ASTÉRIX CHEZ LES QUÉBÉCOIS, Tristan Demers

*Ce livre propose avant tout un regard affectueux sur ce grand classique de la BD à travers les yeux des gens d’ici. Il témoigne de l’impact qu’Astérix a eu, ou du moins semble avoir eu, sur notre société distincte, une collectivité affublée d’une spécificité culturelle tout aussi singulière que l’ADN qui constitue la sève de nos héros gaulois. Qui sait si les combats des irréductibles gaulois, comme par un effet miroir, n’ont pas influencé les nôtres… *
(Extrait, ASTÉRIX CHEZ LES QUÉBÉCOIS, Tristan Demers, Hurtubise éditeur, Les Éditions Albert René/Goscinny-Uderzo, 2018, papier illustré, grand format, 180 pages)

Depuis sa création en 1959 et fort de ses 375 millions d’exemplaires vendus, Astérix n’a cessé de fasciner les lecteurs de tous âges. Accueillant chacun des albums de la série avec enthousiasme, les québécois se sont identifiés à ce petit village gaulois qui poursuit, seul, sa lutte contre l’envahisseur romain.

Ce livre documentaire explique le pourquoi et le comment de cette histoire d’amour franco-québécoise unique. Tous les aspects des rapports établis au fil des ans entre les québécois et l’œuvre de Goscinny et Uderzo sont passés au crible : historique, politique, culturel, publicitaire, muséal, etc… une invitation à la relecture d’une des plus grandes séries de l’histoire mondiale de la bande dessinée : ASTÉRIX.

UN GAULOIS PAR CHEZ NOUS
*Puisque le village d’Astérix résistant à l’envahisseur est
ce qui nous unit, les gaulois et nous, cela fait des québécois
des lecteurs différents, probablement plus sensibles aux
motivations d’Abraracourcix et de ses villageois. C’est en
tout cas ma conviction profonde, peu importe ce que peuvent
en dire les sceptiques. *
(Commentaire de Tristan Demers dans
l’épilogue de ASTÉRIX CHEZ LES QUÉBÉCOIS)

J’avais six ans quand Astérix est né de l’imagination d’Uderzo et Goscinny. Je ne me suis pas tout de suite intéressé au personnage. J’étais en train d’apprendre à lire et je venais tout juste de faire connaissance avec un autre personnage célèbre : Tintin. Tintin, Milou et le capitaine Haddock que j’affectionnais particulièrement allaient m’accompagner toute mon enfance et une partie de l’adolescence jusqu’à mon premier album d’Astérix.

Ce fut le coup de foudre à l’époque, et c’est encore le coup de foudre aujourd’hui. Soixante ans plus tard, un québécois, mordu de la bande dessinée, Tristan Demers, vient rappeler les débuts d’une grande histoire d’amour entre Astérix et l’ensemble d’un peuple : Le Québec.

Dans un livre à la présentation extrêmement bien soignée et bourré d’illustrations et de photos, Tristan Demers explique cette relation privilégiée en établissant des liens d’identification, des ressemblances, des rapports développés au fil du temps, entre autres sur les plans historique, culturel et spécialement sur le plan socio-politique :

*Nous pouvons, tout comme vous, évoquer sans rire nos ancêtres les gaulois. Même s’il nous advient de nous sentir cernés comme Astérix dans son village (…) et de songer aussi que l’Amérique du nord toute entière aurait fort bien pu être gauloise plutôt que néo-romaine.* (Extrait du discours du premier Ministre du Québec, René Lévesque devant l’Assemblée Nationale française en novembre 1977, publié dans ASTÉRIX CHEZ LES QUÉBÉCOIS)

Je pense que Tristan Demers, que j’ai eu le plaisir de rencontrer une fois, s’est dépassé en présentant la genèse d’une série qui allait rapidement constituer le fleuron mondial du neuvième art et surtout en expliquant de façon simple et claire ce qui fait qu’on se ressemble et qu’elle a été l’influence des célèbres irréductibles sur les québécois et les québécoises.

Le livre est destiné aux québécois mais il peut bien être lu par l’ensemble de la francophonie mondiale tellement la plume est excellente bien qu’il n’y a que des québécois pour saisir toute la portée des passages les plus intimistes que j’ai personnellement savourés :

*Au fond, le village d’Astérix n’est pas très éloigné du modèle type de la FAMILLE PLOUFFE ou de celle des PAYS D’EN HAUT : on y mange, on s’y dispute et on s’y comporte parfois comme des enfants. * Heureusement, les québécois n’ont jamais craint l’auto-dérision * (extrait)

Dans son livre, je crois que Tristan Demers n’a rien oublié. Il consacre même un petit chapitre à CINÉ-CADEAU, cette trouvaille géniale de Télé-Québec qui a introduit les aventures d’Astérix et Obélix à toute une génération de jeunes. Mes propres enfants ont connu ces gentils gaulois par le biais de ciné-cadeau.

Je n’exagère donc pas en disant que ce livre m’a fait vibrer et il en est ressorti de belles émotions. ASTÉRIX CHEZ LES QUÉBÉCOIS fera autant le délice des néophytes que des connaisseurs, jeunes et moins jeunes. L’édition est très soignée avec papier semi-glacé. Le livre est bien ventilé et la plume fluide, le tout est une mine d’or en informations.

Je ne suis pas amateur de livres-documentaires mais dans ce cas-ci, pour utiliser un vieux cliché…je crois bien que je suis tombé dans la marmite étant petit…

Suggestion de lecture : RENÉ GOSCINNY RACONTE LES SECRETS D’ASTÉRIX

  

Tristan Demers est né le 19 septembre 1972, à Montréal. Son intérêt marqué pour la bande dessinée l’incitera à créer sa propre série, Gargouille, à l’âge de 10 ans ! En 1988, les éditions Levain/Mille-Îles publient un premier album de Gargouille : Chasse aux mystères !

