui nous tient captif : le non-dit, l’atmosphère inquiétante de l’île, l’omniprésence du complot, l’impressionnant charisme de John Silver, l’énergie et l’imagination de Jim.

Les jeunes lecteurs trouveront donc dans l’ÎLE AU TRÉSOR de quoi les garder captifs : un jeune héros dont on aimerait bien être l’ami, l’atmosphère étouffante d’une île maudite hantée par un autre pirate notoire, le redoutable Capitaine Flint, de l’action, des batailles…le tout développé dans des chapitres courts…pas de longueurs.

Le roman est court mais il n’y a pas de temps morts et la plupart des éditions sont agrémentées d’illustrations comme celles de Solvej Crevelier pour l’édition que j’ai en main. l’ÎLE AU TRÉSOR, c’est plus qu’une simple histoire de pirates. C’est la plume de Stevenson qui explique pourquoi ce récit est devenu un best-seller de la littérature mondiale.

J’invite chaleureusement les jeunes à lire cet excellent ouvrage. Jamais roman d’aventure n’aura été écrit avec autant d’intelligence et d’habileté. Un superbe divertissement.

Suggestion de lecture : LA MYSTÉRIEUSE BIBLIOTHÉCAIRE, de Dominique Demers

Robert Louis Stevenson (1850-1894) est un écrivain et globetrotter écossais réputé pour trois de ses écrits en particulier : VOYAGE AVEC UN ÂNE DANS LES CÉVENNES (1879), L’ÎLE AU TRÉSOR (1883) et peut-être le plus célèbre : L’ÉTRANGE CAS DU DOCTEUR JEKYLL ET DE M. HYDE (1886). Ses romans ont été adulés par les plus grands auteurs de son époque et sont encore lus abondamment de nos jours. Les jeunes de toutes les époques ont apprécié Stevenson, moi compris (L’ÎLE AU TRÉSOR était une lecture imposée dans beaucoup d’écoles) entre autres à cause de son écriture simple et surtout extrêmement visuelle.

L’ÎLE AU TRÉSOR ET LE SEPTIÈME ART 


Sans doute une des plus célèbres adaptations de L’ÎLE AU TRÉSOR au cinéma fut celle réalisée par  Fraser Clark Heston : un film qu’il a lui-même scénarisé à partir du texte intégral de Robert-Louis Stevenson. Cette production anglo-américaine sortie en 1990 au Québec réunissait à l’écran des acteurs prestigieux : Charlton Heston, Christian Bale, Oliver Reed, Christopher Lee, Richard Johnson et Julian Glover. Cet homme-orchestre qu’est Fraser Clarke Heston a aussi agi en tant que producteur. Cette production a connu un succès plutôt flatteur. Il s’agissait de la 7e adaptation de l’ÎLE AU TRÉSOR seulement pour le cinéma. 

L’ÎLE AU TRÉSOR fut l’un des plus grands succès littéraires de tous les temps. Il a été adapté 12 fois au cinéma, 7 fois à la télévision, 18 fois en bande dessinée et a inspiré la création de deux jeux vidéo. Pour le grand écran, les meilleures adaptations sont celles de Byron Haskin et Victor Flemming, toutes deux sorties en DVD le 9 mai 2007, je cite également la version réalisée par Steve Barron en 2012. Il y a bien sûr l’adaptation de Fraser Clarke Heston. 

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Le samedi 14 octobre 2017