L’apothicaire

Commentaire sur le livre 
D’HENRI LOEVENBRUCK 

*Malgré le froid et l’heure matinale, les ouvroirs bigarrés des épiciers envahissaient l’allée, avec leurs odeurs mêlées de suif à bougies, de cannelle, de gingembre… et de clou de girofle. L’apothicaire soupira. Ces vulgaires marchands faisaient passer de simples blandices pour de vrais médicaments en les vendant à des prix que seule la mode expliquait, sans les justifier pour autant. *

Extrait : L’APOTHICAIRE, de Henri Loevenbruck. Édition de papier : Jailu éditeur 2013, 800 pages. Format numérique : Flammarion éditeur, 2011, 774 pages, 1517 KB, version audio : Audible studios éditeur, 2017, durée d’écoute : 22 heures 22 minutes. Narrateur : Jean-Christophe Lebert.




Une grosse machination




L’APOTHICAIRE est un roman historique qui pourrait bien être addictif pour de nombreux lecteurs et lectrices à cause des faits historiques qui y sont détaillés, soutenus par une imposante recherche, du caractère intrigant de l’ouvrage et de la qualité de ses personnages.

Nous suivons un énigmatique personnage, Andreas Saint-Loup, appelé l’apothicaire car il est très versé dans les soins du corps par les plantes. Saint-Loup est un peu atypique pour son époque et intrigue beaucoup ses contemporains. Nous suivons aussi son apprenti, Robin Messonier, adolescent à l’esprit vif, et une jeune fille appelée Aaliss qui a fui la cruauté de ses parents et croisé le destin de l’apothicaire et de Robin. Maintenant résumons brièvement l’histoire.

Nous sommes en France, en 1313, sous le règne du roi Philippe IV LeBel, celui-là même qui a envoyé au bûcher les derniers templiers. (voir LES ROIS MAUDITS de Maurice Druon) Un matin de la nouvelle année, un apothicaire, Andreas Saint-Loup, découvre qu’il y a une pièce dont il n’a jamais réalisé l’existence, à mi-étage de sa boutique. À partir de ce moment, et de celui où il découvrira une toile effacée du tiers de sa surface, la vie de Saint-Loup basculera complètement.

Une chaîne d’évènements amène la cour de France à accuser l’apothicaire d’hérésie ce qui pousse Philippe LeBel à le pourchasser, faisant même intervenir le grand inquisiteur de France, le redoutable Guillaume Imber qui joua un sinistre rôle dans le sort des templiers, un autre produit de la charité débordante de l’Église.

L’apothicaire, son apprenti et Aaliss deviennent des fugitifs et frôlent la mort. Saint-Loup, obsédé par la présence de sa chambre mystérieuse entreprend, parallèlement la recherche du *livre qui n’existe pas*. Le périple entraînera nos héros sur les traces du prophètes Moïse, jusqu’au buisson ardent sur le mont Sinaï. 

J’ai trouvé ce roman très fort, nullement influencé par une partie de la masse critique qui considère le récit lourd et parfois ennuyeux à cause de ses longs descriptifs historiques et religieux. Moi j’ai adoré ça car j’ai appris beaucoup de choses qui ont totalement mobilisé mon attention et les exemples sont nombreux. Je dois me limiter évidemment.

J’ai lu par exemple, avec beaucoup d’intérêt, les origines du Chemin de Compostelle, le sens de ce pèlerinage, les mystères de la basilique de Saint Jacques. J’ai appris beaucoup de choses intéressantes, entre autres sur le gnosticisme, le moyen âge qui est magnifiquement bien décrit, sur l’intolérance religieuse, les templiers et même sur le pouvoir des plantes.

J’ai appris beaucoup tout en me divertissant car l’ouvrage est riche d’intrigues, sa finale est renversante. Et ses personnages attachants, Robin en particulier.

Voyons maintenant les faiblesses et irritants. L’ouvrage accuse une surexploitation de locutions latines et grecques. Quoiqu’elles soient bien placées dans le contexte, il y en a trop et ça rend le récit un peu ampoulé, prétentieux. Il faut lire le livre avec patience et aussi de l’intérêt pour le moyen-âge car l’intrigue est souvent noyée dans les descriptifs.

Je crois enfin que le personnage principal manque de fluidité et garde un côté mystérieux jamais vraiment éclairci, abouti. Je l’ai trouvé un peu imbu et je n’ai pas réussi à m’y attacher.

Je me rabats plutôt sur l’exactitude des faits historiques, l’intrigue, qui m’a gardé sur la touche, avec un petit soupçon d’ésotérisme et de philosophie, et la nature de la quête qui est pour le moins originale. Je peux dire que ce roman initiatique a été pour moi un coup de cœur.

Suggestion de lecture, du même auteur : le rasoir d’Ockham


L’auteur : Henri Loevenbruck

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 14 décembre 2025



 

Conte de fées

Commentaire sur le livre de
STEPHEN KING

*J’attendis que les battements de mon cœur ralentissent (un peu), puis me levai en me disant que les marches étaient assez larges pour mes pieds. Ce qui n’était pas tout à fait exact. Avec mon avant-bras, j’essuyai la sueur sur mon front, en me répétant que tout allait bien se passer. Sans y croire vraiment. Malgré tout, je commençai à descendre. *

Extrait : CONTE DE FÉES, de Stephen King. Édition de papier et format numérique : Albin Michel éditeur, 2023, 730 pages. (22672 KB) version audio : Audiolib éditeur, 2023, durée d’écoute, 28 heures 56 minutes, narrateur : Damien Witecka.

