GERMINAL, le classique de ÉMILE ZOLA

*Un raclement monta de sa gorge, il cracha noir. -Est-ce que c’est du sang ? Demanda
Étienne, osant enfin le questionner. Lentement, Bonnemort s’essuya la bouche d’un revers de main. -C’est du charbon…j’en ai dans la carcasse de quoi me chauffer jusqu’à la fin de mes jours.*

(Dans la série LES ROUGON-MACQUART #13, parution originale : 1878 chez Flammarion, collection Folio Classique, 640 pages. Éd. Num. 50 chef d’œuvre que vous devez lire avant de mourir)

À PROPOS DES ROUGON-MACQUART

LES ROUGON-MACQUART ou histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second empire comptent vingt romans qui s’échelonnent de LA FORTUNE DES ROUGON (1871) au DOCTEUR PASCAL (1893). L’origine du projet remonte à 1868 alors que Zola part de l’idée d’un cycle qui se déploie en suivant l’arbre généalogique d’une famille.

Pour décrire LES ROUGON-MACQUART est encore je citerai  Maître Zola lui-même, dans un propos publié par Encyclopaedia Universalis : « Je ne veux pas peindre la société contemporaine, mais une seule famille, en montrant le jeu de la race modifiée par les milieux. Si j’accepte un cadre historique, c’est uniquement pour avoir un milieu qui réagisse ; de même le métier, le lieu de résidence sont des milieux…»

Les Rougon-Macquart #13 : GERMINAL

         

Etienne Lantier part, en pleine crise industrielle, dans le Nord de la France, à la recherche d’un emploi. Devenu mineur, il tombe amoureux de Catherine Maheu, maîtresse d’un autre ouvrier, Chaval. Etienne, endurant des conditions de travail inhumaines, voit sa conscience sociale s’affirmer. Lorsque la société minière baisse les salaires, il enjoint ses compagnons à se mettre en grève.

Le conflit est âpre et dur, l’arrivée des soldats en durcit le déroulement qui prend un tour sanglant. Lorsque, résignés, les mineurs reprennent le travail, la mine est sabotée : Etienne, Catherine et Chaval sont bloqués à l’intérieur. Etienne tue Chaval et devient enfin l’amant de Catherine, qui meurt dans ses bras avant l’arrivée des secours. Etienne part pour Paris, certain que son exigence de justice finira par triompher.

LES AURORES  DU SYNDICALISME
Qu’on dise un peu si les travailleurs avaient eu leur
part raisonnable, dans l’extraordinaire accroissement
de la richesse et du bien -être, depuis cent ans ?
On s’était fichu d’eux en les déclarant libres : Oui,
libres de crever de faim, ce dont ils ne se privaient guère.
(Extrait)

Germinal est un roman publié en 1878. C’est un drame social qui raconte l’histoire d’Étienne Lantier, un jeune homme un tantinet caractériel, en tout cas suffisamment pour avoir giflé son employeur à la suite d’une dispute. Lantier est viré, devient donc chômeur et décide de partir dans le nord de la France pour tenter sa chance dans les mines.

Il débarque à Montsou et tombera amoureux de Catherine. Cette amourette qui finira en triangle amoureux entretiendra disons la partie sentimentale de l’histoire. Pour moi ça ne présente pas grand intérêt et ça crée du remplissage pas toujours utile. C’est bien à ce niveau qu’il y a le plus de longueurs dans ce pavé de près de 700 pages.

Mais revenons à Étienne. Il se fait engager dans les mines de Montsou et est frappé rapidement par la vie de misère des travailleurs : des salaires de misère, des conditions de travail inhumaines, aucun égard pour la santé et encore moins la sécurité des travailleurs.

La misère était partout en particulier dans les regards et les estomacs. Etienne commença d’abord à s’interroger : *est-il possible qu’on se tuât à une si dure besogne dans ces ténèbres mortelles, et qu’on y gagnât même pas les quelques sous du pain quotidien…* (Extrait)

Puis il développa une conscience sociale plutôt révolutionnaire pour l’époque : *Le siècle ne pouvait s’achever sans qu’il y eût une autre révolution, celle des ouvriers cette fois, un chambardement qui nettoierait la société du haut en bas et qui la rebâtirait avec plus de propreté et de justice.* (Extrait)

Quand l’employeur décida de baisser les salaires, prétextant un contexte économique difficile, Lantier poussa les mineurs à la grève. La compagnie adopta une position inflexible et refusa toutes négociations.

Après des semaines de lutte, les mineurs, affamés, deviennent violents. Il y a des blessés…des morts. La compagnie ne bronche pas. L’estomac sclérosé, les mineurs se résignent à reprendre le travail dans des installations devenues extrêmement dangereuses suite au manque d’entretien.

Puis un ouvrier anarchiste sabote la mine. La galerie s’effondre, tuant de nombreux mineurs. Lantier voit sa belle Catherine mourir dans ses bras. Sorti vivant de cet enfer, Lantier retournera à Paris où il œuvrera à temps plein à l’organisation syndicale.

Il y a beaucoup de longueurs et un peu d’errance dans cette œuvre de Zola que je considère pourtant d’une incroyable actualité. Zola s’étend donc et ça lui ressemble, l’auteur ayant déjà une conscience de droit et de rectitude sociale très développé et ajoutons a cela un sens de la justice aiguisé comme il l’a démontré dans l’affaire Dreyfuss.

Aux longueurs il faut passer outre car dans la deuxième partie, comme se précisait la pensée de Lantier et son action par la suite, je suis devenu accro avec une montée rapide de la tension dramatique alors que les ouvriers affamés laissent éclater leur colère devenue aveugle et vont dans tous les sens.

Ce roman m’a ébranlé et je ne doute pas de sa crédibilité après la recherche que j’ai faite sur Zola qui s’est fortement documenté e portrait social de l’époque en France, les conditions dans les mines et l’avidité obscène des compagnies. Donc le roman est réaliste, l’intrigue est vigoureuse et l’auteur a évité le piège de l’exagération.

La misère décrite est noire. Quant au personnage central, Émile Lantier j’ai développé plus de compréhension sur ses motivations que d’attachement…. Toutefois, le personnage est gauche, extrémiste, un peu trop fier. Sa pensée philosophique est correcte mais sa façon de faire était inadéquate. L grève n’a servi à rien sinon à créer un inimaginable gâchis.

Bref, le roman est réaliste, l’écriture est puissante, le raccord avec notre société moderne est intéressant, l’ensemble est poignant et attractif. La finale est déchirante. Est-ce que Lantier pourrait rebâtir sur ses erreurs. Une suite serait intéressante » Toutefois le quatorzième volume des Rougon-Macquart s’intéresse à un peintre. Quant à GERMINAL, c’est définitivement un incontournable.

Suggestion de lecture : LA CONSPIRATION DE ROSWELL, de Boyd Morrison

Emile Zola publie son premier ouvrage, « Contes à Ninon » à l’âge de vingt-quatre ans. Puis il se lance dans une carrière de journaliste engagé. Son premier succès, le roman « Thérèse Raquin », lui vaut de nombreuses critiques de la part de la presse.  Puis, Emile Zola entreprend une immense oeuvre naturaliste, « Les Rougon-Macquart, histoire d’une famille sous le second empire ».

Ce projet l’occupera pendant un quart de siècle. Chacune des oeuvres montre l’affrontement des forces naturelles, soumises aux circonstances et à l’environnement social, qui gouvernent le destin des personnages.

Avec toute son ardeur combattante, son courage et le poids de sa notoriété, Emile Zola s’engage dans l’affaire Dreyfus en publiant plusieurs articles dont son célèbre « J’accuse » dans le journal « L’Aurore » du 13 janvier 1898.

