LA MORT HEUREUSE, livre de HANS KÜNG

*Pour moi, refuser de prolonger indéfiniment ma vie temporelle
fait partie de l’art de vivre et de ma foi dans une vie éternelle.
Quand le temps sera venu, j’aurai le droit, pour autant que j’en
serai capable, de décider, en prenant personnellement mes
responsabilités, du moment et de la manière de mourir.

Si cela
m’est accordé, je serais content de mourir en pleine conscience
et de me séparer dignement des gens qui me sont chers.*
(Extrait : LA MORT HEUREUSE, Hans Küng, Éditions du Seuil, 2015,
Édition de papier, 135 pages)

LA MORT HEUREUSE est un plaidoyer éthique et philosophique en faveur d’une mort assistée digne et humaine. Le célèbre théologien réformiste Hans Küng revendique ce droit particulièrement au nom de sa foi dans une vie éternelle car il est clair pour lui qu’il n’y a aucun antagonisme entre la foi et le droit pour un être humain le moment venu, de décider quand et comment il va mourir alors qu’il doit lutter contre la maladie dégénérative et sans retour, et ce dans d’intolérables souffrances physiques et psychologiques. L’auteur développe une réflexion intense, libre et ouverte.

DON DE DIEU, DEVOIR DE L’HOMME
*De  la dignité de l’homme procède le droit
à se déterminer lui-même pour sa vie,
toute sa vie, même pour l’ultime étape,
celle du mourir.*
(Extrait : LA MORT HEUREUSE)

Ce livre développe un sujet extrêmement délicat. En effet, la mort assistée est un principe de fin de vie qui fait l’objet de profonds désaccords et malentendus de société sur les plans éthique, juridique, politique, médical, religieux et social. On sait que Hans Küng est un théologien catholique réformiste, voire rebelle aux positions ultra-conservatrices de l’église dont celle sur la mort assistée.

Une croyance pratiquement universelle veut que la vie soit un don de Dieu et qu’y mettre fin prématurément constituerait un déni de Dieu et dans ces conditions, l’âme ne peut être sauvée. Dans LA MORT HEUREUSE, l’argumentaire de Kung est complètement à contre-courant de cette croyance, au point de se lancer dans une apologie de la mort assistée dans un cadre moral, humain et éthique bien précis…

*Actuellement, nombre de théologiens sont d’avis que l’homme doit tenir jusqu’à *la fin prévue* pour lui et qu’il n’a pas le droit de remettre sa vie *avant l’heure*…Le Dieu créateur bon a-t-il vraiment *prévu* une réduction de la vie humaine à une vie purement biologique et végétative, avec de l’incontinence, des cathéters, une sonde stomacale et des plaies qui produisent des ulcères.

Beaucoup se demandent aujourd’hui pourquoi le fait de remettre librement, de façon responsable, une vie définitivement détruite, avec des souffrances insupportables, *avant l’heure* devrait faire l’objet d’interminables débats. La mort n’est absolument pas toujours l’ennemi de l’homme.*

Tout l’argumentaire du livre tourne autour de cette affirmation. Et pour alimenter la réflexion, Küng aborde cette peur profonde et atavique qui afflige tous les humains, au-delà de la peur de la mort : la peur de la non-existence, du non être…*De même que l’homme et le monde ne surgissent pas du néant, de même ils ne retombent pas dans le néant.

Le mourir et la mort ne sont que des étapes et un nouvel avenir vient à leur suite…Là où l’homme atteint l’ultime de sa vie, ce n’est pas le Néant qui l’attend mais…Dieu et auprès duquel les morts sont entre bonnes mains…* Donc s’est précisément parce que Hans Küng est profondément croyant qu’il plaide pour une mort assistée, encadrée, digne et humaine. Il n’est évidemment pas compris par tout le monde.

J’ai apprécié ce livre mais comprenons-nous bien. La question n’est pas de savoir ici si je suis d’accord ou non avec l’auteur. Je n’ai pas lu ce livre comme on lit un éditorial. Mais j’ai trouvé l’argumentaire de Küng sérieux et crédible.

Ce livre m’a permis d’affuter et d’enrichir mon opinion, de découvrir une nouvelle façon de voir les choses, de mettre de l’ordre dans mes idées et de préciser ma pensée sur un sujet qui est, et qui sera toujours complexe. Je dois dire aussi que Küng m’a surpris par son interprétation de la foi que je croyais jusqu’alors en parfaite contradiction avec l’euthanasie et pour son audace à faire face à ce que j’ai toujours appelé l’étroitesse d’esprit des officiers de l’Église.

Il y aura je pense autant d’interprétations de ce livre que de lecteurs, son sujet touchant la conscience de chacun puisqu’il met en perspective l’enjeu du rapport de l’homme avec la mort. Moi je considère ce livre comme un plaidoyer éthique sérieux.

Je n’ai pas senti que l’auteur voulait me *vendre* une idée comme ce fut le cas de plusieurs livres que j’ai lu sur les expériences de mort imminente par exemple. On peut sentir la conviction de l’auteur sans la partager complètement. La liberté est au lecteur qui se voit offrir ici un fort intéressant outil de réflexion.

Hans Küng est un théologien catholique et écrivain né en Suisse en 1928. Après des études en théologie à Rome, il est ordonné prêtre en 1954. Il exerça la prêtrise tout en continuant ses études dans diverses universités européennes, puis il devint professeur de théologie à l’Université de Tübingen en république fédérale d’Allemagne où il fit la connaissance de Joseph Ratzinger, alors futur pape Benoît XVI.