LE GRAND KING HABITUEL

Avec quelques nuances

Oui, c’est du grand King mais si son livre m’a intéressé, il ne m’a pas emballé. Jetons d’abord un coup d’œil sur le récit.

Voici l’histoire de Charlie Read, un garçon costaud de 17 ans. Il vit avec son père, alcoolique devenu abstinent. En voulant sauver un vieillard d’une mort certaine, monsieur Bowditch, Charlie hérite d’un secret aussi fantastique que terrifiant : l’existence d’un tunnel accessible depuis le cabanon du jardin du vieil homme et menant à un monde parallèle appelé Empis.

Charlie s’était attaché à la chienne de Bowditch, appelée Radar mais elle était très vieille et arthrosée. Le vieil homme avait raconté à Charlie qu’il existait, à Empis, un cadran solaire magique qui pouvait faire rajeunir son utilisateur qui s’exposait toutefois à de graves dangers.

À la mort de monsieur Bowditch, Charlie décide d’emprunter le tunnel pour accéder à Empis et au cadran solaire et sauver Radar qui était près de l’agonie.

En entrant à Empis, Charlie pénétra dans un monde ravagé par la guerre et menacé par le mal absolu, s’agitant dans les profondeurs et menaçant à la fois Empis et le monde de Charlie : Gogmagog.

C’est une histoire extrêmement longue qui aurait pu être largement simplifiée. Le premier quart de l’histoire était prometteur mais dès que Charlie a pénétré dans Empis, j’ai perdu de l’intérêt sous l’effet d’une plume errante. Je sais depuis longtemps que King s’étend dans ses histoires et travaille ses personnages en profondeur. Mais dans CONTE DE FÉE, je crois qu’il a battu son record.

L’action est très lente et peut amener les lecteurs-lectrices dans toutes sortes de directions. Pas d’horreur, pas de frissons à une exception près : dans le puits obscur, l’action m’a rappelé un peu ÇA.  Est-ce que King s’adoucit ? Heureusement, il ne manque pas d’imagination et il a pu farcir son récit d’idées fort intéressantes.

La partie dite fantastique du récit, soit à partir du moment ou Charlie entre dans Empis est baignée de l’atmosphère des récits d’HP Lovecraft. J’ai beaucoup aimé le clin d’œil que King a fait à ce célèbre écrivain, évoquant Cthulhu, une énorme et monstrueuse entité cosmique imaginée par Lovecraft et qu’on pourrait apparenter à Gogmagog, créature infernale en dormance dans le puits obscur d’Empis. C’est là que j’ai pensé à *ÇA*. C’était bien imaginé.

Ce lien m’a *gardé dans le coup* comme on dit. Grâce à quelques idées brillantes, je n’ai pas atteint le stade de la vraie déception mais au regard de certains éléments, j’ai malheureusement déchanté : une finale un peu trop rapide, un épilogue sous-développé.

Même la présentation matérielle du livre, tape-à-l’œil dans les présentoirs d’une librairie laisse à désirer. Les lettres de la premières de couverture s’effacent à l’usage, et cette couverture décolle, fragilisant ainsi le dos du livre. Je ne comprends pas l’éditeur, un vieux routier, de ne pas avoir prévu cela.

Ce que j’ai écris ici est mon ressenti de la lecture de CONTE DE FÉE. Je sais que je suis à contre-courant de la Presse littéraire mais peu importe et de toute façon demeure un inconditionnel de Stephen King.

Suggestion de lecture, du même auteur : L’OUTSIDER


L’auteur Stephen King

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 6 décembre 2025

Le roman maudit

Commentaire sur le livre de
FRANK THILLIEZ

* Il vient de se passer un truc. Un truc HORRIBLE. Si quelqu’un lit ça un jour, PITIÉ, arrêtez-vous là. Lisez pas la suite avant demain. C’est une question de VIE OU DE MORT. *

Extrait : LE ROMAN MAUDIT, de Franck Thilliez. Édition de papier, format numérique et version audio : Auzou éditeur, 2025. 388 pages, 112.9 MB. Pour la version audio, durée d’écoute : 3 heures 4 minutes, narratrice : Slimane Yefs 

Des frissons pour l’avent

Si vous cherchez un petit frisson en lecture pour le temps des fêtes, voici un livre très particulier à dévorer au rythme du calendrier de l’avent. Eh oui ! un petit chapitre par jour entre le 1er et le 24 décembre…un peu comme si on ouvrait une case par jour d’un calendrier de l’avent pour découvrir un chocolat. LE ROMAN MAUDIT est une histoire sombre, un peu lugubre mais ce fut pour moi une expérience littéraire originale, captivante et immersive. Une lecture parfaite pour les adolescents/adolescentes et jeunes adultes.

À chaque chapitre, l’angoisse va crescendo. L’histoire mêle et entremêle le rêve et la réalité, l’éveil et le sommeil, la joie et la tristesse, la peur et le courage, l’espoir et désespoir et je pourrais poursuivre longtemps. Ce livre est un continuum d’émotions et ce continuum prend racine dès le début de l’histoire. Voyons un peu ce qui se passe.

