L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL

Commentaire sur le livre de
Michel Leboeuf

*Non, non, lecteurs de premières pages en librairie,
ne me quittez pas! Ne refermez pas le bouquin si
vite. Lisez la dernière page tant qu’à faire. Vous
allez voir, la fin est pas mal du tout. Vous arriverez
peut-être même à vous réconcilier avec moi, le
personnage principal.*
(Extrait : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL,
Michel Leboeuf, Éditions Michel Quintin, num. 480 pages)

C’est le récit de Philippe Morel, 53 ans, un professionnel des relations publiques. Morel a une particularité extrêmement rare : il n’a pas de nombril. Évidemment ce signe particulièrement distinctif a marqué sa vie. Cette vie tourmentée, Morel nous la raconte : une vie de moqueries et de mépris de la part de son entourage. Il passe en revue toutes les étapes de son destin, y compris les épisodes où il fait l’objet de D’expériences scientifiques. Mais le récit déborde de la science. C’est l’histoire d’un homme qui n’a pas été uni à sa mère par un cordon ombilical et qui ne connaîtra rien de moins qu’une véritable descente aux enfers.

LE DRAME DE L’HOMME-OPOSSUM
*Dans mon berceau, me voilà saisi d’une sorte
de pressentiment…la voix douce me camoufle
la vérité, elle l’enrobe de rose bonbon…
J’ai peur, j’ai la certitude que ce qui vient ne
sera ni rose ni bonbon. Après ça, on
s’étonnera du fait que je veuille vivre tout
seul, en parfaite autarcie, le plus loin
possible des hommes.
(Extrait : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL)

Ce livre raconte l’histoire très particulière de Philippe Morel, né sans nombril, comme un opossum. Pour apprécier ce livre, il y faut bien comprendre la situation très singulière de Morel. Il est né sans nombril comme si dès le départ, la nature l’avait débranché de sa mère.

Comme cette nouvelle va faire le tour du monde, le phénomène étant assez rare, on peut penser qu’étant trop différent des autres, Morel devienne comme débranché de la société avec des rapports humains réduits au minimum.

Quant à savoir ce qui se passe dans sa tête, je vous laisse lire le livre pour le savoir, mais je peux vous mettre sur le sentier en vous dévoilant que Philippe Morel adore tuer des mouches en les brulant avec une loupe. Ça vous donne une petite idée…je dis bien petite.

Si vous arrivez à bien saisir la psychologie du personnage, sa tare plutôt embarrassante, et ses motivations, il vous faudra accepter maintenant la deuxième condition. 2) s’armer de patience. Le roman est très intéressant et tranche un peu par son originalité mais il traîne en longueur.

C’est très long avant de pouvoir s’accrocher à l’histoire ou aux personnages qui ne sont pas particulièrement attachants. C’est long d’autant que le récit est narré à la première personne par Morel qui n’a pas toujours des choses intéressantes à raconter. Pour toutes ces raisons, je préfère utiliser le terme DRAME qui convient mieux que THRILLER.

Là où le roman devient intéressant, à partir du moment où il prend son rythme, après au moins une bonne centaine de pages, c’est quand on commence à comprendre les motivations de Morel. Ça m’a poussé à me demander qu’est-ce que je ferais à sa place et c’est là que le roman devient un peu dérangeant. Morel devient un peu bizarre, violent et la finale, sans être spectaculaire, est intéressante, voire surprenante jusqu’à un certain point.

Même si ce livre est parfois long à en être pénible, je pense surtout à la première moitié, l’histoire a quelque chose de particulier, elle a un caractère étrange. La plume de Michel Leboeuf est tout aussi étrange nous entraînant dans les méandres d’un esprit confus.

L’homme dont on a discuté du cas dans les plus grandes facultés de médecine et qui servira de cobaye pour des expériences bizarres sera dorénavant appelé l’homme-opossum et tentera le plus possible de retourner à l’anonymat. Ce ne sera pas simple et c’est là qu’est le point fort du roman : la relation devenant graduellement et irrémédiablement tordue entre Philippe Morel et son environnement.

Malgré ses faiblesses, l’histoire est intéressante et appelle une suite de deux autres tomes : Le tome 2 : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL Alter Ego et le tome 3 : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL Alma Mater.

Michel Leboeuf est un écrivain, scientifique, naturaliste et communicateur québécois né à Trois-Rivières en 1962. Après avoir œuvré pendant plusieurs années en écologie forestière, il consacre maintenant tout son temps dans le secteur des médias et de l’édition.

Il est rédacteur en chef du magazine NATURE SAUVAGE et auteur de 14 livres documentaires sur la flore et la faune, d’essais et d’œuvres de fiction. Il a été deux fois lauréat du prix HUBERT-REEVES qui récompense l’excellence littéraire dans le domaine de la vulgarisation scientifique en français au Canada.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 11 février 2018

AU-DELÀ DE L’IMAGINAIRE, recueil SF de Numeriklivres

(tome 1)

*J’opte délibérément pour la vie ! déclara Antoine. Les habitants de Mars, avec lesquels nous espérions échanger des vérités premières, font partie des plans
qui, vraisemblablement, ne permettent aucune communication intellectuelle.*
(Extrait du recueil AU-DELÀ DE L’IMAGINAIRE, 1ère nouvelle : LES NAVIGATEURS DE L’INFINI, J.H. Rosny aîné, 1925. Numeriklivres, 2012, éd. Numérique)

La collection « Au-delà de l’imaginaire » est une initiative de Numeriklivres consacrée à des classiques de la science-fiction ou du fantastique qui ont sans conteste inspiré les créateurs de séries télé des années 60 telles qu’« Au-delà du réel » ou « La quatrième dimension », devant lesquelles des millions de téléspectateurs ont vécu par procuration des aventures étonnantes chargées d’angoisse et de suspense, le tome 1 propose trois textes de maîtres incontestés du genre.

