DANS L’OMBRE DE CLARISSE, MADELEINE ROBITAILLE

<Au moment où Luce mettait les pieds sur la galerie,
la tête pleine de supputations, un long hurlement
lui fit dresser les cheveux sur la tête. Les plaintes
derrière la porte de la salle de bain continuaient,
plus sourdes. Charlotte ne se plaignait jamais pour
rien.>
(Extrait : DANS L’OMBRE DE CLARISSE, Madeleine
Robitaille, Éditions de Mortagne, 2009, édition
numérique, 200 pages, papier : 380 pages)

Clarisse est la grand-mère de Charlotte et de ses sœurs: nez plat, front large, des mains comme des battoirs, un corps massif et imposant, et une voix qui s’apparente à un grognement. D’où le surnom dont l’ont affublée ses petites-filles : la Bouledogue. Le jour où Clarisse doit venir s’installer chez elles, à la suite d’un drame qui laisse leurs parents incapables de s’occuper d’elles, l’existence des quatre sœurs prend la tournure d’un cauchemar. La bouledogue ne lésine pas sur les méthodes les plus cruelles. Charlotte, la rebelle, regrettera de ne pas avoir plié l’échine. Sa résistance la conduira tout droit à l’horreur, à l’inimaginable.

LE CRÉPUSCULE DES AURORES
*Cette souffrance qui transperçait chacune
de ses cellules, qui précipitait son souffle…
elle serrait les mâchoires, griffait son
matelas. La limite de l’insupportable
approchait…*
Extrait

Ce livre est un cauchemar qui se prête bien au cliché comptant parmi les plus répandus : ÂMES SENSIBLES S’ABSTENIR. Dans cette histoire le fil conducteur s’installe rapidement et est relativement simple : Un père de famille, Daniel a un accident et se retrouve dans un coma irréversible.

Rachel, la mère, essaie de gérer le mieux possible avec ses quatre enfants : Les jumelles Janet et Coralie appelées affectueusement les sauterelles, Luce et la plus vieille, Charlotte, 17 ans que le lecteur suit plus particulièrement.

Pour aider Rachel dans sa tâche, Clarisse la mère de Daniel, une femme dans le milieu de la soixantaine, baraquée et à la mentalité d’un autre âge s’installe comme si de rien n’était et impose sa présence dès le départ. La présence de cette femme devient un cauchemar pour la famille :

*Maman, c’est une vieille chnoque! Elle veut tout contrôler! Imagine-toi qu’elle m’a même fait épousseter les prises du téléphone, en plus, écoute bien celle-là, j’ai nettoyé les robinets de la salle de bain avec des cotons-tiges.* (Extrait) Disons que c’était mal barré et effectivement c’est allé très loin.

Les quatre sœurs appelaient Clarisse *la bouledogue*. Mais dans les faits, c’était pire que ça. En peu de temps, tout a dégénéré dans cette famille. Selon Clarisse, l’éducation c’était se soumettre ou souffrir. Elle a pris les affaires en main et a mis Rachel au repos en la gavant de somnifères.

Autrement dit, Clarisse a mis Rachel hors d’état de nuire pour mettre les enfants au pas, en particulier Charlotte qui subira une torture particulièrement destructrice pour son âge : *L’indisciplinée a fini de se rebeller. On lui a tout coupé! On lui a tout enlevé! La méchante fille a été redressée. Sa grand-mère l’a excisée. Si le fil lâche, elle va te recoudre. Te recoudre. Te recoudre.* (Extrait)

Je vous fais grâce des sévices, punitions et tortures inventés par un esprit malade. En effet, Clarisse est une maritorne costaude, acariâtre. Elle est aussi schizophrène, elle entend la voix de sa défunte mère qui lui dicte ses vieux principes de la discipline de fer, elle est colérique et mentalement instable.

Sa cruauté ne connaît pas de limites. Vous vous demandez peut-être s’il y aura des morts ? Oui il y en aura. Est-ce que justice sera faite ? Ça, c’est à vous de le découvrir.

Ce qui soulève davantage le cœur c’est qu’on suppose que ce genre de drame s’est déjà produit dans notre société ou qu’il pourrait se produire. Cette histoire me rappelle un peu le livre d’André Mathieu : LA PETITE AURORE L’ENFANT MARTYRE ce livre, adapté à l’écran raconte une histoire vraie.

Aurore Gagnon est une petite fille que sa mère a abruti et torturé jusqu’à sa mort à l’âge de 10 ans. DANS L’OMBRE DE CLARISSE est un thriller difficile à soutenir parce qu’il implique des enfants, que l’auteure a rendu attachants d’ailleurs, y compris Charlotte la rebelle qu’on aurait envie de soigner et d’apaiser.

L’histoire comme telle est bien construite mais elle est cruelle, dure et soulève parfois le cœur. La plume de Madeleine Robitaille est ouverte, directe, abrupte et verse dans l’horreur sans même qu’on s’en aperçoive. Elle ne fait pas dans la dentelle et son style d’écriture brasse des émotions qui amènent le lecteur et la lectrice à admettre que Clarisse est folle, à la haïr généreusement et à avoir mal pour les pauvres enfants.

