AU-DELÀ DE L’IMAGINAIRE, recueil SF de Numeriklivres

(tome 1)

*J’opte délibérément pour la vie ! déclara Antoine. Les habitants de Mars, avec lesquels nous espérions échanger des vérités premières, font partie des plans
qui, vraisemblablement, ne permettent aucune communication intellectuelle.*
(Extrait du recueil AU-DELÀ DE L’IMAGINAIRE, 1ère nouvelle : LES NAVIGATEURS DE L’INFINI, J.H. Rosny aîné, 1925. Numeriklivres, 2012, éd. Numérique)

La collection « Au-delà de l’imaginaire » est une initiative de Numeriklivres consacrée à des classiques de la science-fiction ou du fantastique qui ont sans conteste inspiré les créateurs de séries télé des années 60 telles qu’« Au-delà du réel » ou « La quatrième dimension », devant lesquelles des millions de téléspectateurs ont vécu par procuration des aventures étonnantes chargées d’angoisse et de suspense, le tome 1 propose trois textes de maîtres incontestés du genre.

LES NAVIGATEURS DE L’INFINI de J.H. Rosny Aîné : un voyage d’exploration sur la planète Mars, qui reprend les thèmes chers à cette époque où l’espace intersidéral est plein des promesses de mondes meilleurs, de races supérieures et d’espoirs de migrations futures pour les terriens.  Un voyage riche en aventures et en danger.

LE SIGNALEUR de Charles Dickens : le narrateur rencontre un soir un signaleur de chemin de fer qui lui dit recevoir la visite d’un spectre qui le met en garde contre un accident ferroviaire. Dans ce texte se mêlent rationalité et forces occultes, naturel et surnaturel, et les situations ambiguës ne manquent pas.

PETITE DISCUSSION AVEC UNE MOMIE d’Edgar Allan Poe : Les directeurs du City Museum ayant donné leur accord pour l’examen d’une momie égyptienne, l’assemblée des « spécialistes » réunis pour ouvrir le sarcophage a la surprise de découvrir un être on ne peut plus vivant. S’en suit une conversation des plus loufoques, avec le génie de Poe et son humour cynique.

 À gauche: J.H. Rosny ainé (1856-1940), au centre :  Edgar Allan Poe (1809-1849) à droite: Charles Dickens (1812-1870)

Ce n’est pas une défaillance de votre liseuse
*Le mécanicien coupa la vapeur et freina, mais le
train roula encore jusqu’à quelque cent cinquante
mètres d’ici. Je courus derrière et, tout en courant,
j’entendis des cris et des appels terrifiants.
(extrait : LE SIGNALEUR, Charles Dickens)

Une toute nouvelle collection, tout à fait dans mes cordes, une excellente initiative de Numeriklivre. J’attends beaucoup de cette collection car elle pourrait réunir la fine fleur des auteurs et des titres dans l’univers fort bien meublé de la science-fiction et du fantastique et qui faisait mon régal quand j’étais adolescent. Ce sont des livres indémodables et j’en lis encore d’ailleurs, mon appétit pour les classiques ne s’étant jamais tari.

C’est ainsi qu’on pourrait voir réunis dans la même collections les grands maîtres de la littérature de science-fiction et de fantastique tels René Barjavel, H.P. Lovecraft, H,G. Wells, Ray Bradbury, Isaac Asimov, Jules Verne, Bram Stoker, Théophile Gautier, Stephen King, Dean Koontz, Edgar Allan Poe, Robert-Louis Stevenson et j’en passe.

Le tome 1 réunit Rosny Aîné, Dickens et Poe. Au moment d’écrire ces lignes, le tome 2 vient de paraître, on y trouve les trois titres suivants : LA MORT DE LA TERRE de J.H. Rosny Aîné : Dans un très lointain futur, l’espèce humaine survit dans un état désabusé sur une terre devenue désertique et aride.

TOC…TOC…TOC… d’ Ivan Sergueïevitch Tourgueniev, une histoire à l’atmosphère étrange, sublimée par une nuit d’hiver engluée dans un épais brouillard qui fausse jusqu’à la capacité de raisonnement.

L’INDICIBLE de Howard Phillips Lovecraft, Une discussion entre un enseignant à l’esprit cartésien et un romancier à l’esprit plus fantasque, une nuit, sur une pierre tombale fissurée, près d’une vieille maison abandonnée qui a, dit la légende, un passé diabolique. Ici, le caractère prometteur de la série ne se dément pas.

Je ne me lancerai pas ici dans la critique des titres. Des millions de lecteurs ont déjà rendu des verdicts plus que favorables au fil des générations. Je dirai simplement au sujet de la série qu’elle est présentée très simplement, sans artifice.

Chaque volume comprendra trois livres, romans ou nouvelles qui s’enchaîneront tout naturellement. Le volume que j’ai lu, c’est-à-dire le tome un était très bien présenté. Les pages sont très bien ventilées. L’ensemble est agréable à lire.

Donc c’est une série qui promet. Il ne manque qu’un petit préambule du genre de celui d’AU-DELÀ-DU RÉEL, une série télé des années 60 dont je me régalais. Son préambule est passé à l’histoire d’ailleurs :

*Ce n’est pas une défaillance de votre téléviseur, n’essayez donc pas de régler l’image. Nous avons le contrôle total de l’émission : contrôle du balayage horizontal, contrôle du balayage vertical. Nous pouvons aussi bien vous donner une image floue qu’une image pure comme le cristal.

