LES VOYAGES DE GULLIVER, JONATHAN SWIFT

*Le roi…ordonnait souvent de m’apporter dans ma boîte et de me mettre sur la table de son cabinet. Alors il me commandait de tirer une de mes chaises hors de la boîte, et de m’asseoir de sorte que je fusse au niveau de son visage.* (extrait)

Roman satirique.  Gulliver a fait quatre voyages. Deux en particulier sont demeurés célèbres. Dans son premier voyage, il échoue sur une île étrange appelée Lilliput, peuplée de touts petits hommes mesurant moins de 15 centimètres et qui passent leur temps à faire la guerre. Son deuxième voyage l’amène chez les Brobdingnag, des géants à côté desquels c’est Gulliver qui faisait office de mini-nain. Dans les deux cas, Gulliver frôle la mort. Seules son intelligence et son imagination lui sauvent la vie. 

LE REFLET DE L’EXTRAVAGANCE
*«Il faut supposer d’abord, lui dis-je, que toutes nos maladies viennent de réplétion, d’où nos médecins concluent sensément que l’évacuation est nécessaire, soit par en haut, soit par en bas. Pour cela, ils font un choix d’herbes, de minéraux, de gommes, d’huiles, d’écailles, de sels, d’excréments, d’écorces d’arbre, de serpents, de crapauds, de grenouilles, d’araignées, de poissons, et de tout cela ils nous composent une liqueur d’une odeur…qui soulève le cœur…»*
(Extrait :LES VOYAGES DE GULLIVER)

Inspiré par une adaptation cinématographique vue récemment à la télévision, j’ai choisi cette fois l’œuvre de Jonathan Swift : LES VOYAGES DE GULLIVER et ma foi, je fus autant surpris que fasciné par ce livre qui s’ajoute aux nombreux ouvrages victimes du cinéma. En effet, le septième art nous a habitué aux voyages de Gulliver dans le pays des géants, puis dans le pays des petits nains.

Mais dans les faits, Gulliver a fait quatre voyages : les deux plus connus : Lilliput, le pays des tout petits hommes, Brobdingnag, le pays des géants, Laputa, les Banibarbes et autres contrées et où on trouve entre autres une énorme île flottante et enfin, un pays étrange où Gulliver a fait la connaissance des Houyhnhnms, des chevaux qui parlent et qui pensent.

J’ai été séduit par le caractère extravagant de ce livre. Quand c’est le temps de partir, Gulliver plante sa famille là et se lance, ivre de liberté, de grands espaces et de bizarreries. Par exemple, il découvre que Lilliput et Brobdingnag sont en guerre parce qu’ils ne s’entendent pas sur la façon de casser un œuf : par le petit bout ou par le gros bout.

Ça vous donne une idée du caractère profondément satirique du récit, caractère qui monte en crescendo jusqu’à une finale surprenante où j’ai réalisé que Swift avait tourné en dérision, parfois de façon cinglante les travers de sa bonne société anglaise. En fait, ça concerne la société en général. Ce livre m’a semblé d’une incroyable actualité.

Plusieurs croient que LES VOYAGES DE GULLIVER est un conte pour enfant. Ce n’est pas le cas. C’est une idée qui a été entretenue par le cinéma. Au-delà du roman satirique, LES VOYAGES DE GULLIVER est un conte philosophique universel qui a traversé les âges sans vieillir avec le récit du docteur Gulliver sur ses grandes aventures.

Ce livre a exercé sur moi une forte attraction, premièrement parce qu’au-delà de l’hommerie, il m’a mis le nez sur la bêtise et l’absurdité humaines et encore en utilisant un ton parfois caustique et deuxièmement, sa description des pays imaginaires est d’une remarquable beauté.

Étrangement, le regard très critique qu’il jette sur la société ne m’a pas refroidi mais porte à réfléchir…réfléchir entre autres sur le caractère misanthrope et susceptible de l’être humain.

Il n’y a pas à se tromper. Si Swift critiquait sa bonne société anglaise des XVII et XVIIIe siècle, j’ai perçu son propos comme une critique de la société sans égard aux époques.

Malheureusement, une partie du contenu et l’esprit du livre a été occultée voire ostracisée par le cinéma. Mais je considère maintenant ce livre comme un chef d’œuvre. Bien sûr, il faut composer avec le français chantonnant et tonique du XVIIe siècle  C’est un texte écrit avec intelligence et clairvoyance en plus d’un humour souvent irrésistible.

Le texte est complété par l’extrait d’un pamphlet sur l’Irlande qui propose presque joyeusement de vendre les bébés de citoyens irlandais pauvres comme friandises à des citoyens plus fortunés, ce qui résoudrait les problèmes irlandais de famine et de surpeuplement. C’est d’un mauvais goût qui, dans les circonstances, force presque l’admiration. On sent que monsieur Swift avait des reproches à faire à ses contemporains.

Avec Swift, j’ai redécouvert le caractère atavique de la violence, de la guerre, de la soif de pouvoir et surtout l’étroitesse et l’hypocrisie politique. J’ai savouré ce livre qui est devenu pour moi un coup de cœur.

Suggestion de lecture : LE GRAND SECRET, de René Barjavel

Jonathan Swift (1667-1745) est un écrivain, satiriste, pamphlétaire politique et poète anglo-irlandais né à Dublin. Il est devenu célèbre avec la publication de son livre LES VOYAGES DE GULLIVER. Il a aussi publié plusieurs œuvres en utilisant des pseudonymes.

Passionné d’écriture, il s’est rapidement spécialisé dans la prose satirique, écorchant au passage la culture de son temps avec ses pamphlets humoristiques en général et LE CONTE DU TONNEAU en particulier, œuvre majeure qui jette un regard très critique sur la stupidité de ses contemporains, ce qui déplaira singulièrement à ANNE, alors reine d’Écosse, d’Angleterre et d’Irlande. 

LES VOYAGES DE GULLIVER AU CINÉMA

Abstraction faite des films d’animation, il y a eu principalement quatre adaptations cinématographiques des Voyages de Gulliver : 1939, 1960, 1996 et 2010. Ma version préférée est celle de 1960 réalisée par Jack Sher avec l’excellent Kerwin Mathews dans le rôle du docteur Lemuel Gulliver.

Les effets spéciaux ont été l’œuvre de Harry Harrihaussen à qui on doit de nombreux classiques du cinéma fantastique et de science-fiction comme LES SOUCOUPES VOLANTES ATTAQUENT, le SEPTIÈME VOYAGE DE SINBAD et plusieurs autres.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 3 mai 2020

FIN DE RONDE, le livre de STEPHEN KING

*…je vais vous dire un truc que je dirais jamais si j’étais sobre. J’aimerais que Babineau le tue. Qu’il lui injecte un truc vraiment toxique et qu’il le fasse dégager.
Parce qu’il me fait peur…il nous fait peur à tous.*
(Extrait : FIN DE RONDE, Stephen King, Albin Michel 2017 pour la traduction française, 460 pages, éd. Numérique)

Dans la chambre 217 de l’hôpital Kiner Memorial, Brady Hartsfield, AUTEUR DU MASSACRE À LA MERCÉDÈS QUI A FAIT HUIT MORT, git dans un état végétatif depuis sept ans, soumis aux expérimentations du docteur Babineau. Mais derrière son regard fixe, Brady est bien vivant et capable de commettre un nouveau carnage sans même quitter son lit. Comprenons-nous bien : QUELQUE CHOSE DANS LA CHAMBRE 217 DU SERVICE DES TRAUMATISMES CÉRÉBRAUX DE LA CLINIQUE RÉGIONALE VIENT DE SE RÉVEILLER…QUELQUE CHOSE DE MALÉFIQUE…

AVANT-PROPOS :

TÉLÉKINÉSIE : D’après le dictionnaire de l’internaute.com, la télékinésie est une faculté paranormale de déplacer un objet par la seule pensée. Wikipédia parle de psychokinèse ou psychokinésie présentée comme une hypothétique faculté métapsychique d’agir directement sur la matière, par l’esprit.

