LE SORCIER, le livre de DAVID MENON

*-Il m’avait confié ce que Georges Lui faisait. Il m’a pris comme ami et comme protecteur.- -Et toi tu lui as planté un couteau dans le dos?- -Mary Griffin a utilisé mon homosexualité contre moi.- Comment ça?> (Extrait : LE SORCIER, David Menon, 2013, édition numérique, 200 pages.)

Trois cadavres sont retrouvés dans une vieille maison qui était autrefois un pensionnat de garçons. L’inspecteur Jeff Barton met à jour la terrifiante époque de brutalité et d’abus qui s’y déroula. L’enquête le mène sur les traces de l’ancien directeur et de sa femme et d’une affligeante liste de victimes. Mais Jeff, tiraillé entre un travail exigeant et Toby, son fils de cinq ans découvre ce que personne ne voit. Un plan audacieux et implacable fomenté par une ancienne victime pensionnaire déterminée à se venger. Si Jeff voit juste, alors lui et son  équipe doivent agir vite avant que la maîtrise de la sentence ne leur échappe pour de bon.

ILS ÉTAIENT CENSÉS ÊTRE EN SÉCURITÉ
*Depuis des années, ce réseau gagne des milliers et des milliers
avec la vente et la distribution de ses films de pédopornographie
particulièrement violents et écœurants. Ils s’en sont sortis en
cachant leurs activités derrière des vitrines respectables, mais
le mode opératoire a toujours été le même. *
(Extrait : LE SORCIER)

C’est une histoire très sombre et elle commence sur des chapeaux de roues. Au cours des rénovations entreprises dans un vieux bâtiment qui servait autrefois de pensionnat pour jeunes garçons, des travailleurs font la découverte de cadavres dans les sous-sols. Les travaux sont arrêtés, la police mandée sur les lieux.

L’enquête s’annonce complexe. On fait appel à l’enquêteur chef Jeff Barton, personnage récurrent de l’œuvre de David Menon. Il aura besoin d’aide et d’un estomac solide car si l’enquête met à jour de la crasse au départ, la suite devient une histoire d’horreur sans nom.

Dans ce livre, la plume de Menon a deux qualités particulières : elle ne vous fera jamais dévier de l’histoire et elle entretient minutieusement l’intrigue jusqu’à la fin. Je vous avertis toutefois que certains passages sont à soulever le cœur, le principal suspect étant un monstre sans conscience, tordu et dénué d’empathie, persuadé dans son obsession qu’il rendait service aux enfants :

*« C’était dans le donjon qu’ils faisaient leurs films. Ils y emmenaient certains garçons et les gardaient toute la nuit. C’était des trucs SM. Les garçons étaient attachés par les entraves fixées au plafond. Griffin les violait et c’était filmé. »* (Extrait)

C’est une histoire très bien ficelée avec une intrigue solide et un développement en crescendo. L’auteur y a imprégné suffisamment de réalisme pour faire frissonner le lecteur. Je parle de réalisme car bien qu’étant une fiction, toutes les sociétés ont connu des drames semblables à celui développé dans le SORCIER.

Bien que ce soit une bonne histoire, elle est très dure et je ne la recommande pas aux cœurs sensibles. : *…Cette enquête plongeait de plus en plus dans les méandres d’esprits aussi malades que tordus.* (Extrait)

La principale faiblesse de cette histoire est la quantité de personnages. On s’y perd un peu parce que les monstruosités commises sur les garçons ont provoqué à moyen terme des drames d’un autre type : suicides, éclatements familiaux, maladies mentales, peur et paranoïa et j’en passe.

Des familles s’imbriquent, les personnages s‘entrecroisent. L’identité de plusieurs de ces personnages risque de vous échapper. Il y a moyen de surmonter cette faiblesse en se concentrant bien sur le début de l’histoire.

Puisqu’on parle de personnages, je ne peux pas dire vraiment que j’ai réussi à m’y attacher. Je les ai trouvés un peu froids sauf peut-être Jeff Barton à qui l’auteur a donné un rôle aussi capital qu’effacé avec toutefois une remarquable intuition, qualité que j’apprécie particulièrement dans ce type de récit.

Quelques petits points en terminant. Je me demandais pourquoi LE SORCIER comme titre. Je l’ai compris dans les dernières pages. L’auteur aurait pu faire mieux là-dessus. Ensuite j’ai trouvé la finale un peu expédiée et j’ai été un peu déçu du sort de certains personnages. À vous de voir. Enfin l’édition que j’avais comportait une mise en page douteuse. La version numérique n’était guère mieux, mais *j’ai fait avec*. Recommandé pour les cœurs solides et amateurs d’émotions…LE SORCIER de David Menon.

Suggestion de lecture : LES SORCIÈRES DE SALEM, de Millie Sydenier

« J’aime écrire dans le genre de crime parce que je peux couvrir toutes les différentes classes sociales, sexe, race, sexualité, histoire, contemporain … c’est vraiment un grand pinceau et ma motivation d’écrire vient d’un désir de divertir les gens avec une bonne histoire. »

David Menon

BONNE LECTURE
Claude Lambert
le dimanche 14 juin 2020

LA VENGEANCE DE BAUDELAIRE, Laerhoven

Commentaire sur le livre de
BOB VAN LAERHOVEN

*Edmond(1) affirme, continua le peintre d’un air soucieux, que l’assassin est fervent admirateur de Baudelaire qui élimine quiconque a traité injustement l’artiste de son vivant ou qui a tenu des propos réprobateurs à son sujet.*

(Extrait : LA VENGEANCE DE BEAUDELAIRE, Bob Van Laerhoven, Éditions Pratiko, tr. : Marie Hooghe, 2013, édition numérique, 260 pages.) (1) Fait référence à Edmond Huot de Goncourt, né à Nancy le 26 mai 1822 et mort le 16 juillet 1896 dans la maison d’Alphonse Daudet, écrivain français, fondateur de l’Académie Goncourt qui décerne chaque année le prix du même nom.

Paris, septembre 1870, la guerre fait rage. C’est dans une atmosphère chaotique que Paul Lefèvre, énigmatique commissaire et son ami, l’inspecteur Bernard Bouveroux, auront à résoudre une série de crimes hors du commun. Toutes les victimes portent un message, sous forme de vers extraits du très controversé recueil Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire, mort trois ans auparavant.

À mesure que l’enquête progresse sur un chemin encombré de subterfuges et de mensonges, les masques tombent, un par un jusqu’à révéler un terrible secret au sein même de la famille Baudelaire. L’enquête conduit le commissaire Lefèvre sur la piste d’un complot ayant des ramifications jusqu’à la cour de Napoléon III. Et d’un secret au sein de la famille Baudelaire, aux lourdes conséquences.

LES FLEURS DU CRIME
*Mais quand je rêvais, ma connaissance croissante des plantes
africaines qu’utilisent les féticheurs depuis des siècles
faisait de moi la fleur du mal, l’épouse de Satan qui
déchire le rideau trompeur du temple du monde.*
(Extrait)

Ma lecture de LA VENGEANCE DE BAUDELAIRE suit de près ma relecture des FLEURS DU MAL. D’entrée de jeu, je dois dire que j’ai été aussi séduit par le titre et le quatrième de couverture que déçu par le contenu. Voyons d’abord ce que ça raconte : nous sommes à Paris en 1870. La capitale est ébranlée par la guerre franco-prussienne et comme si ce n’était pas suffisant, une série de meurtres horribles retient l’attention des parisiens.