Un matin, un adolescent, Naël, le héros de cette histoire, découvre, à la sortie de la maison, un mystérieux carnet. En fait, ce carnet était un journal, écrit par Léo Lacan, 14 ans, kidnappé un an plus tôt. Intrigué, Naël ouvre le petit livre et ce faisant s’immisce sans le vouloir dans une boucle temporelle. Le garçon se retrouve piégé dans une journée qui se répète sans fin, à l’identique sauf s’il intervient et il sera appelé à le faire souvent. En s’endormant le soir, Naël remet le compteur à zéro.

Donc, chaque jour, Naël refait la même chose : sauver son frère d’un accident, faire le bien, sauver des vies mais surtout, comprendre ce qui est arriver à Léo et aux autres enfants kidnappés avant lui, apparemment prisonniers d’un être monstrueux, sauver sa propre vie dans un contexte de temporalité fracturée. Léo a écrit un chapitre par jour? Naël doit-il lire un chapitre par jour de l’avent et faire ce qu’il faut pour sauver tout le monde et stabiliser le temps. Et si c’était un piège ?  Des émotions fortes l’attendent.

Ici, Thilliez s’est adapté à un lectorat plus jeune, adolescents et jeunes adultes pour offrir un suspense très intense mais avec juste ce qu’il faut de retenue. Pas de gore, ni de violence physique. Seulement de la violence psychologique, suffisamment pour mettre les nerfs à l’épreuve.

Outre l’atmosphère qui est froide et oppressante, des personnages attachants : Naël, Léo et Louise, ce qui m’a beaucoup plus dans ce livre est son caractère innovant : pour Naël, Chaque chapitre du carnet de Léo est scellé et doit être découpé avant lecture, comme une case de calendrier de l’Avent. Le suspense est savamment dosé pour inciter les lecteurs et lectrices, auditeurs et auditrices, à lire ou écouter un chapitre par jour. (La version audio est un petit chef d’œuvre narratif)

Il fau bien comprendre que ce n’est pas le Thilliez qu’on connait, connu pour ses thrillers glauques et souvent violents. Ici, LE ROMAN MAUDIT est dédié au jeune lectorat pour donner un peu de piment à leur temps des fêtes.

Plusieurs considèrent cette tendance comme une faiblesse, pas moi. Je la trouve plutôt intimiste car très liée à l’enfance de l’auteur. De plus, les thèmes développés dans cette histoire parlent très fort aux jeunes : amitié, fraternité, solidarité, mystère, disparition sans oublier bien sûr une touche calculée de fantastique ou de science-fiction, la fameuse boucle temporelle.

Ce qui peut être irritant pour les lecteurs/lectrices, c’est le caractère contraignant du découpage. Se limiter à un chapitre par jour est contraignant et beaucoup de lecteurs choisiront de lire ce livre d’un trait. Je l’ai fait et le livre m’a tout de même tenu captif.

La principale faiblesse tient dans les personnages secondaires dont certains font figure d’esquisse, en particulier le personnage terrifiant appelé *le mal* dont on ne connait rien des motivations et qui ne parle pas. Le voisin Charon joue lui aussi un rôle pas très bien défini. Et la sympathique Louise est un personnage précieux de l’histoire que j’aurais aimé voire plus aboutie, plus présente. Enfin, le prénom NAËL est effectivement étrange dans le contexte du livre, mais un indice le justifie vers la finale de l’histoire…finale à laquelle je ne m’attendais pas mais qui pourrait être prévisible pour certains.

C’est une belle réussite je pense pour Frank Thilliez. C’est glacial et un peu noir mais ça va plaire aux amateurs du genre surtout que Noël est omniprésent dans l’ouvrage. Excellente lecture. Et surtout JOYEUSES FÊTES AMIS LECTEURS/AUDITEURS et AMIES LECTRICES/AUDITRICES

Suggestion de lecture du même auteur : PANDEMIA

Autres livres de Frank Thilliez


L’auteur FRANK THILLIEZ

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 30 novembre 2025

1794

Commentaire sur le livre de
Niklas Natt Och Dag

*…Les orbites n’étaient plus que des flaques rouges, la mâchoire pendait de travers et il ne restait plus qu’une bosse pleine d’éclats d’os à la place du nez. Dawis s’accouda au-dessus de lui pour écouter le gargouillis de sa respiration, puis haussa les épaules et lança des regards entendus aux spectateurs, qui tous se retournèrent démonstrativement tandis que l’aubergiste plaquait sa large main sur la bouche et le nez. L’homme à terre, à peine conscient, tenta gauchement de résister, mais Dawis le berça jusqu’à ce que ses talons cessent de marteler le sol et que sa respiration se taise. *

Extrait : 1794, de Niklas Natt Och Dag. Édition de papier : Pocket éditeur, 2022, 640 pages. Format numérique : Sonatine éditeur 2021, 504 pages, Version audio : Lizzie éditeur, 2022. Durée d’écoute : 13 heures 16 minutes. Narrateur : Martin Spinhayer.

Les fosses de la dépravation

Un jeune noble ado, Erik de Trerozar tombe amoureux d’une fille de fermier, Linnea Carlotta et veux l’épouser. Le père d’Erik s’oppose à cette union et envoie son fils à l’île de Saint-Barthélemy, un centre international de transactions esclavagistes. Erik y fait la rencontre d’un truand appelé Tycho Cetton. Erik s’enfuie de Saint-Barthélemy pour retrouver sa belle. Le mariage a lieu mais ne sera jamais consommé.

