JÉRÔME ET SON FANTÔME, de Sylvie Brien

Version audio

*Oui ! Des fous, mon petit Arnaud. Des fous drôles,
mais aussi des fous méchants, des fous tristes, des
fous malheureux. Je les vois. Là ! comme piégés
dans le temps…attends que je te raconte encore…)
(Extrait : JÉRÔME ET SON FANTÔME, de Sylvie Brien,
Dominique et compagnie Éditeur, 2016, papier, 200
pages. Version audio : Dominique. Audible 2018, durée
d’écoute :2 heures 58 minutes. Narrateur : Pierre Corriveau)

À la mort de son père, au début des années 60, Jérôme, 12 ans, est hébergé avec sa famille chez ses grands-parents. Il découvre avec surprise que le village qu’ils habitent est peuplé de personnages tous plus étranges les uns que les autres. Cela n’empêchera toutefois pas le jeune garçon de se faire de nouveaux amis, dont un « jeune » fantôme qui lui fera vivre d’incroyables aventures… soit dit en passant, le tome 2 est prometteur…

Les idées folles de Jules
*Moi qui croyait qu’un fantôme, c’était transparent,
vaporeux et effrayant. J’avais eu toute une surprise.
À vrai dire, à le voir, j’aurais jamais pensé que
Jules puisse être un revenant en chair et en os.
<Pourquoi es-tu venu ici> demandais-je au
spectre…*
(Extrait)

Le vieux Jérôme raconte un épisode très important de sa vie à son petit fils Arnaud. Jérôme remonte le temps de plus de cinquante ans, jusqu’en 1962 alors qu’il a 12 ans. Après la mort de son père, Jérôme s’installe chez ses grands-parents et c’est alors qu’il est témoin d’évènements bizarres, disons plus intrigants que méchants : une bicyclette qui prend sa place toute seule par exemple ou des poubelles qui lévitent jusque dans la rue.

Jérôme est amené à comprendre qu’il s’agit là de l’œuvre d’un fantôme qui ne veut pas se montrer. Jérôme surmonte sa peur et finira par convaincre le spectre de se montrer et d’expliquer pourquoi il lui rend des services. Et finalement le fantôme finit par se montrer.

Surprise, il s’agit d’un jeune garçon de 12 ans, le même âge que Jérôme. Il s’appelle Jules. Il semble ne pas comprendre qu’il est mort. Jérôme lui explique la triste réalité et Jules demande à Jérôme de découvrir comment il est mort, pourquoi, et où est son corps.

C’est alors que Jérôme se lance dans une quête extraordinaire et certaines alliances l’aideront beaucoup dans sa démarche, Avec le curé par exemple, le ptit dur de l’école Gaston et même le fossoyeur qui en sait pas mal long et il y a bien sûr Jules dont l’aide sera précieuse. Jérôme mettra au jour une vérité aussi incroyable que l’aventure qu’il est en train de vivre.

La question est de savoir si Jules pourra enfin reposer en paix. Aux jeunes lecteurs d’en faire la découverte. J’ai beaucoup aimé cette petite histoire que Sylvie Brien a développé avec une belle retenue : pas d’artifice, pas de violence, un peu de frissons et de mystère. Elle laisse les jeunes lecteurs avec l’idée qu’il est possible que les fantômes existent, qu’on peut y croire ou non.

Il ne faut pas non plus avoir peur des fantômes. Un mystère n’est pas forcément aussi épais qu’il en a l’air. L’histoire réunit donc des éléments qui plaisent aux jeunes lecteurs de 10 à 14 ans : de l’intrigue, du mystère et de l’humour. L’histoire s’appuie aussi sur de belles valeurs : l’amitié, l’entraide, l’esprit d’équipe et la tolérance qui manque tant à la Société.

J’ai été captif de cette histoire pour deux raisons en particulier : d’abord la galerie de personnages. J’ai accueilli chaleureusement Jérôme dès le départ, un petit débrouillard astucieux et persévérant et puis Jules que j’ai accueilli presque comme un petit fils et pour lequel j’ai développé une empathie qui m’a gardé dans l’histoire jusqu’à la fin. Eh oui, je dirais que Jules m’a forcé à lire l’histoire d’une traite…Aucun regret.

Je ne ferai pas le tour de tous les personnages mais plusieurs m’ont fasciné, en particulier Gaston, le ptit dur que tout le monde craint. J’ai redécouvert que ce genre de personnage cache du bon qui finit par ressortir. La deuxième raison de mon engouement est ce retour aux années 60 dont l’atmosphère est magnifiquement recréée.

Mes petits bémols maintenant… les filles n’ont aucun rôle dans cette histoire à part peut-être celui de chipies, l’enseignante acariâtre et les cadorette par exemple. J’ai rapidement développé l’impression qu’il manquait quelque chose. Les parents aussi n’ont pratiquement aucun rôle.

Ça nous éloigne d’une réalité quand même importante si on tient compte du fait que l’histoire se déroule dans les années 60, une époque où les familles prévalent plus qu’aujourd’hui.

Enfin j’ai écouté la version audio et j’ai été un peu déçu par la narration de Pierre Corriveau qui a eu de la difficulté à trouver le ton juste. J’aurais préféré qu’il se laisse aller un peu plus en utilisant l’accent que laisse supposer l’écrit. Heureusement, Pierre a une voix magnifique et c’est pour moi une belle compensation.

C’est un récit idéal pour pousser les préados à la lecture à cause de l’émotion qui se dégage de l’histoire et d’un amalgame de fantastique et des réalités de l’adolescence. À la fin du récit, tout est en place pour une suite prometteuse. Moi j’ai aimé, ce qui laisse à penser qu’il n’y a pas d’âge pour lire un livre-jeunesse.

Suggestion de lecture : LE CHÂTEAU DES FANTÔMES de Sophie Marvaud

Juriste et notaire de formation, Sylvie Brien se consacre entièrement à l’écriture dans les années 2000. Publiée au Canada et en France par plusieurs éditeurs, elle est Membre de l’Union des Écrivaines et Écrivains du Québec et anime des rencontres littéraires pour le programme Culture à l’école. En 2005, son roman La Fenêtre maléfique est choisi pour l’événement Montréal capitale mondiale du livre (UNESCO). Elle remporte en 2018 le prix littéraire de l’AQPF avec son roman 16 ans et Patriote.

La suite 

Bonne écoute
Claude Lambert

JEU DE MORTS, Jean-Sébastien Pouchard

*Lorsque Caroline Rioux reprit ses esprits, deux
heures venaient de s’écouler. Elle était assise
sur une chaise, les pieds et les mains entravés
par des colliers de serrage en plastique au mi-
lieu de sa salle de Bain.*
(Extrait : JEU DE MORTS, Jean-Sébastien Pouchard,
l’auteur et Livresque édition pour la présente. 2019.
Numérique. Aussi en version papier, 202 pages.

Lorsqu’un jogger découvre deux yeux dans un bocal sur un banc au lac Kir, avec une énigme à l’intérieur, Arthur Vaillant, commandant de police à Dijon, sent pertinemment au fond de ses tripes que cette découverte n’est pas un canular. Y aurait-il un tueur en série prêt à terroriser la ville et à jouer avec la police? Arthur et ses collègues vont être une nouvelle fois sur les dents, avec une deuxième découverte énigmatique. Pour les aider à résoudre cette enquête au plus vite, le procureur de la République demande de l’aide. Ainsi, Mathilde DANJOU, une ravissante psychologue comportementaliste franco-américaine, va se joindre à Arthur et son équipe. L’enquête s’annonce éprouvante.

Un don pour chaque organe
*L’horreur atteignit son paroxysme lorsque deux
enfants… tomèrent sur un récipient identique à
celui de la veille contenant une langue humaine à
Talant, dans le parc de la Fontaine aux Fées.
(extrait)

JEU DE MORT est un thriller captivant bien développé avec de bonnes idées et des trouvailles issues d’une imagination fébrile. Plusieurs personnages sont attachants dont le commandant Arthur Vaillant de la direction interrégionale de la police judiciaire.

