LA LIBRAIRIE DES OMBRES, de Mikkel Birkegaard

*Brusquement, l’expression du visage de Luca passa de
l’enthousiasme à la stupeur, il recula, vacilla, et son corps
vint percuter la vitrine derrière lui. Il continua sa lecture,
les yeux rivés sur le texte, tandis que des éclats de verre
lui pleuvaient dessus. *

(Extrait : LA LIBRAIRIE DES OMBRES,
Mikkel, Birkegaard, Fleuve Noir éditeur, 2010 pour la traduction
française. Édition de papier, 507 pages.)

Dans la ville de Copenhague, Luca Campelli, propriétaire de la librairie Libri di Luca spécialisée dans les livres anciens, meurt subitement. Son fils Jon hérite du magasin et découvre rapidement un secret fabuleux. Son père était à la tête d’un groupe de « lettore », des personnes dotées du pouvoir exceptionnel d’influencer la lecture des autres et même de pratiquer des manipulations mentales fort dangereuses. Dans ce contexte, la mort du père n’a plus l’air d’être naturelle, de même que le suicide de la mère qui s’est jetée par la fenêtre alors que Jon était encore enfant. Une société secrète existe-t-elle vraiment ? Quelqu’un cherche-t-il à s’emparer de ce don incroyable dans de mauvais desseins ? Jon se lance dans une enquête risquée.

Méfiez-vous de vos livres
*Le corps de Luca atterrit dans un bruit sourd
au milieu d’une étroite travée, où il fut
immédiatement enseveli sous un tas de livres,
de bois et de poussière. *
(Extrait)

Pour bien saisir la portée de cette histoire, imaginons la situation suivante. Vous êtes dans votre chambre et vous lisez un livre. Moi, je suis dans la chambre voisine et je peux capter mentalement ce que vous lisez. Je peux modifier, amplifier voire dramatiser la perception que vous avez de votre lecture, l’image que vous vous créez dans votre esprit avec en plus, la possibilité de modifier l’environnement physique. Souhaitons que vous ne lisiez pas TITANIC ou autres drames du genre ou pire.

Il y a un passage dans le livre ou un lecteur lit FRANKESTEIN de Mary Shelly. Je vous laisse deviner un peu comment devient le décor. Alors aux fins de l’histoire, en tant que lecteur, vous êtes l’émetteur, et moi, je suis le récepteur. Je reçois, je capte ce que vous lisez et j’en fais ce que je veux.

Cette histoire de Birkegaard se déroule à Copenhague et finit en Égypte. Elle a pour origine la *libri di luca* dont le propriétaire, Luca, meurt subitement. Sa librairie abritait une société secrète de *lettore*. Son fils, John, qui deviendra un puissant émetteur devient convaincu que la mort de son père n’est pas naturelle. Il y aurait complot. Il enquête et ça va le mener assez loin.

J’ai été séduit par la photo de la première de couverture, par le synopsis et je me disais que j’allais savourer un livre qui parle de livres. Le sujet est original. Mais j’ai été déçu car son intrigue est noyée dans la technique de lecture qui permet tant de merveilles. En fait, l’auteur a choisi de verser dans le fantastique, le surnaturel. La trame est prévisible et peu vraisemblable. L’ensemble manque de crédibilité. Par exemple, il y a eu mort d’homme, incendie…on n’entend jamais parler de la police ou d’enquête.

L’Idée de départ est bonne mais elle verse presque dans la carricature en ce sens que l’atmosphère de l’histoire prime davantage que la psychologie et même le rôle des personnages qui sont nombreux, suffisamment pour se perdre un peu. J’ai été déçu aussi de la finale que j’ai trouvée bâclée. Aussi, on perd la trace d’un jeune personnage-clé dans l’issue de l’histoire appelé PAW et dont on n’entendra plus parler.

Finalement, les véritables héros de ce livre sont…les livres même si on leur prête un rôle bizarre, disons tiré par les cheveux : *La douleur de voir Katherina soumise à ce genre de supplices lui aurait paru bien plus insupportable que d’en être lui-même victime. Mais lorsqu’il vit ce que contenait la valise, il fut pris de panique. Le petit homme aux lunettes avait plongé lentement les deux mains et extirpé un objet avec la plus grande précaution. C’était un livre. * (Extrait) Loin de moi l’idée de démolir ce livre.

C’est un bon roman mais ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. Il ne m’a pas beaucoup atteint. J’ai aimé certaines idées comme le fait par exemple que plus un livre est lu plus il est chargé d’énergie. Intéressant comme concept et il y en a quelques autres mais dans l’ensemble, il manque un petit quelque chose, une étincelle qui aurait pu tout changer.

Peut-être est-ce le facteur humain qui est sous-exploité dans cette histoire…trop de surnaturel peut-être. On peut prêter aux livres certains pouvoirs mais celui de vie ou de mort…là je déchante un peu.

Suggestion de lecture : CRIMES À LA LIBRAIRIE,  collectif québécois

Mikkel Birkegaard est un auteur danois vivant à Copenhague et spécialisé dans la littérature fantastique. Il y a très peu d’informations disponibles sur cet auteur. Il faut dire qu’un seul de ses livres a été traduit au moment d’écrire ces lignes et c’est LA LIBRAIRIE DES OMBRES.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 5 août 2023

LE NOM DE LA ROSE, le livre d’Umberto Eco

*Puisse ma main ne point trembler au moment
où je m’apprête à dire tout ce qui ensuite arriva. *
(Extrait : LE NOM DE LA ROSE, Umberto Eco,
origine : Grasset éditeur, 1990, 550 pages. Version
audio : Audiolib éditeur, 2012, durée d’écoute :
22 heures 4 minutes, narrateur : François d’aubigny)

Au début du XIVe siècle, une abbaye située aux confins de la Provence et de la Ligurie. Un lieu voué à la prière et à l’étude avec sa bibliothèque qui fait l’admiration de tout l’Occident chrétien, à l’écart des violences et des luttes de pouvoir qui déchirent les royaumes voisins. Jusqu’au jour où un moine est trouvé mort au bas des murailles. C’est le début d’une sanglante série que devra élucider Guillaume de Baskerville Alors qu’une délégation papale est sur le point de faire son entrée au monastère, dirigée par un farouche adversaire de Guillaume, le grand inquisiteur envoyé par le pape Jean XXII, le dominicain Bernardo Gui.

Les envoyés du pape sont venus débattre de la pauvreté du Christ mais son dirigeant ne tarde pas à instruire un procès bâclé condamnant le meurtrier présumé, pour sorcellerie.

La terrifiante bibliothèque
*Jusqu’alors j’avais pensé que chaque livre parlait des choses,
humaines ou divines, qui se trouvent hors des livres. Or je m’apercevais
 qu’il n’est pas rare que les livres parlent de livres, autrement dit,
 qu’ils parlent entre eux. À la lumière de cette réflexion, la bibliothèque
 m’apparut encore plus inquiétante. *
(Extrait)

LE NOM DE LA ROSE est, pour moi, une œuvre monumentale de Umberto Eco. Ma façon de le présenter peut sembler grandiose mais c’est un roman psycho-philosophico-mystico-théologique développé dans un contexte médiéval, le tout sur fond d’intrigue qui prend, du moins au départ, l’allure d’un polar. C’est mon impression. Ce n’est jamais allé plus loin.

