LA THÉORIE DES DOMINOS, ALEX SCARROW

*En arrivant au bout de leur rue, elle scruta Uxbridge Road. De chaque côté, les vitrines avaient disparu. Les articles étaient éparpillés sur la chaussée : machines à laver, télés, vêtements…Uxbridge Road aurait dû être embouteillée…mais elle ressemblait à une ville fantôme de western.* (Extrait : LA THÉORIE DES DOMINOS, éditeur original : Orion 2007, t.f. : Le Cherche-midi, 2010, num. 470 pages)

Un expert en stratégie pétrolière est en mission en Irak au moment où la tension internationale est très élevée. Pendant son séjour, les pires craintes de David se concrétisent. L’ensemble du Moyen-Orient se déstabilise complètement et s’embrase. Alors que des terroristes détruisent les oléoducs, raffineries et les installations pétrolières les plus stratégiques, la panique s’installe à l’échelle mondiale. En effet c’est tout le globe qui risque d’être privé d’énergie, de nourriture, de chauffage, d’essence et j’en passe, cédant ainsi le quotidien aux émeutes, à la violence…David comprend vite que cette situation explosive est issue d’un complot machiavélique.

La fragilité de l’équilibre…
*Tout s’enchaînera rapidement…
une chose après l’autre,
comme des dominos.
Personne ne s’y attendra…*
(Extrait : LA THÉORIE DES DOMINOS)

Imaginez un instant que, pour toute sortes de raisons et du jour au lendemain, notre approvisionnement en pétrole soit coupé. Quelles seraient selon vous les conséquences à court terme sur notre vie? La nourriture, l’eau, les transports, les communications, l’électricité, les soins de santé, le chauffage et j’en passe?

Dans la THÉORIE DES DOMINOS, Alex Scarrow tombe rapidement dans le vif du sujet et annonce des couleurs plutôt apocalyptiques : J’ai le sentiment qu’il se passe bien plus de choses que l’on sait…tout a commencé par une série d’explosions en Arabie Saoudite, programmée par quelqu’un qui voulait provoquer une colère à grande échelle…(Extrait : LA THÉORIE DES DOMINOS)

Les évènements en Arabie Saoudite constituent la chute du premier domino, issue d’un complot machiavélique et, avec un argumentaire redoutable, Scarrow raconte la suite des évènements : anarchie, chaos… Arrêter le flot continu de pétrole, même l’espace d’un court instant, ressemblait à une embolie ou un infarctus dans le corps humain. Cet étranglement ressemblait exactement à cela : une crise cardiaque économique mondiale* (Extrait : LA THÉORIE DES DOMINOS).

Avec une plume impitoyable décrivant les côtés sombres de la nature humaine, LA THÉORIE DES DOMINOS raconte le destin d’une famille éparpillée entre l’Angleterre et l’Irak et qui tente de se réunir à travers l’incroyable chaos provoqué par une crise pétrolière planifiée qui se transforme rapidement en panique mondiale.

Cette description anticipée de la chute d’un monde moderne tellement dépendant du pétrole est d’un réalisme à faire frémir et Scarrow n’a pas peur des mots. Il a bâti d’une façon marquante, un thriller anxiogène qui n’est pas sans nous faire réfléchir d’une part sur notre mode de vie actuel et notre dépendance à l’or noir et d’autre part sur l’extrême violence dont l’homme est capable pour survivre.

Ce livre est, et demeurera selon moi, d’une grande actualité puisqu’il évoque les tensions religieuses, politiques, frontalières et pétrolières au Moyen Orient, une partie extrêmement instable du monde que j’appelle la poudrière planétaire.

Scarrow ne fait pas dans la dentelle en décrivant un monde de désorganisation brutale et de violence car les premières conséquences d’une coupure subite d’approvisionnement en pétrole touchent inévitablement la nourriture, l’eau, l’électricité. Scarrow démontre avec une logique désarmante que les hommes peuvent être pires que des bêtes.

C’est un livre qui rend captif. La trame est solide, le fil conducteur accrochant, un thriller efficace qui porte à réflexion. Il me rappelle un peu le livre de Barjavel, RAVAGES dans lequel l’électricité cesse d’exister, excellent livre dont j’ai déjà parlé sur ce site.

Je vous recommande LA THÉORIE DES DOMINOS de Alex Scarrow…réaliste à faire peur…*le monde est un vieil homme au cœur fragile et le pétrole est le sang qui coule dans ses veines…* (extrait : LA THÉORIE DES DOMINOS)

Suggestion de lecture : LA CONSTELLATION DU LYNX, de Louis Hamelin

Alex Scarrow est né à Nigéria en 1966. Après le collège, il a travaillé pendant 10 ans dans le domaine de la musique, et par la suite une douzaine d’années comme graphiste et concepteur de jeux. Après le collège, il développe le goût de l’écriture et se spécialise dans la science-fiction. On lui doit entres autres l’octalogie TIME RIDERS. Il a écrit entre temps LA THÉORIE DES DOMINOS et L’EFFET DOMINO qui développe un thème cher à l’auteur : La déroute et l’effondrement de la civilisation. 

BONNE LECTURE
JAILU/ CLAUDE LAMBERT
27 novembre 2016

MORT AUX CONS, livre de CARL ADERHOLD

*Je savais enfin contre qui
je me battais. J’avais enfin
mis un nom sur leur visage.
Le con. M’écriais-je,
voilà l’ennemi!*
(Extrait : MORT AUX CONS,
Carl Aderhold, Hachette 2007,
rééd. Fayard 2011. 687 pages

Soucieux de développer une société meilleure basée sur le respect, l’amitié, l’entraide et l’empathie, un homme cible d’abord l’intérêt démesuré que portent les humains pour les animaux. Il décide donc de tuer et faire disparaître les animaux domestiques de son quartier. Si le plan fonctionne au départ, il n’atteint pas vraiment ses objectifs et c’est là que notre homme décide simplement de partir en guerre contre la connerie et d’éliminer une race d’humains qui prolifère un peu trop à son goût : Les cons. Ne réussissant pas à arrêter une définition claire et nette du con typique, il extermine ici et là tous ceux qui l’embêtent ou qui l’ennuient. 