À partir des années 1970, il publie de nombreux ouvrages en poursuivant son enseignement  puis un conflit l’oppose à Rome, plus particulièrement à la Congrégation pour la doctrine de la Foi.

Il cesse d’enseigner en 1996. Atteint de la maladie de Parkinson, il se dévoue depuis 1993 à la fondation POUR UNE ÉTHIQUE PLANÉTAIRE qui veut développer la coopération entre les religions. Cet engagement lui a valu le PRIX NIWANO de la paix en 2005.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 22 avril 2018

LE PAPILLON DES ÉTOILES, le livre de BERNARD WERBER

* La leader des conjurés expliquait face à la
caméra qu’elle et son groupe de «libérateurs»
avaient décidé de ne plus continuer la «fuite
en avant dans le vide» et de revenir sur la terre.
Elle appelait à une insurrection générale…*
(Extrait : LE PAPILLON DES ÉTOILES, Bernard Werber,
Éditions Albin Michel, 2006, éd. De papier, 250 pages)

Dans une époque future, alors que l’autodestruction de la terre est très avancée et que la planète devient rapidement inhabitable, un ingénieur de la NASA, Yves Kramer dresse les plans d’un énorme vaisseau spatial qu’il appellera le PAPILLON DES ÉTOILES, propulsé par l’énergie photonique omniprésente dans l’espace. Il faudra 1000 ans pour atteindre la planète habitable la plus proche.

2000 personnes prennent place à bord, sachant qu’il faudra 50 générations pour atteindre leur destination. Comment se passeront les 1000 ans à bord connaissant l’habitude atavique de l’humanité de se détruire? Pour assurer une nouvelle vie sur une nouvelle planète et assurer la pérennité, ne devrait-on pas d’abord amener de profonds changements dans la nature humaine. Pour Bernard Werber, on dirait bien que l’humain ne peut que rester humain…

LÀ OÙ IL Y A DE L’HOMME, IL Y A DE L’HOMMERIE
*Tous savaient qu’ils en auraient désormais au moins
pour neuf cents ans de voyage dans le vide sidéral
sans croiser d’autres soleils ou d’autres planètes.
Après avoir dit adieu à leur terre, ils organisèrent
une cérémonie pour saluer leur système solaire.
Cette fois, le Papillon, toutes ailes dorées déployées,
avait atteint la vitesse de 2,6 millions de km/h
(Extrait : LE PAPILLON DES ÉTOILES)

Un bon vendredi soir, comme ça m’arrive souvent pour commencer une fin de semaine, je m’installai dans mon fauteuil pour entreprendre une nouvelle lecture, question de me détendre complètement avant le sommeil du juste. J’avais choisi LE PAPILLON DES ÉTOILES de Bernard Werber. Je me disais que 5 ou 6 chapitres allaient suffire à me fermer les yeux jusqu’au lendemain…ce ne fût pas le cas…j’ai dévoré le livre en quelques heures, incapable que j’étais d’en interrompre la lecture. J’y étais accroché.

Qui n’a pas rêvé pour l’humanité de prendre un nouveau départ avec de meilleures dispositions sur une autre planète alors que notre terre est à la dérive? Ce rêve est toujours présent. La question est encore débattue aujourd’hui par des scientifiques et des philosophes. Mais dans son livre, Bernard Werber vient nous rappeler que si cet exode se produit un jour, il faudra compter forcément avec les tares ataviques de l’être humain : violence, égoïsme, possessivité, soif de pouvoir et j’en passe.

Dans une écriture extrêmement limpide et après une intense recherche sur les modes de propulsion et les cycles de vie, entre autres, Werber a imaginé un scénario puissant à partir d’une idée toute simple : *Quand la maison s’effondre, il faut partir, recommencer tout, ailleurs et autrement. Le dernier espoir c’est la fuite*.

Pour ce faire, il a imaginé un vaisseau colossal, mû par l’énergie photonique emmagasinée dans d’immenses toiles qui rappellent les ailes d’un papillon et à bord duquel devaient prendre place 144,000 personnes pour aller porter la semence humaine dans un autre monde à 20 milliards de kilomètres de la terre…un voyage de plus de 1200 ans, l’équivalent de plus de 50 générations…

C’est un livre troublant, glacial et très noir je dirais car laissant à penser que l’homme, dans sa folie autodestructrice ne changera jamais. Bien que la philosophie qui s’en dégage soit dramatique, ce livre m’a passionné car il pose des questions extrêmement actuelles.

Certains détails m’ont agacé. Par exemple, Werber résume trop rapidement les 1200 ans d’existence sur le Papillon des Étoiles, mais je me mets dans sa peau, il lui aurait fallu écrire une série de taille encyclopédique. À la fin, on a aucune idée du sort réservé aux survivants du vaisseau. C’est un peu dommage.

Mais une chose est sûre, le quotidien des hommes et des femmes tel que décrit dans le vaisseau PAPILLON DES ÉTOILES est extrêmement évocateur de la nature humaine.

Même s’il n’est pas du tout rassurant pour notre avenir, je vous recommande ce livre. Il se lit vite et bien, son fil conducteur est simple et il est plein de trouvailles sur le plan scientifique, philosophique et idéologique.

Si après la lecture et le catastrophisme qui s’en dégage, il se trouve que vous tenez à être rassuré, je vous signale que son antithèse a été développée dans le scénario du film QUAND LA TERRE S’ARRÊTA de Scott Derrickson sorti en 2008 dans lequel l’homme est sauvé de la catastrophe finale une fois prouvé le fait qu’il peut changer.