Séduit par les idées socialistes, Zola souhaite proposer des remèdes sous la forme d’une vision prophétique du devenir de l’homme dans ses « Quatre Évangiles : « Fécondité », « Travail », « Vérité ». Le quatrième, « Justice », vient d’être commencé, lorsqu’il meurt « accidentellement » asphyxié dans son appartement.

GERMINAL AU CINÉMA

Photo extraite de GERMINAL, adaptation cinématographique du livre d’Émile Zola GERMINAL, réalisé par Claude Berri, production franco-belge de 152 minutes sortie en 1993, avec Miou-Miou, Renaud, Gérard Depardieu et Jean Carmet.

Bonne lecture
Claude Lambert
vendredi 18 décembre 2020

LE GLAIVE DE DIEU tome 1, livre de HERVÉ GAGNON

VENGEANCE

*Dès que Pierre eut disparu, il prit un chandelier
à sept branches qui trônait sur le grand buffet,
en alluma les bougies et le plaça à la fenêtre.
C’était le signal. Quelqu’un viendrait bientôt.
Il s’assit dans le salon et attendit. Sa tâche se
terminait et celle de son fils débutait. *
(Extrait LE GLAIVE DE DIEU, Hervé Gagnon,
Éditions Hurtubise 2013, édition de papier, 441 p.)

Montréal, 1886. Jeune professeur d’histoire, Pierre Moreau mène une existence simple et paisible jusqu’au jour où son futur beau-père l’entraîne dans une rencontre de francs-maçons. Il est alors loin de se douter que, depuis des siècles, une organisation secrète fonde de grands espoirs sur lui. Il se voit obligé d’entreprendre une quête capitale et mystérieuse, dont l’évocation seule fait trembler les hautes sphères de l’Église. À partir de ce moment, les menaces se multiplient sur son chemin, la mort frappe violemment autour de lui. Sa vie devient un cauchemar. 

LE TEMPS FORT DES MAÇONS
*Grâce à eux, un jour, les traîtres tomberaient, roulés
dans la fange de leurs mensonges puis exposés au
regard des autres pour ce qu’ils étaient vraiment. La
réputation des innocents serait lavée dans la déchéance
des tyrans. La vengeance serait consommée.
(Extrait : LE GLAIVE DE DIEU)

LE GLAIVE DE DIEU est un thriller théologique qui fait pénétrer les lecteurs et lectrices dans l’univers hermétique de la franc-maçonnerie et des templiers. Pierre Moreau, un professeur d’histoire, est entraîné dans une rencontre de francs-maçons. Il y est reçu et fera connaissance avec des personnages célèbres dont Gédéon Ouimet, ancien premier ministre du Québec et Honoré Beaugrand, célèbre journaliste et politicien.

À partir du moment où Moreau est devenu franc-maçon, sa vie bascule violemment car il se retrouve au beau milieu d’une guerre entre deux factions qui veulent s’approprier L’ARGUMENTUM qui contient un secret susceptible de faire imploser l’Église Catholique. Un secret longtemps protégé par les templiers.

Autour de Moreau, les cadavres s’empilent, sa fiancée est enlevée, lui-même est traqué car on le soupçonne d’être porteur d’une clé menant à l’argumentum. Deux factions s’opposent très violemment pour en finir : Le gladius dei veut mettre la main sur l’argumentum pour le détruire afin de protéger l’Église Catholique et l’opus Magnum qui veut récupérer l’argumentum pour le rendre public et discréditer définitivement l’Église.

Même Moreau est traqué je le rappelle. On tente de le tuer plus d’une fois. Les meurtres perpétrés dans cette histoire sont rituels et d’un haut degré de sadisme. Je vous avertis donc que certains passages pourraient vous soulever le cœur.

C’est un livre un peu tourne-page. Il est difficile d’en décrocher. Le ton est donné dès le départ et les évènements s’enchaînent rapidement, parfois imprévisibles, jusqu’à la finale qui m’a laissé pantois. On s’attache rapidement à Pierre Moreau car pour des raisons qu’il ignore complètement, sa vie devient un enfer et le lecteur se surprend presque à espérer fort que ça s’arrête.

Moreau est pris dabs un étau puissant, entre deux sectes qui ont plein de secrets à protéger, des signes pour se reconnaître, des réunions dans des endroits adaptés pour toutes de sortes de rituels parfois absurdes, le tout dans un climat de violence sans nom.

Ce qui est un peu compliqué dans ce livre, c’est de séparer le vrai du faux. Heureusement, l’auteur a écrit une note à la fin de l’ouvrage, une annexe qui départage la fiction des faits historiques. Personnellement, je ne la trouve pas complète, mais elle touche tout de même l’essentiel.

Dans son histoire, le trésor mettant en péril la survie de l’église est imaginaire. De plus, Hervé Gagnon précise :  *Les sources utilisées sont diverses et tiennent davantage de la théorie du complot que de la pratique historienne. * (extrait) Les personnages principaux sont imaginaires et évidemment la franc-maçonnerie existe et elle a même une longue histoire et il est vrai qu’elle a ses rituels.

Je me demande si l’hermétisme mentionné dans cette histoire est toutefois réel. C’est un des nombreux points que Gagnon ne précise pas dans sa note. C’est un bon livre, une histoire solide. Bien sûr, rien n’est réglé dans ce livre, il faut se référer à la suite pour connaître le sort de Pierre Moreau entre autres. L’auteur s’est arrangé pour donner le goût au lecteur de se diriger vers le tome 2 avec une finale assez singulière.

La première moitié du roman accuse des longueurs et le personnage principal est passablement brassé dans cette histoire. L’’auteur m’a fait faire un très beau voyage dans le temps, l’espace, l’histoire par le biais d’une plume nerveuse et magnifiquement documentée. C’est un excellent roman.

Vivement le tome 2 dans lequel Pierre Moreau est résolu à découvrir l’argumentum.

Suggestion de lecture : MORT À CRÉDIT, de Louis-Ferdinand Céline

Hervé Gagnon, né en 1963, a enseigné l’histoire et la muséologie dans diverses universités. Depuis 2000, il a écrit plusieurs romans pour la jeunesse, dont plusieurs ont été primés. Il est l’auteur de la très populaire série Le Talisman de Nergal.  La série Malefica, qui se penche sur les heures sombres de l’Inquisition et le sort des femmes guérisseuses, a paru chez Hugo Roman en 2014 et 2015. Il est également l’auteur de trois romans policiers ou l’enquête est menée par le journaliste Joseph Laflamme . (source)

LA SUITE

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 30 octobre 2020

ANNA CARITAS Les damnés, PATRICK ISABELLE

*Tout à coup ça me saisit. Les sueurs froides
dans mon dos. La sensation désagréable d’être
observé…un vertige bizarre que je m’explique
toujours aussi mal. Je scrute les estrades, le
parc. Je lance un regard derrière moi…*
(Extrait : ANNA CARITAS, Patrick Isabelle, Les
éditions les Malins, 2018. éd. papier, 380 pages.)

L’été tire à sa fin et William Walker s’apprête à entamer son secondaire III au collège Anna Caritas. S’il est impatient de retrouver ses amis, et surtout de revoir l’insondable Marianne Roberts, il ne sait pas encore que la rentrée scolaire lui réserve une surprise des plus macabres… Il se passe des choses étranges à Saint-Hector : quelqu’un ou quelque chose met la ville à feu et à sang. Ses amis ont beau le supplier de ne pas s’en mêler, William a l’impression d’être au centre de ces événements terrifiants. Mais comment combattre le Mal quand celui-ci semble avoir une longueur d’avance ? Un mal qui se propage…

AU-DELÀ DU PIRE
*C’est dans ma tête, tout ça.
il faut que ce soit dans ma tête. *
(Extrait)

Anna Caritas est une histoire bien étoffée pour les jeunes lecteurs et lectrices. On y suit le destin du jeune William Walker, un adolescent qui vit à Saint-Hector. Un petit patelin qui a un passé lourd et sanglant et pour lequel s’annonce un avenir aussi meurtrier. William ressent très vite l’étrangeté des évènements dont Saint-Hector est le théâtre. Il sent également qu’il a quelque chose à voir avec tout ça.

