LE LIVREUR, de Marie-Sophie KESTEMAN

*Personne ne l’avait jamais vu. Plus mystérieux encore
était le fait qu’il œuvrait ainsi dans l’ombre depuis près
de trois-cents ans. La plupart des villageois expliquaient
son immortalité par ses origines célestes, puisque pour
beaucoup, il serait un ange chu du ciel qui, tombé
amoureux du patelin, vivrait parmi eux. *
(Extrait: LE LIVREUR, Marie-Sophie Kesteman, Éditions
Hélène Jacob, collection Mystère/Enquête, 2014. Édition
numérique, 210 pages

Au cœur de Silver Owl, depuis trois cents ans, une légende prospère, jalousement gardée. Le dimanche, au cœur des ténèbres, entre minuit et 10 heures, le Livreur opère. Et un mystérieux colis noir apparaît sur le chemin d’un des habitants. « Ce que vous désirez le plus au monde », voilà ce qu’il vous offre. Il ne se trompe jamais. Il ne demande rien en retour. Et personne ne l’a jamais vu. Il est le héros de chacun. Qui est-il ? Quel est son objectif ?  Cependant, pour la première fois en trois cents ans, le Livreur a commis une erreur… Une erreur qui pourrait bien mener Mélie sur sa piste. Parviendra-t-elle à être plus rusée que son héros ? 

AU PLAISIR DE TON BONHEUR
Le Livreur
*Après avoir, par le plus grand des hasards,
heurté le livreur cette nuit-là, j’ai pris
conscience de son plus gros défaut: il a une
fâcheuse tendance à s’assurer qu’il n’a commis
aucune erreur. *  
(Extrait)

LE LIVREUR est ce que j’appelle un roman d’attente ou *roman de gare*. Donc vous voyez un peu le genre. Ce n’est pas un livre qui va bouleverser la littérature mais ça reste une lecture légère, agréable et rapide. L’histoire est fantaisiste et pourrait même titiller l’imagination du lectorat car après tout, le livreur n’est-il pas un marchand de bonheur.

Il livre chaque dimanche un petit colis à une personne sélectionnée et dans ce colis se trouve la réalisation d’un rêve. Alors, l’héroïne de l’histoire Mélie espère la visite du livreur afin de réaliser un rêve très particulier…un peu fou même. Quelle ne fut pas sa surprise le jour où elle a reçu le fameux colis…vous aurez compris que l’histoire est prévisible.

C’est un roman très léger, victime de certains choix de l’auteure, Marie-Sophie Kesteman. Par exemple elle a choisi de faire connaître l’identité du livreur très tôt dans l’histoire, dans les premiers chapitres. C’est un choix qui enlève beaucoup de saveur à l’histoire. Tout devient prévisible surtout une amourette qui devient un grand amour entre Mélie et le livreur.

Le récit est un peu naïf. Comment Mélie et son ami ont pu trouver aussi vite la maison du livreur qui œuvre au bonheur de ses semblables depuis 300 ans, sans recherche, sans indices. Nos amis, savent que la maison est là…un peu d’effraction et voilà. Je souligne aussi la naïveté de la relation entre les deux jeunes adultes . On dirait des enfants.

La principale force du roman réside justement dans sa naïveté. Il ne se prend pas vraiment au sérieux et reste positif. Imaginez, un rêve réalisé pour chaque colis livré. Le problème, c’est qu’une fois Mélie bien installée dans sa relation avec le livreur, on entend plus parler de livraison. L’histoire est recentrée et se prépare à une finale plutôt intéressante.

C’est une lecture intéressante, vivante, très légère, agréable. Malgré tout, elle ne m’a pas emballé parce que l’histoire est sous-exploitée et je dirais sous-alimentée. Je reproche souvent aux romans leur longueur. Ici, c’est le contraire. Le roman n’est pas assez long et omet des détails intéressants, sinon importants.

Il aurait été intéressant par exemple de connaître l’origine de cette étrange tradition du livreur, d’en savoir plus sur l’altruisme du fondateur, de comprendre les bases financières. Réaliser des rêves chaque dimanche pendant 300 ans suppose des dépenses colossales. D’ailleurs j’ai bien vu que le jeune livreur et celui qui passe pour son domestique appelé MOZART (en passant), ne regardent pas à la dépense.

Pour ce qui est des personnages, je dois dire que j’ai eu de la difficulté à m’y attacher. Ils manquent de profondeur et d’authenticité. Mais il y a quand même Mozart qui est un peu spécial et qui m’a fait sourire, consacrant ainsi un brin d’humour rafraîchissant. Comme vous voyez, il y a quand même du positif. L’ensemble aurait simplement besoin de retouches.

Donc pour résumer, je dirai que c’est un petit livre sympathique, agréable à lire. Son sujet est original, presque onirique qui donne à l’ensemble une allure de conte. L’auteure est avare de détails et de rebondissements, donc l’histoire se lit très vite. Malgré tout, c’est une lecture positive et bonne pour le moral.

Suggestion de lecture : LE CALENDRIER DE L’AVENT, Catherine Dutigny

Marie-Sophie Kesteman rédige elle-même une courte biographie sur un sympathique ton badin :

* Étudiante, boute-en-train, éternelle optimiste, future médecin, auteure, Belge, Liégeoise, chroniqueuse, mais avant tout… rêveuse ! J’ai pour habitude de dire que les chaussures des rêveurs sont toujours usées, parce qu’ils passent plus de temps à regarder les étoiles qu’à regarder leurs pieds… Eh bien ! Sachez que je n’ai plus aucune paire de chaussures convenable !

Et c’est tant mieux ! Pourquoi j’ai décidé d’écrire ? Pour rendre possible l’impossible. Aussi, je vous invite à plonger avec moi au cœur de mes rêveries. Elles sont parfois un peu farfelues, mais peut-être en ressortirez-vous avec de la poussière d’étoiles plein les yeux. *

Bonne lecture
Claude Lambert
vendredi 6 novembre 2020

L’ÉPICERIE SANSOUCY, de RICHARD GOUGEON

L’épicerie Sansoucy
Le p’tit bonheur

*Un simple malaise physique ne pouvait engendrer
à lui seul un tel éloignement des êtres. Même le
taciturne Placide, le plus renfermé de ses enfants,
ne lui était jamais apparu aussi étrange, aussi
impénétrable…*
(Extrait : L’ÉPICERIE SANSOUCY, le p’tit bonheur,
Richard Gougeon, Les éditeurs réunis, format poche,
réédition : 2018, édition de papier, 425 pages

Au milieu des années 1930, dans le quartier ouvrier de Maisonneuve, la pauvreté règne, le chômage est le pain quotidien des miséreux. La famille nombreuse de Théodore Sansoucy s’entasse dans un logement au-dessus de son épicerie-boucherie.

Irène, l’aînée des enfants Sansoucy, est la vieille fille sage de la maisonnée. Forte tête, Léandre travaille au magasin, et la tension monte entre son père et lui. Marcel, étudiant peu talentueux, livre les commandes.

L’intellectuel Édouard, quant à lui, rêve de se marier avec la fille du notaire Crochetière, chez qui il fait son apprentissage de clerc. Il ne s’intéresse nullement aux siens et encore moins à l’épicerie.