Suggestion de lecture : ARCHE, de Stephen  Baxter

Bernard Werber

Bernard Werber est un écrivain français né à Toulouse en 1961. Il commence à écrire dès l’âge de 14 ans et déjà, même sans le savoir, il met en place des éléments qu’on retrouvera dans son œuvre. Après ses études en criminologie, il deviendra journaliste scientifique, Son goût pour la science sera ainsi irrémédiablement amalgamé avec celui de l’écriture, ce qui nous vaudra des chefs d’œuvre comme LE JOUR DES FOURMIS, LES THANATONAUTES, LE CYCLE DES DIEUX, et L’ARBRE DES POSSIBLES dont j’ai déjà parlé sur ce site.

Avec 15 millions d’exemplaires vendus dans le monde et traduits en 35 langues, Bernard Werber est un des auteurs français contemporains les plus lus au monde. Un protagoniste appelé REWERBER revient sur les œuvres de WERBER dans un livre intitulé LA FOURMILIÈRE et publié numériquement en 2014.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
MAI 2016

LE LIVRE INTERDIT, de Pierre-Jean Baranger

*Frémissant d’excitation, j’ai pourtant attendu d’avoir partagé le repas du soir avec ma famille pour retrouver le livre. Mon livre. Celui qui devient, peu à peu, une part de moi. Tellement de questions, se cachant au fond de mon intimité, attendent une réponse!* (Extrait : LE LIVRE INTERDIT, Pierre-Jean Baranger, NeoBook Éditions, 2013, collection NeoFiction, num. 213 pages)

Le récit évoque un livre interdit qui nous amène à réfléchir sur des questions auxquelles on n’aimerait peut-être pas répondre et qui en pose une très existentielle : *Que se passerait-il si un grain de sable venait tout changer dans notre perception des réalités?* Le roman amène le lecteur à envisager autrement sa voie à suivre. L’œuvre est en fait un voyage introspectif qui veut amener le lecteur au-delà de certaines frontières en aboutissant sur une question ultime. À partir d’un livre interdit, l’auteur propose une vision différente des choses. Une aventure littéraire assez particulière.

RÉFLEXION SUR LA PERCEPTION DE NOTRE RÉALITÉ
*Et hop! Encore une petite leçon pour tous ceux
dont je suis, qui veulent compliquer à plaisir les
évènements, pour qu’ils aient plus de poids! Mais
en fait, si l’on y pense, c’est très agréable de
regarder passer, comme çà, des instants de vie.
On constate alors qu’ils peuvent devenir légers
comme des plumes et le vent les emporte on ne
sait où. Parfois, on aurait presque envie de
souffler dessus, comme un enfant.
(Extrait : LE LIVRE INTERDIT)

Dans le choix de ce livre, je me suis vraiment laissé entraîner par le titre. Je croyais à l’histoire d’un livre qui, une fois ouvert, allait provoquer chaos et catastrophes. J’étais bien loin de la réalité.

En fait, le fameux livre interdit est un essai philosophique sur le développement de l’esprit et de la personnalité. Je n’étais pas très inspiré au départ par une telle lecture, mais j’ai été séduit par la fluidité de l’écriture et la beauté du texte. Pour ce qui est de l’histoire, elle est très simple : un homme fait la découverte d’un livre étrange : LE LIVRE INTERDIT qui va complètement transformer sa vie.

LE LIVRE INTERDIT développe les grands principes existentiels. Il ne répond pas directement aux questions mais amène plutôt le lecteur vers des pistes pour y répondre afin de l’aider à trouver un sens à sa vie. Les questions développées sont profondes et complexes et nécessitent une sérieuse introspection. Par exemple, pourquoi suis-je venu au monde? Pourquoi j’existe? Dieu existe-t-il et si oui, qui donc est-il?

LE LIVRE INTERDIT amène le lecteur à répondre à ces questions et à beaucoup d’autres, en le faisant passer par huit portes, de la première, celle du temps, à la huitième, celle du seuil, du grand passage. Le thème existentiel le plus largement développé est d’ailleurs le temps, le temps qui nous est imparti et que LE LIVRE INTERDIT veut nous amener à mater : *Si nous arrivons à nous déconnecter des valeurs et des réalités physiques de ce monde, alors nous asservirons le facteur du temps quel qu’il soit.*

En fait, le livre veut nous faire changer notre perception des réalités pour le mieux. J’ai même eu l’impression qu’il voulait me faire comprendre qu’il serait préférable de désapprendre et d’utiliser une voie différente pour m’aider à saisir le sens de ma présence dans la vie.

Ce n’est pas un livre simple et d’ailleurs il n’est jamais simple de mettre un grain de sable dans l’engrenage de sa vie mais heureusement, l’écriture est limpide et le but du livre est clair : rendre l’humain meilleur et lui donner des outils pour se comprendre, et comprendre où il s’en va.

Une des rares faiblesses que j’ai décelée dans ce livre est l’absence d’effets collatéraux. Si le livre interdit a complètement changé la vie du narrateur, l’entourage de ce dernier l’a forcément ressenti. Une telle transformation n’est pas sans conséquences ou tout au moins sans provoquer un certain brassage dans la famille par exemple, ou au travail.

Or les effets de ce changement sont peu évoqués dans le récit. Il y a des questionnements bien sûr, de l’incompréhension, mais j’ai senti que ce n’était que pour la forme. Dommage. Je crois qu’il aurait été intéressant de mesurer les effets du changement dans l’environnement humain du narrateur. Heureusement, ça ne m’a pas empêché d’apprécier la cohérence de l’œuvre.