L’histoire soulève aussi des questions comme par exemple comment reconnaître les premiers signes de la maladie mentale. Mais même si les enfants avaient pu reconnaître ces signes, croyez-moi quand je vous dit que l’auteure a tout prévu. Elle a vraiment été très habile.

Donc l’histoire est bien montée, le rythme relativement élevé, il n’y a pas de longueur. Le livre est recommandable mais pas pour tout le monde, les âmes sensibles en particulier. Mais si vous avez envie de flirter avec l’insoutenable et l’inimaginable et la matière à nausée, essayez d’entrer DANS L’OMBRE DE CLARISSE. De deux choses l’une : ou vous allez essayer d’oublier ça rapidement ou vous l’aurez dans la mémoire longtemps… Moi, je verse dans la première option.

Suggestion de lecture : AMEREICAN GODS, de Neil Gaiman

Madeleine Robitaille est née à Mont-Laurier dans les années 1960. C’est dans la magnifique municipalité de Kiamika en haute Laurentides qu’elle trouve un chez-soi. Le goût de l’écriture a toujours été présent mais ce n’est qu’à l’âge adulte qu’elle se lance dans la rédaction d’un premier roman. Madeleine est très inspirée par les sursauts de la température : la chaleur, le froid, la pluie, la neige. ces caprices de la nature sont prétextes à une histoire et adore explorer la psychologie  de ses personnages. Pour elle,  ses romans sont essentiellement des thrillers psychologiques.

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 15 novembre 2019

LE CHIFFREUR, livre de CHRISTINE BENOIT

*…Il resta immobile face au spectacle abominable
qui se jouait dans le salon. Ses jambes vacillèrent
sous l’effet d’une profonde répulsion. Il sentit son
cœur se fendre dans le gémissement qu’il poussa.*
(Extrait : LE CHIFFREUR, Christine Benoit, Les Éditions de
Mortagne, 2007, édition de papier, 480 pages)

Dans une ville provinciale de France, plusieurs meurtres sont commis plongeant la ville dans une psychose générale. À priori, il n’existe aucun dénominateur commun entre les victimes. Le tueur, perfectionniste, utilise un mode opératoire différent pour chaque victime. Seule sa signature prouve le lien entre les meurtres : un nombre tracé au feutre rouge dans la main gauche de chaque cadavre. Dans cette course contre la montre, le capitaine Nichas devra faire appel à une éminente criminologue pour dresser le profil psychologique de ce tueur aux méthodes surprenantes. Quelles sont ses motivations…?

LE TUEUR AU FEUTRE  ROUGE
*Un quart d’heure plus tard, Pierre Belcourt téléphonait
au capitaine Nichas pour lui annoncer qu’il venait de découvrir
…le cadavre de Cyril Lachaume, handicapé mental, trente-trois Ans, égorgé, puis découpé en quatorze morceaux, pièces
manquantes : Viscères et verge. Meurtrier droitier, pas
d’empreintes ni de traces du suspect. Chiffre 2 écrit au feutre
rouge dans la main gauche.*

Cette histoire développe et analyse une folie meurtrière. J’aurais été tenté de dire, l’histoire d’un homme qui se prenait pour Dieu et alors c’eut été une variation sur un thème connu : *Quant à lui, il accédait à l’autorisation merveilleuse d’enlever la vie à celui qui ne la méritait pas. *  (Extrait) mais ce n’est pas aussi simple. Donc les meurtres s’accumulent dans une petite ville de France.

Ces meurtres semblent disparates à une exception près : un chiffre écrit au feutre rouge sur la paume de la main gauche. L’inspecteur Nichas s’enligne pour une cruelle chute de cheveux tellement la pression est forte sur ses épaules : *En cet instant, il ne pouvait que constater l’avance que le meurtrier prenait sur lui…il redoutait l’accélération de sa folie meurtrière*. (Extrait)

Toute la compréhension de cette histoire repose sur la nature des chiffres inscrits au feutre rouge sur une main des victimes. Et les policiers sont très longs à décoller sur cette piste, ce que je n’ai pas très bien compris : *Son seul regret : la police pataugeait. Il regrettait la stupidité des inspecteurs. À tort, il avait pensé qu’en leur laissant des messages chiffrés les flics comprendraient son but.* (Extrait)

Au début, j’ai vraiment cru que les chiffres sur les mains représentaient un ordre chronologique des meurtres. Je me suis vite rendu compte qu’il s’agissait d’une toute autre chose. En fait, le meurtrier avait détourné à des fins personnelles la valeur symbolique universelle des chiffres.

Les policiers ont fini par comprendre, et moi aussi qu’il n’y avait qu’une façon de résoudre ces meurtres, c’est en passant par la symbolique des nombres, la kabbale et l’alchimie. C’est là que j’ai commencé à m’ennuyer un peu.

Le chiffreur est un parfait illuminé qui croit manifester la volonté céleste. Pour comprendre le récit, à la kabbale et à l’alchimie s’ajoute la compréhension d’une psychologie très complexe qui dépasse de loin l’explication classique de l’enfance difficile.

Là où je veux en venir, c’est qu’à partir du moment où les policiers s’accrochent à la piste ésotérique, vous avez au moins deux spécialistes de la question qui viennent nous faire un cours sur la symbolique des nombres, sujet très complexe pour les non-initiés et qui fait que l’ouvrage accuse une lourdeur inadmissible.