Sept autres albums paraissent dans les années qui suivent. Depuis, Tristan compte à son actif plus de 70 000 albums vendus et 250 participations dans les salons du livre et autres festivals de la francophonie. Gargouille est un des personnages les plus populaire de la bande dessinée québécoise. 

Récipiendaire de plusieurs prix, Tristan a lancé, en collaboration avec Jocelyn Jalette et Raymond Parent, au printemps 2006, un guide pédagogique sur la bande dessinée destiné aux enseignants. Enfin, une biographie de l’auteur, publiée en 2003, soulignait les vingt ans de son personnage.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le vendredi 25 octobre 2019

La semaine des bibliothèques publiques du Québec

LA SEMAINE DES BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES
DU QUÉBEC

Hommage aux bibliothèques
de la ville de Québec

La maison de la littérature est une composante majeure du réseau des bibliothèques de Québec. En plus d’offrir les services d’une bibliothèque publique, on y trouve une exposition sur la littérature québécoise, un studio de création, un atelier de bd et une résidence d’écrivains. À longueur d’année, une programmation variée garde bien vivante et vigoureuse la scène littéraire. La maison de la littérature est aménagée dans l’ancien temple Wesley au cœur du vieux Québec.

LA VIE EN PAGE
*J’avais trouvé ma religion : Rien ne me
parut plus important qu’un livre. La
bibliothèque, j’y voyais un temple. *
(
Jean-Paul Sartre-LES MOTS)

Bibliothèque de l’Assemblée Nationale du Québec

Vingt-six bibliothèques forment actuellement le réseau de bibliothèques publiques de la ville de Québec. Les bibliothèques ont beaucoup changé avec le temps. Les autorités ont reconnu dans ces temples de l’enrichissement de l’esprit la clé d’une culture en mouvance.

Nos bibliothèques ont été mises en valeur et sont devenues des bijoux d’architecture et d’aménagement et aussi de services avec des centaines de milliers de livres, revues de toutes sortes et divers document…une collection dite flottante car si vous êtes membres d’une bibliothèque à Québec, vous êtes automatiquement membre du réseau. Vous empruntez un livre à Charlesbourg ? Vous voulez le remettre à Sainte-Foy ? Aucun problème.

Nos bibliothèques ont magnifiquement évolué, s’ajustant constamment aux goûts et aux besoins du public. Elles offrent par exemple une grande variété de ressources numériques : livres et encyclopédies, musique en continu et vidéos et toutes les collections sont mises à jour régulièrement et ne cessent de s’enrichir.

Pour tous les détails et les avantages d’être membre du réseau, visitez le site de la bibliothèque de Québec vous ne serez pas déçus. Vous y trouverez entre autres l’ensemble des programmes offerts par la bibliothèque de Québec, y compris les activités pour les enfants. Ces activités sont gratuites la plupart du temps.

Personnellement, je suis fier de la bibliothèque de Québec. Dans toutes les bibliothèques que j’ai fréquentées j’ai pu profiter d’un excellent confort pour la lecture ou la recherche informatique, un éclairage étudié, un environnement aussi calme que stimulant. Je peux rester des heures dans une bibliothèque sans en sortir fatigué.

Bravo à tous les personnels qui sont chaleureux et accueillants et qui prennent bien soin de nos bibliothèques. Je vous souhaite une magnifique semaine des bibliothèques publiques et j’invite ceux et celles qui ne l’ont pas encore fait à visiter une bibliothèque.

L’addiction vous guette…

QUELQUES BIBLIOTHÈQUES DU RÉSEAU
DE QUÉBEC

La bibliothèque Étienne Parent
La bibliothèque Gabrielle Roy et bibliothèque Aliette-Marchand

La bibliothèque Saint-Charles

 La Bibliothèque Roger Lemelin et à droite, la Bibliothèque Félix Leclerc


Je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé (Montesquieu 1689-1755)

BONNE SEMAINE DES BIBLIOTHÈQUES
ET BONNE VISITE
JAILU/Claude Lambert
Le samedi 19 octobre 2019

Pour la liste complète des bibliothèques publiques du réseau de Québec, cliquez ici

Pour suivre le réseau sur Facebook, cliquez ici.

Claude Lambert

 

PIERRE-YVES McSWEEN, EN AS-TU VRAIMENT BESOIN ?

*Chaque fois que mes yeux convoitent un objet,
que ma main s’empare de mon portefeuille, le
«En as-tu vraiment besoin?» résonne dans ma

tête comme un mantra.*
(EN AS-TU VRAIMENT BESOIN, extrait de la préface
de Paul Arcand, Guy Saint-Jean éditeur, 2016,
éditions de papier, 370 pages.)

EN AS-TU VRAIMENT BESOIN est un livre documentaire comprenant une quarantaine de sujets développés sous forme de chroniques et ayant trait à l’organisation financière personnelle. Chaque titre se termine par EN AS-TU VRAIMENT besoin et place un miroir réaliste devant nos choix de vie et leurs conséquences. Malgré la rigueur administrative prônée par Pierre-Yves McSween, chaque sujet est traité avec perspicacité et humour. L’auteur tend à définir le comportement d’un citoyen responsable financièrement.