SUBLIMINAL : Une perception subliminale est une perception qui se situe en dessous du seuil de la conscience. Un message subliminal peut ainsi être transmis à une personne sans que celle-ci en ait conscience. Dans le sens strict du terme la perception subliminale est limitée au stimulus trop faible ou trop rapide pour être traité consciemment.

UN LÉGUME QUI TUE
*«Une voiture. Elle est passée sur la foule
comme une tondeuse à gazon. Le putain
de taré m’a manqué de peu. Je sais pas
combien il en a fauché…»*

En matière de lecture, j’ai plutôt tendance à élargir mes horizons avec de nouveaux auteurs, des styles différents. Il m’arrive toutefois régulièrement de revenir à mes auteurs fétiches et parmi ceux-ci : Stephen King. Mon choix s’est porté sur un titre récent : FIN DE RONDE qui vient compléter la trilogie après Mr MERCEDES et CARNETS NOIRS et qui vient fermer le cycle BILL HODGES, INSPECTEUR À LA RETRAITE.

Voyons voir d’abord le contenu. Ceux qui ont lu la trilogie se rappelleront que Brady Hartsfield, ce fou dégénéré a hérité d’une chaussette pleine de billes d’acier que Holly lui a porté en plein sur le crâne avec un maximum de force. Résultat, Brady se retrouve à l’hôpital à l’état de légume.

Tout le monde le croit fini, mais non, il se réveille le gentil monsieur avec la même idée encore plus folle qu’avant : pousser des jeunes au suicide. Il se découvre un don pour la télékinésie et un autre don, autrement plus dangereux, celui de faire migrer son esprit dans un autre corps afin d’en prendre le contrôle. Brady a beau jeu de provoquer de nombreux suicides en utilisant l’hypnose par le biais d’un jeu électronique appelé Fishin’Hole.

J’ai été un peu déçu du fait que King a versé plus dans l’intrigue policière avec une trame très complexe, pénible par moment. L’ensemble est plutôt lourd et manque de fluidité. Il y a une grande quantité de personnages et le fil conducteur souffre de précarité. Le lien entre Brady, le jeu vidéo et le joueur potentiellement suicidaire n’est pas établi clairement. Il y a des longueurs et il est facile de se perdre dans ce pavé de 500 pages.

Le livre comporte toutefois beaucoup de forces dont une des principales caractéristiques de Stephen King, celle de travailler ses personnages, de les approfondir, de leur attribuer des défauts, des qualités, un passé, une mentalité. King tend à rendre ses personnages réels avec un maximum de sincérité en particulier pour Bill Hodges dont l’état de santé a le don d’inquiéter le lecteur.

Autre force importante liée au talent de Stephen King, c’est le brassage d’émotions qui caractérise ses ouvrages. FIN DE RONDE n’échappe pas à la règle : il y a Brady dont on voudrait tordre le cou et qui échappe continuellement aux limiers, Hodges dont la santé est plus que précaire. Je n’ai pas ressenti la peur comme je la ressens habituellement dans la bibliographie de King mais il a réussi à me faire passer par une gamme d’émotions.

Je dois ajouter à tout ça, que, outre une finale digne d’un des esprits les plus imaginatifs de la littérature, FIN DE RONDE n’est pas sans nous faire réfléchir sur le caractère addictif des jeux vidéo et sur les réseaux sociaux qui à mon avis échappent à tout contrôle comme internet d’une certaine façon. Il y a aussi matière à réflexion sur le suicide : 800 000 personnes meurent chaque année par suicide dans le monde.

Une statistique frappante dit que trois québécois s’enlèvent la vie chaque jour. C’est énorme. Le suicide n’est pas inné. Comme dans FIN DE RONDE, il est provoqué. Enfin, je veux préciser que les messages subliminaux existent. L’utilisation de cette technique a été criminalisée dans plusieurs pays.

Il est vrai que cette fois, King a versé davantage dans l’intrigue policière mais il l’a fait avec finesse et intelligence même s’il est parfois un peu difficile à suivre et bien sûr il a ajouté les ingrédients qui font que King demeure King : le mystère, le pouvoir psychique et le caractère authentique de ses personnages.

Pour toutes ces raisons, et je ne tiens pas compte du destin réservé à Bill Hodges et Brady Hartsfield, je recommande sans hésiter FIN DE RONDE…on ne pouvait trouver meilleur titre.

Suggestion de lecture : QUE S’EST-IL VRAIMENT PASSÉ, collectif

Pour tout savoir sur Stephen King, biographie, bibliographie, filmographie et les actualités entourant l’auteur, je vous invite à visiter le CLUB STEPHEN KING.

Je vous invite à lire les commentaires que j’ai écrit sur LA TOUR SOMBRE et 22/11/63, deux œuvres majeures de Stephen King.


BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le samedi 30 novembre 2019

LA SORCIÈRE DU PALAIS, SOPHIE BÉRUBÉ

*Aucune trace d’Édouard. Elle se dirige
vers la cuisine. Elle entend une sorte de
ronflement. Il y a du sang partout. Mais
c’est le ronflement qui égratigne les
nerfs de Julie.*
(Extrait : LA SORCIÈRE DU PALAIS, Sophie
Bérubé,  Les Éditions Coup d’œil, 2017.
Édition de papier, 385 pages)

Dans les couloirs du palais de justice, tous connaissent Maître Julie De Grandpré, avocate redoutable, séduisante et sans merci. Surnommée «La Sorcière», elle a quitté la couronne pour représenter la défense. Mais pour l’enquêteur Mathieu Langlois, le surnom de Julie De Grandpré ne l’intéresse pas autant que le fait qu’elle a disparu depuis trois semaines. Qui peut bien en vouloir à la «sorcière» ? Au fil des découvertes étonnantes sur le passé de l’avocate, de graves révélations viendront compliquer l’affaire, mettant au jour un important scandale judiciaire. 

LE CÔTÉ OBSCUR DE LA JUSTICE
*…il ne faut pas oublier qu’on s’attaque à
gros. Au ministre de la Justice, au
procureur en chef et au président d’une
multinationale. On a pas le choix de
vérifier ce qui est écrit là-dedans.*
(Extrait : LA SORCIÈRE DU PALAIS)

LA SORCIÈRE DU PALAIS est un thriller judiciaire qui explique un peu comment, pour faire une enquête, on peut partir d’à peu près rien et finir par résoudre l’affaire. Mais cette affaire est étrange : Une avocate, Julie De Grandpré disparait dans de mystérieuses circonstances…pas d’indices, pas de mots…et un chat éventré découvert dans sa cuisine par la femme de ménage. Le mystère est total.