Le tarot, la voyance, l’occultisme, la symbolique, l’alchimie…tous ces sujets ultra spécialisés éloignent le lecteur du sujet, diluent l’intrigue et ont provoqué chez moi une baisse d’intérêt. Le sujet demeure original mais je crois que l’auteure aurait pu couper court ou tout au moins alléger le sujet et garder solide le fil conducteur du récit.

*Une vengeance dans un esprit simple fonctionnait sur le registre œil pour œil, dent pour dent, et ne s’encombrait pas de tout ce folklore hermétique. Un intellectuel dépressif pouvait tout à fait cacher ses actions monstrueuses sous un fatras mystico-philosophique.* (extrait)  Pas de quoi écrire un volume à l’intérieur d’un volume et distraire ainsi le lecteur qui ne sait plus où donner de la tête.

En dehors du fait que le livre est un peu trop didactique à mon goût, LE CHIFFREUR est un bon drame policier. Sa trame est lourde mais elle est tout de même originale. Les personnages ont été très bien travaillés.

L’auteure, Christine Benoit leur a donné une dimension humaine intéressante un peu comme Nora Roberts le fait dans ses drames policiers avec des détails qui prennent souvent par surprise mais qui consacrent la crédibilité des personnages. En général, c’est bien ficelé.

Je crois toutefois important de rappeler que lorsque vous arriverez dans la partie du récit qui explore à fond la piste ésotérique, il faudra jouer le jeu de la patience et essayer de vous mettre dans l’esprit du chiffreur. Revoyez les extraits de cet article pour vous mettre en piste. Moi je ne l’ai pas trop regretté car je dois admettre que l’auteure nous a ménagé une finale intéressante.

L’exploration intéressante d’un esprit tordu… à lire si vous êtes patient…

Suggestion de lecture : SI JE TE RETROUVAIS, de Nora Roberts

Christine Benoit a enseigné l’économie et le droit du travail pendant 10 ans. Depuis 1991, elle dirige une clinique médicale et occupe les fonctions de gestionnaire dans une entreprise de restauration collective ainsi qu’au sein d’une entreprise agroalimentaire, qu’elle a respectivement créées en 1993 et 1996. Jonglant d’une main de maître avec un horaire chargé, elle réussit le tour de force de prendre la plume pour publier son deuxième thriller : LE CHIFFREUR.

BONNE LECTURE
Claude Lambert

le dimanche 22 septembre 2019

VOL AU-DESSUS D’UN NID DE COUCOU, de KEN KESEY

*Le martyr de McMurphy est aussi un martyr
chrétien. Ce livre noir est aussi un livre
rayonnant de joie de vivre et un plaidoyer.
Il s’agit de mieux comprendre, de mieux
prendre conscience du monde fou dans
lequel nous vivons.*

(Extrait : VOL AU-DESSUS D’UN NID DE COUCOU,
Plus précisément le texte AVERTISSEMENT signé
André Bay et précédent le récit  de Kesey, Ken
Kesey, Édition Stock de 2002, réédition, édition
numérique, 290 pages)

Dans une maison de santé, une redoutable infirmière fait régner, grâce à un arsenal de « traitements de choc », un ordre de fer, réduisant ses pensionnaires à une existence quasi-végétative avec des psychotropes, des électrochocs et même des lobotomies. Surgit alors McMurphy, un colosse irlandais, braillard et remuant, qui a choisi l’asile pour échapper à la prison. Révolté par la docilité de ses compagnons, il décide d’engager une lutte qui devient peu à peu implacable et tragique. McMurphy sera à l’origine non seulement d’un sentiment de révolte chez les internés, mais aussi d’une prise de conscience de leur personnalité et de leurs conditions de vie.

AVANT-PROPOS

Les origines du titre VOL AU-DESSUS D’UN NID DE COUCOU  sont contestables pour plusieurs. Pour moi, ce titre pourrait très bien symboliser la lobotomie. Mais la version la plus courante laisse à penser que le *nid de coucou* représente l’asile et le *vol* représenterait la seule personne qui a réussi à s’échapper de l’asile : l’indien, le chef Bromdem, c’est-à-dire le narrateur.

UN CLASSIQUE INDÉMODABLE
*Ne reconnaissez-vous pas l’archétype du
psychopathe? Je n’ai jamais vu un cas de
psychopathie aussi manifeste. Cet homme,
c’est Un Napoléon, un Gengis Khan, un
Attila.*
(Extrait : VOL AU-DESSUS D’UN NID DE COUCOU)

C’est un livre très dur, une histoire à haute intensité dramatique que j’ai fini par lire peut-être une vingtaine d’années après avoir vu le film, adaptation remarquable du réalisateur Milos Forman.

Même si ce livre a été un des plus commenté et critiqué dans l’histoire de la littérature américaine, force est de constater qu’il a été un mis dans l’ombre par le film, à cause, en particulier de l’interprétation magistrale de Jack Nicholson qui s’est approprié le rôle du rebelle McMurphy avec un naturel désarmant.

Mais le livre vaut la peine d’être lu, je le considère même meilleur que le film car la plume extrêmement puissante de Ken Kesey appelle à l’angoisse dès le début et vient nous rappeler, grâce à un sordide jeu de pouvoir, cette fâcheuse tendance de toutes les sociétés à vouloir contrôler leurs sujets.

