LE CID EN 4e B, la bande dessinée de VÉROPÉE

De nos jours, pas évident de lire Le Cid, de Corneille, quand on a treize ans ! Et pourtant, malgré les 382 ans qui les séparent, Chimène, Rodrigue et Don Diègue ne sont pas si éloignés de Naomy, Sarah-Lou, Brandon, Amine et de leurs acolytes ! Bienvenue dans le huis clos de la salle de classe de 4 e B. Entre frictions, moments de grâce, inepties et traits d’esprit, les élèves vont peu à peu apprivoiser la pièce et son langage suranné, à l’image de Lou qui s’exclame désormais «M’dame, quel outrage infâme, on m’a pris mon quatre couleurs !»

 

DU FRANÇAIS TRÈS VIVANT

(Extrait : LE CID EN 4e B, par Véropée, scénariste et dessinatrice, La Boîte à bulles éditeurs, 100 pages, format numérique : 39,3 Mo. Publication : 14 mai 2019)

Pour comprendre cette adorable petite bande dessinée de Véropée, il faut connaître LE CID. Il s’agit bien sûr de la célèbre pièce de théâtre tragi-comique de Pierre Corneille crée en 1637. Dès le départ, cette pièce en cinq actes, en vers rimés deux à deux et en Alexandrins est devenue un classique immortel du théâtre et de la littérature. J’ai dû bien sûr faire un sérieux exercice de mémoire et faire un bond en arrière. En fait, j’ai dû refaire mes devoirs et relire cette œuvre patrimoniale. J’en propose ici le résumé rédigé par superprof.fr.

Don Diègue et le comte de Gomès ont décidé d’unir leurs enfants Rodrigue et Chimène qui s’aiment. Mais le comte, jaloux de se voir préférer le vieux don Diègue pour le poste de précepteur du prince, offense ce dernier en lui donnant un soufflet. Don Diègue, affaibli par l’âge et trop vieux pour se venger par lui-même, remet sa vengeance entre les mains de son fils Rodrigue qui, déchiré entre son amour et son devoir, finit par écouter la voix du sang et tue le père de Chimène en duel. Chimène essaie de renier son amour et le cache au roi, à qui elle demande la tête de Rodrigue.

Mais l’attaque du royaume par les Maures donne à Rodrigue l’occasion de prouver sa valeur et d’obtenir le pardon du roi. Plus que jamais amoureuse de Rodrigue devenu un héros national, Chimène reste sur sa position et obtient du roi un duel entre don Sanche qui l’aime aussi et Rodrigue. Elle promet d’épouser le vainqueur. Rodrigue victorieux reçoit du roi la main de Chimène : le mariage sera célébré dans un délai d’un an.

Au départ, je me suis demandé pourquoi avoir imposé un tel sujet à des jeunes de 4e. J’aurais préféré une piève introductive ou préparatoire à un manifeste linguistique aussi pointu dont la profondeur est difficile à saisir pour des jeunes de 12 ans. La prof m’a sensiblement donné raison d’ailleurs.

Dans le récit dessiné, les jeunes sont en perpétuel questionnement. Ils sont excités, bavards, curieux et surtout intrigués…car ils apprennent la notion de dilemme et connaissent maintenant l’origine du terme dilemme cornélien car dans LE CID, si Rodrigue obéit à son devoir, il doit tuer le père de sa promise en perdant son amour ; s’il refuse la vengeance au profit de l’amour, il manque à son devoir et portera toute sa vie la marque de la lâcheté.

C’est un choix très difficile car il oppose la raison aux sentiments. C’est un peu lourd pour des enfants de cet âge. Et puis LE CID est une pièce de théâtre. Il eût été probablement plus intéressant de la jouer que la lire même si la prof semble s’appuyer sur l’audio-visuel.

Mais j’ai aimé cette bande dessinée. Elle m’a rappelé des souvenirs bien sûr. Mais j’ai aussi apprécié l’aplomb des enfants, leur spontanéité, leur personnalité attachante, leurs incessants questionnements et l’infinie patience de la prof qu’on ne voit jamais.

Le dernier quart du livre propose de larges extraits du CID…longs et ennuyeux, mais Ça m’a fait réaliser la qualité de la vulgarisation et de l’approche pédagogique dans la bande dessinée de Véropée.

Les enfants ont été dirigés dans cette expérience de raisonnement et de compréhension avec un magnifique savoir-faire d’autant qu’ils ont rejoint sans le savoir l’opinion de la haute-Société de l’époque de Corneille qui avait plus ou moins bien accueilli LE CID à sa sortie. Pour les enfants, la question se pose : comment une tragédie peut être comique et finalement, comme à l’époque les jeunes ont été un peu choqués par la finale.

C’est une petite BD très sympathique et rafraîchissante. On ne peut faire autrement que d’en rire. Je pense entre autres au fait que les jeunes de quatrième étant à l’âge du réveil hormonal ont parfois des petites remarques à caractère sexuel. C’est drôle et dénote, de la part de l’auteure une juste connaissance des jeunes. Prenez une petite heure pour lire cette BD. Je crois que vous serez charmés.

Suggestion de lecture : LES CHRONIQUES D’UNE MÈRE INDIGNE, de Caroline Allard

Véropée fait partie de ces auteurs fantômes qui ne publie pas de photos sur internet. Ça m’a toujours irrité mais heureusement ça n’enlève rien au talent de cette femme à la fois auteure et scénariste.

 

Après des études d’arts plastiques puis de lettres, Véronique devient prof de français en 2005. Enseignante le plus souvent en REP en banlieue parisienne, elle est mutée à Tours en 2013. Elle renoue, avec le dessin et crée un blog dessiné, Raoul en Milieu Naturel, et est repérée par une maison d’édition. L’album sort en 2017. Inspirée par les mots farfelus de ses élèves et l’envie de partager, elle se lance dans la réalisation d’une nouvelle Bande dessinée : Le Cid en 4eB.

BONNE LECTURE

Claude Lambert
le dimanche février 2022

Rue Principale, été 1966, de ROSETTE LABERGE

TOME 1 version audio

*Certains prétendent que son statut de veuve bien nantie
l’a rendu sûre d’elle au point qu’elle s’adresse parfois aux
gens, particulièrement à ses proches, comme une
souveraine à ses sujets. Résultat : dix ans de veuvage plus
tard, elle est encore plus désagréable.*

(Extrait : RUE PRINCIPALE
tome 1, ÉTÉ 1966, Rosette Laberge, Les éditeurs réunis, 2019,
300 pages. Version audio : Vues et voix éditeur, 2019, durée
d’écoute : 10 heures 24 minutes. Narratrice : Émilie Lévesque.)

L’été 1966 restera bien ancré dans la mémoire des Thibault. À cause, certes, des nombreuses journées passées en famille à la plage de Shipshaw et des pêches miraculeuses de Pascal, le père, sur la rivière Sainte-Marguerite. Mais, surtout, à cause de l’annonce du divorce de Rémi, son jeune frère. Depuis que leur mère a appris la mauvaise nouvelle, non seulement elle ne parle que de ça, mais elle a continuellement la larme à l’œil.

De plus, voilà qu’elle débarque chez Simone, Pascal et leurs cinq filles plusieurs fois par semaine, ce qui commence à être lourd à porter pour tout le monde. Même pour son fils, qui se réfugie de plus en plus souvent dans son cabinet médical et à l’hôpital pour ne pas avoir à la supporter. D’ailleurs, l’arrivée d’une nouvelle et jolie employée perturbe grandement le médecin.