Je dois vous dire d’entrée de jeu que, si j’ai été subjugué par ce fleuron de la littérature, je n’ai jamais pu m’enlever de l’esprit l’adaptation cinématographique du livre signée en 1986 par Jean-Jacques Annaud avec Sean Connery dans le rôle de Guillaume de Baskerville et Christian Slater dans le rôle d’Adso de Melk. Ce film, que je considère comme un chef d’œuvre du septième art a le grand mérite de vulgariser et rendre accessibles les nombreuses exégèses, théories et explications philologiques contenues dans le livre.

Notez toutefois que l’adaptation est relativement libre car le livre et le film ne finissent pas vraiment de la même façon. Quant à l’Église, elle est comme elle a toujours été…dans le champ. Le film m’a permis de rendre très recevable le livre d’Eco que j’ai trouvé très savant, érudit, pas toujours facile à suivre avec entre autres une impressionnante quantité de citations latines… irritantes mais probablement nécessaires.

Maintenant, un petit rappel du contexte : Nous somme en 1327. L’autorité du pape Jean XXII et celle de l’empereur Louis IV déchirent la chrétienté qui est secouée par un débat émotif, houleux et profond, suscité par les franciscains et visant la pauvreté de l’Église.

Dans ce contexte, le franciscain Guillaume de Baskerville et son pupille Adso de Melk, qui est le narrateur du récit, se rendent dans une lointaine abbaye aux confins de la Provence, se joindre à une légation papale dirigé par un inquisiteur agressif : Bernardo Gui, pour débattre de la pauvreté du Christ, un débat de torts et de raison qui ne sert finalement qu’à occulter le conflit politique entre le pape et l’empereur.

Dès son arrivée à l’abbaye, Guillaume se voit demandé par l’Abbé de la communauté d’enquêter sur une mort très suspecte. C’est finalement une série de meurtres que le bon Guillaume devra résoudre.

Je crois qu’Umberto Eco a relevé un défi colossal en nous plongeant dans le cœur de l’obscurantisme alors qu’on voyait l’hérésie partout, en suivant un cœur pur quoiqu’orgueilleux sur le plan intellectuel et duquel jaillit la lumière qui manquait tant à cette époque. Considérons Guillaume comme un précurseur de la période des lumières.

Dans cette histoire, l’intrigue est noyée dans les palabres théologiques et philosophiques. Toutefois, cette intrigue est intéressante car elle est en lien avec les livres contenus dans la plus grande bibliothèque de la chrétienté, riche, mais cauchemardesque.

Toute la richesse de l’œuvre repose sur les échanges et les débats entre autres sur une question qui a conservé toute son actualité : la pauvreté du Christ et les richesses de son Église. Il y a aussi de longues et intéressantes discussions sur le rire, objet de sciences sociale, objet de déchirement sur le plan théologique. Le rire est-il générateur de mal ou porteur de vérité. Est-ce que Jésus riait? Personne n’a prouvé le contraire.

J’ai trouvé l’histoire un peu complexe. Elle m’a imposé des recherches, de la réflexion, de la concentration. J’ai fait de magnifiques trouvailles. Et au final, ce livre est un délice, une fresque remarquable de l’époque médiévale…un vibrant plaidoyer en faveur de la tolérance et de l’éducation à la façon de Guillaume de Baskerville, par opposition au fanatisme et à l’obscurantisme personnifiés par Bernardo Gui.

L’ensemble est très dense, l’intrigue est originale et même passionnante même si elle semble souvent secondaire. Le contenu est savant, tentaculaire et farci de latin. On est loin du roman de gare. Considérez ce livre comme un défi, une grande aventure, un passionnant exercice intellectuel. Un livre incontournable qui m’a subjugué par sa richesse et son atmosphère.

Suggestion de lecture : LE SICARIER, de Danny-Philippe Desgagné

Né dans le Piémont en 1932, titulaire de la chaire de sémiotique de l’université de Bologne, Umberto Eco a enseigné à Paris au Collège de France ainsi qu’à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. Il est l’auteur de sept romans, parmi lesquels le célèbre Nom de la rose, et de nombreux essais, dont Comment voyager avec un saumon et À reculons comme une écrevisse. Umberto Eco est décédé le l9 février 2016 à Milan. 

Le nom de la rose au cinéma

L’adaptation cinématographique du roman LE NOM DE LA ROSE sortie en 1980 est signée Jean-Jacques Annaud. Le film met en scène l’acteur Sean Connery dans le rôle de Guillaume de Baskerville, aux côtés notamment de son pupille, incarné par Christian Slater, on retrouve également F. Murray Abraham, Michael Lonsdale, Valentina Vargas et William Hickey dans les rôles principaux.

Le film est sorti aux États-Unis le 24 septembre 1986 puis sur les écrans français le 17 décembre 1986. Il a remporté de nombreuses récompenses, dont le César du meilleur film étranger à la 12e cérémonie des César en 1987.

Bonne lecture
Bonne écoute
le dimanche 4 juin 2023

MALAVITA, le livre de Tony Benacquista

*Dans les films, si on aime que la force soit mise au service du juste, c’est parce qu’on aime la force, pas le juste. Pourquoi préfère-t-on les histoires de vengeance aux histoires de pardon ? Parce que les hommes ont une passion pour le châtiment. *
(Extrait du livre de Fred, MALAVISTA de Tonino Benacquista, Gallimard éditeur, 2004, édition de papier, 318 pages.)

Ils prirent possession de la maison au milieu de la nuit. Une autre famille y aurait vu un commencement. Une nouvelle vie dans une nouvelle ville. Une famille d’Américains s’installe à Cholong-sur-Avre, en Normandie. Fred, le père, se prétend écrivain et prépare un livre sur le Débarquement. Maggie, la mère, est bénévole dans une association caritative. Belle, la fille, fait honneur à son prénom. Warren enfin a su se rendre indispensable pour tout et auprès de tous. Une famille apparemment comme les autres en somme. Une chose est sûre, s’ils emménagent dans votre quartier, fuyez sans vous retourner…

Quand la mafia délire
Fred s’interrogeait sur les mystères du point-virgule. Le point, il savait,
la virgule, il savait, mais le point-virgule ? Comment une phrase pouvait-elle
à la fois se terminer et se poursuivre ? Quelque chose bloquait mentalement,
la représentation d’une fin continue, ou d’une continuité qui s’interrompt, ou
  l’inverse, ou quelque chose entre les deux, allez savoir.
(Extrait)

Techniquement, MALAVITA est un terme italien dont la traduction directe est *mauvaise vie*. C’est un des noms que les siciliens donnent à la mafia. COSA NOSTRA en est une extension. Accessoirement, MALAVITA est aussi le nom d’une chienne sans signe vraiment distinctif sinon qu’elle connaîtra aussi un genre de règlement de compte à la sauce Malavita. Il faut voir dans quelles circonstances.