Pour l’heure qui vient, asseyez-vous tranquillement. Nous contrôlerons tout ce que vous allez voir et entendre. Vous allez participer à une grande aventure et faire l’expérience du mystère avec « Au-delà du réel».*

Voilà ce que j’attends de la collection AU-DELÀ DE L’IMAGINAIRE : participer à une grande aventure et faire l’expérience du mystère. Jusqu’à maintenant, la collection est jeune mais c’est prometteur.

Suggestion de lecture : LES COLLECTIONS DU CITOYEN

Fondée en 2010 par Jean-François Gayrard, Éditions Numériklivres est une maison d’édition francophone dont le catalogue généraliste se décline en différentes collections dont littérature générale, polar, science-fiction, fantastique, littérature sentimentale, et jeunes adultes. Les titres au format numérique sont disponibles également en format papier sur numeriklivre.info ou dans une librairie. À ce jour, la maison a publié à compte d’éditeur des œuvres près de 80 auteurs de toute la francophonie.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 1er octobre 2017

LA GUERRE DES MONDES, le livre de H.G. Wells

*Cette nuit-là, sous les étoiles, près de quarante personnes gisaient autour du trou, carbonisées, défigurées, méconnaissables, et jusqu’au matin, la lande, de Horsell à Maybury, resta déserte et en feu.* (Extrait : LA GUERRE DES MONDES, H.G. Wells, publié en 1898, réédité par ebooksLib.com en novembre 2011 en version numérique. 410 pages)

Un soir de juin 1900, un météore s’abat près de Londres, bientôt suivi de nombreux autres. Le phénomène devient mondial. Des cratères calcinés qu’ils ont creusés dans le sol émergent alors d’énormes tripodes, terrifiants engins de guerre venus de Mars pour envahir la Terre et dont la puissance n’a d’égale que la cruauté! les armes terrestres s’avèrent inefficaces et l’annihilation de l’espèce humaine qui semble inéluctable.  Partout sur la terre c’est la panique et la désorganisation totale. Tous les efforts des armées et des scientifiques pour contrer l’envahisseur sont vains jusqu’à ce qu’un allié imprévu donne un vibrant espoir à l’humanité.

UN GRAND CLASSIQUE DE LA SF

*La façon dont les Marsiens (1) peuvent si
rapidement et silencieusement donner
la mort est encore un sujet
d’étonnement.
(1) écrit comme tel dans le texte
(extrait : LA GUERRE DES MONDES)

LA GUERRE DES MONDES est sûrement l’histoire qui m’a le plus fasciné pendant mon adolescence. Je parle ici de l’adaptation cinématographique produite en 1955. Un *remake* et 45 ans plus tard, Je me suis décidé à lire le livre, toujours aussi passionné et intrigué par le sujet. Disons que j’en ai apprécié la lecture sans en être trop emballé. En fait, le récit est en équilibre entre une force importante et une faiblesse majeure.

Commençons par la force. Wells a été le premier à raisonner sur l’existence possible des extra-terrestres en leur donnant une identité, un objectif, des forces et des faiblesses. Même si on sait aujourd’hui qu’il ne se passe rien sur la planète Mars, les aspects scientifiques dont le récit est imprégné sont plausibles.

Les extra-terrestres auraient pu venir de n’importe où comme l’a exprimé Rolland Emmerich dans INDEPENDANCE DAY.

Ensuite j’ai eu l’impression que Wells laissait un message à l’humanité qui se croit le nombril de l’univers, laissant à penser que nous ne sommes que les locataires de ce monde comme l’a si bien exprimé Peter Hyams dans le message final du film *2010*, la suite du célèbre 2001, L’ODYSSÉE DE L’ESPACE.

L’humanité n’est pas à l’abri. Donc le récit est issu d’un schéma de pensée fort bien organisé, sérieux et quelque peu visionnaire, et qui accuse un caractère politique et scientifique extrêmement intéressant et crédible. Je passerai enfin rapidement sur la finale en disant qu’elle est géniale et là encore tout à fait plausible, les plus petits organismes de la terre ayant leur mot à dire dans l’équilibre de la nature.

Quant aux faiblesses, je dirai que le récit comporte des irritants, le principal étant l’absence d’émotions. L’histoire est racontée par un témoin des évènements avec une froide précision de journaliste. Le récit accuse des longueurs, de la lourdeur. Il y a très peu de dialogues. J’avais l’impression, par moment, de lire un documentaire.

Le livre a aussi un côté très *vieille plume* typique du XIXe siècle, héritage d’un temps révolu qui fait de LA GUERRE DES MONDES une histoire qui a mal vieilli.

Dans l’histoire, il y a beaucoup de destruction, mais pas vraiment de confrontations spectaculaires. Ce n’est pas autant une guerre qu’un carnage et puis le récit se limite à l’Angleterre. Ça peut paraître curieux mais c’est le cinéma qui a réactualisé ce livre qui continue d’être lu et réédité.

Pour les forces que contient ce livre, et si j’y ajoute un petit côté spéculatif intéressant, j’en recommande la lecture.

Suggestion de lecture : ARMADA, d’Ernest Cline

À droite, image d’un tripode extraite d’une ancienne édition de la GUERRE DES MONDES.

En bas, version moderne du tripode, vue dans l’adaptation cinématographique de la guerre des Mondes réalisée en 2005 par Steven Spielberg, avec Tom Cruise.