Le soir, après la cérémonie, la soirée est fortement arrosée. Le lendemain, Linnea est retrouvée morte, assassinée d’une horrible façon. Erik, encore dans les vapeurs, ne se rappelle de rien. On conclut à une attaque de loup, ce qui est parfaitement ridicule. La mère de Linnea n’en croit rien et fait appel à Jean-Michael Cardel, enquêteur invalide de guerre mais talentueux pour faire la lumière sur ce meurtre d’une cruauté barbare.

Cardel, qui doit déjà composer avec un passé tortueux n’aura pas le choix d’affronter ses démons car ses investigations vont le mener vers une secte étrange dans un mystérieux orphelinat sans compter les manœuvres tordues de Cetton. Toute l’horreur de la vérité risque de lui laisser un goût amer.

C’est un roman très noir, glauque qui tranche par son atmosphère opaque. On plonge d’abord dans le quotidien misérable de la Stockholm du XVIIIe siècle, un dépotoir malfamé indescriptible qui n’a rien à voir avec la capitale suédoise d’aujourd’hui, puis dans la fange et les fosses de l’île de Saint-Barthélemy ou les africains débarqués en esclave sont traités comme des marchandises. C’est sans compter sur l’épais mystère qui pousse Cardel vers une découverte lourde et douloureuse.

C’est un roman cru et dérangeant sous plusieurs aspects. Par exemple, l’esclavagisme y est traité avec une légèreté choquante et l’ensemble est plutôt sanglant. Le récit ne laisse pas indifférent mais il est un peu irritant de par sa structure. Je peux comprendre plusieurs lecteurs de la masse critique de ne pas avoir terminé le roman.

On dirait que l’auteur a déployé un concentré d’imagination dans la première moitié de l’histoire. Par la suite, l’intérêt décroît. Le fil conducteur ne tient plus. Ça devient lourd avec des longueurs, des palabres inutiles et de nombreux passages invraisemblables.

Heureusement, j’ai pu m’attacher à Cardel. C’est un boudin. Terme irrévérencieux utilisé à l’époque pour définir un policier un peu comme le terme *poulet*, terme utilisé de nos jours même s’il est devenu archaïque J’ai éprouvé de l’empathie pour ce personnage malmené par la vie, pour sa sincérité, son opiniâtreté et sa clairvoyance.

Enfin, c’est un roman très dur et sa finale m’a un peu laissé sur mon appétit. L’histoire m’a semblé non aboutie. L’ensemble est complexe et accuse parfois de la dilution. La force réside dans les personnages, Cardel en particulier et la reconstitution historique m’a semblé sans faille. Bref, donnez-vous du temps et soyez patient.

Suggestion de lecture : EN SACRIFICE À MOLOCH, d’Asa Larsson

 
La série


L’auteur : Niklas Natt Och Dag

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 15 novembre 2025

Défense d’entrer ! 13

Commentaire sur le livre de
 Caroline Héroux, avec la participation de Charles-Olivier Laroche

*Tout ce que je veux. Maman était contente de m’annoncer que j’y allais (au camp d’été) mais elle a fait exprès pour envoyer les jumeaux en même temps, juste pour me faite ch**r. <Je dois faire attention à mon langage, car je me suis échappé devant Mamie l’autre jour et elle m’a ramassé SOLIDE.>

Extrait : DÉFENSE D’ENTRER ! 13 VENDREDI…13 !!! De Caroline Héroux, avec la participation de Charles-Olivier Laroche. Support numérique et édition de papier : : Éditions Défendu 2020, 249 pages.

Charlot, l’authentique ado

Tout récemment, mon petit-fils, Raphaël, me proposait de lire et de commenter un livre extrait d’une série dont il raffole : DÉFENSE D’ENTRER, de Caroline Héroux, écrite avec la collaboration de son fils et d’inclure son opinion dans mon article.

Je connais bien sûr la série, ayant déjà commenter le tome 8 : VOTEZ LOLO. J’étais tombé sous le charme du livre et de la série. Sur la suggestion de Raphaël, j’ai donc sauté sur l’occasion de voir comment la série a évolué.

On continue donc de suivre Charles, appelé gentiment LOLO qui va atteindre ses 14 ans en plein camp d’été alors qu’il développe un *petit sentiment énorme* pour la belle Sarah. Malgré tout son courage, le pauvre Lolo n’est pas au bout de ses peines.

Entre temps, avec ses amis, il aura à résoudre la redoutable légende du camp : LA LÉGENDE DU VENDREDI 13 et il y a des frissons au programme et peut-être la naissance d’une phobie : *Je vais approfondir mes connaissances sur la PARASKEVIDÉKATRIAPHOBIE * (Extrait) le mot existe vraiment. C’est ainsi qu’on appelle la peur irraisonnée du vendredi 13. (Ça se glisse bien dans une conversation avec un peu de pratique.)

L’histoire est très bien bâtie, fidèle à l’image de la série, riche en aventures et en rebondissements et très proche des ados, en particulier les garçons qui, culturellement, ont plus de difficulté à apprécier la lecture. On dirait aussi que le récit semble confirmer sa nature autobiographique avec la participation active de Charles-Olivier Larouche qui connait ça l’adolescence. Au moment d’écrire ces lignes, il a seize ans.

