SANS DROIT NI LOI, de Jacques-Yves Martin

<Solitaire au milieu d’une grande pièce presque démunie
de meubles, elle reposait bien là. Son visage était
paisible, ses bras tombaient de chaque côté de son
corps frêle. Ses jambes touchaient le sol, une courte
corde autour de son cou la maintenait à la poignée de la
fenêtre.>
Extrait : SANS DROIT NI LOI, Jacques-Yves Martin, Flamant
Noir éditeur, 216, format numérique, 26 pages.

VILLE DE REIMS. Caroline Dufrêne, une jeune femme qui élève seule sa fille de trois ans, est retrouvée pendue dans son appartement. Boris Thibert, jeune officier de police, se rend sur les lieux. À son arrivée, la porte est verrouillée. Aucune trace d’effraction, pas de témoin, pas d’indices. L’affaire est classée : suicide. Mais la mère de la victime en est persuadée : sa fille a été assassinée. Le jeune policier, hanté par cette sombre histoire, va découvrir que l’enquête a été délibérément bâclée. Dans quel but ? Qu’a-t-on voulu dissimuler ? Boris se lance dans une enquête approfondie. Son manque d’expérience lui fera comprendra alors que lutter contre les puissants n’est jamais sans danger…

 

Reprise d’une enquête
volontairement bâclée
-Thibert, je vous parie que c’est ce type-là qui a tué
Natasha Vernoscky. Il a les antécédents judiciaires,
il est violent, il présente tous les signes d’un malade
capable de massacrer une femme.
Extrait

Les évènements développés dans ce livre se déroulent à Reims en Champagne Ardenne dans le nord-est de la France qui abrite la célèbre cathédrale Notre-Dame de Reims dans laquelle les rois de France ont été couronnés pendant plus de mille ans. Toutefois, cette notoriété ne met pas Reims à l’abri de la criminalité et de la folie.

Caroline Dufresne, une monoparentale, mère de Cloé, une fillette de trois ans, est retrouvée morte, pendue dans son appartement. La police, donnant priorité aux apparences, expédie l’affaire : suicide. La mère de Caroline n’est pas d’accord avec ce verdict et s’en ouvre à un jeune policier déjà obsédé par ce meurtre. Boris Thibert décide donc d’enquêter mais il devra le faire en marge de la loi.

C’est dangereux pour sa carrière et il verra très vite que c’est dangereux pour sa vie. Les évènements lui donneront raison car deux autres meurtres suivront. Bris réussit à se faire quelques alliés pour avancer vers la vérité et ce qu’il découvre au bout du compte, va le laisser pantois. Se laissera-t-il allé dans une procédure qui pourrait faire un mal irréversible à l’univers judiciaire?

C’est un premier polar pour Jean-Yves Martin et j’ai été agréablement surpris. Le sujet est rapidement abordé, son développement est rapide, rebondissements et revirements ne manquent pas. L’auteur a évité la tentation de l’errance et des longueurs comme on en voit souvent dans un premier roman. J’ai beaucoup apprécié le personnage principal, Boris Thibert. L’auteur lui a attribué de belles qualités, l’opiniâtreté en particulier, mais il a créé avant tout un être humain avec ses forces et ses faiblesses. Je l’ai trouvé attachant et sa démarche m’est apparue comme limpide sans pourtant être facile.

Par exemple, il a une femme dans sa vie. Le contexte des évènements met cette femme, Camille, en danger. Que faire…avancer ou reculer ? Un brassage de sentiments se fait dans l’esprit de Thibert. Ce sont surtout ses alliés qui feront la différence. Parmi eux se trouve entre autres, le journaliste perigliano sur lequel reposera toute la stratégie de Tibert. Autre allié intéressant : Franck, un médecin légiste qui voit toutefois aller son ami Thibert avec un certain recul. Beaucoup de bonnes idées dans ce récit fort bien développé. Le rythme va crescendo et la finale est superbe.

Il faut vraiment lire en entier car la finale contient un des dialogues les plus riches du récit. Je ne peux rien dévoiler évidemment mais dans une longue déposition, l’auteur décortique la folie créative d’un tordu abruti par sa démence et y allant d’une longue diatribe sur les gens qui ne méritent pas de vivre. Une personne est partie de très haut pour descendre très bas jusqu’à en perdre totalement la valeur de la vie.

Ce dialogue m’a impressionné. Ce que je peux dire ici c’est que les preuves seront plus difficiles à avoir que les aveux et que dans la deuxième moitié du livre, Thibert devra jouer un peu les *Colombo* pour connaître entièrement la vérité. Ça m’a fait déchanter un peu mais pas assez pour diminuer mon intérêt. 

Dans l’ensemble, le récit est rythmé, crédible…Je me suis inquiété pour Thibert. C’est tout dire. Donc pour son tout premier polar, Martin nous a concocté un suspense anxiogène que vous aurez peut-être même le goût de lire d’une traite…c’est ce que j’ai fait avec délectation un beau dimanche soir, sur format numérique.

Suggestion de lecture : CHRONIQUE D’UN MEURTRE ANNONCÉ, de David Grann

Jacques-Yves Martin est né en 1970. Il est enseignant en Physique-Chimie dans un lycée en région parisienne. Auparavant, il a exercé le métier de policier comme gardien de la paix dans le service Police-Secours du commissariat de Dijon. Les voyages, les rencontres, les gens en général lui sont une source d’inspiration inépuisable.

Il déteste l’injustice et l’autoritarisme. Les livres font partie de son quotidien. Steinbeck est l’un de ses auteurs préférés et tout particulièrement son ouvrage « Des souris et des hommes ». Il publie son premier polar, Sans droit ni loi, en 2016, aux Éditions Flamant Noir; il récidive en 2017, reprenant son personnage de Boris Thibert, jeune officier de police, dans Ode à Caïssa, qu’il publie en auto-édition. <Flamant noir>

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 15 octobre 2023

L’IMMORTEL, de FRANZ-OLIVIER GIESBERT

*Écoute-moi bien, petit. Si tu ne règles pas ce
problème d’ici la fin de semaine, c’est toi qui
va devenir un problème et tu sais ce que je
fais avec les problèmes, moi, hé, tu le sais ? *
(Extrait : L’IMMORTEL, Franz-Olivier Giesbert,
J’ai lu éditeur, 2008. Pour la présente, Flammarion
2007 au format numérique. 255 pages. Coll. Policier)

Un homme est laissé pour mort dans un parking avec 22 balles dans le corps. Contre toute attente, il ressuscitera avant de se venger de ses ennemis. C’est l’histoire d’un Monte-Cristo des temps modernes, un suspense inspiré de faits réels mais où tout est inventé, au cœur du milieu marseillais. Dans ce roman dont Marseille est le héros, toute ressemblance avec des personnages ayant existé n’est pas toujours fortuite. L’auteur a fait du vrai avec du faux et du faux avec du vrai. C’est pourquoi, ici, tout est vrai et tout est faux, comme dans les livres, comme dans la vie, comme en Provence.