Herbert George Wells (1866-1946) est un écrivain britannique, considéré comme le père de la Science-Fiction. Plusieurs  de ses romans ont marqué la littérature à partir de son tout premier publié en 1895 : LA MACHINE À REMONTER LE TEMPS.  journaliste, professeur et libre-penseur, Wells a été le premier auteur a donné un caractère éthique à la littérature de science-fiction en dénonçant les abus d’une technologie omniprésente et d’une course effrénée vers le progrès. Il aura été une inspiration pour plusieurs auteurs de renom qui ont suivi dont Isaac Asimov, Orson Welles, René Barjavel et plusieurs autres. Il a écrit plus de 80 romans.

LA GUERRE DES MONDES AU CINÉMA
Le classique de HG Wells a été adapté au cinéma deux fois, en 1953 et 2005 et il a bien sûr inspiré de nombreuses autres productions comme INDEPENDANCE DAY pour ne nommer que celle-là. Quant à savoir quel film se rapproche le plus de la réalité du livre, j’opte sans hésitation pour le remake de 2005, LA GUERRE DES MONDES réalisé en 2005 par Steven Spielberg avec Tom Cruise.

Je dois dire toutefois que j’ai trouvé la version originale de 1953 LA GUERRE DES MONDES réalisée par Byron Haskin avec Gene Barry tout à fait fascinante. Les deux versions sont très différentes, chaque réalisateur développant des aspects du livre ignorés par l’autre.

Les martiens et leurs engins versions 1953 et version 2005

Anecdote:
En 1938, Orson Welles présentait son adaptation radiophonique de LA GUERRE DES MONDES sur CBS. Le réalisme de l’adaptation était tel que plusieurs crurent à une véritable invasion martienne. Il y a eu dit-on plusieurs scènes de panique. À ce sujet, je vous suggère la lecture d’un dossier très intéressant publié par  www.cafardcosmique.com

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
AVRIL 2016

DES SOURIS ET DES HOMMES, de JOHN STEINBECK

*En tout cas, il ferait bien de faire attention
à Lennie. Lennie est pas un boxeur, mais
Lennie est fort et rapide et Lennie ne connait
pas les règles.*
(Extrait : DES SOURIS ET DES HOMMES, John Steinbeck,
t.f. Éditions Gallimard, 1955, édition de papier,
180 pages)

DES SOURIS ET DES HOMMES est l’histoire de deux hommes liés par une amitié pure et intense : Lennie Small, un costaud à la force incontrôlable, cœur d’or mais simple d’esprit et maladroit et George Milton. Lucide, droit et vif d’esprit,  un petit chef qui vient canaliser les énergies instables de Lennie. Les deux amis errent sur les routes de Californie et travaillent de ranch en ranch comme journaliers, mus par le rêve de posséder un jour leur propre exploitation. Ils n’ont rien de commun et pourtant le lien qui les unit est d’une incroyable force. Sachant que c’est la maladresse de Lennie qui force les deux hommes à changer sans cesse de travail, comment peut-on imaginer leur destin. Doit-on s’attendre à une finalité dramatique. John Steinbeck nous réserve une finale qui force le lecteur à aller au bout de ses émotions. Un ouvrage qui dépeint durement la condition humaine.

Les caresses d’un colosse
*Ce livre est bref mais son pouvoir est long.*
(Introduction de la préface du livre
DES SOURIS ET DES HOMMES par
Joseph Kessel)

C’est un livre en effet très bref, mais j’ai chuté dans sa profondeur. Il m’a agrippé surtout par l’intensité de la réflexion qu’il impose. C’est un livre noir, mais puissant. L’histoire est celle de deux hommes que tout sépare et qui sont pourtant liés par une indéfectible amitié. Il y a Georges d’abord,  lucide et vif d’esprit…un bon gaillard avec une tête sur les épaules.

Et puis, il y a Lennie, simple d’esprit, mêlé, une âme d’enfant instable et désorganisée dans un corps de colosse et qui aime caresser les petits animaux, ce qui ne lui réussit guère car il ne connaît pas sa force. Sa condition fait qu’il n’accumule que des gaffes…car il ira jusqu’à caresser les cheveux d’une femme.

Les deux hommes vont de ranchs en ranchs pour réunir la somme nécessaire à la réalisation de leur rêve : posséder un petit coin de terre, une petite ferme pour y élever des animaux, cultiver un petit jardin, y vivre simplement et en paix. Mais voilà, ce rêve, aussi motivant pouvait-il être n’était pas compatible avec le caractère incontrôlable de Lennie.

L’auteur nous met en présence de deux êtres tout à fait dissemblables qui errent sur le chemin d’une vie relationnelle complexe à une époque où règnent l’incompréhension et l’intolérance.

Dans une écriture simple, mais avec des mots dramatiquement justes, Steinbeck nous entraîne dans un voyage au cœur de l’âme humaine. Dans DES SOURIS ET DES HOMMES, il n’y a pas de longueurs, pas de mots inutiles et pas de compromis. Avec une incroyable justesse, l’auteur nous entraîne dans une profonde réflexion à plusieurs égards.

Je cite les conditions de vie dans la première moitié du 20e siècle, les préjugés raciaux et l’intolérance, les troubles de la santé mentale qui constituaient à l’époque une situation abstraite (l’est-elle moins aujourd’hui à part peut-être le fait que les maladies mentales sont identifiées, étiquetées?), il y a aussi les handicaps physiques et les petites guerres de pouvoir (symbolisées ici par un personnage méprisable : Curley, le fils du patron)

Dans son livre, Steinbeck dépeint une condition humaine dure et laissant peu de place aux compromis. J’ai ressenti, à la lecture de ce livre, une forte émotion m’amenant à l’introspection. C’est un roman noir mais qui nous pousse vers la lumière.

Habituellement, il en faut  beaucoup pour m’émouvoir mais ici, DES SOURIS ET DES HOMMES m’a frappé de plein fouet.