Avec ses amis, William tente de comprendre d’autant que les morts semblent s’accumuler selon un certain rituel. Il fera tout pour connaître la vérité, ne tenant plus compte des avertissements de ses amis. William semblait irrésistiblement attiré dans une histoire qui le dépassait. Une chose est sûre : une force met la ville à feu et à sang. Dès les premiers chapitres, l’auteur frappe fort : un incendie à Saint-Hector et pire encore :

*Mes jambes flanchent et je me retrouve par terre. Dans la panique, j’essaie de reculer en faisant aller mes mains sur le plancher, mais je suis au pied du mur. Impossible de m’éloigner. Je voudrais crier mais je n’en suis pas capable…Monsieur Ben s’élance vers moi…-Oh…Mon Dieu…Devant nous, le corps inanimé du vieux Marcel est pendu au plafond par les pieds. Il se balance au ralenti de gauche à droite…* (Extrait)

La suite est un enchaînement de rebondissements et de revirements. Patrick Isabelle poursuit avec brio son histoire dans la lancée du tome précédent, LE SACRILÈGE et mélange dans son récit des touches de fantastiques, de sorcellerie et d’intrigues, le tout bien dosé pour les 13-16 ans. Les jeunes adultes y trouveront aussi leur compte car l’intrigue est captivante et l’atmosphère lourde…

Il semble donc que le cycle de violence et de mort soit relancé à Saint Hector et c’est dans les couloirs inquiétants du sous-sol hectorien que William aura une grande partie de ses réponses mais ça lui coûtera très cher. Ici, Patrick Isabelle prépare le terrain pour une suite non-confirmée d’ANNA CARITAS avec une finale dramatique, un peu rapide et qui m’a laissé sur ma faim.

C’est normal s’il y a une suite me direz-vous mais j’aurais souhaité une finale mieux aboutie. J’ai quand même hâte de lire le tome 3 donc un peut dire mission accomplie pour Patrick Isabelle. En finissant LES DAMNÉS je laisse momentanément William, adolescent attachant et opiniâtre, prisonnier de son histoire et pas seulement…

J’ai trouvé cette histoire bien ficelée, le mystère bien entretenu et le rythme est élevé Le récit véhicule un symbole avec intensité :  Les sociétés secrètes. Elles sont secrètes parce qu’elles ont quelque chose à cacher et le thème est développé avec emphase dans Anna Caritas. Il porte aussi à réfléchir sur l’utilité de telles confréries.

Le livre se lit assez bien de façon indépendante. Mais pour plus de plaisir et de compréhension, je recommande de lire d’abord le tome 1 LES SACRILÈGES dont l’origine de l’intrigue se trouve dans le fameux jeu Ouija, cette célèbre planche alphanumérique censée permettre la communication avec les esprits. C’est prometteur.

Et pas d’erreur…le deuxième tome est à la hauteur…

Suggestion de lecture : LES CONTES INTERDITS, coup d’œil sur la série

Patrick Isabelle est un auteur québécois né à Montréal en 1980. Il connait un succès intéressant avec entre autres sa série ANNA CARITAS et bien sûr son premier livre publié en 2014 : EUX un roman choc qui a contribué à donner aux jeunes le goût de la littérature d’horreur. On peut suivre la carrière de Patrick Isabelle sur www.patrickisabelle.com et sur Facebook : https://fr-ca.facebook.com/public/Patrick-Isabelle

Le livre dont j’ai parlé plus haut, LES DAMNÉS, est le deuxième de la série ANNA CARITAS. Toutefois sur la première de présentation du livre, il n’y a aucune mention *tome 2*. Même si, à la rigueur, le tome 2 peut se lire indépendamment du 1, je vous suggère de commencer par ANNA CARITAS LE SACRILÈGE. C’est ce que j’aurais fait si j’avais su…

Bonne lecture
JAILU/Claude Lambert
le dimanche 25 octobre 2020

 

CARBONE MODIFIÉ, le livre de RICHARD MORGAN

*La chair humaine coûte moins cher qu’une machine. C’est la vérité, de notre temps. La vie humaine n’a aucune valeur. Vous n’avez pas encore appris cela, Takeshi, après
tout ce que vous avez vu ? *

(Extrait : CARBONE MODIFIÉ, Richard Morgan, édition à l’origine, Bragelonne 2008, 544 pages. Version audio : Hardigan 2018. Durée d’écoute : 18 heures 38 minutes : narrateur : Nicolas Planchais)

Dans un avenir pas si lointain, la mort n’est plus définitive : vous pouvez sauvegarder votre conscience et vos souvenirs et les réimplanter dans un nouveau corps. De fait, pour Takeshi Kovacs, mourir n’est plus qu’un accident de parcours : il a déjà été tué plusieurs fois. C’était les risques du métier dans les troupes d’élite du Protectorat des Nations unies expédiées à travers la galaxie. Mais, cette fois, on le ramène sur Terre pour enquêter : un riche magnat veut élucider sa propre mort. Pourquoi se suicider quand on sauvegarde son esprit tous les jours, certain de revenir parmi les vivants ?

LA MORT TEMPORAIRE
*En m’habillant devant le miroir cette nuit-là, j’ai été
convaincu que quelqu’un d’autre portait mon
enveloppe. J’en était réduit au rôle de passager
dans la voiture d’observation située derrière mes
yeux. On appelle ça un rejet de psycho intégrité ou
de la fragmentation. Il n’est pas rare d’avoir des
crises.
(Extrait)

CARBONE MODIFIÉ est un roman-adrénaline complexe, très noir, violent et froid. L’univers dépeint par le récit est immersif et presque totalement délinquant. Le postulat de départ, et c’est ce qui fait l’originalité du récit, est que, dans un futur indéterminé, la mort n’est plus définitive. Le corps humain est un costume, un réceptacle qu’on peut changer à volonté, tant qu’on est fortuné.

Grâce au carbone modifié, la conscience et la personnalité sont stockés dans une pile en attendant d’être réinjectées dans un corps humain vide. Le but de l’histoire, clair au départ, s’embrouille le long du pavé. Laurens Bancroft est victime d’un meurtre.

La police conclue à un suicide. Bancroft qui est de retour, n’est pas d’accord et, pour en avoir le coeur net confie l’enquête à Takeshi Kovacs qui l’accepte. Voilà qui aurait pu être un fil conducteur efficace, malheureusement, le récit prend toutes sortes de directions, accuse un peu d’errance et de confusion, à tel point que l’enquête devient presque secondaire.

Le livre repose beaucoup sur la personnalité de Kovacs, un va-t-en-guerre blasé, caractériel, violent à en être tordu. Il fait équipe avec Kristin Ortega, lieutenant de police, spécialisée dans les dommages organiques, calme, tenace, peur de rien. Première observation : Le récit est truffé de longueurs et de diversions dont plusieurs passages à connotations sexuelles très explicites.

Trop c’est comme pas assez dit-on. Donc récit trop tentaculaire. On dirait qu’en nous emmêlant, l’auteur s’est emmêlé lui-même. J’ajoute à cela une narration d’une lenteur souvent désespérante qui ne cadre pas toujours avec l’action et la violence déployées. Toutefois, il se dégage du récit de la matière à réflexion.