Tueur de cons en série
*J’avais l’impression d’être un super-héros qui
vient de découvrir ses superpouvoirs. Littéralement,
je planais au-dessus des choses. Le simple fait de
savoir qu’il existait…une possibilité rapide de
mettre fin à toute nuisance, me procurait un
sentiment de complet détachement vis-à-vis des
contingences…ma démarche est une vraie
démarche scientifique.
(Extrait : MORT AUX CONS)

Au début l’auteur peint le tableau d’un couple normal devant sa télévision où la chatte de la voisine vient se faire câliner. Christine va se coucher, l’homme reste à regarder une émission et se fait mordre par le petit animal. Il décide tout bonnement de la jeter par la fenêtre (4° étage). Elle meurt.

Le lendemain, une solidarité se développe vis-à-vis de la maîtresse. Le personnage principal veut voir le retour de l’amitié, plus de contact, de solidarité…. Il extermine donc tous les animaux domestiques du voisinage. Au début sa technique marche mais très vite des clans se forment et se disputent. Il est sur le point de se faire démasquer par la concierge, il la tue donc.

C’est à ce moment-là que sa lutte contre les cons commence. Il décide de trouver une théorie pour ne pas faire d’erreurs mais il ne parvient pas à trouver quelque chose de stable.

Il extermine tous ceux qui l’ennuie. Il tue « pour un oui et un non » sans raisons bien valables à part que la personne ne lui convient pas au niveau caractère. Il ne se prend pas pour un tueur jusqu’à ce qu’un flic vienne l’arrêter et c’est sa peur de la prison qui lui fait faire son geste. Par la suite il essaye de faire comprendre à l’opinion son combat et d’être légitimé.

Je n’apprécie pas du tout le style de l’auteur, même le but de son ouvrage est négatif. Les tueries sont toutes les fois très répétitives. Il nous peint un personnage peu tolérant, égoïste, qui veut être seul au monde … Heureusement qu’il n’existe personne avec un caractère aussi négatif, même un sérial killer me paraît plus sympathique.

On ne retient rien de sa théorie sur les cons, il ne créait rien de bien nouveau. Je suis même choqué qu’un personnage aussi peu tolérant existe dans un roman en effectuant autant de meurtres aussi facilement.

Du coup, je n’ai absolument rien retiré de cet ouvrage (même peu de distraction), aucune théorie, aucune fable :rien . Peut-être n’ai-je pas compris mais j’en doute, le sens réel de ce livre !!!!

Suggestion de lecture : LA CONSTELLATION DU LYNX, de Louis Hamelin

Carl Aderhold est un écrivain français né dans l’Aveyron en 1963. Fils de comédiens, il a poursuivi des études d’histoire avant de se spécialiser dans la littérature du XVIIIe siècle. Il est actuellement directeur éditorial chez Larousse dans le domaine des sciences humaines. MORT AUX CONS est son premier livre publié en 2007. (50,000 exemplaires vendus toutes éditions confondues) Ont suivi : LES POISSONS NE CONNAISSENT PAS L’ADULTÈRE en 2010 (15 000 exemplaires vendus en première édition) et FERMETURE ÉCLAIR en 2012.

BONNE LECTURE
JAILU/CLAUDE LAMBERT
20 novembre 2016

BOUILLON DE POULET POUR L’ÂME DES QUÉBÉCOIS

Commentaire sur le livre de
Jack Canfield, Mark Victor Hansen et Sylvain Dion

*J’entends une voix calme et douce qui me chante à l’oreille :
«Bonjour Lise, tu dois bien savoir pourquoi je t’appelle
aujourd’hui?» Et il ajoute cette phrase tant attendue : «LISE,

ON A UN DONNEUR POUR TOI.»*
(Extrait : BOUILLON DE POULET POUR L’ÂME DES QUÉBÉCOIS,
Jack Canfield, Mark V. Hansen, Sylvain Dion, Béliveau Éditeur, 2014,
édition de papier, 430 pages)

BOUILLON DE POULET POUR L’ÂME DES QUÉBÉCOIS est un recueil de 106 courts témoignages et histoires vraies réunis par Jack Canfield et Mark Victor Hansen qui ont créé la série, ainsi que Sylvain Dion. Ces textes atteignent un objectif de développement personnel en plus de présenter une vaste mosaïque de la vie des québécois et québécoise. Ces histoires sont vraies, inspirées du quotidien, tantôt heureuses, tantôt dramatiques, tantôt comiques mais toujours touchantes et inspirantes. Sylvain Dion réalise ainsi son rêve de publier le premier livre de la série BOUILLON DE POULET dans une langue originale autre que l’anglais.

UN BOUILLON D’ÉMOTIONS
*Parfois, il nous arrive des évènements
qui nous semblent insurmontables mais
Qui, selon moi, nous arrivent pour nous
permettre d’ajuster notre vie de façon
plus positive.*
(Extrait : MA PETITE HISTOIRE de Maurice
Robitaille, du recueil BOUILLON DE POULET
POUR L’ÂME DES QUÉBÉCOIS.)

POUR L’ÂME… 

Quand j’étais petit, nos grand-mères considéraient le bouillon de poulet comme une panacée à un tas de bobos : grippe, rhume, nervosité, anxiété, tension musculaire, indigestion, migraines, convalescence et j’en passe. Le bouillon de poulet réchauffait les frileux, apaisait les tensions, réconfortait l’âme et l’esprit.

D’une façon plus scientifique, on disait que le bouillon de poulet était bénéfique pour les problèmes articulaires et osseux, pour la peau, les problèmes intestinaux passagers. La plupart des vertus thérapeutiques du bouillon de poulet ont été confirmées avec le temps. Le bouillon de poulet est donc devenu avec le temps un symbole de réconfort tant sur le plan physique que sur le plan psychologique.

Se basant sur cette réalité et sur la formule BOUILLON DE POULET POUR L’ÂME de Canfield et Hansen, Sylvain Dion a eu l’idée de réunir des petits textes touchant l’âme et réchauffant le cœur. Des expériences de vies, des textes québécois pure laine.