Simone, la « petite perle » du clan, amoureuse d’un Irlandais au grand dam du paternel, ainsi que l’impénétrable Placide, membre de la congrégation de Sainte-Croix qui aspire à marcher sur les pas du frère André, complètent le portrait de cette famille. La vie de quartier s’anime autour de la petite épicerie.

Derrière le comptoir, Sansoucy reçoit des confidences. Cependant, les commentaires sont bien moins drôles à entendre lorsqu’ils concernent sa vie familiale. Surtout s’il s’agit des frasques de ses enfants…

INTIMISTE ET ANECDOTIQUE
*L’amour ne règle pas tous les problèmes, Arlette. Je ne
suis pas plus avancé que j’étais avec cette histoire de
restaurant. Comme c’est là, je me retrouve le bec à
l’eau, sans emploi comme des milliers de jeunes de mon
âge, sans avenir, avec un loyer à payer, puis une
blonde qui colle à moi comme une grosse mouche à
marde, taboire.*
(extrait)

L’épicerie Sansoucy est un roman historique, une chronique intimiste du cœur des années 1930 qui suit le quotidien d’une famille québécoise typique vivant à Montréal, dans les logements situés au-dessus de l’entreprise familiale : L’épicerie-boucherie Sansoucy.

Une vraie famille québécoise pure laine d’avant-guerre comprenant une variété de genres et bien sûr, une flopée de *matantes* *mononcs*, beaux-frères et belles-sœurs, cousins et cousines…tous des personnages attachants mais qui ne sont pas vraiment là pour simplifier la vie familiale. Bref une famille typique.

Richard Gougeon développe son histoire un peu comme Roger Lemelin l’a fait plus tard avec les Plouffe : la vie de tous les jours d’une famille attachante avec ses hauts, ses bas et ses petites intrigues. Il y a bien sûr des différences accessoires entre les deux histoires mais il faut surtout dire que le récit de Gougeon débute quelques années avant la guerre tandis que l’histoire des Plouffe débute quelques années après la guerre.

Au Québec ça fait des différences importantes dans le tissu familial. L’auteur met l’emphase sur deux éléments essentiels : d’abord, la vie de quartier évolue autour de l’épicerie. Ça crée des évènements cocasses qui impliquent évidemment les commères du quartier.

Et il y a les petits drames qui montent vite en épingle : l’accident de Marcel, les aventures douteuses de Léandre, le hold-up de l’épicerie. Même avec le recul du temps, on continue de se reconnaître dans ce récit que j’ai trouvé savoureux.

J’ai été particulièrement captivé par les moments où je trouvais Colombine, la fiancée d’Édouard, au derrière de laquelle j’aurais donné volontiers un bon coup de pied. La rencontre entre la famille Sansoucy et les Crochetière était un pur délice…un classique du choc des cultures, le quartier Hochelaga et Westmount :

*- Vous oubliez l’étiquette Mère. Vous auriez pu attendre avant de vous asseoir. -Ma chérie ! rétorqua faiblement madame Crochetière. Sa fille prit un air offusqué. -La convenance la plus élémentaire l’exige, exprima-t-elle. Même lorsqu’on reçoit du monde ordinaire. * (Extrait) La visite des Crochetière chez les Sansoucy était aussi un bel exemple du choc des convenances.

Cette saga a constitué pour moi un très bon moment de lecture. Richard Gougeon nous a concocté une petite finale dramatique au premier tome qui ne fait que nous donner l’envie de poursuivre la lecture. N’hésitez pas. Vous ne serez pas déçu.

Suggestion de lecture : RUE PRINCIPALE. été 1966, de Rosette Laberge

La suite… 


Richard Gougeon est né à Granby en 1947. Très préoccupé par la qualité de la langue française, pour la beauté des mots et des images qu’ils évoquent. Il a enseigné pendant trente-cinq ans au secondaire. L’auteur se consacre aujourd’hui à l’écriture et est devenu une sorte de marionnettiste, de concepteur et de manipulateur de personnages qui s’animent sur la scène de ses romans. ( richardgougeon.com )

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le  dimanche 4 octobre 2020

Les aventures de Tom Sawyer, de MARK TWAIN

*Il avait le visage décomposé et ses yeux exprimaient
l’épouvante. Lorsqu’il se trouva en présence du
cadavre, il se mit à trembler et, se prenant la tête à
deux mains, éclata en sanglots. «Ce n’est pas moi qui
ai fait cela, mes amis, dit-il entre deux hoquets. Je
vous le jure sur ce que j’ai de plus cher, ce n’est pas
moi.*

(Extrait : LES AVENTURES DE TOM SAWYER, Mark Twain,
Culture commune 2012 réed. Tête de Gondole, numérique
225 pages num.)

Tom Sawyer est orphelin et vit chez sa tante Polly sur le bord du Mississippi. Pas toujours très sage, il entraîne son meilleur ami Huckleberry Finn (Huck) à faire l’école buissonnière. Les deux garçons découvrent les joies de la liberté. Ils se construisent une vie idéale de jeux, de baignades, de pêche, et empruntent des chemins inconnus qui les font voyager. Tom tombe amoureux de Becky Thatcher et tente de la séduire par tous les moyens sous le regard jaloux de Huck. Ils jouent aux pirates, s’identifient à des personnages de roman et assistent malheureusement à un meurtre commis par nul autre que Joe le balafré.

UN FLEURON DE LA LITTÉRATURE AMÉRICAINE
*tu sais, on peut se fier à Tom. Il a dit
qu’
il reviendrait. Il ne nous
abandonnera pas. Ce serait
d
éshonorant pour un pirate et il est
trop fier pour faire une chose comme
celle-l
à. Quand il nous a quitté, il
avait sûrement un plan en tête*
(Extrait : LES AVENTURES DE TOM SAWYER)

 Il y a quelques années, j’ai pu rigoler un bon coup en visionnant LES AVENTURES DE TOM SAWYER. Je n’avais pas lu le livre. Ce n’est que tout récemment que je me suis décidé à lire ce petit chef d’œuvre, un grand classique qui a conservé toute son actualité car le récit évoque des thèmes qui ont toujours été chers à la jeunesse : l’amitié, l’amour naissant, la débrouillardise, l’imagination et surtout la liberté avec un grand L.

La liberté est un des thèmes les plus importants aux yeux de l’ensemble de l’humanité, malheureusement, historiquement, ce fut un des droits les plus malmenés. J’ajoute à cela qu’en lisant cette merveilleuse aventure, j’ai été fasciné par la capacité des jeunes de s’occuper avec à peu près rien…ce qui est impensable de nos jours.

Le récit est fortement autobiographique. En effet, Twain s’est inspiré de son enfance, de sa famille et surtout de quelques amis en particulier ou *combinaisons d’amis*, Tom Sawyer, jeune orphelin gardé par sa tante Poly, un gentil chenapan sympathique qui a plus d’un tour dans son sac pour tromper la vigilance de sa tante. Et il y a bien sûr Huckleberry Finn dont le père est alcoolique. Il vit dans un tonneau, s’habille en guenille et fume la pipe.

Mais qu’à cela ne tienne, il est libre et heureux. C’est un personnage énergique, sympathique, un peu naïf, un grand ami de Tom, car sur la vie, ils partagent les mêmes sentiments. On retrouve aussi Joe Harper et Becky Thatcher, une jolie fille nouvellement arrivée. Becky et Tom sont loin d’être indifférents un pour l’autre. Ils deviendront troglodytes pendant quelques jours et passeront par une kyrielle de sentiments.