Julie De Grandpré est célèbre pour avoir basculé de la Couronne à la défense sans explication. C’est une avocate redoutable qui a aussi une réputation douteuse. Tout ce que Mathieu Langlois, policier spécialisé dans les disparitions, sait de l’avocate au moment de débuter son enquête, c’est qu’on l’appelle la sorcière dans les couloirs du palais de justice. Sa tâche ne sera pas facile.

Dans une intrigue qu’elle fait évoluer très habilement, Sophie Bérubé présente un portrait pas très flatteur de la justice et très tôt dans le récit, le lecteur se demande si Julie De Grandpré était du bon côté de la justice au moment de faire basculer sa carrière. Elle doit composer avec la mafia, des gangs de rue, des criminels sans compassion. L’enquête rappelle un peu une course à obstacles qui sont autant de rebondissements pour le lecteur.

L’auteure implique aussi un personnage très important dans son intrigue : Marc Thiffaut, qui passe d’éditorialiste à journaliste aux affaires judiciaires. Il se crée, entre Thiffaut et Langlois une interaction très intéressante. Les journalistes peuvent être les pires casse-pieds mais ils peuvent être aussi d’une précieuse utilité. J’ai beaucoup apprécié ce jeu de donnant-donnant favorable à la justice. Ça m’a semblé crédible et réaliste.

Il n’y avait, pour moi, qu’un seul côté irritant dans ce récit, c’est le penchant fleur bleue ou rose bonbon du policier Mathieu Langlois. C’est classique. C’est un cliché. L’image du policier qui fait passer son travail avant sa femme, qui a le quart de la moitié d’une petite aventure avec sa *cliente* et qui vient près de perdre sa famille pour ça.

L’histoire du policier dont la vie de ménage est fragilisée et qui étale ses états d’âme, ça m’énerve et c’est malheureusement courant en littérature policière. Je dois toutefois avouer que l’auteure a donné à son personnage principal une sensibilité qui le rend attachant. En général, les personnages de l’histoire sont étoffés et bien travaillés.

Donc c’est un ouvrage au rythme enlevant, aux rebondissements multiples et à la finale qui était pour moi totalement imprévisible. Je brûle de vous en parler mais vous trouverez particulièrement satisfaisant de la découvrir vous-même. Cette finale comme telle est un revirement. J’ai été happé par le livre dans son ensemble mais je dois dire que le dernier quart fut particulièrement addictif.

L’ouvrage m’a aussi fait réfléchir sur la crasse qui obstrue la justice. Ce n’était peut-être pas son but mais c’était inévitable. En lisant le quatrième de couverture, vous avez tout de suite la puce à l’oreille : pourquoi une avocate de la couronne réputée faire des miracles passe-t-elle subitement à la défense et pourquoi est-ce qu’on l’appelle LA SORCIÈRE DU PALAIS? Je me suis laissé aller dans une lecture dont l’intrigue allait en crescendo.

On sait que l’univers littéraire policier est riche et se caractérise par l’abondance. Faire son chemin dans cette tendance ne doit pas être nécessairement facile vu la nécessité de trancher par l’originalité, la subtilité, la nouveauté, le tout pour un lectorat qui semble toujours demandé la même chose : SURPRENEZ-MOI.. À ce titre, je crois que Sophie Bérubé est une auteure à surveiller.

Suggestion de lecture : LE PROCÈS, de Franz Kafka

Sophie Bérubé est une auteure québécoise. Elle a évolué dans le droit, le journalisme, l’écriture, la critique, la production et l’animation.  Avec sa passion de l’écriture,  elle a publié quatre romans : SANS ANTÉCÉDANTS, son premier roman a franchi le cap des 20 000 exemplaires vendus, le roman érotique PREMIÈRE FOIS, son petit dernier, au moment d’écrire ces lignes : sur un plateau d’argent. LA SORCIÈRE DU PALAIS est son deuxième roman. Véritable femme-orchestre, Sophie Bérubé évolue dans plusieurs domaines tous liés au monde des communications.

Pour visiter le site internet de Sophie Bérubé, cliquez ici.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 10 novembre 2019

 

UN VISAGE DANS LA FOULE, STEPHEN KING/STEWART O’NAN

*Soudain, ils entendirent les adultes s’agiter
au bord de l’étang Marsden du côté du
barrage. Ils foncèrent les rejoindre. Plus tard,
en découvrant le cadavre énucléé qui émerge
tout dégoûtant du déversoir, ils eurent
l’occasion de le regretter.*
(Extrait du livre audio contenant la nouvelle
de Stephen King et Stewart O’Nan : UN VISAGE
DANS LA FOULE. Hardigan éditeur, 2015,
narration : Arnauld Le Ridant, durée d’écoute :
75 minutes, Captation : Audible)

Depuis la mort de sa femme, Dean Evers trompe l’ennui devant les matchs de baseball à la télé. Quand soudain, dans les gradins, il découvre un visage surgi du passé. Quelqu’un qui ne devrait pas être là, au stade… ni même parmi les vivants. Le lendemain, un autre homme apparait…un homme dont Dean a assisté aux funérailles…Soir après soir, Dean se laisse hypnotiser par les visages de ceux qu’ils n’espéraient ou ne voulait plus voir. Mais le pire est à venir…

DES FANTÔMES AU MATCH
*Evers gisait pâle et immobile,
les yeux mi-clos, les lèvres
purpurines, la bouche déformée
par un rictus. La bave en
séchant sur son menton, y
avait dessiné une toile d’araignée. *

(Extrait)

D’entrée de jeu, je dois vous dire que je n’aime pas le baseball encore moins l’équipe de Tampa bay qui semble encensée dans la nouvelle de King et O’nan. Pour moi, ce sport, qui ne tient pas compte du chronomètre, est répétitif et ennuyant.

Donc, le baseball est omniprésent dans le récit. Je me suis fait violence en complétant ma lecture, restant positif, et curieux de savoir ce qu’allait donner une association de deux excellents écrivains.

Notre personnage principal est Dean Evers, un vieil homme, veuf, usé par la vie, en perdition qui s’apprête sans le savoir à entrer dans une autre dimension. Un soir, pendant un match retransmis à la télé, au troisième rang du stade, il aperçoit un visage connu. Son dentiste. Mais il est mort son dentiste, depuis longtemps. Le lendemain, il voit un homme dont il a assisté aux funérailles et puis d’autres apparitions.

Question : Dean devient-il sénile. Les conversations téléphoniques avec les morts du genre* tu me vois là…deuxième rangée…je te fais des signes…* ça ne suffit pas. Il veut en avoir le cœur net et décide de se rendre au stade pour la prochaine partie…une démarche qui pourrait sceller son avenir.