Ici, je me permets de reconduire l’opinion que j’ai émis sur ce site en juillet 2021 concernant le tome 8 de la série DÉFENSE D’ENTRER : VOTEZ LOLO : Ce qui est frappant, à la lecture de ce livre, c’est le ton juste, précis : manière ado, parler ado, attitude ado…ado gossant, flippant, difficile à lever, difficile à coucher, possédant l’art de la réplique et…des gros mots.

Beaucoup de choses m’ont plu dans VENDREDI 13 !!! le récit rend très bien l’atmosphère d’un camp d’été pour jeunes même si les moniteurs sont quelque peu occultés. De plus, la légende du camp touchant le vendredi 13 est particulièrement bien imaginée et pourrait fort bien pousser le jeune lecteur et la jeune lectrice à se poser la fameuse question, celle qui vient consacrer la justesse de la plume: …ET SI C’ÉTAIT VRAI… Je vous laisse découvrir l’intrigue en vous disant qu’elle a été particulièrement bien soignée.

Un point très important est la présentation du livre : la variété dans la grosseur des lettres, l’utilisation des couleurs, du soulignement, des dessins et une forte ventilation du texte contribuent à traduire les émotions, les sentiments et le ressenti des personnages et rend l’ensemble extrêmement attrayant pour le jeune lectorat.

Enfin, la naissance des sentiments chez les ados et le réveil hormonal sont traités avec une infinie sensibilité. Charles est très attiré par Sarah mais il faut voir comment ça va se terminer. Caroline Héroux n’aborde pas seulement le réveil des hormones mais aussi celui de la maturité. C’est bien pensé.

Bien d’autres découvertes drôles vous attendent dans ce treizième tome de la série DÉFENSE D’ENTRER qui prend bien son temps pour vieillir. Une très belle lecture.

Suggestion de lecture : LA RÉBELLION DES CORNICHONS, de Mika


Extrait de DÉFENSE D’ENTRER 13 ! VENDREDI…13 !!!
surtout pour donner un aperçu de l’aménagement des pages.


L’autrice Caroline Héroux et son fils, Charles-Olivier Larouche
qui a collaboré activement à la série DÉFENSE D’ENTRÉE.

La collection

À LA TÉLÉ

La série a été adaptée sur ICITOUT.TV EXTRA par le réalisateur Jason Roy-Léveillée

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 2 novembre 2025

Pas le choix

Les chroniques d’un quotidien extraordinaire, tome 1 
d’AURÉLIE VENEM

*Beaucoup de gens disent que faire face à la mort, dans un accident par exemple, change votre vie. Pour moi, c’est exactement ce qui s’est produit. Sauf que ce soir-là, je me suis retrouvé non face à la mort mais devant des morts…et qui étaient pourtant bien vivants. * (prologue)

Extrait : SAMATHA WATKINS ou LES CHRONIQUES D’UN QUTIDIEN EXTRAORDINAIRE, tome 1 : PAS LE CHOIX, de Aurélie Venem. Édition de papier : Aurélie Venem éditrice, 2016, 460 pages. Format audio : Audible studios éditeur, 2017, durée d’écoute : 13 heures 18 minutes, narratrice : Ludmila Ruoso. Aussi disponible en version numérique.

Une nuit, alors qu’elle rentre chez elle, Samantha Watkins, jeune bibliothécaire au quotidien morne et insipide, va voir sa vie prendre un virage à 180 degrés de par sa rencontre avec un « ange »…

Loin des gardiens du paradis, l’homme qui la choisit pour devenir son assistante et mettre sa vie en danger dans l’enquête sur les étranges disparitions de la région, est un vampire de cinq-cents ans, dont la fonction principale est de veiller au maintien du secret de l’existence de son espèce. N’ayant d’autre choix que d’accepter, Samantha va découvrir un monde surnaturel tout aussi fascinant qu’effrayant…

 

Dans le sillage de TWILIGHT

La vie d’une jeune femme, Samantha Watkins va basculer alors qu’une chaîne d’évènements l’amènera à être sauvée par un ange. Mais celui-ci est loin de venir du paradis car il s’agit d’un vampire. Il a 500 ans et se fait appeler Phénix. Il a pour tâche de garder farouchement secrète l’existence de son espèce.

Phénix choisit Samantha pour être son assistante dans une importante enquête. Vous comprendrez très tôt dans l’histoire que Samantha n’a pas le choix. Elle doit aider son nouvel *employeur* à élucider le mystère de nombreuses disparitions dans la région. L’enquête s’annonce complexe, ardue, voire mortelle, même pour un vampire, car il pourrait s’agir de l’œuvre d’un réseau de trafiquants de sang et ils n’entendent pas à rire.

C’est ainsi que Samantha va entrer dans un monde surnaturel, effrayant et redoutable. Fait tout à fait prévisible, la relation d’employeur à employée devient une amitié et on pourrait bien assister à la naissance d’un petit sentiment entre un vampire et une humaine.

Variation sur un thème connu évidemment. Encore des vampires. Toutefois, il faut connaître les deux héros. Phénix a 500 ans. Il est bourru, grognon, intraverti et secret. Samantha, elle, est une caractérielle opiniâtre et tenace. Elle est pétillante et n’envoie pas dire ce qu’elle a à dire.

Voilà toute l’originalité de cette histoire. Deux solitudes, deux caractères aux antipodes qui, par la force des choses et la nature des évènements seront appelés à s’apprivoiser mutuellement.