UN RECUEIL STRATÉGIQUE
POUR LES DÉPENSIERS
*On sait pertinemment que les points représentent
un outil de marketing utilisé à des fins de
fidélisation de la clientèle et du profilage des
habitudes de consommation. On sait aussi que si
on ne participe pas à ce système, on paiera de
toute façon le prix de celui-ci pour ceux qui
l’utilisent.*
(Extrait : EN AS-TU VRAIMENT BESOIN)

EN AS-TU VRAIMENT BESOIN est un recueil de 40 chroniques signées Pierre-Yves McSween dont l’expertise est reconnue : comptable professionnel agréé, professeur d’administration dans un Cégep et bien sûr chroniqueur. Dans son livre, McSween remet en question notre façon de dépenser. *Au Québec, l’analphabétisme financier et la consommation à outrance influent négativement sur l’existence de chacun.* (4e de couverture)

*Partant du principe qu’*on n’est pas libre si on passe notre vie à payer* (Extrait) et comme l’auteur remet en question notre façon de dépenser, alors il; nous pose la question : EN AS-TU VRAIMENT BESOIN?…de la carte de crédit, des cartes de point, de faire un budget, d’une voiture neuve, de prévoir la mort, des assurances, de voyager, d’une stratégie de consommation et j’en passe bien sûr.

C’est la première fois que je lis un livre aussi tranchant sur nos habitudes de consommation. Il nous met sur le nez des évidences qui pourraient en faire pâlir plusieurs. En effet, une grande quantité d’exemples de stratégies douteuses pourraient facilement porter l’étiquette de la stupidité :

*Quand un étudiant en administration vient se plaindre que son budget est serré, mais qu’il roule en voiture de l’année, je n’ai d’autre choix que de lui pulvériser son incohérence en plein visage* (Extrait)

Une majorité de québécois vivent au-dessus de leurs moyens et dépensent n’importe comment. Le résultat de cette compulsion est un endettement qui hypothèque l’avenir. Avec EN AS-TU VRAIMENT BESOIN , Pierre-Yves McSween poursuit deux objectifs très simples: revoir nos habitudes de consommation et établir une stratégie financière efficace.

Je vous avertis toutefois que pour beaucoup de québécois, appliquer toutes les recommandations pourraient être aussi difficile que d’arrêter de fumer (Je m’étonne que McSween ne parle pas de la cigarette dans son ouvrage) maigrir, se passer d’internet ou de téléphone.

En fait, j’ai réalisé que si j’appliquais à la lettre les 40 recommandations, je pourrais profiter par exemple d’une retraite aisée jusqu’à cent ans, même si je meurs d’un accident à 65 ans ce qui laisse supposer qu’il faut en prendre et en laisser. Privez-vous disait Séraphin Poudrier à cet éternel endetté qu’était le Père Ovide… Il n’avait pas tort mais ne vaut-il pas mieux tendre vers l’équilibre ?

Et puis appliquer toutes les recommandations équivaudrait à être parfait, ce qui est impossible. Tendre vers la perfection, c’est déjà pas mal. À ce titre, EN AS-TU VRAIMENT BESOIN est un véritable manuel d’auto-défense contre l’irresponsabilité financière voire, comme le dit si bien l’éditeur, l’analphabétisme financier.

En gros, c’est un volume intéressant qui vise une gestion personnelle rationnelle. Il y a quelques chroniques que j’ai trouvé étranges, toujours avec la mention EN AS-TU VRAIMENT BESOIN : l’amour, les enfants, les fêtes d’enfant, manger tes bas, cuisiner, mais en général les titres sont pertinents et l’ensemble est formateur.

J’ai apprécié ce livre qui m’a poussé à la réflexion sur ma façon de gérer. Les chapitres (chroniques) font de 6 à 10 pages. Le ton est tranchant. Le langage, pas toujours en équilibre avec le bon goût, a l’avantage d’être très direct. Pas de détour. La plume rappelle un peu l’expression orale.

J’avais l’impression parfois de lire le libellé d’une conférence. Chaque chapitre se termine par une petite réflexion qui fait office de résumé et de recommandation. Toutes nos manies de consommateurs sont mises en perspective. L’auteur toutefois s’étend moins sur la façon de budgéter, de s’administrer mais il a le mérite de miser sur l’importance de se créer individuellement une marge de manœuvre financière.

Je crois que chaque famille devrait avoir un exemplaire de ce livre. Il divertit autant qu’il *brasse la cage*…

Suggestion de lecture : NON RECONNU, de Steven M. Greer

Pierre-Yves McSween est comptable professionnel agréé. Chroniqueur affaires et économie au 98,5 FM il collabora avec Paul Arcand. Il est aussi blogueur sur VOIR.CA. Enfin, Pierre-Yves McSween est professeur d’administration au Cégep régional de Lanaudière à l’Assomption. Ses interventions à titre de communicateur visent toujours l’équilibre financier et la prévention de la consommation à outrance.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 11 mai 2019

Si tu ne lis pas prends garde à toi,

COMMENTAIRE SUR LE LIVRE DE
LAURENCE FANTUZ

*Depuis toujours, je m’étais persuadé
que lire n’apportait aucun plaisir, sans
avoir réellement essayé, je dois
l’admettre. Devais-je lui faire confiance
et tenter l’aventure?*
(Extrait : SI TU NE LIS PAS, PRENDS GARDE À TOI!)
Laurence Fantuz, 2e édition 2012, Éditions Adabam.
édition numérique, 255 pages.)

Un jour, un vieux livre surgit dans la vie de Max, 12 ans…un cadeau que sa mère lui a fait…plutôt incongru pour Max qui est peu attiré par la lecture. Notre jeune ami décide de ranger le livre aux oubliettes, mais le livre n’est pas d’accord. Il s’anime et entreprend une mission : amener graduellement Max à apprécier la lecture. Max n’a pas du tout l’intention de se laisser faire et tire des plans pour se débarrasser de ce vieux livre dérangeant. Cependant, une chaîne d’évènements  et  l’influence de sa sœur qui adore lire amèneront  Max à s’intéresser au livre et à vivre finalement une aventure fantastique.