Une chronique des sixties
*…on commence à peine à se remettre du passage de notre
chère Alice…ou plutôt de son invasion. Le jour où
j’apprendrai qu’elle revient à Chicoutimi, je changerai
toutes les serrures et je garderai les portes barrées à
double tour jour et nuit*
(Extrait)

     

RUE PRINCIPALE, été 1966 est une chronique qui raconte le quotidien de la famille Thibault: le père, Pascal, médecin dévoué à sa famille et à ses patients, la maman, Simone, une femme forte mais qui n’arrive qu’à surnager parfois avec ses cinq filles, dont une rebelle redoutable qui cause bien des soucis, Martine. Il ne faut pas oublier la bonne, Françoise, de l’or en barre qui est devenue indispensable à Simone.

J’ajoute à cette belle distribution, Alice, personnage redoutable et tyrannique. Alice est la mère de Pascal, la grand-maman tornade et la belle-mère de Simone. Même Pascal évite sa mère. D’ailleurs l’histoire débute sur un conflit de cuisine particulièrement intéressant qui obligera Simone à mettre ses culottes devant l’horrible mégère.

Il y a dans l’histoire certains personnages de second plan qui sont passionnants à suivre. Rémi, le frère de Pascal. Rémi est aussi éloigné de son frère que le nord l’est du sud. Il y a François, son autre frère et Thierry, un ado qui a un faible pour une des filles Thibault: Christine. Et le bon docteur lui, voit en Thierry le fils qu’il n’a jamais eu.

Voilà donc comment se met en place cette saga d’époque particulièrement bien documentée et recherchée car il s’en dégage toute l’atmosphère des années 1960 au Québec, C’est une époque qui ne connait pas la famille éclatée. Le divorce est classé au rang des scandales et les tares familiales sont scrupuleusement camouflées.

Relativement au portrait social, je n’ai trouvé qu’une petite faiblesse : l’absence de la religion. À une époque où l’Église avait la main haute sur la Société québécoise, je crois que l’auteure aurait dû inclure cette réalité dans l’oeuvre ainsi que la réalité de signes évidents de la révolution tranquille.

Sinon, c’est un très bon roman. La plume est forte, expressive. Les personnages sont attachants malgré le caractère stéréotypé de certains comme la belle-mère par exemple. L’auteur a cette capacité de faire rire le lecteur avec ses personnages, de le faire pleurer et même d’anticiper le futur immédiat de cette famille et d’avoir, malgré tout, la surprise de dénouements inattendus.

Rosette Laberge a dû travailler fort pour me convaincre de la crédibilité de son œuvre, la narratrice ayant peu contribué à la mettre en valeur. Émilie Lévesque est sûrement une bonne narratrice mais pour ce genre d’histoire, ça prend autre chose.

La narration de RUE PRINCIPALE manque de conviction et elle est parfois déclamée comme si on lisait l’histoire à des enfants. En général, le registre vocal est sous-exploité.

Le pouvoir attractif de l’auteure m’a grandement aidé à surmonté cette difficulté mais ce pouvoir n’est peut-être pas le même pour tout le monde. Je suis mitigé sur la version audio, mais je recommande l’œuvre sans hésiter.

Je l’ai beaucoup appréciée d’autant qu’elle se termine sur un drame qui met tout en place pour la suite: RUE PRINCIPALE HIVER 1967 qui réserve à la famille Thibault bien des épreuves et aux lecteurs-lectrices bien des émotions et qui permettra encore, aux baby-boomers en particulier de se reconnaître et de plonger au cœur de la rue Principale. 

Suggestion de lecture : L’ÉPICERIE SANSOUCY, de Richard Gougeon

Auteure à succès, Rosette Laberge explore des genres aussi variés que le roman, la nouvelle, l’essai et le roman jeunesse. Au cours des dernières années, elle a reçu plusieurs distinctions, dont le prix Littérature, au GalArt 2013, ainsi que le prix Femme d’influence, au Gala Excellence au féminin de la même année.

L’auteure derrière la célèbre saga des Souvenirs de la banlieue (plus de 100 000 exemplaires vendus) communique à travers chaque roman une passion avouée pour les mots et leur grand pouvoir sur nos vies. Rosette Laberge a publié chez Druide.

BONNE LECTURE
Bonne écoute
CLAUDE LAMBERT
le dimanche 30 janvier 2022

Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire

Commentaire sur le livre de
JONAS JONASSON

*Ceux qui ne savent raconter la vérité,
ne méritent pas qu’on les écoute,
répondait notre grand-père. *
(Extrait : LE VIEUX QUI NE VOULAIT PAS FÊTER SON ANNIVERSAIRE,
Jonas Jonasson, édition originale papier : Presses de la Cité, 2011, 468p.
Édition audio : Audiolib éditeur, 2013, narrateur : Philippe Résimont, durée
d’écoute : 12 heures 49 minutes.)

Alors que tous dans la maison de retraite s’apprêtent à célébrer dignement son centième anniversaire, Allan Karlsson décide de fuguer. Chaussé de ses plus belles charentaises, il saute par la fenêtre de sa chambre et prend ses jambes à son cou. Débutent alors une improbable cavale à travers la Suède et un voyage décoiffant au cœur de l’histoire du XXe siècle. * Quand la vie joue les prolongations, il faut bien s’autoriser quelques caprices. * 

Histoire du monde revisitée
*La mauvaise nouvelle, dit Julius en baissant un
peu la voix, c’est qu’avec tout ça on a oublié
d’éteindre la chambre froide avant d’aller se coucher
 hier soir.  <Et alors> s’enquit Allan.  <Et alors le gars
à l’intérieur est un ptit peu mort à l’heure qu’il est>.
(Extrait)

Voici l’incroyable histoire d’Allan Karlsson, vénérable maître artificier, spécialiste de la dynamite. Le jour de son centième anniversaire, notre héros décide de déserter la maison de retraite alors que tous s’apprêtaient à le fêter. Mais Allan s’en moquait. À partir du moment où il a sauté par la fenêtre, c’est un retour en arrière que l’auteur nous propose…

l’histoire d’une vie aventureuse, rocambolesque qui va propulser Allan partout dans le monde pour y faire les plus inimaginables rencontres : Une petite réunion  avec Harry Truman, une rencontre diplomatique avec le général de Gaule, un dîner avec Staline, qui sera traité plus tard de cinglé…dîner qui sera interrompu abruptement par une question déplacée d’Allan :

*Tu ne trouves pas que tu devrais raser cette moustache ? La soirée se termina sur cette question. L’interprète avait perdu connaissance. * (Extrait)

Ajoutons à cela des conversations édifiantes avec le général Franco, une dégustation de nouilles avec Mao Tse Tong qui sera qualifié de gros lard sans oublier quelques flirts à la cour de Suède. La liste n’est pas exhaustive.

Le récit je le rappelle est rocambolesque. Il y a des longueurs, du papotage, un peu d’errance. L’ensemble est improbable et caricatural. Mais c’est drôle. Personnellement j’ai beaucoup apprécié Allan, dynamiteur, destructeur de pont, buveur invétéré, espion et diplomate souvent en carence de diplomatie.