Le théâtre des évènements est Dijon et ses environs, au cœur de la Bourgogne-Franche-Comté. Un jour, près de la plage du lac Kir, un jogger découvre par hasard un bocal contenant deux yeux humains. L’enquête conclut que les yeux appartenaient à une jeune fille de 22 ans, Amélie Brillant, hôtesse dans un club. Son corps sera finalement découvert à son domicile le lendemain.

Suivra une montée vertigineuse de l’horreur alors que deux enfants de 13 et 10 ans découvrent un bocal identique à celui de la veille. Il contient une langue humaine. Pour chaque bocal, une énigme. Avant d’être qualifié de tueur en série, l’assassin sera surnommé par la presse, entre autres : LE CHIRURGIEN.

Le tueur ne s’arrête pas là, mais moi oui…je vous laisse absorber son modus operandi…aussi original qu’horrible. Mais ne comptez pas trop avoir de détails sur ses motivations. J’y reviens plus loin. L’assassin est un tordu…vous en conviendrez très vite.

Il y a beaucoup de points positifs pour ce livre. Bien que son rythme soit très élevé, l’histoire est facile à suivre. La plume est limpide. Il n’y a pas de longueurs. L’auteur développe ici un impressionnant jeu du chat et de la souris. Car il est évident que le tueur se moque des policiers et se joue d’eux.

Une psychologue comportementaliste se joint à l’équipe du commandant Vaillant. C’est une bonne idée qui va alimenter l’enquête et mystifier un peu plus le lecteur. Le tout sera allégé par une petite amourette prévisible entre la psy, Mathilde et le commandant Vaillant…une amourette péniblement installée dans l’histoire et qui prend difficilement sa place.

J’ai beaucoup apprécié la participation très brève mais capitale du fils d’Arthur Vaillant, Ludovic, 14 ans. Il fera une observation qui pourrait changer beaucoup de chose. Je ne peux en révéler davantage, mais j’ai trouvé l’idée géniale. Dans l’ensemble, l’intrigue est bien menée et garde le lecteur captif.

Je parlais plus haut des motivations du tueur. Elles sont livrées mais à la fin seulement. L’auteur ne laisse rien filtrer. Donc les lecteurs et les lectrices peuvent difficilement s’adonner au jeu des déductions. C’est un peu frustrant. Je comprends que l’auteur n’ait pas voulu s’encombrer de détails inutiles mais peut-être en a-t-il fait une obsession. J’ai trouvé la description des scènes de crime et de certains personnages trop sommaires.

Le tueur tue mais on ne saura pourquoi qu’à la fin seulement, sans indices préalables. Ça fait une finale un peu surprenante car il n’y a absolument rien qui en annonce le contenu. Comme si l’auteur lui-même n’en aurait décidé la trame qu’en cours d’écriture. J’ai été un peu frustré, étant dans une totale impossibilité de deviner de qui il s’agit.

Un mot sur cette finale avant de terminer. Elle dévoile tout, tout d’un coup dans une abondance de détails qui occulte le travail des policiers et donne l’impression d’un travail bâclé. Je le précise encore ici, c’est un très bon thriller mais il manque un peu d’équilibre. La suite et la fin des évènements concernent surtout les sentiments entre Arthur et Mathilde.

Ça fait l’objet d’un épilogue que j’ai trouvé plutôt insipide. Pour beaucoup de lecteurs et lectrices. Ce sont détails plus ou moins significatifs. Au final JEU DE MORT est un très bon roman à l’intrigue prenante avec des personnages pour lesquels on est porté à s’inquiéter. Je pense que l’auteur Jean-Sébastien Pouchart, que je ne connaissais pas, est à surveiller.

Suggestion de lecture : MEURTRES EN SOUTANE, de Phyllis Dorothy James

Jean-Sébastien POUCHARD, marié et père de deux enfants, est devenu auteur en écrivant des poèmes sur son environnement et sur ce qu’il ressent face à l’actualité.

Après son recueil de poésie intitulé « Musique de l’âme » aux éditions du net, dont trois poésies ont été récompensées au concours littéraire des clubs de la Défense millésime 2015 et 2016, il publie son premier roman policier : JEU DE MORTS dont l’action se déroule à Dijon en Bourgogne. 

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 18 septembre 2022

LA MALÉDICTION DE LA MAISON FOSKETT

Commentaire sur le livre de
M.R.C. KASASIAN

*…Poussant l’ignominie encore plus loin, le baron Gilles, qui,
par hasard, découvrit une jeune nonne qui se cachait dans la
chapelle consacrée à la Sainte Vierge, la prit et la tua sur l’autel
latéral. En rendant son dernier souffle, la nonne prononça une
malédiction qui frapperait le baron et ses descendants. *

(Extrait : LA MALÉDICTION DE LA MAISON FOSKETT, M.R.C.
Kasasian, City Edition 2018, 399 pages. Version audio : Audible
studios 2018, durée d’écoute : 14 heures 41 minutes, narratrice :
Sophie Loubière.

Boudé par ses clients, le « plus grand détective de l’empire britannique » dépérit. March Middelton, son acolyte, commence à s’inquiéter. Jusqu’à ce qu’un individu, membre du « Club du dernier survivant », fasse appel aux services de Sydney… et ait l’impudence de passer de vie à trépas dans son salon ! Une mort  pour le moins suspecte. Quel est donc ce club de gentlemen où le jeu est de réussir à rester en vie tout en éliminant les autres ? Les indices pointent  la maison maudite de la baronne Foskett…

Des morts pour un mauvais sort
*À ce rythme-là, les meurtriers seront bientôt
plus nombreux que leurs victimes…
*


L’intrigue n’a rien  d’original et repose surtout sur la nature des principaux personnages : un inspecteur en voie de déchéance et sa pupille Marge Middleton. Un jour, celui qui se prétend le plus grand détective de l’empire, personnel et non privé, comme il le rappelle souvent dans le récit, reçoit un mystérieux personnage venu demander à Sydney de protéger les membres de sa petite société appelée le CLUB DU DERNIER SURVIVANT.

Ce club est une société de legs mutualisés. Donc chaque membre, à son décès, laisse sa fortune au dernier survivant des biens à l’intérieur du cercle fermé, le CLUB DU DERNIER SURVIVANT. Dès le départ, l’idée est peu crédible car la société développe le goût du meurtre et même sa nécessité.

Ainsi le CLUB DU DERNIER SURVIVANT est un CLUB DE LA MORT. Et effectivement, les membres tombent comme des mouches en commençant par l’émissaire qui meure dans le salon de Sydney après lui avoir demandé de l’aide. Pour Sydney et Marge, c’est une course contre la montre qui leur fera remonter une sordide filière, celle de la maison Foskett.

Le livre aurait pu avoir pour moi un certain intérêt n’eût été du personnage principal, Sydney Grice. L’auteur aurait souhaité sans doute réaliser une espèce de cousinage entre son héros et Sherlock Holmes. Au contraire, il en a fait une caricature grotesque.

En effet, Sydney Grice est un homme prétentieux, imbu, arrogant, insolent, grossier, mufle, sans cœur et dont l’indifférence lui donne l’impression qu’il est au-dessus de tout. Il sait tout, il a tout vu et il a réponse à tout. De plus sa misogynie risque d’indisposer le lectorat féminin. Les québécois qualifieraient je crois, Sydney Grice de parfait baveux.

Que le personnage principal d’un livre en soit aussi le principal irritant est assez singulier. Je me suis rendu au bout de ma lecture juste pour savoir jusqu’où irait cet arrogant personnage. En fait c’est pratiquement tout ce qui me restait. L’histoire est truffée de longueurs, l’écriture accuse de l’errance, l’humour *so british* devient lassant.