LIRE C’EST DÉCOUVRIR
*Effacés grâce à lui tous mes préjugés insensés,
tellement obstiné pendant des années j’ai été,
Mots et idées jaillissent désormais de mes pensées…*
(Extrait : SI TU NE LIS PAS, PRENDS GARDE À TOI)

Ce petit roman jeunesse est classé *aventure fantastique* mais j’y ai vu surtout un fort potentiel didactique et pédagogique. Au départ, le titre est plutôt ronflant et porte à jugement. Je n’ai pas tout à fait compris ce choix. Aussi, il ne faut pas trop s’y fier. Je veux préciser aussi que si vous croyez ne pas pouvoir lire ce livre avec des yeux d’enfants, mieux vaut pour vous passer à autre chose car vous risquez de vous ennuyer.

L’histoire est simple. C’est celle de Max, 12 ans, qui déteste la lecture mais qui ne l’a pas vraiment essayée. Un  jour, sa mère lui donne un vieux livre issu du patrimoine familial. Max n’en a cure…il relègue le livre aux oubliettes, mais le livre voit les choses autrement, car il est magique.

Le livre s’anime et se donne pour mission d’amener Max à apprécier la lecture. Pour ce dernier, le cadeau est empoisonné et il tire des plans pour s’en débarrasser. Il faut voir comment l’auteur amène Max à s’attacher à ce vieux bouquin. J’ai simplement et agréablement assisté à la naissance d’une forme de sentiment pour la lecture qui va finir d’ailleurs par une passion.

Quoique classique et peu original, le sujet est intelligemment développé et dévoile sans moralisation les vertus de la lecture comme l’enrichissement du vocabulaire en passant par le perfectionnement de l’orthographe jusqu’à l’ouverture de l’esprit sur le monde, son histoire, ses cultures.

L’élément qui m’a irrité un peu dans cette histoire tient au fait que tout se passe trop vite et va trop loin. En effet, presque du jour au lendemain, Max devient un passionné de lecture, délaissant sa passion des jeux vidéos, compose des histoires et de la poésie à mon avis un peu trop avancées pour son âge et compte maintenant devenir un écrivain. C’est un peu surréaliste ou tout au moins vite en affaires.

Malgré tout, j’ai apprécié ce livre, magnifiquement illustré par Dub, un excellent dessinateur, parce qu’il est très actuel. Les jeunes prendront plaisir à s’attacher au sympathique Max et ses amis et se reconnaîtront sûrement dans leur quotidien.

À notre époque où les jeunes sont aspirés par Internet, les jeux vidéos et les téléphones intelligents, il est bon de savoir qu’on peut prendre un réel plaisir à lire. Tout en évitant de présenter la lecture comme le seul loisir valable et considérant d’un bon œil les jeux vidéos et les sports,  Fantuz vient nous rappeler que le livre a et aura toujours sa place. Question d’équilibre.

C’est un  bon petit livre dans lequel l’humour a sa place et qui propose à la fin, un petit documentaire, encore là magnifiquement illustré par Dub, qui raconte l’histoire et l’évolution de l’écriture et du langage, l’histoire du livre et la naissance des différents genres littéraires.

Le livre survole aussi l’histoire de la bande dessinée et propose des petits conseils pour ceux et celles qui veulent prendre la plume. C’est un petit documentaire vraiment bien fait, écrit dans un langage simple et fluide à la portée des enfants. C’est un livre sympa qui ne peut faire que du bien.

Internet laisse filtrer peu de détails sur la carrière de Laurence Fantuz. Mentionnons simplement que c’est une auteure française née en 1966, résidant à Paris et maman de deux garçons. C’est une passionnée de la tradition orale qui a choisi la plume, et avec bonheur semble-t-il. SI TU NE LIS PAS, PRENDS GARDE À TOI est son premier roman-jeunesse. Vous pouvez consulter le site internet de Laurence Fantuz pour plus de détails sur son œuvre.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le samedi 8 décembre 2018

 

LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR, d’ISABELLE NAZARE-AGA

*Que feriez-vous si une relation amoureuse vous
détruisait, écrasait votre personnalité et votre
identité propre, sans laisser place au bien-être, à
l’épanouissement, voire au bonheur? «Je prendrais
la poudre d’escampette au plus vite!» est sans
doute votre réponse. Cela n’est pas si sûr…*
(Extrait : LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR, Isabelle
Nazare-Aga, Les Éditions de l’homme, 2004, édition
de papier, 215 pages)

Dans LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR, la thérapeute comportementaliste Isabelle Nazare-Aga nous trace un portrait du manipulateur affectif et explique ce qu’il y a de mieux à faire lorsqu’on se rend compte qu’une relation amoureuse est destructrice, qu’elle écrase la personnalité et l’identité propre. À partir de témoignages recueillis pendant sa carrière, Isabelle Nazare-Aga étudie au quotidien les méfaits et les conséquences d’une relation amoureuse avec ce qu’elle appelle un vampire affectif.

Dans son livre, elle expose les mécanismes et manifestation de cette emprise éprouvante et donne des conseils pratiques pour s’en protéger en identifiant les différentes étapes de la vie amoureuse avec un manipulateur et les répercussions qu’elles ont sur la victime. Le livre poursuit un but simple : identifier avec certitude la manipulation et ne plus jamais être manipulable.

LE VAMPIRISME AFFECTIF POINTÉ DU DOIGT
*Maintes fois, ces conjoints tentent de réparer,
de comprendre et de se faire comprendre. En
vain. Maintes fois, ils pensent partir, se séparer…
sortir de cette relation devenue sordide! Qu’est-ce
qui les en empêche? Les lois de nos pays ne sont
en rien des obstacles. Les freins sont ailleurs…
(Extrait : LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR)

C’est un livre intéressant qui étudie les méfaits et les conséquences d’une relation avec un manipulateur. Dans son livre, Isabelle Nazare-Aga précise que les manipulateurs ne représentent que 3% de la population mais…*leur cas nous intéresse tant les dégâts qu’ils provoquent sont nombreux, systématiques et dévastateurs pour 90% de leur entourage.* (Extrait)

Le point fort du livre est ce chapitre qui nous apprend les 30 principales caractéristiques du manipulateur ou de la manipulatrice. Autre élément intéressant, Chaque chapitre se termine par une petite section intitulée *QUE FAIRE* qui résume les stratégies en lien avec le sujet développé.