Ce livre est un chef d’œuvre…le genre de livre qu’on ne referme jamais tout à fait…

Suggestion de lecture : L’OEUVRE DE DIEU, LA PART DU DIABLE de John Irving

À L’ÉCRAN
Deux adaptations magnifiques du best-seller de Steinbeck.

John Malkovitch et Gary Sinize dans l’adaptation réalisée par Gary Sinize et sortie en 1992.
Et bien sûr, l’adaptation télé proposée par Radio-Canada en 1971.

John Steinbeck (1902-1968) est un écrivain américain. Son premier prix littéraire lui est attribué en 1935 avec TORTILLA FLAT mais il s’est surtout rendu célèbre par deux romans en particulier : DES SOURIS ET DES HOMMES et celui qu’il considère comme son meilleur : LES RAISINS DE LA COLÈRE, adapté au cinéma en 1940 et qui lui vaut le prix PULITZER. Il laisse aussi en héritage un autre grand roman : À L’EST D’EDEN, publié en 1952.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
FÉVRIER 2016

L’ILIADE ET L’ODYSSÉE, livre de HOMÈRE

*Zeus s’irrita à son tour : -Quel mal Priam et ses enfants t’ont-ils fait pour que tu sois si résolue à détruire leur belle ville? De toutes les cités du monde, Troie est la plus chère à mon cœur. -Tout ce que je te demande répondit Héra, est de permettre à Athéna de descendre sur le champ de bataille et de pousser les Troyens à rompre la trêve. (extrait d’un document conçu par Jean-Philippe Marin et basé sur L’ILIADE d’Homère, 1956, édition des Deux Coqs d’or, adap. : Jane Werner Watson, 135 pages, éd. Num.)

L’ILIADE ET L’ODYSSÉE est un document basé sur le livre du même nom, adapté du poème original d’Homère par Jane Werner Watson. Le document ainsi que le site internet qui y est associé ont été conçus et réalisé par Jean-Philippe Marin, écrivain essentiellement numérique qui a passé sa jeunesse à Athènes en Grèce, l’endroit parfait pour se lier au chef d’œuvre de la littérature grecque racontant une épopée de la Grèce antique et attribué à Homère qui prête vie à des personnages célèbres de la mythologie grecque, ainsi qu’à une forteresse à conquérir : Troie.

LE JOUET DES DIEUX
*Mais le géant au cœur sans pitié répondit :
-Tu es bien naïf si tu crois qu’ici, nous nous
soucions des Dieux. Nous sommes plus forts
qu’eux.
Là-dessus, il étendit les bras et saisit deux
des hommes. Il leur brisa la tête contre terre,
puis découpa leurs membres et en fit son souper.*
(extrait de L’ILIADE ET L’ODYSSÉE)

L’Iliade et L’Odyssée sont deux des plus belles histoires de la littérature. C’est avec Homère que je suis devenu un passionné de la littérature grecque et quand j’ai besoin d’une diversion dans mes lectures, je replonge dans le fabuleux récit épique et poétique du célèbre aède.

Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, il y a les Dieux de l’Olympe, ces yoyos qui prennent le parti des hommes un jour et qui se retournent contre eux le lendemain. Il y a surtout des hommes qui par leur courage et leur ténacité ont bravé les Dieux afin de limiter leurs excès et leur faire comprendre que le jour où les hommes choisiront de ne plus croire aux Dieux, ceux-ci ne seront plus rien.

Et puis il y a le côté fantastique du récit qui réussit chaque fois à pousser mon esprit à la dérive, à m’imaginer que je suis aux côtés d’Ulysse bravant le cyclope, déjouant les ruses de Circée ou s’apaisant dans les bras de Calypso.

Voilà le pouvoir d’Homère. Agripper le lecteur, l’entraîner dans un univers onirique et lui faire connaître des personnages puissants, mystérieux, orgueilleux et susceptibles :  Zeus, Athéna, Apollon, Poséidon, Ulysse, Achille, Hector et plusieurs autres…il semble en effet que les Dieux soient assez *tassés* dans l’Olympe.

Je recommande chaleureusement la lecture de l’Iliade et l’Odyssée. C’est un récit enchanteur qui se lit très bien. L’écriture est fluide et les chapitres sont courts. L’Iliade s’attarde surtout à la guerre de Troie et à la célèbre ruse du Cheval de Troie et l’odyssée se concentre sur le retour d’Ulysse vers son royaume d’Ithaque : une errance dramatique qui a duré plus de 20 ans et pendant laquelle Ulysse a perdu tous ses amis et a dû affronter des créatures inimaginables et surtout des Dieux malins et capricieux.

Bien sûr, les poèmes homériques ont une connotation philosophique. Une errance de 20 ans ne pousse-t-elle pas à l’introspection…? Je crois que vous passerez un bon moment avec cette œuvre que je qualifie de magistrale.

Suggestion de lecture : PERCY JACKSON, tome 1, LE VOLEUR DE FOUDRE, de Rick Riordan

Homère est un poète grec de la fin du VIIIe siècle avant J.C. Le débat sur la réalité historique du personnage est toujours actif de nos jours, mais jusqu’à preuve du contraire, on lui attribue deux œuvres majeures de la littérature : L’ILIADE et L’ODYSSÉE, plusieurs poèmes et bien sûr, les hymnes homériques. 

On sait peu de choses sur la vie d’Homère malgré quelques biographies anciennes mais qui sont apparemment peu crédibles. Selon la tradition, Homère aurait été aveugle et il aurait été parent avec le célèbre musicien Orphée.