Ici, la mort n’a plus de sens. La vie non plus d’ailleurs. On stocke la mémoire, on va dormir un peu et on revient tout simplement : *-J’ai plus de trois siècles monsieur Kovacs, a-t-elle dit avec un léger sourire aux lèvres. –Les apparences sont trompeuses. Ceci est mon onzième corps…* (Extrait)

Un détail toutefois indique qu’il y a des choses qui ne changeront jamais : Dans cette société du futur les citoyens peuvent changer leur enveloppe selon leurs moyens : Pour les pauvres, ce sera une intelligence artificielle. Pour les riches, une bonne enveloppe corporelle différente de la précédente, pour les très riches : un clone. La vraie mort constitue ici un évènement.

*Les humains rêvent de paradis et d’enfer depuis des millénaires. Le plaisir ou la douleur éternelle, sans les restrictions de la vie et de la mort. Grâce aux univers virtuels, ces fantasmes sont maintenant réalité. Il suffit d’un générateur industriel. Nous avons vraiment apporté l’enfer, ou le paradis, sur terre. * (Extrait)

C’est l’originalité de l’histoire qui maintient un pointage élevé. Avec CARBONE MODIFIÉ, la virtualité atteint un nouveau sommet. L’écriture est efficace. L’auditeur est entraîné d’une intrigue à l’autre mais il n’y a pas de matière à addiction d’après moi.

L’ouvrage manque cruellement d’émotions. La vie n’a que peu de valeur. C’est froid. Du cyberpunk obscur mais fort. La plupart des personnages sont bien campés mais je les ai trouvé peu attachants. Pas toujours facile à suivre mais ça reste un SF incisif et intense.

Suggestion de lecture : LE BERCEAU DU CHAT, de Kurt Vonnegut jr

Le cycle Takeshi Kovacs
CARBONE MODIFIÉ

Richard Morgan était recteur à l’université de Stratchclyde (Grande-Bretagne) avant de devenir romancier à plein temps. Carbone modifié est son premier roman et il a obtenu le prix Philip K. Dick en 2003. Il est depuis considéré comme une des étoiles montantes de la science-fiction. Richard a publié deux suites à Carbone modifié : Anges déchus et Furies déchainées. Son roman, Black Man, a obtenu le prix Arthur C. Clarke en 2008. 

 LA SÉRIE TÉLÉ

Netflix a entrepris la diffusion de CARBONE MODIFIÉ en 2018. La série a été créée par Laeta Karlogridis et prise en main par plusieurs réalisateurs. Les acteurs principaux sont Joel Kinnaman, James Purefroy et Martha Higareda. La série a été sélectionnée aux EMMYS pour ses effets visuels. Pour plus de détails, visitez le site officiel de Netflix.

Bonne écoute
JAILU/Claude Lambert
Le samedi 27 septembre 2020

TOUT EST EN UN, le livre de CHRIS ANDSON

*…j’ai peur que l’on ne puisse pas passer
sur l’île ce soir. Il le faudrait pourtant,
assura Marshal. Je voudrais bien
remettre la main sur notre prophète
avant que quelqu’un s’acharne sur lui
et lui fasse bouffer les versets de la
bible.*

(Extrait: TOUT EST EN UN, Chris Andson,
Plume Noire, collection LES CHRONIQUES
DES NOMBRES. Une édition pour tous, 2015,
version numérique, 288 pages)

La vie avec le commandant Foreste n’était pas vraiment une partie de plaisir. Son côté sombre, sa violence et son caractère étaient de moins en moins gérables. Alors quand Karen Styles lui ordonna de protéger un homme étrange, il s’exclama : – Qu’est-ce qu’il a à dire de si important ce blaireau, que je sois obligé de lui servir de garde du corps ? – Vous ne devez rien savoir commandant. Simplement le protéger. – Mais qui c’est ce mec ? – Vous le découvrirez bien assez tôt. Marshal Foreste sortira terrassé par cette rencontre.

L’ÉNIGME DU SURVIVANT
*Les otages commençaient à comprendre que
l’homme ne les relâcherait pas, tant sa folie
l’entraînait vers l’abîme. Marshal en était d’autant
plus conscient qu’il faisait un rapprochement
avec la présence qu’il trouvait suspecte, du mec
à la veste marron, qui comme par hasard se
trouvait toutes les fois sur les lieux d’un carnage.*
(Extrait : TOUT EST EN UN)

Le héros de cette histoire mouvementée est un personnage très singulier : le commandant de police Marshall Foreste. Près de la moitié du volume est consacré aux états d’âme du policier. Habituellement, je considère cela comme une faiblesse mais ici, il faut voir et comprendre la nature du personnage pour apprécier l’histoire.

En effet, le limier est mufle, mal embouché, extravagant, indiscipliné, excentrique, sombre, violent, impitoyable, incroyablement dur pour son corps, exigeant pour lui et les autres : *Tout lui collait à la peau, tout lui mangeait son oxygène. Comme certaines bêtes, il faisait respecter son territoire. Son énergie, sa vitesse d’exécution et de discernement, son comportement excentrique, cela jouait en sa faveur.* (extrait)

C’est ainsi que la faiblesse est devenue une force. Il est intrigant et extrêmement intéressant de suivre l’évolution de ce personnage malmené par la vie, dans une enquête complexe et très particulière.

Maintenant que nous avons cerné le héros, voyons l’histoire. La police s’intéresse à un mystérieux personnage qui s’est retrouvé sur les lieux de trois tueries et qui s’en est sorti indemne à chaque fois. Il s’appelle Ornet Sens, venu de nulle part et sachant exactement où il s’en va : en guerre contre le gourou d’une secte qui s’en met plein les poches, commanditaire de vol, de violence, et de meurtres.

Son objectif est de livrer aux membres de la secte NOUVEL HOMME un message de paix, d’amour et de liberté et de dévoiler toute la vérité sur l’infâme gourou Jim-Bocker Smiss. Le commissaire ordonne au commandant Foreste de surveiller et de protéger Sens qui n’a, à première vue, aucune idée du danger qui le guette et qui consiste à le faire taire…définitivement.

C’est une histoire accrochante dont le traitement est sans demi-mesure malgré une plume subtile et sensible. L’histoire  est originale parce qu’il n’est pas question ici de pousser une réflexion sur le sens de la vie mais plutôt de donner un sens à une mort. Happy ending ou pas? À vous de juger, mais le dernier quart de l’histoire est d’une forte intensité dramatique. L’auteur a particulièrement bien travaillé ses personnages.

Malgré tout l’étalement des bobos personnels de Foreste, je me suis attaché à ce personnage tout à fait extraordinaire. je vous laisse découvrir Ornet Sens, Jésus des temps modernes, qui se focalise sur une mission de nature à faire comprendre qu’aucune secte n’est justifiable surtout lorsque le gourou exploite ses semblables pour satisfaire sa soif de pouvoir et de confort.

La véritable faiblesse de ce livre que j’ai lu en version numérique est la traduction que j’ai trouvée fort douteuse, de nombreuses fautes d’orthographe, d’accords, de grammaire. Des mots sont manquants. J’ai été obligé plusieurs fois de relire des phrases et de revenir en arrière pour bien saisir le contexte du paragraphe ou du chapitre.

Ce fut pour moi comme un duel : une histoire aussi bien imaginée insérée dans un texte bourré de fautes. Je ne comprends pas qu’une maison d’édition puisse tolérer un tel gâchis. Il ne semble pas y avoir eu de relecture ou de révision. Dommage. Si vous avez la volonté ferme de surmonter le massacre du français, vous lirez tout de même une histoire haletante. Je crois que le jeu en vaut la chandelle.

Suggestion de lecture : IL N’EST SI LONGUE NUIT, de Béatrice Nicodème

Je ne peux pas dire que Chris Andson est très généreuse quant aux détails sur sa vie professionnelle et encore moins personnelle, pas plus sur les photos d’ailleurs… Les cercles littéraires se limitent à dire que c’est une auteure de romans policiers et thrillers à succès avec notamment sa série LA CHRONIQUE DES NOMBRES. Elle adore développer des enquêtes où l’étrange se mêle avec subtilité à la réalité.