Sur chaque cadavre, on retrouve des vers du recueil de poèmes LES FLEURS DU MAL de Charles Baudelaire, décédé un peu plus tôt en 1867. L’enquête est confiée à Paul Lefèbvre et son collègue Bernard Bouveroux. L’enquête amène Les limiers sur la piste d’un complot mais surtout sur un secret soigneusement gardé par la famille Baudelaire.

Ce ne fut pas une lecture facile. Le fil conducteur est instable, les personnages mal définis, beaucoup de dialogues plus ou moins utiles. Je ne savais pas trop à quoi m’accrocher. Bien sûr on nous confirme par la voix d’un personnage-clé du roman, ce dont on se doutait déjà à propos de Charles Baudelaire : le caractère neurasthénique du poète et sa vie dissolue.

Dans le récit, Baudelaire confie une vérité assez crue sur lui-même : *Vous avez devant vous le poète du mal…l’effrayante précision avec laquelle j’analyse l’âme mauvaise de l’homme ne m’empêche pas d’être dans la vie un brave imbécile qui se laisse marcher dessus par tout un chacun*. (Extrait)

Le secret de la famille Baudelaire. Voilà ce qui a retenu le plus mon attention. Je ne crois pas que c’était vraiment le but de l’auteur. D’autre part, je suis surpris que LA VENGEANCE DE BAUDELAIRE soit récipiendaire du prix HERCULE POIROT pour le meilleur roman à suspense, parce que le suspense, je ne l’ai pas senti.

Pas de hâte particulière à tourner les pages. J’avais l’impression que les excès de Baudelaire étaient plus importants que l’enquête elle-même qui soit dit en passant était dure à suivre à cause de trop nombreuses digressions. Pourtant le début était prometteur mais ce fut par la suite une baisse constante du rythme jusqu’au dernier quart du volume.

C’est en effet dans le dernier quart que se trouvent les forces du récit. Il devient graduellement plus haletant, l’enquête se précise rapidement comme si l’auteur voulait rattraper un énorme terrain perdu. On comprend mieux la démarche des enquêteurs et surtout, il y a la finale qui m’a laissé pantois même si je l’ai trouvé bâclée.

Même si vous arrivez à suivre parfaitement la progression de l’enquête, il vous sera difficile de déterminer qui est le coupable des meurtres. Moi je n’y suis pas arrivé. On apprend à la dernière page qui est le maître du jeu et pour moi c’était la personne la plus improbable.

On fera alors connaissance alors avec un personnage historique qui a l’escroquerie dans les gênes et dans le sang. Le mobile : lavez Baudelaire des insultes et des railleries qu’il a subies pendant toute sa vie. La lecture du dernier quart ma remis dans de bien meilleures dispositions envers l’auteur même si la finale est expédiée en ce sens que j’aurais souhaité plus de contenu sur le rôle et la qualité du mystérieux personnage.

Outre la présence de personnages disons exotiques susceptibles de raviver un peu l’intérêt du lecteur comme Simone Bourbier et ses particularités physiques, je pense aussi à Claire de lune que je vous laisse découvrir, le lecteur sera aux prises avec un enchevêtrement de dialogues qui négligent le fil conducteur et diminue l’intérêt pour l’enquête… Le choix vous appartient bien sûr. Moi j’ai été déçu.

Je vous invite à lire mon commentaire sur LES FLEURS DU MAL de Charles Baudelaire. Cliquez ici.

Suggestion de lecture : 1630 LA VENGEANCE DE RICHELIEU, de J.-M. Riou

Bob Van Laerhoven est un écrivain belge né le 8 août 1953 à Anvers. Il n’aime pas entendre qu’il verse dans la science-fiction. Il préfère parler de sociale-fiction. En 1985, son premier roman voit le jour sous le titre Nachtspel (Jeu nocturne). On y découvre une aisance à aborder des sujets internationaux qui deviendra sa marque de commerce.

L’œuvre est extrêmement variée : romans, récits de voyages, livres pour enfants, pièces de théâtre, biographies, recueils de poésie, essais, ouvrages de non fiction, lettres, chroniques et articles. Son roman La Vengeance de Baudelaire a remporté en 2007 le prix Hercule Poirot du meilleur roman flamand à suspense.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 31 mai 2020

JOUR DE CONFESSION, de ALLAN FOLSOM

*Clic. Le bruit métallique reconnaissable
entre tous du revolver que l’on arme…
Abats-le…*

(Extrait : JOUR DE CONFESSION, Allan Folsom,
Presses de la Cité, 1999, éditions de papier et
numériques. 350 pages numériques.)

» Harry, c’est ton frère, Danny… J’aurais préféré t’appeler dans d’autres circonstances… mais je n’ai… personne à qui parler… J’ai très peur, Harry… » Quand Harry Addison, jeune avocat d’affaires représentant les plus grandes stars de Hollywood, reçoit sur son répondeur cet appel angoissé, il ignore que c’est la dernière fois qu’il entend la voix de son frère Daniel, prêtre de son état, en poste au Vatican. Il apprend en effet avec horreur que Daniel vient de trouver la mort à la suite d’un attentat terroriste.

Harry se retrouve très vite plongé dans un cauchemar : on lui annonce tout d’abord que Danny est accusé d’avoir assassiné le second personnage du Vatican ; puis, quand on lui montre le cadavre mutilé de son frère et qu’il met en doute l’identité du corps, il se voit lui-même accusé du meurtre d’un policier.

Totalement isolé et vulnérable dans un pays dont il ne parle pas la langue, Harry Addison est contraint de fuir. Avec, à ses trousses, les polices d’Italie et quelques autres, plus obscures. Car, à son insu, Harry est pris dans les filets d’une conspiration mondiale qui se trame depuis le cœur même du Saint-Siège.

ENCORE LE VATICAN
*Harry revit l’image horrible du Père
Bardoni dans la baignore, celle d’un
homme qui n’avait pas parlé sous la
torture…*
(Extrait : JOUR DE CONFESSION)

Ce fut tout un défi pour moi de lire ce livre parce que je suis tombé sur une édition singulièrement pourrie : pagination défectueuse, mots et lettres escamotés, fautes de frappes et d’orthographe, des numéros de page au milieu d’une phrase dans un passage captivant. J’ai quand même tenu bon. Ensuite, le sujet est réchauffé, usé.

C’est une autre intrigue à la sauce Vatican : un cardinal véreux et corrompu, puissant et dont tout le monde a peur, cruel et sans conscience et qui en plus se prend pour Alexandre le Grand. Il n’hésite pas à commanditer des meurtres par ambition, y compris ordonner un véritable génocide avec une affligeante légèreté…des dizaines de milliers de morts.

Dans cette histoire, l’enjeu est rien de moins que le contrôle de la Chine par le Vatican. Première préoccupation du Cardinal Palestrini : éliminer ceux qui en savent trop et qui peuvent faire remonter les autorités jusqu’à lui, car le plan de Palestrini est carrément démoniaque. Je vous laisse en faire la découverte.

Et devinez qui est au-dessus de tout ça et ne soupçonne rien? Le pape bien sûr. Il paraît qu’il est trop occupé et laisse les affaires d’état à ses hommes de confiance…il ne se doute de rien le pauvre…donc pour moi, cette histoire sent le déjà vu et manque d’originalité.