Ce n’est pas une nouvelle particulièrement originale. Je m’attendais à plus. Un vivant en sursis sensiblement impliqué dans la mort d’autres personnes qui entrent en contact avec lui…c’est du déjà-vu. Edgar Allan Poe m’a habitué à ce genre littéraire quand il a établi à sa façon, les frontières du fantastique. Il y a du O’nan là-dedans.  Que Dean se rende au stade annonce une introspection, une exploration de la conscience.

J’ai mieux compris la démarche des auteurs à la fin, heureux de lire une finale intéressante. Je n’ai pas trouvé la psychologie des personnages très poussée ni le suspense. Ça ne ressemble pas à King. O’nan est un écrivain plutôt intimiste et qui est souvent percutant. Les personnages ont peu de profondeur. Au moins, les auteurs laissent des ouvertures qui amènent le lecteur à en savoir plus sur les petites incartades d’Evers.

J’étais curieux de savoir quel auteur pouvait prendre le pas sur l’autre. La plume modérée et retenue ainsi que l’aspect fantastique de l’histoire qui m’apparaît comme inachevée me laissent supposer que Stewart O’Nan se serait placé légèrement en avant.

Bien sûr, UN VISAGE DANS LA FOULE est une nouvelle. Il est difficile de dire qu’une nouvelle est sous-développée. Mais en faisant un peu d’extrapolation, je serais porté à penser que King et O’Nan se sont freinés l’un l’autre.

Si chaque auteur avait développé le sujet chacun de son côté, on aurait eu droit à quelque chose de supérieur…un personnage principal moins mollasson entre autres, des personnages secondaires plus caractériels, plus de suspense, plus de revirements, un récit dans l’ensemble moins prévisible. Bien sûr j’aurais encore été pris pour lire des descriptifs de baseball, mais partons du principe qu’on ne peut pas tout avoir…

Je pense que l’amalgame des deux styles d’auteurs a donné un récit un peu timoré. Bien sûr c’est très personnel comme observation. Beaucoup de lecteurs et de lectrices pourraient voir les choses autrement, surtout s’ils sont amateurs de baseball…

En terminant, un mot sur la narration d’Arnauld Le Ridant…un peu ennuyeuse malheureusement, monocorde, pas toujours ajusté avec l’esprit du texte. Maquille assez bien sa voix dans les dialogues mais devient parfois assommant. Heureusement, Le Ridant a une signature vocale agréable. Ça sauve un peu les meubles.

Bref, UN VISAGE DANS LA FOULE est un récit moyen. Suspense moyen qui ne réinvente pas le genre…

Suggestion de lecture : LA THÉORIE DE GAÏA, de Maxime Chattam

Pour faire très court sur Stephen King (à droite), je dirai que c’est un écrivain américain né le 21 septembre 1947 à Portland, dans l’État du Maine. Depuis CARRIE, King a écrit une cinquantaine de romans, sans compter nouvelles et scénarios, vendus au total à plus de cent millions d’exemplaires. Consacré « roi de l’horreur » de la littérature moderne, il s’illustre dans d’autres genres comme le fantasy, la science-fiction ou le roman policier.

Stewart O’Nan est un écrivain, romancier et nouvelliste né en 1961 à Pittsburg. Titulaire d’un B.S. d’ingénierie spatiale de l’Université de Boston en 1983, Il est embauché comme ingénieur chez Grumman Aerospace à Bethpage, New York, en 1984. Il pratique cette activité professionnelle jusqu’en 1988 et, prenant goût à l’écriture, écrit parallèlement à ses activités professionnelles. 

En 1993, paraît son premier recueil de nouvelles, « In the Walled City », puis son premier roman, « Des Anges dans la Neige » (Snow Angels, 1994), adapté au cinéma en 2007. »Speed Queen » (1997), qui est son troisième roman, est dédié à Stephen King. O’Nan a d’ailleurs envisagé un temps de l’intituler « Dear Stephen King ». 

Bonne Lecture
Claude Lambert
Le samedi 24 août 2019

88888-LES ENFANTS PERDUS, CÉLINE TANGUY

*…-Est-ce qu’il dort?
-Plus ou moins. Il est encore dans l’entre-deux.
-Qu’est-ce que c’est?
-C’est un endroit où il peut se reposer, reprendre des forces, avant de revenir.
-C’est là où j’étais, avant d’être assise là?
-Non, toi tu étais juste dans le passage.
-Ah…
-Où sommes-nous? C’est si étrange ici.
-Dans la zone grise. Mais la question serait plutôt quand sommes-nous?…*
(Extrait : 88888-LES ENFANTS PERDUS, Céline Tanguy, Éditions Humanis, 2013,  num. 200 pages)


L’histoire est celle d’Antoine, homme solitaire, peu motivé et que peu de choses intéressent. Il semble oublié de la vie jusqu’à ce qu’il rencontre Marlène. Il ne la connait pas mais elle lui rappelle quelqu’un…les deux ont un point en commun. Depuis toujours, Antoine entend les pensées des autres et cherche désespérément quelqu’un qui lui ressemble. Cette Marlène ne s’appelait-elle pas Juliette dans un autre espace-temps? Et lui-même ne s’appelle-t-il pas plutôt Ganymède ? Et puis que signifie le nombre 88888. Pourrait-il s’agir d’une année ?

ZONE GRISE
*Une goutte de sueur froide roula le long de son
épine dorsale. « Je tourne en rond. Je suis dans
la boucle infinie de la zone grise. » Il ne comprit
pas la dernière phrase. Mais elle résonna en lui
comme une évidence. Une angoisse profuse le
submergea, inexplicable dans son intensité*
(Extrait : 88888-LES ENFANTS PERDUS)

88888 LES ENFANTS PERDUS est un roman initiatique, une histoire étrange dans laquelle le passé, le présent et le futur s’entrecroisent dans un monde sans temps, sans espace, ni dimension ni sens…un monde appelé Zone Grise. C’est dans cette zone sans repère où l’âme devient étrangère à son corps sans compter le temps qui s’arrête.

Cette zone, mystérieuse au-delà de toute imagination humaine est comme une station que l’âme emprunte avant d’être réorientée dans le passage qui déconnecte de tout avant la renaissance : *Il allait être soigné maintenant. Quand il reviendrait à lui, il serait à nouveau un petit garçon. Mais pour faire quoi ? Il était seul. Il pouvait juste déambuler à l’infini dans les couloirs du temps. Et parfois se donner l’illusion de vivre .* (Extrait)

Les principaux personnages : Juliette, Ganymède, Marlène, Antoine sont des passagers du temps transitant par la zone grise d’où cette impression de déjà vu qu’on a tous développé tôt ou tard. Ces enfants perdus sont passagers du temps. Ils ne *se déplacent pas dans le temps*, Ils déplacent le temps : *Quelque chose défilait peut-être. Ici, cette chose n’avait pas de nom. Dans l’autre monde, cela aurait pu s’appeler le temps* (Extrait)

Aussi, plusieurs personnages ont un point en commun : ils lisent dans les pensées des autres. Quant au chiffre 88888, ça peut être beaucoup de choses, une année, un mot de passe peut-être. 88888 c’est aussi le chiffre numérique de base, le 8 englobant tous les chiffres de 0 à 9.