Le fil conducteur de ce récit est en trois volets le principal étant que Tom rencontre Becky dont il tombe amoureux. Il y a bien sûr le volet familial : les relations de Tom avec sa tante poly, son frère Sid et sa sœur Mary. Quant à l’intrigue, elle tourne autour de Joe l’Indien un personnage sinistre qui inspire la peur et qui est impliqué dans un meurtre dont Tom a été témoin. L’écriture est d’une grande simplicité.

L’histoire est fort bien développée et comprend de nombreux passages intrigants et ingénieux. Le récit étant surtout axé sur l’action, la psychologie des personnages n’était pas une priorité pour Twain mais qu’à cela ne tienne, au fil des pages, on développe l’impression qu’on connait Tom et Huck depuis toujours et on a envie de s’en faire des amis. Comme lecteur, j’avais l’impression de faire les cent coups avec eux.

Les adolescents de toutes les époques se reconnaissent dans les tribulations de Tom Sawyer. Mais dans les faits, ce livre a été écrit pour tout le monde en plus d’être actuel dans toutes les époques depuis sa première publication en 1876. J’ai adoré ce livre. J’ai pu faire des liens intéressants avec la télésérie, une excellente adaptation et surtout, j’ai rigolé. L’humour est présent partout… une recette gagnante, pour inciter les jeunes à la lecture.

LES AVENTURES DE TOM SAWYER demeure pour moi un superbe classique qui met en valeur la liberté bien sûr et le fait que cette liberté s’acquiert, se mérite. Mais le récit pointe aussi du doigt le courage et l’audace car j’ai beaucoup aimé le petit caractère rebelle prêté aux deux principaux personnages. Ça ne les rend que plus attachants encore. Donc à découvrir ou redécouvrir absolument : LES AVENTURES DE TOM SAWYER.

Suggestion de lecture : VENT D’AVENTURES, de Véronique D. Bellego

Samuel Langhorne Clemens (1835-1910) est un auteur américain natif de la Floride. Devenu très jeune orphelin de père, il abandonne ses études et rejoint en 1850 le journal fondé par son frère et y rédige ses premiers articles. Il devient reporter et voyage beaucoup en Europe. Ses voyages l’inspireront entre autres pour son premier roman LE VOYAGE DES INNOCENTS publié en 1869. Mais c’est surtout son roman LES AVENTURES DE TOM SAWYER qui lui vaudra la notoriété dès 1876.

POURQUOI MARK TWAIN COMME PSEUDO?
Alors qu’il embarque sur le Mississipi pour rejoindre la Nouvelle Orléans en 1850, Clemens rencontre un capitaine de bateau à vapeur nommé Horace E. Bixby, lequel parvient à le convaincre de travailler pour lui. De cette rencontre naîtra son pseudonyme : lorsqu’il vérifie la profondeur du fleuve, le capitaine lui crie «MARK TWAIN» : des mots de jargon pour signaler que la profondeur est suffisante.

 MON ADAPTATION PRÉFÉRÉE À LA TÉLÉ :

Rolland Demongeot (à gauche) incarne Tom Sawyer et Marc Di Napoli joue le rôle de Huckleberry Finn dans cette série télé sortie en 1969, très fidèle au livre. La série a été réalisée par Mihai Iacob et Wolfgang Libeneiner. La série fut très populaire et a marqué toute une génération.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le samedi 15 août 2020

 

LES PERLES NOIRES DE JACKIE O, Stéphane Carlier

«C’est un collier qui a appartenu à Jackie Kennedy.» «Pas elle? Personnellement? Oui…» «Dis donc c’est pas rien…Ils ne plaisantent pas avec ça à New-York,
tu peux en prendre pour vingt ans…»
(Extrait : livre audio : LES PERLES NOIRES DE JACKIE O. Stéphane Carlier. Éd. or. Le Cherche midi, 2016, 416 page version intégrale audio : Studio Audible, 2018, narratrice : Marie Lenoir)

Gaby, la soixantaine déprimée, est femme de ménage dans les beaux quartiers new-yorkais. Un matin, elle trouve par hasard la combinaison du coffre-fort d’un de ses employeurs, un vieux marchand d’art fortuné. Décidée à mettre la main sur son contenu – et notamment sur un collier ayant autrefois appartenu à Jackie Onassis -, elle imagine un plan particulièrement audacieux. Seulement, cambrioler un appartement huppé de l’Upper East Side, c’est un peu comme plier un drap sans se faire aider, ça demande un certain entraînement…

UNE MAGOUILLE EN HUMOUR
*hah…bah…ce n’est pas moi qui s’en plaindrai ! s’exclama
Irving avant de pousser un piaillement bizarre entre l’éclat
de rire et le croassement de corbeau…Cela dit, il faut que
je me dépêche de vieillir parce que je n’ai que 59 ans humhum !
aahh le menteur ! Frank savait très bien qu’il en avait 76 ! *
(Extrait)

C’est un petit roman drôle qui raconte une histoire abracadabrante. Voyons d’abord un peu le contenu. Voici l’histoire de Gabriella Navajo, elle se fait appeler Gaby. C’est une femme sans histoire qui travaille depuis une quinzaine d’années pour Irving Zukerman, un millionnaire excentrique et extraverti qui a en particulier, une passion pour les beaux jeunes hommes bien faits, bien tournés…sexys.

Un jour, elle décide qu’elle en a marre de sa vie de pauvresse, aidée en cela par la découverte, dans une corbeille à papier chez son employeur, d’une boulette de papier dont elle prend connaissance et qui contient rien de moins que la combinaison du coffre-fort d’Irving. Elle ouvre le coffre et y découvre cent-soixante mille dollars, 6 lingots d’or et…un collier magnifique composé de perles noires très rares.

Elle découvrira plus tard qu’il s’agit d’un collier hors de prix, ayant appartenu à Jackie Onassis. Elle imagine un plan extravagant pour voler le contenu du coffre et se fait aider pour cela d’une vieille connaissance qui ne brille pas par son honnêteté, Nando qui se fera aider à son tour par une équipe d’incapables. S’ensuit une chaîne d’évènements rocambolesques et loufoques.

Ce n’est pas un roman qui brille particulièrement par la qualité de son scénario ni par son originalité. Une bande de pattes folles qui tente un cambriolage accumulant gaffes et sottises…c’est loin d’être nouveau en littérature. Pourtant, ce livre ne m’a pas laissé de répit parce que j’ai ri beaucoup et je me suis attaché à des personnages sympathiques. Dans sa structure, cette histoire contient des éléments qui me rappellent les comédies d’erreur.

À ce niveau, je dirais que la version audio donne un tout beaucoup plu désopilant grâce à la narration de Marie Lenoir qui rehausse magnifiquement le caractère hilarant du récit avec un registre vocal particulièrement bien travaillé pour chaque personnage. Étant donnés les clichés plutôt abondants dans l’histoire et l’incohérence que j’ai observée dans le scénario, la version audio est peut-être plus à conseiller vue la qualité de la narration.