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 25 septembre 2020

LIEUTENANT EVE DALLAS, de NORA ROBERTS

-Démence du crime
-Préméditation du crime
*Une mise en garde…-De quel genre ? aboya Eve .
Enfermez-vous chez vous? Fuyez la ville ?… ne sortez
plus faire vos courses au cas où le magasin où vous vous
rendrez soit visé ? Semer la panique, voilà l’objectif
de ces ordures.*
(Extrait : DÉMENCE DU CRIME, Nora Roberts, t.f. Éditions
J’ai lu, 2014, édition de papier, 800 pages en co-publication
avec PRÉMÉDITATION DU CRIME)

Dans un bar chic de Manhattan, une folie contagieuse fait une véritable boucherie : 83 morts. Eve Dallas interroge les rescapés, terrorisés, qui lui relatent l’apparition d’un monstre et d’abeilles par centaines. Eve traque le moindre indice pour trouver le coupable jusqu’à déterrer des souvenirs qu’elle croyait enfouis pour toujours. Après cette affaire, Dallas n’aura guère le temps de reprendre ses esprits car elle doit élucider la mort d’une comptable appréciée et sans histoire. Quand des dossiers confidentiels de la défunte disparaissent, Ève n’a d’autres choix que de s’immiscer dans le monde impitoyable des affaires…

AVANT-PROPOS :
le lieutenant de police Eve Dallas consacre sa vie à traquer des criminels. Dans son métier, pas de place pour les sentiments. Alors, les cauchemars qui hantent ses nuits, elle les oublie…elle essaie…comme son passé, un passé pas simple…un passé qui, forcément va s’amalgamer avec plusieurs de ses enquêtes, c’est inévitable.

Nora Roberts a publié cinquante-cinq titres dans la série LIEUTENANT EVE DALLAS, en grande partie sous le pseudonyme J.D. Robb. Chaque titre de la série comprend le mot CRIME : AU BÉNÉFICE DU CRIME (#3), LA LOI DU CRIME (#11), HANTÉ PAR LE CRIME (#22), CONFUSION DU CRIME (#42), etc


DES ANGLES DU CRIME

*Tout s’est passé si vite. Ce salaud avait une façon de bouger-
rapide, agile. Il a soulevé le gamin d’une main, cogné le père
du coude gauche, pivoté sur lui-même et lancé. Ce type a joué
au football… Il est fort. Le gosse devait peser une dizaine de
kilos.*
(Extrait : #36 PRÉMÉDITATION DU CRIME)

Je n’ai lu que deux livres de la série LIEUTENANT ÈVE DALLAS, laquelle série compte 55 tomes qui peuvent se lire indépendamment. Je ne peux donc pas dire si DALLAS a évolué au cours des années. Je peux cependant affirmer que le personnage est bien campé : Dallas est très intelligente, intuitive, minutieuse, curieuse, un peu froide, agressive, tenace.

J’ai eu de la difficulté à m’attacher au personnage, peut-être à cause de son côté un peu roublard, imbu, peut-être aussi à cause de sa précision militaire et son petit côté parfait. Bref, elle m’énerve. Mais le cadre dans lequel elle a été installée est très intéressant à cause de l’histoire qui est à saveur de terrorisme, donc très ajustée avec l’actualité.

Au tout début du récit, Roberts frappe fort. Dans un grand restaurant, une folie contagieuse éclate subitement. D’abord une hallucination collective puis une paranoïa généralisée amène tout le monde à s’entretuer avec une violence innommable.

Résultat de cette incroyable boucherie : 83 morts et des blessés. L’auteure m’a accroché immédiatement à cause de l’intrigue et à cause du mobile qui est mis en lumière à la petite cuillère jusqu’à la fin qui m’a coupé le souffle.

Les possibilités sont nombreuses, le ou les tueurs sans pitié : *Qui a pu commettre un acte pareil?…Peut-être ciblait-il une ou plusieurs victimes en particulier, mais provoquer un tel massacre dans un bar en quelques minutes, Ça l’a forcément excité. Êtes-vous d’accord docteur Mira? Absolument. Tuer des gens si vite et de surcroit les manipuler comme des marionnettes. Probablement sans se salir les mains…* (Extrait)

Ce n’est pas du tout le lieutenant Dallas qui m’a fasciné dans ce récit, mais bien l’intensité dramatique de l’histoire qui amène le lecteur de rebondissement en revirement jusqu’à une seconde hécatombe qui fera une cinquantaine de morts. Comment décrire un tel meurtrier ? *Notre tueur jongle avec la colère, la cruauté, un mépris total à l’égard de l’humanité- et plus encore à l’égard de ceux qu’il côtoie chaque jour.* (Extrait)

Ce qui m’amène à vous parler d’un autre aspect du récit qui m’a fasciné : l’omniprésence du profilage. En criminologie, le profileur établit le profil psychologique d’un individu recherché en fonction des indices recueillis par les services d’enquête. C’est la première fois que je lis un roman policier dans lequel est développé et expliqué le profilage psychologique prévisionnel. J’ai donc appris quelque chose qui m’a accroché.

Maintenant, pour le tome 36, PRÉMÉDITATION DU CRIME, il est assez bien fait mais beaucoup moins intense et dramatique que dans le tome précédent. L’action se déroule dans le monde des affaires, des sociétés qui s’imbriquent les une dans les autres avec leurs clientèles…et quand des audits sont réclamés, beaucoup de financiers sont pris par surprise parce qu’ils ont beaucoup à cacher…et puis un meurtre en appelle un autre.

On s’y perd un peu tellement ce monde est tentaculaire et impitoyable. Ça donne tout de même une enquête tricotée serrée avec un lieutenant Dallas toujours aussi opiniâtre et directif. Un point en commun avec l’épisode précédent : La vie de Dallas : boulot pour 90%, du sexe pour le reste avec Connors, l’amant parfait qui gagne à être connu.

En conclusion, sans être emballé, j’ai trouvé ces deux lectures intéressantes. Je ne serais pas surpris que DÉMENCE DU CRIME soit un épisode très à part dans le monde du lieutenant Dallas. Je ne serais pas plus surpris si le fait de se lancer dans la lecture des 55 épisodes deviennent singulièrement ennuyant. Toutefois, DÉMENCE DU CRIME vaut bien qu’on s’y arrête.

Suggestion de lecture : NÉBULOSITÉ CROISSANTE EN FIN DE JOURNÉE, de Jacques Côté

voir la liste complète des tomes ici

Nora Roberts (de son vrai nom Eleanor Marie Robertson) est une romancière américaine spécialisée dans les romans sentimentaux et les thrillers psychologiques, née en 1950 dans le Maryland. Elle commence à écrire pendant une tempête de neige en février 1979 et son premier roman L’INVITÉE IRLANDAISE est publié en 1981. Nora Roberts est une auteure particulièrement prolifique. Près d’une dizaine de nouveaux romans sortent chaque année. Elle a vendu plus de 100 millions de livres et est traduite en plus de 25 langues.