L’histoire n’évolue pas et on passe simplement d’un personnage maniéré à un autre encore plus haut perché. La finale est longue et apporte peu de surprises sinon une suite probable.

Enfin, je conviens que Sophie Loubière a fait des efforts louables pour rendre le récit intéressant. Le rythme est lent, ça manque de conviction, au pire, elle a contribué à rendre Sydney Grice insupportable . C’est la principale faiblesse dans le contexte du récit, Sydney Grice n’écoute que lui, ce qui n’aide pas du tout à s’attacher d’une quelconque façon aux personnages et ça imprègne à la narration un défi difficile à relever.

Mais je parierais que la version audio est malgré tout nettement supérieure au livre écrit qui aurait eu sur moi l’effet d’un somnifère. Enfin, la principale force que je pourrais attribuer à ce livre est l’intrigue entourant la maison Foskett comme telle. Elle est intéressante et soutenue et fait l’objet d’un petit historique au début. Un avant-propos dans lequel une malédiction est effectivement jetée. Au départ, ça donne au lecteur de quoi s’accrocher.

Suggestion de lecture: LE CLUB DES VEUFS NOIRS, Isaac Asimov

M-R-C Kasasian Martin a été élevé dans le Lancashire. Il a eu des carrières aussi variées que comme ouvrier d’usine, sommelier, assistant vétérinaire, ouvrier forain et dentiste. Il vit avec sa femme dans le Suffolk en été et dans un village de Malte.

Ce fier sujet de Sa Majesté connaît un immense succès avec ses romans mettant en scène un duo de détectives originaux et attachants. Il a déjà publié en France Petits meurtres à Mangle Street (City).

Journaliste et romancière, Sophie Loubière publie son premier polar dans la collection « Le Poulpe ». Son univers : la maltraitance des sentiments, les secrets coupables de l’enfance. Femmes au bord du précipice ou vieilles dames indignes, de Paris à San Francisco (Dans l’œil noir du corbeau), de sa Lorraine natale à la route 66 (Black coffee), elle construit son ouvrage, plonge le lecteur dans un trouble profond, puisant son inspiration dans des faits réels ou dans ce qui la touche intimement. En 2011, le succès de L’Enfant aux cailloux lui vaut une reconnaissance internationale. À la mesure de nos silences (2015), est un hymne à la vie, entre ombre et lumière. La narration est une autre corde à son arc.

Bonne écoute
Claude Lambert
Le samedi 13 août 2022

LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE, d’Anne Robillard

TOME 1
LE FEU DANS LE CIEL

*Ces magnifiques soldats devinrent les premiers Chevaliers
d’Émeraude et ils repoussèrent finalement l’envahisseur
dans l’océan d’où il était venu. *

(Extrait : LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE, tome 1 LE FEU DANS
LE CIEL, Anne Robillard, 3e édition, De Mortagne, éditeur, 2004,
275 pages. Version audio : Audible studio éditeur, 2018. Narrateur :
Raymond Desmarteau, durée d’écoute : 8 heures 14 minutes)

Apprenant que l’Empereur Noir s’apprête à envahir le continent de nouveau, le Roi d’Émeraude, soucieux de Enkidiev, ressuscite un ancien ordre de chevalerie. Choisis pour leurs dons particuliers, les nouveaux Chevaliers d’Émeraude, dotés de pouvoirs magiques sont au nombre de sept: six hommes et une femme. Au moment où les compagnons d’armes se disent prêts à combattre, la Reine de Shola demande audience à Émeraude et lui confie Kira, alors âgée de deux ans.

Ce jour-là, Wellan, le grand chef des Chevaliers, devient amoureux de la reine. Malheureusement, le Royaume de Shola subira les attaques féroces des dragons de l’Empereur Noir, et tous les Sholiens, y compris la reine, seront massacrés. Le cœur brisé, Wellan devra organiser la défense d’Enkidiev  et repousser les forces du Mal… 

La genèse de la chevalerie
D’Émeraude
*Hommes, femmes et enfants périrent sous les lances
des guerriers et les crocs de leurs redoutables dragons.
Et les dieux eux-mêmes durent intervenir pour que les
humains ne soient pas rayés de la surface de la terre. *
(Extrait)

LE FEU DANS LE CIEL est le premier tome d’une série de 12. Il jette les bases d’une extraordinaire épopée de fantasy, LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE, une série que j’ai dévorée et qui s’est taillée une place plus qu’honorable dans la francophonie internationale.

LE FEU DANS LE CIEL est facile à lire. Son fil conducteur est simple et solide. Les personnages sont attachants. L’écriture est fluide. L’auteure met en place efficacement les éléments d’un univers intriguant avec son code d’honneur, sa magie et la lutte sans merci du bien contre le mal.

Il est important de bien saisir le premier tome pour une compréhension optimale de la trame de la série. L’auteure a fait  le nécessaire pour que ce premier opus soit facile et agréable à lire. Voyons voir comment débute la saga.

Pressentant un danger potentiel d’attaque et d’invasion de son royaume d’Enkidiev, le roi suzerain Émeraude 1er décide de faire revivre l’ancien ordre de la Chevalerie d’émeraude (disparue il y a très longtemps parce qu’elle s’est détournée de son but au profit du pouvoir et des richesses) sur de nouvelles bases avec un code d’honneur et de discipline et l’objectif prioritaire de protéger tout le continent d’Enkidiev.

Il semble que les évènements donneront raison à Émeraude 1er. L’apparition d’une mystérieuse boule de feu coïncide avec l’arrivée à la cour du roi d’un mystérieux bébé violet. Une petite fille aux oreilles pointues. Or son père, l’empereur noir Amecareth recherche sa fille et est prêt à virer le royaume sans dessus-dessous et tuer tout le monde au besoin.

Les premiers Chevaliers du nouvel Ordre d’Émeraude reçoivent donc leur première mission : parcourir tout le continent et avertir tous les rois vassaux de la menace qui pèse sur leur royaume. C’est le cœur de ce premier volet de la saga et le fil conducteur qui s’enrichit toutefois d’un élément capital : le sort de la petite fille fraîchement arrivée à la cour d’Émeraude serait intimement lié au sort d’Enkidiev.

Cette petite fille fait peur et n’est pas appréciée de tous dans l’environnement du roi Émeraude. Voilà donc le contenu du tome 1. Prévenir tout le monde du danger. Vous vous doutez bien qu’on ne peut pas éviter l’inévitable. La finale dévoile juste ce qu’il faut pour ressentir la nécessité de poursuivre avec le tome 2 :  LES DRAGONS DE L’EMPEREUR NOIR.

Cette quête me rappelle, à certains égards la quête de la Communauté de l’Anneau dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Les héros doivent parcourir d’énormes distances pour préparer la défense du territoire.

Ce n’est pas un livre qui tranche par son originalité. Les bons sont très bons et les méchants aussi cruels que stupides. Il est difficile de renouveler un genre vieux comme le monde. Anne Robillard ne renouvelle pas du tout le genre et ses personnages bien qu’attachants ont des natures trop parfaites. C’est une petite tache qui contribue à rendre l’histoire simpliste.

Ayant choisi la version audio, je mentionne ici que la narration de Raymond Desmarteaux est satisfaisante mais sensiblement déclamée et ne contribue pas vraiment à rendre le récit crédible. Le livre possède toutefois des forces indéniables. Il est accrocheur et beaucoup d’éléments nourrissent une intrigue qui s’approfondit en cours de récit. Je pense par exemple à la petite Kira. La petite fille colorée qui fait peur à tout le monde sauf au roi.

Je pense aussi à la tournée des royaumes d’Enkidiev. On est fixé dès le départ sur les mentalités de chaque royaume et sur la trempe de leur roi. Très utile à savoir pour la suite des évènements. Je sais que les avis sont un peu mitigés sur ce premier volet mais l’écriture d’Anne Robillard a quelque chose de magnétique, d’agrippant et au final d’irrésistible. Elle a séduit le lectorat. Les adolescents en particulier.