Il y a des invraisemblances et aussi un manque d’équilibre dans la trame. Par exemple, si c’est la Chine qui écope et qui accumule les cadavres, pourquoi l’auteur en parle si peu ? Peut-être parce qu’il vise à soutenir l’attention du lecteur sur les tueurs qui traquent avec acharnement les frères Addison, ceux-là même qui en savent trop.

Et bien sûr, l’auteur n’a pas manqué de donner un caractère particulièrement malin au cardinal Palestrini : *La cruauté de cet homme, sa maladie mentale, dépassaient la compréhension. Comment un homme intelligent avait-il pu changer à ce point ? Quand donc ? Le monstre avait-il toujours sommeillé en lui ? * (extrait)

Il ne faut pas oublier le tueur à gage Thomas Kind, un malade à l’esprit détraqué avec comme principal symptôme le plaisir de tuer et il ne se prive pas. Vous savez les genres qui font qu’on souhaiterait se lever plus de bonne heure pour les détester plus longtemps.

Je dois admettre que ce livre a, malgré les déséquilibres, une très grande force qui peut grandement attirer le lectorat : c’est le rythme très élevé du récit. Même la finale que j’ai trouvée étrange et un peu facile, offrait un rythme soutenu avec quelques rebondissements et des images faciles à créer dans l’esprit du lecteur. Il y a donc beaucoup d’action consécutive aux machinations d’un cardinal sans scrupules. La finale est prévisible.

Est-ce que j’ai aimé ce livre ? Le début est très prometteur mais je dirais qu’il m’a déçu à cause de la sous-exploitation de certains thèmes majeurs. Par exemple, il n’y a pas beaucoup de passages sur la chine. C’est pourtant là que se joue le véritable drame : des morts par dizaine de milliers.

Je crois qu’il aurait valu la peine de développer davantage cet aspect sur les plans physiques, économiques et sociaux et comment, après ce génocide, l’Église compte-t-elle maintenir le contrôle spirituel de la Chine qui représente près du quart de la population mondiale. Autre exemple de thème majeur, l’absence du Pape… pas très crédible. Sa part de responsabilité comme chef d’État est complètement occultée.

Mais si vous aimez l’action, les rebondissements à la James Bond, les folles poursuites, vous pourriez apprécier. Le style se rapproche de certains auteurs à succès comme Harlan Coben ou Robert Ludlum. Malgré mes hésitations, je donne la note de passage à JOUR DE CONFESSION.

Suggestion de lecture : MALEFICIUM, de Martine Desjardins

Né en 1944, Allan Folsom, est romancier et scénariste. Jour de confession et L’Exilé l’ont confirmé comme un maître du suspense dans la lignée de Robert Ludlum et Ken Follett, grâce à des intrigues où se mêlent politique, suspense et scènes d’une violence à couper le souffle. Chacun de ses romans est peaufiné à partir d’une longue  enquête menée sur le terrain. Vous pouvez lire quelques synopsis de ses livres grâce à fichesauteur.canalblog.com cliquez ici.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 29 mars 2020

INDOMPTABLE, le livre de MILEY AARON

*Elle reconnaît John. Il est sur le brancard et sous respirateur. Son visage et son corps sont couverts de sang. Un médecin urgentiste lui donne les premiers soins Lorsqu’elle s’approche, son cœur se serre. C’était donc ça le message… * (Extrait : INDOMPTABLE, Miley Aaron, Érato Éditions, collection Kama, 2016, édition numérique, 360 pages)

Il y a parfois des questions qui restent sans réponses. Il y a des types qui ont le besoin de faire du mal aux autres pour se prouver qu’ils existent. Et si de nos jours, un jeune PDG mondialement connu, bien sous tous rapports en apparence, n’était en réalité qu’un masque ? Un peu trop sadique sur les bords. Pourquoi toutes les jeunes femmes qui deviennent son assistante disparaissent-elles sans laisser de traces ? Dans ses locaux, seules ses règles comptent. Gare à celui qui les outrepasse.

L’ADDICTION AU MAL
Ava jeta un coup d’œil sur le test de
grossesse : La réponse est là devant
ses yeux. –Maintenant je sais que je
ne porte pas le fils du diable en moi.
(Extrait : INDOMPTABLE)

C’est un livre qui ébranle et je vous avertis tout de suite, il ne s’adresse pas aux personnes sensibles. L’histoire est celle d’une jeune femme nommée Avalon. Si, dans LE CYCLE DU GRAAL, Avalon était l’île où a été emmené le roi Arthur après sa dernière bataille, c’est aussi l’endroit où a été forgée l’épée EXCALIBUR qui bien représenter le caractère bien trempé de la jeune femme. Elle en aura besoin car elle va passer un sale quart d’heure.

Avalon a eu deux plaies dans sa vie : son beau-père, un fou sadique, violent et manipulateur qui la battait pour le plaisir. Elle a fini par s’en échapper pour retomber dans un autre redoutable filet, celui de Ryan Evans, un jeune PDG assis sur un pouvoir aussi énorme que sa fortune.

Un autre cinglé dangereux qui s’amuse à faire souffrir psychologiquement et physiquement jusqu’à une mort lente et horrible de sa victime, toujours des jeunes femmes, dont Avalon, qui ont lié un obscur contrat avec Evans.

Dylan, le beau-père et Ryan Evans sont deux cinglés tordus qui adorent faire souffrir et qui n’hésitent pas à tuer avec le sourire avant de passer à la victime suivante. Avalon est prise dans ce piège mais elle est différente des autres. C’est une battante. Le chef de la sécurité d’Evans le remarque et il se développe un petit quelque chose entre eux. Ryan l’apprend et ça va le rendre encore deux fois plus fou.

C’est un livre dans lequel deux pervers malades se livrent à un jeu de pouvoir avec des raffinements de cruauté et de sadisme, sans aucune compassion, aucun remord…absence totale d’empathie. Il aurait été intéressant d’avoir plus d’éléments pour comprendre la psychologie de Dylan et Ryan Evans en particulier, l’intrigue est bien construite mais les souffrances et les remords s’empilent et j’ai trouvé qu’il y avait une certaine redondance.

Le fil conducteur est très solide et la plume acérée de Miley Aaron m’a poussé à tourner page après page. Le rythme est rapide et en cours de lecture, il est intéressant de voir évoluer la relation entre John et Avalon et surtout d’essayer de deviner comment ils vont se sortir d’un étau qui se resserre lentement et cruellement.

C’est un livre que les amateurs du genre *extrême violence*  vont sûrement beaucoup apprécié. Les souffrances infligées et les meurtres perpétrés sont sans pitié, sans compassion, sans empathie et répondent à un besoin profond de jouir du pouvoir de vie et de mort.

INDOMPTABLE n’est pas mon genre, je n’ai pas trop aimé…trop de haine, de morts, de violence, pas d’échappatoires, de diversions, aucun humour… mais je sais qu’il y a de la qualité dans le développement et que la trame est haletante. Je suis sûr que les lecteurs et lectrices au cœur solide devraient aimer ce livre qui se lit quand même vite et bien.

Je pourrais ajouter en terminant que cette œuvre, réalisée par un auteur émergent n’est pas sans faire réfléchir sur les dangers du pouvoir et surtout la combativité. Aaron est donc à suivre. Juste un petit mot sur la finale…elle est étrange et un peu expédiée. Elle ouvre la voie en tout cas à une suite. Où se positionneront Avalon et John dans tout ça? Je me demande si la suite sera aussi oppressante… À suivre.

Suggestion de lecture : CHARADE, de Laurent Loison

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Encore une autre qui se cache derrière l’objectif. On sait peu de choses de l’auteure.

