DANSEUR, Colum McCann

*Alors que nous pensions leur numéro fini, un petit garçon blond est sorti du rang. Il devait avoir cinq ou six ans. Il avança une jambe devant lui et cala ses mains sur ses hanches, les pouces bien dans le dos. Puis il tendit légèrement le cou, leva les coudes et commença. Les soldats se redressèrent sur leurs lits. Le garçon… entama ce que l’on appelle une danse russe. Debout, nous le regardâmes sans un mot. Lui s’amusait, riait. *

Extrait : DANSEUR, de Colum McCann. Format numérique :  Belfond éditeur, 2012, 369 pages, 691 Kb. Pour la présente, édition de papier, Belfond éditeur pour la traduction française, 2003, 371 pages.

En 1944, dans un hôpital soviétique, Rudik, six ans, danse pour son premier public : aucun des soldats mutilés n’oubliera cet instant éblouissant…dès lors, ce fils de paysan sait. Il sait qu’il ne reculera devant rien : mentir à sa mère, braver la colère du père, endurer brimades et humiliations. Pour danser comme il se doit, il ira jusqu’à s’exiler.

Travailleur acharné, obsédé de beauté et de perfection, Rudik fascinera tous ceux qui croiseront sa route, leur offrant le sentiment d’avoir côtoyé un ange ou un démon, un vrai génie, un monstre de sexe et d’excès.

Rudolph Noureïev (1938-1993)

 Une icône du XXe siècle

Ce livre, dans lequel se chevauchent le roman et la biographie, raconte l’histoire d’un russe, Rudolph Noureïev, un des plus grands danseurs classiques et chorégraphes de son temps. Le livre aborde abondamment le contexte familial de celui qu’on appellera familièrement Rudi, les évènements qui ont conduits à son exil de l’Union Soviétique et ses nombreuses frasques comportementales en Amérique.

Ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais car l’aspect professionnel de la vie de Noureïev est superbement sous-développé. Pas facile de séparer le vrai du faux. J’ai dû faire une recherche sur le développement artistique de Noureïev pour apprécier son talent, qui était génial, et son parcours tout à fait extraordinaire.

L’auteur s’attarde beaucoup sur la personnalité souvent caustique du danseur : *Je suis un cul-terreux, moi, dit-il… Il avait un genre de discours saccadé peu ordinaire, un cocktail détonnant d’arrogance campagnarde et de doute raffiné. * Extrait

La fatuité du personnage est rapportée un peu partout dans l’histoire… : *L’arrogance arrachée à l’air et plongée sans ciller dans la soupe au succès. * Extrait.

C’est un fait avéré et rapporté un peu partout dans le livre de McCann que Noureïev était un caractériel qui pouvait être imprévisiblement un parfait mufle, grossier, mal embouché et acide: *Il brillait tout de même derrière le vitriol.  * Extrait.

Malheureusement, j’ai trouvé peu de choses mettant en valeur la démarche artistique de Noureïev et l’empreinte indélébile qu’il a laissé dans le monde des arts. Si l’auteur avait mis à ce titre autant d’énergie qu’il en a investi dans les descriptions des orgies sexuelles de Rudi, sa consommation de drogues et sa dépravation, l’ouvrage aurait fortement gagné en crédibilité et en équilibre.

 

J’ai été surpris et peu emballé par l’âpreté du récit et sa technique narrative. Beaucoup de phrases très longues, énumératives ou sans verbe. L’auteur a choisi un style tamponneur pour définir l’homme. Je crois qu’il a réussi à mettre à jour sa complexité mais je ne peux pas en dire autant sur la puissance de son expression artistique.

Ça reste une bonne histoire, intimiste, celle d’un être singulier et désespérément seul. J’aurais vraiment préféré toutefois que l’auteur mette la danse à l’avant-plan, ou tout au moins la montée professionnelle de l’artiste.

Danseur est donc un bon roman mais faible sur le plan biographique, assez fort sur les plans intimiste, contextuel et émotif.

Suggestion de lecture : S’AIMER MALGRÉ TOUT, de Nicole Bordeleau


L’auteur Colum McCann

 

Du même auteur 

Bonne lecture
Claude Lambert

le dimanche 14 septembre 2025



 

LE MUR, Jean-Paul Sartre

*Ils seront huit. On leur criera: « En joue » et je verrai les huit fusils braqués sur moi. Je pense que je voudrai rentrer dans le mur, je pousserai le mur avec le dos de toutes mes forces et le mur résistera, comme dans les cauchemars. * (Extrait : LE MUR, Jean-Paul Sartre, Gallimard éditeur, 1939, collection Folio, papier, 247 pages.)