QUELQUES ÉPISODES DE *LIEUTENANT ÈVE DALLAS*

           

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 4 avril 2020

L’Affaire Magnotta, livre de MICHAËL NGUYEN

*Car, en ce lundi ensoleillé, les médias du monde
entier ont les yeux tournés vers cet homme de 32
ans, qui est non seulement soupçonné d’
avoir
assassin
é un innocent, mais aussi de l’avoir
d
épecé, d’avoir filmé la scène macabre et d’avoir
diffus
é le film sur internet.*
(Extrait : L’AFFAIRE MAGNOTTA, Michaël Nguyen, Les
Éditions du Journal, 2017, édition de papier, 125 pages)

Lundi, 8 septembre 2014, celui qui se fait appeler Luka Rocco Magnotta, se présente devant ceux qui auront la lourde responsabilité de le juger. Le célèbre procès fait ressortir, peu à peu, au fur et à mesure de son  déroulement, la personnalité trouble derrière la façade de Magnotta. On sait que lissue du procès s’est jouée sur la santé mentale de Magnotta. Rien ny fait, prison à vie. Pour plusieurs personnes encore aujourd’hui, certains points échappent à la compréhension. Le journaliste judiciaire du journal de Montréal Michaël Nguyen raconte le procès et nous plonge dans l’univers profondément troublé d’un dépravé…

AU CŒUR DE L’HORREUR
*Cependant, Magnotta ne sest pas contenté de
tuer les animaux
 : il a filmé les faits. Et c’est
encore sur les conseils de la voix qu
il entend
dans sa t
ête quil met en ligne les deux vidéos.*
(Extrait : L’AFFAIRE MAGNOTTA)

Ce petit opuscule de 118 pages publie le compte-rendu du procès Magnotta, une des affaires judiciaires les plus médiatisées de l’histoire du Canada.

Rappelons que Luka Rocco Magnotta, de son vrai nom Erik Clinton Kirk Newman a été reconnu coupable de meurtre au premier degré, celui du chinois Lin Jun, outrage à cadavre, publication de matériel obscène, sur internet notamment, envoi par la poste de matériel obscène, à des écoles et à des politiques, et harcèlement criminel.

Le 23 décembre 2014, il reçoit une condamnation de prison à perpétuité dont 25 ans sans possibilité de libération. En rendant compte du procès, Michaël Nguyen aborde la vie de Magnotta. Est-ce que ça valait la peine de publier un tel livre ? Oui et non. N’importe qui ayant suivi avec assiduité le procès Magnotta n’apprendra rien de nouveau.

Ce qu’il y a d’intéressant dans ce petit volume écrit très simplement, c’est que son analyse pousse à la réflexion, un peu à la façon d’un essai. Avec le recul du temps, le livre met en lumière des choses qui n’ont pas été expliquées hors de tout doute : comme le mobile par exemple. Le jury devait trancher et il a fait son travail mais ça a dû lui coûter de sérieuses migraines :

*Personne ne s’entend sur l’état mental de Magnotta au moment du meurtre de Jun Lin, et le principal intéressé a choisi de rester muet devant le jury. La preuve se conclut sans consensus, le 4 décembre 2012, au palais de justice de Montréal. Les jurés ont siégé 40 jours. La Couronne a fait entendre 52 témoins pendant 25 journées d’audience, tandis que la défense en a présenté 14. La moitié du temps de la cour a été consacré aux six psychiatres experts.* (Extrait.)

Et personne ne s’est mis d’accord sur l’état mental de Magnotta. Je ne croyais pas la nature humaine complexe à ce point. Magnotta était-il un menteur pathologique, un remarquable comédien ou un psychotique dangereux…un fou pour utiliser le terme de son avocat dans sa plaidoirie finale.

Il se dégage d’autres petits points intéressants de ce livre. J’observe que la vie de Magnotta va basculer après sa première rencontre avec Manuel Lopez, surnommé Manny. Ce sera pour Magnotta une initiation au sadomasochisme et l’adoption volontaire ou pas, d’une philosophie de la violence. Manny deviendra plus tard la voix dans la tête de Magnotta.

Il m’a semblé que cet aspect a été sous-développé dans le livre. En fait, on se demande même si la rencontre a réellement eu lieu et on va même plus loin en se demandant si Manny existe. Un dernier point : d’après un intervenant au procès, l’esprit de Magnotta est un mélange de réalité et de fiction. Un esprit faible peut-il faire la différence.

Ce livre est un compte-rendu. Il a la faiblesse habituelle du genre. Plusieurs de ses grands thèmes sont sous-développés. L’auteur aurait pu aller plus loin dans les détails de la vie de Magnotta par exemple. Tenter de répondre à certains questionnements. Par exemple, quand Magnotta était en cavale en Europe. Il avait de l’argent et ne se privait de rien. Est-ce que seul le métier d’escorte pouvait lui permettre ça ?

Michaël Nguyen s’en est tenu au récit journalistique en lui donnant une dimension de saga, agrémenté (façon de parler par deux séries de photos en couleur) généralement, ça plait. Le journaliste plonge le lecteur dans l’esprit d’un dépravé en s’appuyant sur un procès qui n’a pas mis grand monde d’accord. Ce genre de livre ne passe généralement pas à l’histoire mais il n’est pas non plus dénué d’intérêt.

Suggestion de lecture : LE PROCÈS, de Franz Kafka

Né en Belgique, Michaël Nguyen a grandi au Québec où il a fait des études en littérature et en journalisme. Depuis 2011, il vit ses deux passions au quotidien en couvrant les actualités judiciaires au journal de Montréal. Il a aussi une certaine expérience en scénarisation. Il a suivi minute par minute l’affaire Magnotta.

Bonne lecture
Claude Lambert
le jeudi 2 avril 2020

INDOMPTABLE, le livre de MILEY AARON

*Elle reconnaît John. Il est sur le brancard et sous respirateur. Son visage et son corps sont couverts de sang. Un médecin urgentiste lui donne les premiers soins Lorsqu’elle s’approche, son cœur se serre. C’était donc ça le message… * (Extrait : INDOMPTABLE, Miley Aaron, Érato Éditions, collection Kama, 2016, édition numérique, 360 pages)

Il y a parfois des questions qui restent sans réponses. Il y a des types qui ont le besoin de faire du mal aux autres pour se prouver qu’ils existent. Et si de nos jours, un jeune PDG mondialement connu, bien sous tous rapports en apparence, n’était en réalité qu’un masque ? Un peu trop sadique sur les bords. Pourquoi toutes les jeunes femmes qui deviennent son assistante disparaissent-elles sans laisser de traces ? Dans ses locaux, seules ses règles comptent. Gare à celui qui les outrepasse.

L’ADDICTION AU MAL
Ava jeta un coup d’œil sur le test de
grossesse : La réponse est là devant
ses yeux. –Maintenant je sais que je
ne porte pas le fils du diable en moi.
(Extrait : INDOMPTABLE)

C’est un livre qui ébranle et je vous avertis tout de suite, il ne s’adresse pas aux personnes sensibles. L’histoire est celle d’une jeune femme nommée Avalon. Si, dans LE CYCLE DU GRAAL, Avalon était l’île où a été emmené le roi Arthur après sa dernière bataille, c’est aussi l’endroit où a été forgée l’épée EXCALIBUR qui bien représenter le caractère bien trempé de la jeune femme. Elle en aura besoin car elle va passer un sale quart d’heure.

Avalon a eu deux plaies dans sa vie : son beau-père, un fou sadique, violent et manipulateur qui la battait pour le plaisir. Elle a fini par s’en échapper pour retomber dans un autre redoutable filet, celui de Ryan Evans, un jeune PDG assis sur un pouvoir aussi énorme que sa fortune.

Un autre cinglé dangereux qui s’amuse à faire souffrir psychologiquement et physiquement jusqu’à une mort lente et horrible de sa victime, toujours des jeunes femmes, dont Avalon, qui ont lié un obscur contrat avec Evans.

Dylan, le beau-père et Ryan Evans sont deux cinglés tordus qui adorent faire souffrir et qui n’hésitent pas à tuer avec le sourire avant de passer à la victime suivante. Avalon est prise dans ce piège mais elle est différente des autres. C’est une battante. Le chef de la sécurité d’Evans le remarque et il se développe un petit quelque chose entre eux. Ryan l’apprend et ça va le rendre encore deux fois plus fou.

C’est un livre dans lequel deux pervers malades se livrent à un jeu de pouvoir avec des raffinements de cruauté et de sadisme, sans aucune compassion, aucun remord…absence totale d’empathie. Il aurait été intéressant d’avoir plus d’éléments pour comprendre la psychologie de Dylan et Ryan Evans en particulier, l’intrigue est bien construite mais les souffrances et les remords s’empilent et j’ai trouvé qu’il y avait une certaine redondance.