Le tout donne un livre original ayant comme toile de fond le programme américain de protection des témoins (WITSEC) créé pour protéger les témoins menacés avant, pendant, et après un procès. En échange de leurs témoignages contre le crime organisé, on leur offre la protection, une nouvelle identité, un changement de pays, bref : un anonymat. C’est ainsi que la famille Manzionni devient la famille Blake, nouvellement débarquée (sans jeu de mot) à Cholong-sur-Avre en Normandie.

Le Père, Fred qui devient écrivain, La mère, Maggie, une philanthrope et les enfants, Belle, une suicidaire potentielle et Warren, une mauvaise graine potentielle. Tout ce beau monde est surveillé de près les les chiens de garde du programme, en particulier Quintiliani, qui ne l’aura pas facile…

Malgré la violence, inévitable quand il est question de mafia, ce livre m’a fait sourire surtout quand un ignorant tordu passe de la gestion du crime au statu d’écrivain et encore, son style littéraire pousse plutôt au burlesque. L’aspect le plus intéressant dans ce récit est la relation entre Fred et son ange gardien Quint. Monsieur Blake est ce qu’on pourrait appeler un ingérable qui donnera beaucoup de fil à retordre aux G-men. Ça donne lie à des situations cocasses et de belles migraines pour Quintiliani.

Tout ça pour démontrer qu’il y en a pour qui changer est impossible, que quand on porte la graine de malfaisance, il y a de fortes chances qu’on la fasse fructifier. Ça nous amène à une finale que j’ai trouvé fort spectaculaire, quoique peu crédible.

Benacquista a bien ficelé son récit et a beaucoup travaillé sur ses personnages, Fred en particulier. Il a un côté humain et attachant qui se cherche dans une vie nouvelle qu’on lui impose et qui s’improvise écrivain, ce qui n’est au fond qu’une simple contenance. Autre personnage fort bien approfondi : Tom Quintiliani, le G-Men qui s’assure que les Blake respectent le *contrat*, Fred le décrit très bien dans sa tentative de livre : *Tom est le pire des flics parce qu’il est le meilleur, quatre ans, il avait mis, pas un jour de moins, avant de m’enchrister…* (Extrait)

C’est un roman qui fait diversion. Un récit déjanté, un peu surfait, divertissant et qui met davantage l’accent sur les personnages que sur l’histoire comme telle. J’ai trouvé la plume légère, fluide. Attention, il y a beaucoup de personnages. C’est parfois mêlant et ça fragilise le fil conducteur. Il y a évidemment des passages violents. C’est inévitable quand la pègre est dans le décor.

Mais l’auteur vient nous rappeler qu’il y a moyen d’en rire comme Billy Wilder l’a fait avec son film CERTAINS L’AIMENT CHAUD avec Tony Curtis et Jack Lemmon. Je ne serai jamais attiré par les romans qui traitent de la mafia mais MALAVITA m’a procuré un bon divertissement.

Suggestion de lecture : LE BIEN DES AUTRES, de Jean-Jacques Pelletier


Tonino Benacquista est né en 1961 dans une famille d’émigrés italiens. Il publie son premier roman en 1985 au Fleuve Noir, les suivants à la Série Noire et aux éditions Rivages. Il écrit des nouvelles, des scénarios pour le cinéma. Parmi ses principaux ouvrages, Malavita encore (Gallimard, 2008), Malavita (Gallimard, 2005), Saga (Gallimard, 1997), La machine à broyer les petites filles (Rivages, 1993), La commedia des ratés (Série Noire, 1990) ou La maldonne des sleepings (Série Noire, 1989).

Le livre MALAVITA de Tonino Benacquista a été adapté au cinéma en 2013 par Luc Besson, produit par Martin Scorsese. Ce thriller policier réunit sur grand écran une prestigieuse distribution : Robert de Niro, Michelle Pfeiffer, Tommy Lee Jones et Diana Agron.

 

Bonne lecture
Claude Lambert

 

3001 L’ODYSSÉE FINALE, d’Arthur C. Clarke

<Ici GOLIATH, dit Chandler à l’intention de la terre,
avec dans la voix un mélange de fierté et de solennité.
Nous ramenons à bord un astronaute vieux de mille
ans. Et je crois savoir qui c’est. >
Extrait : 3001 L’ODYSSÉE FINALE, Arthur C. Clarke, 1997,
Albin Michel éditeur. Édition de papier, 285 pages.

Après une longue hibernation, le corps de Frank Pool, l’un des deux pilotes de l’astronef Discovery, est restitué à la vie. Persuadé que Dave Bowman, son compagnon d’odyssée, se trouve sur la lune Europe, il brave l’interdiction qui est faite d’y atterrir. Cet héroïsme mettra en perspective le grave danger que les monolithes font peser sur Europe et sur la terre. Peut-on changer le cours du destin ?

Les deux soleils
<Soudain, il avait trouvé une raison de
vivre. Il était temps ! Il lui restait un
travail à accomplir dans ce monde
qu’on appelait autrefois Jupiter.>
Extrait

Gary Lockwood à gauche et Keir Dullea incarnent respectivement les docteurs Frank Pool et David Bowman, les deux personnages principaux du film culte 2001 L’ODYSSÉE DE L’ESPACE réalisé en 1968 par Stanley Kubrick. Ces deux héros se retrouvent au cœur de la grande finale de l’Odyssée : 3001.

3001: L’ODYSSÉE FINALE est le dernier opus de la célèbre tétralogie d’Arthur C. Clarke qui a commencé par 2001 : L’ODYSSÉE DE L’ESPACE immortalisé par le septième art,

Dans ce chapitre final, Après 1000 années de dérive dans l’espace, le corps de Frank Poole est récupéré puis ramené à la vie. Ce dernier peut désormais contempler la planète Terre du haut de la tour Afrique, une des quatre tours construites par les humains. Poole, persuadé que David Bowman se trouve sur la mystérieuse Europe, le satellite interdit, va transgresser l’interdiction et s’y poser.

C’est une bonne histoire malgré mon ressenti d’un certain essoufflement et d’une surexploitation du thème. En fait, j’ai ressenti sensiblement la même chose qu’après la lecture de 2010 qui a été aussi adapté au cinéma. Dans ce deuxième volet,  le Dr Heywood Floyd accompagne un équipage russo-américain vers Jupiter à bord du Leonov dans le but d’étudier l’étrange objet satellisé, le fameux monolithe *stationné* entre Io et Jupiter.

Je sais. Mon commentaire peux ressembler étrangement à ce que j’ai écrit en mars 2023 sur ce site à propos du livre 2010 : ODYSSÉE 2 à savoir Une grande crédibilité sur les plans littéraire et scientifique même si ce dernier aspect m’a paru parfois très lourd, une représentation chaude et bucolique de l’environnement de la majestueuse Jupiter, mystère tenace et intrigue maintenus sur le monolithe, une plume riche malgré une certaine redondance par rapport aux tomes précédents et le fait, un peu navrant, que le film a laissé dans mon esprit une impression plus forte que le livre.

Quant aux personnages, j’ai eu de la difficulté à m’y attacher. Bowman en particulier. La série se tient et son caractère environnemental est criant : nous sommes les locataires de la terre. Quand le bail sera échu, on aura des comptes à rendre.

J’ai aimé ce livre mais je crois qu’il était temps que la série se termine. J’ai l’impression que, comme dans beaucoup de séries et de collections, le premier opus n’a jamais été battu.