Des sujets parallèles ou qui sous-tendent le sujet principal sont aussi développés comme la dépendance affective et en particulier la contre-manipulation qui serait un premier pas extrêmement intéressant pour s’en sortir, dans les cas des personnes manipulées.

Dans sa forme, ce n’est pas un livre qui innove. Comme dans beaucoup de livres de psychologie et de développement personnel, on retrouve beaucoup de témoignages qui ne diffèrent les uns des autres que par certaines variantes. On a l’impression que les témoignages se répètent ou disent la même chose.

Peu importe, ils amènent le lecteur à se demander comment les victimes peuvent vivre avec de tels monstres. En effet, le livre met en présence les manipulées, soit les victimes d’un côté et les manipulateurs de l’autre. Les bons et les méchants. Gros plan sur la malfaisance des manipulateurs et sur les conséquences néfastes pour les victimes.

Je veux en venir au fait que le livre laisse des questions en suspens : Il laisse supposer qu’on reconnaît les manipulateurs, mais une fois qu’on est tombé dans le piège. Mais si on revient juste un peu avant la case départ, y a-t-il moyen de prévenir, ou le manipulateur est-il indétectable? Ce n’est pas clair.

L’auteure précise que 30% des manipulateurs ont ou avaient des parents eux-mêmes manipulateurs. Il aurait été intéressant de savoir comment on devient un manipulateur comme il aurait été aussi intéressant de reconnaître certains signes qui laissent supposer que nos enfants pourraient être de futurs manipulateurs, question de faire un peu de prévention.

Je suppose que ces sujets doivent être développés dans d’autres livres comme le laisse supposer l’importante bibliographie publiée à la fin du livre, mais il aurait été intéressant de se voir proposé un petit condensé qui couvre ces questionnements et d’autres questions aussi comme : peut-on amener un manipulateur à prendre conscience de son problème et comment l’aider?

Ce livre est tout de même digne d’intérêt, surtout si vous trouvez que quelque chose cloche dans votre environnement relationnel. C’est un livre axé sur la victime…un manuel de survie quoi!

Thérapeute comportementaliste et cognitiviste, ­Isabelle Nazare-Aga exerce en cabinet et dirige des stages d’affirmation et d’estime de soi, de recherche des valeurs personnelles et de gestion des émotions. Elle donne aussi des séminaires sur l’art de faire face aux manipulateurs.

Elle est l’auteur de plusieurs best-sellers internationaux. Elle a écrit plus d’une dizaine de livres. Ses plus récents titres sont : LES MANIPULATEURS ET L’AMOUR (2013), LES PARENTS MANIPULATEURS (2014), LES MANIPULATEURS SONT PARMI NOUS (2015), JE SUIS COMME JE SUIS (2015) et SORTEZ DE VOTRE COQUILLE (2015).

À LIRE : dossier sur la manipulation dans le couple

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 4 mars 2018

MAISONS ANCIENNES DU QUÉBEC, PERRY MASTROVITO

*Lorsque j’ai visité ces maisons, je me suis
senti très privilégié d’être invité à l’intérieur,
pour voir avec mon œil de photographe,
les décors fabuleux que je tentais
d’imaginer de l’extérieur…*
(Extrait : MAISONS ANCIENNES DU QUÉBEC,
introduction, Perry Mastrovito, Broquet, 2011,
textes en français et en anglais, éd. Papier,
160 pages)

Dans son livre MAISONS ANCIENNES DU QUÉBEC, Perry Mastrovito nous livre toute la beauté et la chaleur des maisons anciennes du Québec…de superbes maisons construites aux 18e et 19e siècle, témoignant de l’influence de la Nouvelle-France.

Mastrovito partage avec le lecteur le privilège dont il s’est senti investi en visitant l’intérieur de ces maisons superbes, témoins du passé québécois et de ces tendances architecturales, sises dans les régions de Laval, Lanaudière, les Basses Laurentides, dans l’Outaouais et sur l’îles d’Orléans. Une magnifique et vibrante remontée dans le temps.

LA CHALEUREUSE PRÉSENCE DU PASSÉ
*Qui sait, peut-être y trouverez-vous aussi
quelques conseils de décoration et de
design, tout en étant visuellement
impressionné, comme je l’ai été,
par
ces maisons qui font partie de notre
précieux héritage architectural.*
(EXTRAIT : MAISONS ANCIENNES DU QUÉBEC)

C’est un très beau livre qui touche un peu tout le monde car qui n’a pas été touché et même envoûté, tôt ou tard par une maison ancienne. Mastrovito y a réuni plus de 300 photos. Ce trésor comprend des maisons anciennes de bois ou de pierres des champs construites aux 19e et 18e siècle.

Et comme le goût des québécois pour l’architecture du passé ne se dément pas, l’auteur-photographe a inséré des photos de maisons récentes, de quelques dizaines d’années. Mais, voilà, ces maisons ont ceci de particulier qu’elles ont été construites pour paraître vieilles.

Plusieurs de ces maisons m’ont fortement impressionné. Entre autres, une grande demeure construite dans les années 1820 à Saint-Laurent, une petite municipalité de l’île d’Orléans, une superbe demeure dont la finition extérieure combine le rouge et le blanc…*une combinaison traditionnelle et populaire de couleurs éclatantes…* (Extrait)

Ce livre a quelque chose d’onirique. Il m’a littéralement hypnotisé par sa capacité de me faire goûter et me faire vivre la beauté rustique et l’allure de la vie rurale. Vous aussi, vous trouverez vos coups de cœur, j’en suis certain.