LE MUR est un ouvrage réédité plusieurs fois depuis sa sortie en 1939. (Voir les 4e de couverture en lisant l’article). Il s’agit d’un recueil de nouvelles réunissant cinq récits. C’est aussi le titre de la première   nouvelle. Chaque histoire évoque une dérive humaine tragique ou drôle. Toutes les nouvelles ont un point en commun : des fuites ou tentatives de fuites, arrêtées par un mur.

Tout y est noir : pathologies individuelles telle la démence, crise de Société, guerres, crises personnelles. Plusieurs des nouvelles de Sartre ont été adaptées au cinéma et à la télévision. *Les hommes, il faut les voir d’en haut. * (Extrait de la nouvelle intitulée EROSTRATE)

 

LES NOUVELLES

  • -LE MUR : narration d’un républicain espagnol condamné èa être fusillé par les franquistes, le tout débouchant sur une survie non désirée grâce à une trahison non voulue.
  • -LA CHAMBRE : explore les thèmes de la folie, de l’enfermement, de la famille bourgeoise, du couple et de la sexualité.
  • -EROSTRATE : Nouvelle aux conclusions tragi-comiques développant les thèmes de la haine et de la violence et du meurtre gratuit.
  • -INTIMITÉ : Deux femmes se questionnent sur leurs rapports respectifs au couple, à la sexualité, aux sentiments et à l’échec.
  • -L’ENFANCE D’UN CHEF : Analyse sociologique et psychologique de la lente adhésion d’un personnage ordinaire au fascisme.

 

Noir c’est noir

Le recueil comprend donc cinq nouvelles aussi profondes que désespérantes, crues. On ne sort pas guilleret d’une telle lecture. En effet, imaginez toutes les expressions liées au mot MUR :  -être au pied du mur-aller droit dans le mur, le dos au mur-entre quatre murs-faire le mur-frapper un mur-un mur nous sépare-mur d’escalade-mur du son-mur de la honte, etc

Autant d’expressions qui sont communes aux nouvelles de ce recueil, cinq variations sur le même thème, un mur séparant les mondes et bâti sur une foule de tares qui empêchent l’humanité de grandir et de se parfaire, avec en tête, la dérive de l’esprit, la folie et l’absurdité de la vie. Sur cette dernière, Sartre s’exprime abondamment et nous laisse beaucoup de matière à réflexion.

Les deux nouvelles qui furent pour moi les plus frappantes sont, d’abord LE MUR, un conte coup-de-poing d’une inimaginable froideur : <Comment s’appellent-ils ces trois-là ? -Steinbock, Ibbieta et Mirbal, dit le gardien. Le commandant mit ses lorgnons et regarda la liste. -Steinbock… Steinbock… Voilà. Vous êtes condamné à mort. Vous serez fusillé demain matin. Il regarda encore. -Les deux autres aussi dit-il. >   Extrait.

Le récit explore la nuit d’attente et débouche sur ce qu’on appellerait aujourd’hui l’ironie du sort. Du grand Sartre. Lorsque Sartre a écrit ces nouvelles, le germe de l’existentialisme progressait en lui. Un principe philosophique selon lequel chaque individu vient au monde sans but ni valeurs prédéfinies. Il se définit par ses actes dont il est pleinement responsable. Le contraire du déterminisme quoi.

Ce principe transparait particulièrement dans la dernière nouvelle du recueil : L’ENFANCE D’UN CHEF qui analyse de façon exhaustive un personnage ordinaire, Lucien, qui adhère graduellement à l’idéologie fasciste et déclare ouvertement son antisémitisme. Ce thème figure parmi les schémas de pensée les plus complexes de Sartre. Mais ce que je retiens ici, c’est la volonté propre de Lucien de se définir lui-même et d’assumer.

Pour moi, Sartre a toujours été un penseur en contradiction. Chez Sartre, j’ai toujours eu un peu plus de facilité à saisir l’esprit du dramaturge que celui du philosophe. Et pourtant, il est philosophe bien avant d’être dramaturge. C’est LE MUR qui a valu à Sartre le prix Nobel de la littérature en 1964. Il l’a refusé car selon lui, personne ne devrait être consacré de son vivant.