LES NAVIGATEURS DE L’INFINI de J.H. Rosny Aîné : un voyage d’exploration sur la planète Mars, qui reprend les thèmes chers à cette époque où l’espace intersidéral est plein des promesses de mondes meilleurs, de races supérieures et d’espoirs de migrations futures pour les terriens.  Un voyage riche en aventures et en danger.

LE SIGNALEUR de Charles Dickens : le narrateur rencontre un soir un signaleur de chemin de fer qui lui dit recevoir la visite d’un spectre qui le met en garde contre un accident ferroviaire. Dans ce texte se mêlent rationalité et forces occultes, naturel et surnaturel, et les situations ambiguës ne manquent pas.

PETITE DISCUSSION AVEC UNE MOMIE d’Edgar Allan Poe : Les directeurs du City Museum ayant donné leur accord pour l’examen d’une momie égyptienne, l’assemblée des « spécialistes » réunis pour ouvrir le sarcophage a la surprise de découvrir un être on ne peut plus vivant. S’en suit une conversation des plus loufoques, avec le génie de Poe et son humour cynique.

 À gauche: J.H. Rosny ainé (1856-1940), au centre :  Edgar Allan Poe (1809-1849) à droite: Charles Dickens (1812-1870)

Ce n’est pas une défaillance de votre liseuse
*Le mécanicien coupa la vapeur et freina, mais le
train roula encore jusqu’à quelque cent cinquante
mètres d’ici. Je courus derrière et, tout en courant,
j’entendis des cris et des appels terrifiants.
(extrait : LE SIGNALEUR, Charles Dickens)

Une toute nouvelle collection, tout à fait dans mes cordes, une excellente initiative de Numeriklivre. J’attends beaucoup de cette collection car elle pourrait réunir la fine fleur des auteurs et des titres dans l’univers fort bien meublé de la science-fiction et du fantastique et qui faisait mon régal quand j’étais adolescent. Ce sont des livres indémodables et j’en lis encore d’ailleurs, mon appétit pour les classiques ne s’étant jamais tari.

C’est ainsi qu’on pourrait voir réunis dans la même collections les grands maîtres de la littérature de science-fiction et de fantastique tels René Barjavel, H.P. Lovecraft, H,G. Wells, Ray Bradbury, Isaac Asimov, Jules Verne, Bram Stoker, Théophile Gautier, Stephen King, Dean Koontz, Edgar Allan Poe, Robert-Louis Stevenson et j’en passe.

Le tome 1 réunit Rosny Aîné, Dickens et Poe. Au moment d’écrire ces lignes, le tome 2 vient de paraître, on y trouve les trois titres suivants : LA MORT DE LA TERRE de J.H. Rosny Aîné : Dans un très lointain futur, l’espèce humaine survit dans un état désabusé sur une terre devenue désertique et aride.

TOC…TOC…TOC… d’ Ivan Sergueïevitch Tourgueniev, une histoire à l’atmosphère étrange, sublimée par une nuit d’hiver engluée dans un épais brouillard qui fausse jusqu’à la capacité de raisonnement.

L’INDICIBLE de Howard Phillips Lovecraft, Une discussion entre un enseignant à l’esprit cartésien et un romancier à l’esprit plus fantasque, une nuit, sur une pierre tombale fissurée, près d’une vieille maison abandonnée qui a, dit la légende, un passé diabolique. Ici, le caractère prometteur de la série ne se dément pas.

Je ne me lancerai pas ici dans la critique des titres. Des millions de lecteurs ont déjà rendu des verdicts plus que favorables au fil des générations. Je dirai simplement au sujet de la série qu’elle est présentée très simplement, sans artifice.

Chaque volume comprendra trois livres, romans ou nouvelles qui s’enchaîneront tout naturellement. Le volume que j’ai lu, c’est-à-dire le tome un était très bien présenté. Les pages sont très bien ventilées. L’ensemble est agréable à lire.

Donc c’est une série qui promet. Il ne manque qu’un petit préambule du genre de celui d’AU-DELÀ-DU RÉEL, une série télé des années 60 dont je me régalais. Son préambule est passé à l’histoire d’ailleurs :

*Ce n’est pas une défaillance de votre téléviseur, n’essayez donc pas de régler l’image. Nous avons le contrôle total de l’émission : contrôle du balayage horizontal, contrôle du balayage vertical. Nous pouvons aussi bien vous donner une image floue qu’une image pure comme le cristal.

Pour l’heure qui vient, asseyez-vous tranquillement. Nous contrôlerons tout ce que vous allez voir et entendre. Vous allez participer à une grande aventure et faire l’expérience du mystère avec « Au-delà du réel».*

Voilà ce que j’attends de la collection AU-DELÀ DE L’IMAGINAIRE : participer à une grande aventure et faire l’expérience du mystère. Jusqu’à maintenant, la collection est jeune mais c’est prometteur.