 

Un Monte-Cristo des temps modernes
*Recouverte d’un mélange de sang et de cervelle,
Lorraine resta un long moment interdite, avec un
rictus de stupéfaction, la bouche ouverte. On aurait
dit une petite fille qui vient de renverser sur elle un
pot de confiture de groseilles. *
(Extrait)

L’IMMORTEL est un drame policier très violent ayant comme thème central la mafia marseillaise et développe comme ça se produit souvent dans les histoires de mafia un règlement de compte entre le parrain des parrains, Gaby Caraccella, appelé le Rascous et un parrain nommé Charly Garlaban. Ce dernier, disgracié est devenue victime de la loi de la pègre et fut transformé en gruyère par 22 balles :

*En quelques secondes, Charly Garlaban était devenu un grand lambeau de chairs pantelantes, de gruyère de viande, une estrasse sanglante. Il avait reçu vingt-deux balles dans le corps quand un homme encagoulé s’approcha et, après avoir constaté l’étendue des dégâts, laissa tomber : <Il est cuit>* (Extrait)

Garlaban était effectivement mal en point mais pas cuit. En effet, il a miraculeusement survécu et s’en est même remis exception faite de quelques petites faiblesses. C’est ainsi que Charly est devenu L’IMMORTEL dont le premier souci fut d’éliminer chaque membre de l’escouade de bandits qui lui a tiré dessus. Mais un mystérieux personnage que le lecteur aura à découvrir devance l’IMMORTEL dans ses intentions.

D’abord pour suivre ce roman, à toutes fins pratiques il faut avoir en main un dictionnaire de l’argot marseillais :*Il faut en finir avec tous ces minus à la gâchette facile, les exterminer, les escagasser, les espoutir. Ces roudoudous tuent le métier…on va lui montrer qu’on est pas tchoutchous…il exécrait les bougnettes sur les chemises ou les racadures qui jonchent les rues et les rompe-culs de Marseille. * (Extrait) Difficile à comprendre.

J’ai l’impression que c’est une tendance chez les auteurs, éditeurs et traducteurs de croire que les livres français sont boudés par la francophonie internationale. Cette tendance se transforme en faiblesse. Une petite liste de définitions aurait été la bienvenue à la fin du volume ou quelques renvois en bas de page. Autre fait à noter, cette histoire ne réinvente pas la roue et tranche par son extrême violence. Il y est aussi banal de tuer que de boire un verre d’eau. Rien de neuf ni d’original. L’auteur a misé sur ses personnages auxquels il est malheureusement difficile de s’attacher.

En bref, on a ici quelques centaines de pages de tueries. C’est très gros jusqu’à en être un peu caricatural. Parmi les forces, je dirais que c’est bien écrit et que c’est fluide pour ce qui est du développement plus que du langage. On y trouve un peu d’humour, noir surtout. Les lecteurs et lectrices découvriront Marseille, la plus ancienne ville de France, aujourd’hui avec 1,000,000 d’habitants, devenue un centre portuaire de premier plan.

On sent bien que l’auteur est tombé follement amoureux de cette ville. Ça transpire dans chaque page de L’IMMORTEL. Malheureusement, ça rend le tout un peu lourd. Côté action, c’est efficace. Le récit est écrit à la façon d’un scénario.

Ça se lit quand même assez bien et assez vite…un dernier mot…pas fort fort la tentative de l’auteur d’humaniser les truands. Ça décrédibilise l’ensemble. Malgré tout, c’est un bon livre…bon. Pas plus !

Suggestion de lecture : MALAVITA, de Tony Benacquista

Franz-Olivier Giesbert est né en 1949 dans le Delaware aux États-Unis. C’est un auteur, biographe, journaliste et présentateur de télévision exerçant en France. Sa carrière est impressionnante et parfois controversée. Pour en savoir plus sur Franz-Olivier Giesbert, consultez le dossier complet publié sur Wikipédia.

 

L’IMMORTEL AU CINÉMA

L’adaptation cinématographique porte aussi le titre de L’IMMORTEL, réalisée et coscénarisée par Richard Berry d’après le roman de Franz-Olivier Giesbert, sortie en France en 2010. Richard Berry est également dans la distribution aux côtés de Jean Reno (sur la photo) et Kad Merad.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 24 septembre 2023

L’AIGLE DE SANG, de Jean-Christophe Chaumette

*…Grandit une famille de fauves monstrueux Dévoreurs
de lumière. Ils se gorgeront de la chair des hommes
promis à la mort et disperseront leur sang dans tout
l’univers ; Alors dans les étés qui suivront, le soleil
sera voilé de noir et les vents se déchaîneront en
affreuses tempêtes…*
(Extrait : L’AIGLE DE SANG, Jean-Christophe Chaumette,
Pocket éditeur, 2001, édition numérique, 312 pages)

Alors qu’un hiver permanent s’est abattu sur le monde, une poignée d’inspecteurs du Tribunal Pénal International mène l’enquête sur une série de meurtres aussi mystérieux que terrifiants : de grands criminels de guerre sont retrouvés morts, crucifiés selon un ancien rituel viking appelé « l’aigle de sang ». Ces faits sont d’autant plus troublants que de nombreux autres indices renvoient à la mythologie scandinave, et notamment au Ragnarok. L’ancienne prophétie nordique serait-elle en train de s’accomplir ? La fin de notre monde serait-elle proche ? Navigation entre la mythologie scandinave et l’ufologie

TENDANCES CONVERGEANTES
*Une chose est sûre :
ton client est un fana de
la mythologie nordique !
Un cinglé qui se prend
pour Odin !
(Extrait)

L’Aigle de sang est un thriller sans classification précise. C’est un savant mélange de fantastique, surnaturel, légende, mythologie, politique, militaire, science-fiction ufologie et suspense. Le titre de l’ouvrage et la première moitié du récit reposent sur une légende officielle de la mythologie scandinave appelée l’Aigle de sang…légende qui n’est pas particulièrement tendre.

Ça prépare efficacement le terrain pour entrer dans l’esprit de l’auteur et comprendre où il veut en venir : *Si vous clouez un homme sur un mur, que vous lui fendez le thorax, et que vous lui écartez les côtes pour le transformer en aigle de sang, alors…Alors vous pouvez attirer une force gigantesque ! …vous établissez un lien avec un seigneur du monde-autre ! * (extrait)

Cette légende ouvre la voie à la découverte d’une porte donnant accès à un autre monde, un univers parallèle, une autre dimension. Cette porte amène aussi la création de l’obscur projet Oméga : Ôméga…l’ultime savoir…notre projet…nous avons ouvert une porte vers une autre dimension…où se trouvent les réponses à toutes les questions que se pose l’humanité ! Quelques vies ne sont rien en regard de ça. * (extrait)

Le lien à faire avec l’incontrôlable soif de puissance des militaires est prévisible mais il faut aussi y ajouter un joueur particulier : *…un réseau international de monstres richissimes utilisant leur fortune pour assouvir d’ignobles pulsions de mort en jouant les bourreaux pendant des conflits particulièrement sanglants. * (Extrait)

Tout ça fait une soupe particulièrement explosive et donne un thriller à glacer le sang. Ce roman ne trempe pas dans l’eau de rose et le lecteur doit s’attendre à des passages d’une inimaginable cruauté.  C’est un des romans les plus noirs, les plus violents et les plus gores que j’ai lu. Mais il est bien écrit. Il rentre dans les détails, c’est le moins qu’on puisse dire.

Si les passages dans des mondes parallèles constituent un thème en peu réchauffé, Chaumette a trouvé des idées quand même pas mal intéressantes. Par exemple, il range sans le vouloir au musée les grands vaisseaux extra-terrestres. Ce sont les extra-terrestres qu’on retrouve dans une autre dimension et il y en a deux sortes : les bons qui peuvent aider et guider les humains, et les mauvais qui envahissent par abduction l’esprit humain pour le contrôler. On appelle ces derniers les lucifériens.