C’est en contradiction avec la tradition littéraire mais il faut admettre que Jean-Paul Sartre était un homme très engagé. Saisir la pensée de Sartre n’est pas simple. Par moment, je le trouvais ennuyant à mourir, parfois passionnant à ravir.

Lire LE MUR est un défi que j’ai relevé. J’en sors mitigé mais je n’ai aucun regret.

Suggestion de lecture : LE MONDE SELON GARP, de John Irving


L’auteur Jean-Paul Sartre

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 13 septembre 2025

Là où chantent les écrevisses

Commentaire sur le livre de
DELIA OWENS

« Mais, mesdames et messieurs, je vous le demande, avons-nous exclu Mlle Clark parce qu’elle était différente, ou est-elle devenue différente parce que nous l’avons exclue ? »

Extrait : LÀ OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES, Delia Owens, version papier : Seuil éditeur, 2019, 480 pages. Version numérique : Seuil éditeur 2020, 483 pages. Verion audio : Audiolib éditeur, 2020, durée d’écoute : 11 heures 17 minutes, narratrice : Marie du Bled.

La poésie des marais

Ce livre est un véritable enchantement. Je l’ai adoré malgré la crédibilité douteuse de son personnage principal et la superficialité des acteurs en général.

L’histoire est celle de Kia, une petite fille de Barkley cove, Caroline du nord. Elle a 10 ans. Elle est considérée rebelle et sauvage par ses pairs parce qu’elle refuse d’adhérer à une société avec laquelle elle ne se sent pas compatible. Abandonnée par sa famille, elle prend refuge dans le marais qui deviendra son monde.

Pour survivre, Kia, devenue la fille du marais, pêche des coquillages et les vend à un sympathique couple marchand du village : Jumping et Mable qui prennent Kia en amitié. Pour le reste, Kia demeure le plus possible dans la solitude là où chantent les écrevisses. Pour moi, ce cadre social, pour une fille de 10 ans au départ est peu crédible d’autant que les services sociaux ont renoncer à la rechercher. Peu probable à mon avis.

Au fil du temps, deux hommes entreront dans la vie de Kia : Tate, un garçon honnête, avide de connaissances naturalistes comme Kia, sincère mais un peu maladroit et Chase, un gars à filles, égocentrique et hypocrite. Or peu après une agression sur Kia, Chase est retrouvé mort. Le shérif du comté soupçonne un meurtre, accuse Kia et la met en prison.

Un procès suit. L’enquête et le procès sont au cœur de l’histoire et croyez-moi, le procès comme tel vaut la peine d’être suivi, c’est un bijou. L’avocat de Kia, Tom, m’a simplement ébloui.

Bien au-delà des performances judiciaires et de l’incompétence crasse d’un officier de justice, ce livre est envoûtant et il faut le pénétrer au-delà d’une simple lecture. J’ai fait plus qu’entrer dans l’histoire, je suis entré dans le marais, j’ai respiré son parfum, senti sur ma peau les vents humides. Je fus pénétré par les sons et les odeurs d’une nature luxuriante, généreuse.

Voilà la grande force de ce livre, celle de m’avoir amené dans le marais pour finalement le quitter à regret. Ce livre est un hommage à la nature. Et son réalisme descriptif est une véritable poésie.

Cet aspect immersif qui nous transporte dans une nature si généreuse m’a fait oublier le caractère insipide du côté romanesque de Kia et la qualité discutable des dialogues qui sont la principale faiblesse du livre.

Mais le procès et surtout, l’omniprésence du marais font de ce livre une petite merveille qui n’est pas sans évoquer les vertus de la tolérance et le respect de l’environnement.

Bref, c’est un livre qui fait du bien.

Suggestion de lecture :

LES MYSTÈRES DU BAYOU, trilogie de JANA DELEON



L’autrice Delia Owens


LÀ OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES image du film éponyme

*LÀ OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES* de Delia Owens a été adapté au cinéma en 2022 par Olivia Newman, scénarisé par Lucy Alibar. Avec Daisy Edgar-Jones, Taylor John-Smith et Harris Dickinson. Détails ici.

Bonne lecture,

Bonne écoute

Claude Lambert

le vendredi 12 septembre 2025

État de terreur

Commentaire sur le livre de

Hillary Rodham Clinton
et
Louise Penny

Aram Wani courut. Conscient que sa vie en dépendait. Même s’il lui était désormais égal de vivre ou de mourir. Fuir était instinctif. Rien de plus. Et pourtant il courait, fuyait la mort. L’homme armé. L’homme qui avait assassiné sa femme et son enfant. Aram Wani courut.