J’ai aimé son *je m’en foutisme*, son sens de la répartie et sa philosophie à deux dollars : *<La vengeance ne sert à rien.> le sermonna Allan. Il en est de la vengeance comme de la politique. L’une mène à l’autre et le mauvais conduit au pire qui aboutit en fin de compte à l’intolérable. *

L’auteur est habile car avec le parcours de la vie d’Allan, il survole les grands moments de l’histoire. L’intervention d’Allan dans l’histoire est tordue, l’auteur ayant imaginé entre autres que son héros ait été responsable en partie de l’effondrement de l’Union Soviétique.

Ce parcours n’est pas sans me rappeler un film extraordinaire : FOREST GUMP qu’on qualifiait de simple d’esprit et qui est devenu malgré lui un acteur et même l’instigateur des grands évènements qui ont marqué les États-Unis entre les années 1950 et 1980.

J’ai trouvé le récit satirique, ce qui n’est pas pour me déplaire. Je rejoins l’auteur entre autres pour sa description des personnages politiques qui ont marqué l’histoire, descriptions loin d’être flatteuses et qui sont même parfois virulentes, par exemple, le fait que le numéro un soviétique Leonid Brejnev puait et pas à peu près.

Ce roman, si je vais au-delà de son petit caractère burlesque, a été pour moi une grande évasion car non seulement l’histoire est originale et bourrée de trouvailles mais le récit a toutes les qualités littéraires que je recherche. L’histoire est extravagante mais la plume soutient une logique qui tient lieu de fil conducteur.

Je vous invite donc à faire la connaissance d’un grand petit monsieur : Allan Karlsson, un personnage zen, spontané, résolument jovial, ne connaissant pas la colère. Je crois que l’auteur s’est arrangé pour que j’aie envie de connaître Allan.

Pour terminer mon commentaire, j’extrais du roman une petite phrase qui résume à merveille la motivation de l’auteur dans le montage de son histoire et qui fait qu’on peut comprendre son cachet mondain, déjanté et un peu excessif : *Sa vie avait été passionnante.  Mais rien ne dure éternellement.  À part peut-être la bêtise humaine. *

Suggestion de lecture : HISTOIRE D’UNE MOUETTE ET DU CHAT QUI LUI APPRIT À VOLER de Luis Sepulveda

Né en Suède en 1961, Jonas Jonasson, ancien journaliste et consultant pour les médias, est l’auteur du Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, son premier roman, qui a connu un immense succès dans la trentaine de pays où il a été publié et qui a été adapté au cinéma (voir ci-bas) L’Analphabète qui savait compter est son deuxième livre.

AU CINÉMA



Photo de Robert Gustafsson extraite du film éponyme, réalisé par Féix Herngren
et sorti en mai 2014



Philippe Résimont brûle les planches depuis plus de 20 ans dans des registres très différents (Cyrano de Bergerac, Ladies night) Il participe aussi à quelques aventures cinématographiques comme LES CONVOYEURS ATTENDENT et MATERNELLE. Enfin il performe magnifiquement dans l’univers du livre audio avec, entre autres DANS L’OMBRE et PASSAGE DES OMBRES d’Arnaldur Indridason, 

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 18 décembre 2021

TELESKI QUI CROYAIT PRENDRE, Florian Dennisson

*La mine déconfite et le teint blafard, Anna
accueillit quelques minutes plus tard les
gendarmes et s’autorisa enfin à pleurer à
chaudes larmes alors qu’on l’interrogeait
sur les circonstances exactes de la
découverte du corps.*
(Extrait : TELESKI QUI CROYAIT PRENDRE,
Florian Dennisson, Chambre noire éditeur, 2016
papier : 162 pages, format numérique : 4592 KB)

 

Privé de son quotidien de prédilection, Gabriel Lecouvreur, dit le Poulpe, se retrouve à éplucher les faits divers d’un journal de province. Il s’entiche d’une affaire étrange qui va le mener dans la noirceur des secrets d’une des familles les plus puissantes de Courchevel. Un magnat du monde de la nuit laissé pour mort au beau milieu de son chalet de luxe et de vieilles connaissances de Gabriel accusées à tort, c’est le Poulpe au pays de l’or blanc.

 

 

Intrigue sur fond blanc
*Le métal froid de son Beretta se rappela à lui et le
rassura. Il appuya sur l’interphone et sans même
attendre une quelconque réponse, la porte d’entrée
s’entrouvrit lentement sur un couloir sans lumière.*
(Extrait)

TELESKI QUI CROYAIT PRENDRE met en scène un personnage assez singulier. Il s’agit de Gabriel Lecouvreur, appelé LE POULPE, quelque fois aussi appelé LE CÉPHALOPODE. On dit de lui qu’il a de longs bras tentaculaires. Pourquoi ? Eh bien j’ai découvert que LE POULPE est issu d’un phénomène littéraire relativement rare. Le personnage a été créé par Jean-Bernard Pouy, un auteur qui a dirigé pendant plusieurs années la collection éponyme par Jean-Bernard Pouy aux éditions Baleine.

Par la suite, il a été donné à plusieurs auteurs, émergents ou confirmés, la chance de publier, selon un code d’éthique précis et à certaines conditions, une histoire, un roman avec comme personnage central LE POULPE. Voilà pourquoi, je suppose, on dit du POULPE qu’il est tentaculaire. Parce qu’on le retrouve dans plusieurs histoires crées par des auteurs différents.

L’expérience a tenté un Haut-Savoyards, Florian Dennisson qui a bâti son tout premier roman avec LE POULPE comme héros. Le polar n’a pas été intégré à la collection pour des raisons techniques, donc rien à voir avec la qualité du roman. Ça donne au récit un caractère piraté, ce qui ne m’a pas ému plus qu’il faut.  Dans un petit journal de province, Gabriel lit un article évoquant une affaire étrange.

Un magnat du jeu, issu de la riche famille des Courchevel est assassiné dans son chalet de luxe. Il se trouve que les coupables potentiels sont au nombre des relations de Gabriel. Cette affaire intrigue le POULPE au plus haut point, Il décide de mener lui-même l’enquête avec ses propres méthodes qui ne versent pas toujours dans la dentelle :

* Hercule Poirot se serait assis dans un fauteuil au beau milieu d’un living-room de cottage anglais, pensa-t-il et Sherlock Holmes n’aurait analysé strictement que les faits tangibles. Qu’allait faire LE POULPE ? Partir à la pêche à l’aide de ses tentacules en laissant faire le destin ? Non. Il fallait qu’il ne lâche rien et qu’il continue dans sa lancée. * (Extrait)

À travers l’action, un certain sens de l’humour, une amourette et quelques aventures sexuelles, LE POULPE entraîne le lecteur dans les secrets obscurs d’une famille dont la conscience est loin d’avoir la blancheur de la neige.

C’est une histoire bien bâtie. Son personnage principal est d’une trempe vigoureuse, opiniâtre et assez originale. Autre aspect original du récit est le lien que l’auteur a créé entre LE POULPE et la loi de Murphy développée par Edward A Murphy Jr qui réunit des édits philosophiques dont l’adage principal s’énonce ainsi :

Tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera mal : *Voilà qui correspondait bien à la philosophie de Gabriel. Beaucoup le taxaient de pessimiste…alors que lui se voyait plutôt comme un fataliste voire tout simplement quelqu’un de réaliste. Il se devait d’être paré à toute éventualité et dans le champ des possibles, il lui fallait toujours considérer les dénouements même négatifs de chaque évènement. * (Extrait) Le livre dévoile beaucoup d’éléments intéressants sur la loi de Murphy.