Le fil conducteur est simple à suivre : dans un asile psychiatrique, une redoutable infirmière fait régner une discipline de fer grâce à toute une panoplie de traitements de choc, réduisant les pensionnaires à une existence quasi végétative. Les choses vont changer dès le jour où Randal McMurphy, personnage subversif, exubérant et rebelle arrive à l’asile parce qu’il a choisi cette solution pour échapper à la prison.

Pendant un certain moment de lecture, je me suis demandé qu’est-ce que McMurphy faisait dans ce décor, me disant qu’il était loin d’être fou. Mais j’ai compris assez vite que, révolté par la docilité de ses compagnons à l’égard de l’infirmière, qui est une véritable peau de vache, McMurphy s’est engagé dans une lutte qui devient graduellement implacable et dramatique :

*…eh bien, j’ai été étonné de constater à quel point vous êtes sains d’esprit, tous autant que vous êtes. Pour autant que je puisse en juger, vous n’êtes pas plus fous que le trou-du-cul moyen qui se balade en liberté.*(Extrait)

Dès lors, le récit se concentre sur un impitoyable jeu de pouvoir qui retiendra définitivement l’attention du lecteur allant jusqu’à prendre une très intéressante valeur de symbole révélatrice de la vie actuelle : d’un côté la répression et la coercition et de l’autre, un appel à la tolérance, à l’ouverture d’esprit et à la liberté.

Autre fait intéressant et magnifiquement mis en mots dans le récit de Kesey, l’agitateur devient, aux yeux de ses pairs, un héros…une solution au conformisme crasse qui caractérisait la société des années 60 en général et les institutions psychiatriques américaines en particulier:

*Il était un géant descendu du ciel pour nous libérer du système qui ligotait le monde de son réseau de fils électriques et de cristaux, un être de trop d’envergure pour se soucier de mesquines questions d’intérêt.*(extrait)

Le récit est narré par un vieil indien, un géant qui fait semblant d’être sourd depuis son arrivée à l’asile il y a des années. Tout comme le lecteur, l’indien est témoin et raconte les tentatives habiles de McMurphy pour donner aux pensionnaires de l’asile de la personnalité, une raison de vivre, de se battre.

VOL AU-DESSUS D’UN NID DE COUCOU est un livre en quatre parties. Il n’y a pas de chapitres, pas de temps mort, peu de diversions. C’est un crescendo de révolte et de frustrations. Le livre m’a fait vibrer et passer par toute une gamme d’émotions.

Tantôt j’étais choqué et triste, tantôt fasciné et admiratif. Ce fût pour moi un moment de lecture intense et touchant…le temps s’est arrêté, effet d’une plume habile et sans compromis qui ne laisse pas indifférent.

Je vous recommande la lecture de VOL AU-DESSUS d’un nid de coucou. Une œuvre de premier plan…une grande lecture…

Ken Kesey (1935-2001) était un écrivain américain natif du Colorado. Il s’est prêté à des expérimentations de drogues entraînant temporairement des états de psychose. Continuellement sous acide, Kesey est embauché dans un hôpital. C’est de cette étrange expérience que naîtra son premier roman : VOL AU-DESSUS D’UN NID DE COUCOU, un succès immédiat qui sera adapté au cinéma par Milos Forman. D’autres titres à succès suivront dont SOMETIMES A GREAT NATION, adapté au cinéma en 1963 sous le titre : LE CLAN DES IRRÉDUCTIBLES.

VOL AU-DESSUS D’UN NID DE COUCOU AU CINÉMA
Le livre de Ken Kesey a été adapté au cinéma par Michael Forman. Le film est sorti en 1976 et a fait époque avec 15 prix et 5 nominations.
Le film met en vedette Jack Nicholson

Et Louise Fletcher…la redoutable infirmière

La presse a salué ce film. Le journaliste Jacques Doyon écrivit, peu après la sortie du film en 1976 : *Voilà un film qui est grand parce que fait à l’intérieur d’un système, il nous atteint et nous transforme*.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le samedi 20 octobre 2018

DÉSAXÉ, le livre intense de LARS KEPLER

*Margot observe le carnage pendant un moment, les traces de violence, le sang provenant du couteau qui a frappé, le jaillissement du sang artériel sur la
porte lisse d’un meuble de cuisine et le sang répandu par la lutte de la victime et les mouvements spasmodiques du corps.*
(Extrait : DÉSAXÉ, Lars Kepler, Albert Bonniers Förlag, Stockholm, 2014, Pour la traduction française : Actes Sud, 2016, édition numérique, 1090 pages.)

La police suédoise met tout en œuvre pour traquer un voyeur meurtrier qui filme et met en ligne sur Internet ses exploits avant de tuer. Devant un esprit aussi tordu, la police est dans l’impasse jusqu’à la découverte d’un homme en panique sur les lieux d’un nouveau meurtre. En état de choc, l’homme ne se souvient plus de rien. Pour sonder sa mémoire perdue, la police fait appel au docteur Erik Maria Bark, un hypnotiseur. Bark fera des découvertes troublantes qui pourraient bien se retourner contre lui-même et devenir fatales. Pourtant le temps presse…les morts s’accumulent…

AVANT-PROPOS :
STALKER, STALKING (traque furtive)

Ce sont des termes que l’on entend surtout dans les milieux psychiatriques et policiers. Le stalking est une forme active de harcèlement et de voyeurisme obsessionnel. Celui qui pratique le stalking est un stalker.