Quelques passages sont particulièrement intéressants. Le long monologue de Serge Merceau par exemple, un ancien amant d’Irving, un passage simpliste, déclamé aux limites de la caricature, mais on ne peut faire autrement que d’en rire :

*Cette époque gardera toujours pour moi l’odeur de la grande pièce où nous prenions nos repas…un mélange atroce de renfermé et de lait caillé…et le goût des testicules de bœuf qu’on me forçait à avaler dans l’espoir de me viriliser…comme rien n’y faisait, on m’envoya chez les curés pour détourner un garçon de ses pulsions homosexuelles, il fallait y penser…*

Avec tout ça, est-ce que Gaby réussira à s’approprier la fortune de Zukerman. Faut voir. Ce livre est loin d’être un chef d’œuvre. C’est un peu n’importe quoi. Mais ce récit m’a apporté quelque chose : de l’évasion, de la détente et du rire. C’est une histoire loufoque, volontairement tirée par les cheveux et comme c’est le cas dans les comédies d’erreur, la qualité du scénario n’est pas toujours une priorité.

Ça n’invente rien mais le lecteur bénéficie de la plume volatile de Stéphane Carlier et d’une narration irrésistible de Marie Lenoir.

Suggestion de lecture : BOUILLON DE POULET POUR L’ÂME DES QUÉBÉCOIS, de Jack Canfield, Mark Victor Hansen et Sylvain Dion


STÉPHANE CARLIER

C’est par des chemins détournés que Stéphane Carlier est arrivé au roman. Alors fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères aux Etats-Unis, Il écrit Actrice qui raconte le retour à l’écran d’une star du cinéma français tombée dans l’oubli, est salué par la critique. Encouragé par ce succès, Stéphane continue à écrire « des histoires avec des femmes à qui il arrive de belles choses » : Grand Amour et Les gens sont les gens, l’histoire d’une psychanalyste qui recueille un porcelet dans son appartement parisien. (lisez.com)

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 1er août 2020

LES MEILLEURES INSOLENCES D’UN TÉLÉPHONE Tex Lecor

*-J’ai une idée un p’tit peu spéciale pis j’aimerais savoir si eeee …j’prépare justement mon temps des fêtes…j’voudrais mettre des ampoules violettes par exemple moé dans…autour du cercueil…humhum…ou ben don après la tête d’oreiller tsé…*
(Extrait du livre audio LES MEILLEURES INSOLENCES D’UN TÉLÉPHONE de Tex Lecor, narrateur et auteur, production originale, Édition Coffragants, Alexandre Stanké livres audio, 2018. Bibliothèque : Audible, durée d’écoute : 59 minutes, tags : humour et satire)

Cette première série des insolences d’un téléphone vous rappellera les meilleurs moments de la radio québécoise. Elles mettent en vedette des célébrités telles, Rock Voisine, Gilles Vigneault, Richard Ségin et des personnages bien connus des auditeurs : Madame Legault, Adidas Boudreault et Micky L’Angel. Ils raviveront de joyeux souvenirs et déclencheront des éclats de rire, de bons souvenirs et la bonne humeur !

UN PLAISIR FOU
*Ya des façons madame de se servir de certaines choses en s’servant d’sa tête pas d’ses pieds…comprenez c’que j’veux dire han? Écoutez monsieur ! Vous êtes monsieur qui? J’va vous raccrocher la ligne au nez. Quand vous mettez un frigidaire devant la porte, qu’y’a une porte dans l’frigidaire quand y’était dans boîte, c’est certainement pas moé qui l’a cassée…pis la pognée était tout croche…vous agissez comme une enfant madame… (
Extrait du huitième)

J’ai eu un plaisir fou à réentendre les NOUVELLES INSOLENCES D’UN TÉLÉPHONE de Tex Lecor. J’aimais beaucoup Tex Lecor. C’était un homme-orchestre jovial qui avait un fou rire communicatif. Parmi ses multiples talents, il avait celui d’humoriste. À le regarder aller, je le trouvais extraordinaire. Sans doute parce qu’il était passionné par tout ce qu’il entreprenait sans se prendre au sérieux.

Tex ne faisait pas de stand-up. Son talent d’humoriste s’est manifesté au Festival de l’humour québécois qui a fait les beaux jours de CKAC MONTRÉAL. Tex s’amusait comme un p’tit fou aux côtés de Roger Joubert, Louis-Paul Allard, et Shirley Théroux. Et la deuxième corde de Tex à son arc humoristique fut LES INSOLENCES D’UN TÉLÉPHONE.

Avec ses canulars, Tex prenait au piège, au téléphone, monsieur et madame tout le monde et aussi des personnalités du monde culturel, politique, social et commercial. Le livre audio que j’ai écouté comprend 16 insolences choisies parmi les meilleures. Il n’y a pas une seule insolence de ce livre qui ne m’ait poussé au fou rire. Je devais être beau à voir moi aussi.

Il n’y a pas d’insolences ordinaires. Quand Tex rit parce qu’il n’en peut plus, selon ses propres termes, il communique son hilarité à l’auditeur. C’est pratiquement infaillible. Et pour ajouter à cette hilarité, toutes sortes de bruits insolites et cocasses pour camoufler des jurons dont on imagine très bien la nature.

Le ton est donné dès le départ alors que Tex se fait passer pour un thanatologue qui  veut donner un air de fête à ses tombes à l’occasion de Noël en installant des petites lumières clignotantes sur l’oreiller du défunt par exemple. La personne piégée est prise d’un fou rire, Tex devient pris d’un fou rire. Que croyez-vous que fera l’auditeur ? Rire aux larmes.

Une des meilleures du livre concerne le bouillant comédien Paul Buissonneau, reconnu pour son caractère tranchant. Paul a eu le malheur de faire une mauvaise publicité aux pneus quatre saisons. Tex se fait passer pour un représentant et réussit à faire sortir Paul Buissonneau de ses gonds…*salop* *fumier* et autres gentillesses fusaient. Tordant…

Parlons maintenant de la présentation générale. Elle m’a déçu. Ce livre audio ne comporte aucune histoire. L’audio contient 16 capsules présentées à la que-leu-leu. C’est tout. Pas d’introduction, pas de conclusion, pas de dates, pas de notes biographiques. Une insolence après l’autre, ça s’arrête là.  Il y avait tellement de matière pour enrichir un tel livre : des bouts d’entrevue avec Tex par exemple, des extraits de chansons et même de pub…

On aurait pu incorporer des extraits du festival de l’humour québécois se rapprochant du caractère de certaines insolences. On aurait pu faire une présentation de l’artiste au début et terminer le livre par une petite conclusion.  Voilà. Difficile de parler de présentation globale quand il n’y a pas de présentation du tout.

Je crois que l’éditeur a passé à côté d’une opportunité intéressante. Mais l’écoute du livre induit le rire continuel. Même, si vous avez déjà entendu ces insolences plusieurs fois…rire garanti. C’est ce que le livre audio se limite à vous offrir. Pour beaucoup, ce sera une raison suffisante d’acheter le livre. Il n’est pas mauvais du tout pour la santé.

Suggestion de lecture : LE FABULEUX MAURICE ET SES RONGEURS SAVANTS, de Terry Pratchett

Auteur, compositeur, interprète, animateur, humoriste et peintre, Paul Lecorre est né en 1933. Véritable homme-orchestre, il deviendra artistiquement actif dans les années 1960 alors qu’il fait partie des quelques chansonniers considérés comme vedette populaire. Son plus grand succès, LE FRIGIDAIRE, écrit par Georges Langford le fera connaître hors de nos frontières.