DES QUÉBÉCOIS 

Les petits textes réunis dans ce livre viennent de toutes les régions du Québec. Elles ont plusieurs points en commun : elles sont vraies, elles sont résolument positives, elles sont inspirantes, réchauffent l’âme et c’est sans doute vrai pour tout le monde, mais en ce qui me concerne, ces témoignages brassent les émotions.

L’ensemble des textes reflète la vie au Québec et tout ce que l’être humain est capable d’offrir en matière d’empathie, d’altruisme et de partage. Plusieurs de ces histoires peuvent amener les lecteurs à penser différemment sur la valeur de la vie et sur la façon de surmonter les obstacles.

Il est difficile de critiquer un tel livre. Cent six histoires courtes écrites par autant de personnes. C’est un recueil de témoignages, des faits authentiques qui se sont déroulés au quatre coins du Québec…un partage d’expériences, de souvenirs. Des thèmes universels comme l’amour, la famille, le courage et la réalisation de ses rêves nous amène à nous questionner et à réfléchir sur ce qui compte vraiment dans la vie :

*Je sais aujourd’hui qu’il est important de suivre son instinct et de ne pas avoir peur du changement. La vie nous amène toujours vers quelque chose de plus grand…il faut faire confiance au lieu de résister au changement. Si un échec survient, c’est pour nous amener à prendre conscience de ce qui nous entoure, afin de mieux nous épanouir par la suite.* (Extrait, BOUILLON DE POULET POUR L’ÂME DES QUÉBÉCOIS, texte : MA PETITE HISTOIRE, par Maurice Robitaille)

Voilà. Ce que je peux dire, c’est que c’est un livre positif *mur à mur*. Beaucoup d’éléments amènent au développement personnel et ça vient nous rappeler que tout n’est pas noir dans la vie, qu’il y a du bon en nous, autour de nous et chez les autres. Il faut prendre ce livre pour ce qu’il est vraiment, un recueil de témoignages qui nous outille pour mieux faire face à la vie et à notre propre développement.

Pour terminer, je vous ferais part d’un avis très personnel. Pour moi BOUILLON DE POULET POUR L’ÂME ne devrait pas être lu d’un seul coup. C’est un livre étourdissant qui réunit plus d’une centaine de témoignages arrivant à peu près aux mêmes conclusions, mais de différentes façons.

J’ai eu une petite impression de redondance, et je dois gérer une tempête d’émotions. Moi je suggère évidemment de lire le livre au complet car il est évident que chaque texte est une expérience et mérite d’être lu. Mais il faut le lire à petite dose, par épisode. Il pourrait faire une petite diversion dans vos lectures.

Imaginez qu’on vous sert un bouillon de poulet brûlant. Vous le humez, soufflez un peu dessus, le gouttez du bout de la langue, soufflez à nouveau, le posez sur une table et vous y revenez par la suite. Vous buvez lentement et vous savourez. Je pense que c’est de la même façon que vous devez lire BOUILLON DE POULET POUR L’ÂME DES QUÉBÉCOIS afin d’en tirer un maximum de satisfaction.

Suggestion de lecture : L’HOMME IDÉAL EXISTE, IL EST QUÉBÉCOIS, de Diane Ducret


        Jack Canfield             Mark Victor Hansen             Sylvain Dion

QUELQUES AUTRES BOUILLONS

Parcourez toute la série ici.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
6 novembre 2016

FÂCHÉ NOIR, le livre de Stéphane Dompierre

MIEUX VAUT EN RIRE

*…J’aime imaginer qu’un lecteur
puisse pogner les nerfs,
mais je n’ai pas envie de lire
ses insultes…*
(extrait de AVANT QUE JE ME FÂCHE,
avant-propos de FÂCHÉ NOIR,
Stéphane Dompierre,
Éditions Québec Amérique, 2013)

Le québécois Stéphane Dompierre a réuni 52 de ses meilleures chroniques mises en ligne sur le portail YAHOO. Ce recueil de chroniques d’humeur s’intitule FÂCHÉ NOIR comme sur YAHOO. Dans ces chroniques, Stéphane Dompierre met en perspective nos petits travers bien humains ainsi que des situations quotidiennes qui ont le don de *taper sur les nerfs*.  Il passe en revue les irritants quotidiens, des tendances souvent absurdes et livre le tout de façon parfois (et souvent même) mordante.

Dans ce livre, le chroniqueur québécois Stéphane Dompierre nous livre ses meilleures chroniques FÂCHÉ NOIR mises en ligne sur le portail de Yahoo et dans lesquelles se conjuguent humour, ironie et sarcasme. L’auteur y passe en revue nos manies, penchants, travers, habitudes et autres tendances qui, sans qu’on le réalise, ont le don d’énerver les autres.

C’est un livre qui fait diversion de nos tracas quotidiens. Il m’a arraché beaucoup de rires et j’ai eu beaucoup de plaisirs à lire ses commentaires mordants et irrévérencieux sur toutes sortes de petites plaies qui sont souvent la signature de notre personnalité…ou qui ont le don de mettre en rogne.

Par exemple, Dompierre se *fâche noir* contre les photos de vacance, les guichets automatiques, les erreurs de jugement, les heures d’ouverture, les tatouages, les voisins et peut-être le meilleur chapitre du livre : un commentaire cinglant et fort réaliste sur les manuels d’instruction.

J’ai trouvé ce livre à la fois délicieux et mordant. Pour apprécier ce livre, il ne faut pas avoir peur du ridicule et accepter de se livrer de bonne grâce à un exercice loin d’être malsain : rire de soi un bon coup. Il ne faut pas oublier non plus que ce sont des chroniques d’humeur en ce sens que Dompierre sonde le cœur des irritants quotidiens, l’amplifie, le caricature et nous oblige carrément à en rire.

Je vous recommande ce livre. Il se lit vite et bien. Les chapitres sont très courts et sautent du *coq à l’âne*. L’auteur fait preuve de beaucoup d’imagination et j’ai apprécié  cette petite touche d’exagération qui caractérise chaque sujet et qui vient nous rappeler que nous ne sommes rien d’autres que des humains…alors vaut mieux en rire.