Miley Aaron, est une écrivaine émergente. Dans son blog elle se présente comme suit : Anciennement perfectimperfection, je reviens avec un nouveau blog et en pleine forme =)! Venez découvrir la routine d’une ordinary girl qui souffre de douleur chronique au dos mais qui a décidé de croquer la vie à pleine dents et de se battre contre la maladie quoi qu’il arrive 🙂 !

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 22 mars 2020

MOMENTUM, le livre de PATRICK DE FRIBERG

*À la moindre hésitation de sa part, sa vie, sa carrière, sa légitimité seraient considérées comme celles d’un criminel de droit commun au mieux, et au pire, il serait lâché entre les mains du grand frère américain et de ses débauchés paranoïaques de La CIA* (EXTRAIT : MOMENTUM, Patrick de Friberg, les Éditions
Goélette, 2011, édition de papier, 320 pages)

Beaupré, 1962. Un jeune Soviétique fanatisé est infiltré au Québec sous l’identité d’un immigrant anglais. Moscou, 1985. Le KGB met sur pied un complot qui lui permettrait de prendre le contrôle du gouvernement du Canada. Québec, 2012. Gilles Drouin est en tête des sondages. Il sera le prochain premier ministre sur fond de magouilles et de meurtres… Ajoutons à cela une mission secrète initiée trente ans plus tôt dans un troisième pays, une magouille autour du KGB, des services secrets et une galerie de personnages aux motivations singulières. Question… la fiction pourrait devenir réalité ?


LE CÔTÉ OBSCUR DES SERVICES SECRETS

*Il l’avait laisser débiter son baratin au sujet
de retrouvailles et avait déployé de grands
efforts à la trouver suffisamment belle pour
l’emmener dans la chambre. Jusqu’à lui
faire l’amour. Dans la brume, le soleil se
cachait. Il sortit son pistolet…*
(Extrait : MOMENTUM)

C’est un livre m’a captivé pour plusieurs raisons, d’abord son actualité. Revenons d’abord sur le synopsis : les services secrets russes qu’on appelait autrefois le KGB s’impliquent dans la campagne de Gilles Drouin, pressenti comme prochain Premier Ministre du Québec.

La Russie compte ainsi à long terme, prendre le contrôle du gouvernement canadien. Des espions et contre-espions œuvrent dans l’ombre pendant que Gilles Drouin est en tête des sondages et que s’accumulent meurtres et obscurs complots.

Le livre MOMENTUM a été publié en 2011. Je ne sais pas si la plume de Patrick de Friberg était prémonitoire mais son livre est encore aujourd’hui d’une terrifiante actualité, plusieurs observateurs de la politique américaine considèrant que la Russie de Vladimir Poutine s’est impliquée dans l’élection américaine de Donald Trump en 2017.

Le récit est aussi fort intéressant compte-tenu que le Québec est au cœur d’un obscur plan d’action impliquant les services secrets russes et français, la CIA américaine et le gouvernement du Québec. Pour ce qui est de mettre le Québec à l’avant-scène d’un complot d’espionnage, l’auteur a bien tiré son épingle du jeu, d’autant que le cinéma ne nous a pas encore habitué à ce genre d’intrigue, ce qui consacre l’originalité de l’histoire.

Comme je l’ai déjà exprimé en commentant sur ce site le livre de Robert Littel LA COMPAGNIE, le grand roman de la CIA, explore les souterrains des services secrets, c’est comme plonger dans un panier de crabes. C’est un territoire peu connu, mais on sait toutefois qu’il n’est pas très propre.

Plusieurs pensent que les services secrets ont joué un rôle majeur dans l’équilibre géopolitique actuel, mais à quel prix, meurtres complots, infiltration et même des guerres. Dans MOMENTUM, De Friberg vient nous rappeler que le système n’a jamais été repensé.

J’ai parlé de panier de crabes plus haut, c’est un peu ce qu’on trouve dans MOMENTUM et c’est là la faiblesse du récit : la trame est complexe parce que l’histoire implique une grande quantité de personnages, plusieurs pays et les motivations politiques de la Russie demeurent assez obscures.

Donc malgré un effort évident de ventilation et de simplification, l’histoire demeure compliquée : Résumons…On a une équipe de tueurs russes à nos trousses, mais qui a soudainement renoncé à l’évidente mission de récupération de l’ambassadeur. On a l’élection prochaine d’un premier ministre du Québec dont on sait qu’il était l’amant du mort et qu’il est vraisemblablement un agent du KGB (Extrait)

Donc, c’est pas évident de suivre l’histoire jusqu’au bout sans confondre les personnages dont plusieurs changent de nom. Toutefois, le fait que l’intrigue se déroule en grande partie au Québec et que l’actualité démontre clairement que l’implication d’un pays dans l’élection d’un autre pays est une réalité formant un tout qui motive le lecteur et la lectrice à se concentrer pour bien comprendre le rôle de chacun et où tout le monde s’en va.

Je crois que ça vaut la peine de bien saisir l’intrigue car elle nous mène à une finale surprenante…une finale qui m’a donné des frissons dans le dos. Donc ce livre m’a aspiré et a provoqué bien sûr quelques questionnements sur la vie privée entre autres et sur l’espionnage. Entendons-nous…je ne deviens pas paranoïaque mais on peut quand même se questionner. Un bon divertissement…à lire : MOMENTUM de Patrick de Friberg.

Suggestion de lecture : LE DOSSIER MÉTÉORE, de Benjamin Faucon

Patrick de Friberg est un écrivain français né en 1964. Il a vécu à Château-Richer près de Québec. Il se spécialise dans les romans d’espionnage et d’anticipation. Son œuvre, en pleine évolution, est déjà doté d’honneurs significatifs dont le grand prix 2011 du Cercle Littéraire Caron. Il a été élu Chevalier des arts et des lettres en 2015. Patrick de Friberg a traduit LA VÉRITABLE HISTOIRE DE L’AMÉRIQUE DES SIXTIES de John Barnet. Il a publié près d’une vingtaine de livres et ça continue.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le dimanche 16 février 2020

MALA VIDA, le livre de MARC FERNANDEZ

*Franco est mort, pas les franquistes. Les
électeurs ont la mémoire courte et
quarante-cinq ans de dictature n’ont pas
suffi. Le peuple a choisi de donner le
bâton pour se faire battre de nouveau.*
(Extrait : MALA  VIDA, Marc Fernandez, Préludes
éditions, librairie générale française, 2015,
édition numérique et papier, num. : 200 pages)

En Espagne, la droite dure est élue après 12 ans de pouvoir socialiste. Une majorité absolue pour les nostalgiques de Franco dans un pays qui a la mémoire courte. Au milieu de ce renversement, une série de meurtres est perpétrée à travers le pays. Les victimes : un homme politique, un notaire, un médecin, un banquier et une religieuse. Rien ne semble relier ces crimes… un journaliste radio spécialisé en affaires criminelles, Diego Martin, décide d’enquêter sans se douter que son enquête va le mener au plus près d’un scandale national qui perdure depuis des années, celui dit des *bébés volés* de la dictature franquiste.