Bien qu’il y ait un indéniable voyage dans le temps, cette histoire est à la fois statique et enveloppante, pousse à l’introspection et induit un voyage intérieur qui ne sera pas vécu de la même façon d’un lecteur à l’autre. Par exemple, avez-vous déjà eu l’impression de sortir de votre corps, de vous regarder, ou de regarder un bout de film de votre vie.

Vous avez peut-être déjà eu une impression de déjà vu ou de déjà vécu ? Une forte impression de rêve éveillé ? Vous voyez où je veux en venir ? Cette histoire est un carnet de voyage spirituel qui vient chercher chaque lecteur de façon différente. La plume de Céline Tanguy est d’une grande profondeur et d’une incroyable richesse.

Les ouvrages à caractère initiatique ne m’ont jamais tellement attiré. Pourtant, j’ai dévoré la PROPHÉTIES DES ANDES de James Redfield qui, dans sa révélation de l’éveil à la conscience, évoque les coïncidences qui façonnent nos vies. Là s’est arrêtée ma quête. Pour ce qui est de Céline Tanguy, c’est le titre qui m’a attiré et très vite, j’ai été happé par une trame complexe, qui nécessite réflexion et concentration.

C’est pour moi, une belle histoire qui vient m’interroger sur le sens de ma vie, qui me porte à occulter * le temps d’un temps* mon passé pour me concentrer sur l’avenir et sur la nécessaire transition dans la zone grise.

C’est un ouvrage très intéressant que j’ai dévoré car il s’est ajusté à moi comme il s’ajustera à chaque lecteur selon son vécu, ses convictions. Il sollicite un peu la raison et beaucoup le cœur avec une réflexion sur la solitude, les mystères de la vie, le sens de la vie et le sens de la mort avec en plus une vision originale de l’avenir.

Donc 88888 LES ENFANTS PERDUS est un livre différent qui a fait diversion dans mes lectures, comme une pause me permettant de lire quelque chose de différent, de vivre par des mots, par la pensée et de réfléchir sur les promesses de pérennité de l’âme. J’irais jusqu’à dire que c’est une lecture qui fait du bien.

J’aurais aimé que l’auteur s’étende davantage sur la zone grise. Il m’a semblé que son exploration était très incomplète. Mais bon, ce sera peut-être pour une suite. Ne serait-ce que pour sa pensée profonde et la beauté de son écriture qui confine parfois à la poésie, je n’hésite pas à vous recommander 88888 LES ENFANTS PERDUS de Céline Tanguy.

Suggestion de lecture : MORTS VIRTUELLES, de Catherine Doré

Céline Tanguy est une écrivaine et juriste française née à Nancy. Elle se considère toutefois comme une bretonne pur jus puisqu’elle habite cette région depuis ses premiers pas. Écrire est une pulsion irrépressible qui lui permet d’être *simplement dans le monde*. Elle exige de ses personnages qu’ils *lui donnent tout, jusqu’au bout d’eux-mêmes. Céline Tanguy a une maxime qu’elle aime partager : Ce qui est derrière n’existe plus, ce qui est devant n’est pas certain, seul compte ce qui se passe maintenant.

Bonne Lecture
Claude Lambert
le dimanche 16 juin 2019

EXPÉDITEUR INCONNU, livre de MARILOU ADDISON

*-Tant que la journée ne sera pas terminée, tu
risqueras de mourir de différentes façons.
-Hein ? Mais pourquoi ? –Parce que la journée
de ta mort a été décidée…*
(Extrait : EXPÉDITEUR INCONNU, Marilou Addison,
Boomerang jeunesse éditeur, édition de papier, 276p.)

Chaque année, Ludo part en vacances avec ses parents. Mais cette fois, il n’a pas envie de quitter ses nouveaux amis. Pour rester en contact, il  crée une boîte de messagerie et reçoit vite un premier message… expéditeur inconnu. À l’inverse, ce dernier semble bien le connaître. Et apparemment, il connait aussi l’avenir, puisqu’il lui annonce les évènements avant même qu’ils se produisent. De qui proviennent ces étranges courriels ? De quelqu’un de son entourage qui s’amuse à lui faire peur ? Ou pire encore ? Ou simplement D’UN EXPÉDITEUR INCONNU ?

UN TEXTO ENTRE PUIS UN COURRIEL
*Bien content de voir que tu as pu t’en sortir
en un seul morceau. Comme tu pourras le
lire dans cet article, ton destin aurait pu
être tout autre…À l’avenir, je te conseille
de prendre mes avertissements au sérieux.
Un inconnu qui sait comment te garder en vie.*
(Extrait : EXPÉDITEUR INCONNU)

EXPÉDITEUR INCONNU est l’histoire de Ludovic Saint-Pierre, un ado débordant d’énergie et d’imagination. Lors d’une randonnée de vacances avec ses parents, Ludo reçoit d’étranges courriels et des textos tout aussi étranges en provenance d’un expéditeur inconnu.

Ce mystérieux expéditeur connait l’avenir apparemment car dans ses correspondances, il annonce à Ludo des évènements avant même qu’ils ne se produisent et ce dans l’unique intention de lui sauver la vie car pendant les vacances, la mort rôde sur Ludo et le danger guette toute la famille.

Dans une de ses correspondances, le mystérieux inconnu laisse échapper une phrase bizarre : *Je n’ai pas intérêt à ce que tu meures* (Extrait)

C’est tout à fait ce que cherche une majorité d’ados et de pré-ados : du mystère, du suspense, du danger, des énigmes, de l’étrange et une touche de surnaturel. La plume de Marilou Addison se raffine toujours.

Sa plume entretient un mystère continu qui force le jeune lecteur à tourner page sur page afin de trouver les indices nécessaires à la résolution du mystère. Ce mystérieux expéditeur serait-il un fantôme ? Vous avez d’une part plusieurs situations potentielles de péril et d’autre part, messages et textos pour avertir Ludo et, par la bande, toute sa famille.

C’est un très bon roman versé dans la littérature jeunesse québécoise qui continue de s’enrichir et de pousser les jeunes à la lecture. Le roman est relativement court même s’il fait 276 pages.

C’est que Marilou Addison et l’éditeur se sont entendus pour utiliser des grosses lettres qui amènent les jeunes lecteurs à tourner les pages rapidement comme ça s’est fait pour les ZOZOS DU SPORT du même auteur.

Je trouve ça génial car c’est une excellente façon d’introduire les jeunes lecteurs aux livres plus volumineux. À ce sujet je dis souvent aux jeunes de ne pas se laisser impressionner par l’épaisseur des volumes, vous pourriez passer à côté d’un trésor….

Pour en revenir à EXPÉDITEUR INCONNU, ça se lit très bien, les lettres sont grosses la plupart du temps de lecture, les textos sont adaptés dans les bulles classiques, et les courriels accusent des polices plus petites. Tout est adapté et le fil conducteur est solide, les jeunes lecteurs peuvent s’y ancrer sans problèmes.

Enfin je mentionne un fait important, ce sont les magnifiques illustrations de Sabrina Gendron qui rendent le livre attrayant et vivant. Sabrina est une spécialiste des arts plastiques et de l’animation 2D/3D.

Elle travaille sur plusieurs projets en arts visuels mais depuis quelques années, elle se concentre sur l’illustration d’albums et de romans pour la jeunesse. On peut voir dans EXPÉDITEUR INCONNU une magnifique manifestation de son talent.