Extrait : ÉTAT DE TERREUR, de Hillary Rodham Clinton et Louise Penny. Flammarion Québec 2022 pour la traduction française. Édition de papier, 525 pages.

Après une période politique tumultueuse aux États-Unis, une nouvelle administration prend ses fonctions. Contre toute attente, le président choisit Ellen Adams comme secrétaire d’État, réduisant ainsi au silence l’une de ses critiques les plus acerbes. Peu après, une série d’attentats terroristes ébranle l’ordre mondial. Face à cette menace croissante, la secrétaire d’État réalise que l’administration précédente, déconnectée des relations internationales, a laissé le pays isolé, sans de nombreux alliés.

Elle découvre que la conspiration est bien plus complexe, les enjeux plus importants, et les ennemis de l’État bien plus proches qu’elle n’aurait pu l’imaginer. Pour les contrer, elle forme une équipe hors du commun, composée notamment de sa fille, une jeune agente dévouée du Service extérieur, et de sa plus fidèle amie et conseillère.

 Un thriller géopolitique intense

ÉTAT DE TERREUR est un thriller géopolitique captivant qui m’a tenu en haleine du début à la fin. Bien que l’idée de départ soit simple, l’histoire s’étend largement et explore les ramifications complexes du terrorisme. Voici un aperçu. Après les élections présidentielles américaines, Eric Dunn, un président incompétent et douteux, est évincé du pouvoir et remplacé par Doug William, qui hérite d’un mandat difficile. Pour des raisons que je ne détaillerai pas ici et qui sont quelque peu secondaires dans l’histoire, William nomme Helen Adams, une fidèle de Dunn et adversaire politique, comme secrétaire d’État.

Le mandat d’Helen Adams débute sur les chapeaux de roues avec des attentats meurtriers en Europe qui plongent le monde dans la peur et provoquent l’angoisse des Américains. 

Préoccupée par la sécurité intérieure, la secrétaire d’État mène une enquête minutieuse qui la conduit au cœur du terrorisme : dans des pays musulmans et même à Moscou, où elle parvient à mettre le président dans une position délicate. Ses nombreux déplacements révèlent un complot machiavélique visant l’Amérique et le monde occidental.

Depuis Henry Kissinger, secrétaire d’État sous Nixon en 1973, qui a marqué l’histoire avec sa politique de détente pendant la guerre froide, j’ai toujours été fasciné par le rôle du secrétaire d’État, véritable bras international du président américain.

Je doutais de la qualité que pourrait offrir l’association d’une ancienne secrétaire d’État et première dame avec une écrivaine renommée, mais j’ai été agréablement surpris. Ce livre m’a paru d’une crédibilité incontestable.

Les autrices dévoilent avec précision le rôle et le quotidien effréné d’une secrétaire d’État tout en plongeant profondément dans les arcanes du terrorisme, ses ramifications, ses idéologies radicales et ses extrémistes prêts à mourir pour des idées absurdes, et pire encore, à faire mourir d’autres pour ces mêmes idées.

Suggestion de lecture : L’ORDRE DU MONDE, de Denis Lépée


Les autrices Hillary Rodham Clinton et Louise Penny

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 7 septembre 2025

 

Drôles de question sur les sciences

Collectif à l’intention des enfants

Extrait : DRÔLES DE QUESTIONS SUR LES SCIENCES, un collectif publié chez Fleurus sur support numérique 2021. Illustré. 137 pages, littérature jeunesse. Pour les jeunes à partir de 9 ans.

Drôles de questions sur les sciences.  Les filles et les garçons ont-ils la même intelligence ?  Pourquoi ma tartine tombe-t-elle (presque) toujours du côté beurré?  Quelle est la hauteur du ciel ?  Comment fait-on pipi dans l’espace ?   Où s’en vont les poubelles ?  Demain, pourrai-je jouer avec mon clone ?

Les enfants et les sciences du quotidien

Voici une magnifique petite collection pour satisfaire l’inépuisable curiosité des enfants de 9 ans et plus : DRÔLES DE QUESTIONS.  Et je peux garantir que les ados et les adultes y trouveront leur compte. J’ai été moi-même surpris d’avoir des réponses à un tas de questions que je me suis toujours posées

Par exemple, pourquoi, quand on baille, on fait bailler les gens près de nous ? Eh oui ! Je sais maintenant pourquoi le bâillement est contagieux. J’ai parcouru la collection et je me suis attardé à DRÔLE DE QUESTIONS SUR LES SCIENCES. J’ai été surpris par la pertinence des sujets et comment ils sont développés. C’est limpide, rafraîchissant, amusant et superbement illustré.