AVANT-PROPOS :
Les bébés volés de l’Espagne

En Espagne, sous le régime de Franco, entre 1939 et 1975, plus de 30 000 enfants sont retirés à leur mère, pour des raisons idéologiques, basées sur les thèses controversées d’un psychiatre lui-même proche de Franco, le docteur Antonio Vallejo Nagera. Complètement dépourvu de fondement scientifique, le rapport du docteur déclare:

*…Les relations intimes existant entre le marxisme et l’infériorité mentale sont évidentes et concluent, sur base de ce postulat, que la mise à l’écart des sujets, dès l’enfance, pourrait affranchir la société de cette idéologie.* 

Les enfants étaient déclarés mort-nés puis placés dans des familles franquistes. Les estimations relatives au nombre réel de ces enlèvements sont sous-évaluées et pourraient même atteindre 300 000 victimes. Après la mort de Franco, les enlèvements, prenant des allures de commerce, se sont poursuivis jusqu’aux années 1980. Cette affaire qui entache l’histoire espagnole est toujours d’actualité.

LE RÈGNE DE LA HONTE
*Ils nous ont indiqué une tombe dans le cimetière
non loin de l’hôpital, où ils disaient avoir enterré
mon  enfant. Je suis sûre qu’elle est vide. Que mon
fils ne s’y trouve pas pour la simple raison qu’il ne
s’y trouve pas…Ils ont volé mon bébé…*
(Extrait : MALA VIDA)

C’est dans le contexte expliqué en avant-propos que se développe le récit de Marc Fernandez. Il est difficile de séparer les faits historiques avérés des éléments de fiction. Donc il ne s’agit pas d’un roman historique. Le roman ne brille pas non plus par les techniques policières.

Appelons cela une intrigue avec un fort penchant pour le roman noir. Y a-t-il en effet plus cauchemardesque pour une mère de se faire voler son bébé alors que le cordon ombilical vient à peine d’être coupé ? Voilà donc la véritable signification du titre : MALA VIDA : Mal de vivre. Quelle mère peut s’en remettre.

Marc Fernandez ne se gêne pas pour dévoiler les détails de l’opération la plus sordide réalisée sous l’ère de Franco, le tout sur fond de vendetta. Cinq meurtres qui ne sont apparemment pas liés mais qui ont un point en commun : une balle dans la tête…genre *règlement de compte*.

Entre temps, un parti d’extrême droite vient de prendre le pouvoir laissant à penser que le peuple d’Espagne n’a retenu aucune leçon de la dictature encore récente d’un monstre. Évitant presque miraculeusement la purge médiatique, un journaliste, Diego Martin veut élucider ces meurtres. Il ne se doute pas qu’il s’approche d’un scandale national d’une incroyable ampleur. Parallèlement, une avocate, Isabelle Ferrer fonde l’Association Nationale des Enfants Volés et réveille la douleur de l’Espagne.

Même s’il est difficile de séparer le vrai du faux dans ce récit, j’ai quand même senti une certaine précision dans la plume de Fernandez qui dévoile le scandale à la petite cuillère, lentement, graduellement. Ça donne au récit un caractère haletant et bien sûr ça garde le lecteur chaud.

Et puis Fernandez sait quand même de quoi il parle ayant travaillé longtemps au COURRIER INTERNATIONAL comme spécialiste de l’Espagne et de l’Amérique latine. C’est crédible, bien documenté. Mais pour bien séparer l’intrigue du caractère historique, j’ai dû faire une recherche sur le scandale des bébés volés. Cette recherche, brève et précise m’a permis de mieux apprécier le livre.

C’est vrai, l’histoire est haletante et choquante. Les détails sont dévoilés au compte-goutte avec un exceptionnel savoir-faire. Ça compense pour le style plutôt froid des personnages. Ils sont peu attachants et pas tous crédibles. Leur psychologie est peu développée, en particulier celle du tueur ou de la tueuse en série (je vous laisse découvrir).

Il y a toutefois un personnage intéressant pour son profil de femme active, débrouillarde, imaginative et efficace : Ana, une transsexuelle, ancienne prostituée devenue détective privée et qui semble avoir un carnet de contact très bien fourni. J’aime bien ce genre de personnage coloré sur qui on peut compter pour faire bouger les choses.

Dans l’ensemble, MALA VIDA n’est pas un roman d’une grande profondeur. Son style est plutôt journalistique, parfois télégraphique. Je comprends ce type de développement. Aller au fond des choses aurait nécessité des milliers de page. Mais le récit évoque la douleur profonde de milliers de mères privées sur le coup de leur raison de vivre, une douleur d’autant pénible qu’encore de nos jours, elle fait grimacer l’Espagne.

Donc MALA VIDA est un roman actuel au rythme très élevé. Pas de temps morts, excellente ventilation. La réalité chevauche la fiction, mais en revanche, il vient chercher le lecteur par les questions qu’il pose et qui sont de grands classiques : comment dénoncer et éviter les exactions et abus de pouvoir d’un gouvernement.

Est-ce que la justice devrait dépénaliser le fait de se faire justice soi-même, Est-ce que la communauté internationale devrait intervenir dans une dictature et est-ce que le principe de l’amnistie est acceptable. Beaucoup de matière à réflexion quoi…

Suggestion de lecture : IL N’EST SI LONGUE NUIT, de Béatrice Nicodème


Marc Fernandez, cofondateur et rédacteur en chef de la revue Alibi consacrée au polar, est journaliste depuis plus de quinze ans. Il a longtemps été chargé de suivre l’Espagne et l’Amérique latine au Courrier international. Il est également coauteur de plusieurs livres d’enquêtes (La ville qui tue les femmes, Hachette Littératures). Mala Vida est son premier roman en solo

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 2 novembre 2019

BILLY-ZE-KICK, le livre de JEAN VAUTRIN

*« Chère Julie-Berthe. Je suis près de toi. Partout et nulle part. Je te regarde dormir. Je suis prêt à t’obéir. Un mot de toi et j’exécuterai tes ordres. Désigne-moi qui tu Veux tuer et tu verras ce sera fait. Ton dévoué Billy-Ze-Kick » * (Extrait, BILLY-ZE-KICK, Jean Vautrin, Éditions Gallimard, Série Noire, 1974, édition numérique et de papier. 145 pages num.)

Un fou dégomme au fusil à lunette une mariée à la sortie de l’église… Un horticulteur refuse le bétonnage de ses terres et piège son terrain… Des gosses s’enferment dans les caves des tours et y passent des heures… La banlieue est devenue dangereuse, la mort rôde. Julie-Berthe, dans ce décor, a sept ans, zozotte et est terriblement précoce. Elle adore les zizis et les zézettes. Oui, Julie-Berthe est un ange ! Son père, qui pensait se la couler douce au commissariat en l’absence du chef, se retrouve dépassé. Sa fille, orchestre le chaos. Billy-ze-Kick est son prince charmant : il fera ses quatre volontés… Billy serait un mythe enfantin si le sang qu’il verse n’était pas réel.