Le problème avec le stalking est que s’il débute le plus souvent par une tentative amicale. il débouche souvent sur une haine obsessionnelle. Cette pratique devient alors une névrose qui peut pousser au crime…elle part du fait de suivre et espionner des victimes, les intimider, voire les filmer, et peut aller jusqu’au harcèlement et à l’agression.

Traquer sus au stalker
*…elle était là, dans son imperméable jaune,
à regarder sa mère. Le visage d’Anna était
en bouillie, il y avait du sang partout,
jusqu’au…
(Extrait : DÉSAXÉ)

C’est un long roman sans longueur. Paradoxal? Pas du tout! D’entrée de jeu, je dirai que j’ai passé un très bon moment de lecture avec cette brique de Lars Kepler. La trame est intense, mais le fil conducteur est solide : quatre meurtres d’une indescriptible violence qui rappellent un autre meurtre commis neuf ans plutôt et pour lequel un pasteur a été incarcéré.

Pour avancer dans l’enquête, la police a besoin de la mémoire de ce pasteur accro à l’héroïne : Rocky Kyrklund. C’est là qu’intervient l’hypnotiseur Erik Maria Bark, personnage récurrent dans l’œuvre des auteurs et c’est là que débute une impitoyable course contre la montre.

Le chasseur devient le chassé…car on peut dire que la conscience de Bark n’est pas tout à fait nette. La police se rend très vite compte qu’elle a affaire à un stalker, c’est-à-dire un voyeur obsessionnel.

J’ai été très vite captif de ce récit et même que dans le dernier quart, j’ai péché un peu par addiction tellement il était difficile de lever le nez du livre à cause d’un enchaînement rapide de rebondissements, un rythme très rapide et la chaîne d’évènements dramatiques qui nous amène à la découverte de la personne coupable la plus improbable…

Un petit irritant : la policière Margot qui enquête sur cette dangereuse affaire alors qu’elle est au dernier stade de sa grossesse…elle mange tout le temps…le bébé bouge…elle perd ses eaux à un assez mauvais moment…ordinaire, agaçant et sans rapport.

Autre petit détail, j’ai trouvé la traduction un peu pénible par moment. Mais c’est quand même surmontable. Je suppose qu’on peut se familiariser au style d’un traducteur comme on le fait pour un auteur.

Il y a surtout beaucoup de forces à souligner : le rythme effréné, l’intensité des personnages, je pense en particulier à Jackie, une pianiste aveugle qui tente d’échapper au monstre dans une maison puante qui tombe en ruine…

Pas facile pour une aveugle et tout un défi pour les auteurs de faire vivre au lecteur comme si c’était en temps réel, les émotions, les tensions intérieures, la peur voire la morbidité que vit Jackie alors qu’elle tente d’échapper à une mort horrible. Comme lecteur, j’avoue que j’ai souffert pour Jackie tellement les auteurs ont trouvé les mots précis, le ton juste avec cet art de provoquer le frisson. Ça m’a remué…

Ajoutons à cela la qualité de l’intrigue et la recherche qu’elle a nécessitée, l’originalité du sujet si on tient compte de la psychologie des personnages et de l’exploitation d’un thème un peu discret en littérature policière : le stalking…

C’est sans compter la douce toponymie chantante de la Suède, la trame qui nous fait découvrir Stockholm en particulier et la Suède en général, même si elle n’est pas particulièrement flatteuse pour ses services policiers et judiciaires.

Donc si une veille littéraire du genre NUIT BLANCHE vous intéresse, lisez DÉSAXÉ. Bien avant le dénouement que j’ai trouvé pour le moins surprenant, vous comprendrez très vite que le livre porte bien son titre.

Suggestion de lecture : ÉCRIRE LE MAL, de Claude Champagne

LARS KEPLER est le pseudonyme d’un couple d’auteurs suédois qui se sont spécialisés dans le roman policier : ALEXANDRA COELHO AHNDORIL née en 1966 à Helsingborg et ALEXANDER AHNDORIL né en 1967 à Stockholm. Chacun a écrit plusieurs romans en solo mais en 2009, ils ont décidé de coécrire leur premier roman : L’HYPNOTISEUR adapté par la suite au cinéma en 2012 par Lasse Hallström.  C’est cet hypnotiseur, Erick Maria Bark qui récidive dans DÉSAXÉ au côté de l’inspecteur Joona Lina.