Ce n’est pas pour rien que les exemplaires de LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE se sont vendus par millions. Dans un rapport de forces et de faiblesses, le premier opus de la saga sort gagnant, signé par une des auteures les plus prolifiques de la francophonie.

Suggestion de lecture, de la même autrice : A.N.G.E 1 ANTICHRISTUS

Née le 9 février 1955, à Longueuil, au Québec, Anne Robillard a grandi dans la magie des arts de la scène. Le fantastique et la fantaisie ont toujours fait partie de ses écrits. Le premier tome des Chevaliers d’Émeraude a vu le jour le 15 octobre 2002 et a été complétée en 2008. La série compte 12 tomes et s’est vendue à plus de 3 000 000 exemplaires au Québec et en France.

Anne a reçu le Grand Prix littéraire Archambault en 2006 pour le cinquième tome des Chevaliers d’Émeraude et le Prix des lecteurs du Salon du livre de Trois-Rivières en avril 2007. La saga des Chevaliers d’Émeraude a été suivie en 2010 par Les Héritiers d’Enkidiev. En 2006, Anne a publié Qui est Terra Wilder ? 

suivi en 2010 du Capitaine Wilder, racontant la suite des aventures de cet homme au passé arthurien. En 2007, elle offrait la série A.N.G.E., en 10 tomes, qui raconte les sept années des Tribulations précédant la fin du monde. 

LA SÉRIE

Pour parcourir la collection LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE, cliquez ici

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi  juillet 2022

NE TE RÉVEILLE PAS, livre de LIZ LAWLER

*Un vague souvenir refit surface : elle avançait en
trébuchant…poitrine en avant, ventre rentré, histoire
de mettre sa silhouette en valeur dans sa nouvelle
robe. Et ensuite, un vertige, ses jambes qui se
dérobaient sous elle et ses genoux qui heurtaient le
sol…une pression sur sa bouche, plus d’air, un
haut-le-cœur et puis…plus rien.
*
(Extrait : NE TE RÉVEILLE PAS, Liz Lawler, City éditeur,
2018. Édition de papier, 358 pages)

Quand Alex se réveille, elle est nue, attachée sur une table médicale. Tout semble prêt pour l’opérer mais… la jeune femme est en parfaite santé, elle n’a aucune raison d’être là ! Et l’homme qui manipule les bistouris à ses côtés n’est pas chirurgien. La terreur envahit Alex, juste avant qu’elle ne perde conscience.  Quand elle reprend ses esprits, elle se voit indemne, sans blessure apparente. Dans son entourage, personne ne croit qu’elle a été séquestrée ou violée. On l’accuse de paranoïa, d’affabulation. Ravagée par  ces accusations, la jeune femme est décidée à découvrir ce qui lui est réellement arrivé. À n’importe quel prix…

Le piège de la parano
*…Alex Taylor devenait inquiétante. Son comportement…
avait conforté Laura dans sa conviction que cette
fille souffrait d’une maladie mentale. Comment était-
il d’ailleurs possible qu’on l’autorise encore à exercer ?
Mais ce n’était plus qu’une question de temps avant sa
radiation.  
(Extrait)

À partir des évènements cités dans la présentation (ci-haut) plus rien ne tournera à la faveur de la docteure Alex Taylor à qui la vie fera passer un mauvais quart d’heure. Non seulement personne ne la croit mais plusieurs pensent qu’elle est paranoïaque. 

Alex sera aussi soupçonnée suite à une série de graves évènements : sa présence lors de la mort d’Amy Abbott et de Lilian Armstrong, sa présence lorsqu’une erreur de médicament à deux doigts d’être fatale avait été commise. Sans compter la mort de Fionna Woods qui était la meilleure amie d’Alex. Pour Alex, le pire est de n’être crue d’à peu près personne.

Deux autres éléments vont venir se rajouter pour alimenter l’intrigue. D’abord, plusieurs personnes soupçonnaient Alex Taylor de réunir plusieurs symptômes du syndrome de Münchhausen, une pathologie psychologique  caractérisée par un besoin de simuler une maladie dans le but d’attirer l’attention, la compassion.

Deuxième élément, la participation d’un personnage appelé Oliver Ryan, un acteur de cinéma qui avait reçu l’autorisation de suivre le corps médical de l’hôpital où travaillait Alex Taylor, dans le but de camper le mieux possible un personnage médical dans un futur film. Pour le malheur d’Alex, Oliver Ryan est mort pendu. Cette mort a toutes les apparences d’un suicide mais elle est, semble-t-il, entourée de beaucoup de mystères.

Je mentionne enfin qu’Alex Taylor s’est jurée de découvrir ce qui lui est vraiment arrivée et le temps presse, parce que sa vie part complètement à la dérive. La question est : se fait-elle des accroire ?

Le moins que je puisse dire est que l’auteure Liz Lawler a réussi à me mystifier. J’étais tantôt convaincu qu’Alex Taylor disait vrai et était victime d’une cruelle machination, tantôt je croyais que la docteure inventait toute son histoire et se laissait aller à d’horribles crimes. Je me promenai ainsi d’un camp à l’autre jusqu’à ce qu’un policier, un cran plus perspicace que les autres, considère que quelque chose cloche.

C’est le petit côté prévisible de ce genre d’histoire. Il y a quelque part un petit Colombo en puissance qui voudra scruter le côté B de la médaille. Mais cette curiosité, Greg l’a poussée un peu tard. Le lecteur est maintenu longtemps dans une zone grise mêlant adroitement le tort et la raison, d’autant que la pauvre Alex était portée sur la bouteille depuis son premier enlèvement (il y en aura un autre). Au bout du compte, il y avait plus de contre que de pour. 

C’est une intrigue efficace. Elle m’a tenu en haleine. L’écriture est directe. Je n’ai pas décelé beaucoup de longueurs. On entre assez vite dans l’histoire. Je m’attendais à voir des policiers s’épancher sur leurs états d’âme comme ça arrive souvent mais l’auteure s’est abstenue, l’intrigue ayant pu ainsi maintenir toute sa force jusqu’à la fin. Même qu’une policière très portée sur l’avancement s’est fait remettre à sa place et ça m’a plu. 

Dans l’ensemble, les personnages sont plutôt froids. Il est difficile de s’y attacher. Ce qui explique en partie pourquoi il est si difficile de départager le tort et la raison chez Alex. On doit s’en tenir à l’opiniâtreté d’un personnage : *Son unique espoir désormais reposait sur Greg Turner, un homme bien et doué pour déceler les mensonges…* (Extrait)

Je ne veux pas vous mystifier à mon tour mais est-on certain que Turner apprendra la vérité et si oui, en faveur de qui penchera-t-elle? Bien écrit ! Bien rendu ! NE TE RÉVEILLE PAS est un thriller très recommandable.

Suggestion de lecture : CETTE NUIT-LÀ, de Linwood Barclay


Après avoir été infirmière et responsable d’un hôtel de luxe, Liz Lawler se consacre aujourd’hui à l’écriture. Ce premier roman l’a consacrée comme nouvelle reine du thriller psychologique britannique. Numéro un des ventes, ce roman palpitant est en cours de traduction dans une dizaine de langues.

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 19 juin 2022

LE CHUCHOTEUR, Donato Carrisi

*Ce qui le suivait n’était pas là sur cette route.
C’était bien plus proche. C’était la source de
ce bruit. C’était quelque chose auquel il ne
pouvait pas échapper. Cette chose était dans
son coffre. *
(Extrait : LE CHUCHOTEUR, Donato Carrisi,
éditeur Calmann-Lévy, 2010 pour la traduction
française. Édition de papier, 574 pages…Le livre
de poche.)