Je sais que l’abduction n’est pas un phénomène nouveau en littérature de science-fiction mais l’auteur a développé ce sujet avec beaucoup d’imagination et a su y ajouter de l’originalité. Ici, tous les ingrédients du complot extra-terrestre sont réunis, y compris les militaires qui veulent utiliser leur savoir. C’est un mélange sagace de modernité et de mythologie et qui revisite plusieurs théories.

Enfin, un mot sur la finale que j’ai trouvé particulièrement réussie. Je ne la dévoilerai pas bien sûr, mais elle véhicule une idée particulièrement intéressante qui vient s’ajouter à l’incroyable folklore entourant la mystérieuse zone 51 (Groom lake, É.U.)

Cette zone abrite entre autres le fameux hangar 18 dans lequel on devrait retrouver, selon une croyance bien imprégnée, le vaisseau extra-terrestre qui a fait un crash à Roswell au Nouveau-Mexique en 1947 ainsi que quelques corps d’extra-terrestres. Cette finale, ficelée presqu’à la perfection n’es pas sans faire réfléchir sur la soif illimitée de pouvoir qui agite l’esprit humain.

C’est un roman-choc que j’ai beaucoup aimé. L’intrigue est riche, les rebondissements nombreux, Écriture efficace. Se lit vite et bien. C’est un troisième bouquin pour Jean-Christophe Chaumette, trois fois récipiendaire du prix Masterton. Chaudement recommandé…

Suggestion de lecture n: LA CONSPIRATION DE ROSWELL, de Boyd Morrison

Jean-Christophe Chaumette est un écrivain français né en 1961 Ses romans et nouvelles appartiennent à la littérature de l’imaginaire, à l’exception d’un roman historique publié sous le pseudonyme de Chris Jensen. Il a exploré les domaines de la Fantasy, de la SF, et surtout du Fantastique. C’est dans ce dernier genre qu’il a particulièrement réussi, en recevant trois fois le prix Masterton du meilleur roman fantastique francophone, en 2001, 2002 et 2011.  Il a commencé à écrire en 1983 Son premier roman publié fut « Le Jeu » en 1989, réédité en décembre 2011 sous forme numérique chez Kindle.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 18 décembre 2022

biblioclo.com 

LA COUPURE, le livre de FIONA BARTON

*Il paraît que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Mais c’est faux. Ça brise les os en mille morceaux qu’on recollent maladroitement avec des bandages souillés et
du sparadrap jaunissant. Il reste des fissures tout le long des failles. On en sort fragile et épuisé à force de résister. *

(Extrait : LA COUPURE, Fiona Barton, publié en 2018, version papier, Fleuves édition, 480 pages. Version audio : Lizzie éditeur, diff. : Audible, durée d’écoute :  11 heures 2 minutes Narration : Anne Tilloy, Anne Kreis, Anne O’Dollan, Daniel Kennigsberg et Clémentine Yelnick.)

Un journal rapporte la découverte d’un squelette de bébé sur un chantier de la banlieue de Londres. Pour trois femmes, cette nouvelle devient impossible à ignorer. Angela revit à travers elle le pire moment de son existence : quarante ans auparavant, on lui a dérobé sa fille à la maternité. Pour Emma, c’est le début de la descente aux enfers, car ce fait divers risque fort de mettre son secret le plus noir à jour et de détruire sa vie à jamais. Quant à Kate, journaliste, c’est une affaire qui pourrait bien lui coûter quelques nuits blanches. Une affaire qui pourrait faire resurgir des vérités que personne ne souhaite connaître

Les trois visages de la peur
*<J’étais en train de déplacer un gros bac en béton…et
il était là…il était enterré profondément. Je me suis
penché pour toucher la terre…> Il se mit à sangloter,
le visage rougi caché par ses mains gercées…*
(Extrait)

Qui est le bébé du chantier?

LA COUPURE est un roman noir à constance dramatique qui entretient une intrigue forte du début à la fin. Tout commence avec une petite coupure de presse qui annonce la découverte du squelette d’un bébé dans un chantier de construction de la région de Londres. Si cette *coupure* ne suscite pas grand intérêt du lectorat anglais, elle attire l’attention d’une jeune journaliste, Kate, qui décide d’enquêter.

Cette enquête, qui devient attractive pour les policiers, va chambouler le destin de deux femmes : Angela, à qui, 40 ans plus tôt, on a volé le bébé dans la maternité même de l’hôpital où elle a accouché, une petite fille appelée Alice.  Et puis, il y a Emma qui porte en elle un lourd secret qui la lie avec la découverte du *bébé du chantier* .

LA COUPURE raconte l’histoire de ces deux femmes, d’abord en parallèle, puis en convergence et enfin, deux vies s’entrecroisent dans une finale d’une forte intensité dramatique où la vérité éclate et où sortent de l’ombre les acteurs qui croyaient ne jamais avoir à subir et assumer les conséquences de leurs actes.

C’est un roman très sombre écrit avec un étonnant souci du détail. Il est possible que certains lecteurs certaines lectrices trouvent le récit quelque peu prévisible. J’avais une assez bonne idée de qui était le *bébé du chantier* mais qu’à cela ne tienne, avec la plume de Fiona Barton on est sûr de rien. Résultat, vous avez un récit addictif qui vous tient en haleine jusqu’à la fin.

L’auteure, qui a été elle-même journaliste judiciaire, imbrique intelligemment les enquêtes journalistique et policière. La ténacité et l’empathie de Kate sont remarquables et elle n’en est que plus attachante. Par la gravité de son sujet et la fluidité de son écriture, c’est un roman qui se dévore.

Les personnages développés par Barton sont profonds et les secrets de leur passé, enfouis profondément sont élevés graduellement en surface par l’auteure qui décidément, ne ménage pas ses personnages et renvoie constamment les lecteurs/lectrices à la même question : Qui est le bébé du chantier?

Un mot sur la version audio, que j’ai choisie pour ce livre de Fiona Barton : quoique soucieuse de transmettre avec un maximum de justesse l’intensité dramatique du récit, la multi-narration ne m’a pas vraiment emballé. On se retrouve avec plusieurs voix pour un même personnage dans un système d’alternances vocales. Je me suis retrouvé quelque peu en situation d’inconfort.

Pour moi, c’est *jouable* mais ce n’est pas l’idéal. Ce sont surtout des narratrices, je peux comprendre, la seule voix masculine, celle de Daniel Kenigsberg n’est entendue que pour un chapitre. Je n’ai pas vraiment compris ce choix.

Cette faiblesse n’est pas suffisante pour diluer l’intérêt d’une histoire comme la COUPURE car le roman réunit toutes les qualités qu’on recherche habituellement en littérature policière comprenant le fameux fil conducteur qui est ici très solide : Qui est le bébé du chantier? Des éléments qui sont un défi de taille pour les auteurs.

Pour résumer, je ne me suis pas ennuyé avec ce récit parce qu’il n’y a pas de longueurs. L’intrigue est nourrie jusqu’à la fin et l’ensemble ne manque pas de rebondissements, spécialement celui de la fin qui m’a pris par surprise.