Évidemment ça en dit long sur le personnage mais ça ne dit pas tout. Il aurait été intéressant d’en savoir un peu plus sur ses origines, ses motivations, son statut. L’auteur aurait gagné à enrichir l’introduction de son héros. Si je peux me permettre une autre petite faiblesse, le langage du récit est très argotique. J’aurais préféré évidemment un français un peu plus universel.

Qu’à cela ne tienne. L’enquête se suit bien. Elle est intéressante, intrigante. Le rythme est soutenu. LE POULPE est un original et son sens de l’humour est un élément qui marque tout spécialement le roman. Un humour qui confine parfois à la dérision. Lire TELESKI QUI CROYAIT PRENDRE est une excellente façon de s’introduire au personnage issu de *l’ingéniosité littéraire* LE POULPE*. Je pense que ce premier roman lance très bien la carrière littéraire de cet auteur émergent qu’il faudra surveiller : Florian Dennisson.

Suggestion de lecture : ENTRE LES LIGNES ou LE JOURNALISTE ASSASSINÉ, de Jérôme Bellay 

Né à Annecy en Haute-Savoie, Florian Dennisson quitte les bancs de la fac pour se consacrer à sa première passion : la musique. Il écumera les salles de concert du monde entier avec pour compagnon fidèle : l’écriture. Les paroles couchées sur des carnets font peu à peu place aux histoires avec l’envie de faire frissonner, de faire vibrer et d’interroger, en silence cette fois.
Fervent adorateur du personnage du Poulpe, c’est avec “Téléski qui croyait prendre” qu’il franchit le pas et vient à bout de son premier roman.

Encouragé par le très bon accueil de ce premier polar, Florian continue dans la même veine et signe “Liberté conditionnelle”, premier volet d’une série qu’il espère longue et pérenne. Au moment d’écrire ces lignes, Il vit à Lyon, là où se déroulent les intrigues de la plupart de ses romans.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 18 décembre 2021

LA SÉRIE DE CONTES DE VALÉRIE BONENFANT

*D’accord, d’accord, je vais raconter
l’histoire de loin…De toute façon,
cela ne sert à rien que je m’approche,
l’action va venir du ciel…*
(Extrait : LE CHIEN ET L’EXTRA-TERRESTRE
19e conte de Valérie Bonenfant, éditrice : Valérie
Bonenfant/BoD-Books, 2016, Illustrateur :
François Nasica, couleur, 32 pages)

Un chien est en train de garder son jardin quand soudain débarque du ciel un drôle d’engin, plat avec plein de lumières clignotantes… À l’intérieur un drôle d’occupant. Drôle? C’est un des mots clés de ce conte où avoir peur n’a jamais créé autant de secousses… de rires! Un conte mis en images par l’artiste François Nasica, qui puise son inspiration dans l’art urbain et la figuration narrative. Des images colorées, pétillantes et joyeuses, qui vont régaler les yeux des jeunes lecteurs de six ans et plus curieux de voir ce que donnerait une rencontre  improbable entre un chien et un extraterrestre

LA  DOUCEUR DU RÊVE ET DE L’ÉMOTION
*Baroud n’était pas un accordéon comme les autres. Quand il jouait, il ne produisait pas des notes de musique, mais des fleurs… Celles-ci sortaient de son soufflet, dès qu’il s’ouvrait …Il jouait un morceau, et aussitôt, le parterre se couvrait de fleurs. *
(Extrait : BAROUD L’ACCORDÉON, numéro 20 de la collection de Valérie Bonenfant,
illustrations : Fanny Roques, éd. Valérie Bonenfant, 2017)

Depuis 2015, Valérie Bonenfant réalise un vieux rêve : créer des contes ajustés à des circonstances précises de la vie de l’enfant ou à ses traits de caractère ou tout simplement à son imaginaire. Le petit ouvrage que j’ai lu est un conte inachevé. Mais j’ai réalisé qu’il pouvait appartenir à l’enfant de trouver lui-même une finale qui l’amuse ou qui lui convient évidemment.

Ce conte inachevé m’a amené inévitablement sur le site internet de Valérie Bonenfant et honnêtement, j’ai pu mesurer toute l’étendue de son talent, réalisant que s’adresser à un enfant, aiguiser sa curiosité, stimuler sa capacité d’émerveillement et faciliter son apprentissage est un art qui n’est pas donné à tout le monde. Allez voir son parcours en bas. Il y a de l’amour là-dedans.

Le souhait de Valérie Bonenfant est *de proposer de beaux ouvrages, réalisés à la manière de livres d’artistes, mais aussi de petits formats à emmener partout pour rêver, imaginer, sourire, s’étonner, s’amuser, avoir envie de créer…* (Valérie Bonenfant)

Chaque livre de la collection «Les contes de Valérie Bonenfant» est particulier, porteur d’une esthétique qui lui est propre, empreint des idées et de la personnalité de l’illustrateur.

Les enfants, en symbiose avec le rêve et la réalité ont la possibilité de fusionner leur imaginaire avec celui de l’auteur grâce à des ouvrages brefs, bien ventilés, vraiment bien écrits. Enfin les textes sont magnifiquement mis en valeur par des illustrateurs de talents. Je crois que les petits apprécieront ces petits contes couvrant tous les aspects de la vie.

Suggestion de lecture : LES CONTES DES 1001 NUITS

Je suis née le jour de Noël 1965 et j’habite dans le sud de la France. Mariée et mère de trois enfants, j’écris des histoires depuis l’âge de 6 ans. Enfant, je rêvais de devenir écrivain, mais mes études m’ont finalement poussée vers les sciences. En 1988, j’ai obtenu un diplôme d’ingénieur spécialisé dans l’énergie et l’environnement. Dans la vie professionnelle, je suis responsable de projets liés à l’innovation urbaine.

Passionnée d’art, je fréquente les galeries d’expositions et je peins la vie à travers la réalisation de portraits de personnes. Je suis aussi très proche de la nature auprès de laquelle je vais me ressourcer très souvent. En 2003, j’ai décidé de renouer avec mon enfance, et de retrouver mon univers de rêves, de poésie et de tendresse. Écrire des contes, c’est pour moi quelque chose de spontané.

Des feuilles blanches, un stylo et j’écris ce qui se présente, librement, sans jugement ni contrainte. Le résultat est souvent étonnant pour moi, mais c’est une expérience toujours très agréable, une vraie impression de liberté, une parenthèse volée dans un quotidien par ailleurs bien rempli. (Site internet de l’auteure) à visiter absolument)

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 7 novembre 2021

LE VILLAGE, audio, la série de KARL OLSBERG

*Myrta et Magolus escortent Primo
dans l’église. Ce dernier jette un regard
à son ami qui rentre avec ses parents
dans la maison du bibliothécaire. Il lève
le bras en guise d’adieu.*
(Extrait : LE VILLAGE, saison 1, Karl Olsbergh,
production omnisonore par Audible Original,
2018. Durée d’écoute : 8 heures 26 minutes)

Dans un monde de cubes se trouve «Le Village». Alors que les habitants mènent une vie simple et bien réglée, le jeune Primo est insatisfait. Il veut explorer le monde et vivre l’aventure. Lorsqu’un mystérieux étranger en armure scintillante apparaît, il décide de le suivre, entraînant son meilleur ami Kolle avec lui – mais «vivre l’aventure» n’est pas sans danger…  Cette création omnisonore Audible Original, pour les enfants de 8 ans et plus, est tirée des quatre premiers volumes de la série de livres du même nom de Karl Olsberg.