Depuis qu’ils enquêtent sur les rapts des fillettes, le criminologue Goran Gavila et son équipe d’agents spéciaux ont l’impression d’être manipulés. Chaque découverte macabre, chaque indice les mènent à des assassins différents. La découverte d’un sixième bras, dans la clairière, appartenant à une victime inconnue, les convainc d’appeler en renfort Mila Vasquez, experte dans les affaires d’enlèvement. Gavila et ses agents vont échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire : tous les meurtres sont liés, le vrai coupable est ailleurs. 
Quand on tue des enfants, Dieu se tait, et le diable murmure… un thriller littéraire inspiré de faits réels

Sombre peut être l’humain
*<Billy était un bâtard un BÂTARD ! et j’ai bien fait de le
tuer je le détestais il nous aurait fait du mal parce qu’il
aurait eu une famille et pas nous…personne n’est venu
me sauver PERSONNE.> *
(Extrait)

Tout est noir dans ce livre. L’histoire, l’atmosphère, l’enquête, les personnages, y compris ceux qui portent en eux un secret terrible comme c’est le cas pour Goran Gavila, le criminologue qui traîne en lui le boulet d’un secret soupçonné par un lecteur désarçonné qui assistera, figé, à son dévoilement dans une finale ficelée serrée.

L’auteur va au-delà du thriller psychologique qui fouille à l’infinitésimale les synapses d’un tueur en série hors-série qui n’a rien contre ses victimes…visant autre chose… : * Des parents, qui pour des raisons différentes, n’avaient eu qu’un enfant, une mère qui avait passé largement la quarantaine, et qui n’étaient donc plus en mesure, biologiquement, d’espérer une autre grossesse…<Ce sont EUX ses vraies victimes. Il les a étudiés, il les a choisis. > (Extrait)

Les victimes ne sont pas les fillettes, ce sont leur famille. Comprendre la psychologie de ce tueur en série incorrectement appelé Albert sera le plus grand défi du lecteur qui aura peut-être même à relire cette sordide histoire en partie et même en tout pour en comprendre toutes les facettes.

Dès le départ, l’auteur frappe fort afin d’emprisonner le lecteur dans son intrigue : cinq petites filles disparues, cinq fosses creusées dans une clairière. Dans chaque fosse, un petit bras…puis par la suite, découverte d’un sixième bras appartenant à on ne sait qui.

Avec une intrigue pareille et les maux de tête qui s’annoncent pour les policiers, Mila Vasquez en particulier, le lecteur pourra bien découvrir que l’auteur les mène en bateau avec des longueurs et même un peu d’errance dans le texte, ce qui est singulièrement agaçant…peu importe. Donato Carrisi nous amène exactement là où il veut qu’on aille.

Comme lecteur, attendez-vous à des allers-retours car il semble que chaque découverte suppose un assassin différent. *Au centre de tout ceci, il n’y avait pas une simple chasse à l’homme, mais l’effort pour comprendre le dessein qui se cachait derrière une séquence apparemment incompréhensible de crimes atroces. La vision difforme d’un esprit malade. * (Extrait) Mais de quel esprit s’agit-il exactement? Là, une surprise attend le lecteur.

Toute l’originalité du récit repose sur le chuchoteur, un tueur en série d’une espèce rare peu ou pas développée en littérature policière : *<Mais vous n’êtes pas le seul à pouvoir entrer dans la tête des gens…Dernièrement, j’ai beaucoup appris sur les tueurs en série. J’ai appris qu’ils se divisent en quatre catégories : visionnaires, missionnaires, hédonistes et assoiffés de pouvoir…mais il y a une cinquième sorte. On les appelle tueurs en série subliminaux.>* (Extrait)

d’une main de maître et avec une plume parfaitement maîtrisée, Carrisi amène ses limiers à adopter une théorie d’apparence tirée par les cheveux mais qui finit par s’imposer inexorablement donnant au livre un caractère absolument diabolique et m’ayant donné, comme lecteur, la bizarre impression d’être manipulé. J’ai dit que l’écriture est maîtrisée, c’est vrai mais elle est aussi d’une grande complexité. Ça demande de la relecture et beaucoup de concentration.

Que penser de ce tueur qui a toujours un pas d’avance sur ses poursuivants? C’est une histoire très complexe. Trop à mon avis. L’auteur aurait pu simplifier un peu. Je suis d’accord pour qu’une lecture lance des défis et même exige une certaine recherche. Je le fais souvent. Quand ça devient un fardeau, c’est différent. Malgré tout, le caractère intriguant de l’ouvrage lui sauve la mise.

Donc Pour faire court : polar complexe mais efficace, personnages très aboutis et froids. Se lit avec un minimum de concentration. Ensemble macabre et noir. Certains passages sont répugnants. Langage cru et direct. Atmosphère oppressante, finale éclairante et bien imaginée. Étude très intéressante d’un fond humain tordu au possible évoquant au passage les travers de la société.

J’ai eu l’impression de lire quelque chose de différent. Ça m’a plu.

Suggestion de lecture : BILLY-ZE-KICK, de Jean Vautrin

Né en 1973, Donato Carrisi est l’auteur d’une thèse sur Luigi Chiatti, le » monstre de Foligno «, un tueur en série italien. Juriste de formation, spécialisé en criminologie et sciences du comportement, il délaisse la pratique du droit en 1999 pour se tourner vers l’écriture de scénarios. Au moment d’écrire ces lignes, LE CHUCHOTEUR son premier roman, vendu à plus de 200 000 exemplaires en Italie, est en cours de traduction dans douze pays et a déjà remporté quatre prix littéraires.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 22 mai 2022

L’ÉTRANGE DISPARITION D’AMY GREEN

Commentaire sur le livre de
S.E. HARMON

*Sans surprise, l’esprit ne se reflétait pas dans le
miroir des portes. Et je ressemblais exactement
à ce que j’étais : un fou se parlant à lui-même.*
(Extrait : L’ÉTRANGE DISPARITION D’AMY GREENE,
Les enquêtes extra-lucides de Rain Christiansen, tome 1.
MxM Bookmark éditeur, 2018, format numérique, 441
pages, 4028kb)

L’agent spécial Rain Christiansen est devenu la honte de l’Agence. Alors quand son patron lui offre une dernière chance de se racheter, Rain n’hésite pas à se rendre à Brickel Bay et à se montrer sympa avec la police locale pour résoudre l’enquête qui lui a été confiée. Et ses visions ? Du passé ! Même si ça le tue. La dernière intervention du détective spécialisé dans les Affaires Classées, Daniel McKenna, est en train de stagner. Cinq ans plus tôt, la lycéenne Amy Greene a disparu et n’a jamais été retrouvée. Daniel est heureux d’avoir enfin l’aide du FBI, même s’ils envoient son ex. Avec des fantômes à tous les coins de rues et une affaire au point mort, Rain aura du souci à se faire.

Celui qui voit des fantômes
*-Christiansen, vous êtes un excellent agent, mais vous
me posez un véritable problème. J’essaye encore de
comprendre pourquoi, par tous les diables, vous seriez
allé leur donner un message de leur fille décédée,
«Parce que son putain de fantôme refusait de me
foutre la paix, tout simplement» *
(Extrait)

Ce livre est un mélange de genre : romance, érotisme qui frôle parfois la pornographie. Ce n’est pas à proprement parler un thriller…je n’ai pas été cloué à mon siège. Disons que c’est une intrigue policière qui ne réinvente pas la roue, mais qui a au départ un fort potentiel de développement. L’histoire tourne autour de Rainstorm Christiensen, devenu la honte du FBI à cause de sa capacité à voir et communiquer avec les âmes des défunts.

Appelons cela les fantômes. Rainstorm est un personnage attachant. Je l’ai trouvé drôle et sympa. Son nom est particulier…Rainstorm, surnommé Rain. Et dire que sa mère a failli ajouter Moonbeamer à son nom. Et imaginez…la sœur de Rain s’appelle Skylar, surnommée Sky. Il aurait été intéressant de connaître le profil de la mère, mais il faut s’en passer.