Ça pourrait être une maison construite vers 1760 à Lachenaie, pierres des champs, finition extérieur orangée et dans laquelle on a ajouté un superbe poêle à bois l’Islet datant de 1949…ou encore une splendide maison en pierre des champs érigée dans les années 1730 à Rivière-Des-Prairies et restaurée dans les années 1970 en respectant scrupuleusement ses conditions d’origine.

Ce livre, vibrant témoin du passé québécois, est un baume pour le cœur avec des maisons qui parlent, qui chantent et qui nous enveloppent du riche passé de la Nouvelle-France. Il a quelque chose de poétique qui enchante. Ce livre est toute l’expression de notre précieux héritage architectural.  Je le recommande chaleureusement.

Suggestion de lecture : DANS LA PEAU DE NOS ANCÊTRES, de Guy Solenn

Perry Mastrovito est un photographe professionnel né à Montréal. Il s’est spécialisé dans la photographie de maisons résidentielles, et de paysages ruraux et urbains entre autres. Plusieurs de ses photos ont été publiées dans de nombreux livres, magasines et publications. On en trouve aussi sur des calendriers et des cartes postales par exemple. Pour mieux apprécier l’univers de l’artiste, visitez le site www.perrymastrovito.com

À LIRE AUSSI :

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Le  dimanche 12 novembre 2017

LE TÉLÉPHONE PORTABLE, gadget de destruction massive

Commentaire sur le collectif de
L’ÉCHAPPÉE 

*À votre décharge, vous avez peu connu le monde sans portable.
Vos aînés, eux, sont si honteux de leur soumission qu’ils se
justifient à longueur de temps : «C’est juste en cas de panne de
voiture», «je l’utilise très peu», «Avec mon boulot je suis obligé»,
piètre aveu qu’il faut traduire par : «Je me suis fait avoir comme
tout le monde».*
(Extrait : LE TÉLÉPHONE PORTABLE, GADGET DE DESTRUCTION MASSIVE,
Collectif éditorial, Éditions L’Échappée, 2008, numérique, 145 pages)

Dans ce livre, la rédaction de l’Échappée pointe du doigt le téléphone portable qui constitue le plus foudroyant développement technologique de l’histoire. Il est considéré ici comme un instrument d’addiction, générateur d’autisme social. Bref le téléphone portable est devenu un fléau social. L’équipe de rédaction passe en revue ses effets qui, selon elle, ont colonisé nos vies en moins de 10 ans : l’accumulation catastrophique de déchets électroniques, la technification des rapports sociaux et la divulgation de renseignements personnels et bien sûr l’addiction. 

LE PARCOURS D’UN  RAVAGE  

C’est un opuscule qui dresse la liste des méfaits du téléphone portable. Je dis bien méfaits car il n’y a que de ça dans ce petit livre. Aucune qualité, aucune vertu, rien de positif. D’ailleurs, le lecteur est averti dès le départ. Ce petit livre fait partie de la collection NÉGATIF dirigée par PIÈCES ET MAIN D’ŒUVRE :

*Négatif. Parce qu’on ne peut qu’être contre tout, parce qu’il n’y a rien de bien dans une société négative dès son principe. Négatif. Comme l’envers, la réalité et la révélation des apparences pseudo positives.* (extrait)

Donc ce livre est un rejet total du gadget électronique le plus répandu dans le monde. Il est tout à fait dans l’optique et la mentalité de l’éditeur L’ÉCHAPPÉE : pas d’auteurs désignés et caractérisé par un schéma de pensée libertaire, tranchant et revendicateur.

J’irais même jusqu’à dire que c’est noir, ou tout au moins très sombre. Notez que le document, publié en 2008 est dépassé en lui-même parce que la technologie a beaucoup évolué, mais en pire si on s’en tient au raisonnement de l’éditeur :

*Mode d’emploi à l’attention des cobayes : pour connaître les dégâts que vous inflige une «innovation», attendez la suivante.* (Extrait)

Malgré le fait qu’il ne développe qu’un seul côté de la médaille, ce petit livre m’a impressionné et m’a tout de même fait réfléchir car il s’appuie sur des données fiables, des observations crédibles, mais qui sont de nature à faire peur.

Selon l’éditeur, les téléphones portables n’ont aucune vertu, aucune qualité digne de mention, c’est à peine s’ils sont utiles. Ils sont plutôt polluants, nuisibles et terriblement addictifs…REJET TOTAL :

*Le téléphone mobile n’est pas seulement un gadget polluant : il façonne le monde, «révolutionne notre quotidien» comme disent chercheurs et industriels, sans que jamais nous ne l’ayons choisi.* (Extrait)

C’est vrai que le téléphone portable est polluant. On en jette des millions dans le monde à chaque année parce qu’ils deviennent dépassés, technologiquement parlant et on sait que plusieurs composantes de ces mobiles sont toxiques.

C’est vrai que les téléphones portables sont addictifs, particulièrement chez les adolescents et les jeunes adultes et c’est vrai que la technologie fragilise la vie privée.

Mais est-ce que le téléphone portable est ultimement et foncièrement mauvais. Moi je n’irais pas jusqu’à le prétendre. Mais non, L’ÉCHAPPÉE tranche en parlant de mouchard parfait, de liberté sous surveillance, de grillade de cerveau et d’utilisateurs cobayes.

Enfin, L’ÉCHAPPÉE n’hésite pas à pointer du doigt les nouvelles applications développées chaque jour, de plus en plus raffinées et de nature à rendre les utilisateurs encore plus esclaves :

*Mais encore, puisque vous le réclamiez, le téléphone qui détecte la mauvaise haleine, qui vous signale les poissons sous votre canne à pêche et qui éloigne les moustiques. Et pour ces dames, le modèle qui indique le jour d’ovulation* (Extrait)

Enfin je rappelle que L’ÉCHAPPÉE avertit clairement le lecteur au début de l’ouvrage. Il n’y a rien de bon dans les téléphones portables et un argumentaire documenté et tranchant est développé sur une centaine de pages. Pour moi, il manque quelque chose c’est clair…l’objectivité. Ça porte quand même à réfléchir.