Jean-Philippe Marin est un écrivain essentiellement numérique. Il est aussi spécialisé dans la création de sites web créatifs. Il a créé entre autres un site basé sur l’adaptation des poèmes d’Homère : L’ILIADE ET L’ODYSSÉE, œuvre dont il est un passionné. Ce site a reçu de nombreuses récompenses partout dans le  monde et est utilisé dans de nombreuses écoles. On peut le consulter à :   http://iliadeodyssee.com

L’ODYSSÉE AU CINÉMA

La meilleure adaptation de L’ODYSSÉE au cinéma est, à mon avis, celle d’Andrei Konchalosky sortie en 2006. La performance d’Armand Assante dans le rôle d’Ulysse est remarquable.

Même si on ne voit pas tous les exploits du héros qui défie les Dieux, la reconstitution de la légende d’Homère est excellente et c’est une des rares adaptations qui nous permet de connaître un peu la belle CALYPSO, nymphe des mers et fille d’ATLAS incarnée par la superbe Vanessa Williams qui nous offre une magnifique performance.

Vanessa Williams dans le rôle de Calypso

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JUIN 2015

BILBO LE HOBBIT, livre de J.R.R. TOLKIEN

*L’animal devint alors fou; il sauta en l’air;
trépigna et jeta ses pattes de droite et de
gauche en d’horribles bonds, jusqu’au moment
où Bilbo le tua d’un nouveau coup d’épée;
après quoi il tomba et perdit conscience
pendant un long moment.*
(extrait de BILBO LE HOBITT, publication originale
1937, rééd. Le livre de Poche, juin 2007. J.R.R. Tolkien,
édition numérique, 253 pages)

Ce livre raconte l’histoire de Bilbo, un Hobbit de la Comté, paisible qui n’aime ni les aventures ni les imprévus. Mais un jour, la douce quiétude de Bilbo s’envole quand Gandalf vient le chercher. Le magicien entraîne Bilbo dans une aventure fantastique qui le mènera jusqu’à la Montagne Solitaire, gardée par un dragon cruel. Le voyage comporte de dangereuses épreuves.  

Bilbo croisera des personnages très étranges, Gollum en particulier, mais aussi des trolls. Avec Gandalf, Gollum, le Seigneur Elrond et plusieurs autres, Bilbo, sans le savoir, tisse la toile de la plus extraordinaire fresque de l’histoire de la littérature : LE SEIGNEUR DES ANNEAUX

Pour les enfants de Tolkien

*-Qu’ai-je, je me le demande?-
se dit-il, pantelant et trébuchant.
Il fourra la main gauche dans sa
poche. L’anneau lui parut très
froid comme il le glissait
doucement à son index tâtonnant.*
(extrait de BILBO LE HOBBIT)

Ce livre m’a envoûté tout simplement. Non seulement j’ai savouré une écriture limpide et qui confine parfois à la poésie, mais j’ai eu des réponses aux questions que je me suis posées suite à ma lecture du SEIGNEUR DES ANNEAUX (que j’ai lu en premier comme beaucoup l’ont déjà fait). Entre autres, j’ai su les circonstances exactes dans lesquelles l’anneau a été découvert par Bilbo.

Dans ce livre, l’anneau n’est qu’un accessoire. Ce n’est que dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX que le lien pourra être établi entre l’anneau et le Nécromancien dont il est question à 2 ou 3 reprises dans BILBO LE HOBBIT et qui deviendra SAURON dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Mais la découverte de cet anneau sera le prétexte à un extraordinaire dialogue, essentiellement composé de devinettes entre Bilbo et Gollum. Ça m’en a dit long sur la psychologie de ce dernier.

BILBO LE HOBBIT est une histoire pour les enfants. Tolkien l’a écrite pour ses propres enfants en y incorporant des chansons et comptines et en développant des thèmes qui passionnent les jeunes lecteurs : héroïsme, courage, quêtes, mystères…

Mais ce livre convient très bien aux adultes d’autant que, sans le savoir probablement, avec BILBO LE HOBBIT et LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, Tolkien allait modéliser des personnages et des créatures qui occupent encore aujourd’hui l’univers littéraire extrêmement riche du *fantasy* : elfes, gobelins, trolls, dragons, orques, nains, magiciens et j’en passe. De plus le style et les thèmes développés par Tolkien ne sont pas sans rappeler le phénomène *DONGEON ET DRAGONS*.

Mais BILBO LE HOBBIT est avant tout le prologue du SEIGNEUR DES ANNEAUX. Le livre est plus court, plus abordable. L’histoire est basée sur une seule quête, celle des nains qui veulent récupérer le trésor de leur peuple dérobé par Smaug. L’histoire est plus facile à suivre les dialogues étant plus courts et plus simples, un peu moins descriptifs que LE SEIGNEUR DES ANNEAUX et moins guerriers. L’écriture est un heureux mélange de force et de délicatesse.

Il ne faut pas perdre de vue que c’est une histoire pour enfants, elle est construite comme telle, mais elle a tout ce qu’il faut pour séduire les adultes et puis après tout, il faut bien la lire pour saisir tous les aspects profonds de l’œuvre majeure qui suit. Mais ce sera loin d’être une corvée car le récit est rythmé et très bien construit. L’ensemble est simple et captivant.

Pour moi, BILBO LE HOBBIT est un petit bijou de la littérature…incontournable.