Ce n’est pas du tout ce que je croyais au départ, mais au bout du compte, j’ai apprécié la lecture de ce livre. J’ai ressenti ses aspects positifs et je crois avoir saisi le sens de son message.

Toutefois, je dois vous prévenir que la lecture de ce livre demande un certain effort de concentration, une bonne ouverture d’esprit, de la volonté et de la patience. Si vous réunissez tous ces critères, vous aimerez ce livre, c’est certain. Il n’est pas trop long, son langage est clair et sa plume agréable.

Suggestion de lecture: Si vous aimez les romans à saveur philosophique, je vous propose L’ALCHIMISTE de Paulo Coelho.

Pierre-Jean Baranger est un écrivain français qui évolue dans plusieurs genres littéraires comme la nouvelle, le roman et la poésie. La plupart de ses récits, comme LE LIVRE INTERDIT sont porteurs de réflexion sur le sens de la vie et favorisent l’introspection. Il aime observer et coucher sur papier ses observations et leur interprétation en utilisant un style qui frôle souvent la poésie.

LE LIVRE INTERDIT a été le premier livre de Barenger. Il a été réédité à plusieurs reprises.  La recherche de l’auteur ne s’arrête pas là puisqu’il travaille, au moment d’écrire ces lignes, à plusieurs ouvrages dont un recueil de nouvelles et un roman : LA CONFIDENCE. Pour en savoir plus sur Pierre-Jean Baranger, visitez http://www.baranger.net/

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
21 MAI 2016

AU SUD DE NULLE PART, recueil de CHARLES BUKOVSKY

*…-Joe, lâchez-moi! Vous allez trop vite,
Joe, lâchez-moi!
-Pourquoi es-tu venue ici, salope?*
(extrait de AU SUD DE NULLE PART,
Charles Bukowski, Éd. Grasset et Fasquelle,
1982, t.f. 206 pages, éd. Num.)

AU SUD DE NULLE PART est un recueil de 27 nouvelles généralement très courtes et fortement inspirées de la vie de l’auteur Charles Bukowski. À travers son personnage autobiographique Henri Chineski, l’auteur aborde ses sujets courants : les femmes, l’alcool, les courses de chevaux, une vie d’errance, sa rencontre avec des personnages excentriques, instables et misanthropes  et surtout, l’auteur évoque son désenchantement face au rêve américain.

AVANT-PROPOS :
Sacré Charles…

Le moment est venu pour moi de vous parler d’un autre de mes auteurs préférés. Il s’agit de Charles Bukowski. Il y a parfois des personnes auxquelles on s’attache sans qu’on comprenne exactement pourquoi. Bukowski m’a toujours fasciné, intrigué.

Charles Bukowski était un homme tourmenté, instable…c’était un marginal, misanthrope, bourru et indiscipliné qui a passé la majeure partie de sa vie imbibé d’alcool. Pourtant son esprit, sa pensée, sa vision de la vie étaient d’une exceptionnelle profondeur. Son errance constante l’a amené à juger sans prétention, autant que sans concession, la folie qu’il constate au quotidien.

J’ai choisi de vous parler de son livre AU SUD DE NULLE PART à connotation fortement autobiographique. Si vous décidez de lire ce livre, vous pourriez développer, comme moi, l’impression que Bukowski est un vieil ami qui reste pas loin, difficile d’approche, caustique et pourtant attachant et terriblement humain…

Les contes souterrains
*Ne hurle pas lui dit-il ou j’ te tue,
alors empêche-moi de te tuer.*
(ex. AU SUD DE NULLE PART, C. Bukowski)

AU SUD DE NULLE PART est un petit bouquet d’insolences littéraires que j’ai dévoré. Bien sûr il faut apprendre à connaître Bukowski car dans ce recueil de nouvelles, la misanthropie est poussée à ses extrémités. Et la manifestation la plus évidente de cette tendance est dans la nouvelle intitulée L’EXPÉDITIONNAIRE AU NEZ ROUGE. Voici quelques citations…

*Je n’aime tout bonnement pas les gens…*
*…je n’ai jamais rencontré un homme que j’ai aimé…*
*Randall était célèbre en tant qu’isolationniste, pochard, homme grossier et amer…*

Dans la même nouvelle…je cite : *Malgré tout, Randall avait de l’humour. Il savait rire de la souffrance et de lui-même. On ne pouvait s’empêcher de l’aimer.*

Voilà…c’est ça Bukowski. C’est sans concession. On l’aime ou on l’aime pas. AU SUD DE NULLE PART est un recueil de nouvelles fortement imprégnées de sexe et d’alcool et qui n’ont pas vraiment de conclusions. Il n’y a pas de rebondissements ou d’intrigues. C’est l’histoire de la dérive d’un être humain, une exploration des cotés obscurs de l’âme et l’évocation du rêve américain tourné en dérision.

L’écriture est simple mais très directe, parfois brutale. Les personnages sont sombres, misérables, désillusionnés, bourrés d’alcool et de douleurs décrits à la manière de Bukowski…crûs et amers.

Pourtant j’ai aimé ce livre car malgré le désespoir qui y est décrit ou qui le caractérise, il y a des moments drôles, attendrissants et la plume de Bukowski atteint souvent, spécialement dans les dernières nouvelles la profondeur d’une remarquable poésie qui entraîne malgré lui le lecteur, la lectrice.

Lire Bukowski c’est une expérience spéciale car s’il est acerbe, il a au moins la qualité d’être authentique et sincère.