Disons que cette petite excentricité donne le ton à une histoire légère,  avec un petit côté humoristique et beaucoup de sexe. Rain est gay et il enquête sur la disparition, cinq ans plus tôt d’Amy Green à titre de consultant dans la brigade des affaires non résolues. Il travaille avec son ex, Danny, avec lequel il est en train de renouer. Sur le plan physique, ça saute aux yeux.

Le roman est très axé sur le don de Christiansen. Il communique entre autres avec un fantôme nommé Ethan. Il faut donc retenir que la justice pourrait avoir, grâce aux dons médiumniques de Ray, de précieux auxiliaires. L’histoire est développée en ce sens donc sur le plan de l’intrigue, le livre est intéressant.

L’histoire est bien ficelée, mais elle est quelque peu prévisible et malheureusement, elle est noyée, ou tout au moins fortement diluée dans des descriptions détaillées et crues de scènes de sexe pour le moins torrides entre Rain et Danny. Ici, on va un peu au-delà de l’érotisme. De ces scènes, il y en a plusieurs et ça brise le fil conducteur. Il est difficile de rester concentré sur le véritable objectif de l’histoire.

Et même quand on revient à l’enquête comme telle, il est très souvent question de la libido de ces messieurs qui ont un petit côté tordu. Si on enlevait le sexe, et ça ferait un paquet de pages en moins, dans un roman qui n’est déjà pas long, on aurait le développement d’une enquête intéressante qui pousse le lecteur au raisonnement.

Donc le développement de l’enquête est en saccade. Il y a quelques rebondissements. La finale est aussi bien imaginée quoiqu’elle aussi généreusement saupoudrée de désir et d’un évident accent fleur bleue, mais elle m’a plus et elle ouvre la voie à une suite. D’autant qu’elle véhicule une idée qui rappelle la série X FILES et qui nous pousse à réfléchir sur le statut des médiums. Selon Wikipédia, On nomme médium une personne qui serait sensible à des influences ou à des phénomènes non perceptibles par les cinq sens.

Des suppositions avancent que les médiums percevraient les manifestations de l’au-delà, ou bien des esprits. Mettons de côté le charlatanisme et supposons que les esprits nous entourent, mais incapables de communiquer avec nous sauf par un canal précis : un médium. Ça justifierait la création de ce qu’on pourrait appeler la brigade paranormale. X FILES nous a habitué à cette idée mais la série ne l’a jamais développé directement, du moins à ma connaissance.

Je l’ai dit plus haut, cette histoire ne réinvente pas le genre. Même si je suis un peu mitigé quant au fait de recommander ce livre, j’ai aimé suivre l’évolution d’un policier médium dans son enquête et j’ai aussi apprécié que l’auteure, S.E. Harmon ne sombre pas dans la facilité en donnant tous les pouvoirs aux spectres. Le roman est en dents de scie et s’adresse à un public averti.

Suggestion de lecture : LA DISPARITION DE MICHEL O’TOOLE, collectif québécois

Il semble que madame Harmon n’apprécie pas être photographiée. Pour ce qui est de sa biographie, il y en a bien une brève, peu signifiante. La même rengaine est répétée sur à peu près tous les sites. Il y a bien un petit portrait d’auteur publié par Bookmark, le genre question sérieuse, réponse télégraphique. Si ça vous intéresse, cliquez ici. Ça me désole toujours un peu quand un auteur se cache.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 10 avril 2022

POSSÉDÉS, l’intégrale de Sharon Kena

*Au mobilhome, Sophia exprime à ses parents son
besoin de faire des recherches sur une maison
abandonnée en pleine forêt. Elle leur raconte qu’un
de ses amis vient d’y mourir dans des circonstances
mystérieuses…*

(EXTRAIT : POSSÉDÉS de Sharon Kena, version intégrale
réunissant les quatre tomes de la saga. Éditions Sharon
Kena 2017, Numerikena pour le format numérique, 1148
pages)

Une légende raconte qu’il y a dix ans, les fils Trémor, possédés par un esprit, ont sauvagement assassiné leurs parents. Depuis, tous ceux qui foulent le sol de leur maison trouvent la mort. Tome 1 : PRIS AU JEU, Sophia découvre l’existence de cette maison et est captivée par le mythe. Tome 2 : JEU DANGEREUX, un garçon qui aime Sophie joue un jeu dangereux avec une nouvelle vacancière moins innocente qu’elle ne le paraît. Tome 3 : DÉMON DU JEU, Sophie découvre qu’elle et ses amis sont dans un endroit maudit et développe un acharnement à détruire la malédiction. Tome 4 : ULTIME JEU, l’esprit réunit le clan. Sophia doit mourir. Le dernier jeu est engagé. 

Le sang coule…la mort rôde… tout doit se finir.

Amour paranormal
*-Je suis sa proie pour cet été, je le sais, mais
lui ignore sur qui il est tombé. – Méfie-toi quand-
même, il est très fort. –Je sais à qui j’ai affaire,
mais je suis rusée et j’ai un pas d’avance sur lui.*
(Extrait Tome 3 : DÉMON DU JEU)

Que dire d’une série de quatre livres qui aurait pu être réduite à deux ? Beaucoup de longueurs, de redondances et plusieurs passages insignifiants. Pourtant, Sharon Kena est partie d’une idée très intéressante : Il y a, près du camping où se trouve Sophia et ses parents au début de l’histoire, dans une forêt, une maison hantée.

L’esprit qui squatte la maison aurait poussé, il y a une dizaine d’années, les fils Tremor à assassiner sauvagement leurs parents. Depuis ce temps, tous ceux qui se pointent dans cette maison meurent. Le tout fait l’objet d’un jeu morbide de séduction et de meurtres, dirigé par Alex, son frère Jérôme et un troisième frangin qui fera son apparition beaucoup plus tard dans l’histoire.

Sans s’en apercevoir, Sophia est poussée dans le jeu par Alex. Elle est donc condamnée…sauf qu’il y a un imprévu…Alex tombe amoureux de Sophia. La belle Sophia est passionnée par le mystère entourant la maison et décide d’identifier et de trouver les frères Tremor.

Donc, l’idée de l’auteure était de développer une histoire sur fond de paranormal, avec, à l’origine, l’action d’un savant fou. Malheureusement, cette idée a été sous-développée au profit d’intrigues sentimentales et d’une accumulation de meurtres. Le résultat est un beau dérapage.

Il y a des passages agréables à lire. Il y a un certain intérêt et ça serait évident si on avait réduit la série. Mais il y a tellement d’irritants dans cette série qu’il m’est difficile d’être positif. D’abord cette histoire est une série continue de mensonges, de traîtrise et d’hypocrisie. Impossible de savoir à qui se fier. Même Alex s’enfarge dans ses propres mensonges.

Le lecteur ne sait pas où donner de la tête. Il n’y a pas de points de repère. Il est étonnant que l’auteure elle-même ne se soit pas emmêlée tellement le fil conducteur de l’histoire est en zig zag. On ne peut pas non plus se fier sur Sophia. C’est une vraie girouette qui ne sait pas vraiment ce qu’elle veut. Une autre faiblesse concerne la violence qui est traitée dans l’histoire avec une légèreté qui frôle l’indécence :

*-Je pensais qu’on pouvait passer de bonnes vacances ici, confie-t-il en regardant les dégâts autour de lui. –C’est ce qui s’est passé, on tuait, on était bien.* (Extrait) On est pas loin du genre de phrases prononcées par un demeuré. J’ai été surpris aussi de la facilité avec laquelle l’auteure faisait rouler la police dans la farine. Rien de bien signifiant de ce côté. La crédibilité de l’histoire en souffre.

