*En tout cas, il ferait bien de faire attention
à Lennie. Lennie est pas un boxeur, mais
Lennie est fort et rapide et Lennie ne connait
pas les règles.*
(Extrait : DES SOURIS ET DES HOMMES, John Steinbeck,
t.f. Éditions Gallimard, 1955, édition de papier,
180 pages)
DES SOURIS ET DES HOMMES est l’histoire de deux hommes liés par une amitié pure et intense : Lennie Small, un costaud à la force incontrôlable, cœur d’or mais simple d’esprit et maladroit et George Milton. Lucide, droit et vif d’esprit, un petit chef qui vient canaliser les énergies instables de Lennie. Les deux amis errent sur les routes de Californie et travaillent de ranch en ranch comme journaliers, mus par le rêve de posséder un jour leur propre exploitation. Ils n’ont rien de commun et pourtant le lien qui les unit est d’une incroyable force. Sachant que c’est la maladresse de Lennie qui force les deux hommes à changer sans cesse de travail, comment peut-on imaginer leur destin. Doit-on s’attendre à une finalité dramatique. John Steinbeck nous réserve une finale qui force le lecteur à aller au bout de ses émotions. Un ouvrage qui dépeint durement la condition humaine.
Les caresses d’un colosse
*Ce livre est bref mais son pouvoir est long.*
(Introduction de la préface du livre
DES SOURIS ET DES HOMMES par
Joseph Kessel)
C’est un livre en effet très bref, mais j’ai chuté dans sa profondeur. Il m’a agrippé surtout par l’intensité de la réflexion qu’il impose. C’est un livre noir, mais puissant. L’histoire est celle de deux hommes que tout sépare et qui sont pourtant liés par une indéfectible amitié. Il y a Georges d’abord, lucide et vif d’esprit…un bon gaillard avec une tête sur les épaules.
Et puis, il y a Lennie, simple d’esprit, mêlé, une âme d’enfant instable et désorganisée dans un corps de colosse et qui aime caresser les petits animaux, ce qui ne lui réussit guère car il ne connaît pas sa force. Sa condition fait qu’il n’accumule que des gaffes…car il ira jusqu’à caresser les cheveux d’une femme.
Les deux hommes vont de ranchs en ranchs pour réunir la somme nécessaire à la réalisation de leur rêve : posséder un petit coin de terre, une petite ferme pour y élever des animaux, cultiver un petit jardin, y vivre simplement et en paix. Mais voilà, ce rêve, aussi motivant pouvait-il être n’était pas compatible avec le caractère incontrôlable de Lennie.
L’auteur nous met en présence de deux êtres tout à fait dissemblables qui errent sur le chemin d’une vie relationnelle complexe à une époque où règnent l’incompréhension et l’intolérance.
Dans une écriture simple, mais avec des mots dramatiquement justes, Steinbeck nous entraîne dans un voyage au cœur de l’âme humaine. Dans DES SOURIS ET DES HOMMES, il n’y a pas de longueurs, pas de mots inutiles et pas de compromis. Avec une incroyable justesse, l’auteur nous entraîne dans une profonde réflexion à plusieurs égards.
Je cite les conditions de vie dans la première moitié du 20e siècle, les préjugés raciaux et l’intolérance, les troubles de la santé mentale qui constituaient à l’époque une situation abstraite (l’est-elle moins aujourd’hui à part peut-être le fait que les maladies mentales sont identifiées, étiquetées?), il y a aussi les handicaps physiques et les petites guerres de pouvoir (symbolisées ici par un personnage méprisable : Curley, le fils du patron)
Dans son livre, Steinbeck dépeint une condition humaine dure et laissant peu de place aux compromis. J’ai ressenti, à la lecture de ce livre, une forte émotion m’amenant à l’introspection. C’est un roman noir mais qui nous pousse vers la lumière.
Habituellement, il en faut beaucoup pour m’émouvoir mais ici, DES SOURIS ET DES HOMMES m’a frappé de plein fouet.
Ce livre est un chef d’œuvre…le genre de livre qu’on ne referme jamais tout à fait…
Suggestion de lecture : L’OEUVRE DE DIEU, LA PART DU DIABLE de John Irving
À L’ÉCRAN
Deux adaptations magnifiques du best-seller de Steinbeck.
John Malkovitch et Gary Sinize dans l’adaptation réalisée par Gary Sinize et sortie en 1992.
Et bien sûr, l’adaptation télé proposée par Radio-Canada en 1971.