Oui, ça peut rappeler Twilight mais *PAS LE CHOIX* est, à mon avis, moins abrutissant et moins fleur bleue avec des vampires et quelques humains. Pas de loups-garous, pas de séquences amoureuses interminables et ennuyeuses

L’histoire pose une intéressante question sur le plan littéraire : est-ce qu’un amour potentiel entre un vampire et une humaine peut amener à une union?

À Travers l’intrigue, le danger et la mort qui rôde en permanence, le sujet de l’amour est développé d’une façon sensible et assez particulière à cause du caractère de nos deux héros que tout oppose. Prévisible peut-être, mais loin d’être mièvre. Disons, sans être méchant, moins kitch que Twilight.

Au-delà d’un style pas toujours adroit, d’un sentimentalisme parfois mielleux et d’un thème dont on a de la difficulté à occulter la banalité, PAS LE CHOIX demeure une histoire intéressante à cause de la force de ses principaux personnages et de leur dualité qui n’a pas manquer de me faire sourire.

Aurélie Venem a mis en place, assez habilement, tous les éléments pour la suite des CHRONIQUES D’UN QUOTIDIEN EXRAORDINAIRES.

Suggestion de lecture : FASCINATION, de Stephenie Meyer


L’autrice Aurélie Venem

Bonne lecture
bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 9 août 2025

LE K, Dino Buzzati

La troisième guerre mondiale, que l’on avait tellement redoutée, eut la durée exacte prévue par les techniciens militaires: moins de vingt-quatre heures. Mais le déroulement du conflit démentit toutes les prophéties. Entre autres, il laissa les choses exactement comme auparavant.

Extrait de la nouvelle intitulée L’ARME SECRÈTE, du recueil LE K de Dino Buzzati, Pocket éditeur, 2002, version papier, 448 pages. Version audio : Lizzie éditeur, 2022, durée d’écoute : 11 heures 9 minutes, narrateur : Gregori Baquet.

Devenu, avec Le Désert des Tartares, un classique du XXe siècle, Le K ouvre un recueil de 50 contes fantastiques où l’on retrouve tous les thèmes poignants et familiers de Dino Buzzati : la fuite des jours, la fatalité de notre condition de mortels, l’angoisse du néant, l’échec de toute vie, le mystère de la souffrance et du mal. Autant d’histoires merveilleuses, tristes ou inquiétantes pour traduire la réalité vécue de ce qui est par nature incommunicable.

Dans le sens de la vie

Le K est un recueil de nouvelles touche-à-tout qui emprunte à différents genres dont le fantastique pour une majorité de récits mais aussi au drame, à l’anticipation, le conte, la satire. La première nouvelle qui donne son titre au recueil donne le ton.

Elle raconte donc l’histoire d’un jeune homme, Stefano, poursuivi par un monstre marin qui rappelle un peu JAWS, l’énorme requin blanc popularisé par le cinéma. Pour s’en protéger, Stefano décide de rester loin de la côte pour le reste de sa vie. Mais la légende dit qu’une fois que le squale a une victime précise dans sa mire, il ne la lâche plus.

Un jour, Stefano décide de retourner sur la mer et de pratiquer le métier de son père, marin. Ce Faisant, Stefano affronte son destin et se retrouve devant le squale mais ce dernier ne cherchait pas Stefano pour le tuer mais plutôt pour lui remettre un présent. Quelque chose de précieux.

Il est difficile de résumer un tel recueil car il va dans toutes les directions mais comme le laisse supposer LE K et l’histoire de Stefano, L’auteur Buzzati y va de ses réflexions sur le sens de la vie en faisant plonger le lecteur et la lectrice dans le merveilleux, l’insolite et même le surnaturel pour mettre en perspective les tares qui noircissent l’âme : l’indifférence, la violence, l’orgueil, le pouvoir…

Dans le K, Buzzati emprunte 50 chemins pour explorer en douceur l’âme humaine. Je me suis senti enveloppé par chaque nouvelle. Bien sûr, j’ai eu mes préférées et c’est sûrement ce qui va vous arriver. Il n’y a pas deux nouvelles pareilles et chacune véhicule un symbole.

Moi j’ai beaucoup aimé ce recueil qui m’a fait passer du réalisme à l’onirisme, poussant à une profonde réflexion sur l’essentiel à côté duquel on passe trop souvent. N’est-ce pas ce qui est arrivé à ce pauvre Stefano. C’est un bon livre qui m’a fait voyager en douceur.

suggestion de lecture : NOUVELLES NOIRES, recueil de Renaud Benoit

L’auteur Dino Buzzati

 DU MÊME AUTEUR

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 2 août 2025

 

Nous sommes là

Commentaire sur le livre de
MICHAEL MARSHALL

*Tandis que Dawn s’endormait pour de bon et que le train atteignait sa vitesse de croisière pour ce trajet d’une heure jusqu’à Rockbridge, chez eux, David ne parvenait pas à oublier un détail. Ce que l’inconnu lui avait dit avant de se fondre dans la cohue… quatre petits mots, assénés comme un ordre. Ou une menace.
―Souviens-toi de moi, avait-il dit. *

Extrait : NOUS SOMMES LÀ, Michael Marshall, publié à l’origine par Orion éditeur en 2013, traduit en 2015 chez Bragelonne éditeur. Format numérique pour la présente, 1084 pages.