Suggestion de lecture : HISTOIRE DE LA SCIENCE FICTION, de James Cameron

Arthur C. Clarke (de son nom complet Arthur Charles Clarke) est un auteur et un inventeur britannique. Il se consacre pleinement à l’écriture’à partir de 1951.C’est avec <2001, l’odyssée de l’espace> que vient la célébrité pour Sir Arthur C. Clarke. Son oeuvre comporte de nombreux autres titres, notamment des suites à 2001 et des essais.

L’écrivain vivait sur un fauteuil roulant depuis 30 ans, suite à une poliomyélite contractée pendant son enfance. Il s’était retiré au Sri Lanka, où il est mort le 19 mars 2008. Une académie y porte son nom. La plupart de ses essais (entre 1934 à 1998) sont rassemblés dans le livre Greetings, Carbon-Based Bipeds! (2000). La plupart de ses nouvelles sont réunies dans le livre The Collected Stories of Arthur C. Clarke (2001). Ces deux ouvrages forment une bonne sélection du travail de l’écrivain.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 20 mai 2023

APRÈS LES TÉNÈBRES, de Martine Delomme

*<Tu vas bien sœurette ? Appelle-moi dès que tu peux.
En cherchant sur Internet, je suis tombée sur la vente
de certains tableaux par la galerie Goldberg. Il y a
quelque chose qui me tracasse. Il faut qu’on en parle. *
(Extrait : APRÈS LES TÉNÈBRES, Martine Delomme, à
l’origine L’Archipel, 2017, pour la présente, France-Loisirs
éditeur, édition de papier, 400 pages)

En posant les yeux sur ce tableau de Matisse, Marion ignorait quels terribles secrets elle allait déterrer… Étudiante en droit et en histoire de l’art, Marion revient auprès de ses parents à l’occasion d’un stage chez Fabien Goldberg, notaire et homme politique à la carrière prometteuse. Troublé par le charme et l’enthousiasme de la jeune fille, celui-ci l’invite dans le domaine familial et lui fait admirer quelques peintures de grands maîtres. Une toile de Matisse retient l’attention de Marion. Ce Soleil couchant à Collioure ne fait-il pas partie des œuvres d’art disparues pendant la Seconde Guerre mondiale ? Quel que soit le mystère qui se cache derrière cette découverte, il va bouleverser le destin de Marion et de ceux qu’elle aime…

Le secret du galeriste
*À ces mots, Marion se souvint. C’était en travaillant
avec Béatrice qu’elle avait entendu parler de ce
tableau. Il faisait partie des œuvres référencées
par l’association <Dernière Chance> comme n’ayant
jamais refait surface depuis la fin de la guerre. *
(Extrait)

C’est une histoire assez originale ayant comme toile de fond un sujet relativement rare en littérature d’intrigues, le trafic des œuvres d’art et plus spécifiquement les œuvres faisant partie d’une longue liste de toiles disparues au cours de la deuxième guerre mondiale.

L’histoire est celle d’une jeune étudiante en art, Marion Tourneur qui accepte un stage d’été dans un cabinet de notaires. Elle y rencontre Fabien Goldberg. Fabien invite Marion chez son père, Simon Goldberg et lui fait découvrir la célèbre collection de toiles de la famille Goldberg. Une de ses toiles l’intrigue. Après recherche, elle découvre que cette toile est disparue lors de la deuxième guerre mondiale, supposément détruite lors d’un raid ou d’un incendie.

On sait aujourd’hui que les nazis détournaient ces toiles à leur profit. Après hésitations et autres recherches, Mario et sa sœur Béatrice décident d’alerter les autorités. *Désormais, elle avait l’intime conviction que le tableau avait été vendu frauduleusement à la fin de la guerre. Ou bien c’était un faux. Dans l’un ou l’autre cas, elle ne pouvait pas en rester là. * <Extrait> Toutefois, Marion devient graduellement hésitante, ralentie et gênée dans cette démarche parce que, graduellement elle tombe amoureuse de Fabien. Or, il se trouve que la famille Goldberg a beaucoup de choses à cacher.

Je ne peux pas dire que j’ai été emballé par cette histoire qui mêle des techniques d’enquête lourdes avec une histoire d’amour devenant graduellement impossible. J’ai appris toutefois des choses intéressantes sur le trafic d’œuvres d’art et j’ai pu vérifier que le récit est bien documenté. L’enquête présente quelques rebondissements mais la finale est prévisible. Je n’ai malheureusement pas pu m’attacher aux personnages principaux, Marion en particulier, jeune étudiante en amour dont les états d’âme m’ont paru artificiel. Le personnage manque de profondeur et de conviction.

Le récit contient également beaucoup de clichés du genre <sans peur et sans reproche>. L’auteure a quand même réussi à croiser les destins dans un style assez agréable et m’a  accroché en me poussant à me questionner : comment une œuvre d’art disparue ou supposément détruite pendant la guerre peut-elle resurgir comme ça, dans une collection familiale des dizaines d’années après l’évènement. Ce type de trafic est complexe et ça donne au récit un aspect intrigant.

Finalement, c’est le thème du récit qui m’a gardé dans le coup, intéressant et instructif plus que par les croisements d’une histoire d’amour un peu Fleur Bleue avec une enquête qui est de nature à détruire tous sentiments entre les deux protagonistes. L’aspect de la faute des aînés qui pèse sur les épaules des héritiers est intéressant. Il y a des pour…il y a des contre… c’est quand même bien, ça se laisse lire.

Suggestion de lecture : HIVER ROUGE, de Dan Smith

Ancienne chef d’entreprise, Martine Delomme se consacre maintenant à l’écriture. France Loisirs l’a découverte en 2011 grâce à son roman UN ÉTÉ D’OMBRE ET DE LUMIÈRE, qui a connu un énorme succès. Son précédent roman, LE PACTE DU SILENCE a été le livre le plus vendu au Club en 2016.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le samedi 11 mars 2023

DIX PETITS HOMMES BLANCS, de Jean-Jacques Pelletier

*Il fallait créer une œuvre vivante. Qui s’inscrive durablement dans les mémoires. Une œuvre qui soit éducative. Qui change le regard des gens sur leur propre humanité. Cela impliquait inévitablement, qu’il y ait des morts. *
(Extrait : DIX PETITS HOMMES BLANCS, Jean-Jacques Pelletier, édition originale : Hurtubise 2014, réédition : Alire 2019, édition de papier, poche, 625 pages.)

À Paris, Théberge se croyait en vacances, mais il est bientôt recruté par un ami des services de renseignement français. L’affaire est délicate. Un petit homme blanc a été tué dans le 1er arrondissement. Puis deux dans le deuxième. Et trois dans le troisième… Où cela s’arrêtera-t-il ? Les hommes sont-ils les seuls menacés? Et seulement s’ils sont petits? Seulement s’ils sont blancs? Des rumeurs se propagent : tueur en série, meurtres à caractère raciste, crimes mafieux, terrorisme… Les réseaux sociaux se déchaînent. Inquiétude et paranoïa s’installent dans la population. Une seule personne connaît la vérité sur ces meurtres : Darian Hillmorek, un artiste aux ambitions planétaires.