Narrateurs : Siphano, Frigiel, Sylvain Agaësse, Bénédicte Charton, Flora Breunier, Marie Chevalot

L’univers Minecraft
L’œuf que Primo a rapporté du désert est plus
dangereux qu’il ne le pense et pourrait bien
faire s’abattre le malheur sur le petit village au
bord de la gorge…mais ça…c’est une autre
histoire
(Extrait)

Quand j’écoute un livre audio destiné aux jeunes, je demande à l’auteur et aux comédiens de me ramener au groupe d’âge visé. Je leur formule toujours les mêmes souhaits : rajeunissez-moi, surprenez-moi, faites-moi frissonner, acceptez-moi dans votre monde. Je le dis haut et fort : MISSION ACCOMPLIE. J’ai été subjugué par la beauté des textes, la chaleur et la candeur des personnages et j’ai adoré la musique, parfaitement ajustée à chaque circonstance.

En plus de vivre des émotions, j’ai ri…j’ai beaucoup apprécié l’humour des personnages. Primo est particulièrement attachant : il est généreux, doux de nature, volontaire, épris de liberté et curieux. *Tu veux savoir d’où sortent les créatures nocturnes au crépuscule et où elles disparaissent au lever du soleil…tu te demandes pourquoi le monde est constitué de cubes ? J’ai raison ? Oui !* (Extrait)

Nous voici donc dans un monde de cube, un petit village tranquille protégé par Notch qui en fait le même dieu que celui des catholiques. Ça m’a arraché des sourires dans plusieurs passages, par exemple au moment où Primo récite par cœur le livre sacré gardé jalousement par le prêtre Lagolus qui se magnifie dans son ignorance.

La genèse est particulièrement intéressante : *Au commencement, Notch créa le cube, et Notch vit que le cube était bien. Il fit alors d’autres cubes et avec ses cubes il créa le ciel et la terre…mais les cubes sur terre était tous identiques et celle-ci était plate et morne…Alors Notch dit :-Il doit y avoir différents cubes…des cubes en pierre, en terre et en sable, ainsi que de feu et d’eau. La pierre, la terre et le sable doivent engendrer des vallées et des montagnes…Notch dit que ce qu’il avait fait était bien et se reposa…* (Extrait) sans oublier que Primo connait par cœur le *NOTRE NOTCH QUI ES AU CIEUX».

Donc tout est cubique dans ce monde où personne ne sait ce que c’est qu’une sphère. La vie s’écoule paisible, mais Primeau aimerait de l’action, vivre des aventures. Il en aura l’occasion avec l’arrivée d’un étranger qu’il décide de suivre. Le village est en danger…d’horribles créatures rôdent. Primo et les aventuriers qu’il entraîne deviendront-ils des héros ? C’est ainsi que nos amis sèmeront des actions d’éclats mais vivront aussi des moments dramatiques au cours des huit épisodes du livre 1.

J’ai trouvé cette oeuvre extrêmement bien travaillée et imaginée rendue par une extraordinaire équipe de comédiens et de narrateurs qui livrent une excellente prestation mise en valeur par des effets sonores efficaces et la musique qui est parfois grandiose. Cette performance m’a procuré ce que je cherche dans un livre audio : de bienfaisantes petites palpitations, des frissons et surtout des élans d’empathie. Mission accomplie.

Chapeau à l’équipe pour ce petit bijou. J’ai envie de dire aux parents que vous ne trouverez pas mieux comme moyen d’intéresser et d’initier les jeunes lecteurs de 8 ans et plus à la lecture en leur proposant un tel livre audio.

Je recommande chaleureusement ce livre audio pour les jeunes car il en émerge un goût d’apprendre, de vivre quelque chose de différent mais dans un décor passablement connu des jeunes amateurs de jeux vidéo, je parle bien sûr de l’univers Minecraft. Il y a quelque chose d’initiatique et d’immersif dans cette œuvre.

Je ne note qu’une seule faiblesse : les épisodes sont trop longs. Il est en effet difficile de garder l’attention d’un pré-ado pendant une heure. Dans le cas d’un livre en tout cas. Mais c’est un problème qui se surmonte aisément avec les signets. Donc en général LE VILLAGE fut pour moi une très belle expérience d’écoute.

Je vous invite à faire l’écoute du livre 2, aussi passionnant. Un petit survol rapide : Primeau, encore une fois trouve la vie au village trop paisible. Il aspire à l’aventure et l’action et ça va venir car la jalousie entre les chefs des deux villages va provoquer une rivalité qui va engendrer une multitude de péripéties. Et, apparemment, une vengeance se prépare. À suivre…

Suggestion de lecture : YUL ET SA CLIQUE, une bd de Julien Mariole

Karl Olsberg est né en 1960. Après un doctorat sur les applications de l’intelligence artificielle, il a dirigé une chaîne de télévision puis une agence multimédia. Son premier thriller traduit en français, Das System (Jacqueline Chambon, 2009), a rencontré un franc succès auprès du public.

Minecraft est le célèbre jeu vidéo à construction complètement libre créé par le suédois Markus Persson. Le jeu plonge le joueur dans un monde créé dynamiquement, composé de blocs (des cubes) représentant différents matériaux et formant diverses structures,  animaux ou monstres.

Le joueur peut modifier ce monde à volonté en y ajoutant ou supprimant des blocs et en tentant de survivre le plus longtemps possible lui permettant ainsi de bâtir des constructions avec une grande liberté, rappelant ainsi les jeux de création Lego.

Julien Morana (à gauche) pseudo : Siphano, un des plus célèbres youtubeurs français Alexandre Israël pseudo : Frigiel est un vidéaste français connu pour ses vidéos publiés sur YouTube dont Minecraft et let’s play. Frigiel est l’un des joueurs les plus connus de la communauté française de Minecraft. Siphano et Frigiel sont les voix des deux héros du village Primo et Kolle.

Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 30 octobre 2021

ALICE AU PAYS DES TROP VIEILLES, Cristina Alonzo

*Oui, évidemment, que j’écris un livre…Un livre sur mon enfance, passage difficile. ou sur mon adolescence, étape difficile. Ou sur ma dépression, moment difficile. Ou sur mes dix années de psychanalyse, tunnel difficile.* (Extrait : ALICE AU PAYS DES TROP VIEILLES, Cristina Alonzo, Éditions Albin Michel, 2010 224 pages. Format numérique, 220 pages)

Alice est journaliste. Elle a un mari, des amies de « bons » conseils, deux enfants adolescents, elle ment sur son âge (même son passeport est faux), se fait mettre au placard parce que son boss la trouve « trop vieille », s’interroge sur le botox et la chirurgie et cherche la bagarre…Alice grandit, vieillit, enrage et s’apaise. Un livre à l’usage des femmes qui ne sont pas vieilles et ont quelques réserves sur l’idée de le devenir.

 

Journal de ma quarantaine fracassante
C’est pas un peu gênant de prendre le petit
déjeuner avec le mec de sa fille ? –J’ai résolu
le problème, je leur apporte au lit, comme ça
pas besoin de boire mon café en face de deux
autistes.
(Extrait)

C’est l’analogie avec le pays des Merveilles qui m’a attiré vers ce livre. C’est tout de même très différent pour ne pas dire paradoxal car le livre de Cristina Alonzo développe le thème du vieillissement chez la femme. Notez que le phénomène est traité avec un peu de philosophie et beaucoup d’humour.