Suggestion de lecture : LE CHEMIN PARCOURU, d’Ishmael Beah

Henry Charles Bukowski est romancier et poète américain, d’origine allemande né à Andernach et mort en Californie en 1994 à l’âge de 73 ans. Il n’a que deux ans quand ses parents décident d’aller vivre à Los Angeles, mais ils connaîtront la misère à cause de la crise économique.

Dès l’âge de 16 ans, le corps de Charles se couvre de pustules. Son mal prend des proportions telles qu’il se verra comme un monstre. Charles, enfant battu par son père jusqu’à l’âge de 17 ans quitte le foyer familial, vit d’un logement miteux à l’autre et sombre graduellement dans l’alcool, mais il écrit. Il va d’un petit boulot à l’autre pour vivre mais il est systématiquement renvoyé…

…mais entretemps il écrit…toujours au son de la musique classique diffusée à la radio et avec de l’alcool en abondance. En 1960, à 40 ans, Bukowski publie son premier livre : FLEUR, POING ET GÉMISSEMENT BESTIAL, un recueil de poèmes. Entre autres épisodes d’indiscipline, Bukowski s’enivre sur le plateau d’APOSTROPHE, l’émission littéraire de Bernard Pivot et doit être évacué du plateau.

Bukowski devient de plus en plus angoissé et alcoolique, mais il continue à écrire et plusieurs de ses livres connaîtront un succès tel que Bukowski atteindra la notoriété et ce, malgré le dédain qu’il éprouve pour le monde littéraire qu’il trouve terne et snob.

Parmi les titres consacrés on retrouve entre autres LES CONTES DE LA FOLIE ORDINAIRE (adapté au cinéma), JOURNAL D’UN VIEUX DÉGUEULASSE, AU SUD DE NULLE PART et LE POSTIER (Bukowski a été postier pendant une dizaine d’années)

À lire
Je vous suggère également un article signé Robert Lévesque et publié en 2008 par le site les libraires.ca. L’article ne s’est jamais démodé même s’il est disons…plutôt acide ou certains diront noir…

BONNE LECTURE
Claude Lambert
OCTOBRE 2014

Et vous trouvez ça drôle ? Le livre de COLUCHE

*Nous organisons un grand concours
de chèques à mon nom. Le plus gros a
gagné*
(extrait de ET VOUS TROUVEZ ÇA DRÔLE de
Coluche,  Le livre de Poche, France Loisirs,
2000, 112 pages , éd. Num.)

ET VOUS TROUVEZ ÇA DRÔLE est un ouvrage en deux parties. On y retrouve d’abord un recueil de blagues, pensées humoristiques, remarques et aphorismes à saveur de critique sociale, extraits de conférences et d’émissions de radio et de télévision animées par Coluche au cours de sa carrière.

Dans la deuxième partie, l’éditeur propose la transcription d’une très intéressante conférence faite par Coluche le 27 février 1986 à la loge Locarno 72 du Grand Orient de France. Cette conférence portait sur les nouveaux pouvoirs ainsi que sur les évènements et les motivations qui ont conduit à la création des RESTOS DU CŒUR. (Voir complément cinéma et anecdote à la fin de l’article)

COLUCCI : de l’humour et du cœur
*De toute manière, il y a un truc qui est sûr, c’est que
j’ai trouvé un créneau, et tant que je parlerai au
public, je leur parlerai de ça. Je leur parlerai de la
possibilité qu’ils ont de débarrasser le pouvoir de
ce qu’il ne fait pas ou de ce qu’il fait mal.*
(extrait d’une conférence de Coluche, le 27 février 1986
et consignée dans son livre ET VOUS TROUVEZ ÇA DRÔLE)

*******

*Lolita a plus d’parrain
nous on a plus notre meilleur copain
t’étais un clown mais t’étais pas un pantin
enfoiré on t’aimait bien
maintenant on est tous orphelins
putain d’camion, putain d’destin, tiens ça craint*

(Extrait de la chanson PUTAIN DE CAMION de Renaud Séchan, sortie en 1988 en mémoire de son ami Coluche, mort en 1986 en percutant un camion avec sa motocyclette. La chanson est dédiée aux enfants de Coluche Marius et Romain ainsi qu’à la fille de l’auteur, Lolita Séchan, filleule de Coluche.)

*******

Je voulais en savoir plus sur Coluche. Bien sûr, rien ne vaut une bonne biographie, mais j’étais essentiellement attiré par la chaîne d’évènements qui a préludé à la création des RESTOS DU CŒUR. ET VOUS TROUVEZ ÇA DRÔLE est donc un opuscule en deux parties. J’ai passé rapidement sur la première partie,  un recueil de blagues et de pensées humoristiques parfois à saveur politique ou idéologique.

Bon c’est de l’humour français…on aime ou on n’aime pas. Ça m’a fait sourire un peu…pas plus. Coluche est beaucoup plus drôle quand on le voit que quand on le lit. Au cinéma, sa présence est puissante et transcende n’importe quel scénario.

J’ai été beaucoup plus captif de la deuxième partie qui est la transcription d’une conférence dans laquelle Coluche s’exprime sur les nouveaux  pouvoirs et c’est dans cette partie que j’ai compris les motivations de Coluche, le sens de son implication sociale et son altruisme.  Mon objectif était de mieux comprendre l’homme et j’ai atteint cet objectif.

Louis Dalmas, responsable de la loge Maçonnique  Locarno a bien cerné Coluche en décrivant les trois ressorts qui le motivent : provocation, satire, générosité. Dalmas n’a pas manqué de faire le lien entre Coluche et le grand Molière dont la plume était plutôt vitriolique face à l’avarice, la cupidité et l’hypocrisie.