Suggestion de lecture : DANS L’OMBRE DE CLARISSE de Madeleine Robitaille

Fondée en 2004, L’ÉCHAPPÉE est une maison d’édition associative qui n’identifie pas d’auteurs en particulier mais publie collectivement selon une structure militante et revendicatrice. C’est une association alternative qui  essaie de rémunérer tous les travailleurs participant à la chaîne de production d’un livre. L’ÉCHAPPÉE milite aussi dans l’OFFENSIVE LIBERTAIRE ET SOCIALE. 

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 20 août 2017

LA SÉRIE NOIRE DE GALLIMARD, héritage du gothique

LA LITTÉRATURE NOIRE SANS FRONTIÈRE

Ce que l’on appelle LE ROMAN NOIR est en fait l’héritage, voire la continuité d’un genre littéraire qui était très prisé au XVIII siècle : le roman gothique. LE ROMAN NOIR décrit le côté sombre de nos réalités sociales : Mafia, crime organisé, meurtres en série, corruption, violence, haine, légendes urbaines etc.

Voyons ce que le dictionnaire mondial des littératures de Larousse dit des romans noirs : *Le genre se spécialise dans la peinture de l’excès et de l’horreur, et produit un récit à grands effets qui dit la force et la cruauté du mal, ainsi que la misère (mais aussi la victoire) de l’innocence.*

En 1945, sous l’impulsion de l’éditeur Claude Gallimard, Marcel Duhamel éditeur, traducteur, scénariste et acteur (1900-1977) crée une collection qui mettrait en perspective toutes les angoisses de la société. Le poète et scénariste français Jacques Prévert (1900-1977) arrêtera définitivement le nom de cette collection : SÉRIE NOIRE.

Les débuts sont modestes…quelques parutions ici et là. Mais puisque l’intérêt se manifeste et que la demande prend de l’ampleur, Gallimard s’organise et la SÉRIE NOIRE prend définitivement son envol en 1948, publiant jusqu’à nos jours des milliers de titres. Gallimard a même publié un livre qui raconte l’histoire de la série.

Édition publiée sous la direction d’Alban Cerisier et Frank Lhomeau. Avant-propos d’Antoine Gallimard. Bon marché et largement diffusée, la Série Noire a été accueillie à bras ouverts par les lecteurs français de l’après-guerre fascinés par l’Amérique, scène mythique de ces romans noirs rugueux et haletants puissamment relayés par le cinéma. Marcel Duhamel s’est entièrement voué à cette passionnante entreprise éditoriale, commencée modestement avant de devenir l’une des collections phares des ÉDITIONS GALLIMARD).

PRÈS DE 3000 LIVRES
*…la série noire change en profondeur les codes de la
littérature traditionnelle. Le style moins ampoulé,
plus bref et incisif, mélange l’action à la psychologie…
La Série Noire dépoussière également le roman en
lui greffant le langage parlé de la rue.
(Thomas Morales, journaliste et écrivain, causeur.fr)

Au moment d’écrire ces lignes, la SÉRIE NOIRE en est à sa 76e année de production et elle a toujours de l’avenir. Bien sûr, je n’allais pas me lancer dans la lecture de plus de 2,900 bouquins mais pour bien saisir et approfondir l’influence de la SÉRIE NOIRE sur les plans culturels et littéraires, il fallait que j’aille voir.

Aussi, j’ai sélectionné tout à fait au hasard quatre livres que j’ai lus au complet. Je vous ai déjà parlé du premier, LE TUEUR DU DIMANCHE de José Giovanni, ouvrage dont l’argot irrésistible teinté de spontanéité et de crudité m’avait séduit. Je vous propose maintenant une brève description ainsi qu’un bref commentaire sur les trois autres livres de la SÉRIE NOIRE que j’ai lus.

 LES ANGES NOIRS, Aevar Örn Josepsson : une informaticienne, divorcée, mère de 2 enfants disparaît sans laisser de traces. Tout le monde la cherche, sa famille, ses amis, les policiers et même un faux policier. Ça devient plus complexe qu’une simple disparition. Il m’a fallu beaucoup de temps avant de m’accrocher à l’histoire. Fil conducteur instable. Le récit est fortement teinté de misogynie et de machisme. Toutefois, malgré la complexité de l’enquête, l’intrigue est soutenue. Reste à se débrouiller avec la toponymie Islandaise.

Le destin de trois personnes se trouve lié de façon inattendue et impitoyable. Ce qui va arriver à Céline, Léopold et Josselin pourrait nous arriver. Violence, cruauté, trahison, rien ne leur sera épargné.

Récit très noir, atmosphère glauque, violent, le sujet est original. La narration est à trois voix en alternance, chaque personnage communiquant au lecteur ses émotions et sentiments. La finale est étrange donnant l’impression d’un roman inachevé. Toutefois, le suspense est évolutif et habile.

Figures de proue de la Série Noire et du polar français, graphomanes talentueux, Jean-Bernard Pouy et Marc Villard ont entamé en 2005 un dialogue littéraire qui a donné naissance à plusieurs textes à quatre mains. Avec La mère noire, ils reforment leur duo pour la Série Noire et signent un roman riche des échanges et jeux de langage qui les caractérisent.