UN VRAI TUEUR IMAGINAIRE
*Billy-Ze-Kick ouvrit les yeux…Maintenant venait le temps
de la réflexion. Une sourde angoisse lui nouait l’estomac.
Avec le meurtre de la mariée (il préférait dire le coït), il
avait été totalement imprudent. Il avait obéi à une espèce
d’urgence, à une sorte de soumission inconsciente.*
(Extrait : BILLY-ZE-KICK)

C’est un récit étrange. Un roman très noir qui tourne autour d’une étrange famille : Roger Clovis Chapeau, inspecteur de police très attaché à ses prérogatives et au prestige lié à son titre. Julie Chapeau, sa femme, un peu volage et Julie-Berthe Chapeau, une petite fille à l’esprit perturbé et qui souffre d’un sévère problème langagier : elle *zozotte* :

*Papa dit que si ze développe mon intelligence, zirai loin à condition que les cochons me bouffent pas. Qui mettent pas leurs sales pattes sur mon derrière. C’est comme ça qui l’appelle mon popotin, M. Chapeau, mon papa.* (Extrait)

Clovis a pris l’habitude de raconter à sa fille des histoires policières et de meurtre ayant comme personnage central un garçon susceptible, capricieux et violent : BILLY-ZE-KICK. Or, depuis quelques temps, des meurtres sont commis dans la ville de Clovis… des meurtres calqués sur les histoires que raconte le policier à sa fille :

*Un être qu’il avait fabriqué de toutes pièces. Il venait de lui lâcher la main, de lui faire faire ses premiers pas, BILLY-ZE-KICK venait de débuter dans le monde.* (Extrait)

L’histoire est très glauque et réunit une brochette de personnages égocentriques issus de la cité-dortoir des oiseaux, un *achélème* sordide et invivable dont on développe l’envie irrésistible de sortir. Dans tout ce petit monde à la recherche d’air, il y a BILLY-ZE-KICK, personnage basé sur le légendaire Billy-The-Kid, bête et très méchant. Je vous laisse trouver qui joue le rôle de ce personnage odieux.

Mais une chose est sûre : Julie-Berthe y est très attachée : *Si tu es Billy-Ze-Kick, dit-elle, sois gentil. Tue quelqu’un pour moi veux-tu ?…Si tu es vraiment Billy-Ze-Kick…il faut que tu tues ma maman Zuliette.* (Extrait) Graduellement, la petite fille de 8 ans devient monstrueuse…*Un zour, un zour, il faudra que ze tue quelqu’un pour voir comment ça fait. C’est une sensation que ze veux connaître* (Extrait)

Ce livre a été publié au milieu des années 70 et est très lié au contexte de l’époque. Toutefois il pose une énigme intéressante au lecteur : Qui est Billy-Ze-Kick? Un gangster qui s’en sort toujours mais encore ?

Le livre propose donc un défi au lecteur, un défi particulier d’autant qu’il projette dans l’univers complexe de la maladie mentale et de plus, il m’a poussé à la réflexion ou tout au moins à me poser la question : Est-ce que tout le monde n’a pas dans son imaginaire un billy en dormance ?

Je serais curieux de voir quelle proportion de lecteurs se sont attachés à Billy parce qu’entre autres raisons, il est vulnérable. Pourtant, c’est un personnage odieux et insensible pour qui tuer est virilisant. Le livre a certaines caractéristiques de l’étude de mœurs.

Donc j’ai aimé ce livre, c’est une histoire intéressante mais elle a mis ma patience à l’épreuve à cause de son langage très argotique…un jargon poussé pas à peu près : *À c’t’heure, Chariot Bellanger refoulait du goulot et bobinait du côlon avec enflure du pancréas et tortillon dans le grêle tripou tellement son épicurien dîner s’avérait difficultueux à suc-digestiver.* (Extrait)

Autre difficulté dans la lecture de ce livre : le fil conducteur de l’histoire ne tient pas la route. Le récit prend toutes sortes de direction et occulte l’enquête policière. L’auteur a plutôt misé sur la psychologie de ses personnages, leur mal de vivre leurs mœurs et les interactions entre les acteurs du drame.

Il  ne faut pas oublier aussi bien sûr, au centre,  Julie-Berthe et sa créature : BILLY-ZE-KICK. Enfin je précise que tous les propos de Julie-Berthe sont *zozotés* dans le récit. Ça aussi c’est pas toujours facile à suivre. C’est agaçant mais j’ai pu m’y faire avant la fin.

C’est donc un livre intéressant à lire, mais lourd et centré sur une petite fille laissée à elle-même et dont l’imagination malade donne corps à Billy-Ze-Kick. Le lecteur pénètre dans un univers déjanté où les relations humaines sont mécaniques…intrigantes…curieuses, atypiques…un défi à relever.

Suggestion de lecture : LE CHUCHOTEUR, de Donato Carrisi

Jean Vautrin (1933-2015) de son vrai nom Jean Herman était un écrivain, réalisateur, scénariste et dialoguiste français. Il gagne en notoriété dans les années 1970 avec des œuvres comme BILLY-ZE-KICK et BLODY MARY après avoir commencé à écrire sous son pseudonyme : Jean Vautrin. Autre trouvaille de l’écrivain, en 1987, avec Dan Franck, il créera le fameux personnage du reporter-photographe au grand cœur : Boro dont les aventures seront adaptées à la télévision. En 1989,  Il obtient le prix GONCOURT pour son roman UN GRAND PAS VERS LE BON DIEU. En 1998, il reçoit le prix Louis-Guilloux pour l’ensemble de son œuvre.

BILLY-ZE-KICK AU CINÉMA

BILLY ZE-KICK a été adapté au cinéma par Gérard Mordillat en 1985. Dans la distribution, on retrouve François Perrin dans le rôle de l’inspecteur Chapeau. La jeune Julie-Berthe est jouée par Cérise Bloc. Les amateurs de musique se rappelleront également qu’un groupe a pris le nom de BILLY-ZE-KICK et les gamins en folie. Ce groupe a réalisé un album éponyme sorti en France en 1994. Un groupe de punk rock moins connu a pris le nom de Billy-Ze-Kick. Dans tous les cas, le caractère noir du mystérieux personnage est avéré.

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT
Le dimanche 4 août 2019

LA BRIGADE DES LOUPS, de Lilian Peschet

*Y a comme une bête en nous. Chez les hommes normaux, elle existe aussi, suffit de voir combien de meurtres sont commis chaque jour. Mais chez nous, cette bête, elle est différente : elle est plus sauvage, plus…sanguinaire. C’est comme un monstre. Les médecins disent que nous sommes des malades, que nous sommes atteints d’une altération génétique qui fait de nous ce que nous sommes.* (Extrait : LA BRIGADE DES LOUPS, Lilian Peschet, Éditions Voy’el 2013, Collection E-court, numérique, 278 pages)

Dans un futur pas si lointain, une épidémie de lycanthropie sévit en Europe. L’action de ce récit se déroule à Bucarest en Roumanie, un des rares pays où les Lupins ont le droit de vivre en société à certaines conditions et non sans souffrir d’une cruelle discrimination. Pour enquêter sur les crimes lupins, des unités de police spéciales ont été créées, essentiellement composées de lupins. Ces unités ont pour nom LA BRIGADE DES LOUPS. Dans ce tome, qui est le premier de la série, des jeunes lupins commettent des crimes sordides qui enflamment l’opinion publique. 

LE BOULOT DES LIMIERS LUPINS
*Naresin me séquestrait depuis quinze ans. Il m’a
forcée…il m’a torturée…il voulait une meute, sa
meute…Mais la meute, c’est la mienne. Ils sont à
moi, tous…Alors quand il leur a demandé de tuer
le médecin, ils y sont allés…après ils l’ont retrouvé,
et ils l’ont tué.
(Extrait : LA BRIGADE DES LOUPS)

LYCANTHROPIE : Métamorphose d’un homme en loup-garou

AUX FINS DU RÉCIT
LUPUS : Virus qui déclenche la lycanthropie
LUPIN : Porteur du lupus

LA BRIGADE DES LOUPS est une nouvelle. C’est avant tout une histoire policière mais elle a un caractère fantastique. Les évènements se déroulent en Roumanie, un état d’Europe Centrale qui a décidé de reconnaître la lycanthropie comme une maladie officielle, à déclaration obligatoire.