Suggestion de lecture : LES COLLECTIONS DU CITOYEN

Fondée en 2010 par Jean-François Gayrard, Éditions Numériklivres est une maison d’édition francophone dont le catalogue généraliste se décline en différentes collections dont littérature générale, polar, science-fiction, fantastique, littérature sentimentale, et jeunes adultes. Les titres au format numérique sont disponibles également en format papier sur numeriklivre.info ou dans une librairie. À ce jour, la maison a publié à compte d’éditeur des œuvres près de 80 auteurs de toute la francophonie.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 1er octobre 2017

PASSEPEUR TRIO TERREUR NO 3, de RICHARD PETIT

*Comme dans un cauchemar, il se met à avancer
vers vous telle une araignée géante dans une
cacophonie de grincements. Vous ne savez pas
quoi faire car vous n’avez jamais été attaqué
par un luminaire…*
(Extrait : Passepeur trio terreur no 3, texte et
illustrations de Richard Petit, Éditions Boumerang
jeunesse, 2008, réédition 2015, papier,  384 pages)

Les TRIOS TERREUR de PASSEPEUR sont des compilations de trois mini-romans ayant chacun plusieurs finales possibles. Ce sont les jeunes lecteurs qui décident des directions à prendre, des moyens de contourner les obstacles, et des conclusions possibles pour chaque récit. Les pages du destin, qui font intervenir le hasard, ainsi que des petits jeux éducatifs aident les jeunes à se diriger vers la meilleure finale possible. Les trois titres sont  bourrés de pièges, et de situations étranges et mystérieuses. Une seule finale  permet de terminer le livre. Pour les 7 à 11 ans.

Les titres :

Le prof cannibale : À l’école Saint-Macabre, il faut à tout prix éviter la retenue, car elle pourrait être mortelle…
Bienvenue au Zoorreur : Visite dans un zoo terrifiant où il est strictement interdit de nourrir les ANIMONSTRES!
Le labyrinthe du cyclope : L’endroit ressemble à un parc d’attractions, mais les lieux sont maudits et il semble qu’il n’y ait qu’une seule façon d’en sortir…couché dans un cercueil.

La bande des téméraires de l’horreur
*Paralysé par la peur, tu ne peux pas bouger
un seul muscle pour tenter de t’enfuir. De
la tombe voisine, une grosse tête poilue
émerge de la neige.*
(Extrait : LE LABYRINTHE DU CYCLOPE, PASSEPEUR,
Trio terreur numéro 3, Richard Petit)

Les ouvrages de la collection PASSEPEUR sont des livres jeux-aventures pour les jeunes qui décident eux-mêmes du déroulement de l’intrigue. C’est un véritable défi pour les jeunes lecteurs et lectrices qui ont à choisir le chemin à prendre pour arriver à la finale appropriée.

Quand je dis défi, je pèse le mot, car dans le trio PASSEPEUR numéro 3, je me suis cassé le nez plusieurs fois. Par exemple, dans le récit ZOORREUR, il y a 19 façons de finir l’aventure, dans LE PROF CANNIBALE, il y en a 21. Dans tous les cas, une seule fin permet vraiment de terminer l’aventure.

Voici un exemple de direction à prendre. Dans le récit LE LABYRINTHE DU CYCLOPE, on passe du chapitre 1 au 7, puis le 4 qui nous laisse cinq autres choix de direction : le 2, le 10, le 29, le 36 et le 35. Si vous choisissez le chapitre 29 par exemple, vous devrez tourner les pages du destin, c’est-à-dire feuilleter le livre au hasard et suivre les instructions afin de déterminer si vous allez au chapitre 21 ou au chapitre 3. Si vous choisissez le chapitre 21, ça vous amènera par la suite au chapitre 30, puis au 65 et ainsi de suite…

Vous avez compris qu’il serait inutile de suivre les chapitres dans l’ordre. La compréhension de l’histoire serait impossible. Je pense que l’auteur a eu l’idée géniale d’amener les jeunes non seulement à LIRE un livre, mais aussi à le VIVRE comme une aventure.

Ainsi, les jeunes lecteurs et lectrices doivent manipuler le livre, le feuilleter, chercher, comprendre, fouiller, déduire. Chaque histoire est comme un labyrinthe. La sortie est quelque part. Il faut la trouver.

J’ai trouvé l’idée géniale quoique je mets un petit bémol… je trouve que pour chaque aventure, il y a trop de directions à prendre. Le fait qu’une seule fin possible sur une vingtaine permette de terminer l’aventure peut décourager les jeunes de terminer le livre. En tout cas, ma patience à moi a été soumise à rude épreuve.

Toutefois, le livre contient beaucoup de forces qui peuvent, je l’espère, amener les jeunes à persévérer. Tous les livres de la collection sont abondamment illustrés et développent bien sûr des sujets d’horreur, de terreur et de frissons dont la jeunesse raffole : zombies, fantômes, êtres difformes, monstres, endroits hantés, fantômes, cannibales et j’en passe.

Ajoutons à cela une plume facile à suivre qui permet au jeune lecteur tutoyé de s’identifier à un des héros et l’encourage dans cette voie. Les chapitres sont courts et les instructions à suivre sont limpides. Chaque volume est bien ventilé et je le rappelle, bourré d’illustrations originales réalisées avec brio par l’auteur Richard Petit.