Où passe la nourriture que l’on mange ? Pourquoi je pourrais avoir envie de manger quand je suis triste ? Pourquoi l’eau bouillante durcit les œufs mais ramollit les pâtes ? Ça pèse combien un nuage ? Où commence l’espace ? Sans oublier la question classique : Y a-t-il une vie ailleurs que sur la terre ?

Une centaine de questions pour instruire les enfants en s’amusant. Évidemment, chaque livre de la collection est bâti pour les enfants. Mais les questions qui s’y trouvent peuvent surprendre beaucoup d’adultes.

Enrichir les connaissances de façon originale, divertissante et attractive. Tel est le but que se sont donné les créateurs de la série, chaque ouvrage étant collectif. Je recommande chaleureusement cette série. Pour des suggestions de livres du même genre, cliquez ici.

Suggestion de lecture : FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS, de Roland Lehouck

Dans la même collection

Bonne lecture
Claude Lambert

Le samedi 6 septembre 2025

Osti de tabarnak

PREUX CHEVALIER FRANCOL

Commentaire sur le livre de
GISLAIN TASCHEREAU

*…Et à voir les traits de Qing Bloke, tendus comme une arbalète armée, il devine que le roi de l’Unifol ne mijote pas une soirée cervoise avec celui qui a enlevé son fils, S’il concocte quelque chose, c’est plutôt de retrouver cet Osti de Tabarnak et de le suspendre par les pieds au-dessus d’un cloaque à purin jusqu’à ce qu’il expire. Et il rêve probablement de lui annoncer sa sentence lui-même en chair et enculé. *

(Extrait : OSTI DE TABARNAK PREUX CHEVALIER FRANCOL, de Ghislain Taschereau, LAFFONT éditeur 2020, édition de papier, 408 pages. Format numérique, ERL Canada numérique éditeur 2019, version audio : Audible studios éditeur 2020, durée d’écoute : 11 heures 58 minutes. Narrateur : Ghislain Taschereau.)

Nous sommes au Moyen Âge. La cité de Franc, capitale de la Francolie, pays des Francols, a été prise par l’armée de l’Unifolie. Florent de Lys, le roi de la Francolie, a été capturé et mis en geôle. L’armée francole a été décimée et l’on soupçonne son maréchal, porté disparu, de félonie.

La partie n’est toutefois pas gagnée pour les Unifols, primo parce que leur reine est une enfant rebelle de la Francolie, secundo parce qu’ils auront affaire aux chevaliers du Déconcrissage…

Une caricature engagée

*…mais Carisse de calice lève un doigt ! <Je tiens à préciser que si mon frère devait, par malheur, se révéler être un sale traître à la francolie, mon pays que j’aime de tout mon cœur, je le tuerais de mes propres mains ! > Carisse de calice se tait soudain, puis tente de réprimer un sanglot qui, à défaut de pouvoir emprunter le chemin de ses yeux, lui sort par le nez et tombe devant lui sur la table… * (Extrait)

Ce livre, au titre audacieux, drôle pour ne pas dire comique m’a semblé au premier coup d’œil une charge irrévérencieuse contre la noblesse mais surtout un portrait incisif de l’éternelle dualité culturelle entre l’anglophonie et la francophonie., Il pointe du doigt l’absurdité et la bêtise de la politique.

Taschereau a campé son sujet bien solidement dans un contexte médiéval, donnant à ses héros des noms que les puritains jugeront définitivement blasphématoires mais que moi j’ai trouvé dôles et tape-à l’oreille (car j’ai écouté la version audio narrée par l’auteur lui-même).

Ghislain Taschereau a commencé par créer un noyau de héros francols, les chevaliers du déconcrissage, dirigés par le héros du récit, le preux chevalier Osti de Tabarnak, bien secondés par Osti de Tocson, d’Osti de Tough, d’Osti de Peassou, de Quarisse de Câlisse et de Kérisse de Gorlo. Notez *l’exotisme* des noms créés à partir de jurons, patois, termes jouals et blasphèmes.

S’ajoute quantité de personnages secondaires aux noms très signifiants. Baron Mautadine de Tabarouette, Duc Torpinouche de Torvis, Duchesse Torieuse de Bonrienne, Comte Caline de Mosuss, Comtesse Batêche de Calibine et quelques autres.