Les chapitres donnent, en alternance, la parole aux héroïnes, Angela, Jude, Emma et Kate et qui sont toutes, nonobstant les secrets qui rongent certaines d’entre elles, attachantes. L’histoire a aussi un caractère psychologique développé avec finesse.

J’ai eu le petit frisson que je cherche dans ce genre de récit qui est le deuxième roman de Fiona Barton après LA VEUVE. Une auteure à surveiller sans aucun doute. Entre temps, je vous recommande avec plaisir LA COUPURE, une histoire sombre qui se joue sur un petit article de journal.

Pour ce qui est des supports, ils sont tous bons mais malgré les faiblesses de la version audio, elle traduit mieux je crois l’instinct maternel de Jude, Angela et Emma et pour moi, c’est un élément important.

Suggestion de lecture : PHOBIE, de Sarah Cohen-Scali

Fiona Barton est journaliste et formatrice internationale dans les médias. Elle a notamment écrit pour le Daily Mail, a été rédactrice pour le Daily Telegraph et rédactrice en chef du Mail on Sunday. Née à Cambridge, elle vit aujourd’hui dans le Sud-Ouest de la France. La Coupure est son second roman après La Veuve qui l’a immédiatement propulsée sur le devant de la scène du thriller. Ses œuvres sont traduites dans une trentaine de pays.

Bonne écoute
Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 14 novembre 2021

FASCINATION, le livre de STEPHENIE MEYER

*Ce fut avec un sourire aimable et tranquille que le chasseur s’approcha pour me tuer*
(Extrait: FASCINATION, Stephenie Meyer, Hachette livre 2005, Hachette jeunesse, édition de papier, 530 pages)

Bella, dix-sept ans, décide de quitter l’Arizona ensoleillé où elle vivait avec sa mère pour s’installer chez son père à Forks, une petite ville pluvieuse située dans l’état de Washington. Bella croit renoncer à tout ce qu’elle aime, certaine qu’elle ne s’habituera ni à la pluie ni à Forks où l’anonymat n’existe pratiquement pas. Mais, elle rencontre Edward, jeune lycéen de son âge, d’une beauté inquiétante. Quels mystères et quels dangers cachent cet être insaisissable? attirant et hors d’atteinte, Edward Cullen n’est pas humain. Il est plus que ça et Bella décide de découvrir la vérité à tout prix… une quête dangereuse…

Les protagonistes de la pomme
*Dans le monde vaste et ténébreux des fantômes et démons,
aucune créature n’est plus abominable, plus redoutée, plus
détestée… que celle du vampire, qui n’est ni fantôme ni démon
mais relève des forces sombres de la nature et possède les
qualités mystérieuses et terribles des deux. (Révérend
Montague Summers)
(Extrait : FASCINATION)

Ce livre est le premier tome d’une série mieux connue sous son titre anglais : TWILIGHT. Dans les trois premiers quarts du récit, une ado de 17 ans, Bella et un adonis du même âge, Edward se découvrent…description longue et sinueuse d’un amour naissant qui devient florissant, puis finalement dangereux car Bella apprend au fil du récit que le bellâtre Edward est un vampire dont l’âge est au-delà d’une centaine d’années.

Voilà pour la première partie qui a été pour moi interminable et ennuyeuse. Ce que je sais de Bella, c’est qu’elle est follement amoureuse d’Edward qu’il soit vampire ou non malgré tous les dangers que ça comporte (imaginez seulement les échanges entre belles-mères) et ce que je sais d’Edward c’est qu’il est d’une beauté à couper le souffle.

Cet attribut doit être mentionné une centaine de fois dans le récit, ainsi que plusieurs allusions à son teint de drap blanc, ses yeux de glaciers, son corps musclé et parfait, son haleine toujours fraîche et ses lèvres glacées…la perfection faite vampire…évidemment trop beau pour être vrai. 

La deuxième partie, qui fait à peu près le quart du livre est un peu plus intéressante car elle met en place tous les principaux éléments de la série : Il se trouve qu’un autre clan de vampires découvre que le clan Cullen dont fait partie Edward, comprend une humaine.

Un traqueur nommé Laurent qui a perçu l’odeur exceptionnelle et unique de Bella, la veut à tout prix…et voilà…c’est la guerre et ça laisse deviner la suite qui n’ira pas en se simplifiant car la belle Bella, qui a le don de me taper sur les nerfs de par son insignifiance demeure résolument amoureuse au risque de subir elle-même la transformation :

*J’étais à peu près certaine de trois choses. Un, Edward était un vampire; deux, une part de lui-dont j’ignorais la puissance-désirait s’abreuver de mon sang; et trois, j’étais follement et irrévocablement amoureuse de lui.* (Extrait) 

Moyennement intéressant

Au départ, ce livre ne m’attirait pas du tout. Je m’y suis intéressé pour deux raisons : comprendre qu’est-ce qui pouvait attirer le jeune lectorat et de pouvoir juger de l’adaptation à la télé. Disons que ce n’est pas un livre qui va bousculer et transformer la littérature. Vous pouvez regarder sans problème la série télé avant d’entreprendre la lecture de la série de livres. Vous avez au moins l’avantage d’apprécier la qualité des effets spéciaux.

Cet ouvrage représente pour moi un livre de salle d’attente, un roman de plage. La romance entre Bella et Edward confine à la platitude. Oui, il y a quelques rebondissements, un peu de suspense mais on dirait que c’est pour la forme. Tout tourne à la romance avec Bella, la petite fleur innocente et le puissant vampire charmant qui sait tout et qui a tout vu. 

Eu égard aux chiffres de vente de la série TWILIGHT (plus de 35 millions d’exemplaire dans le monde) je ne suis pas sûr d’avoir compris l’intérêt des lecteurs et lectrices, les jeunes en particulier, pour cette saga.

Peut-être à cause du caractère fantastique ou surnaturel que l’auteur laisse planer tout au long du récit, peut-être à cause de l’amour impossible, ou du thème du vampire servi à la moderne…le vampire qui ne brûle pas au soleil, qui ne se transforme pas en chauve-souris et qui peut se contenter de sang animal, ce qui est quand-même très difficile.

C’est tout l’univers de Bram Stoker qui est repensé. Il y a peut-être d’autres facteurs comme la violence retenue, un style parfois théâtral. Il y a, c’est sûr, quelque chose d’accrochant. 

Pour ma part, et c’est très personnel, j’ai trouvé le tout plutôt abrutissant. Il me semble que, même quand j’étais ado, je n’aurais pas avalé une telle couleuvre. Reste l’adaptation à la télé qui a quelques mérites. À vous de voir.

Suggestion de lecture : LA LIGNÉE, de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan

Stephenie Meyer Morgan est une écrivaine américaine née à Hartford dans le Connecticut le 24 décembre 1973. Dans les années 1990, à la suite d’un rêve, elle entreprend l’écriture de ce qui deviendra un best-seller : TWILIGHT qui sera traduit plus tard sous le titre FASCINATION.

Constatant l’énorme succès de son roman, elle en entreprend la suite en 2005 jusqu’à Breaking down, le volet de clôture en 2008. Forte de son succès, Stephenie publie par la suite LES ÂMES VAGABONDES. Elle puise son inspiration dans ses lectures favorites parmi lesquelles figure ANNE, LA MAISON AUX PIGNONS VERTS, le célèbre roman de Lucy Maud Montgomery. Shakespeare l’a aussi inspiré.