Un des côtés le plus intéressant des PASSEPEUR est qu’ils initient les jeunes à une démarche de recherche et ce, de façon amusante. Ne serait-ce que pour encourager le goût de la lecture, la curiosité intellectuelle et le développement à long terme de la qualité du français orthographique, j’invite et encourage les jeunes à relever le défi.

Suggestion de lecture : SURTOUT N’Y ALLEZ PAS, d’Antoine Filissiadis

Richard Petit est un romancier québécois né le 7 mars 1958. Il est auteur et illustrateur de romans pour la jeunesse. Très prolifique, Richard Petit a publié plus d’une cinquantaine de romans dont la série tout à fait innovatrice TÊTE-BÊCHE LIMONADE écrite essentiellement pour les jeunes filles. On lui doit aussi la série ZOMBIRA. Toutefois, la plus populaire de toutes ses séries demeure PASSEPEUR : des livres-jeux du genre aventure-horreur qui sont de véritables petits *labyrinthes* de lecture. Son travail auprès des jeunes a valu à Richard Petit le prix PERSONNALITÉ DE L’ANNÉE de l’Association québécoise des Salons du Livre en 2005.

Quelques autres PASSEPEURS…

    PASSEPEUR

Pour parcourir les livres de la collection PASSEPEUR, cliquez ici.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
8 janvier 2017

SHUTTER ISLAND, livre de Dennis Lehane

*-…Il a assassiné sa belle-sœur et ses deux nièces
pendant que son frangin se battait en Corée.
Il a conservé les cadavres à la cave pour se faire
plaisir de temps en temps, si vous voyez ce que
je veux dire…*
(Extrait : SHUTTER ISLAND, Dennis Lehane, 2006,
Éditions Payot & Rivages, pour l’édition de poche.
295 pages)

Un matin de septembre 1954, deux marshals débarquent sur Shutter Island, une île située au large de Boston et abritant un hôpital psychiatrique pour des personnes atteintes de graves troubles mentaux et des criminels psychotiques irrécupérables. Mission: enquêter sur l’évasion d’une patiente internée après avoir noyé ses trois enfants. Dès lors, les policiers sont saisis par l’atmosphère oppressante des lieux. Les responsables ont, semble-t-il beaucoup à cacher. Les agents doivent éclaircir le mystère, déjà épaissi par un message codé laissé par une pensionnaire en cavale.

UN THRILLER ÉPROUVANT
*Espèce de sale putain de violeur! Quand mon mari
reviendra, il te tranchera la gorge! T’as compris?
Il te coupera ta tête de tordu et on boira ton sang!
On se baignera dedans pauvre malade!
(Extrait : SHUTTER ISLAND)

 SHUTTER ISLAND est un thriller psychologique très puissant. Deux marshals américains débarquent sur un petit îlot où se trouve un étrange établissement psycho-carcéral abritant des criminels violents et dangereux. Teddy et Chuck sont là pour enquêter sur la disparition d’une des pensionnaires : Rachel Solando. En fouillant la cellule de la patiente, les marshals découvrent une lettre adressée aux docteurs et dans laquelle se trouve une énigme.

..LA LOI DES 4
..JE SUIS 47
..ILS ÉTAIENT 80
..+VOUS ÊTES 3
..NOUS SOMMES 4
..MAIS
-QUI EST 67?

Toute l’histoire tourne autour de cette énigme complexe qui accaparera le lecteur et lui demandera un maximum de concentration pour comprendre l’action des marshals qui se livrent eux-mêmes à une profonde investigation psychologique.

Cette lecture a été tout un défi pour moi, pénétrer au maximum dans la psychologie des personnages étant le seul moyen de comprendre la formulation de l’énigme. Dès que les marshals ont mis le pied sur l’île, je me suis senti englouti dans le récit. Ce n’est pas simple et ça demande beaucoup de concentration et j’ai même dû relire plusieurs passages pour bien comprendre dans quoi l’auteur m’embarquait.

Dès le départ, Lehane ne s’est pas privé de donner à l’atmosphère de l’île un caractère opaque : des bâtiments lugubres, des docteurs étranges qui semblent avoir plein de choses à cacher, un phare mystérieux et bien sûr, un cliché exploité des milliers de fois en littérature psychologique : une bonne tempête.

Bien que SHUTTER ISLAND soit un thriller très fort, j’ai trouvé sa lecture un peu éprouvante. Il m’a semblé que plusieurs passages étaient incohérents, confus. Les passages du contexte onirique à la réalité sont particulièrement complexes.

J’ai eu l’impression d’être impliqué dans un malicieux jeu de rôle. Mais quand je finissais par comprendre la solution d’une énigme dans la progression de l’histoire, je criais victoire et un lecteur qui ressent la victoire dans la lecture d’un livre est généralement satisfait.

C’est finalement un thriller écrit avec beaucoup d’intelligence, très captivant et intéressant. Mais je le rappelle, il est complexe. Vous ne devez rien perdre si vous voulez tout comprendre. Enfin, je vous suggère fortement de lire le livre AVANT de regarder le film.