Suggestion de lecture,  du même auteur : LE SEIGNEUR DES ANNEAUX

John Ronald Reuel Tolkien (1892-1973) natif d’Afrique du Sud était écrivain, poète et philologue. Au départ, il a imaginé BILBO LE HOBBIT pour amuser ses enfants (Christopher, John, Priscilla et Michael) et stimuler leur sens de l’émerveillement.  Le texte ne sera achevé et publié que beaucoup plus tard, en 1937 et préfigurera LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, ouvrage majeur sur lequel Tolkien travaillera à partir de 1938 et qui sera publié en 1954. Son succès ne sera jamais démenti. TOLKIEN était un passionné des langues et de philologie.

Martin Freeman incarne BILBO LE HOBBIT dans le premier film d’une trilogie
adapté et réalisé par Peter Jackson et sorti en 2012. À suivre…

BONNE LECTURE
JAILU
AVRIL 2015

ALLONS Z’ENFANTS, le livre d’YVES GIBEAU

*Mais Simon ne revint pas s’assoir à la table.
Réfugié dans sa chambre, et déshabillé,
couché maintenant, il méditait sa rancœur,
accumulait les projets de fuite, de suicide
même, soudain prêt à toutes les tentatives.*
(extrait de ALLONS Z’ENFANTS de Yves Gibeau,
Calman-Lévy, 1952, 357 pages, éd. Num.)

ALLON Z’ENFANTS est l’histoire de Simon Chalumot, 12 ans, que son père, un vétéran de la première guerre mondiale  à l’esprit peu ouvert envoie dans une école militaire pour devenir soldat au service de la patrie. Simon découvrira très vite la discipline brutale des sergents de l’école et la rigidité militaire qui sont  incompatibles avec sa nature. Il deviendra vite rebelle et insoumis et connaîtra les tentatives d’évasion et même de suicide. Cette vie insoutenable durera 10 années pendant lesquelles la bêtise et l’étroitesse  tenteront de *casser* le caractère de l’enfant dont le seul rêve en est un d’espoir et de liberté.

La descente aux enfers de Simon Chalumot

*…et l’élève Chalumot ne mérite aucune clémence,
aucun passe-droit. C’est l’exemple même de la
désobéissance, de l’anarchie, de la rébellion. Je
regrette, cher monsieur, d’avoir à vous dire de
telles vérités…*
(extrait de ALLONS Z’ENFANTS)

ALLONS Z’ENFANTS est l’histoire d’un ado français : Simon Chalumot envoyé de force dans les écoles militaires par son père, ajutant à la retraite…un père raté, incapable, étroit d’esprit et qui ne jure que par la discipline militaire…l’histoire d’une bonne nature d’enfant bousculée, insultée, brutalisée, maladroitement manipulée et considérée valable pour les poubelles de l’armée.

Ce qui m’a le plus frappé dans ce livre, c’est son caractère antimilitariste. En effet, ce n’est pas un livre qui pousse le lecteur à faire copain-copain avec l’armée et les traditions militaires. Gibeau y dénonce la vanité, la domination, la recherche du pouvoir, l’abus de pouvoir et une mentalité complètement déconnectée de la psychologie humaine en général et de celle des enfants en particulier. Les exemples sont nombreux…j’en citerai deux :

*Les militaires de carrière, Chalumot, ce sont tous des feignants, des nuisibles. Tu te vantes de ta retraite, du pognon que t’encaisse  tous les trimestres. À qui il appartient ce pognon Chalumot?…je m’esquinte pour toi tous les jours…pour toi et tes semblables…et Dieu sait s’il y en a de ces propres à rien.

C’est moi encore qui entretiens ton fils, qui lui permets de faire le clown à l’école, avec des zigotos de ton espèce…ton fils, t’es en train de le tuer à petit feu…tu n’es pas son père Chalumot. Pour lui t’es un adjudant, rien qu’un adjudant…*

L’auteur n’est vraiment pas tendre pour les militaires comme le montre cet extrait d’un dialogue entre Simon et un ami de son parrain…

*…Beau métier d’feignant qu’on t’fait faire là. À quoi qu’vous êtes utiles vous autres? J’l’ai dit à ton sacré père, les militaires, c’est la dégoûtation de la France. T’entends?…*

C’est un livre dur, sans compromis…une charge extrêmement critique voire virulente contre l’hypocrisie militaire et la stupidité. Son écriture puissante et caractérielle a provoqué chez moi une forte émotion. Si Simon rencontre dans son histoire quelques rares personnes correctes auxquelles il peut s’identifier, je n’ai pas vraiment senti une recherche d’équilibre de la part de l’auteur.

C’est un jugement sans appel sur la mentalité d’une époque où les enfants et les ados étaient les derniers à être consultés sur leur avenir par leurs parents et plus particulièrement par nombre de pères bornés et bouchés dont l’unique désir reposait sur cette phrase impérative : *marche sur mes pas ou crève.

La finale du livre est particulièrement éprouvante et choquante. Comment ne pas aimer Simon et être troublé par sa souffrance qui résulte de la bêtise et de l’égocentrisme. C’est un bon livre qui garde captif mais il est dur et très direct. J’espère que les choses ont changé. Je sais que les enfants et les ados d’aujourd’hui sont plus entendus, mais sont-ils écoutés?

Suggestion de lecture : ADOPTE-MOI, de Sinead Moriarty

Yves Gibeau (1916-1994) est un écrivain français. Fils de militaire, Yves fût lui-même mobilisé en 1939, prisonnier de guerre en 1940, rapatrié d’Allemagne et démobilisé en 1941. Vivra par la suite de différents boulots : journaliste et même chansonnier. Ses écrits sont de nature hautement pacifiste et évoquent une haine irréversible du militarisme. ALLONS Z’ENFANTS est son livre le plus lu et sûrement le plus caustique sur les milieux militaires qu’il considère comme inutilement bêtes et brutaux.