*Oui dit la brunette, non dit le blondinet.* La brunette c’est Sophia. On l’appelle plus souvent par la couleur de ses cheveux que par son nom. C’est agaçant. Même chose pour le blondinet, c’est-à-dire Jérôme. Ça saute aux yeux…tellement que je me suis demandé si l’auteure s’est relue. Je veux ajouter ici une remarque un peu plus personnelle peut-être. Si vous venez d’arrêter de fumer, abstenez-vous de lire cette série.

Deux de ses acteurs, Sophia et Alex fument comme des pompiers, cigarette sur cigarette. À une époque où on essaie de bannir cette saleté, je crois que l’auteure aurait pu faire preuve d’un peu plus de retenue. Un dernier point, Sophia aura plusieurs enfants d’Alex. Leur participation à l’histoire est pratiquement occultée.

J’ai trouvé que les enfants étaient considérés comme un détail sans importance. Je crois que l’auteure est passée à côté d’une opportunité d’enrichissement de son histoire.

Comme vous voyez, beaucoup de points ont assombri mon intérêt pour cette histoire qui est beaucoup trop longue au vu de son contenu. Toutefois, si, comme moi, vous persévérez jusqu’à la fin, vous trouverez probablement le dernier tome plus riche en action et en imagination avec entre autres l’entrée en scène de deux personnages surprise.

C’est un peu tiré par les cheveux et là encore un mensonge n’attend pas l’autre, mais il y a un peu plus d’action et le dénouement est intéressant et même dramatique.

Suggestion de lecture : L’EXORCISTE, de William Peter Blatty

Née le 11 octobre 1978, Sharon Kena vit dans la petite ville de Morhange entourée de sa famille et 6 chats. Elle aime passer des heures à écrire, même si elle en a moins le temps qu’avant. C’est une fervente lectrice de romans sentimentaux et de Bit-lit. Elle aime malmener ses personnages et rendre incertaine la fin d’un roman jusqu’à la dernière page… Je suis une fervente lectrice de romans sentimentaux, j’adore quand il y a des problèmes, des secrets inavouables… J’aime passer des heures à écrire, en écoutant de la musique. Je ne suis pas du genre à respecter les codes littéraires !

Voir la bibliographie

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 9 avril 2022

 

LES SENTIERS DES ASTRES 1, Stefan Platteau

 

*La main encore un peu tremblante, je prends ma plume
pour inscrire quelques mots dans le grimoire de bord,
Attiré sur le vélin le fil de l’encre, la tension s’en va peu
à peu. Les questions, elles, demeurent. Fourbe est le vieux
 fleuve et folle qui prétend lire le cours de ses eaux. *

(Extrait de MANESH, premier volet de la série LES SENTIERS
DES ASTRES, Stefan Platteau. À l’origine, J’ai lu Librio éditeur,
2016, 736 pages. Version audio : Audible studios éditeur, 2018,
durée d’écoute : 20 heures 33 minutes, narration : Matthieu Dahan)

Le Roi-Diseur est le dernier espoir d’une nation ravagée par la guerre civile. Le capitaine Rana remonte le fleuve à sa recherche, avec une poignée de braves. Personne n’a jamais navigué si loin. Pourtant, un naufragé dérive à leur rencontre, accroché à une branche. Qui est-il? Est-il un simple humain, ou l’héritier d’un sang plus ancien ? En ces terres du Nord, les géants et les dieux marchent encore sous les arbres. Déjà, la forêt frémit des prémices de leur colère…

Un périple envoûtant
*Puis cette euphorie inattendue s’est dissipée comme
elle était venue. L’aîné des Mahhtmar avait baissé à
nouveau les yeux vers le vieux compagnon qui se
mourrait au sol et toute sa douleur était revenue lui
étreindre les tripes. Alors, sans dire un mot mais en
serrant les dents de chagrin, il avait levé son épée.
(Extrait)

C’est avec MANESH, le premier volet de LES SENTIERS DES ASTRES, que Stefan Platteau se lance dans l’écriture et vient enrichir la littérature de fantasy et de mythologie. La saga compte cinq tomes.

On peut dire six tomes si on tient compte du préquel à l’Univers des Sentiers des Astres : Le dévoreur. Ce récit m’a séduit par la beauté de son écriture qui est un heureux mélange de caractère et de poésie.

L’histoire a une forte empreinte celtique, médiévale et les légendes et la mythologie y ont une place importante. Voyons d’abord comment débute la grande saga. Le narrateur de l’histoire est Fintan Calathyn. C’est un barde à la Cour du royaume, une position élevée. Il est aussi capitaine en second d’un navire qui poursuit une quête très spéciale.

En fait, deux navires sillonnent les bras et estuaires du fleuve framar à la recherche du roi-diseur, un oracle légendaire que le capitaine Frama veut interroger pour connaître l’avenir du Royaume menacé par la guerre civile.

En chemin, les bateliers vont repêcher le corps inanimé d’un homme blessé. Le Capitaine Rama veut savoir à tout prix qui est cet homme, son but et surtout s’assurer qu’il n’est pas un danger pour le Royaume.

Rama charge son second, Fintan, de soigner l’homme et de l’interroger. Malgré un grand état de faiblesse, l’homme accepte de se raconter. Il dit s’appeler LE BATARD. Mais en cours de récit, ce nom ne suffira plus à Fintan. Ce dernier exige de connaître le nom véritable. Il s’appelle MANESH.

C’est ainsi que débute une belle et longue histoire. Étant donné la nature de la quête, il m’est difficile d’en dévoiler davantage mais vous verrez que le voyage des bateliers sur le Framar et le récit de Manesh se recoupent de façon à dévoiler d’étonnantes révélations. Tout le récit est concentré sur l’histoire de Manesh, ses origines, son caractère, sa nature.

Le lecteur et la lectrice feront sa connaissance par le biais de nombreux épisodes de sa vie parmi les plus significatifs. La question est de savoir si LE BATARD est un danger potentiel pour le royaume ou un allié de taille qui pourrait sauver la quête. La réponse est dévoilée à la petite cuillère…très graduellement à travers les aventures du mystérieux personnage.

C’est un roman-fleuve raconté en un peu plus d’une vingtaine d’heures par un narrateur habile qui nous fait oublier, par sa voix envoûtante et sa capacité d’adaptation, les nombreuses longueurs qui auraient tendance à alourdir l’histoire.

Il n’y a pas vraiment d’action dans ce pavé mais le récit est immersif et met en perspective la vie du bâtard, une vie dans laquelle se chevauche la bonté et la cruauté et une intrigue continue sur sa nature.

D’après l’auteur Jean-Philippe Jaworsky, l’auteur de la trilogie MÊME PAS MORT, *Toute la force du livre est d’entrelacer la puissance du mythe avec la structure même du récit. *  (J.-P. Jaworsky) Je le cite ici car je n’aurais pu mieux m’exprimer. Je peux dire que l’auditeur et l’auditrice verront très vite que Manesh est très spécial…

*Manesh avait déjà cette carnation cuivrée que l’on ne retrouvait chez nul autre membre de la famille, le visage rond et une tignasse d’un noir de jais, semblable à celle de sa mère par la couleur mais non par la forme…On aurait dit qu’il cherchait toujours les visages derrière les visages, les mots derrière les mots.

Ses grands yeux verts possédaient une étrange acuité. Ils laissaient parfois à ses proches l’impression de les dépouiller de leur écorce et de les lire en dedans* (Extrait) L’irrésistible besoin d’en savoir plus fera le reste.

Malgré les longueurs, quelques passages un peu plus lourds et le fait que l’intrigue se dévoile très lentement, peut-être un peu trop, j’ai été envoûté par la beauté du récit, la sensibilité de la plume qui n’enlève rien à sa vivacité, ses personnages attachants, la qualité des dialogues et un savant mélange de réalisme et de fantastique, le tout encadré par un narrateur efficace. Vous passerez, je crois, de très belles heures d’écoute.