Les porteurs sont tolérés quoique mis au ban de la société et faisant l’objet d’une forte discrimination. Pour enquêter sur des crimes qu’on soupçonne être commis par des lupins, on fait intervenir une brigade composée essentiellement de lupins. On l’appelle LA BRIGADE DES LOUPS.

J’ai trouvé ce récit assez percutant, voire instructif dans une certaine mesure. En effet, il pousse un peu à l’introspection car il n’est pas sans nous rappeler le traitement réservé aux personnes atteintes du sida dans les premières années suivant l’identification du virus ainsi que la discrimination raciale qui entache depuis toujours l’histoire de l’humanité.

Il y a aussi beaucoup d’autres tares en cause comme les menaces d’éradication, les manipulations génétiques douteuses, la vieillesse pour ne nommer que celles-là. Donc la petite leçon qu’on peut tirer de ce récit en est une de tolérance.

Une autre force du récit est son caractère descriptif entourant la lycanthropie comme telle. *Ce mec, quand il est sous sa forme monstrueuse, il est différent. Il vibre. Il vit vraiment. C’est bizarre, parce que nous, c’est l’inverse, on est éteints.* (Extrait : LA BRIGADE DES LOUPS)

La métamorphose et la psychologie des lupins sont détaillées avec recherche et efficacité. Donc, le thème central est très bien développé. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant des thèmes collatéraux. Ce qui m’amène à parler de la principale faiblesse du récit.

L’histoire est développée beaucoup trop vite. C’est narré à toute vitesse avec comme conséquence que plusieurs grands thèmes ont été escamotés. J’aurais en effet beaucoup apprécié en savoir davantage sur la politique du gouvernement relative aux lupins, les tentatives d’encadrement social, l’environnement, l’historique du virus.

Il aurait aussi été intéressant d’en savoir plus sur la Roumanie, pays qui abrite entre autres la Transylvanie, connue pour sa mythologie entourant Dracula. S’en tenir au strict minimum a un petit côté frustrant et donne souvent une narration superficielle. En fait, il y avait matière à roman.

Je sais bien. LA BRIGADE DES LOUPS est une nouvelle et qu’une nouvelle se bâtit sur l’idée de départ de couper court. Mais ici, je crois qu’une meilleure recherche de l’équilibre aurait grandement enrichi le récit. Mai pour ceux qui aiment passer directement au vif du sujet, l’histoire est concise, on s’y accroche assez rapidement car elle comporte beaucoup d’action et la finale prépare adéquatement à la suite. À vous de découvrir si ça vaut la peine de continuer.

Lilian Peschet est un écrivain français. Il est passionné d’internet et de technologie. Il adore aussi les jeux de rôle et les jeux de figurines. Son thème privilégié est l’adolescence. Il s’intéresse aussi beaucoup aux fondements de la violence. L’auteur, que plusieurs perçoivent comme un peu excentrique déclare, dans la présentation qu’il fait de lui-même : *Si tous ces thèmes ne te parlent pas, inutile de t’attarder. Passe ton chemin. Sinon, prend tes aises. On va passer un sale bon moment.*

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le dimanche 29 juillet 2018

LA SANCTION, le livre de ROGER DELISLE

*-Qu’avez-vous donc en tête?» Roby se tourna vers le policier, un sourire énigmatique aux lèvres. «Le faire chier dans son froc. Nous appellerons ça l’opération peur bleue. N’est-ce pas exotique? Comme chez les agents secrets. –Barnak!» L’indien riait maintenant de plus belle en tapotant amicalement l’épaule de Bouchard.*
(Extrait : LA SANCTION, Roger Delisle, version papier, Éditions Thélès , 2008, et pour la version numérique : Les Éditions L@Liseuse, 2015. 265 pages)

Deux amis, Roby et Chung passent quelques jours en Floride en compagnie d’un troisième camarade : Jos Pierre. Après une soirée bien arrosée, les trois amis vont se coucher. Roby O’Sawin, un amérindien et Jos Pierre, un informaticien canadien d’origine haïtienne partagent  la même chambre. À son réveil, Roby constate avec horreur que son ami est mort poignardé. L’enquête sur cette mort mystérieuse a été confiée à un policier à la retraite, pour qui commence une chasse intensive. Il semble que le temps presse car d’autres meurtres incompréhensibles sont commis.

Beaucoup de morts en chemin
*«Le temps est venu, Peau Rouge de retrouver ton grand
Manitou!» Marmonna-t-il tout en esquissant un petit
sourire. Il mit deux secondes à cadrer la nuque de
l’indien, à calmer le souffle de sa respiration et, au
moment où Ray franchissait les limites de la réserve, il
pressa la détente. Puis, il abaissa son arme, examina
le travail et satisfait susurra : «Kiss you Good bye Redskin»*
(Extrait : LA SANCTION)

Dès le début de l’histoire, l’auteur donne le ton, démarre sur un rythme fort qui malheureusement, connaîtra des ratées dans le premier tiers du livre avant de remonter dans un crescendo plus constant. Au lendemain d’une substantielle beuverie, Roby O’Sawin trouve son copain Jos, mort poignardé en plein cœur avec un couteau indien.

Étrange si on tient compte du fait que Roby et Jo partageait la même chambre. Dans ce cinquième roman de Roger Delisle, tout laisse supposer au départ qu’il s’agit d’un simple meurtre. Pour tout le monde, la culpabilité de Roby est évidente sauf pour Paul Bouchard, un policier québécois à la retraite qui enquête sur le meurtre…une enquête non officielle, mais qui va le mener très loin.

Lorsqu’il apprendra que Jo était beaucoup plus qu’un simple informaticien mais un hacker de génie et c’est ce génie qui lui a coûté la vie, l’enquête de Bouchard prendra des dimensions internationales tout à fait imprévues et pour le moins surprenantes.

Si je vous disais que Jos travaillait avec Roby pour une multinationale extrêmement puissante sous contrat avec l’armée américaine. Dans un tel contexte, il y a des choses très alléchantes pour un hacker.

Bouchard doit enquêter au Québec, dans des réserves indiennes comme Odanak et aux États-Unis et fera vibrer des cordes extrêmement sensibles comme les petits trafics illégaux dans les réserves indiennes et davantage s’il doit réveiller ce dragon qu’est l’armée américaine.

Quand j’ai entrepris la lecture du livre, j’étais un peu méfiant car il m’avait semblé avoir vu cet environnement dans d’autres romans et effectivement LA SANCTION est une variation d’un thème connu et un peu élimé. Ça rend la trame en partie prévisible. Je dis bien en partie car des surprises attendent le lecteur.

Mais justement, comme lecteur, j’ai dû composer avec quelques irritants : d’abord comme je l’ai mentionné au début, l’histoire commence par un meurtre puis le rythme tombe complètement. Autrement dit, l’histoire prend du temps à décoller et sur le plan descriptif, il y a aussi beaucoup de longueurs. Certains passages m’ont aussi semblé surréalistes. L’ensemble souffre de séquences décousues qui nuisent au rythme.

Le livre a cependant des forces intéressantes. Je pense que le côté attachant de certains personnages contribuent à garder le lecteur dans le coup. Paul Bouchard, le policier donne l’impression du bon père de famille, patient sympathique mais aussi fonceur et acharné.