En complément j’attire votre attention sur l’adaptation cinématographique de ALLONS Z’ENFANTS scénarisée par Yves Boisset et Jacques Kirsner et sorti en France en 1981. Yves Boisset en est le réalisateur.

Dans la distribution, on retrouve Lucas Belvaux dans le rôle de Simon Chalumot et Jean Carmet dans le rôle de l’adjudant Chalumot, le Père de Simon. Le film est surtout axé sur la carrière militaire obligatoire de Simon. Une fois démobilisé, il consacre sa vie à sa passion : la littérature et le cinéma mais il sera vite rattrapé par la deuxième guerre mondiale qui le retourne à l’armée sans qu’il ait le choix encore une fois.

BONNE LECTURE
JAILU
FÉVRIER 2015

BARTLEBY LE SCRIBE, livre de HERMAN MELVILLE

*Ce que j’avais vu ce matin-là me persuada que
le scribe était victime d’un désordre inné, incurable.
Je pouvais faire l’aumône à son corps, mais son
corps ne le faisait point souffrir; c’était son âme qui
souffrait, et son âme, je ne pouvais l’atteindre.*
(extrait de BARTLEBY LE SCRIBE de Herman Melville,
1853, rééd. Gallimard 1996, 90 pages, éd. Num.)

Ayant besoin d’une aide supplémentaire dans ses activités professionnelles, un homme de loi de Wall street New York publie une annonce et finit par engager un nommé Bartleby comme scribe, c’est-à-dire employé aux écritures. Bartleby, homme solitaire et introverti est, au départ, travailleur et volontaire, mais graduellement, il refuse de travailler et répond simplement à tous les ordres que lui donne son employeur *je préfèrerais pas*. Il devient de plus en plus apathique, passif, indolent Le notaire décide donc de renvoyer Bartleby mais a énormément de difficultés à s’en défaire. Il déploie de grands moyens pour ne plus le voir mais rien à faire, Bartleby semble indécollable.

Je préfèrerais pas…
(expression fétiche de Bartleby,
ex. Bartleby le scribe)

BARTLEBY LE SCRIBE est un opuscule étonnant, un petit livre très bref mais qui en dit tellement long. Melville nous plonge dès le départ dans l’atmosphère surannée d’une étude légale de New York où évoluent des personnages étranges : le notaire et ses trois employés appelés uniquement par leur surnom : Dindon, Lagrinche et Gingembre.

Puis arrive Bartleby, étrange personnage solitaire et introverti, engagé par le notaire pour l’assister dans les écritures.  Mais bientôt, le scribe refuse de travailler et répond invariablement aux ordres qu’on lui donne :  *je préfèrerais pas*, toujours au conditionnel, mais le résultat est le même, il ne fait rien et se replie davantage sur lui chaque jour.

Le notaire tente de s’en défaire mais sans beaucoup de conviction et c’est là que se manifeste toute la beauté du texte car le notaire est allé au bout de ses ressources pour comprendre et aider l’infortuné Bartleby qui s’est pratiquement limité à son expression fétiche dans le texte.

On n’apprend à peu près rien sur le scribe sauf ce qu’il est maintenant : âme abandonnée, esprit impénétrable, corps statique, sans vie active qui semble ne se nourrir que de biscuits au gingembre. Le scribe refuse de travailler. Chez Bartleby, tout n’est que refus…il refuse de s’ouvrir, de parler, de se détendre, de s’amuser et même de quitter le bureau…ça va jusqu’au refus de vivre…et pendant ce temps, le notaire fait preuve d’une patience quasi surnaturelle.

Ce texte d’une incroyable profondeur m’a touché jusqu’à l’âme. C’est un petit livre marqué par le pessimisme et la mélancolie mais qui, avec beaucoup de subtilité, amène le lecteur à réfléchir sur la condition humaine et la détresse de l’âme, détresse qui ne s’exprime pas et qu’on ne peut ressentir que par empathie.

Cet opuscule, qui ne manque pas de grandeur est aussi porteur de réflexion sur les affres de la solitude, l’espoir et aussi sur une vertu qui a toujours fait défaut à l’humanité : la tolérance.

C’est un texte imprégné de détresse mais inoubliable qui évoque une recherche sur le sens de la vie et sur l’absurdité qui souvent, ne manque pas de la caractériser.

À lire absolument…

On retrouve aussi BARTLEBY LE SCRIBE dans le recueil LES CONTES DE LA VÉRANDA réédité en 1995 chez Gallimard. Ces nouvelles ont été écrites alors que la carrière littéraire de l’auteur était très difficile. Melville ne sera vraiment reconnu qu’après sa mort.

Herman Melville (1819-1891) est un romancier et poète américain. Il est considéré comme l’une des figures marquantes de la littérature américaine avec des chefs d’œuvres devenus incontournables dont Moby dick, Pierre ou les ambiguïtés et les célèbres CONTES DE LA VÉRANDA dans lesquels on retrouve BARTLEBY LE SCRIBE.

Influencé par la plume de Fenimore Cooper et Byron entre autres, il commence à écrire en 1845. La véritable consécration est venue bien après sa mort avec entre autres un engouement qui ne s’est jamais démenti pour MOBY-DICK à partir des années 1950 et pour son œuvre en général.