En terminant je dirai que le jeune lecteur pourra facilement sentir l’émotion de Ludo qui ne sait pas ce qui lui arrive. C’est un personnage attachant et très sympathique. Tout est dévoilé dans la finale qui est un peu surprenante…

C’est donc avec enthousiasme que je vous suggère EXPÉDITEUR INCONNU pour les 9-13 ans en particulier mais très rafraîchissant pour les adultes en général.

Originaire de la région de Montréal, Marilou Addison a grandi entre une mère écrivaine et un père enseignant le français. Depuis plusieurs années, elle a décidé de plonger sans retenue dans le monde du livre. Elle écrit donc à temps plein des romans pour tous les groupes d’âge. Active dans les divers salons du livre du Québec, l’auteure adore rencontrer ses lecteurs. C’est pourquoi elle visite régulièrement les écoles afin de communiquer sa passion à tous ceux qui sont prêts à l’entendre !

LECTURES PARALLÈLES SUGGÉRÉES…dans la série SLALOM :

                   

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 17 février 2019

 

 

 

 

TÉMOIN HOSTILE, de REBECCA FOSTER

*Des traces d’ADN correspondant à celui d’Hannah avaient été trouvées…Un cheveu d’Hannah dans la chambre à coucher. Une goutte de son sang dans la salle de bain. Pire, on avait découvert une trace infime du sang d’Hannah sur la mâchoire de Fritz,
à l’endroit où il avait reçu un coup avant de mourir.*
(Extrait : TÉMOIN HOSTILE, Rebecca Forster, MA éditions 2013, édition de papier, 420 pages.)

Hannah Sheraton est une jeune fille de 16 ans, donc mineure selon la loi. Elle a été formellement accusée du meurtre de son grand-père par alliance, Fritz Rayburn, juge à la cour Suprême de Californie. Bien qu’elle soit mineure, et parce que la victime était un personnage très haut placé, Hannah sera arrêtée, emprisonnée et jugée. Si elle est reconnue coupable, elle risque la peine de mort. Désespérée, la mère d’Hannah fait appel à une vieille amie, Josie Bates, avocate. Josie hésite, mais vus l’âge de l’accusée et les aspects étranges de cette affaire, elle finit par accepter. Tout au long du procès, le doute s’installe dans l’esprit de Josie. La vérité risque de faire mal.

JUSTICE MAJEURE POUR MINEURE
*Lynda Rayburn se tenait sur le seuil et contemplait
la scène. Hannah, les jambes remontées contre sa
poitrine et coincées entre ses bras, tremblant comme
si elle était gelée jusqu’aux os. Kip était appuyé contre
le mur…avec sur le visage une expression où se
mêlaient la colère, le chagrin et, par-dessus tout
la haine…*
(Extrait : TÉMOIN HOSTILE)

Témoin hostile est un thriller juridique bien ficelé. Je l’ai lu toutefois avec une impression de déjà vu et les personnages principaux sont développés avec un tel souci du détail qu’il m’a été relativement facile de deviner qui est la personne coupable du meurtre de Fritz Rayburn. Le sujet développé est plutôt classique. Il y a quelques longueurs. Malgré ces faiblesses, je n’ai pas regretté la lecture de ce livre.

J’ai toujours été intéressé par le déroulement d’un procès depuis la diffusion de la série Perry Mason. J’étais fasciné par la fougue et l’agressivité des procureurs. Les chapitres consacrés au déroulement du procès dans la cour du juge Noris sont particulièrement forts et on y voit des personnages que de fortes émotions rendent extravertis…

je pense à un personnage en particulier, qui sera désigné témoin hostile. Je ne peux pas vraiment en dire plus car ça équivaudrait à tout dévoiler.

Le personnage d’Hannah est particulièrement intéressant. C’est une jeune fille timide, réservée et surtout, elle souffre de troubles compulsifs du comportement. Si elle fait une accusée facile, les personnes qui ont intérêt à la voir condamnée vont se heurter à Josie, une avocate particulièrement coriace et dont j’ai suivi l’évolution avec beaucoup d’intérêt.

Ce sont des facteurs qui m’ont fait oublier les petites faiblesses du récit. Même si j’ai deviné la finale assez vite, j’ai pu savourer de nombreux moments d’émotions et de tension avec des personnages attachants et j’ai aussi réagi à l’évolution d’un personnage particulièrement fourbe et égoïste : le témoin hostile.

Avoir une bonne idée de la fin d’un récit passe toujours si l’auteur peut y imprégner suffisamment de densité et de rebondissements. C’est le cas avec TÉMOIN HOSTILE. À partir de la deuxième moitié du récit, tout va très vite. L’histoire tient en haleine et a un petit côté touchant à cause entre autres de la vulnérabilité d’Hannah. Je n’ai pas été déçu quant aux messages véhiculés par le récit.

Entre autres que la loi n’est pas toujours une question de justice et que ce n’est pas parce qu’un personnage est haut-placé, populaire, apprécié de tous voire adulé qu’il est un enfant de chœur…ce qui rappelle l’énoncé classique : il ne faut jamais se fier aux apparences.

Malgré son petit côté prévisible, le livre est agréable à lire, il pourrait en surprendre plusieurs par ses retournements de situation et surtout par la fougue de celle qui se débat comme un diable dans l’eau bénite, celle que j’ai envie de qualifier sans méchanceté de sympathique tête de mule : Josie l’avocate.

Ce n’est pas ce que j’ai lu de mieux dans le genre, mais ça m’a tout de même gardé en haleine.

Rebecca Foster est une auteure américaine. Au moment d’écrire ces lignes, elle a plus de 25 romans à son actif. Son succès est tel que l’éditeur a entrepris la traduction de ses livres. TÉMOIN HOSTILE est le premier roman de Rebecca Foster à être traduit en français.

Conférencière recherchée, elle enseigne dans la célèbre Formation pour Auteurs de l’Université de Californie à Los-Angeles. Elle s’implique aussi dans un programme pour jeunes écrivains de niveau collégial. Auteure à succès, elle est inscrite dans plusieurs listes de best-sellers. Elle est invitée régulièrement à la radio et à la télévision et fait aussi l’objet de nombreux articles dans la Presse américaine.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 9 décembre 2018

LE LIVRE QUI REND DINGUE, de FRÉDÉRIC MARS

*Elle a souri, rougi un peu, ouvert son exemplaire
comme si elle allait lire des trucs cochons. Je ne
sais pas si ça l’était, mais ça a dû être lumineux,
car elle a souri plus largement encore.*
(Extrait : LE LIVRE QUI REND DINGUE, Frédéric Mars,
Storylab éditions, 2012, numérique)

Le livre très attendu d’un auteur émergent connaît un succès foudroyant qui dépasse la compréhension des milieux littéraires. Dès sa sortie, les librairies sont envahies. Tout le monde s’arrache le précieux volume déjà nominé pour l’obtention de nombreuses citations, récompenses et prix littéraires. C’est le plus grand best-seller de tous les temps. Le livre raz-de-marée. En quelques semaines, il se vend à des centaines de millions d’exemplaires, le monde entier est subjugué. Mais bientôt d’étranges phénomènes frappent les lecteurs…

La théorie du bon lecteur
*Je suis l’auteur d’un texte dangereux. Vous qui
me lisez, vous qui, dans le monde entier, avez
pris plaisir à la lecture de mon livre, je vous en
remercie. Très sincèrement. Mais je vous demande
aujourd’hui, solennellement, de le détruire sans
plus attendre.*
(Extrait : LE LIVRE QUI REND DINGUE)

C’est un livre un peu étrange, au sujet intriguant et très original. C’est aussi un roman très court, tout à fait en accord avec la mission que s’est donné Story Lab de ne publier que des livres qui se lisent en moins de 90 minutes, en format numérique. En quelques mots LE LIVRE QUI REND DINGUE est l’histoire d’un auteur qui gère mal le succès phénoménal de son livre.