John Steinbeck (1902-1968) est un écrivain américain. Son premier prix littéraire lui est attribué en 1935 avec TORTILLA FLAT mais il s’est surtout rendu célèbre par deux romans en particulier : DES SOURIS ET DES HOMMES et celui qu’il considère comme son meilleur : LES RAISINS DE LA COLÈRE, adapté au cinéma en 1940 et qui lui vaut le prix PULITZER. Il laisse aussi en héritage un autre grand roman : À L’EST D’EDEN, publié en 1952.
BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
FÉVRIER 2016

Henri Gougaud (1936- ) est un écrivain, poète et conteur français né à Carcassonne. Il a aussi été homme de radio et parolier pour des chansonniers comme Serge Reggiani, Juliette Greco et Jean Ferrat. Homme-orchestre, il réactualise un style littéraire en déclin : le conte. Il dirige d’ailleurs les Collections MÉMOIRES DES SOURCES ET CONTES DES SAGES aux Éditions du Seuil. Son œuvre comprend aussi de nombreux romans, récits et essais avec un goût prononcé pour l’humour noir.
CRIMES ET JEANS SLIM raconte l’histoire d’Adée, une adolescente de 15 ans qui, pour ne pas se faire remarquer des filles de son âge au lycée, turbulentes et rebelles, décide de devenir la pire de toutes : elle devient fashion, méchante, moqueuse et adopte le style éclaté de ses camarades, évitant ainsi leurs moqueries et leurs brusqueries. Ça fonctionne jusqu’au jour où un tueur en série se pointe dans le décor cherchant justement à abattre les filles du genre *pétasse* et *pouffe*. Avec ses amis, Adée décide de mener sa propre enquête. Devra-t-elle quitter les grands airs qu’elle a choisi de se donner?
CRIMES À LA LIBRAIRIE est un recueil de seize nouvelles écrites par des auteurs québécois sous un thème unique. La meilleure façon de décrire cet ouvrage est encore de citer le réalisateur du projet Richard Migneault: *Je vous invite donc…à rencontrer ces seize écrivains de chez nous pour nous amener ailleurs au cœur même de leur imaginaire. Pour stimuler leur créativité et votre curiosité, je leur ai donné un devoir pas très facile à réaliser…faire de la librairie une véritable scène de crime, transformant du coup chaque livre qui s’y trouve en témoin de l’énigme, du suspense, de l’insoutenable*

Directeur d’école à la retraite, Richard Migneault est un défenseur de la littérature québécoise. Animateur du blogue POLAR, NOIR ET BLANC et coordonnateur des Prix TENEBRIS des PRINTEMPS MEURTRIERS DE KNOWLTON, il s’est donné pour mission de faire connaître les auteurs québécois de polar en Amérique et en Europe. Il intensifie sa mission en réunissant 16 écrivains québécois autour d’un même thème, ce qui nous a donné l’excellent recueil CRIMES À LA LIBRAIRIE.




Comme chaque été, Rosalie et Alexandre passent leurs vacances avec leurs grands-parents à Cap Coz en Bretagne. Cette fois, ils sont accompagnés par leurs cousins Clara et Antoine. Un jour, une lettre qui ne leur est pas destinée vient chambouler leurs vacances. Qui est ce mystérieux destinataire : Erwan de Kermadec? Qui a écrit la lettre? Et puis qui sont ces marins qui font soudainement apparition dans leur petit coin tranquille. Il semble que mystère et aventures pourraient bien s’ajouter au menu de leurs vacances. Les inséparables décident d’enquêter. 











Marianne de Gréville, 20 ans est emprisonnée à vie pour de multiples meurtres. À cause de son caractère orageux, instable et violent, elle est détestée par ses codétenues et harcelée par ses gardiennes qui veulent la *casser* en la torturant et l’humiliant, ce qui est fort mal connaître la nature meurtrière et vengeresse de cette furie. Toutefois, un homme la remarque et tombe sous le charme de la sauvagesse. Alors que l’espoir et l’amour se pointent et que se développe lentement le désir de se racheter, Marianne se retrouve devant un horrible choix : tuer encore et gagner sa liberté ou se laisser dompter et gagner par l’espoir…
Karine Giébel est une auteure française née en 1971. Pendant ses études de droit, elle a développé un goût prononcé pour l’écriture et complète en 2004 un premier polar salué par la critique : TERMINUS ELICIUS qui reçoit en 2005 le grand prix marseillais du polar. MEURTRES POUR RÉDEMPTION est son deuxième roman, publié en 2006 et nominé pour le prix Polar Cognac. Suivront deux autres volumes primés : LES MORSURES DE L’OMBRE en 2009 et JUSTE UNE OMBRE en 2012. Son œuvre est rehaussée par une impressionnante collection de prix littéraires.