Le sculpteur de l’humanité
*Le tueur se moque de la police
Combien de meurtres faudra-t-il encore ?
Que fait la police ? Bagdad-sur-Seine
Ces petits hommes blancs qu’on abat…
Manif sécurité pour tous : le droit d’être protégé
(Extrait, manchettes de médias)

C’est un roman très fort développé avec un incroyable souci du détail. J’ai déjà pu apprécier le style de l’auteur dans LES GESTIONNAIRES DE L’APOCALYPSE avec quelques-uns des mêmes personnages qui ont peut-être toutefois peu évolué. Il n’y a pratiquement pas d’analogie avec LES DIX PETITS NÈGRES d’Agatha Christie. On est très loin du huis-clos imaginé par la célèbre écrivaine mais le titre annonce une intrigue originale, complexe et au développement très lent.

Ça commence par un meurtre dans le premier arrondissement de Paris, puis deux meurtres dans le deuxième arrondissement et ainsi de suite…tous des hommes, petits, blancs, pas nains mais presque. L’enquête ne tarde pas à rebondir à la police judiciaire avec un regard  de la direction générale de la Sécurité intérieure ce qui est très en marge de la loi, d’autant que les intervenants sont non-rémunérés..

Disons qu’on regarde ailleurs : *Et comme officiellement, vous ne ferez rien, conclut le directeur, j’aimerais que vous m’informiez régulièrement de ce que vous n’êtes pas en train de faire. (Extrait)  Ici, le criminel, un tordu qui pense créer un nouveau modèle d’humanité en faisant du ménage, se rie complètement des policiers. Il est imprenable. Pire, la Presse a toujours un pas d’avance sur la police judiciaire, également gênée par la considérable influence des réseaux sociaux.

Cette histoire de Jean-Jacques Pelletier est intéressante à plusieurs égards, malgré un développement un peu particulier. D’abord, le tueur, atypique dans sa façon de procéder mais fou à attacher comme les autres. Il est particulièrement brillant pour semer les policiers et surtout manipuler la presse. L’auteur met en évidence la force, la puissance de la presse, assortie toutefois d’une certaine facilité avec laquelle on peut lui faire dire ce qu’on veut. Voilà qui force l’attention et qui fait que ce livre n’est pas prêt de vieillir à cause, en particulier du rôle dévolu aux médias sociaux.

*Blogueurs et adeptes de tweets rivalisaient pour s’établir comme une référence essentielle sur cette histoire. Même les médias internationaux s’en étaient emparée…comment réussissaient-ils (les réseaux sociaux) à manipuler aussi rapidement l’opinion publique ? Et surtout, comment parvenaient-ils à court-circuiter les médias officiels et leurs intérêts corporatifs ? Ce n’était même plus un jeu.* (Extrait)

Ce que j’ai moins apprécié dans la lecture de ce livre est une faiblesse récurrente dans l’œuvre de Pelletier : c’est long…c’est trop long. L’intrigue est diluée dans une foultitude de détails. Tout dépend ici de l’attrait du lecteur et de la lectrice pour cette machination quand même assez singulière du tueur.

Certains lecteurs risquent de perdre l’intérêt à cause de la lourdeur du récit. De plus, si vous avez lu la quadrilogie noire de Pelletier LES GESTIONNAIRES DE L’APOCALYPSE, vous risquez de trouver les principaux personnages de DIX PETITS HOMMES BLANC plutôt ternes. Je pense à Gonzague Théberge et Victor Prose en particulier.

Il y a comme un essoufflement dans le déploiement des personnages. Malgré tout, la nature de l’intrigue consacre l’originalité de l’œuvre. C’est noir mais c’est travaillé et je ne vois plus les médias sociaux de la même façon. Leur influence dans la Société est réalistement relevée dans le récit.

Enfin, l’auteur relève avec justesse, et ce n’est pas pour me déplaire, la bêtise et la violence qui caractérisent notre Société, même s’il est le premier à dire que tout n’est pas perdu. Bref, c’est un bon livre. Je le recommande, mais soyez patients.

Suggestion de lecture,. du même auteur : LES GESTIONNAIRES DE L’APOCALYPSE

Jean-Jacques Pelletier a enseigné la philosophie pendant plusieurs années au Cégep Lévis-Lauzon. Écrivain aux horizons multiples, le thriller est pour lui un moyen d’intégrer de façon créative l’étonnante diversité de ses centres d’intérêt, entre autres la gestion financière, les guerres informatiques, technique de manipulation des individus, progrès scientifiques, troubles de la personnalité, etc.

Depuis L’HOMME TRAFFIQUÉ jusqu’à LA FAIM DE LA TERRE, dernier volet des GESTIONNAIRES DE L’APOCALYPSE, et des VISAGES DE L’HUMANITÉ jusqu’à DEUX BALES, UN SOURIRE, c’est un véritable univers qui se met en place. Dans l’ensemble de ses romans sous le couvert d’intrigues complexes et troublantes, on retrouve un même regard ironique, une même interrogation sur les enjeux fondamentaux qui agitent notre société. (Alire)

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 28 janvier 2023

CIRCONSTANCIEL, livre de Gérald Provençal

*Les deux étudiants…à bord d’un véhicule récréatif,
traversent les frontières françaises pour se diriger
en Catalogne, poursuivis à leur insu par un policier
haineux…on découvre dans la Méditerranée, à la
hauteur de Barcelone, un navire-usine appartenant
à un groupe islamiste, dissimulant un laboratoire
illicite, pour fabriquer des drogues destinées au
marché européen*
(Extrait, CIRCONSTANCIEL de
Gérard Provençal, version audio, Vues et Voix éditeur,
2018. Durée : 6 heures 13, narrateur : Denis Lévesque.)

Diane et Gilles, deux étudiants universitaires Québécois partis parfaire leurs connaissances en Europe, expérimenteront des épreuves imprévues en visitant les peuples Basques et Catalans. C’est en Espagne et en France qu’ils découvrent l’analogie entre le Québec et ces deux peuples minoritaires. L’emblème du Québec qu’ils arborent sur leur sac-à-dos bouleversera leur voyage et les obligera à fuir.

Mauvais endroit, mauvais moment
*Je constate qu’Éric ne va pas bien. Il ne dort
pas. Il a perdu l’appétit. Il se plaint d’avoir
des crampes à l’estomac et toutes ces
intrigues l’angoissent….
(Extrait : CIRCONSTANCIEL)

Sans être un chef d’œuvre, l’histoire est intéressante. Contrairement à ce qu’on peut lire dans la description plus haut, au départ de l’histoire, c’est Gilles et Éric qui sont réunis pour ce périple. Ils sont effectivement des étudiants universitaires, futurs enseignants. Gilles et Éric veulent partir à la découverte des peuples Basques et Catalans.

Ils trouveront d’ailleurs de fortes analogies entre les québécois, les basques et les catalans, ces deux derniers étant aussi des peuples minoritaires. D’ailleurs, tous les personnages de ce roman sont issus de minorités. Donc nos voyageurs se retrouvent en Espagne et visiteront une partie de la France.