Peut-être un jour l’auteur deviendra-t-il fâché noir contre…lui-même…

Divertissant…incontournable.

Je vous invite également à lire le commentaire de mllambert sur ce livre

Suggestion de lecture : LE LIVREUR, de Marie-Sophie Kesteman

Stéphane Dompierre est né à Montréal en 1970. Son premier roman UN PETIT PAS POUR L’HOMME a eu un succès éclair et lui a valu le Grand-Prix de la Relève Littéraire Archambault en 2004. Dompierre a d’abord fait des études en musique mais il s’est tourné rapidement du côté de l’écriture. Il est aussi scénariste pour la télévision et le cinéma et chroniqueur pour Yahoo et ELLE QUÉBEC en plus d’être porte-parole de la journée mondiale du livre et du droit d’auteur avec Chrystine Brouillet.

BIBLIOGRAPHIE :

-Fâché noir, 2013, Québec Amérique
-Corax, 2012, VLB éditeur
-Stigmates et BBQ, 2011, Québec Amérique
-Gloire et crachats, Jeunauteur- tome 2  avec Pascal Girard 2010, Québec Amérique
-Morlante, 2009, Coups de tête
-Souffrir pour écrire, jeunauteur tome 1 avec Pascal Girard, 2008, Québec Amérique
-Mal élevé, 2007, Québec Amérique
-Un petit pas pour l’homme, 2004, Québec Amérique

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
6 novembre 2016

SUR LE PONT DU LOUP, de JAMES PATTERSON

*Tous les ponts de la planète qui s’écroulent,
la Société moderne qui craque aux coutures.
Le loup est peut-être fou, mais lorsqu’il a
décidé de faire le mal, il le fait avec un tel
talent! C’est un fou de génie.*
(extrait : SUR LE PONT DU LOUP, James Patterson,
Le livre de poche, num. bibl. ibook, or. :  t.f. : Jean-
Claude Lattès,  2007,  430 pages)

Une bombe extrêmement puissante détruit entièrement une petite ville du Nevada. Un criminel russe d’une implacable cruauté appelé LE LOUP revendique l’attentat et avertit que le même sort attend d’autres villes stratégiques à forte densité de population telles Washington et Londres si une rançon exorbitante ne lui est pas versée, assortie de la libération de prisonniers politiques. Mais il y a pire, il semble qu’un autre criminel notoire appelé LE FURET soit de la partie. Les dirigeants de la planète ont quatre jours pour éviter l’indescriptible chaos annoncé. L’agent Alex Cross se lance dans une chasse à l’homme mortelle.

HAUTE TENSION À L’ÉCHELLE MONDIALE
*Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué,
je ne vous aime pas beaucoup. Je ne vous
aime pas du tout, à dire vrai. J’ai mes
raisons, de bonnes raisons. Je déteste
toutes les valeurs de l’Amérique…alors
maintenant, vous allez voir ce que je suis
capable de faire…*
(extrait SUR LE PONT DU LOUP)

C’est du grand Patterson : une intrigue forte, beaucoup de rebondissements, un rythme élevé et soutenu, une écriture efficace, des chapitres courts, dans l’ensemble ça se lit vite et bien. En contrepartie, il y a dans le récit beaucoup de passages invraisemblables et dans l’ensemble, je n’ai pas ressenti beaucoup d’émotions, ce qui m’arrive souvent dans la lecture d’histoires accusant un rythme effréné.

En effet, on sait que dans ce récit, Alex Cross recherche activement le pire criminel que la planète ait connu : un monstre qui se fait appeler LE LOUP, un misanthrope dégénéré dépourvu d’empathie et de tout respect pour la vie humaine.

Toutefois, j’ai développé l’impression en cours de lecture que Cross recherchait le Loup plus pour en faire un trophée de chasse que pour arrêter la tuerie. Je n’ai donc pas ressenti l’émotion à laquelle je m’attendais ni dans l’intrigue ni dans la psychologie des personnages.

Malgré tout, je dois reconnaître que Patterson sait entretenir le suspense. Il n’y a pas beaucoup de temps morts dans son récit sauf peut-être dans les quelques passages évoquant la vie personnelle d’Alex Cross : vie familiale compliquée, et vie sentimentale tumultueuse, comme dans tous les récits où Cross tient la place de héros. Quoique ces passages aient été pour moi sans grand intérêt, ils tiennent lieu de diversion et devraient permettre au lecteur de souffler un peu.

Des chapitres de deux à 5 pages à enchaînement rapide qui font passer le lecteur d’une catastrophe à l’autre l’obligeant à retenir son souffle, ou dans une suite d’éléments spectaculaires qui viennent dramatiser l’enquête ou lui donner une ou des directions différentes viennent compenser un peu deux faiblesses importantes de l’ensemble : Premièrement, on ne sait pas grand-chose du Loup. Sans connaître toute son histoire, j’aurais apprécié que l’auteur développe davantage son profil psychologique.

Deuxièmement, il m’a semblé que l’auteur a un peu piétiné sur sa conclusion qui me rappelle un peu un coup de balai pour en finir.

Je ne m’attendais pas vraiment à mieux car James Patterson a toujours été fidèle à son style. Ce n’est pas un livre extraordinaire, mais c’est une bonne histoire, très visuelle, que je recommande aux amateurs de rythme et de haute tension.

Suggestion de lecture : HAUTE TENSION, de Richard Castle

James Patterson est un auteur et scénariste américain né le 22 mars 1947. En juin 2011, il fût le premier romancier à franchir le cap des trois millions de livres vendus dans le monde. Un an plus tard, le magazine Forbes le classait comme l’écrivain le mieux payé au monde avec un revenu annuel de plus de 90 millions de dollars.

Les personnages principaux de ses romans sont Alex Cross, enquêteur psychologue de classe internationale et Lyndsay Boxer, avec son groupe le MURDER CLUB, série de romans adaptée à la télévision sous le titre WOMEN’S MURDER CLUB. Plusieurs titres de la série ALEX CROSS ont aussi été adaptés au cinéma. (voir plus bas). 