Chaque année, pendant les fêtes, la chanson NOËL AU CAMP sait nous tirer quelques larmes. Pendant quelques saisons, Paul, devenu Tex Lecor anime l’émission SOUS MON TOIT et fera partie du Festival de l’Humour à CKAC avec Roger Joubert, Louis-Paul Allard et Shirley Théroux.

C’est pendant ce passage particulièrement prolifique à Télémédia dans les années 1960 et 1970 que Tex Lecor réalise une impressionnante série intitulée LES INSOLENCES D’UN TÉLÉPHONE. À partir des années 1990, Tex s’adonne presque exclusivement à la peinture.

Tex Lecor meurt le 9 septembre 2017 à la suite de complications pulmonaires liées à la maladie du Légionnaire. (source. Je vous invite aussi à lire l’excellente biographie avec photos de Tex Lecor publiée par Multiart.net)

Le Nouveau Festival de l’humour Québécois 1982
Pierre Labelle, Tex Lecor, Roger Joubert, Louis-Paul Allard

BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le vendredi 24 juillet 2020

LES JOURNALISTES SONT NULS, Benoît Deschodt

<Le commentateur sportif est à l’hystérie
ce que Francfort est à la saucisse : une
évidence consubstantielle.>

(Extrait : LES JOURNALISTES SONT NULS,
Benoît Deschodt, Walrus 2012, édition num.
80 pages numériques)

Benoit Deschodt est journaliste : il le confesse volontiers. Mais ce n’est pas parce qu’on fait partie d’une famille respectable qu’on n’a pas le droit d’en dire du mal ! Avec une bienveillance toute relative, une plume habile et une ironie cuisante, l’auteur dresse les portraits des plus beaux spécimens de journalistes que vous pourrez rencontrer si d’aventure, vous vous égarez dans une salle de rédaction. Et personne n’y échappe : de la secrétaire de rédaction au spécialiste des faits divers, du présentateur de journal télévisé au spécialiste du web, chacun en prend pour son grade et pourra se retrouver dans ces tableaux peints au vitriol. À condition d’avoir de l’humour… bien sûr…

ÇA PREND UN JOURNALISTE
POUR SE PAYER LA TÊTE DES JOURNALISTES
*Le journaliste culturel est à l’art ce que la tique
est au vieux chien : un parasite. Mais s’il est
possible au clébard de finir sa vie sans jamais
avoir connu les démangeaisons effroyables de
la tique… *
(Extrait : LES JOURNALISTES SONT NULS)

Même si on assiste à des changements intéressants depuis quelques années dans la présentation des journaux télévisés, en général, les téléspectateurs ont été habitués à voir le présentateur de nouvelles assis à un pupitre, veston, chemise et cravate impeccable avec quelques feuilles à la main et le télex à l’oreille. Maintenant, imaginez un peu ce même présentateur avec ce qu’il a sous le pupitre.

Il pourrait très bien être en jeans ou en boxeur si ça se trouve, avec des pantoufles aux pieds. C’est le meilleur rapprochement que je puisse faire avec le livre LES JOURNALISTES SONT NULS. L’auteur Benoit Deschodt, lui-même journaliste *bave* un peu dans la main qui le nourrit en présentant les dessous de différents types de journalistes, développant les petits côtés qui portent à interprétation.

On connait l’archétype du journaliste : calepin et crayon prêts à jaillir, il se rue, joue de l’épaule, avide de scoops, de sensationnel, pas toujours fidèle à la vérité et portant sur les nerfs. Hors de cette structure générale, l’auteur y va de ses petits commentaires acidulés sur différents types de journaliste. En tout, 18 tableaux…18 types de journalistes depuis le correspondant de guerre, jusqu’à la miss météo en passant par le journaliste culturel.

Les tableaux sont courts, trois à quatre pages. Ils sont parfois grinçants, mais je n’ai rien senti de foncièrement méchant et c’est tant mieux car j’aurais été gêné pour l’auteur. On sent quand même l’ironie et une petite pincée de malice.

Mon tableau préféré est celui concernant l’animateur de talk-show. C’est le journaliste social typique. J’ai choisi ce tableau parce que le journaliste social est probablement celui qui m’énerve le plus, spécialement celui qui verse dans le potinage : *L’animateur de talk Show est au journalisme ce que Pol Pot était au Cambodge : un fléau* (Extrait) La façon de s’exprimer de Deschodt est très élaborée. Trop peut-être.

Je cite en exemple cette espèce de soupe que l’animateur de talk show sert en général à ses invités : *Un velouté onctueux agrémenté d’une lichette de miel, d’une pincée de soupline et d’un zeste de crème à tartiner. Bref, ça dégouline de partout, c’est dégeu et indigeste, mais le cuistot est fier de sa tambouille .* (Extrait) Langage tantôt argotique, tantôt néologique et qui fait parfois très *sciences sociales*. C’est là où saute aux yeux la principale faiblesse du livre.

Sans le voir probablement et au nom d’un évident sens de l’humour, Deschodt a utilisé un langage trop haut perché, suffisamment pour embrouiller le lecteur et lui faire perdre de l’intérêt. J’aurais souhaité que l’auteur *universalise* son langage, tout comme l’idée qu’on se fait habituellement du journalisme est universelle. Ainsi le texte aurait été clair autant pour le français que pour l’africain, le québécois ou le belge…

Je veux aussi signaler un irritant : l’auteur s’étend très longtemps sur certains sujets avec des phrases très longues…étalage de savoir avec beaucoup trop de mots descriptifs, argotiques ou régionaux qui obligent le lecteur à relire des paragraphes entiers pour être sûr de comprendre. Ça manque de fluidité.

Autrement, le livre se lit très vite, les tableaux sont courts et plusieurs passages et tableaux m’ont arraché des sourires sinon des rires comme s’ils m’avaient imprégné des petits secrets d’une confrérie car j’ai été journaliste moi-même et qu’à certains moments, je me suis reconnu.

C’est un livre à caractère empirique qui n’aura pas un grand impact dans la littérature mais ça se laisse lire et ça fait rire,. Je serais curieux de savoir ce que ça aurait donné si le livre avait été enrichi de la longue saga du COVID 19.

Suggestion de lecture : ENTRE LES LIGNES ou le journaliste assassiné, de Jérôme Bellay

Après dix ans à parcourir de nombreuses rédactions de France, de la presse quotidienne à la presse magazine, le journaliste Benoît Deschodt a entrepris de laisser la fiction, prendre le pas sur l’information, à moins que ce ne soit l’inverse. Il publie une galerie de portraits de journalistes, dans la plus grande objectivité informative.., ou pas… *Benoît Deschodt est un journaliste comme les autres à ceci près qu’il a de l’humour.* (Extrait de la préface). 
N.B. Deschodt se prononce DESKOTT.

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT
le dimanche 28 juin 2020

LES FABULEUSES TRIBULATIONS D’ARTHUR PEPPER

Commentaire sur le livre de
PHAEDRA PATRICK

*…Où irait-il ensuite ? Où le mènerait le prochain
indice ? Arthur était trop las pour y réfléchir,
fatigué par le chaos qui régnait dans sa tête.
«un peu de répit par pitié…» , songea-t-il en
tournant un nouveau coin de rue.*
(Extrait : LES FABULEUSES TRIBULATIONS D’ARTHUR
PEPPER, Phaedra Patrick, édition originale : Mira
2015, Bragelonne 2016 pour la présente traduction.
édition numérique, 360 pages)

Un an après la mort de Miriam, Arthur consent enfin à se séparer des affaires de sa défunte épouse. Il découvre alors un bracelet qu’il n’avait jamais vu, et les breloques suspendues à ce bijou par d’épaisses mailles en or massif : Un éléphant, un tigre, une fleur, un livre, un cœur et j’en passe. Toutes ces breloques constituent autant d’énigmes qui lui donnent envie de mener l’enquête. Que sait-il vraiment de celle qui a partagé sa vie pendant plus de quarante ans ?  Sans s’y attendre, il ira au-devant de surprenantes révélations. 