Toutefois, le voyage ne s’est pas passé selon le plan prévu. Lors de leur passage à Pampelone, Gilles et Éric sont témoins d’un accident qui a toutes les apparences d’un meurtre. À partir de ce moment le voyage des québécois tournera au cauchemar. Éric cède à la pression et décide de retourner au Québec. Gilles lui, reste. Il fera la connaissance de la belle Diane, étudiante en anthropologie qui continuera le voyage avec Gilles. Les deux mettront leur vie en danger.

Le développement de l’histoire est assez bien travaillé quoique par moment, il traîne en longueur. Le récit n’est pas sans nous rappeler qu’au plus fort de l’agitation sociale au Québec, les soi-disant bien-pensants voyaient des séparatistes partout et avec les évènements tragiques d’octobre 1970, pour beaucoup de gens à l’esprit fermé, le terme *séparatiste* équivalait à terrorisme.

C’est un aspect que Provençal a particulièrement bien développé dans son récit et l’idée de base est simple : Éric et Gilles sont au mauvais endroit au mauvais moment. Ils soupçonnent que l’accident dont ils sont témoins est un meurtre et ils se confient à leurs hôtes espagnols, ce qu’il ne fallait tout simplement pas faire.

Dès lors, les polices secrètes s’intéressent à nos amis, y compris Diane et pas seulement, un réseau complexe de trafic de drogue lié au meurtre s’intéresse à nos amis voyageurs qui en savent trop désormais. Ici, l’équation espagnole est simple: québécois égale séparatisme et le séparatisme en pays basque et catalan est une corde extrêmement sensible.

L’auteur a bien exploité son thème. Ce n’est pas tout à fait le cas pour la psychologie des personnages sur lesquels on ne sait pas grand-chose et j’ai eu un peu de difficulté à m’y attacher. Pour la version audio, la narration est plutôt pauvre. Denis Lévesque a une voix superbe et une élocution professionnelle. Malheureusement, il se contente de lire alors que j’aurais préféré qu’il me raconte. Il n’y a pas d’émotions ni de vibrations.

J’aurais souhaité aussi que monsieur Lévesque démarque davantage l’accent québécois comme l’a fait par exemple Maxime Gaudette dans LA CONSTELLATION DU LYNX. Par moment, j’avais l’impression que le narrateur présentait un documentaire. Heureusement, il a une très belle voix. Si vous pouvez passer par-dessus ce manque de mordant, d’intensité, vous pourriez découvrir une plume digne d’intérêt.

Suggestion de lecture : MEURTRES POUR RÉDEMPTION : Karine Giébel

À lire aussi chez VUES ET VOIX

Bonne lecture
Bonne écoute
le dimanche 22 janvier 2023
Claude Lambert

LE DÉCHRONOLOGUE, Stéphane Beauverger

*Je sais moi, que les voiles du temps se sont
déchirées, pour porter jusqu’à mon siècle des
choses qui n’auraient pas dû  s’y échouer. À
mes yeux, les calendriers n’ont plus aucun
sens et les dates comme les anniversaires ont
pris des airs de garces mal maquillées. *
(Extrait : LE DÉCHRONOLOGUE, Stéphane
Beauverger, La Volte éditeur, Folio SF, format
numérique, 2009, 400 pages.)

Au XVIIe siècle, sur la mer des Caraïbes, le capitaine Henri Villon et son équipage de pirates luttent pour préserver leur liberté dans un monde déchiré par d’impitoyables perturbations temporelles. Leur arme : le Déchronologue, un navire dont les canons tirent du temps. Qu’espérait Villon en quittant Port-Margot pour donner la chasse à un galion espagnol ? Mettre la main, peut-être, sur une maravilla, une des merveilles secrètes, si rares, qui apparaissent quelquefois aux abords du Nouveau Monde. Assurément pas croiser l’impensable : un Léviathan de fer glissant dans l’orage, capable de cracher la foudre et d’abattre la mort ! Un souffle picaresque et original confronte le récit d’aventures maritimes à la science-fiction. 

Le tireur de temps
*Agonisant, meurtri au-delà de l’imaginable,
le Chronos craquait et s’ébrouait, tout
entier secoué par un long et grand frisson,
semblant chercher encore comment ne pas
sombrer
(Extrait)

Voici l’histoire d’Henri Villon, alcoolique mélancolique irrécupérable, capitaine du DÉCHRONOLOGUE et de son équipage de flibustiers. En plus de la météo capricieuse des Caraïbes, ces pirates luttent contre des éléments très particuliers : de redoutables perturbations temporelles qui minent, tuent et détruisent les terres. Tout aussi particuliers sont les canons du navire de Villon.

En effet, ils tirent du temps…des secondes…des minutes, ce qui a pour effet de provoquer des distorsions spatio-temporelles destructrices et mortelles. Villon poursuit deux objectifs : d’abord faire le commerce de maravillas, ces merveilles secrètes éjectées des temps futurs par les ouragans temporels. Imaginez par exemple qu’un téléphone intelligent apparaisse sur une rive des Caraïbes en 1650…

*Une machine à savoir en permanence où se trouve un homme et ce qu’il fait ou dit. Diablerie ! Non, pire que cela : invention corrompue, vicieuse et impure. Liberticide. Je forçai aussi Pakal à me montrer ou était ce micro caché sur moi et lançai le petit dispositif également dans la mer. C’était écœurant. Je me sentis humilié et, pour tout dire, profané.*  (Extrait)

Le deuxième objectif de Villon, après avoir accepté l’offre d’un Targui appelé Arcadio est de sécurisé la zone Caraïbe devenue hors de contrôle à cause des redoutables dérèglements temporels qui font apparaître, en plus des maravillas, des navires belliqueux venus d’autres âges passés et futurs. C’est ici que Villon se voit remettre LE DÉCHRONOLOGUE.

C’est un roman fort, solide qui fait intervenir la science-fiction dans le quotidien de la piraterie du XVIIe siècle et développe un de mes thèmes préférés en littérature. C’est ainsi que Stéphane Beauverger a rejoint dans ma bibliothèque des auteurs comme René Barjavel, Edgar Allan Poe, Stephen King, Herbert George Wells, Michael Crichton et plusieurs autres qui m’ont fait vibrer par leur façon d’aborder le temps. L’intrigue du déchronologue m’a fasciné mais pas autant que plusieurs passages sur les méfaits du temps.

Un passage entre autres m’a rappelé une scène qui m’avait fortement impressionné dans le film de science-fiction réalisé par Stewart Raffill en 1984 : L’EXPÉRIENCE DE PHILADELPHIE : *Des esclaves enchaînés à leur banc de nage fusionnèrent avec le métal de leurs entraves et les fibres aiguës de leurs rames. Des guerriers intrépides, qui avaient pris Halicarnasse et la Phénicie, sentirent leur chair se mêler à celle de leurs compagnons d’arme tout aussi pétrifiés.*

Fusion de la chair et du métal suite à une distorsion spatio-temporelle
<L’expérience de Philadelphie>

Il y a dans cette histoire, des trouvailles extrêmement intéressantes. Elles ne sont pas toutes en accord avec les principes scientifiques, comme les paradoxes temporels par exemple, mais ce n’est pas l’imagination qui manque.