L’auteure traite des conséquences et des corollaires du vieillissement, un mot qui a été largement galvaudé et qui pourrait être interprété par l’expression *prolongement de la jeunesse*, un euphémisme gentil qui dévoile  les petits bobos liés disons au deuxième âge chez les femmes, les mères en particulier. : Apparition de rides, papillotes, apparition de cheveux blancs, prise de poids, petits problèmes de dos…

*Alors que vos parents devenaient grands-parents entre 45 et 55 ans, vous êtes de « vieux » parents d’ados grognons qui ne sont pas près de quitter la maison, devenue sans que vous vous en rendiez compte un Bed and Breakfast. La situation vous convient. (Aucune envie de prendre un coup de vieux supplémentaire en les voyant partir.)

Mais parfois, elle vous horripile. Ces ados sont des carpes, et lorsqu’ils vous adressent la parole, c’est pour demander à boire, manger, sortir, ou acheter. Il n’y a pas trente-six solutions : Acceptez le fait que vous êtes une vieille maman et agissez en conséquence en cessant d’être leur pote. * (Extrait)

Le livre est développé un peu comme un journal. Pour chaque chapitre, il y a une petite pensée au début, une liste de choses à faire avec au moins une bizarrerie dans chacune, le développement lié toujours à *l’avancement en âge*, des techniques pour s’en sortir honorablement et un récapitulatif du sujet traité. Ce n’est pas un livre qui va révolutionner le genre mais il est divertissant.

C’est une lecture légère qui évoque la tolérance et l’acceptation et met en perspective la différence qui existe entre *vieillir* et être vieux…*Entre l’âge que j’ai, celui que je fais, celui qu’on me donne et celui que j’ai l’impression d’avoir, il y a comme un bug…* (Extrait) Morale de l’histoire, il vaut beaucoup mieux accepter l’âge qu’on a et s’en moquer. C’est sans doute là qu’on commence à rayonner. Personne ne prétend que c’est facile.

Donc c’est un livre amusant écrit par une femme pour les femmes. Les gars eux, vont peut-être se reconnaître un brin. Le lectorat masculin pourrait en rigoler et qui sait, peut-être y réfléchir…peut-être… J’ai l’impression que l’auteure s’est fait plaisir et ne s’est pas prise trop au sérieux et l’idée d’orienter son livre vers le journal intime est une bonne idée je crois.

Les filles pourront sans doute se reconnaître à quelques égards ou en tout. L’idée est d’en rigoler, surtout si vous avez dépassé la quarantaine. Si vous approchez de la quarantaine, vous pourriez frémir un peu mais le mot d’ordre est toujours le même : mieux vaut en rire.

La plume est légère, fluide, empreinte d’une philosophie de supermarché qui est basée quand même sur une idée de départ qui nous place devant une certaine réalité : Alice est virée de son poste parce qu’au final, elle est trop vieille. L’âge est-il si important eu égard aux performances. Des questions intéressantes sont posées et Alice est parfois touchante. Un bon petit livre léger, amusant et rapide à lire.

Suggestion de lecture : L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON, de Muriel Barbery

Cristina Alonso est une journaliste et romancière française
C’est au «Journal du dimanche» qu’elle s’affirme, puis, en créant le magazine «Elle à Paris«.
Elle écrit son premier roman, «Alice au pays des trop vieilles», paru aux Éditions Albin Michel en 2010, un roman bien accueilli par la presse et le public.
Après le succès de son premier livre, elle publie «Alice et le prince barbant» (2011), sa chronique décapante de la vie d’une quadra au bord de la crise de rire !.

Lecture suggérée

 

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT
le vendredi 15 octobre 2021

L’extraordinaire voyage du fakir…

QUI ÉTAIT RESTÉ COINCÉ DANS UNE ARMOIRE IKÉA  version audio

Commentaire sur le livre de
ROMAIN PUÉRTOLAS

*Le premier mot que prononça l’indien Ajatashatru Lavash Patel en arrivant en France fut un mot suédois, un comble : IKEA. 

<Extrait : L’EXTRAORDINAIRE VOYAGE DU FAKIR QUI ÉTAIT RESTÉ COINCÉ DANS UNE ARMOIRE IKEA, Romain, Puértolas, Le livre de poche, 2015, version audio : Audiolib éditeur, 2014, durée d’écoute, 5 heures 41 minutes Narrateur : Dominique Pinon.  Édition originale : 2013>

Une aventure rocambolesque et hilarante aux quatre coins de l’Europe et dans la Libye post-Kadhafiste, une histoire d’amour plus pétillante que le Coca-Cola, mais aussi le reflet d’une terrible réalité : le combat que mènent chaque jour les clandestins, ultimes aventuriers de notre siècle.

COINCÉ DANS L’ABSURDE
Il avait fait un extraordinaire voyage de neuf jours,
un voyage intérieur qui lui avait appris que c’est
 en découvrant qu’il existe autre chose ailleurs, que
l’on peut devenir quelqu’un d’autre.
  (Extrait)

C’est une histoire abracadabrante, improbable. Je ne l’ai pas vraiment trouvé drôle, je dirais plutôt spirituelle. Je suis mitigé en fait. Je n’ai pas du tout été impressionné par le texte mais je dois admettre que ce dernier a été mis en valeur par le narrateur. Puisqu’il est question d’Ikéa, je dirai que Dominique Pinon a sauvé les meubles.

Ajatashatru Lavash Patel (nom tape-à-l’oreille prononcé dans des dizaines de façons différentes) est un gentil filou qui part de New Delhi pour Paris afin d’acheter un lit à clou, spécial fakir, en solde chez Ikéa. N’ayant pas les moyens de se payer l’hôtel, Ajatashatru ère dans le grand magasin et pour échapper à toute surveillance, se cache dans une armoire qui sera rapidement retirée afin d’être expédiée…en Angleterre.

Tout le récit relate les tribulations du petit homme aux yeux coca-cola. C’est une histoire loufoque doublée d’un petit caractère sentimental. Le tout me rappelle un peu les comédies d’erreur.

L’histoire est bourrée de clichés et d’allusions, certaines fines d’autres grossières : *On pissait aussi mal dans une armoire que dans un avion remarqua l’indien qui n’aurait jamais cru être un jour amené à une telle constatation*. (Extrait) Eh oui, même tapi dans une armoire Ikéa, la vie continue.

On trouve dans le texte beaucoup de jeux de mots, de déformations linguistiques. J’ai senti que l’auteur ne se prenait pas au sérieux et planchait davantage sur le pouvoir des mots que sur le style.

Une description de son principal personnage prise au cœur du récit en dit très long : *Ses manières raffinées n’allaient en rien avec le personnage : jeans troués, piercing, cheveux teints en rouge, veste verte délavée, quelque chose entre un fakir et un clown. *(Extrait)

 

Je m’attendais à éclater de rire, j’en ai eu à peine envie. Peut-être qu’on attendait trop de ce roman. Pourtant, il n’est pas sans qualités. Entre autres, il pousse à la réflexion sur la situation des clandestins, humains désenchantés ayant choisi de fuir leur pays pour être finalement davantage exploités.

L’histoire évoque aussi les petits détours de la vie qui nous font trouver le bonheur, des rencontres susceptibles de nous changer, de nous améliorer. Mais pour le reste, j’ai troqué la comédie hilarante pour un simple divertissement. Si j’avais choisi le papier, j’aurais peut-être trouvé le temps long mais le narrateur Dominique Pinon m’a fait passer un bon moment avec un ton en parfaite concordance avec le caractère caricatural du texte.