Suggestion de lecture : LA CITÉ ET LES ASTRES, d’Arthur C. Clarke

Stefan Platteau est l’auteur francophone du surgissement mythique. Il revient aux fondations de la fantasy, à cet exotisme magique fait de splendeurs, de fascinations, de terreurs, où l’on tremble devant les dieux, où les actes surnaturels se paient au prix fort, où l’on ne ressort pas indemne des combats.

L’auteur y parvient grâce à un allié de poids : une plume charnue et pleine d’âme. Salué dès son premier ouvrage par de grandes figures de l’imaginaire (Ayerdhal, Jean-Philippe Jaworski, Justine Niogret…), Stefan Platteau aime mêler dans ses textes humanité des personnages et souffle de l’aventure.

En quatre livres puissants (Manesh – prix Imaginales du roman francophone 2015), Dévoreur (Prix « les petits mots des libraires » 2016), Shakti (2016) et Meijo (2018), l’écrivain belge s’impose comme une voix importante de la fantasy de langue française.
(Les moutons électriques)

SUITE À LIRE OU À ENTENDRE

Bonne écoute
Claude Lambert
les samedi 26 mars 2022

 

LES MYSTÈRES DU BAYOU, trilogie de JANA DELEON

*Certains sont d’avis que les enfants ont été kidnappés par
une prêtresse vaudou qui vit isolée sur une île, au cœur des
marais, afin d’y être sacrifiés. Cette île, au pourtour
lugubrement jalonnée de centaines de poupées en état de
décrépitude plus ou moins avancé, est de l’étoffe dont on
fait les pires cauchemars.
(Extrait : UNE FILLETTE À SECOURIR
LES MYSTÈRES DU BAYOU tome 1, Jana DeLeon, 2019 Harlequin
éditeur, collection SAGAS. Édition intégrale, papier, 613 pages.)

Dans le bayou de Louisiane, les apparences sont souvent trompeuses…

Une fillette à secourir
Le jour où elle apprend qu’Amber, sa nièce, a disparu, Alexandria sent l’étau de la peur se resserrer autour d’elle. Envahie par le sombre pressentiment que les minutes de la fillette sont comptées, elle insiste pour participer à l’enquête. Quoi qu’il lui en coûte. Et même si le policier chargé de l’affaire n’est autre que Holt Chamberlain, son ex-fiancé…

Une troublante disparition
Jamais Max ne mêlera travail et sentiments. Alors, quand la trop jolie Colette Guidry vient l’implorer d’enquêter sur la disparition de sa meilleure amie, il refuse tout net. Mais, à sa grande surprise, la jeune femme lui annonce qu’avec ou sans lui elle se rendra dans le bayou en quête d’indices. Dès lors, Max comprend qu’il n’a pas le choix : il devra l’accompagner…

Les secrets du bayou
Traquer le « monstre du marais » ? Tanner éclate de rire. Depuis quand prend-on au sérieux cette légende de Louisiane ? Par acquit de conscience, il décide tout de même de mener l’enquête. Car la femme qui l’a engagé – et qui dit craindre pour sa sécurité – n’est autre que Josie Bettencourt. Celle qui, jadis, lui a brisé le cœur, le poussant même à fuir la région…

Mystérieuse Louisiane
*Le créole baissa les yeux sur le sol en terre battue.
Il avait espéré que l’homme serait mort avant qu’il
revienne. Pour n’avoir jamais à prononcer les mots
qu’il était sur le point de dire.*
(Extrait)

LES MYSTÈRES DU BAYOU est une trilogie. (Voir les titres plus haut) L’édition que j’ai lue comprenait les trois livres. J’ai donc tout lu mais chaque histoire peut se lire indépendamment, bien que ce ne soit pas l’idéal. Aussi, comme chaque récit comporte une intrigue policière assez bien étoffée, la trilogie demeure de la littérature sentimentale. À quoi peut-on s’attendre d’autres des éditions Harlequin ?

Je crois vous l’avoir déjà dit. Mais ce titre m’a intéressé pour deux raisons : d’abord, le Bayou : une étendue d’eau labyrinthique formée des méandres du Mississipi et couvrant tout le sud de la Louisiane sur presque 1000 kilomètres de serpentins et de boyaux. Le Bayou abritent une vaste région marécageuse.

Les marais, le folklore très particulier de la Nouvelle-Orléans et de la Louisiane ainsi que les traditions et pratiques des afro-américains, constituant la majorité de la population, et ça inclue le vaudou, tout ça imprègne aux trois histoires une atmosphère de légende, de mystère et de superstition.

La deuxième raison découle de la première. J’étais très curieux de voir comment Jana Deleon allait composer avec l’étrange atmosphère des marais, la trame sentimentale et l’intrigue policière. Je vous dirai qu’elle s’est assez bien débrouillée. Les deux premiers récits sont centrés sur une disparition et le troisième sur un inexplicable saccage d’une plantation que Josie Bettencourt tente de transformer en hôtel.

Nous assistons au déploiement des talents d’une fratrie de pisteurs et d’enquêteurs qui viennent de s’ouvrir une petite agence spécialisée dans les affaires difficiles ou non-résolues. Chaque frère a son heure de gloire : Holt dans le premier récit, Max dans le second, et Tanner dans le troisième. Les récits comportent un peu d’apitoiement et chaque frère développe un petit sentiment pour la belle de l’histoire.

Petit sentiment deviendra grand il va sans dire. Mon récit préféré a été le troisième car il développe davantage le thème des mystères du marais dont la légende du monstre des marais. Il y a plus d’action et le lecteur se rend avidement vers une finale bien imaginée.

Dans l’ensemble, ça se lit bien. Les trois livres comportent tout de même plus de six-cents pages et l’amour prend de la place. Ça pourrait plaire à une part importante du lectorat qui aime la littérature sentimentale.

Il y a des longueurs mais entre les principaux éléments, amour-mystère-intrigue, l’auteure a fait preuve, je crois, d’un bel équilibre et de nombreux passages marqués par l’intensité m’ont gardé captif un peu tout le long des trois histoires :

*Le cri de Josie déchira le silence de la nuit. Le cœur de Tanner bondit dans sa poitrine tandis qu’il se jetait dans l’escalier et dévalait les marches quatre à quatre, ne pensant même plus à l’intrus. Il manqua céder à la panique lorsqu’il vit la portière ouverte, la voiture vide. Josie n’était nulle part en vue.* (Extrait)

C’est un livre intéressant qui m’a appris des choses et qui m’a poussé à la recherche, suffisamment en tout cas pour ne pas avoir envie de m’installer près des marais de la Louisiane. Il reste que c’est la densité du décor qui m’a fait apprécier l’ensemble des trois livres.

J’y ai appris entre autres que les apparences sont trompeuses et que les légendes sont très tenaces comme cet énorme alligator  dans le livre 1 et le  TAINTED KEITRE dans le livre 3. À vous de découvrir ce dernier.

Bref c’est une lecture légère, sympa, pleine de trouvailles et de curiosités issues de l’imagination fébrile de Jana Deleon. Un bon divertissement.

Suggestion de lecture : LES MYSTÈRES D’AVEBURY de Robert Goddart

Jana DeLeon, auteure de best-sellers du New York Times et de USA Today, a été élevée dans le sud-ouest de la Louisiane parmi les bayous.  Sa famille possédait un camp situé dans un bayou juste à côté du golfe du Mexique, auquel on ne pouvait accéder que par bateau. La caractéristique la plus importante était le hamac en corde suspendu à l’ombre sur une immense terrasse qui s’étendait au-dessus de l’eau où Jana passait de nombreuses heures à lire des livres. Jana n’a jamais rencontré un mystère ou un fantôme comme ses héroïnes, mais elle a toujours bon espoir. 

Pour en savoir plus sur le bayou de Louisiane, cliquez ici.


LE BAYOU

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 20 mars 2022