Il m’a fallu un peu de temps pour m’accrocher au sujet. Je ne savais pas trop où voulait en venir Mars jusqu’à ce que je comprenne en fait que l’auteur voulait idéaliser le lien qui doit exister entre un auteur et les lecteurs comme si, d’une part chaque lecteur apporte ce qu’il a pour se retrouver dans ce qu’il lit et d’autre part l’auteur trouve la perfection absolue du ton juste pour s’adresser personnellement et directement à chaque lecteur.

*Il me semblait impossible d’adapter mon discours à de parfaits inconnus. Le paradoxe, c’est que mon livre le faisait pour moi, et que cela justement, compliquait tout. Auberge espagnole, il permettait la projection de tous les sentiments, toutes les croyances, tous les savoirs que le lecteur apportait avec lui*(extrait)

Mars se demande en fait si un roman peut créer ses lecteurs. J’aborde la question comme une utopie évidemment, d’ailleurs à la fin du récit, l’auteur déchante un peu et le lecteur peut alors comprendre un peu mieux la démarche de l’auteur. Mais il faut admettre qu’il y a de quoi réfléchir :

*Je ne m’étais encore jamais demandé ce qui pouvait bien se passer si mes lecteurs…comment dire…s’ils n’avaient rien à apporter? Ce que j’avais encore moins anticipé, c’est qu’ils seraient nombreux dans ce cas.* (extrait)

Tout au long de ma lecture, j’ai senti que Frédéric Mars tourne en dérision les différents intervenants dans la production d’un livre, les éditeurs en particulier et aussi, tout ce qui vient après la publication. On y trouve des remarques parfois acides sur, les libraires, les médias et même sur les critiques littéraires qui sont loin d’être encensés.

Mars établit même une distinction entre le bon et le mauvais lecteur : Il y a une thèse à écrire sur la méchanceté du lecteur attentif… (Extrait) Bref…dans ma longue carrière de lecteur, je ne me suis jamais demandé ce que je pouvais apporter à un livre.

Malgré toute son originalité, je ne peux pas dire que ce livre m’a emballé. Peut-être parce que je n’ai pas été accroché dès le départ et aussi parce que j’ai trouvé la finale un peu décevante. Le livre a tout de même des forces : il est bref, se lit bien, il interpelle.

Beaucoup trouveront l’histoire amusante et surtout son sujet est terriblement sorti des sentiers battus. Je pourrais coller au récit une petite étiquette philosophique mais l’auteur ne se prend pas au sérieux et pourrait même vous surprendre par son humour parfois décapant.

Dernière petite curiosité mais non la moindre, le livre dont il est question dans le récit de Frédéric Mars porte un titre imprononçable, il s’agit d’un point d’interrogation à l’envers et mieux encore…on ne saura jamais de quoi parle ce livre…Mars aura vraiment été original jusqu’au bout…

Frédéric Mars est un auteur et scénariste français né à Paris en 1968. Il a aussi été journaliste et photographe. Un de ses plus grands succès littéraires fut sans doute NON STOP publié en 2011. En plus de ses romans, Mars a publié une quarantaine d’essais et livres illustrés. Les différentes facettes de la personnalité et les limites de la conscience comptent parmi ses thèmes préférés, tendance qu’on retrouve dans LE LIVRE QUI REND DINGUE. Il a aussi écrit un roman -jeunesse : LES ÉCRIVEURS  en 2011.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 17 juin 2018

LA MORT BLANCHE, livre de PAULE FOUGÈRE

*Il lui toucha l’épaule, et le vieillard s’écroula
d’un coup…Le policier se pencha, retourna
l’homme sur le dos. Alors il vit qu’il ne
respirait plus. Entre les paupières rongées
de pus, les yeux secs et durs luisaient d’un
éclat laiteux…Le faux aveugle était mort
dans la contemplation de sa propre image.*
(Extrait : LA MORT BLANCHE, Paule Fougère,
Éditions GRAND caractère, 2004, papier, 200 pages)

Des riverains tentent de sauver une femme d’une barque en perdition. Mais la malheureuse est morte. Plus tard, l’inspecteur de police Derville reçoit la visite d’un étrange personnage : Le docteur Belhomme qui apprit au policier que cette femme n’était pas morte mais plongée dans un mystérieux sommeil léthargique. Derville relève le défi d’une enquête qui l’amène à la conclusion que la mort blanche, étayée par la science est si troublante que même le lecteur se demande s’il ne pourrait pas devenir la cible un jour de ce que l’auteur appelle la bioactivité.

Est-ce bien la mort?
*«On sait bien que le progrès et la destruction
vont de pair. Il faudrait savoir renoncer à
l’un quand on a le cœur trop sensible…Ne
me croyez pas fou. Je suis exalté, c’est tout.*
(Extrait : LA MORT BLANCHE)

C’est un récit un peu étrange qui repose surtout sur la psychologie des personnages et l’hypothèse de ce qu’on appelle la MORT BLANCHE. Tout comme le titre, l’histoire est empreinte de mystère, d’autant qu’elle se déroule en Bretagne dont l’histoire regorge de phénomènes étranges incompréhensibles comme les sacrifices sanglants sur le tablier d’un dolmen. Ici, la science flirte avec la fiction et l’investigation policière.

J’ai eu la puce à l’oreille assez tôt dans le récit à savoir qu’un mort ne saigne pas et puis, assez tôt aussi, une hypothèse bizarre a fini par s’avérer : *…«Il n’y a pas de criminel, comme il n’y a pas eu de crime. Tas de malins! Ne pouvez-vous donc concevoir qu’on puisse tuer sans assassiner?»* (Extrait)

La signification de la MORT BLANCHE se précise alors que Jacques Rouvier tire partiellement une étonnante conclusion : …*tous les êtres vivants sans exception rayonnent…une énergie qui leur est propre. Celle-ci, que nous appellerons, si vous le voulez, «bioactivité», ne se confond pas avec la vie, puisqu’elle persiste longtemps parfois dans un être, après que la vie s’en est retirée. Elle n’est pas non plus le magnétisme ni la radioactivité, dont elle possède certains caractères.* (Extrait)

Donc, la MORT BLANCHE, sans être définitive, présente une absence totale de réactions vitales. Reste à savoir maintenant eu égard au récit s’il y a vraiment eu MORT BLANCHE, comment on serait arrivé à cette conclusion, est-ce qu’il y a eu crime? Si oui, qui est coupable? Sinon, est-ce qu’on peut s’interroger sur la valeur morale de l’acte? L’obstination de l’inspecteur Derville et de sa sœur Catherine les amènera à des conclusions fort troublantes.