SURPRENANTE QUÊTE SUR LE PASSÉ
D’UNE DÉFUNTE
*En l’espace de quelques semaines, il était
passé du veuf pleurant son épouse défunte
à l’ancien époux qui remettait toute sa
vie en question…*
(Extrait : LES FABULEUSES TRIBULATIONS
D’ARTHUR PEPPER)

Cette histoire est relativement simple. Un an après la mort de sa femme, Arthur Pepper fait une découverte en fouillant dans ses affaires…une découverte qui allait changer sa vie : *À ma grande surprise, j’ai découvert un bracelet en or caché dans l’une de ses bottes. Je ne l’avais jamais vu, ce bracelet. Il était décoré de nombreux charmes : un éléphant, un cœur, une fleur…* (Extrait).

Arthur allait finir par apprendre que chaque charme a une signification particulière. Il n’avait plus qu’une idée en tête : découvrir l’origine de ce bijou et de chacun de ses ornements et tout savoir sur le passé de sa femme : *Je pensais que Miriam et moi n’avions aucun secret l’un pour l’autre et je découvre que je ne sais rien d’elle. Je suis confronté à tout ce…ce vide, et il faut vraiment que je le comble, quand bien même ce que j’apprendrai me laissera effondré*. (Extrait)

Voilà…ce livre est l’histoire d’une obsession et effectivement monsieur Pepper sera entraîné dans de nombreuses tribulations dont quelques-unes assez extraordinaires. Au départ, le titre est justifié. Je précise que cette obsession ne tourne pas à la folie, loin de là. Nous avons ici les aventures d’un homme sensible, affaibli par la solitude, qui adore ses deux enfants.

dans son enquête, Arthur va me faire passer par toute une gamme d’émotions. Il y a des moments drôles, tendres des fois plus dramatiques. Notre héros se rend tout simplement compte qu’il connaissait mal sa femme ou du moins son passé. Arthur va jusqu’à réaliser qu’il se connait mal lui-même.

Cette histoire est un peu développée à la manière d’un conte. Il y a une légère touche de fantastique, de l’improbable, de petites morales et des liens relativement faibles entre les aventures. C’est une faiblesse du tout : le fil conducteur est instable mais la plume fluide de Phaedra Patrick réussit à entraîner le lecteur dans les tribulations du héros et à rendre ses principaux personnages attachants.

On est loin du chef d’œuvre. L’histoire manque de profondeur, les enchaînements sont faibles et j’ai trouvé la traduction légèrement douteuse. Toutefois, l’idée de base ne manque pas d’originalité car si l’auteur a négligé certains aspects dans la construction de son récit, elle s’est bien gardée de verser dans le mélodramatique et la fleur bleue.

Elle a créé un personnage profondément humain mû par l’espoir et l’amour, inquiet de savoir s’il était à la hauteur de sa femme. Il y a quelque chose de doux dans ce récit, de léger. Une aventure par breloque selon le principe de la chaîne d’évènements. Même avec des liens plutôt minces, ça entraîne le lecteur et le pousse à aller plus loin. Ça peut même pousser au questionnement.

Il est un peu difficile de rentrer dans l’histoire. Il y a des longueurs dès le début. C’est un peu tiré par les cheveux mais graduellement, le lecteur peut être poussé à l’empathie comme je l’ai été pour Arthur Pepper. C’est agréable comme lecture mais pas plus. Je suis resté un peu sur ma faim. Hé bien ami lecteur, amies lectrice, *la balle est dans votre camp*.

Suggestion de lecture : LA FIN DU MONDE A DU RETARD, de J.-M. Erre

Phaedra Patrick est une auteure native du Royaume-Uni. Elle est diplômée en histoire de l’art et marketing. Son parcours atypique lui a fait endosser successivement les rôles d’artisan du vitrail, d’organisatrice de festivals de cinéma et de chargée de communication. « Les fabuleuses tribulations d’Arthur Pepper » (The Curious Charms of Arthur Pepper, 2016) est son premier roman.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
Le dimanche 21 juin 2020

KOBOLTZ MISION ULURU, de BENOIT GRELAUD

*Vous avez vu toutes ces pauvres bêtes ? … Dans
quel état elles sont?! Il faut faire quelque chose !
«Commencez donc par lever les mains en l’air !»
ordonna une voix derrière eux, tandis que des
pointes en acier leur piquaient le dos…*

(Extrait : LES KOBOLTZ, MISSION ULURU, Tome 1, Benoit
Grelaud,  ill. : Sylvain Even, édition Slalom, 2017, édition
de papier, 200 pages, littérature jeunesse 8-15 ans)

Les Koboltz ont pour véritable obsession de ne pas polluer la planète. Ils ne mangent aucun animal, cultivent leurs aliments et traitent tous leurs déchets. Alors quand les hommes décident de créer un insecticide pouvant entraîner une véritable catastrophe écologique, le petit peuple vivant sous terre décide de mener une mission afin d’empêcher la création de ce poison. Mais pour cela, ils vont avoir besoin de l’aide de Rakiriko, un koboltz banni de son peuple plusieurs années auparavant, mais qui seul sait comment se rendre invisible aux yeux des humains. 

UN GRAND DÉFI POUR UN PETIT PEUPLE
*Vous allez nous attendre ici. Kalistah et moi,
nous allons nous rendre près des stocks
d’insecticide. Là, j’utiliserai une formule dont
j’ai le secret, un véritable tour de magie. Je
vous promets que vous vous en souviendrez !
(Extrait : LES KOBOLTZ, MISSION ULURU)

C’est un livre très intéressant et original si on tient compte surtout de sa qualité première : stimuler la conscience environnementale des ados qui font partie de ce que l’on appelle la génération Alpha, celle qui est le plus susceptible de changer les choses quant à la protection de l’environnement. L’histoire est simple. Voyons d’abord la mission.

Dans la civilisation Kobolts, des petits êtres d’apparence humaine mais qui ne mesurent que huit centimètres, ont appris que les hommes sont sur le point de créer un insecticide puissant extrêmement dangereux susceptible d’empoisonner toutes les nappes d’eaux potables de la terre.

Les Koboltz vivent sous terre. Ce sont des génies du recyclage et de la dépollution. Lorsqu’ils remontent à la surface, ils bénéficient d’une heure d’invisibilité pour réparer les gaffes humaines.

Mais il faudra beaucoup plus pour empêcher la création de l’insecticide mortel. Aussi, cinq Koboltz se voient confier une mission capitale : retrouver Rakiriko, magicien banni de leur village il y a plusieurs années,  seul est capable de prolonger leur invisibilité aux yeux des humains et ainsi augmenter les chances de sauver la planète d’une terrible menace.