Le fil conducteur est très solide et la plume acérée de Miley Aaron m’a poussé à tourner page après page. Le rythme est rapide et en cours de lecture, il est intéressant de voir évoluer la relation entre John et Avalon et surtout d’essayer de deviner comment ils vont se sortir d’un étau qui se resserre lentement et cruellement.

C’est un livre que les amateurs du genre *extrême violence*  vont sûrement beaucoup apprécié. Les souffrances infligées et les meurtres perpétrés sont sans pitié, sans compassion, sans empathie et répondent à un besoin profond de jouir du pouvoir de vie et de mort.

INDOMPTABLE n’est pas mon genre, je n’ai pas trop aimé…trop de haine, de morts, de violence, pas d’échappatoires, de diversions, aucun humour… mais je sais qu’il y a de la qualité dans le développement et que la trame est haletante. Je suis sûr que les lecteurs et lectrices au cœur solide devraient aimer ce livre qui se lit quand même vite et bien.

Je pourrais ajouter en terminant que cette œuvre, réalisée par un auteur émergent n’est pas sans faire réfléchir sur les dangers du pouvoir et surtout la combativité. Aaron est donc à suivre. Juste un petit mot sur la finale…elle est étrange et un peu expédiée. Elle ouvre la voie en tout cas à une suite. Où se positionneront Avalon et John dans tout ça? Je me demande si la suite sera aussi oppressante… À suivre.

Suggestion de lecture : CHARADE, de Laurent Loison

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Encore une autre qui se cache derrière l’objectif. On sait peu de choses de l’auteure.

Miley Aaron, est une écrivaine émergente. Dans son blog elle se présente comme suit : Anciennement perfectimperfection, je reviens avec un nouveau blog et en pleine forme =)! Venez découvrir la routine d’une ordinary girl qui souffre de douleur chronique au dos mais qui a décidé de croquer la vie à pleine dents et de se battre contre la maladie quoi qu’il arrive 🙂 !

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 22 mars 2020

GORE STORY, le livre de GILLES BERGAL

*Le commandant était dans un piteux état…
-Commandant ! Je vous croyais à l’agonie.
-Eh bien, tu t’es trompée, et c’est à ton tour
de crever, comme tous ceux que tu as
rassemblés ici… elle chercha une issue, mais
il n’y en avait pas…*
(Extrait : GORE STORY, Gilbert Gallerne, Édition
Objectif Noir, 2015. Édition numérique 115 pages
numériques)

C’est dur de tuer un personnage de roman. Surtout quand le personnage en question est une…tueuse. Fabien Chevriez, auteur de la série BLOODY MARY en fait l’expérience quand, après 37 épisodes sanglants, il décide de se débarrasser de ce personnage et de passer à autre chose. C’est alors qu’un mystérieux fanatique commence à tuer des personnes proches de Chevriez en copiant les manières de BLOODY MARY. Chevriez l’a compris mais il a la tête dure. L’étau se resserre. Avec de l’aide, Fabien tente de résoudre l’énigme pendant que les assassinats s’enchaînent.

Avant-propos

Avant de commenter GORE STORY je veux juste préciser la différence entre deux genres littéraires cousins. D’abord le GORE : d’après l’internaute, le gore est un genre qui privilégie les scènes dans lesquelles le sang coule. Le gore est issu de l’horreur.

À ce sujet, Wikipédia est beaucoup plus direct et inspiré en disant que le gore est un sous-genre caractérisé par des scènes extrêmement sanglantes et très explicites dont l’objectif est d’inspirer au spectateur le dégoût, la peur, le divertissement ou le rire.

Le genre TRASH est différent. TRASH est un terme familier emprunté à l’anglais qui désigne quelque chose de sale, similaire à un déchet ou une ordure. Par extension, une histoire trash est plus que médiocre, de très mauvaise qualité ou vulgaire. D’après Wikipédia, une action, une œuvre, voire une personne, sale, répugnante ou moralement malsaine. Je vous ai déjà parlé de la littérature neurasthénique du Marquis de Sade.

Son livre LES 120 JOURNÉES DE SODOME est un excellent exemple d’œuvre TRASH, tout comme 18 MEURTRES PORNO DANS UN SUPERMARCHÉ de Philippe Bertrand, ou encore comme le nullissime BAISE MOI au cinéma, le désormais célèbre navet de Virginie Despentes et Coralie Thrin Thi.

GORE STORY est un livre du genre GORE comme LE RÉVEIL DES MORTS VIVANTS de John Russo, ou HERBERT WEST RÉANIMATEUR du grand HP Lovecraft… encore étonnant qu’à l’origine, GORE STORY ait été édité aux éditions TRASH.

UN AUTEUR TUE SA TUEUSE
*-Hier un type est venu me reprocher davoir
fait mourir mon personnage. Il m
a menacé,
Noémie est intervenue, ils se sont disputés,
et il a fini par se mutiler avant de disparaître.*
(Extrait : GORE STORY)

Je n’ai jamais été un amateur de gore et ce n’est pas le livre de Bergal qui m’a réconcilié avec le genre. Je trouve toutefois intéressant de voir évoluer une histoire dans laquelle un romancier tue son personnage principal, Bloody Mary, après lui avoir fait couler le sang aux gallons sur 37 livres. Je m’attendais à une touche d’originalité, je n’en ai pas trouvé. J’y ai noté toutefois certaines qualités qui plaisent dans les circonstances.

Par exemple l’humour…il sera soit noir soit coquin, mais on en trouve beaucoup dans GORE STORY : *…Marguerite voyait tout et son cerveau fonctionnait à merveille. Il y avait longtemps qu’elle avait repéré la complicité entre l’auteur et l’attachée de presse et elle avait eu vite fait d’additionner deux et deux pour trouver soixante-neuf.* (Extrait)

Dans ce livre l’humour noir arrache des sourires et peut aussi générer des frissons : *En deux ou trois coups, la tête partit vivre sa vie de son côté tandis que le reste du corps demeurait allongé façon Louis XVI sur la table LOUIS XV.* (Extrait)

Intéressante aussi est la façon dont Bergal insère l’humour en tournant les phrases de façon rythmique à grand renfort de jeux de mots : *La nuit noyait les lieux comme une nappe de néant où n’entrait nul néon mais quelques noctambules noctambulaient néanmoins nonobstant la noirceur nocturne…* (Extrait) Autant de tournures de phrases qui sont rythmiques en effet mais qui ne veulent pas dire grand-chose.

En général, les livres du genre GORE ne sont pas très longs et sont extrêmement violents, le sang coulant à flot. Dans Gore story, ne manquerait qu’un vampire pour tout nettoyer (si je veux prendre mon tour de faire une blague douteuse).

L’auteur aurait pu innover tout en restant dans le genre. Malheureusement, ce n’est pas le cas, sur le plan littéraire Gore story présente beaucoup de lacunes comme d’ailleurs les autres histoires gore que j’ai lues dans les dernières années. L’aspect policier/enquête est sous-développé. D’ailleurs la trame en général est sous-développée.

Une fois qu’un meurtre est commis, on dirait que l’auteur expédie sa petite cuisine pour passer plus vite au meurtre suivant. À partir des trois quarts du livre, on sent l’essoufflement de l’auteur jusqu’à la finale qui est carrément catapultée sans oublier l’écrivain Fabien Chevriez qui fait copain-copain avec la commandant de police. C’est d’un kitch absolu.

Enfin, il n’y a pas d’émotion dans cette histoire comme dans Jason ou Freddy au cinéma. Dans GORE STORY, Fabien Chevriez perd ses amis un par un avec un détachement choquant. Je ne crois pas vraiment que le gore soit hermétique au changement. C’est l’auteur qui en décide. GORE STORY est saturé de rouge et ça s’arrête là. Heureux de passer à autre chose.