Suggestion de lecture : THÉRAPIE, de Sebastian Fitzek

Dennis Lehane est un écrivain américain né à Boston en 1965. Avant de se mettre à l’écriture, Lehanne a exercé plusieurs métiers dont celui de libraire. Il est devenu rapidement un des auteurs de polars les plus populaires en Amérique avec plus d’une cinquantaine de titres dont plusieurs best-sellers. Je cite Gone baby gone, adapté au cinéma, MYSTIC RIVER, prix mystère de la critique en 2003, puis gratifié de 6 autres prix, adapté au cinéma par Clint Estwood qui décrochera le César du meilleur film étranger en 2003. Bien sûr il y a Shutter Island, adapté au cinéma (voir plus bas).

SHUTTER ISLAND AU CINÉMA

SHUTTER ISLAND a été adapté au cinéma par le réalisateur Martin Scorsese d’après un scénario de l’auteur du livre Dennis Lehane. Le film psycho-dramatique est sorti en 2010. L’éclatante distribution réunit Leonardo Di Caprio, Max Von Sydow, Ben Kingley, Mark Ruffalo, Emily Mortimer et Michelle Williams. Le film a été accueilli par la critique pour l’excellence de l’adaptation, la beauté de la photographie et la force de l’interprétation. Le film a été nominé à plusieurs reprises par le Saturn Award et le National board of review entre autres pour l’excellence de sa réalisation.

BONNE LECTURE
JAILU
16 OCTOBRE 2016

 

LE CLUB DES VEUFS NOIRS, livre d’ISAAC ASIMOV

*Vous avez trop lu Agatha Christie, dit Rubin.
En fait, il s’avère que pour presque tous les
crimes, on s’aperçoit que la personne la plus
équivoque est celle qui est coupable…*
(extrait de RIEN QUE LA VÉRITÉ, du recueil LE CLUB
DES VEUFS NOIRS, Isaac Asimov, 10/18, 1974, éd.
num.)

Le CLUB DES VEUFS NOIRS est une incursion d’un maître de la science-fiction, Isaac Asimov dans le domaine policier. Ce recueil regroupe 12 récits évoquant les rencontres mensuelles de 6 hommes : LE CLUB DES VEUFS NOIRS. En effet, une fois par mois, ces 6 hommes, pas nécessairement veufs mais particulièrement érudits se réunissent pour diner. À chaque rencontre, un des six hommes invite une connaissance qui a une énigme complexe à résoudre ou une affaire étrange à soumettre, toujours de nature policière ou judiciaire.

Aidés par leur maître d’hôtel, Henri, particulièrement brillant, les six hommes s’emploient à résoudre l’énigme et chaque rencontre devient rapidement un marathon de déductions, de raisonnement et de concentration. Chaque nouvelle a le même cadre mais avec une situation et des acteurs différents.

Sept fois Hercule Poirot…
*J’en suis arrivé à un point où je dois en appeler
au grand principe de Sherlock Homes :
«Quand l’impossible a été éliminé, ce qui
reste, même si ça paraît improbable,
est la vérité »*
(extrait LE CLUB DES VEUFS NOIRS)

D’Isaac Asimov, je connais surtout l’œuvre de science-fiction. C’est un maître dans ce type de littérature. Par exemple, ses livres mettant en scène les robots et les *positroniques* sont remarquables. J’étais curieux d’en savoir un peu plus sur la contribution d’Asimov dans l’univers du roman policier. Je me suis donc mis en quête d’un titre et un ami lecteur m’a suggéré LE CLUB DES VEUFS NOIRS.

C’est un livre intéressant mais j’ai l’impression que le véritable pouvoir de la plume d’Asimov, c’est encore dans la science-fiction qu’on le trouve. Avec LE CLUB DES VEUFS NOIRS, j’avais l’impression de me retrouver en terrain connu, dans du déjà-vu. En effet le cadre me rappelle beaucoup LE CLUB DU MARDI d’Agatha Christie.

Le style et la profondeur des raisonnements n’est pas sans rappeler le grand Hercule Poirot, célèbre détective créé également par madame Christie. Il y a toutefois plus de palabres dans LE CLUB DES VEUFS NOIRS. Après tout, les limiers sont au nombre de 6, ou plutôt 7 devrais-je dire car il faut tenir compte du fameux Henri, le brillant maître d’hôtel qui, à lui seul, m’a tenu dans le coup.

Même si le livre n’est pas sans intérêt, je ne suis pas tellement amateur de ce style littéraire. Le contexte est statique. Il n’y a pas d’enquête, pas de déplacement, pas d’action. Sur les 7 principaux personnages, il y en a 6, ultra-rationnalistes, bavards et un peu machistes qui s’invectivent et s’écoutent parler.

Le septième personnage est celui qui m’a gardé captif du livre : Henri, le serviteur, estimé Maître d’hôtel des veufs noirs. C’est Henri qui, invariablement, à chaque récit, apporte les solutions, résout les énigmes et ce, avec une humilité désarmante :

*Ce n’était pas difficile dit Henry. Il se trouve que vous avez examiné toutes les possibilités qui ne pouvaient pas marcher. J’ai simplement suggéré celle qui restait.*
*…Vous êtes un détective remarquable. –Ce sont les Veufs Noirs qui le sont. Ils explorent le problème dans tous les sens. Je me contente ensuite de proposer la seule solution qui reste, dit Henry.*
(extrait de LE CLUB DES VEUFS NOIRS)

Donc il faut prendre le livre pour son principal aspect positif. Chaque nouvelle du recueil est un exercice de logique, de raisonnement. Asimov imagine une intrigue, lui donne au départ un aspect banal, insignifiant qui se complexifie pendant le développement. Sa plume pousse inévitablement le lecteur à raisonner, à déduire. Pour aider le lecteur, Asimov parsème ses récits d’indices. C’est intelligent, efficace.