En fait, avec son langage éclaté habituel, Coluche nous pousse à une réflexion très sérieuse sur le pouvoir du show-business. C’est d’ailleurs ce nouveau pouvoir qui a amené la création des restos du cœur et la réalisation de nombreux gestes de solidarité.

Ce pouvoir est supérieur à celui de la Presse. Coluche ne se gêne pas pour le dire…je cite : *…nous, on fait une profession de générosité, alors que les journalistes font une profession qui est très proche de la méchanceté.*

Je pourrais dire, de façon peut-être un peu plus euphémique que les journalistes atteignent la tête et que les artistes atteignent le cœur. Ça donne aux artistes un pouvoir extraordinaire qui n’a pas de frontière. Coluche ne prétend pas détenir la vérité absolue, mais son argumentaire pourrait pousser le lecteur à tirer des conclusions intéressantes.

Michel Colucci (1944-1986) était un comédien et humoriste français, né de famille italienne. Dès l’âge de 15 ans, il devient chanteur et à partir de 1974, obtient la notoriété  comme comédien à la radio et à la télévision, puis comme acteur au cinéma.

Il utilise son humour caustique pour dénoncer les travers de la société en matière de religion, de morale et de politique. Il va jusqu’à se présenter aux élections présidentielles de 1981 avec comme slogan : *je vais foutre la merde*. Il finit par se retirer. François Mitterand devait-il être soulagé?

Suggestion de lecture : LOUIS DE FUNÈS, de Brigitte Kernel

BONNE LECTURE
JAILU
JUILLET 2015

VOIR LE COMPLÉMENT CINÉMA ET ANECDOTE

LE LIVRE DU VOYAGE, de BERNARD WERBER

Eh oui! Moi, LE LIVRE DU VOYAGE, non seulement
Je t’évite de t’intoxiquer, mais, en plus, même sans
Initiation, je te permets de réussir ce que n’arrivent à
faire que les plus grands chamans.
Non, ne me dis pas merci, c’est tout naturel, c’est
Notre contrat.
(extrait de LE LIVRE DU VOYAGE, Albin Michel, 1997)

Le livre du voyage est un essai de Bernard Werber qui propose au lecteur de s’investir dans un voyage intérieur par le pouvoir de son Esprit et des mots. Le livre s’adresse directement au lecteur en le tutoyant et en le guidant dans un processus de visualisation de lieux ou de situation afin de favoriser la paix et l’harmonie.

Le livre se présente un peu comme un compagnon qui dirige le lecteur vers son inconscient.

Le seul héros du livre est le lecteur lui-même.

Dans l’œuvre de Bernard Werber, LE LIVRE DU VOYAGE fait vraiment bande à part. Il faut prendre ce livre pour ce qu’il est. C’est un essai, un instrument qui peut aider les lecteurs et lectrices à la recherche de l’harmonie avec leur environnement.

Personnellement, ce livre ne m’a pas apporté grand-chose, même si je crois avoir une bonne capacité d’introspection, de rêve et d’émerveillement.

Mais je pense qu’il donne au lecteur ou à la lectrice qui veut vraiment et totalement s’investir dans un voyage intérieur la possibilité d’atteindre un certain bien-être. Mais je le précise, il faut avoir beaucoup d’imagination et être persévérant.

Comme dans n’importe quel livre méditatif, le décrochage guette les lecteurs et lectrices qui ne seraient pas VRAIMENT volontaires pour se laisser aller à un profond voyage intérieur.

Ce livre est loin d’être un chef d’œuvre et il n’offre rien de neuf mais j’en retiens une phrase extraordinaire  qui vient conforter une conviction profonde que j’ai toujours eue en écrivant. *…que les livres ont la puissance que leur accorde le lecteur et que celle-ci peut être sans fin. *

Suggestion de lecture :  L’ODYSSÉE DU TEMPS, livre 1 d’Arthur C. Clarke

BONNE LECTURE
JAILU Claude Lambert
MARS 2014

UNE CHASSE DANGEREUSE, de CLIFFORD D. SIMAK

*…Dans bien des cas, il serait plus logique
du point de vue économique et même du
point de vue social que l’homme et la
machine ne fassent qu’un, qu’ils soient
jumelés  et deviennent, en fait, un seul
et même organisme.
-Je me demande s’il ne s’agit pas de cela
justement…*
(extrait de LA PLANÈTE AUX PIÈGES, du recueil
UNE CHASSE DANGEREUSE de Clifford D. Simak,
J’ai lu, 1958, réédition 1978)

Au début des années 1970, l’écrivain et agent littéraire français Jacques Sadoul compose un recueil anthologique intitulé UNE CHASSE DANGEREUSE réunissant sept magnifiques textes composés au cœur des années 50 par l’auteur américain de science-fiction Clifford Donald Simak. Il faudra attendre jusqu’à 1979 pour la traduction française avant la distribution par les éditions J’AI LU. On sait que la nature et le respect de l’environnement ainsi que la robotique anthropomorphique comptent parmi les thèmes privilégiés par Simak. Ces thèmes sont omniprésents dans UNE CHASSE DANGEREUSE qui demeure un incontournable de la littérature de science-fiction.