Morgan Freeman incarne Alex Cross dans une des trois adaptations cinématographiques des romans de James Patterson : LE MASQUE DE L’ARAIGNÉE du réalisateur Lee Tamahori, sorti en 2001.  Freeman a aussi interprété le rôle principal dans LE COLLECTIONNEUR de Gary Fedler en 1997. Enfin, Tyler Perry a pris la relève dans ALEX CROSS réalisé par Rob Cohen en 2012.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
30 OCTOBRE 2016

SHUTTER ISLAND, livre de Dennis Lehane

*-…Il a assassiné sa belle-sœur et ses deux nièces
pendant que son frangin se battait en Corée.
Il a conservé les cadavres à la cave pour se faire
plaisir de temps en temps, si vous voyez ce que
je veux dire…*
(Extrait : SHUTTER ISLAND, Dennis Lehane, 2006,
Éditions Payot & Rivages, pour l’édition de poche.
295 pages)

Un matin de septembre 1954, deux marshals débarquent sur Shutter Island, une île située au large de Boston et abritant un hôpital psychiatrique pour des personnes atteintes de graves troubles mentaux et des criminels psychotiques irrécupérables. Mission: enquêter sur l’évasion d’une patiente internée après avoir noyé ses trois enfants. Dès lors, les policiers sont saisis par l’atmosphère oppressante des lieux. Les responsables ont, semble-t-il beaucoup à cacher. Les agents doivent éclaircir le mystère, déjà épaissi par un message codé laissé par une pensionnaire en cavale.

UN THRILLER ÉPROUVANT
*Espèce de sale putain de violeur! Quand mon mari
reviendra, il te tranchera la gorge! T’as compris?
Il te coupera ta tête de tordu et on boira ton sang!
On se baignera dedans pauvre malade!
(Extrait : SHUTTER ISLAND)

 SHUTTER ISLAND est un thriller psychologique très puissant. Deux marshals américains débarquent sur un petit îlot où se trouve un étrange établissement psycho-carcéral abritant des criminels violents et dangereux. Teddy et Chuck sont là pour enquêter sur la disparition d’une des pensionnaires : Rachel Solando. En fouillant la cellule de la patiente, les marshals découvrent une lettre adressée aux docteurs et dans laquelle se trouve une énigme.

..LA LOI DES 4
..JE SUIS 47
..ILS ÉTAIENT 80
..+VOUS ÊTES 3
..NOUS SOMMES 4
..MAIS
-QUI EST 67?

Toute l’histoire tourne autour de cette énigme complexe qui accaparera le lecteur et lui demandera un maximum de concentration pour comprendre l’action des marshals qui se livrent eux-mêmes à une profonde investigation psychologique.

Cette lecture a été tout un défi pour moi, pénétrer au maximum dans la psychologie des personnages étant le seul moyen de comprendre la formulation de l’énigme. Dès que les marshals ont mis le pied sur l’île, je me suis senti englouti dans le récit. Ce n’est pas simple et ça demande beaucoup de concentration et j’ai même dû relire plusieurs passages pour bien comprendre dans quoi l’auteur m’embarquait.

Dès le départ, Lehane ne s’est pas privé de donner à l’atmosphère de l’île un caractère opaque : des bâtiments lugubres, des docteurs étranges qui semblent avoir plein de choses à cacher, un phare mystérieux et bien sûr, un cliché exploité des milliers de fois en littérature psychologique : une bonne tempête.

Bien que SHUTTER ISLAND soit un thriller très fort, j’ai trouvé sa lecture un peu éprouvante. Il m’a semblé que plusieurs passages étaient incohérents, confus. Les passages du contexte onirique à la réalité sont particulièrement complexes.

J’ai eu l’impression d’être impliqué dans un malicieux jeu de rôle. Mais quand je finissais par comprendre la solution d’une énigme dans la progression de l’histoire, je criais victoire et un lecteur qui ressent la victoire dans la lecture d’un livre est généralement satisfait.

C’est finalement un thriller écrit avec beaucoup d’intelligence, très captivant et intéressant. Mais je le rappelle, il est complexe. Vous ne devez rien perdre si vous voulez tout comprendre. Enfin, je vous suggère fortement de lire le livre AVANT de regarder le film.

Suggestion de lecture : THÉRAPIE, de Sebastian Fitzek

Dennis Lehane est un écrivain américain né à Boston en 1965. Avant de se mettre à l’écriture, Lehanne a exercé plusieurs métiers dont celui de libraire. Il est devenu rapidement un des auteurs de polars les plus populaires en Amérique avec plus d’une cinquantaine de titres dont plusieurs best-sellers. Je cite Gone baby gone, adapté au cinéma, MYSTIC RIVER, prix mystère de la critique en 2003, puis gratifié de 6 autres prix, adapté au cinéma par Clint Estwood qui décrochera le César du meilleur film étranger en 2003. Bien sûr il y a Shutter Island, adapté au cinéma (voir plus bas).

SHUTTER ISLAND AU CINÉMA

SHUTTER ISLAND a été adapté au cinéma par le réalisateur Martin Scorsese d’après un scénario de l’auteur du livre Dennis Lehane. Le film psycho-dramatique est sorti en 2010. L’éclatante distribution réunit Leonardo Di Caprio, Max Von Sydow, Ben Kingley, Mark Ruffalo, Emily Mortimer et Michelle Williams. Le film a été accueilli par la critique pour l’excellence de l’adaptation, la beauté de la photographie et la force de l’interprétation. Le film a été nominé à plusieurs reprises par le Saturn Award et le National board of review entre autres pour l’excellence de sa réalisation.

BONNE LECTURE
JAILU
16 OCTOBRE 2016

 

SACRÉES SORCIÈRES, livre de ROALD DAHL

*La jeune femme leva lentement les bras jusqu’à son visage. Je vis ses mains gantées défaire quelque chose, derrière les oreilles et soudain…elle attrapa ses joues et son joli visage lui resta dans les mains!* (Extrait : SACRÉES SORCIÈRES, Roald Dahl, t.f. Gallimard 1984, réédité chez Gallimard jeunesse en 2007, num. 115 pages)

SACRÉES SORCIÈRES est le récit des tribulations d’un jeune garçon, Bruno et de sa grand-mère qui sont décidés, pendant leurs vacances, à lutter contre les sorcières, ces vilaines femmes qui ne pensent qu’à transformer les enfants en petites souris. Car les sorcières existent, bien qu’elles soient difficiles à identifier. Mais Grand-Mère instruit Bruno sur les signes distinctifs.