Et toujours, le dernier mot va à celui qui sait écouter et prendre les choses avec suffisamment de recul pour y voir clair. Ce cher Henri…il gagne à être connu.

En fin de compte, j’ai trouvé le livre agréable à lire. Je craignais de sombrer dans la monotonie parce que le cadre et l’environnement ne changent à peu près pas dans les nouvelles, mais l’auteur a apporté une variété intéressante dans la nature des intrigues.

Quoique j’aie encore une forte préférence pour l’œuvre de science-fiction d’Isaac Asimov, je vous invite à noter ce titre : LE CLUB DES VEUFS NOIRS.

Suggestion de lecture, du même auteur : LE CYCLE DE FONDATION

Isaac Asimov (1920-1992) était chimiste, écrivain et vulgarisateur scientifique, natif de Russie et naturalisé américain en 1928. En littérature, Asimov a été extrêmement prolifique avec plus de 500 ouvrages publiés. Il a touché tous les genres, surtout la science-fiction. Dans une moindre mesure, Isaac Asimov a manifesté son intérêt pour la fiction policière. Il n’a jamais caché son intérêt pour Hercule Poirot qui est pour lui l’image parfaite du détective idéal. C’est donc en s’inspirant du célèbre limier qu’Isaac Asimov a imaginé le CLUB DES VEUFS NOIRS, véritable bijou d’ingéniosité, d’imagination et d’humour.

La carrière d’Isaac Asimov a connu un parcours tout à fait remarquable rehaussée d’une extraordinaire récolte de récompenses et de prix littéraires dont plusieurs prix LOCUS, NEBULA ET HUGO. Je signale enfin que trois films célèbres ont été réalisés d’après l’œuvre d’Asimov. LA MORT DES TROIS SOLEILS de Paul Mayersberg en 1988, L’HOMME BICENTENAIRE de Chris Columbus en 1999 et I, ROBOT d’Alex Proyas en 2004.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
août 2015

LE COQ DE BRUYÈRE, livre de MICHEL TOURNIER

*Car il est vrai qu’un ineffable secret l’unissait à vendredi, et ce secret, c’était une certaine petite tache verte qu’il avait fait ajouter dès son retour par un cartographe du port sur le bleu océan des Caraïbes…* (extrait de LE COQ DE BRUYÈRES, LA FIN DE
ROBINSON CRUSOÉ,  Michel Tournier, Éditions Gallimard, 1978, num. 214 pages)

LE COQ DE BRUYÈRE est un recueil de contes et nouvelles comprenant 14 récits aux formes variées. L’œuvre passe en revue quelques grands mythes (le Père Noël par exemple) en provoquant chez le lecteur différentes émotions contradictoires telles le bonheur et la tristesse, le rire et les larmes, la certitude et le scepticisme…Dans tous les récits, spécialement les plus tragiques, l’auteur fait intervenir l’humour…c’est ainsi qu’on découvre une nouvelle vertu étrange au citron, que l’ogre du Petit Poucet serait un hippie et même que le Père Noël aurait donné le sein à l’Enfant Jésus. Le titre d’un de ces récits est devenu celui du recueil : LE COQ DE BRUYÈRE.

Iconoclaste et séduisant…
*En tout cas, c’est défendu de manger
pendant la classe. Tu me copieras
cinquante fois ‘je mange des citrons
en classe’*
(extrait LA JEUNE FILLE ET LA MORT,
LE COQ DE BRUYÈRE)

LE COQ DE BRUYÈRE est un intéressant recueil de contes et de nouvelles, chaleureux et attendrissant qui attire le lecteur dans ses pages en faisant appel à un mélange d’émotions mises en valeur par un humour léger. Les récits sont quelque peu disparates.

Quelques-uns m’ont déçu, plusieurs m’ont accroché, spécialement ceux qui semblent allier les merveilles des contes classiques aux récits plus récents, de même tendance, mais qui se sont adaptés à la modernité comme LA FUGUE DU PETIT POUCET par exemple où l’auteur concède à l’ogre une nature de hippie qui évoque la recherche constante et inconditionnelle de la liberté.

LA FUGUE DU PETIT POUCET est un exemple de récit iconoclaste comme LA FIN DE ROBINSON CRUSOÉ ou LA MÈRE NOËL. Michel Tournier est un peu vandale dans son genre. À la lecture de ses récits, j’ai développé l’impression d’une tentative de sa part de redéfinir les mythes, de tirer un trait sur l’histoire et de se tourner vers l’avenir.

J’ai senti une dualité entre le concepteur et le philosophe et une merveilleuse capacité de balloter le lecteur de la tristesse à la joie, de la fragilité de l’esprit au courage et à l’abnégation.

Dans le COQ DE BRUYÈRE il y a des rebondissements, de l’inattendu, de l’originalité, de la recherche. J’ai été particulièrement surpris par LES SUAIRES DE VÉRONIQUE. Dans ce récit, Véronique est photographe et chaque photo qu’elle prend enlève une parcelle de vie à son modèle :

*…vous m’avez aussi beaucoup pris. Vingt-deux mille deux cents trente-neuf fois quelque chose de moi m’a été arraché pour entrer dans le piège à images, votre –petite boîte de nuit-…

Vous m’avez plumé comme une poule, épilé comme un lapin angora. J’ai maigri, durci, séché non sous l’effet d’un quelconque régime alimentaire,  mais sous celui de ces prélèvements effectués chaque jour sur ma substance…*(extrait LES SUAIRES DE VÉRONIQUES, LE COQ DE BRUYÈRE).