BREF APERÇU :

UNE CHASSE DANGEREUSE :
Dans une planète lointaine, pour sauver sa récolte, un colon traque un animal qui gagne en intelligence au fur et à mesure que la chasse progresse.
POUR SAUVER LA GUERRE :
Dans une époque du futur, alors que la paix règne sur la terre, les hommes peuvent évacuer leur violence en s’entretuant dans le confort d’un territoire de jeu prévu à cette fin.
PLUS BESOIN D’HOMMES :
Un tribunal doit rendre un jugement sur une question très délicate : est-ce qu’un robot peut enfanter, fonder une famille et être soumis aux mêmes lois que les hommes. Pour l’assister, un avocat s’entoure d’une armée de robots versés dans la jurisprudence.
LA PLANÈTE AUX PIÈGES :
Des explorateurs d’une planète lointaine découvrent ce qu’ils appellent des pièges à connaissance et doivent faire face à une grave menace de dé mémorisation.
JARDINAGE :
Dans une époque indéfinie, l’animal le plus évolué de la planète doit cohabiter avec la PLANTE la plus évoluée de la planète…pas facile…
OPÉRATION PUTOIS :
Un homme se lie d’amitié avec un putois. Il se rend vite compte que l’animal a des capacités extraordinaires qui intéressent vivement les militaires…
PROJET MASTODONTE :
Des explorateurs expérimentent le voyage dans le temps. Certaines négligences pourraient bien faire en sorte que tout ne se passe pas comme prévu…

Malgré des débuts modestes, voire difficiles, Clifford D. Simak (1904-1988) est devenu un auteur emblématique de la science-fiction. Instituteur, puis journaliste, il fera finalement son entrée dans le monde littéraire avec AMAZING STORIES en 1937. Il atteindra la consécration dans les années 50 avec DEMAIN LES CHIENS, son plus célèbre roman. En 1964, il obtiendra le prix HUGO pour AU CARREFOUR DES ÉTOILES, un chef d’œuvre de la SF. Je retiens de l’auteur un profond humanisme qui transparaît dans l’ensemble de son œuvre

À la lecture de ce recueil, j’ai été rapidement conquis par la beauté des textes. On sait que Simak était un passionné de sciences, qu’il a même été journaliste scientifique. La tentation était peut-être grande d’alourdir l’œuvre avec des détails scientifiques et techniques complexes.

Simak n’est pas tombé dans ce piège. Il a plutôt empreint son œuvre d’une splendide richesse descriptive mettant en perspective des thèmes compatibles avec son caractère humaniste et près de la nature : la tolérance, l’amitié, la paix et bien sûr la recherche de la connaissance.

Les textes ont un petit quelque chose de métaphorique. En effet les propos sont imagés mais demeurent toujours dans la simplicité, l’auteur tournant le dos à la *science sans fiction* lourde et énigmatique. Il n’y a pas de héros adulés, d’environnements menacés d’annihilation, pas de désirs de domination.

Les personnages sont simples et attachants…tous les personnages y compris Albert le robot et sa *famille* (PLUS BESOIN D’HOMMES), Putois le sconse (OPÉRATION PUTOIS) et Plante, issue de ce que je crois être le plus beau texte du recueil : JARDINAGE.

UNE CHASSE DANGEREUSE réunit sept textes d’une grande profondeur à mon avis plus philosophiques que scientifiques sur des thèmes chers à la science-fiction : les extra-terrestres, les voyages dans le temps, les robots. L’ensemble est original, rafraîchissant, une petite douceur pour le cœur et l’esprit. Du grand Simak…

Suggestion de lecture : CELUI QUI BAVE ET QUI GLOUGLOUTE de Roland C » Wagner

BONNE LECTURE
JAILU… DÉCEMBRE 2013

LES LOIS FONDAMENTALES DE LA STUPIDITÉ HUMAINE

Les crétins…ignorent en général à quel point
Les gens stupides sont dangereux. Rien
d’étonnant à cela, ce n’est qu’un signe de
Plus de leur crétinerie…
(extrait de LES LOIS FONDAMENTALES DE LA
STUPIDITÉ HUMAINE, de Carlo M. Cipolla, Presses
Universitaires de France, 2012)

Commentaire sur le livre
de
De Carlo M. Cipolla

Essai qui analyse de façon très originale le phénomène de la stupidité humaine que l’auteur considère comme *…l’une des plus puissantes forces obscures qui entrave le bien-être et le bonheur de l’humanité*. Pour bien connaître cette force, et donc se donner la possibilité de la combattre, l’auteur a établi cinq lois fondamentales en s’appuyant sur une classification simplifiée des individus : les crétins, les intelligents, les bandits et les stupides. L’essai tend à évaluer l’impact de la stupidité humaine sur nos destins personnels.

Brièvement imbriqué dans mes multiples lectures et recherches, LES LOIS FONDAMENTALES DE LA STUPIDITÉ HUMAINE est un petit livre (70 pages) qui pour moi, a fait diversion vu la grande originalité du sujet. En effet, Cipolla y décortique la stupidité humaine avec beaucoup de sérieux, voire de rigueur.

C’est un livre spécial, pas banal qui force l’attention. Des étudiants de CEGEP pourraient l’appeler *cours de stupidité 101* ou de façon plus pompeuse le *précis de la stupidité*.

J’ai trouvé ce livre drôle, toutefois, un chapitre situé au cœur de l’opuscule m’a fait prendre l’ensemble plus au sérieux. Il s’agit d’un chapitre qui détaille de façon précise la toute-puissance de la stupidité. C’est un livre intéressant quoique le sujet soit développé de façon très cartésienne et avec un peu d’humour décapant.