Il ne faut pas oublier les dignes représentants de l’Unifol avec en tête le roi Qing Bloke dont l’expression linguistique est un tantinet tournée en dérision :  *-Well thi wall you will wrung the well wull? Demande Qing Bloke dont les larmes se sont figées sous la rage. -Thiwol you is Osti de Tabarnac az wall wring youl thi, répond Layshen. (Extrait)

Quoique fort divertissante, l’histoire est difficile à suivre car elle est truffée de phrases à double-sens, jeux de mots, allusions, sarcasmes et sens cachés, sous-entendus.

C’est une faiblesse. Pas nécessairement un irritant. Ça m’a simplement obligé à quelques retours en arrière en cours d’audition. J’ai beaucoup apprécié le contexte médiéval dont notre langue s’est assez bien inspiré et la façon dont l’auteur évoque des tares historiques en passant par l’absurde.

Les allusions directes à des personnages contemporains formellement identifiables sont rares Toutefois, le patronyme PET TRUDEAU m’a surpris et l’image qui s’en dégage est peu flatteuse, ce qui m’a ravi au plus haut point.

Malgré son humour attractif et déridant, il est évident pour moi que ce livre véhicule une pensée sociale et d’actualité qui ne m’a pas laissé indifférent. Si la finale débouche sur une idée de régime politique discutable, j’adhère totalement à sa conclusion qui laisse entendre que c’est en passant par l’éducation, l’acquisition de connaissances et l’enrichissement de la culture qu’un peuple devient fort :

Il n’est
d’erreurs,
de désespoirs
et de complexes
que les Francols n’endurent.

Il n’est
d’erreurs,
de désespoirs
et de complexes
que l’éducation ne cure.

À lire ou écouter. Évasion garantie.

Suggestion de lecture : LA BÊTE CREUSE de Christophe Bernard

Du même auteur

 

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert
le dimanche 31 août 2025

Dix petites poupées

Commentaire sur le livre de 
B.A. PARIS

<Je me détourne, en me demandant ce qu’elle dirait si je lui annonçais que je viens de trouver une seconde poupée russe. Si le corps de Layla avait été retrouvé, elle aurait pris ma découverte sur le compte d’une étrange coïncidence. Mais son corps n’a jamais été retrouvé. Et s’l y a bien une chose que je redoute, c’est qu’Ellen croie que Layla puisse être encore en vie. >

Extrait : DIX PETITES POUPÉES, B.A. Paris, Hugo Roman éditeur, 2019, format numérique, 2,5 Mo. Équivalence : 194 pages. Version papier chez Hugo Roman : 336 pages

Layla a disparu il y a douze ans, en pleine nuit, sur une aire d’autoroute, alors qu’elle rentrait de vacances en France avec son petit ami, Finn. On ne l’a jamais revue depuis. Finn a raconté la vérité sur ce qui s’est passé cette nuit-là. Mais pas toute la vérité. Ni aux policiers qui l’ont interrogé lors de l’enquête, ni même à Ellen, la sœur de Layla, avec laquelle il a refait sa vie et qu’il s’apprête à épouser.

Quand un de leurs voisins croit apercevoir Layla près du cottage où vivent Finn et Ellen, le passé ressurgit. Finn reçoit d’étranges et inquiétants e-mails. Layla serait-elle encore en vie ? Et pourquoi des petites poupées russes, souvenirs de l’enfance des deux sœurs, font-elles soudain leur apparition ?

Esprit à la dérive

C’est une histoire étrange, étriquée, un peu confuse. Elle tourne autour de trois personnages auxquels se rajoutent quelques figurants. Une nuit, une jeune femme, Layla disparaît dans une aire d’autoroute. Son ami, Finn McQuaid est dans tous ses états. Parce qu’il adore Layla. Les recherches ne donnent rien. Après quelques temps, Layla est considérée comme morte mais pas pour tout le monde. Finn n’a pas tout révélé aux policiers.