Lorsque David bouscule un inconnu à New York, ce qu’il entend va changer sa vie pour toujours : Souviens-toi de moi. A présent, des phénomènes étranges ne cessent de se produire, et David ne parvient pas à se départir de l’impression que quelqu’un l’observe.

Puis John et sa compagne Kristina viennent en aide à une amie se sentant suivie en permanence. En creusant un peu, ils déterrent quelque chose d’inimaginable. Il existe des êtres cachés dans l’ombre, qui observent, attendent. Prêts à sortir…

Dans l’ombre
Nous avons passé notre vie à vos côtés.
Nous savons qui vous êtes.
Nous savons où vous vivez.
Vous ne pouvez pas nous voir,
mais soyez-en sûrs :
Nous sommes là.


Un thriller fantastique
qui appelle à la patience

L’objet du livre est intéressant : une espèce de sixième sens, perception extra-sensorielle, une impression obsédante. Maintenant, ajoutons à cela un peu de tangibilité avec des phénomènes aux limites du palpable : *…Ils disparurent de nouveau…David ne les voyait plus mais il sentait leur présence. Il y avait des gens dans le parc, des gens qu’il ne pouvait pas voir. * (extrait)

Bien sûr, certains évènements mettent la puce à l’oreille et lancent l’intrigue : David qui bouscule un inconnu qui lui dit *souviens-toi de moi* ou une jeune femme qui à la lourde impression d’être suivie et qui a besoin d’aide.

Ils découvrent alors quelque chose d’impensable…monde parallèle, autre dimension, anges ou démons, ami imaginaire, fantôme, hallucinations ou disons une imagination débordante ou simple supposition… : *Elle avait émis l’hypothèse que les gens ne partaient pas vraiment quand ils décédaient ou quelque chose comme ça…Oh Seigneur. (Extrait)

C’est une intrigue assez bien développée. Je l’ai trouvé originale. Malheureusement, le récit a une faiblesse pour le moins irritante : un important déficit dans le rythme. En effet, le développement de l’histoire est d’une lenteur éprouvante. Il n’y a pas d’action dans cette histoire. Heureusement, L’intrigue a un certain caractère addictif. L’histoire est très longue à démarrer et prendre un sens.

Si l’intrigue garde en haleine jusqu’à un certain point, il faut rester concentré à cause d’une imposante galerie de personnages qui a tendance à noyer l’intérêt. Toutefois, certains personnages forcent l’attention, mon préféré étant Reinhart, le genre vilain. Qui dans cette histoire semble n’avoir sa place nulle part et pourtant son rôle est capital… un rebelle qui met du piquant dans le récit. J’aime bien. Malgré ses lacunes, le récit vaut la peine d’être lu car il évoque et met en perspective les éléments non-palpables de notre vie : l’imaginaire, l’intuition, le ressenti, la perception, les apparences, les impressions tenaces et jusqu’à un certain point, la prémonition.

Ça pousse au questionnement. Par exemple, savons-nous toujours exactement où nous mettons les pieds? *… y avait une bonne femme. Je l’ai vue. Il n’y avait d’abord personne, et puis elle est apparue de nulle part. Je viens de luis passer à travers, mec. *

Un livre à l’atmosphère très particulière.

Suggestion de lecture : LA FANTASTIQUE ODYSSÉE, de Chérif Arbouz


L’auteur Michael Marshall

Du même auteur

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 22 juin 2025

TEMPÊTES, Andrée A. Michaud

*… mais je riais comme un maudit malade, comme un gars qui se rend compte que sa maison n’a pas été emportée par la crue printanière, comme un hostie de clown qui vient de défroquer et qui envoie chier sa confrérie de bozos en courant tout nu vers l’océan. *

Extrait : TEMPÊTES, d’Andrée A. Michaud. Version papier et numérique : Québec Amérique éditeur, 2019, 360 et 327 pages. Version audio : Vues et Voix éditeur, 2019. Durée d’écoute : 9 heures 37 minutes. Narration : Andrée A. Michaud.

Épouvante étouffante

Avec ce livre, il s’est produit un phénomène assez rare. La narration était tellement ennuyante et monocorde que je n’ai rien compris à l’histoire. C’état plus une lecture qu’une narration, sans émotion, sans chaleur ni conviction. Bien que j’aie écouté le récit jusqu’au bout, je me suis rabattue sur une version papier car il me semblait que l’histoire en valait la peine.

Il reste que, même en version reliée, TEMPÊTES est une histoire compliquée, difficile à suivre et qui évoque une mise en abyme. Cette histoire se déroule sur les deux flancs d’une montagne malveillante appelée <Massif bleu> alors que se succèdent de violentes tempêtes.

D’une part, on suit Marie Saintonge, une femme instable dans une cabane isolée et secouée par une tempête agressive, figée par la peur, des coups frappés à sa porte, des ombres qui n’ont pas leur place. D’autre part, on retrouve, sur l’autre versant de la montagne, Ric Dubois, homme psychologiquement fragile, terrifié par des spectres et la fureur du massif, pendant que les morts s’accumulent autour de lui à proximité de la <Red river>

C’est un roman très noir, très creusé, trop sans doute. Il s’agit de deux récits en alternance avec tendance à la convergence. J’’ai trouvé qu’ils étaient en dents de scie, sans fil conducteur et sous-développés. Ça manque de détails, de précisions sans distinctions réelles ou évidentes entre le rationnel et le surnaturel. De plus, il est difficile d’avoir une compréhension réelle et complète de tous ces morts.