Il répond à des questions et en soulève d’autres : Est-ce qu’un crétin peut être intelligent? Quel est le pouvoir d’un être à la fois crétin et stupide? Quel mal peut faire un bandit intelligent? Un prix Nobel peut-il être stupide?

Partant du principe énoncé par le philosophe et poète Johann Christoph Friedrich Schiller à savoir :  *contre la stupidité, les Dieux même luttent en vain* pour moi la grande question est : DE QUOI AURAIT L’AIR L’HUMANITÉ MAINTENANT EN L’ABSENCE TOTALE DE STUPIDITÉ?  Pour tous les lecteurs, il y a de quoi s’amuser avec un des plus grands mystères de la condition humaine.

Suggestion de lecture : TRAITÉ SUR LA TOLÉRANCE, Voltaire

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Juillet 2013

(En Complément…)

L’ÉTRANGE CAS DU Dr JEKYLL ET DE Mr HYDE

DE ROBERT LOUIS STEVENSON

Petit récit qu’il conviendrait de lire au moins une fois, L’Étrange cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde est une nouvelle d’épouvante mille fois reprise, citée, adaptée à l’écran et à la scène. Bien que cette réalité prive quelque peu l’intrigue de son effet (lequel serait autrement extraordinaire), la lecture de ce classique en vaut grandement la peine.

Comme on peut s’y attendre, le style est très articulé et fait évoluer quelques gentlemans Anglais dans un décor Londonien qu’on imagine sombre et brumeux, en cette fin de XIXème siècle. Utterson, le notaire et ami du Dr. Jekyll, se fait raconter une sinistre histoire au sujet d’un certain Mr. Hyde.

Il découvre que ce personnage, présenté comme un affreux nabot, est une des fréquentations du Dr. Jekyll. Soucieux des intérêts de son client et du bien-être de son ami, il cherchera à connaître le lien obscur qui relie l’un et l’autre.

Comme l’élément clé de son intrigue, le récit affiche deux visages différents. L’angoisse croissante et le mystère, que l’on peut voir en l’aspect de Mr. Hyde, en font un parfait divertissement, et l’émotion est entretenue sans effusion démesurée d’hémoglobine et de violence gratuite.

Ensuite lors de la chute, le Dr. Jekyll pousse à la réflexion sur la dualité de l’homme, il explore l’idée de creuser un tel fossé entre le bien et le mal au sein d’un seul individu, que celui-ci se divise en deux entités distinctes. Là est l’originalité au coeur d’un thème éternel. Après avoir lu la dernière ligne, je n’ai pu m’empêcher de prendre quelques instants pour méditer la question, une fois de plus.

Suggestion de lecture : AFFAIRES ÉTRANGES de Joslan F. Keller

Phenixgoglu
Juillet 2013

LA FORMULE DE DIEU, de J.R. DOS SANTOS

Si Dieu est bon, il ne peut pas être Tout-puissant
Puisqu’Il ne parvient pas à éliminer le mal.
S’Il est tout-puissant, il ne peut pas être bon
Puisqu’Il permet au mal d’exister.
Un concept exclut l’autre. Lequel préférez-vous?
-extrait de LA FORMULE DE DIEU

1951, 2 espions de la CIA épient une conversation entre David Ben Gourion, chef du nouvel État d’Israël et Albert   Einstein. Les deux hommes discutent de l’obtention de l’arme nucléaire par Israël et de l’existence de Dieu. 50 ans plus tard, un expert en cryptologie, Tomas Noronha est appelé au Caire par une mystérieuse femme qui lui demande de déchiffrer un cryptogramme caché dans un document détenu par le gouvernement de Téhéran écrit de la main d’Albert Einstein et dont le contenu pourrait bousculer l’ordre mondial. Noronha devient agent double. En cours d’enquête, il découvre que le manuscrit contient beaucoup plus que les belligérants ne le croient…ce document ne serait rien d’autre que la preuve scientifique de l’existence de Dieu…

1952 : rencontre d’Albert Einstein avec David Ben Gourion

C’est un livre intéressant. Il peut être même passionnant pour les personnes versées en philosophies orientales qui accordent de l’importance à la dualité universelle entre le Ying et le yang et surtout à ceux et celles versés dans les sciences, en particuliers les sciences physiques et mathématiques.

En effet j’ai trouvé cet ouvrage très lourd puisqu’il évoque et tente d’expliquer les secrets de l’Univers par le biais de principes et de lois complexes que l’auteur arrive difficilement à vulgariser : théorie de la relativité, principe de l’incertitudethéorie des cordes, microcosme et macrocosme, théorie du chaos, physique quantique sans oublier le déterminisme car d’après la *formule de Dieu*, notre existence n’a pas la moindre chance d’être accidentelle par le simple fait que tout est déterminé depuis le commencement.

C’est d’ailleurs sur la question du déterminisme que j’ai développé l’impression qu’on peut faire dire ce qu’on veut à la *Formule de Dieu* et que les limites de la science seront toujours confrontées à celles de la Foi. Pour ce qui est du roman comme tel, vous avez compris que l’intrigue est noyée dans les longues explications scientifiques, il y a une petite insertion sentimentale *poids plume* et une petite finale qui, bien qu’elle ne m’a pas laissé pantois, est originale quoique prévisible.

Pour résumer, vous apprécierez ce volume dans la mesure où vous êtes prêts à vous investir intellectuellement dans la compréhension des lois physiques et philosophiques qui régissent la vie, le reste étant accessoire…

Suggestion de lecture : VATICANUM de Jose Rodriguez Doss Santos

Claude Lambert
AVRIL 2013

(En Complément…)