Douze années se sont écoulées. Finn a refait sa vie avec la sœur de Layla, Helen. Mais bientôt, un voisin croit avoir aperçu Layla. Finn reçoit d’étranges courriels et accumulent des petites poupées russes déposées bien en vue sur son passage. Layla serait-elle de retour 12 ans après ? Finn va-t-il reconsidérer sa relation avec Helen

C’est donc l’histoire du bizarre triangle amoureux qui repose sur un trouble de la personnalité. Finn a une situation très particulière à gérer et ce qui complique davantage cette situation est qu’il a de la difficulté à se gérer lui-même car Finn est un caractériel colérique et prompt :

<…parfois, quand nous nous promenons sur un sentier qui borde un à-pic, à quelques pas seulement, je me prends à me demander ce que ça ferait de la pousser dans le vide, pour qu’elle s’écrase en bas et cesse de respirer. Je ne peux plus dormir du sommeil paisible de l’innocent. Tout comme je faisais des cauchemars à l’idée d’avoir tué Layla, je fais maintenant des cauchemars dans lesquels je tue Hellen.> Extrait

C’est un récit difficile à suivre qui met en scène des personnages qui brillent par leur immaturité. Layla est partout mais elle est insaisissable, Finn ne s’endure pas et Helen n’est peut-être pas celle qu’on pense. Ajoutons à cela les poupées. Le titre précise qu’il y en dix mais il me semble qu’il y en a partout. Aucun doute, c’est un récit qui joue avec les nerfs du lecteur.

C’est un thriller psychologique, violent mais sans artifice. Il est relativement bien développé mais pas des plus abouti. Les personnages sont froids et ne portent pas à l’empathie. C’est une forme de huis-clos dans lequel l’ambiance est plus oppressante que le suspense comme tel. Avec toutes ces poupées et ces courriels énigmatiques, j’avais l’impression que le récit prenait toutes sortes de directions…pénible à suivre par moment.

Le sujet est intéressant, original même. La finale est prévisible à partir de la deuxième partie de l’histoire et je l’ai trouvée un peu tirée par les cheveux, peu réaliste. Le rythme est bon, dans une alternance de personnages et de temps. C’est un thriller intrigant mais pas vraiment inoubliable.

De B.A. Paris, je préfère de loin DÉFAILLANCE que j’ai lu avec beaucoup plus d’avidité.

Suggestion de lecture : À TRAIN PERDU, de Jocelyne Saucier


L’auteure B.A. Paris

 De la même auteure

Bonne lecture
Claude Lambert

le samedi 30 août 2025

Deux contes interdits

PETER PAN de Simon Rousseau

Et
LA PETITE SIRÈNE de Sylvain Johnson

Une vague de drogués se jetant du haut d’immeubles, croyant pouvoir voler. Des disparitions. Une île perdue dans la forêt boréale, habitée par une communauté déjantée et leur leader sans âge. Une baronne du crime nymphomane et amoureuse des bijoux en forme de clochettes. Un enquêteur médisant dépourvu de sa main droite, dévorée par un cannibale qui hante encore ses nuits. La réécriture la plus sombre du conte classique » Peter Pan »

 

Cette version moderne de La petite sirène plonge dans les bas-fonds de la nature humaine et de l’horreur. Un conte d’espoir, de perdition, de déchéance, où sont exploités les plus bas instincts qui animent les hommes. Il faut parfois savoir accepter notre destin au risque de déclencher des évènements irréversibles…Un père alcoolique qui tente de noyer son enfant difforme…Un couple de monstres de foires en cavale, poursuivi par un policier corrompu, au service d’un juge pervers. Une mystérieuse attraction montréalaise, le palais des nains, qui cache des abominations, d’absurdes personnages de cauchemars aux intentions machiavéliques.

Le cœur de l’horreur
(Encore et toujours)

C’est sans doute le dernier commentaire que je fais sur des livres de cette série. Je me sens saturé car la tendance gore est peu renouvelable. La série regroupe des contes revisités ou détournés de façon à mettre en exergue la vision la plus glauque de l’esprit humain.
Nous avons maintenant des récits qui inspirent le dégoût et l’horreur dans les thèmes typiques du genre : pédophilie, gore, voyeurisme, drogue, prostitution et même cannibalisme…j’en passe. La sensibilité de beaucoup de lecteurs risque d’être carrément violée.

C’est pratiquement du pareil au même d’un récit à l’autre. On a pratiquement fait de cette série une culture du mauvais goût. J’ai apprécié au début, mais le genre est statique, peu évolutif. En fait, c’est la redondance qui m’a saturé. Dans Peter Pan de Simon Rousseau, une drogue qui rend totalement abruti et dépendant fait l’objet d’un odieux trafic. On y trouve un tueur en série, une nymphomane cruelle et vicieuse et bien sûr Peter Pan, abusé dans sa jeunesse, devenu gore, violent, sanguinaire.