Suggestion de lecture : du même auteur, MOBY DICK

BONNE LECTURE
JAILU
DÉCEMBRE 2014

L’ÉTRANGE CAS DU Dr JEKYLL ET DE Mr HYDE

DE ROBERT LOUIS STEVENSON

Petit récit qu’il conviendrait de lire au moins une fois, L’Étrange cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde est une nouvelle d’épouvante mille fois reprise, citée, adaptée à l’écran et à la scène. Bien que cette réalité prive quelque peu l’intrigue de son effet (lequel serait autrement extraordinaire), la lecture de ce classique en vaut grandement la peine.

Comme on peut s’y attendre, le style est très articulé et fait évoluer quelques gentlemans Anglais dans un décor Londonien qu’on imagine sombre et brumeux, en cette fin de XIXème siècle. Utterson, le notaire et ami du Dr. Jekyll, se fait raconter une sinistre histoire au sujet d’un certain Mr. Hyde.

Il découvre que ce personnage, présenté comme un affreux nabot, est une des fréquentations du Dr. Jekyll. Soucieux des intérêts de son client et du bien-être de son ami, il cherchera à connaître le lien obscur qui relie l’un et l’autre.

Comme l’élément clé de son intrigue, le récit affiche deux visages différents. L’angoisse croissante et le mystère, que l’on peut voir en l’aspect de Mr. Hyde, en font un parfait divertissement, et l’émotion est entretenue sans effusion démesurée d’hémoglobine et de violence gratuite.

Ensuite lors de la chute, le Dr. Jekyll pousse à la réflexion sur la dualité de l’homme, il explore l’idée de creuser un tel fossé entre le bien et le mal au sein d’un seul individu, que celui-ci se divise en deux entités distinctes. Là est l’originalité au coeur d’un thème éternel. Après avoir lu la dernière ligne, je n’ai pu m’empêcher de prendre quelques instants pour méditer la question, une fois de plus.

Suggestion de lecture : AFFAIRES ÉTRANGES de Joslan F. Keller

Phenixgoglu
Juillet 2013

VINGT MILLE LIEUES SOUS LES MERS, de JULES VERNE

*À partir de ce jour, vous entrez dans un nouvel élément, vous verrez ce que n’a encore vu aucun homme car moi et les miens, nous ne comptons plus et notre planète, grâce à moi, va vous livrer ses derniers secrets.* (paroles du Capitaine Nemo)
(Extrait de 20,000 lieues sous les mers, de Jules Verne, 1869)

Ces derniers temps, j’avais envie de mettre de côté les livres récents, les découvertes et ce qu’on pourrait appeler les incontournables pour me tourner vers une valeur sûre, un beau classique…vous savez le genre de livre qu’on aime rouvrir après plusieurs années et dans lequel on replonge avec délice, sans jamais perdre sa faculté d’émerveillement.

Jules Verne m’est tout de suite venu à l’esprit. De ce bon vieux Jules, j’ai choisi ce que je considère comme le plus beau et le plus humain des classiques : 20 000 lieues sous les mers.

C’est ainsi que j’ai renoué avec le capitaine Nemo et le moyen extraordinaire qu’il s’est donné pour vivre à l’écart des hommes dans une perpétuelle méditation favorisée par les courants et les fonds marins…dans un univers de calme bucolique, de beauté et aussi de plaisirs pour les yeux et le palais. Bien sûr, cet univers n’est pas sans danger.

Il m’a donc été donné de renouer avec l’incroyable sens de l’anticipation de Jules Verne, cet extraordinaire puits de science qui a ce don merveilleux de *connecter* le savoir avec la poésie et de garder captif le lecteur, la lectrice.

Quel plaisir de retrouver ce magnifique classique de Verne. Lors de ma première lecture de l’œuvre (et ça remonte à mon adolescence), j’étais agacé par l’étalage de connaissances dont Verne imprégnait son œuvre. Il me semblait que l’intrigue et l’histoire elle-même étaient négligées au profit de l’érudition de l’auteur. Aujourd’hui, après une nouvelle lecture, je considère l’œuvre avec un œil et un état d’esprit complètement différents.

Bien sûr, *20 000 lieues sous les mers* est une magistrale leçon de zoologie et de botanique marines, de géographie, de science et de technique, mais c’est aussi un regard critique sur la complexité des relations humaines et sur la solitude.

Malgré la masse formidable de détails et de descriptions qui sont incorporés dans le récit, l’écriture est telle que j’avais l’impression de me retrouver à côté d’Aronnax ou encore de pénétrer l’esprit du capitaine Nemo pour mieux saisir le sens de sa démarche.

Je pourrais m’éterniser…surtout quand il est question de Verne, mais j’aimerais compléter avec de brefs éléments qui pourraient ajouter à la tentation de lire ou relire ce chef d’œuvre.

-Le titre du livre n’a rien d’exagéré. L’odyssée du Nautilus couvre en effet près de 80 000 kilomètres dans tous les océans du monde, y compris l’Antarctique.

-Il ne faut jamais perdre de vue le contexte de l’époque dans cette histoire : 1866…le 19e siècle. (Verne a vécu de 1828 à 1905). Il vous sera plus facile d’apprécier l’extraordinaire esprit visionnaire de l’auteur.

-Verne accorde plus de crédit à la science qu’à l’homme. Il n’y a pas de message social ou moralisateur dans son œuvre…seulement une imagination bouillonnante qui place l’homme devant son destin avec des arguments tout à fait crédibles.

20 000 LIEUES SOUS LES MERS est un livre plus que divertissant…il est attachant avec une bonne dose d’émotion et qui nous rappelle que la nature n’a pas fini de nous étonner…

Suggestion de lecture : VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE de Jules Verne

BONNE LECTURE
Claude Lambert
MARS 2013

(En Complément…)