 

Il m’a gardé dans le coup jusqu’à la fin en donnant à l’ensemble un petit quelque chose de sympathique, de rafraichissant, de léger.  À travers les clichés et les innombrables déformations du patronyme de notre héros, j’ai pu quand même m’attacher à un personnage sympathique, un peu naïf et quelque peu décalé…humain quoi…

 

*Eh bien puisque vous me le demandez, je me nomme Ajatashatru Lavash… Une armoire ne pouvait avoir un si bel accent…peut-être n’allez-vous pas le croire, mais je me suis retrouvé coincé dans cette armoire alors que j’en prenais les mesures dans un grand magasin français…enfin suédois…* (Extrait)

Un livre drôle…non pas vraiment, mais divertissant et par moment, sensiblement attendrissant.

Suggestion de lecture : BINE TOURISTA SOUS LES PAMIERS de Daniel Brouillette

Romain Puértolas, né le 21 décembre 1975 à Montpellier, est un écrivain français, compositeur-interprète, professeur de langues, traducteur-interprète. Il s’adonne à l’écriture compulsive. Il fait ensuite carrière grâce à son bouquin comique «L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea».

À écouter également, du même auteur

La carrière de Dominique Pinon prend son véritable envol en 1980 grâce à Jean-Jacques Beineix qui lui ouvre la porte du cinéma dans son premier film Diva en 1980. Il joue dans une foule de seconds rôles où on le retrouve généralement dans la peau du marginal atypique. Mais, c’est principalement sa rencontre avec Jean-Pierre Jeunet qui marque un tournant majeur dans sa vie d’artiste.

En effet, sa carrière connaît une envolée sans précédent avec son premier rôle dans Delicatessen. Acteur favori de Jeunet, il est également à l’affiche du Fabuleux destin d’Amélie Poulain, Alien, la résurrection et Un long dimanche de fiançailles. Sa renommée est telle que les réalisateurs étrangers n’hésitent pas à l’intégrer dans leurs projets. Enfin sa voix est bien connue dans l’univers du livre audio.

Bonne écoute
Claude Lambert
le dimanche 26 septembre 2021

 

LA MYSTÉRIEUSE BIBLIOTHÉCAIRE, DOMINIQUE DEMERS

VERSION AUDIO

*<Je viens eeuh pour le poste de bibliothécaire, murmura-
t-elle d’une voix de souris.> Marcel Lenragé s’étouffa de
surprise, ses pieds retombèrent sur le tapis, et sa
fabuleuse pyramide formée de 64 tranches de viande
 dégoulinante de moutarde et de gras, s’effondra brusque-
ment sur son bureau.*

(Extrait LA MYSTÉRIEUSE
BIBLIOTHÉCAIRE, Dominique Demers. Éditeur à l’origine, Québec
Amérique, 1997, 123 pages. Version audio : Audible studio Éditeur,
2018. Durée d’écoute 55 minutes, narratrice : Dominique Demers)


Après avoir été nouvelle maîtresse et factrice, mademoiselle Charlotte est de retour dans un nouveau rôle tout aussi hilarant, celui de bibliothécaire et elle
est très spéciale dans sa nouvelle fonction. Mademoiselle Charlotte est une grand-mère drôle et un brin rebelle qui a inspiré le film à succès La mystérieuse mademoiselle C. Ce classique de Dominique Demers pour les 8 à 11 ans a reçu le prix du livre M. Christie.


UNE INTARISSABLE SOURCE D’HISTOIRES

*Vite ! <Montre nous des fesses> réclama Martin *la 
Boucane* tout essoufflé. Mademoiselle charlotte qui
adressa un sourire espiègle en choisissant un livre
intitulé le grand amour d’odilon cochon. Quoi ?
S’offusqua Martin, <c’est pas cochon ça.> !  <C’est
pourtant plein de cochons> répliqua mademoiselle
Charlotte malicieuse…*

Beaucoup d’enfants de 7 à 11 ans connaissent déjà mademoiselle Charlotte, une vieille dame un peu excentrique, imaginative et terriblement attachante. Ils l’ont connu dans leur bibliothèque scolaire ou encore dans un atelier de lecture animée avec UNE BIEN CURIEUSE FACTRICE et LA NOUVELLE MAÎTRESSE.

Charlotte nous revient cette fois dans un nouveau rôle: bibliothécaire à Saint Anatole. Avant d’écouter ce récit qui dure moins d’une heure. Je me suis mis dans la peau d’un enfant.

À ce titre, j’ai un peu d’expérience et à l’écoute de ce récit, j’ai vécu vraiment de belles émotions. J’ai écouté le récit de Dominique avec ravissement et je me suis attaché à des personnages sympathiques et drôles dont Martin La Boucane, un petit rebelle qui joue les durs et qui n’espère trouver à la bibliothèque que des livres qui montrent des fesses. J’ai pu assister à une magnifique transformation graduelle et toute en douceur du garçon.

Mademoiselle Charlotte est une vieille dame un peu bizarre, très anticonformiste et possédant une imagination débordante. Elle adore les enfants et elle adore les livres. Elle s’active à compléter l’équation en faisant en sorte que les enfants adorent les livres. De plus la vieille dame a une particularité.

Occasionnellement, elle est aspirée par le livre qu’elle lit. Son corps devient comme absent et son esprit voyage dans le récit au risque de ne plus revenir ou de ne plus faire la différence entre la fiction et la réalité. Elle travaille à ce que les enfants développent le goût de la lecture, 

De l’ensemble du récit de Dominique Demers transpire une passion extrêmement forte pour les livres. Rien de forcé, d’insistant. Juste un argumentaire développé dans une sorte de jeu de rôle plein d’humour et de tendresse pour amener les enfants à entrer dans le monde merveilleux des livres.

Le dernier point que je veux aborder ici concerne la narration faite par l’auteure elle-même. Elle déclame magnifiquement son histoire en stimulant la capacité d’émerveillement des enfants. Elle fait plus que raconter une histoire. Elle la vit et la transmet. L’humour qui caractérise l’histoire semble créer une forme de symbiose entre l’enfant et le livre. 

<C’est bébé niaiseux ! grogna Martin…malgré tout, il resta là à observer mademoiselle Charlotte pendant qu’elle étalait les livres sur la pelouse. Les titres et les pages de couverture donnaient vraiment envie qu’on les ouvre… entre autres…<cadavre au dessert>…<À chacun sa crotte> ainsi que <LE CHAMPION FARCEUR> un livre bourré d’idées pour mille tours pendables.> extrait

L’attirance des enfants pour les livres n’est pas automatique. L’auteur doit gagner leur confiance en proposant une présentation qui stimule l’imaginaire des petits. L’oeuvre de Dominique Demers me conforte dans ma certitude qu’utiliser un support audio pour introduire les enfants à la lecture est une bonne idée.

Cette idée a d’ailleurs déjà été évoquée dans un chouette petit livre pour enfant : LE LIVRE QU’IL NE FAUT SURTOUT, SURTOUT, SURTOUT PAS LIRE de Sophie Laroche. Les récits audios de Dominique Demers constituent un outil motivant et stimulant pour introduire les enfants dans l’univers du livre.

Suggestion de lecture : LE PETIT MOZART, BD de William Augel

Écrivaine, conférencière et formatrice, Dominique Demers a signé plus de 50 œuvres de fiction pour enfants, adolescents et adultes. 