J’aurais pu considérer ce livre comme un chef d’œuvre n’eut été de son développement compliqué. L’histoire est en effet difficile à suivre parce que les chapitres ne se suivent pas. Le tout est une exploration aléatoire de flash-backs des aventures de Villon et je n’ai pas toujours compris la logique des enchaînements.

Heureusement, on ne s’ennuie pas avec Henri Villon, un personnage caractériel particulièrement bien travaillé. Autre irritant : au début de chaque chapitre, il y a une citation. Il n’y en a pas une en français. C’est à la limite, insultant.

Enfin, sans être un chef d’œuvre, LE DÉCHRONOLOGUE est un roman fort qui conjugue la science-fiction aux batailles navales, aux magouilles politiques et à la chasse aux trésors. On y trouve de tout, même une petite aventure sentimentale d’Henri Villon avec une femme *haut-perchée* qui porte le joli nom de Sévère. Un avertissement en terminant, plusieurs passages de cette histoire pourraient vous lever le cœur…bon à savoir.

Suggestion de lecture : L’ODYSSÉE DU TEMPS, de Arthur C Clarke

Stéphane Beauverger est né le 29 juin 1969 en Bretagne. Après avoir travaillé comme scénariste professionnel pour l’industrie du jeu vidéo, il se consacre désormais à l’écriture de ses romans. Stéphane Beauverger est aujourd’hui une figure reconnue de l’imaginaire français. Son art chirurgical de la construction fait surgir des histoires violentes et singulières. Son roman de piraterie uchronique, Le Déchronologue, a reçu quatre prix parmi les plus prestigieux de la science-fiction française : Grand Prix de l’Imaginaire 2010, Prix européen Utopiales 2009, Nouveau Grand Prix de la Science-Fiction française (Prix du lundi) 2010, prix Bob Morane 2010.

Bonne lecture
Claude Lambert

IL NE FAUT PAS PARLER DANS L’ASCENSEUR

Commentaire sur le livre de
MARTIN MICHAUD

*Lorsque les yeux aspirent la mort,
ils ne reflètent que le vide. Je ne
peux me représenter un tel vacuum.*
(Extrait : IL NE FAUT PAS PARLER
DANS L’ASCENSEUR, Martin Michaud,
Coup d’œil éditeur, 2017, 400 pages.
Version audio : Audible Studios éditeur,
2018, durée d’écoute : 9 heures 57.
Narrateur : Louis-Karl Tremblay.)

Après vingt-quatre heures dans le coma, une jeune femme se lance à la recherche d’un homme qui, contre toute attente, ne semble pas exister. Alors que la police de Montréal se concentre sur une étonnante affaire de meurtres dont les victimes sont retrouvées dans des conditions similaires et déroutantes, un chasseur sans merci a choisi d’appliquer sa propre justice, celle où chacun doit payer chèrement pour ses fautes.
Une recherche de la vérité qui révélera trois vies aux destins inattendus et entremêlés. Suivez Victor Lessard, un enquêteur de la police de Montréal tourmenté et rebelle, dans une affaire aux rebondissements troublants

Une vérité pour trois vies
*J’ai inscrit à la hâte sur le bout de papier
les cinq mots qui me carbonisaient l’esprit :
<naturel> <asile> <moi> <mur> <roi>*
(extrait)

Quelle lecture ! Je n’ai jamais vu le temps passer et pour cause…IL NE FAUT PAS PARLER DANS L’ASCENSEUR est un polar nerveux, rythmé et intrigant dans lequel l’auteur a même ajouté une petite touche paranormale. Je vais y revenir. Autre point intéressant. Ce livre est le premier qui met en scène l’inspecteur Victor Lessard d’autres suivront. Je n’ai pas lu les livres dans l’ordre. C’est pourquoi je retrouve, et avec plaisir ce fougueux personnage.

L’intrigue est complexe mais son développement est doté d’un fil conducteur solide qui rend sa lecture confortable et passionnante : un tueur sans pitié décide d’exécuter trois personnes, essentiellement pour appliquer le vieux principe qui veux que chaque personne doit payer pour ses fautes. Les deux premières personnes sont tuées mais dans le cas de Simone Fortin, les choses ne se passent pas comme prévues pour le tueur.

Simone Fortin est happée par la voiture du tueur. Elle passera 24 heures dans le coma et deviendra inatteignable jusqu’à la finale où là encore les choses ne se passeront pas comme prévues pour le chasseur. Celui-ci abandonnera sa voiture avec un cadavre dans le coffre. Cette voiture sera volée par nul autre que le fils de l’inspecteur Victor Lessard, Martin qui fait partie d’un réseau de vols d’autos.

Pour quelles fautes les victimes doivent-elles payer? Victor et ses collègues feront des découvertes étonnantes au cours de l’enquête dont un secret profondément enfoui dans l’esprit de Simone Fortin qui incidemment, fera une expérience de décorporation pendant son coma et développera un sentiment pour un homme appelé Miles, lui aussi dans le coma.

Une rencontre de deux esprits, pas vraiment intimement liée à l’enquête, mais ça ajoute au mystère et ça fait partie d’un lot de surprises et de curiosités comme l’implication de Martin Lessard dans les évènements. Toute l’histoire reposera sur deux éléments:  le mystère entourant le passé de Simone Fortin qui échappe au modus operandi du tueur. et la force de caractère du personnage principal : Victor Lessard.

Victor Lessard est un caractériel, flic jusqu’au bout des ongles, alcoolique abstinent qui se bat contre d’interminables brûlements d’estomac qui le poussent à boire le Pepto-Bismol au goulot. Pratiquement toujours en chicane avec sa hiérarchie, Lessard est souvent victime de son caractère. Il est spontané, parfois brutal. Les qualités du personnage s’imbriquent dans ses défauts. Il a parfois le comportement d’une âme frustrée, privée de sa compagne de vie décédée.

Lessard est capable d’être un parfait mufle et devenir, le temps de se retourner, un gentil nounours gauche et tendre. Il y a des moments dans le récit où il m’a enragé et beaucoup de moments où il m’a fait rire. Mais en tout temps, ce personnage, pépère en apparence, est un opiniâtre, tenace, perspicace…un sympathique têtu. Comment ne pas le trouver attachant.

C’est une excellente histoire. La plume est directe et efficace et la palette de personnage extrêmement intéressante. Ces personnages sont intelligemment développés avec des profils individuels complets. Une toute petite ombre : le lien avec le titre du livre est flou et peu recherché. Il est exposé à deux reprises dans le texte, ce sera à vous de juger.

L’intrigue a un petit caractère déroutant. Elle est entretenue de façon à dévoiler au grand jour l’identité du tueur dans les toutes dernières pages. Le texte donne l’impression de plusieurs récits qui s’imbriquent mais l’auteur a bien soigné la cohérence de l’ensemble et j’ai trouvé le tout crédible. Ajoutons à cela une très bonne narration de Louis-Karl Tremblay.

Un polar comprenant du rythme, de l’action, des rebondissements et même une petite touche de surnaturel…je le recommande sans hésiter.

Suggestion de lecture : LE MYSTÈRE DES JONQUILLES, d’Edgar Wallace

Né à Québec en 1970, Martin Michaud est avocat, musicien, scénariste et écrivain. Lauréat du prix Arthur-Ellis 2012 et du Prix Saint-Pacôme du roman policier 2011, il est qualifié par la critique de « maître du thriller québécois ».