Et Roby O’Sawin, aussi costaud que sensible m’a plu dès le départ. Aussi, l’auteur développe avec une belle habileté la situation dans les réserves indiennes et la tension qui y règne spécialement quand des blancs curieux s’y pointent.

C’est pire quand il s’agit de policiers. Les relations interculturelles sont évoquées avec recherche, sensibilité et justesse. Mais le personnage qui nous rend le plus captif est Paul Bouchard, un homme attachant et authentique qui fera tout pour faire éclater une vérité à laquelle personne ne s’attend. Cet aspect du livre est tellement fort qu’on a envie d’être à ses côtés pour le soutenir, l’encourager et l’aider.

En fin de compte LA SANCTION est un bon polar avec beaucoup de rebondissements malgré quelques longueurs, un côté surréaliste et un magnifique *happy ending* …suffisamment palpitant pour accrocher un passionné de littérature québécoise en particulier et en général, le lectorat qui a un faible pour les suspenses.

Suggestion de lecture : du même auteur : CONTRECOUPS

Roger Delisle est un écrivain québécois né le 18 octobre 1942 à St-Joseph-de-Sorel. Le goût de la lecture l’a vite conduit à vouloir écrire ses propres récits. Puis, l’écriture est devenue une passion qu’il a voulu convertir en profession. Même pendant ses études et sa carrière d’administrateur, il n’a jamais remisé ses objectifs et ses passions littéraires. En 1994, il  décide de ralentir ses activités professionnelles et de consacrer plus de temps à la littérature. Il poursuit son rêve de faire connaître et apprécier, au niveau international, ses romans: LE MERCENAIRE DE LG2 (Leméac 1987), LE DERNIER MANDAT (JCL 1998), CONTRECOUPS et bien sûr, LA SANCTION.

BONNE LECTURE
JAILU/Claude Lambert
25  février 2017 

LA CHORALE DU DIABLE, de MARTIN MICHAUD

*Le tueur est là, en bas des marches. Il s’apprête à franchir les portes menant
à la station de métro Bonaventure. Le tueur retire sa cagoule…surtout, ne pas
créer de mouvement de panique…*
(extrait de LA CHORALE DU DIABLE de Martin Michaud, éditions Goélette, Qc, 2011, éd. Num. 421 pages)

Avant de se suicider, un homme tue une femme et trois enfants…un carnage d’une horreur indescriptible.  Le meurtrier présumé serait le mari. Deux jours plus tard, une alerte Amber (alerte-enlèvement à grande échelle) est déclenchée : une jeune fille faisant de la porno sur internet est kidnappée. Comme les deux drames semblent sans lien au début, chaque affaire est confiée à un policier. Les deux enquêtes vont finir par converger et elles seront d’autant compliquées que les deux policiers se détestent cordialement.

Ils s’engageront néanmoins dans une démarche dangereuse les conduisant dans plusieurs villes du Québec et même jusqu’au Vatican. Évoluant dans un monde obscur de fanatisme religieux et de perversité dans une enquête parsemée de morts, Victor Lessard et Jacinthe Taillon se rapprochent de la découverte d’un secret terrifiant : celui de la chorale du diable.

Un secret effrayant
*…Est-ce que ça -fitterait- avec des satanistes
de mettre en scène des meurtres, en essayant
de reproduire une invasion de mouches
inspirée du quatrième fléau?*
(extrait de LA CHORALE DU DIABLE)

Avec sa plume puissante et fort bien structurée, Martin Michaud nous livre un récit intense qui évoque les travers les plus tordus de la nature humaine : cruauté, sadisme, violence, pédophilie, satanisme et j’en passe. Je pense que le lecteur doit bien évaluer la sensibilité de son âme avant d’entreprendre la lecture de ce livre et savoir aussi qu’il ne donne pas une image très flatteuse de l’Église Catholique. Une fois commencée la lecture de l’histoire, je me suis senti comme une mouche dans une toile d’araignée…difficile d’en sortir.

L’auteur a imaginé une enquête extrêmement complexe et tentaculaire, car elle amène autant l’enquêteur de l’histoire que le lecteur dans de multiples directions avec de multiples rebondissements pour chaque direction.

Une phrase captée en cours de lecture et qui concerne l’enquêteur Victor Lessard résume très bien la complexité de l’histoire : *…Il ne peut s’empêcher de frissonner : il se heurte à quelque chose de beaucoup plus grand que lui, une bête à multiples tentacules qui le dépasse et qui lui flanque une peur irraisonnée.* (Extrait LA CHORALE DU DIABLE)

Je parle souvent dans mes commentaires de l’importance du fil conducteur d’une histoire…cette espèce de lien qui garde le lecteur dans le coup. Ce fil conducteur prend une importance capitale dans un récit aussi multidirectionnel que LA CHORALE DU DIABLE. Dans ce récit, il y en a deux…et deux solides : d’abord la chorale.

L’auteur dévoile très graduellement le lien entre la chorale et les meurtres. Et puis, il y a les mouches…alors ça c’est une trouvaille : l’omniprésence des mouches dans le récit…des essaims de millions de mouches…

En plus d’établir un lien entre les mouches et l’apocalypse, l’auteur nous livre sa petite explication judiciaire et médico-légale : *…Lessard sait que l’entomologie judiciaire s’intéresse généralement aux mouches et autres insectes qui, les uns après les autres, viennent se nourrir des cadavres en décomposition, parce que ce comportement permet de fixer avec précision le moment de la mort.* (extrait LA CHORALE DU DIABLE)

Mais voilà, dans le récit, il y a beaucoup trop de mouches pour que ce soit naturel. Quoique l’auteur mette le lecteur sur la piste (avec retenue), il ne livre l’explication du mystère qu’à la fin.

Autre lien intéressant dans le récit, la présence constante d’hommes d’église et vous pouvez me croire, ce ne sont pas tous des enfants de chœur et leur rôle dans l’histoire est issu d’une motivation très particulière qui m’a laissé pantois.

LA CHORALE DU DIABLE est un polar bien ficelé, puissant qui rappelle un peu Dan Brown dans le dévoilement progressif de l’intrigue et la multiplicité des indices. Les personnages principaux : les enquêteurs Victor Lessard et Jacinthe Taillon sont deux mufles, mais étrangement, deux mufles attachants.

À vous amis lecteurs de découvrir pourquoi. La violence y est très descriptive…trop à mon goût, mais si vous avez le cœur solide, je vous recommande LA CHORALE DU DIABLE déjà bardé de reconnaissances littéraires : PRIX SAINT-PACÔME du meilleur roman policier en 2011, et PRIX ARTHUR- ELLIS remis au meilleur roman policier francophone publié au Canada en 2012.

Suggestion de lecture, du même auteur : SOUS LA SURFACE

Né à Québec en 1970, Martin Michaud est un véritable homme-orchestre : avocat, scénariste, écrivain, il est aussi musicien. Sur le plan littéraire, il s’est spécialisé dans le thriller à forte intensité. Ses trois premiers ouvrages (IL NE FAUT PAS PARLER DANS L’ASCENSEUR et LA CHORALE DU DIABLE en 2011, JE ME SOUVIENS en 2012) obtiennent un succès spontané et fulgurant avec la création d’un personnage tourmenté mais d’une impeccable moralité : Victor Lessard. 

Pour en savoir davantage sur cet auteur déjà qualifié de maître du thriller québécois, consultez son site internet michaudmartin.com

BONNE LECTURE

JAILU

AOÛT 2015