C’est un récit un peu difficile à suivre car le fil conducteur prend toutes sortes de directions qui sont autant de diversions : un inspecteur qui surprotège sa sœur, une petite amourette, beaucoup de spéculations, beaucoup de personnages et beaucoup de détails sur les principaux acteurs de l’histoire. J’ai eu un peu de difficulté d’une part à embarquer dans le récit et à m’y accrocher d’autre part.

Je dois dire toutefois qu’à l’approche de la conclusion, beaucoup de choses se précisent et la finale est intéressante quoiqu’un peu prévisible : *Voilà se disait-elle en s’endormant, je risque d’être «bioactivée», et, quand je serai bioactivée qu’est-ce que je ferai? Une horreur se levait en elle en même temps qu’un désir malsain de savoir malgré tout.*

C’est une intrigue policière un peu sortie des sentiers battus. C’est une histoire originale mais insuffisamment développée. Il faut noter au passage que Paule Fougère n’a pas une vaste expérience du roman. Elle est surtout une écrivaine scientifique, docteure en pharmacie.

Elle a écrit plusieurs ouvrages sous les thèmes pharmaceutiques, des livres qui lui ont valu des prix prestigieux d’ailleurs. Dans LA MORT BLANCHE, l’approche scientifique de Paule Fougère est intéressante et a contribué à maintenir mon intérêt à compléter la lecture de ce livre. Malheureusement, l’intrigue est plus ou moins ficelée et l’ensemble manque de profondeur. Malgré tout, je donne au livre la note de passage.

***

Paule Fougère (1906-2003) a été pharmacienne et écrivaine. Elle a exercé en pharmacie de 1941 à 1992 et fut écrivaine scientifique à partir de 1943. Elle s’est signalée par plusieurs de ses livres dont l’anthologie des grands pharmaciens en 1956, le livre des parfums en 1972, Un pharmacien raconte en 1997, sans oublier le scénario du film Bonne nuit monsieur Dulac et bien sûr, LA MORT BLANCHE, récipiendaire du prix du roman policier en 1943.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le samedi 21 avril 2018

L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL

Commentaire sur le livre de
Michel Leboeuf

*Non, non, lecteurs de premières pages en librairie,
ne me quittez pas! Ne refermez pas le bouquin si
vite. Lisez la dernière page tant qu’à faire. Vous
allez voir, la fin est pas mal du tout. Vous arriverez
peut-être même à vous réconcilier avec moi, le
personnage principal.*
(Extrait : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL,
Michel Leboeuf, Éditions Michel Quintin, num. 480 pages)

C’est le récit de Philippe Morel, 53 ans, un professionnel des relations publiques. Morel a une particularité extrêmement rare : il n’a pas de nombril. Évidemment ce signe particulièrement distinctif a marqué sa vie. Cette vie tourmentée, Morel nous la raconte : une vie de moqueries et de mépris de la part de son entourage. Il passe en revue toutes les étapes de son destin, y compris les épisodes où il fait l’objet de D’expériences scientifiques. Mais le récit déborde de la science. C’est l’histoire d’un homme qui n’a pas été uni à sa mère par un cordon ombilical et qui ne connaîtra rien de moins qu’une véritable descente aux enfers.

LE DRAME DE L’HOMME-OPOSSUM
*Dans mon berceau, me voilà saisi d’une sorte
de pressentiment…la voix douce me camoufle
la vérité, elle l’enrobe de rose bonbon…
J’ai peur, j’ai la certitude que ce qui vient ne
sera ni rose ni bonbon. Après ça, on
s’étonnera du fait que je veuille vivre tout
seul, en parfaite autarcie, le plus loin
possible des hommes.
(Extrait : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL)

Ce livre raconte l’histoire très particulière de Philippe Morel, né sans nombril, comme un opossum. Pour apprécier ce livre, il y faut bien comprendre la situation très singulière de Morel. Il est né sans nombril comme si dès le départ, la nature l’avait débranché de sa mère.

Comme cette nouvelle va faire le tour du monde, le phénomène étant assez rare, on peut penser qu’étant trop différent des autres, Morel devienne comme débranché de la société avec des rapports humains réduits au minimum.

Quant à savoir ce qui se passe dans sa tête, je vous laisse lire le livre pour le savoir, mais je peux vous mettre sur le sentier en vous dévoilant que Philippe Morel adore tuer des mouches en les brulant avec une loupe. Ça vous donne une petite idée…je dis bien petite.

Si vous arrivez à bien saisir la psychologie du personnage, sa tare plutôt embarrassante, et ses motivations, il vous faudra accepter maintenant la deuxième condition. 2) s’armer de patience. Le roman est très intéressant et tranche un peu par son originalité mais il traîne en longueur.

C’est très long avant de pouvoir s’accrocher à l’histoire ou aux personnages qui ne sont pas particulièrement attachants. C’est long d’autant que le récit est narré à la première personne par Morel qui n’a pas toujours des choses intéressantes à raconter. Pour toutes ces raisons, je préfère utiliser le terme DRAME qui convient mieux que THRILLER.

Là où le roman devient intéressant, à partir du moment où il prend son rythme, après au moins une bonne centaine de pages, c’est quand on commence à comprendre les motivations de Morel. Ça m’a poussé à me demander qu’est-ce que je ferais à sa place et c’est là que le roman devient un peu dérangeant. Morel devient un peu bizarre, violent et la finale, sans être spectaculaire, est intéressante, voire surprenante jusqu’à un certain point.

Même si ce livre est parfois long à en être pénible, je pense surtout à la première moitié, l’histoire a quelque chose de particulier, elle a un caractère étrange. La plume de Michel Leboeuf est tout aussi étrange nous entraînant dans les méandres d’un esprit confus.

L’homme dont on a discuté du cas dans les plus grandes facultés de médecine et qui servira de cobaye pour des expériences bizarres sera dorénavant appelé l’homme-opossum et tentera le plus possible de retourner à l’anonymat. Ce ne sera pas simple et c’est là qu’est le point fort du roman : la relation devenant graduellement et irrémédiablement tordue entre Philippe Morel et son environnement.

Malgré ses faiblesses, l’histoire est intéressante et appelle une suite de deux autres tomes : Le tome 2 : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL Alter Ego et le tome 3 : L’HOMME QUI N’AVAIT PAS DE NOMBRIL Alma Mater.

Michel Leboeuf est un écrivain, scientifique, naturaliste et communicateur québécois né à Trois-Rivières en 1962. Après avoir œuvré pendant plusieurs années en écologie forestière, il consacre maintenant tout son temps dans le secteur des médias et de l’édition.

Il est rédacteur en chef du magazine NATURE SAUVAGE et auteur de 14 livres documentaires sur la flore et la faune, d’essais et d’œuvres de fiction. Il a été deux fois lauréat du prix HUBERT-REEVES qui récompense l’excellence littéraire dans le domaine de la vulgarisation scientifique en français au Canada.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 11 février 2018