BONNE LECTURE
JAILU
Le dimanche 29 octobre 2017

MORT AUX CONS, livre de CARL ADERHOLD

*Je savais enfin contre qui
je me battais. J’avais enfin
mis un nom sur leur visage.
Le con. M’écriais-je,
voilà l’ennemi!*
(Extrait : MORT AUX CONS,
Carl Aderhold, Hachette 2007,
rééd. Fayard 2011. 687 pages

Soucieux de développer une société meilleure basée sur le respect, l’amitié, l’entraide et l’empathie, un homme cible d’abord l’intérêt démesuré que portent les humains pour les animaux. Il décide donc de tuer et faire disparaître les animaux domestiques de son quartier. Si le plan fonctionne au départ, il n’atteint pas vraiment ses objectifs et c’est là que notre homme décide simplement de partir en guerre contre la connerie et d’éliminer une race d’humains qui prolifère un peu trop à son goût : Les cons. Ne réussissant pas à arrêter une définition claire et nette du con typique, il extermine ici et là tous ceux qui l’embêtent ou qui l’ennuient. 

Tueur de cons en série
*J’avais l’impression d’être un super-héros qui
vient de découvrir ses superpouvoirs. Littéralement,
je planais au-dessus des choses. Le simple fait de
savoir qu’il existait…une possibilité rapide de
mettre fin à toute nuisance, me procurait un
sentiment de complet détachement vis-à-vis des
contingences…ma démarche est une vraie
démarche scientifique.
(Extrait : MORT AUX CONS)

Au début l’auteur peint le tableau d’un couple normal devant sa télévision où la chatte de la voisine vient se faire câliner. Christine va se coucher, l’homme reste à regarder une émission et se fait mordre par le petit animal. Il décide tout bonnement de la jeter par la fenêtre (4° étage). Elle meurt.

Le lendemain, une solidarité se développe vis-à-vis de la maîtresse. Le personnage principal veut voir le retour de l’amitié, plus de contact, de solidarité…. Il extermine donc tous les animaux domestiques du voisinage. Au début sa technique marche mais très vite des clans se forment et se disputent. Il est sur le point de se faire démasquer par la concierge, il la tue donc.

C’est à ce moment-là que sa lutte contre les cons commence. Il décide de trouver une théorie pour ne pas faire d’erreurs mais il ne parvient pas à trouver quelque chose de stable.

Il extermine tous ceux qui l’ennuie. Il tue « pour un oui et un non » sans raisons bien valables à part que la personne ne lui convient pas au niveau caractère. Il ne se prend pas pour un tueur jusqu’à ce qu’un flic vienne l’arrêter et c’est sa peur de la prison qui lui fait faire son geste. Par la suite il essaye de faire comprendre à l’opinion son combat et d’être légitimé.

Je n’apprécie pas du tout le style de l’auteur, même le but de son ouvrage est négatif. Les tueries sont toutes les fois très répétitives. Il nous peint un personnage peu tolérant, égoïste, qui veut être seul au monde … Heureusement qu’il n’existe personne avec un caractère aussi négatif, même un sérial killer me paraît plus sympathique.

On ne retient rien de sa théorie sur les cons, il ne créait rien de bien nouveau. Je suis même choqué qu’un personnage aussi peu tolérant existe dans un roman en effectuant autant de meurtres aussi facilement.

Du coup, je n’ai absolument rien retiré de cet ouvrage (même peu de distraction), aucune théorie, aucune fable :rien . Peut-être n’ai-je pas compris mais j’en doute, le sens réel de ce livre !!!!

Suggestion de lecture : LA CONSTELLATION DU LYNX, de Louis Hamelin

Carl Aderhold est un écrivain français né dans l’Aveyron en 1963. Fils de comédiens, il a poursuivi des études d’histoire avant de se spécialiser dans la littérature du XVIIIe siècle. Il est actuellement directeur éditorial chez Larousse dans le domaine des sciences humaines. MORT AUX CONS est son premier livre publié en 2007. (50,000 exemplaires vendus toutes éditions confondues) Ont suivi : LES POISSONS NE CONNAISSENT PAS L’ADULTÈRE en 2010 (15 000 exemplaires vendus en première édition) et FERMETURE ÉCLAIR en 2012.

BONNE LECTURE
JAILU/CLAUDE LAMBERT
20 novembre 2016

L’ANGE, le livre de MICHEL RIETSCH

*Les quelques dents qui pendaient encore aux
gencives furent éjectées par un ultime hoquet
de douleur…il était mort en catastrophe, trop
vite en tout cas pour que ses terreurs puissent
être convenablement créditées.*
(Extrait : L’ANGE, Michel Riestsch, Éditions Black-ebook,
octobre 2013, version num. 220 pages)

Dans les Vosges (France région Lorraine) un dangereux psychopathe, tueur en série, monstre sans pitié s’évade d’un hôpital où il était suivi par le docteur Sonnenfeld, un psychiatre au professionnalisme douteux. En liberté, Wilfried devient comme un fauve et s’adonne avec délectation à son activité préférée : tuer, massacrer. Parallèlement aux forces policières, Sonnenfeld décide de traquer sans relâche le tueur. Cette quête amènera le psychiatre aux sommets de l’horreur, aux limites de l’imaginable. C’est une traque contre la montre et le temps fait défaut.

Terrifiant. Rien de moins
*…la barre effectua un arc de cercle de golfeur
et arriva à toute vitesse en plein sur la
bouche qui éclata en une gerbe de sang.
Sous le choc, la tête heurta violemment le
mur arrière et l’homme perdit
connaissance.
Déjà dans les pommes? Petite nature va!
(Extrait : L’ANGE)

C’est un livre étrange, un récit noir, glauque, développé dans une écriture typique de Rietsch qui agrippe le lecteur sans lui laisser de répit ou très peu. Il est très difficile de résumer un tel livre, car dévoiler ne serait-ce qu’une bribe amènerait rapidement le lecteur à la conclusion.