C’est ainsi que pendant sa chasse aux sorcières, Bruno se retrouve bien malgré lui, dans une pièce où les sorcières tiennent leur congrès annuel. Toutes ces sorcières qui détestent les enfants et qui ne peuvent supporter leur odeur ne sont pas au bout de leur peine car elles seront bientôt confrontées à un enfant débordant d’imagination et de ruse et à sa Grand-Mère qui a plus d’un tour dans son sac. Humour et rebondissements au programme…

…ASTICOTÉE PAR LES ASTICOTS…
C’est ainsi que Bruno décrit la grandissime sorcière :
*Face immonde, putride et décatie. Elle pourrissait
de partout, dans ses narines, autour de la bouche
et des joues…l’horreur de ses traits m’hypnotisait.*
(Extrait : SACRÉES SORCIÈRES)

Voici un livre extrêmement original, réédité à plusieurs reprises, encore lu aujourd’hui un peu partout dans le monde, spécialement en Amérique du nord et en Europe où il est même recommandé dans les écoles par les pédagogues français entre autres. C’est un livre spécialement écrit pour les enfants et comme adulte, je dois dire que j’en ai beaucoup apprécié la lecture car le récit nous change vraiment de l’idée classique qu’on se fait des sorcières.

Le héros de l’histoire est un petit garçon de 7 ans qui vit avec sa grand-mère. Un jour, la grand-mère dévoile à son petit-fils une vérité qui va changer sa vie : Les sorcières existent. Elles ressemblent trait pour trait à de vraies femmes. Les sorcières sont chauves et portent une perruque qui les irrite au plus haut point, elles sont gantées à longueur d’années pour ne pas dévoiler leurs longues griffes, elles n’ont pas d’orteils.

Surtout, elles détestent singulièrement les enfants qu’elles considèrent comme de petites choses puantes et irritantes qui devraient être totalement éliminées. S’ensuit alors une véritable chasse aux sorcières, une série d’aventures pleines de rebondissements. L’objectif est de sauver les enfants du monde du sort affreux que leurs réservent les sorcières.

J’ai été ravi et subjugué par ce récit de Dahl, plein d’humour, d’imagination et de spontanéité. Dahl a ce don de se mettre à la place des enfants, de penser et de réagir comme eux dans les limites de leur capacité. Évidemment, l’histoire a un petit caractère terrifiant mais elle bien dosée et issue d’une plume qui ne manquera pas de divertir et même de marquer positivement les jeunes esprits.

Dans ce récit, les enfants sont attachants et l’auteur leur a prêté de belles qualités d’imagination et de débrouillardise. Tout ne finit pas nécessairement bien, j’aurais préféré un sort différent pour le petit Bruno, mais ne vous en faites pas…il s’en donne à cœur joie et les jours des vilaines sorcières pourraient bien être comptés.

Je précise en terminant que les magnifiques illustrations de Quentin Blake contribuent superbement à rendre le récit vivant et attractif. Chaleureusement recommandé autant pour les enfants que pour les adultes.

Suggestion de lecture : TRUCS DE PEUR 1, perdues dans le noir,  d’Alexandra Larochelle et Yohann Morin.

Roald Dahl (1916-1990) est un écrivain britannique, issu de parents norvégiens. C’est au cours de ses différents mandats à l’ambassade de Grande Bretagne à Washington qu’il commence à écrire des nouvelles humoristiques et fantastiques. Il se spécialisera en particulier dans les contes pour enfants dont plusieurs sont devenus célèbres dans le monde entier.

Plusieurs de ses œuvres sont adaptées au cinéma et à la télé. Entre autres, suite à sa rencontre avec Ian Flemming, créateur de James Bond, il signera le scénario du cinquième film de la série : ON NE VIT QUE DEUX FOIS. Je cite aussi CHITTY CHITTY BANG BANG et GREMLINS.

En complément, je précise que SACRÉES SORCIÈRES de Roald Dahl a été adapté au cinéma en 2020. Ma préférence va encore à la version de 1990 sous le titre LES SORCIÈRES (THE WITCHES) par le réalisateur Nicolas Roeg. Ce film, brillamment relevé par les effets spéciaux signés John Stephenson, réunit une éclatante distribution dont Anjelica Huston, Rowan Atkinson et l’excellent Jason Ficher, le jeune héros.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
LE 2 OCTOBRE 2016

SANS UN MOT, livre de HARLAN COBEN

*Un bon coup dans le foie, ça vous neutralise pendant
un moment…il ouvrit la bouche mais aucun son n’en
sortit. Il s’affaissa sur un genou. Un deuxième coup,
oblique, l’atteignit à l’oreille…il tenta de réagir…mais
un coup de pied dans les côtes le fit tomber à la
renverse.*
(Extrait : SANS UN MOT, Harlan Coben, Pocket, pubié à
l’origine chez Belfont, collection NOIR, 2008. Num. 350 pages)

Voici trois histoires convergentes: -On découvre un e mail plutôt troublant et un ado, perturbé par le suicide de son ami disparaît. –un professeur commet un écart de langage psychologiquement blessant à l’endroit d’une adolescente : Yasmin. Le père de celle-ci n’admet pas que sa fille soit la risée de l’école et harcèle le professeur. –La voisine de Mike et Tia,  Suzan Loriman cherche un donneur d’organe pour son fils. Mike et Tia qui sont tous deux médecins découvrent des éléments troublants sur le passé de la mère. Ajoutons à cela la mystérieuse quête d’un tueur en série. Des récits sans lien au début mais qui convergent vers un dénouement surprenant dans ce livre 

UN PUZZLE MACHIAVÉLIQUE
*Salle pauvre conne.
Sa tête retomba en arrière.
Ce beau visage réduit en
bouillie.
Jamais il n’oublierait cette
image.*
(Extrait : SANS UN MOT)

Amener plusieurs histoires en convergence vers une seule et unique finale est un défi en littérature. Avec SANS UN MOT, Harlan Coben a assez bien relevé ce défi. C’est loin toutefois d’être le meilleur thriller que j’ai lu même si l’intrigue est bien ficelée. Je dois avouer toutefois que la finale est excellente mais voilà…il faut s’y rendre…

les liens entre les histoires n’apparaissant que très graduellement et vu l’impressionnante quantité de personnages dont les rôles s’imbriquent dans les récits, le lecteur doit faire preuve de patience et de persévérance. Plusieurs pourraient être tentés d’abandonner la lecture avant même d’atteindre la moitié du récit. Je crois tout de même que ça vaut la peine de persévérer.