C’est un thriller psychologique un peu tordu car s’il est question de tempêtes violentes sur le massif bleu, les éléments font rage également dans l’esprit des deux principaux personnages.

Ce qui m’a gardé dans le coup, c’est l’atmosphère, l’ambiance, le non-dit qui entretient la peur, la crainte, le doute, le frisson même. C’est toute la montagne qui vocifère et qui enveloppe le lecteur dans un voile de mystère. J’aime cette aura d’inaccessible, d’obscurité qui imprègne l’histoire. C’est une force, un crédit que j’accorde volontiers à  André A Michaud.

Manquent les explications, le fil conducteur et surtout, une logique qui soutient l’ensemble et qui m’aurait aidé à faire la part des choses. J’ai été enveloppé par l’atmosphère opaque du roman mis disons que j’ai avancé dans cette histoire plutôt péniblement.

Suggestion de lecture : L’EAU NOIRE, de Chloé Bourdon

L’autrice Andrée A. Michaud

De la même autrice

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 8 juin 2025

LA CITÉ ENSEVELIE

*-Le sol tremble non? J’ai l’impression que le sol s’est mis à trembler…il ne faut pas s’inquiéter, ce n’est sûrement rien…pas de panique…Ah   mon Dieu ! Nous sommes le 19 septembre et il est 7 heures 19…le studio est en train de se lézarder totalement…Attention,,,Poussez-vooouuus…*

Extrait : LA CITÉ ENSEVELIE (version sonore seulement) MULTICAST. Auteurs : Alma Delia Murillo, José Esteban Pavlovich, Adriana Bello, Julia Santibañez, Bernardo Esquinca Audible originals éditeur, 2021. ACTEURS : Fred Testot, Jean-Baptiste Maunier, Pascal Germain, Sandra Parra, Caroline Mozzone, Fili Keyta, Emmanuel Lemire, Jessica Barrier, Olivier Chauvel, Emmanuel Karsen, Hubert Drac, Frédéric Cerdal, Antoine Tome, Alexandre Donders Durée d’écoute : 6 heures 26 minutes

Quelque chose se trame sous la surface de la métropole archaïque de Mexico. Des tremblements de terre à répétition et des éruptions volcaniques sèment la terreur chez les habitants. Mais les dernières catastrophes naturelles qui ont frappé la ville semblent de plus en plus anormales…et sinistres.

Des essaims entiers de grillons noirs et des pluies meurtrières ravagent le paysage, les cathédrales s’embrasent sans raison, et une multitude d’enfants se volatilisent. La fille du professeur Fernando Navarro a elle aussi mystérieusement disparu. Tandis que l’archéologue part à la recherche de sa fille, il recroise la route de l’ex-lieutenant Gastón Ramírez qui est, lui aussi, en quête de réponses.

Les deux hommes suivent plusieurs indices obscurs qui les mènent aux ruines souterraines du Grand Temple, autrefois si majestueux. Tandis qu’ils progressent dans ce lieu apocalyptique, une force si sombre se développe autour d’eux qu’elle pourrait plonger toute la ville de Mexico dans une obscurité éternelle. Avec l’aide de l’ingénieuse archéologue Pía Malinalli, experte en mythologie aztèque, ils espèrent lever le voile sur le mystère qui menace leur civilisation.  

 
Comme au cinéma

On aime ou on n’aime pas

Ce n’est pas un livre audio à proprement parler. C’est un multicast, du cinéma sans image, un spectacle sonore. Si vous êtes un inconditionnel de la narration classique, vous pourriez être déçu. Il faut simplement s’attendre à quelque chose de différent et se laisser aller.

Personnellement, je préfère la narration conventionnelle, mais je suis aussi cinéphile, amateur d’effets spéciaux sonores et visuels. Dans LA CITÉ ENSEVELIE, j’ai été servi. Des effets spéciaux, il n’y a que ça et à leur profit, les auteurs ont malheureusement négligé les dialogues qui sont décousus, pas toujours cohérents et peu explicatifs.

Principales forces : les effets spéciaux et le bruitage en général, bonnes performances du casting dans l’ensemble. Les concepts historique et archéologique sont intéressants. Les chapitres sont courts et fluides. Le fil conducteur est solide. L’intrigue force l’attention. L’ambiance de mystère est enveloppante.

Principales faibles : Le scénario est peu original. Le sujet de la secte religieuse qui veut refaire le monde est en surchauffe. Le lien entre les catastrophes comme les tremblements de terre et la mythologie aztèque est loin d’être clair si tant est qu’il y en a un. Alors, on doit se rabattre sur le surnaturel. C’est un peu facile parce que ça dit tout mais ça n’explique rien.

Le scénario est peu descriptif. Déjà que les chapitres sont courts. Souvent, l’auditeur, l’auditrice doit tirer ses conclusions en interprétant les effets sonores. En fait, c’est le principal point négatif, pas assez détaillé sur le plan du scénario et aussi sur le plan du contexte historique.

Mais au moins, c’est captivant. Il y a de l’action et l’ensemble suscite la curiosité même s’il ne la satisfait pas entièrement. Je peux dire que j’ai apprécié cette œuvre parce que je l’ai pris pour ce qu’elle est : un spectacle.


Autres livres audios multicast

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LA SORTIE DES PROFONDEURS, cliquez ici

 

Bonne écoute
Claude Lambert
le vendredi 23 mai 2025