Fruit de trente années d’expérience sur le terrain, Dominique Demers livre, en 2009, l’œuvre d’une vie : AU BONHEUR DE LIRE. Sous-titré Comment donner le goût de lire à son enfant de 0 à 8 ans, l’ouvrage livre de précieux conseils aux parents et éducateurs. Cette même année, madame Demers reçoit le prix Raymond Plante soulignant un engagement remarquable envers la littérature jeunesse.

 ÉGALEMENT À LIRE OU À ÉCOUTER

Bonne écoute
Claude Lambert

LA GUERRE DES BOUTONS, livre de LOUIS PERGAUD

*…un livre où…coula la vie, l’enthousiasme et de rire,
ce grand rire joyeux qui devait secouer les tripes de
nos pères…*


(Extrait : LA GUERRE DES BOUTONS, Louis Pergaud,
édition originale : 1912, révisée en 1972 par Gallimard,
276 pages. Version audio : éditions Thélème, 2016, durée
d’écoute : 7 heures 19. Narrateur : Pierre-François Garel)

Les enfants de deux villages voisins se font la guerre. C’est sérieux. Moins sanglante que celle des adultes bien sûr, mais tout aussi dangereuse pour l’amour-propre de ceux qui, prisonniers, se retrouvent à la merci de leurs ennemis ! En effet, le butin de guerre des deux armées est constitué des boutons et lacets, attributs indispensables sans lesquels les malheureux tombés aux mains de l’ennemi se voient obligés de s’enfuir tout nus! Cette guerre épique et truculente rythme la vie des enfants de ces deux villages.

UN RELENT D’ENFANCE
*Les Longeverne ont voulu arriver les premiers. Ils ont allongé le pas quand les Velrans s’en sont aperçu, ils se sont mis à courir. Ils ont couru, puis ils se sont regardés de travers, se sont traités de feignants, de voleurs, da salops de pourris. De plus en plus, les deux bandes se rapprochaient.

Quand les hommes n’ont plus été qu’à dix pas les uns des autres, ils ont commencé à se menacer, à se montrer le poing…puis les femmes se sont amenées elles aussi…elles se sont traitées de gourmandes, de rouleuses, de vaches, de putains et les curés aussi mes vieux se regardaient d’un sale œil…* (Extrait)

(Extrait du film LA GUERRE DES BOUTONS réalisé par Yves Robert en 1962)

Début du XXe siècle, dans la campagne française, des enfants décident de se faire une guerre sans merci, façon de parler, mais ils doivent composer avec un tas de défis comme par exemple, faire comme si de rien n’était à l’école et tout cacher au soupçonneux et sévère Père Simon. Ensuite, les enfants devaient éloigner le plus possible leurs parents du théâtre de la guerre.

Puis il fallait financer la guerre. Je vous laisse découvrir toute l’ingéniosité des enfants. Enfin, il fallait s’organiser. C’est ainsi que les enfants se sont nommés un général, un lieutenant…on a fait comme les grands : stratégie, espionnage, ruse, logistique d’approvisionnement, expéditions punitives, quartier général.

Du début jusqu’à la fin, l’auteur a tout prévu, y compris la traîtrise, le châtiment, le trésor de guerre et la fureur des parents.

Ensuite, j’ai été émerveillé et séduit par la richesse et la saveur de la langue et j’ai découvert, à ma grande joie un heureux cousinage entre l’argot français de la Franche-Comté et le jargon québécois : pus au lieu de plus, soye au lieu de soit, les ceusses au lieu de ceux, queque chose au lieu de quelque chose, deusse au lieu de deux.

Ça fait un récit chantant, rythmique, extrêmement vivant. Une histoire pleine de candeur et du langage d’enfants : *Si j’aurais su, j’aurais pas venu* (Extrait) Je me suis même beaucoup amusé de cette capacité que l’auteur a prêté aux enfants de *débouler* des jurons en série

*Montre-toi donc, hé grand fendu, cudot, feignant, pourri ! Si t’es pas un lâche, montre-la ta sale gueule de peigne-cul ! va ! – Hé grand’crevure, approche un peu, toi aussi, pour voir ! répliqua l’ennemi.*(Extrait)

Ce qui m’amène à parler du narrateur, Pierre-François Garel qui a une voix magnifique et bien modulée. Lire le récit de Pergaud fut pour lui un défi. La narration de LA GUERRE DES BOUTONS est un enchantement avec un registre parfaitement ajusté à chaque personnage et une extraordinaire maîtrise des dialogues y compris ceux qui sont les moins châtiés… :

*On sait bien pourquoi tu n’oses pas te mettre tout nu…c’pass que t’as peur qu’on voit la tache de vin que t’as au derrière et qu’on se foute de ta fiole. T’as tort Boulo…ben quoi…la belle affaire…une tache au cul…c’est pas être estropié ça…c’est ta mère qui a eu une envie quand elle était grosse…elle a eu l’idée de boire du vin et elle s’est gratté le derrière à ce moment-là.  

Beaucoup de passages m’ont fait rire, y compris bien sûr les nombreuses salves de jurons que les enfants se lançaient entre eux… *Salops…triples cochons…andouilles de merde… batteurs de curés…enfants de putain… charognards… civilités…crevures…calotins…sectaires…chats crevés…galleux…, mélinars…combisses…pouilleux. (Extrait)  Je peux vous dire maintenant que Garel ne manque pas de souffle

LA GUERRE DES BOUTONS est un roman-jeunesse mais il convient tout à fait à tous les âges de la vie.  Il n’a pas vieilli et demeure un pur moment de plaisir. Une petite faiblesse si je peux me permettre. L’auteur suit surtout le camp de Longeverne. J’aurais aimé en savoir plus sur les sentiments des Velrans et leur plan d’action. Ça crée un certain déséquilibre.

En dehors de ce petit détail, LA GUERRE DES BOUTONS est un livre précieux et qui pousse à la réflexion sur la tolérance entre autres et sur le destin des futurs appelés de la première guerre mondiale au cours de laquelle l’auteur Louis Pergaud a perdu la vie.

Suggestion de lecture : LA MYSTÉRIEUSE BIBLIOTHÉCAIRE de Dominique Demers

Louis Pergaud était un écrivain français. Il est né le 22 janvier 1882 à Belmont dans le Doub. Ses parents s’appelaient Elie Pergaud (père) et Noémie Collette (mère). Il avait deux frères : Pierre et Lucien. Il devient orphelin à 18 ans, son père et sa mère étant morts à Fallerans à un mois d’intervalle.

Il a étudié à l’École Normale de 1898 à 1901. C’est un instituteur et un romancier français, surtout connu pour son principal roman : La Guerre des boutons. Il s’est marié avec Marthe Caffot. En août 1914, il est mobilisé pour ce qui deviendra la première guerre mondiale. Il est mort le 8 avril 1915. Son corps n’a jamais été retrouvé.

Bibliographie

L’Aube L’Herbe d’avril  1904
L’Herbe d’avril 1908
De Goupil à Margot 1910,  huit nouvelles qui parlent d’enfants et d’animaux
La Revanche du corbeau  1911
La guerre des boutons, roman de ma douzième année 1912
Le roman de Miraut chien de chasse  1913

Œuvre posthume
Carnet de guerre  1914-1915 (Pergaud raconte sa vie quotidienne pendant la première guerre mondiale).

LA NOUVELLE GUERRE DES BOUTONS, sortie en 1911 du réalisateur Christophe Barratier

Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 28 août 2021