La principale faiblesse de ce livre réside dans ses personnages qui sont un peu caricaturaux, idéalisés…parfois trop parfaits. C’est le genre de détail qui me pousse à croire que l’auteur a choisi la facilité dans ce rayon. Le fil conducteur est un peu alambiqué. Mais si le lecteur réussit à persévérer dans le style tentaculaire propre à Harlen Coben, il sera sûrement entraîné dans un rythme allant en crescendo vers une finale où tout s’explique…un dénouement brillant quoiqu’un peu *rose bonbon*.

Je crois que la véritable force de ce livre tient dans son actualité. Il pourrait intéresser les adolescents dans une certaine mesure (le style d’écriture étant un peu coriace). Il pourrait intéresser davantage les parents de jeunes ados et même les pousser à l’introspection étant donnés les thèmes qui y sont abordés.

On parle ici de contrôle parental des activités en ligne des enfants, le respect de la vie privée des ados par leurs parents, le danger global que représente internet sur la fragilité de l’adolescence et les thèmes sous-jacents comme les activités illégales et les téléchargements, la sécurité à la maison, en particulier l’accès libre à la pharmacie familiale.

En fait, que ce soit voulu ou pas, Coben nous pousse à nous interroger sur la délicate frontière qui sépare le contrôle parental de l’ingérence souvent considérée tyrannique par les ados qui sont dans une période de leur vie où la dérive est souvent facile.

Pour ces raisons, le livre vaut la peine d’être lu. Globalement le récit ne m’a causé aucun choc ni frisson. L’ensemble est un peu tiédasse. Le quatrième de couverture parle d’un thriller électrisant… je dirai que j’ai apprécié ce livre…il m’a diverti…mais disons qu’il ne m’a pas *électrisé*…

Suggestion de lecture, du même auteur : INTIMIDATION

Harlan Coben est un auteur américain né en 1962 à Newark, New Jersey. Ses romans, traduits dans une quarantaine de langues, occupent des positions plus qu’avantageuses dans la liste des best-sellers à l’échelle mondiale. Il fût un des premiers auteurs à recevoir les trois prix majeurs de la littérature américaine de type *thriller*, à savoir le SHAMUS AWARD, le prestigieux prix Edgar-Allan-Poe  et le Anthony Award. Il cumule d’importantes distinctions littéraires. Coben a aussi participé à des œuvres collectives. 

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
2 octobre 2016

 

PEURS SUR LA VILLE, un collectif de six nouvelles

*Je traverse l’avenue de Paris entre divers
commerçants régalant leurs clients à coups
de hache dans la tronche…les agents de
police sautent à la gorge des mauvais
conducteurs. Les écoliers découpent la
maîtresse. Que de réjouissances…*
(Extrait : BIEN CRU CHEZ LES CH’TIS de
Giovanni Portelli, du recueil PEURS SUR LA
VILLE, publié en 2013 chez Storylab Editions.
95 pages. Édition numérique seulement,
collection Youboox)

PEURS SUR LA VILLE est un recueil de six nouvelles de type *légende urbaine* :
SAIGNONS SOUS LA PLUIE d’Antoine Lefranc, BIEN CRU CHEZ LES CH’TIS de Giovanni Portelli, SORTIE DE ROUTE de Béatrice Galvan, SEPT MINUTES de Julien Banon, LE FRUIT DE CES ENTRAILLES d’Olivier Caruso et LA MONNAIE DES MALFAISANTS de Drims. Ce recueil est le résultat d’un concours d’écriture organisé en 2013 par Storylab et Welovewords et qui a réuni 150 participations sous le thème HORREUR EN MILIEU URBAIN. Il s’agit d’une initiative essentiellement numérique. 

ÉPOUVANTE URBAINE
*-Chopez-la! Cria quelqu’un.
Alors elle les entendit fondre sur elle.*
(Extrait : SEPT MINUTES
du recueil PEURS SUR LA VILLE)

Je ne croyais pas en arriver là un jour, mais aujourd’hui, je vous parle d’une initiative littéraire essentiellement numérique. Je préciserai tout de même que j’ai un faible pour le livre de papier…j’aurai toujours un faible pour les livres de papier. Mais bon, sauver des arbres, limiter la pollution n’est pas pour me déplaire non plus. Sans jeu de mot, je suis un peu déchiré. Mais l’important n’est-il pas de lire? Peu importe le support utilisé…

Toujours est-il que, de cette initiative, six récits ont été déclarés les meilleurs parmi 150 participants sous un thème cher à une considérable quantité de lecteurs : les légende urbaines, un thème déjà abondamment développé dans la littérature et au cinéma. Il est difficile d’être objectif n’étant pas moi-même friand de légendes urbaines.

Les récits sélectionnés n’apportent pas vraiment grand-chose de neuf au thème des légendes urbaines. Il serait intéressant de répéter l’expérience sous des thèmes qui se prêtent davantage à l’innovation : société, psychologie, anticipation, fantastique par exemple.

Cependant, le recueil a des forces intéressantes : les histoires sont courtes et ont la capacité de pousser le lecteur à l’émotion, c’est-à-dire à transposer ses pires cauchemars dans le réel : un réel urbain…rue, métro, parc et même internet comme c’est le cas de SAIGNONS SOUS LA PLUIE d’Antoine Lefranc, la première nouvelle du recueil qui mérite fort bien son titre et qui rappelle un peu LE PROJET BLAIR.