Il faut le lire et se laisser aller dans ce récit aux développements imprévisibles, récit qui est aussi un voyage dans les méandres visqueux d’un esprit torturé qui ne tire jouissance que dans le meurtre et la torture autant physique que psychologique. Bref, l’esprit d’un monstre.

On ne peut pas vraiment résumer une telle descente dans l’horreur mais je peux mettre le lecteur sur le sentier en dévoilant, très partiellement, comment l’auteur dévoile la nature de Wilfried : *…car ses méfaits étaient soutenus et organisés par une intelligence structurée su service d’une perversité démoniaque.*

Ou plus habile encore : *Mais avant d’avoir été véritablement en contact avec la vie, … la beauté de la mort l’habitait déjà. Qu’y pouvait-il? C’est une des raisons qui l’avait décidé à opter pour une distraction un peu différente de l’idée qu’on s’en faisait habituellement : tuer. Un loisir qui en vaut un autre.* (Extraits)

Je pourrais aussi mettre le lecteur sur le sentier d’une compréhension partielle en disant que le titre du livre est justifié : *Les anges n’ont pas de sexe mais ils ont de l’imagination.* (Extrait) …il y a là une petite saveur de surnaturel, de fantastique et aussi de recherche sur le plan psychologique.

C’est un thriller efficace, une course contre la montre qui entraîne malgré lui le lecteur qui ne peut absolument pas imaginer la suite des évènements. L’intensité de l’écriture et le rythme parfois effréné bousculent le lecteur mais le *laisse difficilement s’échapper*.

Quant aux versions du livre : censurée et non censurée, préférant ne pas trop penser qu’on puisse me prendre pour une poire, je vous dirai que ça ne change pas grand-chose, car si vous avez l’âme sensible, je vous déconseille tout simplement la lecture de ce livre que ce soit en version censurée ou pas. Vous éviterez ainsi de tomber dans le petit piège d’une banale opération de marketing.

En conclusion, je suis bien conscient que je n’ai pas dévoilé grand-chose de l’intrigue, mais si vous êtes d’attaque et pas trop sensible, je vous recommande la lecture de ce livre qui n’est pas très long. Laissez-vous simplement guider par l’auteur dans une atmosphère opaque, bizarre, teintée d’un humour pour lequel je serais tenté d’utiliser les mêmes qualificatifs.

…un livre fort avec, au programme humour noir et mort blanche…

Suggestion de lecture : L’HEURE DE L’ANGE, d’Anne Rice

Michel Rietsch est un auteur français né à Strasbourg en Alsace (est de la France) en 1956. Dès son adolescence, il s’intéresse aux livres et aux auteurs susceptibles d’exacerber ses rêves de voyage et de liberté. C’est pendant cette période qu’il apprendra son métier de cuisinier. Par la suite il réalisera ses rêves de voyage qui l’amèneront d’aventure en aventure avant qu’il se réinstalle en Alsace, 17 ans plus tard, pour y exercer son métier de cuisinier et…pour écrire… dans différentes maisons d’édition.

Il a publié entre autres LA NOTATION, bien sûr L’ANGE en deux versions, censurée et non-censurée, parues chez Black-Ebook en 2013, je cite aussi DU SEL ET DES HOMMES qui relate la grande aventure qui a marqué l’histoire et l’économie de l’Alsace. Rietsch réside dans les Vosges en Lorraine.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
AOÛT 2015

NOIRE RÉVÉLATION, le livre de BRENDA NOVAK

trilogie de Stillwater tome 3

*Intéressant qu’elle tombe sur un magazine de
cul dans le bureau de son père, vous ne trouvez
pas? Demanda Hunter. Pour quelqu’un qui


promet l’enfer dimanche après dimanche à
ceux qui commettent le péché de chair, ça fait
un peu désordre non?*
(extrait de NOIRE RÉVÉLATION, le tome 3 de la
trilogie STILLWATER de Brenda Novak. Éditions
Harlequin, coll. Mira, 2010, édition. Numérique)

Vingt ans après la mystérieuse disparition de son père dans la petite ville de Stillwater, Madeline voit son existence à nouveau ébranlée par ce drame : la voiture de son père est retrouvée dans un recoin d’une carrière abandonnée. Madeline engage Hunter Solozano, un détective privé pour enquêter et remonter la piste. Ce dernier découvre de sérieux indices dans la voiture. Madeline veut pousser l’enquête et éclaircir le mystère, ce qui rend sa famille mal à l’aise. Ses proches tentent en effet de détourner Madeline de son investigation et garde un silence plutôt culpabilisant sur les mystérieux évènements d’il y a 20 ans. Il y en a semble-t-il, qui ont beaucoup à cacher.

Après NOIR SECRET et NOIRS SOUPÇONS,
NOIRE RÉVÉLATION…
Tout ce qu’il y a de plus noir…
*Norman jeta un coup d’œil vers le
cadavre ballonné et de nouvelles
gouttes de sueur se formèrent sur
son front plus pâle que jamais.*
(extrait de NOIRE RÉVÉLATION)

Premier point important, même si NOIRE RÉVÉLATION est le troisième volet d’une trilogie, il peut se lire indépendamment des deux autres. C’est ce que j’ai fait. Les retours dosés sur le passé sont suffisants pour nous plonger et nous maintenir dans l’atmosphère pesante du récit.