LA SUITE

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 23 juillet 2021

NOIRE PROVIDENCE, le livre de JAMES ROLLINS

*La jeune femme leva le bras vers lui, comme pour lui faire signe d’approcher. L’américain vit alors qu’elle brandissait un pistolet. Elle braqua l’arme sur le torse de Pierce et fit feu.*
(Extrait : NOIRE PROVIDENCE, James Rollins, Fleuve Editions, Univers Poche pour la traduction française, Fleuve Noir 2017, édition numérique, 470 pages.)

Alors qu’une étrange comète s’approche de la terre, au Vatican, un mystérieux colis est livré au préfet des Archives secrètes. À l’intérieur se trouvent un crâne humain gravé de phrases en araméen ancien et un livre relié en peau humaine. Un test ADN révèle qu’il s’agit de la peau de Gengis Khan, le grand conquérant mongol dont la tombe disparue contiendrait une croix au pouvoir surnaturel. Au même moment, un satellite d’observation américain s’écrase en Mongolie après avoir envoyé une ultime photo montrant la Côte est des États-Unis détruite.

La Sigma Force se mobilise dans une course contre la montre pour retrouver le satellite et la croix sacrée afin d’empêcher le déclenchement de l’apocalypse annoncée. Alors que la comète se fait de plus en plus menaçante, un ennemi aussi invisible qu’implacable semble bien décidé à ce que le pire se déchaîne.

Le passé participe au présent
*En tournant la page, vous découvrirez que nous
avons frôlé notre propre destruction et verrez
ressurgir un moment oublié où la civilisation
occidentale a failli se briser sur la pointe d’une
épée, une lame appelé L’Épée de Dieu*
(Extrait : NOIRE PROVIDENCE)

NOIRE PROVIDENCE est un récit complexe dans lequel le suspense d’espionnage chevauche le drame scientifique. En effet, une comète menaçante s’approche de la terre et il semble que sa trajectoire de géocroiseurs défient la logique. Entre temps, un géologue met la main sur une mystérieuse relique : un crâne humain et un livre relié avec de la peau humaine qui serait celle, d’après des tests ADN, de Gengis Khan.

Une analyse de l’interprétation révèle que la fin du monde est imminente mais la relique dévoile la façon de l’éviter. Au même moment, le satellite qui observe la comète est détruit et sa dernière observation dévoile les images horrible d’une destruction totale de la Côte est américaine. Ce n’est qu’une image qui devance de quelques jours ce qui va arriver mais qui laisse supposer une déformation spatio-temporelle autour de la terre. 

Une chasse à l’homme s’annonce pour retrouver les débris du satellite nécessaire pour activer la relique et sauver le monde. Tout le monde cherche le satellite pour assoir un certain pouvoir : la pègre, les militaires, les scientifiques, les politiques. Le récit met surtout l’accent sur la recherche du satellite et les morts qui s’accumulent autour de l’enjeu.

C’est dommage parce que l’aspect scientifique de l’histoire est extrêmement intéressant. Beaucoup de faits et de théories scientifiques sont avérés d’ailleurs dans le récit. J’ai trouvé un peu difficile de faire la part des choses mais l’auteur fait une mise au point à la fin du livre. 

Le rythme du récit est haletant car le lecteur cherche à savoir qui finalement mettra la main sur le satellite. Il y a des passages qui sont complètement tirés par les cheveux : *La croix antique que nous recherchons aurait pu être sculptée dans un morceau de comète tombé lors de son dernier passage…* (extrait) autrement dit, l’énergie contenue dans la petite croix attirerait la comète vers la terre. C’est un peu gros.

Quant à l’énergie sombre, elle existe en théorie et fait l’objet de beaucoup de recherches. Le phénomène de l’intrication est aussi intéressant mais son rôle dans le récit est plutôt sous-développé. NOIRE PROVIDENCE est une fiction mais repose sur des théories dont certaines m’ont semblé fantaisistes, enlevant un peu de crédibilité à l’ensemble. 

Il y a aussi dans l’histoire beaucoup de bonnes idées ayant une saveur scientifique mais surtout ésotérique : *…notre conscience est intriquée avec tous les multivers. Ce qui veut dire que lorsqu’on meurt, notre conscience achève son parcours dans cette vie pour en entamer une autre dans un univers parallèle* (Extrait)

L’idée est très intéressante et ouvre la porte à beaucoup de débats et de recherches. En tout cas, c’est une possibilité qui a un petit quelque chose de rassurant. 

Pour résumer, l’histoire est très documentée mais l’auteur a mis l’accent sur une chasse à l’homme…poursuites, disparitions, meurtres. l’aspect scientifique est sous-développé et l’intrigue est développée à la façon d’un film. C’est un livre intéressant mais qui ne fait que s’ajouter sans trop d’éclat à une surchauffe dans le domaine des thrillers apocalyptiques.

Ici, l’auteur avait une chance d’innover mais il est passé à côté à mon avis. Donc pour moi, c’est mi-figue mi-raisin. Je m’accrochais aux passages scientifiques quand ils se présentaient. L’auteur émet ses propres hypothèses, qui font que finalement, NOIRE PROVIDENCE est un livre qui constitue un bon divertissement. 

Le rythme essoufflant qui caractérise le récit pourrait plaire à beaucoup de lecteurs. En ce qui me concerne, je n’ai pas vraiment trouvé ce que je cherchais

Suggestion de lecture : LA 5e VAGUE, de Rock Yancey

James Rollins, de son vrai nom Jim Czajkowski, est né en 1961 à Chicago. Il est considéré comme l’un des auteurs majeurs de thrillers aux États-Unis. Il a notamment écrit Amazonia (2010), et La Civilisation des abysses (2012). L’Ordre du Dragon (2007) met en scène les aventures de l’équipe Sigma Force, 

En 2015 paraît Le Sang de l’Alliance, premier tome de la trilogie L’Ordre des Sanguinistes. Il est suivi du deuxième tome La Dernière Tentation (2015) et du troisième tome Le Faux Prophète (2016). Tous ses romans sont publiés chez Fleuve Éditions et repris chez Pocket. James Rollins vit à Sacramento en Californie.

BONNE LECTURE
Claude Lambert

le dimanche 30 mai 2021




 

PASSÉ À VIF, le livre de LISA JACKSON

*…Deagan crut voir briller une étincelle mauvaise
dans ses prunelles bleues. Il n’avait pas besoin
de lire ses pensées. Ce petit sourire pervers, sur
son visage, indiquait clairement qu’il l’avait
invité pour se divertir, et très probablement à
ses dépens.*
(Extrait : PASSÉ À VIF, Lisa Jackson, réédition 2017,
Harpercollins France, numérique et papier. 500 p.)

Kate Summers mène une vie paisible à Hopewell, Oregon, en compagnie de son fils de quinze ans, Jon. Pourtant, un secret la ronge : et si, un jour, quelqu’un venait lui réclamer cet enfant qui n’est pas le sien et qui ignore le secret de sa naissance ? D’autant que Jon lui a récemment parlé de ses cauchemars, dans lesquels un homme qui prétend être son père cherche à le tuer…Alors, quand le séduisant inconnu qui vient d’emménager dans la maison voisine essaie par tous les moyens d’entrer en contact avec Jon, Kate panique. Sans savoir que, de toute façon, son fils et elle sont déjà cernés par le mensonge. 