Bref, Véronique tue avec son appareil photo…un simple appareil photo qui a la particularité de *siphonner* la force vitale.

La plupart des récits sont venus me chercher mais LES SUAIRES DE VÉRONIQUE est sans doute celui qui m’a le plus surpris.

Avec la séduction de l’humour tendre, les récits sont porteurs de sagesse et d’une intéressante réflexion sur le sens de la vie et de la mort, le refus de grandir (thème développé avec brio dans le récit TUPIK où un jeune garçon projette de couper son pénis pour éviter de devenir un homme) et ça va plus loin avec des observations parfois saisissantes sur la nature humaine.

C’est tout Tournier…divertir et faire réfléchir. Ça m’a plu.

Suggestion de lecture : NOUVELLES NOIRES, de Renaud Benoit

Michel Tournier (1924-  ) est un écrivain français né à Paris. Dès 1941, il développe un intérêt pour la philosophie. Malgré un échec au concours de l’agrégation, il gagne sa vie comme traducteur et rédacteur publicitaire, animateur et concepteur à la radio avant de joindre l’équipe du fameux éditeur PLON en 1959.

Il publie son premier roman en 1967 VENDREDI OU LES LIMBES DU PACIFIQUE, grand prix de l’Académie française. Avec ce chef d’œuvre et LE ROI DES AULNES, prix Goncourt en 1970, Tournier s’est par la suite entièrement voué à une brillante carrière littéraire tout en siégeant à l’Académie Goncourt.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
MAI 2015

A.N.G.E 1, ANTICHRISTUS d’ANNE ROBILLARD

*Le jeune agent se mit à saigner du nez,
car les ondes générées par les couleurs
attaquaient maintenant son cerveau…
-En fait, je suis le seul à présent qui
puisse te sauver. Si tu ne viens pas vers
moi, tu mourras au bout de ton sang.*
(extrait de ANTICHRISTUS, a.n.g.e no 1,
Anne Robillard, Michel Lafont, 2007, é. Num.
285 pages)

Pendant une enquête de routine sur les enseignements d’un prétendu gourou, les agents de l’A.N.G.E découvrent que de graves évènements de nature apocalyptique pourraient se produire à court terme. Mais l’enquête est complexe car l’A.N.G.E se heurte à la mystérieuse puissance du faux prophète et d’autre part, l’Alliance, mystérieuse et redoutable organisation maléfique prépare la venue de l’antéchrist.  L’implication d’un mystérieux envoyé du Vatican rend la situation encore plus énigmatique. L’A.N.G.E aura fort à faire pour préserver l’humanité d’une fin qui semble très proche.

L’AGENCE NATIONALE DE GESTION DE L’ÉTRANGE

L’A.N.G.E. est une agence fictive créée par l’auteure québécoise Anne Robillard : une société secrète basée à Montréal et formée par des personnages choisis pour leurs qualités spéciales dans le but de protéger l’humanité contre les forces du mal.

Les principaux personnages sont  Cédric Orléans, directeur de la base de Montréal, Yannick Jeffrey, un des meilleurs agent de l’A.N.G.E, spécialiste de la mythologie, Océane Chevalier, agente, Vincent McCleod, agent et Cindy Bloom, spécialiste des faux prophètes. De nombreux autres personnages viennent soutenir l’Agence qui opère dans le monde entier. A.N.G.E. est une grande saga ésotérique en 10 tomes.

La mystérieuse puissance du faux prophète
*Hadès arriva de nulle part au milieu du salon,
un poignard à la main. Vincent recula vers la
fenêtre avec l’intention de s’y élancer. Le
démon l’agrippa par derrière et le plaqua
contre sa poitrine puante, ramenant la lame
de sa dague sur sa gorge.*
(extrait de A.N.G.E tome 1, ANTICHRISTUS)

C’est avec LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE que j’ai découvert la plume d’Anne Robillard. J’y reviendrai sur ce site. Par la suite, j’ai été attiré par la série A.N.G.E. Il s’agissait pour moi de lire le premier tome pour évaluer si ça valait la peine de continuer et effectivement, j’ai mis toute la saga dans mes projets de lecture.

Le thème de l’apocalypse a été développé dans une multitude de livres et à peu près dans tous les styles littéraires. Mais l’originalité de A.N.G.E réside dans une organisation secrète, implantée dans le monde entier, qui utilise des moyens et des technologies ultrasophistiqués.

L’agence fait intervenir sur le terrain des agents surentraînés dont certains sont même dotés de pouvoir surnaturels (les fameux témoins annoncés par la bible, à découvrir dans le tome 1) et aidés par d’autres mystérieux personnages. L’objectif de l’A.N.G.E : lutter contre l’Alliance, une contre-organisation qui prépare la venue de l’Antéchrist.

Malgré les clichés devenus sans doutes inévitables car il n’y a pas plus classique que la lutte du bien contre le mal, j’ai trouvé l’ensemble assez imaginatif.

En effet, développer une histoire dans laquelle la haute technologie s’oppose au surnaturel, c’est inventif et très captivant.