J’ai bien aimé cette histoire. C’est un roman mais il a plutôt l’allure d’un conte je dirais ou d’un docudrame ou docufiction. Il se dégage en effet de ce petit livre un aspect documentaire intéressant très accessible pour les jeunes lecteurs et lectrices. Moi-même j’ai appris beaucoup de choses intéressantes, vérifiables sur le plan scientifique.

J’ai appris par exemple, à faire la différence entre un stalactite et un stalagmite : Les stalactites descendent du plafond expliqua Tammpo. Dans stalactite, tu as un *t* comme dans «tomber». Alors que dans stalagmite, tu as un *M* comme dans «monter».* (Extrait)

Dans ce petit roman, les personnages sont attachants, colorés et drôle : *Kornikedouille, il est fou celui-là ! s’exclama Mananann en jetant un œil à son caleçon légèrement déchiré Un peu plus, il me transformait en fille !* Les petits personnages sont très sympathiques et attachants malgré leur obsession de la protection de l’environnement. Mais dans l’optique d’une littérature thématique pour ados et préados, c’est très crédible.

Le livre est très ajusté à l’actualité mais ne se prend heureusement pas trop au sérieux. C’est un petit vent de fraîcheur qui vient titiller un peu la conscience écologique des ados et je ne doute pas que les jeunes ont tous une connaissance intuitive de l’environnement et de plus en plus de jeunes développent un souci de protection.

En ce sens, le livre de Benoit Grelaud est un outil magnifique. J’ajoute à cela que j’ai été séduit par les magnifiques illustrations de Sylvain Even qui sont chaudes et très vivantes et illustrent fort bien le thème développé.

La petite faiblesse tient dans le fait qu’il y a beaucoup de personnages et qu’on peut s’y perdre. Ça crée des longueurs par moments et ça fragilise le fil conducteur. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est décourageant pour les jeunes lecteurs.

Ça vaut la peine de persévérer parce que ce petit livre est un bijou. J’ai trouvé aussi que la finale était quelque peu expédiée. Mais comme je le dis plus haut, il y a une suite. Merveilleuse lecture pour les jeunes jusqu’à 16 ans mais elle ferait aussi du bien à beaucoup d’adultes car c’est vraiment un livre porteur de réflexion.

À mettre sans hésiter dans votre bibliothèque.

Suggestion de lecture : LA VIE QUAND-MÊME UN PEU COMPLIQUÉE D’ALEX GRAVEL-CÔTÉ, de Catherine Girard-Audet

Benoît Grelaud est né en mai 1968 à Luçon, en Vendée. Véritablement touché par la Bretagne qu’il découvrira grâce à sa femme, il ressentira alors l’envie d’en faire écho au sein des aventures du « Maître des Clés ». Les paysages sauvages, l’attachement du peuple breton à ses racines et la culture celtique seront autant de points d’appuis qui le guideront dans son écriture. Tout comme les Koboltz. Benoît Grelaud est un amoureux de la nature et a imaginé ces petits êtres féériques pour parler de ce sujet qui lui tient à cœur.

Fort d’un parcours prestigieux dans des sociétés telles que les Éditions Hachette, Gründ et Albin Michel, Sylvain Even, infographiste-illustrateur et animateur 3D a su mettre à profit son habileté et son génie lors de ses divers travaux. Il contribue largement à donner vie aux Koboltz dans MISSION ULURU.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
le jeudi 14 mai 2020

Les plus recherchés de la galaxie, JOHN KLOEPFER

*«Deux extraterrestres en une nuit!
Et l’un d’eux est un cyborg insectoïde !
murmura TJ, à peine capable de
contenir son excitation.»*
(Extrait : LES PLUS RECHERCHÉS DE LA
GALAXIE, John Kloepfer, ADA jeunesse,
2017, édition de papier, 240 pages)

Quand Kevin Brewer et ses copains du camp scientifique accomplissent l’impossible – faire venir des EXTRATERRESTRES sur Terre ! -, ils s’imaginent que ça va être une partie de plaisir. Et au début, c’est le cas. Mais Kevin s’aperçoit vite que tous les extraterrestres ne viennent pas en amis. Des prédateurs interstellaires sont venus capturer Mim le martien et de détruire tout sur leur passage. Il n’est pas question que Kevin laisse sa plus grande découverte scientifique se faire emmener aussi facilement. Il cherche donc à mettre un terme à cette invasion extraterrestre!

Y’EN A DES GENTILS, Y’EN A DES MÉCHANTS
  * …Alexander a vraiment franchi les limites.
C’est le truc le plus dégoutant que j’aie
jamais vu. Tu m’en diras tant dit Kevin.
C’est le truc le plus immonde que j’aie
jamais goûter…Nous devons le battre à
la convention.*

(Extrait: LES PLUS RECHERCHÉS DE
LA GALAXIE)

Kevin Brewer et ses amis séjournent doivent participer à la convention des inventions. Le groupe de Kevin pense avoir une idée géniale : mettre au point un galactoscope pour communiquer avec l’espace. Non seulement ça fonctionne, mais un peu trop bien même. Un martien débarque au beau milieu de nos amis. Il s’appelle Mim.

D’autres extra-terrestres débarquent pour s’emparer de Mim. Nos amis découvrent alors que Mim vient d’une espèce de Mafia de l’espace et est extrêmement dangereux. L’ami devenu ennemi devient un véritable monstre. La mission de Kevin est simple : sauver le monde. Rien de moins…

C’est une histoire sympathique. Évidemment ça semble facile. Des jeunes fabriquent une boîte avec quelques fils, appuient sur un bouton et un extra-terrestre apparait. Toutefois pour les jeunes lecteurs, préados et ados, c’est un bon divertissement parce qu’à défaut d’originalité l’auteur y a mis beaucoup d’action, du mystère, du danger et de l’humour avec, des personnages sympathiques qu’on aurait envie d’avoir comme amis.

Donc ce sont des personnages auxquels les jeunes peuvent s’identifier et il y a beaucoup d’éléments auxquels ils peuvent s’accrocher. Entre autres, il faut savoir si Kevin et ses amis battront l’équipe d’Alexander au concours des inventions.

J’ai beaucoup aimé les illustrations de ce livre. Il y en a un peu partout dans le volume et elles sont vivantes. Elles ajoutent du rythme au récit et elles enrichissent l’histoire. On doit ces magnifiques dessins à Nick Edwards, dessinateur de bandes dessinées, illustrateur et créateur de personnages.

Il a travaillé en étroite collaboration avec Kloepfer pour produire un tout attrayant. La page couverture est particulièrement bien faite et devrait attirer aisément l’attention des jeunes lecteurs et jeunes lectrices amateurs de science-fiction.

Donc, sans être la trouvaille du siècle, c’est un bon livre et le caractère de ses personnages, ses dessins en font une valeur sûre. Sur le plan scientifique, ça ne nous apprend pas grand-chose. Mais je crois que c’était voulu. Les inventions dépassent même largement le génie des enfants. C’est juste drôle. Il n’y a aucune lourdeur dans le récit.

Un tout taillé sur mesure pour la jeunesse avec même un peu de matière à réflexion par exemple sur l’esprit d’équipe, l’amitié et sur l’importance de ne pas se fier aux apparences. Notez aussi que l’aventure est loin d’être terminée. Eh oui, la planète est toujours en danger et il faut aller au tome 2 pour voir si kevin, Warner, Tara et TJ finiront par éjecter les ennemis intergalactiques de ce monde et sauver la planète.