 

DES DONS QUI DÉRANGENT
*Son cœur continuait à battre la chamade, tandis
que son rêve se dissipait lentement dans la
lumière grise de l’aube, ne lu laissant que le
goût amer du malaise…Ça ne se passerait
peut-être pas exactement comme il venait de
le voir dans son sommeil, mais ça allait arriver.*
(Extrait : PASSÉ À VIF)

Un très bon livre. La trame du récit est un peu complexe mais elle est bien développée dans le premier quart du livre pour permettre au lecteur de s’accrocher à un fil conducteur sans faille. Je vais tenter un petit résumé en utilisant mon petit style télégraphique. 

-L’histoire tourne autour de Jon Summers, 15 ans. Il a la particularité de faire des rêves prémonitoires qui le trompent rarement.
-Jon est le fruit d’un inceste entre Deagan O’Rourke d’une part, le fils de Frank Sullivan, un parfait salaud qui n’a jamais reconnu son fils et d’autre part, la cousine de Deagan, Bibi.

 -L’aîné de la famille Sullivan, une famille de salauds riches, décérébrés et blasés, Robert, décide de se débarrasser du bébé en le faisant adopter illégalement dans un autre état. C’est Kate Summers qui deviendra la maman adoptive.
-Deagan n’était pas au courant qu’il était père. Bibi le lui a caché jusqu’à ce qu’il ait 15 ans. Elle-même n’a jamais voulu du bébé.

-15 ans après la naissance de Jon, le patriarche de la famille Sullivan, Robert constate qu’il n’y a personne dans sa famille digne de son héritage et de poursuivre les affaires familiales. Il décide donc de mettre la main sur Jon.

-Plusieurs Sullivan risquent donc d’être déshérités. Aussi Jon est en danger…en grand danger. Certains veulent le tuer mais tout le monde le veut…pas nécessairement pour les mêmes raisons.
-Deagan a un gros poids sur la conscience et Kate voit Jon lui échapper rapidement… 

Ce qui capte rapidement l’attention du lecteur, c’est l’histoire de la famille dont Jon est issu, une famille de dégénérés assis sur une immense fortune : *Stu prenait son pied en matant son amant en train de baiser sa sœur. Je n’arrive pas à y croire ! * (Extrait)

Autre élément intéressant, John fait des rêves prémonitoires qui influencent directement le développement du récit. L’histoire verse donc sensiblement dans le surnaturel. Le mystère le plus dense de l’histoire demeure Deagan qui tombe en bas de sa chaise en apprenant qu’il est père d’un garçon de 15 ans.

Les évènements vont obliger Deagan à s’immiscer dans la vie de Kate et du garçon, Jon qui est rejeté par ses pairs à cause de son don de prémonition qui, aux yeux de la communauté fait de lui un monstre. Ça pousse à la réflexion sur l’acceptation des différences. 

UNE PLUME FORTE
C’est un suspense fort qui tient en haleine jusqu’à la fin. Il n’y a rien de simple je le rappelle. La trame est complexe Jon et sa mère auront à composer avec le mensonge, l’hypocrisie, la violence, un shérif incompétent et bien sûr le mystérieux Deagan dont les aveux sont versés à la petite cuillère et laissent tout le monde pantois. 

Ce qui rend aussi le récit addictif, c’est l’atmosphère qui l’imprègne, le non-dit, la complexité des sentiments dans le cas de Jon qui traverse le pire moment de son adolescence à tout point de vue et qui doit gérer un don qu’il ne contrôle pas. Ça peut paraître paradoxal, mais c’est une lecture éprouvante… Appelons ça un stress bienfaisant.

Ça se dévore jusqu’au bout. J’étais curieux de voir comment l’auteur allait démêler tout ça à la fin. Il a été habile en rajoutant un choc supplémentaire. Jon est encore en danger, mais c’est une toute autre histoire. 

L’épilogue de l’histoire m’a un peu déçu. Trop beau pour être vrai, tiré par les cheveux et peu réaliste. Mais je considère que même en laissant de côté ces quelques pages, ce que je ne recommande même pas, les lecteurs auront eu largement satisfaction. Je suis donc très content de ma lecture.

Suggestion de lecture : L’ACCORDEUR DE PIANO de Pascal Mercier

Lisa Jackson a grandi dans une petite ville de l’Oregon. Elle sort diplômée de l’Université d’État. Elle se lance peu après dans l’écriture et publie son premier roman en 1983 : A TWISTE OF FATE qui n’a jamais été traduit à ma connaissance. Elle écrit aussi des suspenses romantiques contemporains et des romans d’amour historiques qui se placent régulièrement sur la liste des meilleures ventes de livres du New-York times et USA today.

 

Bonne lecture
Claude Lambert

 

EXOMONDE, livre 1, de EMMA CORNELLIS

Perle, le piège du temps

*dix-sept ans…toujours aucun signal de la terre. Ils sont les premiers. La toute première mission spatiale habitée, envoyée hors du système solaire ! Les premiers dans toute l’histoire de l’humanité, à avoir posé les pieds sur un monde nouveau ! Se
pourrait-il vraiment qu’on les ait abandonnés ? *

(Extrait : EXOMONDE-LIVRE 1, PERLE, LE PIÈGE DU TEMPS Emma Cornellis, Éditions Hélène Jacob, 2018, 338p.)

Nous sommes en 2323. Lola est à un mois de son 17e anniversaire. Elle est l’unique enfant à avoir vu le jour sur Perle, exoplanète identique à la Terre. Sa mère était membre du tout premier vaisseau habité à s’aventurer hors du système solaire afin d’explorer et étudier ce nouveau monde. Mais à l’approche de leur destination, les astronautes ont été confrontés à une mystérieuse planète dont l’orbite a frôlé celle de Perle. Leur « aplanétage » d’urgence a coûté la vie à la mère de Lola.

Élevée par les survivants, la jeune fille est quand même heureuse et épanouie mais les adultes sont inquiets car la catastrophe à l’origine du naufrage est sur le point de se reproduire. La Terre, qui aurait dû répondre depuis longtemps à leurs messages de détresse, semble les avoir oubliés !

Fait plus troublant encore, Lola recommence à parler avec l’ami imaginaire qu’elle s’est inventé durant son enfance. Mais cette fois, elle prétend qu’il est bien réel et est déterminée à le trouver !

UN ENFER PARADISIAQUE
*Le jugement du Chaos éternel nous a été
enseigné par nos ancêtres créateurs : C’est
le dernier recours pour savoir si un être
appartient à l’Obscur ou au limpide ; ce
n’est pas un combat… (Extrait)

Dans l’ensemble, c’est un assez bon roman mais je suis mitigé. La première partie m’a passionné, la deuxième partie m’a énervé. C’est une histoire d’amour singulière dans laquelle s’entremêle la science-fiction, le fantastique, le suspense et un soupçon de mysticisme.

Voyons la première partie. Le récit développe un sujet qui intéresse de plus en plus la Société : la découverte d’une exoplanète qui permettrait à nos futures générations de s’installer dans un monde neuf et repartir à zéro.

L’équipage de l’explorer 1 arrive sur PERLE à la suite d’un accident provoqué en partie par le passage orbital d’une petite planète qui n’orbite pas sur le même plan que les autres planètes gravitant autour de PERLE. Lorsque cette planète passe très proche de PERLE, une fois à tous les 17 ans, un enchaînement de catastrophes frappe la planète.