Dans ce récit, Madeline, jeune journaliste de Stillwater se morfond parce que la disparition de son père 20 ans plus tôt n’a jamais été élucidée. Son père était pasteur, un homme apprécié, aimé, respecté. Au début du récit, une voiture est retirée d’une rivière…la voiture du pasteur…l’enquête est relancée mais Madeline, ne faisant pas confiance à la police locale engage un détective privé : Hunter Solozano. Et voilà que tout le monde devient nerveux et mal à l’aise.

C’est un récit dur qui dévoile à la petite cuillère la personnalité d’un véritable monstre. C’est un roman efficace en particulier parce que dans le récit, tout le monde dans la famille de Madeline a quelque chose à cacher, et ce quelque chose a toutes les apparences d’une collusion visant à empêcher l’éclatement de la vérité. Ça complique terriblement l’enquête de Solozano. Le fil conducteur est assez serré et fige l’attention du lecteur.

Un point m’a singulièrement agacé dans le récit : c’est un cliché répandu…la belle jeune femme, à cheval sur sa pudeur et mêlée dans ses sentiments engage un détective de type adonis, récemment divorcé et…surprise…une amourette couve dès la première rencontre et se développe avec l’enquête. Les deux éléments finissent par s’imbriquer et évoluer ensemble et il est très facile de deviner comment ça va finir…c’est ordinaire et agaçant.

Heureusement, Novak garde son lecteur dans le coup et l’attire inexorablement dans l’horreur car ce qui sera révélé s’inspire de la cruauté et de la folie insoutenable.

Je vous dirai en terminant que Brenda Novak ne fait pas dans la dentelle avec NOIRE RÉVÉLATION. Plusieurs passages sont de nature à soulever le cœur. Ne lisez pas ce livre si vous avez l’âme très sensible car la brutalité, la perversité et la cruauté y sont révélées souvent de façon crue et directe.

Puisqu’il est question de pédophilie, le livre suscite une réflexion sérieuse sur une corde extrêmement sensible de la société et semble vouloir nous livrer le message classique et trop souvent oublié : ne jamais se fier aux apparences.

Suggestion de lecture : LES MYSTÈRES D’AVEBURY de Robert Goddart

Brenda Novak est une auteure américaine spécialisée dans les romans sentimentaux et les thrillers. Elle publie son premier livre chez Harper Collins en 1999 : OF NOBLE BIRTH traduit en français sous le titre DE NOBLE NAISSANCE et depuis, sa notoriété est grandissante avec plus d’une trentaine de titres et de nombreuses nominations à de prestigieux prix littéraires.

Elle a affiné son art en imprégnant ses ouvrages d’une forte intensité psychologique. Brenda Novak qui a déjà vendu plus de 4 millions de livres dans le monde est mère de 5 enfants et vit à Sacramento en Californie. Elle œuvre comme bénévole dans le financement de la lutte contre le diabète.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
JUILLET 2015

CONTRE DIEU, le livre de PATRICK SÉNÉCAL

Éditions COUP DE TÊTE, 2010

Un homme perd sa femme et ses deux enfants dans un accident de la route. Dès lors, son esprit basculera complètement, ne cédant la place qu’au chaos et à une vertigineuse descente aux enfers. Au cours de cette errance infernale, l’homme se liera d’une amitié étrange et froide avec une jeune femme qui souffre elle aussi. Violence et noirceur pourraient atteindre leur paroxysme si l’homme apprend la véritable identité de la femme.  

C’est le livre le plus étrange qu’il m’a été donné de lire. Ce livre est une longue phrase d’une centaine de pages (pas de points, pas de majuscules mais une tonne de virgules) et essentiellement livrée à la deuxième personne du singulier de l’indicatif présent dans un texte peu ventilé…une conscience qui narre à son propriétaire ses actes insensés, ses pensées détraquées.

Je me suis senti comme le lecteur transformé en une minuscule molécule injectée dans un cerveau malade et à qui on demande de trouver le fameux grain de sable qui rend patraques tous les rouages de l’esprit.. un voyage fantastique mais d’une noirceur à donner des cauchemars dans un esprit troublé.

Ce n’est pas le meilleur de Patrick Sénécal, mais ça reste du Patrick Sénécal : un récit sombre au possible, peu de répit pour le lecteur, une écriture parfois complexe qui a ce don inné chez Sénécal de créer et d’entretenir la peur et l’horreur et qui pousse inévitablement le lecteur à se demander comment un être humain peut descendre aussi bas.

C’est un récit fascinant qui risque de terroriser les cœurs sensibles. Le point culminant du livre est totalement imprévisible et relève du coup de maître.

Je recommande ce livre à ceux et celles qui, comme moi, ne dédaignent pas à l’occasion, un petit exercice de torsion intellectuelle. Traduction : c’est tordu, mais c’est génial.

Bonne Lecture

Lecture suggérée, du même auteur : LE VIDE

JAILU
Janvier 2013

(En Complément…)