Pour lire mon commentaire sur LA CHORALE DU DIABLE de Martin Michaud, cliquez ici.

Pour lire mon commentaire sur VIOLENCE À L’ORIGINE de Martin Michaud, cliquez ici

VICTOR LESSARD À LA TÉLÉVISION

Victor Lessard est une série télévisée québécoise créée par Martin Michaud d’après ses romans Je me souviens et Violence à l’origine, et mise en ligne depuis le 14 mars 2017 sur le Club Illico, puis à la télévision à partir du 31 janvier 2018 sur addikTV . Patrice Robitaille incarne Victor Lessard. (photo)

Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 10 décembre 2022

DREAMWALKERS, tome 1, livre d’Alain Lafond

*La voix de la chose venait de Partout à la fois.
Elle arrêta de courir. Il n’y avait plus de fuite
possible, nulle part où aller, personne n’allait
la sauver. Elle tenta encore une fois d’appeler
à l’aide, mais seul le silence franchit ses lèvres.
La chose…se moquait d’elle. Le désespoir la fit
trembler et elle s’y enfonça. *
(Extrait : DREAMWALKERS, Alain Lafond, Les 
Éditions Coup d’œil, 2018. Original : Onirium, 2012,
Édition de papier, 600 pages)

Samuel Swartz attend impatiemment l’arrivée de son premier enfant. Seule ombre au tableau, sa femme fait d’horribles cauchemars dans lesquels un homme la torture pour obtenir des informations sur lui. Tout bascule lorsque l’homme du rêve se révèle être bien réel. Ce dernier envahit sa vie et la met en péril. Il est alors introduit dans l’univers des DREAMWALKERS, des humains aux capacités extraordinaire qui consistent à infiltrer et manipuler les rêves d’autrui. Entraîné dans un tourbillon d’évènements, Sam cherche des réponses dans les rêves. Il doit apprendre au plus vite les nouvelles lois d’un monde qui lui était alors inconnu …

Invasion onirique
*Qui es-tu ?
Qu’est-ce que tu es exactement ?
-Comprendre ma nature t’es impossible.
Trop insignifiant tu es.
Le non-être est ta seule option.
(Extrait)

Pour mieux saisir la pensée et l’esprit de l’auteur, imaginez un instant que, pendant votre sommeil paradoxal, vous ayez une parfaite maîtrise de vos rêves, que vous puissiez interagir avec votre environnement onirique, changer de décors à volonté, rencontrer des personnes, en inviter dans votre rêve et avoir avec elles des conversations intelligentes, cohérentes et complètes.

Dans un niveau plus avancé, imaginez maintenant que vous vous immiscez dans le rêve d’une autre personne pour discuter avec elle. Vous n’avez pas la maîtrise de son rêve mais vous pouvez l’influencer. Imaginez enfin que, dans un top niveau vous pouviez imposer votre volonté dans le rêve d’une autre personne par hypnose ou suggestion hypnotique et que le tout se traduise dans la réalité.

Au réveil vous vous souvenez évidemment de tout. Vous êtes alors ce que l’auteur Alain Lafond a imaginé comme étant un DREAMWALKER, appelé aussi *voyageur de la nuit* et vous pourriez être détenteur d’un pouvoir énorme allant jusqu’à la démesure.

Voyons maintenant l’histoire. C’est celle de Samuel Swartz, un vétérinaire qui sera bientôt papa et qui adore sa femme Solange. Au début de l’histoire, Samuel ne sait pas qu’il est Deamwalker, et de haut niveau encore. Il ne se rappelle pas non plus avoir éborgner un monstre dégénéré, Viktor Karloff afin de sauver la vie d’une petite fille.

Depuis, Viktor élabore une vengeance sans pitié et tue d’abord Solange et c’est sans parler du sort qui attend Sam. Karloff est un dreamwalker top-niveau dont la cruauté et la soif de pouvoir dépassent l’imagination. Un noyau de dreamwalkers intercepte à temps Sam qui apprendra alors la vérité sur sa nature et acceptera d’être formé et entraîné dans un but précis.

Cette histoire en est une de double vengeance. Sam qui veut venger Solange et Karlof qui veut venger son œil crevé en entraînant Samuel dans les tourments d’une cruelle torture. Les Dreamwalkers veulent aussi débarrasser la planète du pire danger qui la guette : la domination de Viktor Karloff.

Cette histoire, superbement imaginée et bien ficelée me rappelle beaucoup la série de films LA MATRICE des auteurs-réalisateurs Andy et Larry Wachwski ou encore le classique DREAMSCAPE de Joseph Ruben. La question qui se pose est celle-ci : Comment se protéger d’un ennemi qui nous traque jusque dans nos rêves ?

Ce pavé de science-fiction m’a captivé. L’auteur lui a aussi donné un fort caractère fantastique qui décidera d’ailleurs d’une finale somme toute géniale même si ce n’est pas celle que j’avais imaginée. Il n’y avait qu’un pas à faire de l’auteur pour transformer cette histoire en récit d’horreur. Il s’en est bien gardé.

L’univers onirique est complexe. Lafond a préféré donner un produit crédible d’une grande profondeur capable d’aller chercher le lecteur et lui donner de la matière à réfléchir et à se divertir.

Je vois les rêves autrement maintenant. Juste l’idée de les manipuler et d’importer leur influence dans la réalité me fait frémir. C’est très personnel notez bien, mais DREAMWALKERS est un récit de nature à triturer l’esprit. Il y a un petit quelque chose de tordu qui m’a beaucoup plu :

*Comment Beethoven, alors qu’il était sourd, a-t-il pu composer la sonate Clair de lune ? Comment Einstein a-t-il pu émettre sa célèbre théorie de la relativité? * (Extrait) Il faut lire DREAMWALKERS avec une certaine ouverture d’esprit.

C’est un livre qui se lit très vite et très bien. Il y a de l’intrigue, du rebondissement, de l’imagination, de l’originalité. J’ai trouvé un peu difficile de m’attacher aux personnages, plutôt froids et changeants mais une jeune femme du noyau DREAMWALKERS a mis une belle empreinte humaine sur le récit et j’en ai été satisfait. La plume de Lafond est vive et énergique. Il m’a accroché dès les premières pages. DREAMWALKERS est une trilogie (voir ci-bas) la question est de savoir si j’ai le goût de continuer avec le tome 2 L’INCRÉÉ. La réponse est OUI, absolument.

Suggestion de lecture : RÊVES ET CAUCHEMARS, d’Alexandre Charbonneau

Né à Montréal, Alain Lafond s’est lancé à l’assaut de la trilogie Dreamwalkers suite à des rêves récurrents. Avec le premier tome, Les voyageurs de la nuit, il a remporté le prix d’excellence en édition indépendante Quadriscan 2013. Avec le second tome, L’Incréé, finaliste pour le même prix en 2014, il a confirmé sa volonté de devenir une référence dans le domaine du suspense fantastique. Son style a été plusieurs fois comparé aux géants américains King et Koontz. Grâce à ce dernier volet, Le forgeron du destin, il mène à son terme une trilogie magistrale.

À LIRE

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 22 octobre 2022