Lors de cet accident, contrevenant à toutes les règles, une des membres de l’équipage est enceinte. Suivra la naissance de Lola, première humaine extra-terrestre. Le récit débute 17 ans après la naissance de Lola et se concentre sur la jeune fille.

Lola entend une voix, celle de ZVEN. Elle est certaine que ce n’est pas son imagination et décide de partir à la recherche du vrai ZVEN incarné. Ce qui amène Lola à fuguer, à peu près au milieu du récit.

Ce sera un virage très sec qui laissera complètement de côté les *Perléens* et qui concentrera l’histoire sur Lola et sur ZVEN qu’elle finira par trouver C’est un personnage énigmatique, issu lui aussi du dernier chaos, comme par hasard, 17 ans, beau comme le jour, fort comme un ours et doté de pouvoirs surnaturels…un moyen coup de dés.

Vous vous doutez sans doute que l’amour apparait et que les hormones se réveillent. De plus, ZVEN aura à lutter contre une croyance absurde qui exige le sacrifice d’un élu pour calmer ZRA, C’est ainsi qu’il appelle la petite planète, lorsqu’elle sera au plus près de PERLE. Une croyance ridicule qui s’explique facilement sur le plan scientifique.

C’est la beauté de l’écriture qui m’a le plus frappé. Malheureusement, j’ai trouvé beaucoup d’irritants. Dans la première partie, l’auteure en dit très peu sur PERLE, son environnement. J’aurais apprécié un descriptif plus riche. Je déplore aussi que l’auteure se soit complètement désintéressée de l’équipage dans la deuxième partie du récit.

L’aspect scientifique du récit est assez fluide et clair, mais j’ai trouvé l’aspect religieux compliqué pour rien et indigeste. Je me suis perdu dans les longues explications sur la nature religieuse du récit. J’aurais souhaité aussi en savoir plus sur les personnages. Ils ne sont pas vraiment creusés à part les deux héros.

Enfin, la finale est très abrupte. Elle annonce évidemment une suite sauf que la coupure est sèche. J’aurais souhaité que l’auteure donne un peu plus d’indépendance à son récit. Ça n’aurait pas empêché le lecteur d’avoir le goût de continuer.

Donc dans l’ensemble, le récit accuse un faible pouvoir descriptif, les personnages sont peu définis, ajoutons à cela un aspect mystique complexe à se perdre. Quelques points forts, car il y en a : L’écriture est belle et fluide. Sauf quand il est question de croyances et de folklore, il n’y a pas de longueurs.

Les sentiments d’adolescents de ZVEN et Lola ainsi que le besoin d’amour et de reconnaissance qui caractérisent leur âge sont traités avec subtilité et une remarquable délicatesse. Comme ça tient la moitié du récit, c’est donc un aspect intéressant. Ça donne le goût de voir la suite.

Suggestion de lecture : OMS EN SÉRIE , de Stefan Wul

Emma Cornellis est née à Lyon. Diplômée d’une maîtrise de langues étrangères appliquées, elle s’installe aux Pays-Bas pour l’amour d’un étudiant hollandais rencontré à Barcelone lors d’un programme ERASMUS. Elle se consacre désormais à l’écriture, ses trois enfants et la vie associative et culturelle de son village.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 21 février 2021

LE DOSSIER MÉTÉORE, de BENJAMIN FAUCON

*Il resta bouche bée durant de longues
minutes, alors que son téléphone
continuait de sonner. Cette fois, son
meilleur ami le harcelait, voulant vérifier
s’il était bel et bien mort comme les
journalistes se plaisaient à l’annoncer.
Des gouttes de sueurs dégoulinèrent de
son visage…*
(Extrait : LE DOSSIER MÉTÉORE, Benjamin
Faucon, AdA éditions, 2018, papier, 275 pages)

Matt Roy regarda la revue d’astronomie qui traînait sur le comptoir de son magasin. Ses yeux fixèrent la photographie de la nova observée le 19 mars 2012 et un large sourire apparut sur son visage. Cette étoile serait le sujet parfait pour son canular ! Au même moment à New York, un officier de la CIA, rangeait un dossier dans son bureau sans se douter qu’un plaisantin se préparait à en dévoiler le contenu. Du bureau présidentiel aux observatoires universitaires, les destins de plusieurs individus se trouvent  bouleversés par la découverte d’une vérité que l’être humain s’efforçait de cacher depuis plus de 50 ans.

L’OMBRE  DE ROSWELL
*Il ne s’agissait pas d’une nouvelle rumeur émanant
de son canular, mais de telles affirmations confirmaient
ses craintes. Sa blague pouvait en avoir dérangé plus
d’un. Et si le gouvernement comptait parmi eux, sa vie
prendrait un virage désastreux !

C’est un livre trépidant qui montre à quel point internet peut grossir et faire exploser une rumeur, qu’elle soit fondée ou pas : *Il jeta un dernier coup d’œil à son téléphone intelligent et éteignit la lumière. Son texte annonçait un changement dans la vie des hommes, mais en allant jusqu’au bout de sa mascarade, Matt venait de bouleverser les éléments de son propre univers.* (Extrait)

Désœuvré Matt Roy, inspiré par une revue d’astronomie annonçant l’observation d’une étoile très particulière de type nova, décide d’envoyer sur internet un canular annonçant l’arrivée prochaine d’extra-terrestres, Mat signe son texte d’un pseudonyme pompeux : Docteur Rosfield, ce qui n’est pas sans rappeler le célèbre dossier Roswell.

Ce que Matt ne sait pas c’est que la nova dont il est question et son lien possible avec des extra-terrestres fait l’objet d’un dossier très chaud à la CIA qui se fait forte d’éliminer tous ceux qui savent quelque chose sur cette fameuse nova appelée *Nova 19-3*. La CIA a vent rapidement de l’existence du texte signé dr. Rosfield.

Dès lors, Matt et tous ceux qui l’aideront sont condamnés à mort, traqués sans pitié par la CIA en particulier par Robert Owen, un monstre froid et sans conscience. Le président des USA s’énerve. Le message est clair : faites le ménage. Mais un policier de la ville de New-York décide de s’opposer aux meurtres et autres abus de l’agent Owen et de faire face courageusement à l’insaisissable CIA.

L’histoire est haletante et l’imagination de l’auteur m’a impressionné Cette impression s’est précisée  lors de ma rencontre avec l’auteur au Salon International du Livre de Québec en 2018.

L’histoire est centrée sur le canular bien sûr et plus précisément par la CIA qui traque sans relâche et en semant la mort le fameux docteur Rosfield identifié très rapidement comme étant Matt Roy. L’auteur n’est pas tendre pour la CIA qu’il fait passer pour une fabrique de monstres et de tueurs sans scrupules.

Là ou Benjamin Faucon a poussé très loin, c’est que la CIA considérait que ceux qui s’occupait du dossier Nova 19-3 dans leur propre agence en savaient trop et devaient être éliminés. C’est un peu fort. Quel est l’avantage d’être recruté à la CIA si on en sait trop dès le départ. J’ai trouvé ça un peu fantaisiste mais c’est bien le seul petit point négatif que je peux apporter sur ce livre à la trame captivante et parfois même essoufflante.