Compte tenu de toutes les belles qualités que j’ai pu observer dans le tome 1. Je crois que ça vaut la peine de poursuivre la lecture car la finale du tome 1 est pour le moins intrigante. À surveiller donc : LES PLUS RECHERCHÉS DE LA GALAXIE, tome 2, PLONGÉE EN IDIOTIE…c’est prometteur je crois.

Suggestion de lecture : LE GAZON…PLUS VERT DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA CLÔTURE, d’Amélie Dubois

John Kloepfer a grandi à Buffalo. Après l’université, il a travaillé sur son écriture. En 2008, Kloepfer déménage à New York et commence à écrire The Zombie Chasers series presque immédiatement. Quelques années plus tard, il a commencé sa deuxième série, un trio de romans à thème extraterrestre : Galaxy’s Most Wanted. Au moment d’écrire cet article, il travaille sur deux nouveaux livres sur des monstres géants de type Godzilla.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 10 mai 2020

L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON, de MURIEL BARBERY

*Il faut vivre avec cette certitude que nous
vieillirons et que ce ne sera pas beau, pas
bon, pas gai. Et se dire que c’est maintenant

ce qui importe: construire, maintenant,
quelque chose, à tout prix, de toutes ses
forces.*

(Extrait: L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON, Muriel
Barbery, Gallimard, 2006, édition de papier,
410 pages)

Renée, une femme intelligente, douée est timorée au point de vivre dans sa peau de concierge insignifiante et ignorante. Tous ceux qui l’entourent rue de Grenelle la connaissent sous cet angle. Il y a aussi une jeune fille brillante de 12 ans appelée Paloma. Elle rejette le monde des adultes qu’elle considère comme hypocrites et ineptes et décide qu’elle se suicidera le jour de ses 13 ans, après avoir mis le feu à l’appartement familial. Toutefois, Kakuro Ozu, cultivé et raffiné va changer la donne. Il comprend que Renée se donne des airs de ce qu’elle n’est pas. On la compare à un hérisson. Et Ozu semble lui en attribuer l’élégance.

LA SEMPITERNELLE DUALITÉ

*Je me souviens de toute cette pluie…
Le bruit de l’eau martelant le toit, les
chemins ruisselants, la mer de boue
aux portes de notre ferme, le ciel noir,
le vent, le sentiment atroce d’une
humidité sans fin, qui nous pesait
autant que nous pesait notre vie…*
(Extrait : L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON)

C’est le tapage médiatique mielleux voire dithyrambique qui m’a poussé à lire ce livre. C’est un récit étrange que celui de Renée Michel, une concierge du 7 rue de Grenelle : 54 ans, petite, laide, moins qu’ordinaire et inintéressante. C’est le personnage principal. S’ajoute une jeune ado : Paloma, 12 ans, exceptionnellement brillante et qui, catastrophée par l’insignifiance du monde adulte et la complexité de la vie, planifie son suicide.

Plus loin dans le récit, un mystérieux personnage entre en conjonction dans la vie de Renée et Paloma : Kakuro Ozu, un japonais aisé qui va changer la vie de la jeune et de la vieille fille, ressortir et dynamiser leur personnalité. L’histoire de ces trois personnages converge jusqu’à une issue à la fois dramatique et heureuse.

Je ne peux en dire plus sinon préciser que madame Michel est extrêmement cultivée, lettrée, intelligente, lectrice avide. Elle est tout ça et plus encore mais…en cachette. Elle ne veut absolument pas étaler sa culture au contraire.

Elle la cache farouchement préférant donner l’image que se fait habituellement la bonne société d’une simple concierge, ce dont s’aperçoit rapidement monsieur Ozu : *J’ai endossé mon habit de concierge semi-débile. Il s’agit là d’un nouveau résident que la force de l’habitude ne contraint pas encore à la certitude de mon ineptie et avec lequel je dois faire des efforts pédagogiques spéciaux… * (Extrait)

J’ai aimé ce livre, mais avec un enthousiasme modéré. Je ne comprends pas l’engouement exagérément poussé pour cet ouvrage. Je l’ai trouvé plutôt prétentieux, ampoulé. L’auteure y expose une philosophie poussée à outrance sur l’estime de soi, la vie, les apparences. C’est un roman philosophique dans lequel il n’y a rien de simple.

Même l’humour qui est largement présent dans le récit est parfois d’une lourdeur démesurée : *Ce que le papier de toilette fait au postérieur des gens creuse bien plus largement l’abîme des rangs que maints signes extérieurs. Le papier de chez monsieur Ozu…doux et délicieusement parfumé est voué à combler d’égards cette partie de notre corps qui… en est particulièrement friande. * (Extrait)

Il y a je l’admets, certains passages plus légers, celui par exemple qui décrit la professeure de français de Paloma comme affichant un évident surplus de poids, au point d’être affublée de nombreux bourrelets. Cette femme s’appelle madame maigre. L’auteure ne manque pas d’humour, c’est évident.

La véritable force du roman est dans la profondeur des personnages, malmenés par la vie et qui sont appelés à s’aider mutuellement par l’entremise d’un sage. Les émotions qu’ils partagent sont fortes par moment même si les situations ne sont pas toujours crédibles comme Paloma par exemple qui planifie son suicide comme si c’était une liste d’épicerie.

Quant à Renée, elle m’a impressionné même si je n’ai pas vraiment compris ses motivations quant au regrettable camouflage de sa culture…j’ai toutefois bien saisi le rapprochement avec le hérisson. Il pourrait être je crois discutable.

Voilà…le fameux roman porté aux nues à une vitesse vertigineuse en 2006 est un bon roman mais ça s’arrête là. J’admets que la concierge ultra-cultivée et passionnée d’Anna Karénine et qui cache farouchement sa culture est une trouvaille originale, qu’il y a dans le livre beaucoup de matière à réflexion.

Malheureusement, le récit est étouffé par la philosophie qu’il colporte, élitiste et beaucoup trop tartinée : *Mais si, dans notre univers, il existe la possibilité d’être ce qu’on n’est pas encore…est-ce que je saurai la saisir et faire de ma vie un autre jardin que celui de mes pères*? (Extrait) intéressant, bien écrit mais lourd.

Je vais jusqu’à vous le recommander, quoique je ne vous souhaite pas de *tomber* sur l’édition que j’ai lue : un spectaculaire gâchis de fautes d’orthographe et de frappes.

Suggestion de lecture : LA FIN DU MONDE A DU RETARD, de J.M. Erre

Muriel Barbery est une romancière française née le 28 mai 1969 à Casablanca. Souhaitant rester dans l’ombre médiatique, Muriel Barbery demeure discrète. Son grand succès tient beaucoup plus du bouche à oreilles et de l’engouement pour ses livres. Ses deux livres ont été récompensés par de nombreux prix, en particulier L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON, adapté à l’écran. Voir ci-bas.

Au cinéma, L’ÉLÉGANCE DU HÉRISSON devient LE HÉRISSON…

À gauche, l’affiche du film LE HÉRISSON, de la réalisatrice Mona Achache, adaptation libre de l’œuvre de Muriel Barbery, sorti en juillet 2009. Ci-haut, l’affiche du film. On retrouve aussi dans la distribution Garance le Guillermic (La jeune fille à la caméra sur l’affiche) et Anne Brochet.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 26 avril 2020