Suggestion de lecture : DREAMWALKERS, d’Alain Lafond

Gilles Bergal est un Pseudonyme de Gilbert Gallerne. Il est né en 1954, est un écrivain français de roman policier, lauréat du Prix du Quai des Orfèvres 2010. Banquier de profession, il a été critique littéraire et a traduit plusieurs best-sellers américains. Le fantastique est son genre littéraire préféré. Sous son pseudonyme, il a publié plusieurs nouvelles, des romans d’horreur et sous le nom de Milan, il a publié le cycle ANTICIPATION. Il publie maintenant sous son vrai nom chez Fleuve Noir. Il collabore régulièrement à une revue consacrée à l’écriture. Dans sa chronique intitulée ÉCRIRE, il donne de judicieux conseils aux jeunes auteurs émergents.

Bonne lecture
Claude Lambert
Le samedi 14 décembre 2019

 

SOUS LA SURFACE, livre de MARTIN MICHAUD

*Le nom de l’expéditeur n’était pas affiché et quelques
clics m’ont confirmé qu’il provenait d’un numéro que
je ne connaissais pas. Prenant soin de ne pas être
remarquée, j’ai tapé la première chose qui me passait
par la tête et j’ai appuyé sur la touche d’envoi : QUI
QUE VOUS SOYEZ, VOUS ÊTES MALADE!*
(Extrait : SOUS LA SURFACE, Martin Michaud, les éditions
Coup D’œil, édition de papier, 430 pages)

Patrick Adams, le favori dans la course à l’investiture démocrate est en pleine campagne avec sa femme, Leah Hammett. Alors que son mari se prépare à être propulsé vers le sommet, Leah reçoit un étrange message qui vient perturber leur ascension et la replonge dans un passé douloureux bien enfoui. Elle tente d’éclaircir ce pan sombre de sa vie. Mais la tâche se révèle plus difficile qu’il n’y paraît, surtout lorsque l’on s’apprête à devenir la première dame des États-Unis. S’amorce alors une danse entre mensonges et vérité. Objectif : plonger sous la surface et affronter ses démons…

VICES CACHÉS, MAGOUILLES
ET POLITICONNERIES
*Au premier étage…ils trouvèrent le corps de Garcia.
Ce dernier gisait dans une mare de sang, la gorge
tranchée. Ramirez n’avait jamais été un as en
mathématiques, mais il n’eut pas besoin de faire
le décompte pour savoir qu’ils n’étaient désormais
plus que deux.*
(Extrait : SOUS LA SURFACE)

C’est la deuxième fois que je lis Martin Michaud. J’avais été emballé par LA CHORALE DU DIABLE. Plusieurs années et plusieurs volumes après, je ne suis toujours pas déçu. Une belle évolution et peut-être un goût de faire différent me font douter qu’avec SOUS LA SURFACE, Martin a voulu sortir un peu des sentiers battus avec un thriller mêlant la corruption, l’amour et la politique.

C’est explosif…très explosif. Le meilleur moyen de définir le livre de Michaud est d’emprunter les paroles de la journaliste Mallory Brown, personnage fictif de SOUS LA SURFACE qui résumera durement les évènements extraordinaires qui ont secoué Lowell et toute l’Amérique.

Le genre d’évènement qui fait qu’on aimerait tout jeter à terre et reconstruire…l’homme inclus :*Meurtres, morts violentes, parfum de scandale, soif de pouvoir, complots, dissimulation, mensonges, trahison, tractations secrètes et tromperie, le contenu sulfureux de SOUS LA SURFACE plonge le lecteur dans la tourmente* (Extrait) eh oui, SOUS LA SURFACE est aussi le titre d’un livre de l’héroïne qui racontera tous les évènements qui ont déchiré son âme.

SOUS LA SURFACE est le récit de Leah Hammet, 45 ans, ancienn mannequin professionnel, puis écrivaine. Une femme ordinaire à ceci près qu’elle est la conjointe de Patrick Adams, le favori aux présidentielles américaines.

Alors qu’elle se prépare au Super Tuesday, elle reçoit un mystérieux texto de son premier amoureux, censé être mort depuis 25 ans. Dès lors, une tempête d’émotions éclate à l’intérieur et Leah jure d’aller au bout de cette histoire et vous pouvez me croire quand je vous dis que le fouet va claquer.

Le lecteur pourrait être surpris des qualités et attributs que l’auteur a donné à son principal personnage : *Il y a toujours deux forces en moi. Deux personnalités diamétralement opposées. Leah, la femme douce et effacée, cette façade que je présente en public. Et puis il y a LEE, ce démon qui m’habite et que je m’efforce de contenir, cette femme dure et impitoyable. Cette femme au cœur de glace.* (Extrait)

À travers le drame extrêmement intense que vit Leah Hammet, L’auteur décrit avec une minutie extraordinaire les rouages de la politique américaine, la complexité du système électoral et l’atmosphère étouffante des conventions, réunions, séminaires et les tractations étranges et pas toujours nettes du collège électoral.

C’est vrai que j’ai toujours trouvé les manœuvres électorales américaines compliquées, mais Martin Michaud nous les décrit avec une fluidité qui force l’admiration. La plume est concise, efficace, directe, pas de temps morts, la toile est trop complexe. L’auteur l’a compris.

Avec un étonnant savoir-faire, l’auteur amène tous ses personnages sans exception SOUS LA SURFACE, l’envers du décor pour tenter de balayer toutes les saletés qui s’y trouvent. Michaud ne néglige rien, ne ménage personne, même pas le lecteur qui ne voit pas venir une finale spectaculaire et imprévue. Avant d’entreprendre la lecture je me suis dit : surprend-moi Martin. C’est fait, c’est même au-delà de toutes mes attentes.

J’ai vu beaucoup de choses intéressantes dans ce livre car il est évident que l’auteur s’est documenté. Une plongée dans le cœur du pouvoir de la politique américaine, la course effrénée et dans certains cas désespérée pour le pouvoir, le mal engendré par l’ambition et l’absence de scrupules.

Mais tout n’est pas noir car quelque part dans l’œuvre, malgré le caractère soutenu démoniaque de l’intrigue, le lecteur est témoin d’un magnifique, d’un extraordinaire geste d’amour difficilement cadrable dans un univers aussi malsain. Vous voyez, rien ne nous est épargné dans ce thriller haletant y compris une fort mortifiante preuve d’amour.

Avec SOUS LA SURFACE, je suis fier de voir confirmé le nom Du québécois Martin Michaud dans les ligues majeures, comme créateur d’émotions qui n’a rien à envier aux auteurs de thrillers américains.

Suggestion de lecture du même auteur : LA CHORALE DU DIABLE

ici.radio-canada.ca

Né à Québec en 1970, Martin Michaud est un véritable homme-orchestre : avocat, scénariste, écrivain, il est aussi musicien. Sur le plan littéraire, il s’est spécialisé dans le thriller à forte intensité.

Ses trois premiers ouvrages (IL NE FAUT PAS PARLER DANS L’ASCENSEUR et LA CHORALE DU DIABLE en 2011, JE ME SOUVIENS en 2012) obtiennent un succès spontané et fulgurant avec la création d’un personnage tourmenté mais d’une impeccable moralité : Victor Lessard. Son œuvre lui vaut de prestigieux prix littéraires.

Pour en savoir davantage sur cet auteur déjà qualifié de maître du thriller québécois, consultez le site internet officiel de Martin Michaud. Cliquez ici.
Pour lire mon commentaire sur LA CHORALE DU DIABLE de Martin Michaud, cliquez ici.

BONNE LECTURE
Claude Lambert
Le samedi 7 décembre 2019