Ne vous attendez pas à un suspense qui atteint des sommets insoutenables. En fait je devrais dire pour être plus exact que le suspense est allégé par le côté prévisible de l’histoire. C’est un phénomène inévitable quand on connait ne serait-ce qu’un petit peu, les prophéties de l’apocalypse.

Mais dans cette histoire, la lutte du bon contre le méchant est originale, bien bâtie, relativement bien documentée (le sujet aurait pu être fouillé un peu plus et traité avec un peu plus de profondeur). Les chapitres sont courts, l’ensemble est captivant et aisé à lire. Je pense qu’Anne Robillard a atteint son objectif : bâtir une bonne histoire, autant pour les jeunes que pour les adultes et donner le goût de lire la suite.

Suggestion de lecture, de la même autrice : LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE

Anne Robillard est une écrivaine québécoise née le 9 février 1955. Tôt dans son adolescence, elle découvre Tolkien et développe un goût prononcé pour le surnaturel dont elle imprégnera l’ensemble de son œuvre. Auteure prolifique adorant le *fantasy*, Anne Robillard a écrit une grande saga en 12 tomes qui se déroule dans un monde magique que des Chevaliers doivent protéger contre les forces du mal : LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE. On lui doit la série A.N.G.E. et de nombreux livres dont QUI EST TERRA WILDER (2006), CAPITAINE WILDER et la série LES HÉRITIERS D’ENKIDIEV.

Pour en savoir plus sur l’œuvre d’Anne Robillard, consultez son site officiel : www.annerobillard.fr .

BONNE LECTURE
JAILU
MARS 2015

DOSSIERS SECRETS, PIERRE BELLEMARE

*…Alors elle lâche son verre qui éclate sur le
sol carrelé de rouge, et elle hurle avec une
force incroyable. Elle n’appelle pas son mari,
elle ne crie pas *au secours*, elle hurle un son
bizarre, strident, modulé à l’infini, c’est la voix
de la peur la plus animale…*

(extrait de DOSSIERS SECRETS de Pierre Bellemare,
LA MAISON SOUS LA LUNE, Éditions de la Seine, 1984)


Fidèles à leur passion, Pierre Bellemare et Jacques Antoine poursuivent leur exploration de l’étrange et de l’insolite avec DOSSIERS SECRETS. Ce livre réunit 54 histoires dans lesquelles l’insolite fait loi. Par exemple cette incroyable aventure de Betty et Barney qui, après avoir observé un mystérieux objet lumineux dans le ciel seront victimes d’un trou de mémoire d’une heure et demi…que dévoilera l’hypnose?  Saisi par une atmosphère oppressante, le lecteur plonge dans l’univers de l’irrationnel où le cerveau est impuissant à comprendre. Ce livre fait partie d’une collection de 8 titres développant essentiellement les thèmes du fantastique et de l’insolite.

DOSSIERS SECRETS est un recueil de courtes histoires. Ce ne sont pas des récits d’horreur proprement dits, à glacer le sang et à empêcher de dormir mais plutôt de petites aventures étranges qu’on ne peut expliquer car elles échappent à la logique.

C’est là que ça devient intéressant car le lecteur est amené à jongler avec ce qui se cache derrière les apparences et à chercher la vérité qui, bien qu’impossible à atteindre, lui donne la possibilité de tirer ses propres conclusions en séparant le rationnel de ce qui est impossible à comprendre pour le cerveau humain.

Comme je l’ai mentionné, les histoires sont courtes. Plusieurs d’entre elles manquent de fini et la conclusion de plusieurs récits pourraient bien laisser les lecteurs sur leur appétit. Je dirais que c’est un livre divertissant qui plonge le lecteur dans l’univers de l’étrange : inconnu, magie, folie, insolite, enchantement, bizarre…

C’est loin d’être le meilleur livre que j’ai lu mais les histoires sont hors du commun et l’ensemble est original.

Suggestion de lecture : X FILES, NOUVELLES AFFAIRES NON CLASSÉES, de JOE HARRIS, CHRIS CARTER ET DIRK MAGGS

Avant même d’atteindre l’âge adulte, Pierre Bellemare (photo de gauche)  rêve d’une carrière dans les médias. Au milieu des années 50, il rencontre Jacques Antoine, concepteur de la célèbre émission LA CHASSE AU TRÉSOR. Il deviendra présentateur de nombreuses émissions, puis deviendra animateur et producteur sur Europe 1 et le demeurera pendant 17 ans.

Son imagination tournant à la vitesse *GRAND V*, il quittera Europe 1 en 1987 pour adapter le concept américain du télé-achat sur TF1. Enfin Pierre Bellemare n’en reste pas là…il écrit de nombreux livres réunissant des histoires étranges ou hors du commun…près d’une centaine de titres, des millions d’exemplaires vendus…

Jacques Antoine (1924-2012) (photo de droite) est un homme de télévision et de radio qui s’est distingué en produisant, pendant près de 40 ans plus de 150 jeux pour la radio, mais surtout pour la télé, et dont plusieurs ont été très célèbres dont LA CHASSE AU TRÉSOR.

Il y a aussi FORT BOYARD (îlot désaffecté d’origine militaire dont Jacques Antoine se portera acquéreur en novembre 1988 pour la production de la célèbre série télé). Jacques Antoine a aussi participé à quelques scénarios de films et écrit comme co-auteur et complice de Pierre Bellemare.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
AVRIL 2014