Donc pour faire l’essai d’une expérience numérique (issue d’une longue et enrichissante démarche créatrice), PEURS SUR LA VILLE est un recueil intéressant réunissant six formats courts, accrocheurs, dotés d’un certain humour. Le style n’offre aucune nouveauté qui se démarque, mais vous pourriez apprécier, spécialement si vous êtes amateur d’histoire d’horreur en milieu urbain.

Je n’ai pas été emballé personnellement mais tout de même j’ai été impressionné par l’incroyable démarche qui a abouti à ce recueil et qui est résumée sur www.presseedition.fr  L’initiative est conforme à une nouvelle tendance de lecture faisant appel aux tablettes, smartphones, lecteurs numériques. C’est l’évolution, mais au moins on lit…ça ne m’empêche pas de retourner au papier quand j’en ai le goût, ce qui se produit assez souvent.

Suggestion de lecture : un autre recueil de nouvelles, CRIMES À LA LIBRAIRIE

Les 6 lauréats de PEURS SUR LA VILLE
Édition 2013

Ligne du haut, de gauche à droite : Antoine Lefranc, Giovanni Portelli, Béatrice Galvan,
ligne du bas, de gauche à droite, Olivier Caruso (qui préférait être vu comme ça),  Julien Banon et Drims.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
25 septembre 2016

JOUR QUATRE, livre thriller de SARAH LOTZ

*Elle enroula un des foulards de soie de Céline
autour de son cou : elle pourrait s’en couvrir
la bouche. Les microbes le traverseraient mais
elle serait au moins protégée de la puanteur.
Elle aurait l’air ridicule de l’homme invisible,
mais cela valait mieux que passer les prochains
jours à vomir tripes et boyaux.*


(Extrait : JOUR QUATRE, Sarah Lotz, 12-21 éditions,
t.f.  Fleuve Éditions, Dep. Univers Poche, fleuvenoir
2016, édition numérique, 360 pages)

Les passagers vivaient une croisière paradisiaque à bord d’un superbe paquebot de luxe. Mais le confort bucolique des touristes bascule complètement le quatrième jour alors qu’un incendie se déclare à bord. Puis les malheurs s’enchaînent : dérive du navire, communications rompues, meurtre, épidémie et pire, l’apparition de spectres achève de transformer le rêve en cauchemar. 

DU RÊVEUR MAGNIFIQUE
AU
CAUCHEMAR INFERNAL
*Le paquebot grinçait, hurlait, on aurait dit qu’il
voulait se déchirer en deux. Combien de temps
est-ce que ça a duré? J’en sais rien bordel.
Combien de temps ça dure une éternité?*
(Extrait : JOUR QUATRE)

Ce livre n’est pas la suite de TROIS dont j’ai déjà parlé et bien qu’il soit question à plusieurs reprises de Lori et Bobby Small et du fameux jeudi noir, JOUR QUATRE PEUT SE LIRE indépendamment de TROIS. Comme j’ai été déçu de TROIS, j’avais quelques craintes en entreprenant la lecture de JOUR QUATRE. Je peux dire que j’ai été un peu mieux servi.

L’histoire se déroule à bord d’un paquebot de croisière : LE RÊVEUR MAGNIFIQUE ayant à son bord 2,962 personnes. Les trois premières journées sont magnifiques…le bonheur total. La quatrième journée, tout bascule. Le paquebot fait un arrêt complet après avoir perdu ses sources d’énergie suite à un incendie dans la salle des machines.

Tous les systèmes vitaux tombent en panne : plus d’électricité, plus de communication, une épidémie de gastro se déclare à bord, les systèmes sanitaires ne fonctionnent plus. Le paquebot dérive et devient malmené par une forte tempête et en plus, une femme est retrouvée morte dans sa chambre. Tout dégénère, les conditions deviennent critiques, sans compter l’humeur des passagers…bref, un véritable cauchemar.

En marge de ce drame, les passagers se regroupent autour de Céline Del Ray, une voyante qui donne des spectacles et dont la personnalité change complètement, comme si elle était possédée et cela coïncide avec des membres d’équipage convaincus d’avoir vu des apparitions. Je ne peux en dévoiler plus sans vous mettre sur le sentier de la conclusion, c’est-à-dire le destin du navire et ses 2962 passagers.

Bien que le livre souffre de longueurs, l’action est soutenue et est enrichie d’une touche paranormale intrigante et captivante. Comme lecteur, je me suis senti enchaîné à l’histoire au fur et à mesure que la situation se dégradait. Le fond de l’histoire est intéressant. La plume intense de Lotz pousse le lecteur à ressentir la peur des passagers.

Cette peur est d’autant omniprésente que l’auteure n’a prévu aucune communication entre le commandant du navire et ses passagers à part quelques platitudes communiquées régulièrement par Damien, le directeur de croisière.

Donc la peur, le doute, la colère, la panique sont palpables et contribuent à l’atmosphère opaque et lourde qui se dégage de l’histoire et qui finit par envelopper le lecteur.

Il y a quand même des éléments de construction de l’histoire qui seraient susceptibles d’agacer plusieurs lecteurs et lectrices : le rythme de l’histoire est très lent et l’intrigue se développe lentement, à la petite cuillère. Il y a des longueurs dans le livre qui donne parfois l’impression d’une errance de l’auteure.

Aussi, il faut composer avec beaucoup de personnages. Enfin, vous risquez de trouver la conclusion plutôt surprenante. Je l’ai trouvée un peu tirée par les cheveux mais je crois ici qu’il pourrait y avoir autant d’interprétations que de lecteurs. Alors, il faut s’y risquer.

C’est loin d’être une de mes meilleures lectures à vie, mais ça m’a plu en particulier parce que l’atmosphère de l’histoire l’emporte sur l’action. J’entends par là le mystère, le non-dit, l’inexplicable…ces éléments qui poussent le lecteur à aller plus loin jusqu’au dénouement qu’il a été impossible d’entrevoir avant d’y arriver vraiment.

Si vous aimez les histoires aux intrigues glaçantes avec en plus l’angoisse générée par les phénomènes paranormaux. Vous devriez apprécier JOUR QUATRE.

Sarah Lotz

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
19 SEPTEMBRE 2016