Ayant réalisé que l’édition que j’ai lue est en fait une réédition et plus que ça en fait. Il s’agit d’une réécriture du roman. J’en ai discuté avec l’auteur quand je l’ai rencontré. En réécrivant son texte, son idée était de changer la finale, ce qu’il a fait. Il a vraiment pondu quelque chose de différent mais aussi bon à peu de chose près.

Dans ce livre, AdA publie à la fin de l’histoire, la fin qui accompagnait le texte original. Je vous laisse bien sûr découvrir les deux finales et établir votre préférence. Mais très personnellement, et je ne veux pas vous décevoir Benjamin, mais la finale originale m’a fait davantage vibrer.

Je recommande ce livre sans hésiter. Il se lit vite et bien, l’intrigue est menée à la perfection. Les personnages sont très bien définis, assez pour détester royalement les méchants et c’est évidemment la CIA qui est pointée du doigt. Je serais curieux de voir ce que donnerait l’adaptation de ce livre au cinéma.

C’est un excellent divertissement qui vient nous rappeler qu’on est peut-être pas seul dans l’univers. Dans la dédicace que Benjamin Faucon a écrite dans mon exemplaire de son livre il précise : *Pour Claude, et si tout était vrai*

Suggestion de lecture : MOMENTUM, de Patrick de Friberg

Bernard Faucon est un romancier canadien d’origine française né en 1983. C’est à 20 ans qu’il écrira son premier ouvrage. Son style est alors surtout axé sur la poésie. C’est un genre qu’il délaissera assez rapidement au profit du roman, s’orientant vers la littérature fantastique avec la série ÉDEN ET LE MONDE VERT, puis le thriller NOVA 19-3 publié en 2012.  En 2014, publie LA THÉORIE DES GÉANTS. C’est le début d’une longue collaboration qui amènera entre autres LE DOSSIER MÉTÉORE, 15e roman publié chez AdA. 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 13 décembre 2020

Les neuf cercles, le livre de R.J. ELLORY

*On perdait une partie de son humanité à la guerre, et
on ne la récupérait jamais. Mais cette fois-ci, même
Gaines était retourné. Une jeune fille morte. Peut-être
noyée, peut-être assassinée, et enterrée dans la vase.
L’exhumer ne serait pas une tâche aisée…*
(Extrait : LES NEUF CERCLES, R.J. Ellory, Sonatine
Édition pour la traduction française,  2014, édition
numérique, 700 pages)

1974. De retour du Vietnam, John Gaines a accepté le poste de shérif de Whytesburg, Mississippi. Une petite ville tranquille jusqu’au jour où l’on découvre, enterré sur les berges de la rivière, le cadavre d’une adolescente : Nancy Denton, une jeune fille mystérieusement disparue vingt ans plus tôt et dont le corps a été préservé par la boue. L’autopsie révèle que son cœur a disparu, remplacé par un panier contenant la dépouille d’un serpent. Traumatisé par le Vietnam, John doit à nouveau faire face à l’horreur et se lancer dans  un combat mené pour une adolescente assassinée et une mère de famille déchirée. Ce qui attend John : une nouvelle traversée des neuf cercles de l’enfer.

UN HOMME…
DE LA GUERRE IMPRÉGNÉ
*J’ai fait ce qui m’a semblé le mieux, et si je dois finir
en prison pour ça, alors soit. Et il y avait l’expression
dans ses yeux, cette espèce d’étonnement, cet espoir
désespéré que son acte effroyable ait pu être bénéfique.*
(Extrait)

C’est un suspense policier à caractère psychologique très centré sur l’horreur de la découverte faite par le Shériff John Gaines du cadavre d’une jeune fille conservé intact dans la boue d’une rivière même après 20 ans, le cœur arraché. Que s’est-il passé exactement. Le livre est très centré sur l’impact psychologique d’une telle vision sur l’esprit de Gaines. Mais le shérif est un ancien du Vietnam.

Il a vécu les neuf cercles de l’enfer vietnamien…il en a vu d’autres…c’est pas si simple… : *Quand vous voyiez un joueur de football blond de 19 ans décapiter un jeune vietnamien de 15 ans, puis rester là à prendre des photos…vous compreniez que le monde ne tournait pas rond…Cette affaire était comparable. La même fascination surréaliste et morbide. Le même étonnement sombre et terrifiant. (Extrait) Malgré lui, et avec cette affaire qui dépasse tout le monde, Gaines revivra les neuf cercles.

C’est un roman très noir dans lequel l’atmosphère étrangle parfois l’intrigue et qui met en scène des personnages transformés par la guerre, mais aussi des policiers dépassés par un évènement d’une incroyable morbidité : Au premier plan, on trouve aussi une famille dynastique typique du sud américain du dernier siècle : la famille Wade, pourrie par l’argent, l’ambition, le pouvoir qui étend ses tentacules dans les sphères politiques et judiciaires.

Le genre de famille avec des membres tordus et sans scrupules à qui il est impossible de dire non. Ainsi s’exprime Earl Wade, le patriarche devenu mentalement instable : *<Un salopard, une putain, un pédéraste et une pimbêche. Voilà le fruit de mes entrailles. On dit que les amis sont la famille qu’on se choisit. Si j’avais le choix, je les renverrais tous sans rien et je donnerais tout mon argent.* > (Extrait)

Vous avez maintenant une bonne idée du décor planté avec un rare souci du détail par l’auteur R.J. Ellory. Reste à savoir comment Gaines dirige son enquête. Je vous laisse le découvrir mais vous pourriez être surpris par l’opiniâtreté du Shérif…opiniâtreté qui tourne à l’obsession et qui nous prépare à une finale tout à fait inattendue.

C’est un livre intéressant marqué par une exploration minutieuse de l’âme humaine. L’intrigue est là mais il y a plus fort encore : l’ambiance, l’atmosphère parfois lourde et dense qui évoque le brouillard. Cet élément consacre l’aspect psychologique du récit. Le rythme du récit est modéré et se concentre sur le mal…l’horreur.

J’ai trouvé le lien avec les neuf cercles de l’enfer un peu ténu pas toujours constant. Il n’y a aucune évocation de Dante, mais ce n’est pas important. C’est le traumatisme de la guerre qui compte et il est omniprésent dans l’histoire. Tout comme le caractère psychologique de l’œuvre, la plume est à la fois forte et sensible.

Une belle exploration de la psyché humaine…à lire.

Suggestion de lecture : LES CLOCHES DE L’ENFER, de John Connoly

Roger Jon Ellory est né à Birmingham en 1965. Après avoir connu la prison à l’âge de 17 ans, il se consacre à plusieurs activités artistiques puis se plonge dans la lecture, et sa passion pour la littérature de fiction ne fait que croître. Ses auteurs de prédilection: sir Arthur Conan Doyle, Michael Moorcock, Tolkien, Stephen King… Entre 1987 et 1993, RJ Ellory écrivit pas moins de vingt-deux romans, chacun lui valant systématiquement des refus éditoriaux, polis mais fermes…

Découragé, RJ Ellory cesse d’écrire jusqu’en 2001, où il reprend la plume avec trois romans en moins de six mois. Mais c’est avec SEUL LE SILENCE, son cinquième roman publié en Angleterre que le public français le découvre. Suivront, toujours chez Sonatine Editions, Vendetta en 2009 et Les Anonymes en 2010 et bien sûr LES NEUF CERCLES.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le vendredi 23 octobre 2020