À PROPOS DE L’ARGOT DES POLARS DE LA SÉRIE NOIRE

 Je me suis déjà exprimé sur le caractère très spécial du langage des polars de LA SÉRIE NOIRE. Pour ceux et celles qui veulent explorer davantage cet aspect de la collection, je vous invite à parcourir L’ARGOT DU POLAR, 38 nuances de la Série Noire de Lionel Besnier. Publié par Gallimard à l’occasion du 70e anniversaire de la Série Noire, ce livre réunit les perles des auteurs de polars avec des termes argotiques parfois tout à fait savoureux, des tournures de phrases originales…le tout teinté de tout ce que peut offrir la littérature noire : un soupçon de machisme, des éclats de violence gratuite, de la haine et des criminels en perdition. 

Pour parcourir la liste des titres de la collection, cliquez ici.

Suggestion de lecture :  LES CONTES INTERDITS, coup d’oeil sur la série

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Le dimanche 28 mai 2017

DARWIN ET L’ÉVOLUTION EXPLIQUÉS À NOS PETITS-ENFANTS

Commentaire sur le livre de
Pascal Picq

*…de sa conception à sa mort, un individu se développe et croît en suivant un
programme. C’est exactement en ce sens qu’il faut comprendre la première
définition du terme <évolution> dans les sciences de la vie…*
(Extrait : DARWIN ET L’ÉVOLUTION EXPLIQUÉ À NOS PETITS-ENFANTS,  Pascal Picq, Éditions du Seuil, 2009, numérique, 71 pages.)

DARWIN ET L’ÉVOLUTION EXPLIQUÉS À NOS PETITS ENFANTS est un essai qui vise à expliquer le plus simplement possible la théorie de Charles Darwin sur l’évolution des espèces et à vulgariser et passer en revue d’autres théories comme celles de Lamarck et Cuvier. L’ouvrage, présenté sous forme de questions-réponses explique également pourquoi la théorie de l’évolution se heurte encore à autant de résistances de nos jours. Ce livre a été publié à l’intention des jeunes, mais s’adresse aussi aux adultes, les enseignants et les parents qui souhaitent comprendre la question complexe de l’évolution, histoire de mieux se préparer à répondre aux nombreuses questions des enfants.

Bel effort de simplification
*Toutes les facultés supérieures de l’homme
comme la morale, le souci de l’autre ou
sympathie, la représentation de l’autre ou
empathie, le rire, la colère, etc.,
proviennent d’une histoire naturelle que
nous partageons avec les espèces les plus
proches de nous, donc les singes…*
(Darwin, extrait de DARWIN ET L’ÉVOLUTION
EXPLIQUÉE À NOS PETITS ENFANTS)

C’est un petit ouvrage fascinant qui passe en revue les grands principes de l’évolution et qui vient vulgariser et simplifier les grandes théories qui sont toujours, aujourd’hui,  au cœur d’un débat scientifique à l’échelle mondiale. C’est comme qui dirait au Québec un cours *d’évolution 101* préparé à l’intention des enfants mais dans lequel beaucoup d’adultes pourraient trouver leur bonheur, ce qui fût mon cas.

Donc ce fascicule passe en revue les grandes théories de l’évolution, entre autres : celle du naturaliste Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829), du naturaliste paléontologue Georges Cuvier (1769-1832) et surtout, celle de Charles Darwin (1809-1882) portant sur l’évolution des espèces vivantes et qui a révolutionné les sciences naturelles.

L’auteur démystifie des termes comme évolution, sélection naturelle, darwinisme et néo-darwinisme, catastrophisme, transformisme, théorie des équilibres ponctués, théorie synthétique et du handicap, l’origine des espèces et j’en passe.

Ce petit livre explique de façon simple et claire une question complexe et laisse à penser que sans l’évolution, on ne serait pas là et qu’il est important de comprendre l’évolution si on veut assurer la pérennité des générations à venir. Le livre explique également pourquoi le débat sur l’évolution est toujours aussi actif dans le monde et divise autant les scientifiques. Et ça c’est un aspect extrêmement intéressant.

Par exemple Darwin prenait toutes les traditions à rebrousse-poil en affirmant que l’homme a une histoire  naturelle et qu’il a eu des ancêtres qui n’étaient pas des hommes. L’auteur précise que scientifiques et amis intimes de Darwin peinent à suivre la logique évolutionniste appliquée à l’homme.

D’ailleurs, même au moment de sa mort, Darwin était conscient des dérives de sa théorie. En fait, toutes les théories ont des failles, et ces failles s’entrecroisent encore aujourd’hui. Pourtant, pour l’auteur Daniel Pick, rien n’est vraiment compréhensible de la vie hors de la théorie de l’évolution.

Seul point un peu agaçant : les questions-réponses. L’enfant pose toujours les bonnes questions, au bon moment, avec une exceptionnelle mémoire et avec un raisonnement que beaucoup d’adultes lui envieraient. Pour un enfant entre 10 et 13 ans, c’est comme trop beau pour être vrai. Mais bon, cette faiblesse est bien surmontable.

Dans l’ensemble c’est vraiment un bon petit livre, mais son niveau demeure élevé, vue la complexité du sujet. Il faut le prendre pour ce qu’il est : un ouvrage qui introduit les enfants et les non-initiés dans un domaine scientifique complexe, encore à débroussailler de nos jours.

Suggestion de lecture : LE SINGE NU, de Desmond Morris

Pascal Pick, né en 1954 est  un paléoanthropologue et conférencier, auteur de plusieurs ouvrages et articles scientifiques traitant de l’espèce humaine et de l’évolution. L’ensemble de son œuvre semble marqué par une seule et même question : qu’est-ce que l’humain. Il a aussi écrit entre autres : LES ORIGINES DE L’HOMME, AU COMMENCEMENT ÉTAIT L’HOMME et LE SEXE, L’HOMME ET L’ÉVOLUTION. Son œuvre comprend sept ouvrages pour la jeunesse.

Pour en savoir plus sur l’auteur, consultez son site officiel : www.pascalpick.fr

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
DÉCEMBRE 2015