Le récit est composé d’histoires imbriquées, pas de fil conducteur et les ingrédients qui sont la signature habituelle des Contes interdits : cruauté, violence, torture, bestialité et du sang à la tonne. Rien de neuf. J’ai trouvé LA PETITE SIRÈNE de Sylvain Johnson mieux structurée. C’est évidemment très gore, ça lève le cœur par moment, mais il y a un fil conducteur et la petite sirène a un objectif précis.
Ici, nous avons une jeune fille atteinte du syndrome de la sirène appelé sirénomélie, une maladie fœtale très rare qui se caractérise par une fusion des membres inférieurs qui rappelle une queue de poisson.

L’objectif de la petite sirène est clair : se faire greffer une belle paire de jambes flambant neuves. Mais ce rêve devient un cauchemar car la petite deviendra victime des pires bassesses humaines. Pas de pitié, pas d’empathie.
L’histoire a une certaine originalité et sa composition fait qu’elle est facile à suivre. À part cet attribut quand même important, c’est aussi glauque et sulfureux que les autres livres de la série. Comme d’habitude, ça finit mal et comme d’habitude, le récit est truffé de passages dégeulasses de nature à soulever le cœur.


J’ai le plus grand respect pour les amateurs de gore Mais en ce qui me concerne, je suis heureux de passer à autre chose.

Suggestion de lecture : GORE STORY, de Gilles Bergal



L’auteur Simon Rousseau                    l’auteur Sylvain Johnson

Le 31 octobre 2021, le site internet fillesdejoual.com a publié un article extrêmement intéressant signé Withney St-Onge B.

Le dossier résume et analyse le succès foudroyant de la série des CONTES INTERDITS. Pour lire le dossier et avoir accès aux résumés des 25 contes interdits, cliquez ici. Vous ne serez pas déçu.

 

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Claude Lambert
le vendredi 29 août 2025

RAIPONCE, L.P. Sicard

<Elle entendait chaque millilitre d’hémoglobine s’égoutter des pointes repues et éclater au plancher, chaque respiration rauque de son latent assassin et le subtil crépitement de la glace que le sang chaud faisait craqueler.>

Extrait : RAIPONCE, de L.P. Sicard, ADA Éditeur 2018, édition de papier, 192 pages. Version audio : ADA AUDIO-SGNT média éditeur, 2020, durée d’écoute : 5 heures 13 minutes. Narrateurs-comédiens : Frédérik Zacharek, Danièle Panneton, Catherine De Sève, Jean-François Beaupré, Tristan Harvey, Elisabeth Gauthier Pelletier, Lisanne Lafontaine, L.P. Sicard

Des contes revisités qui mettent en exergue la vision la plus glauque de l’esprit humain. Nous avons maintenant des récits qui inspirent le dégoût et l’horreur dans les thèmes typiques du genre : pédophilie, gore, voyeurisme, drogue, prostitution et même cannibalisme…j’en passe. La sensibilité de beaucoup de lecteurs risque d’être carrément violée.  (Extrait d’un article de JAILU publié en février 2021, commentant la série LES CONTES INTERDITS.)

Gore et choquant

Comme tous les livres de la série CONTES INTERDITS, RAIPONCE est réservé à un public averti. Mais alors là, vraiment averti…c’est-à-dire prêt à mettre de côté les critères du bon goût et plonger dans les profondeurs de l’horreur et goûter à tout ce qui est noir et tordu.

C’est, pour moi, un des récits les plus intenses de la série quoique j’y ai trouvé peu d’affinité avec le conte original des frères Jacob et Wilhelm Grimm. Quoiqu’il en soit, les amateurs de gore y trouveront largement de quoi se satisfaire : du sang, de la peur, de la violence, des esprits détraqués. Bref, du trash qui va d’abomination en abomination. De l’horreur…rien que de l’horreur sans répit.

La plume est acide, directe et crue. L’auteur va jusqu’à décrire dans les détails une scalpation…un des passages les plus glauques du récit. Fermez les yeux et imaginez-vous un instant qu’on vous arrache le cuir chevelu…horreur en profondeur. 190 pages de frissons et de poils dressés.

La version sonore canalise davantage la terreur et l’amplifie à cause des effets sonores et de la musique, le tout parfaitement ajusté avec le caractère choquant de l’histoire. De plus, j’ai trouvé la narration particulièrement impressionnante. Que ce soit papier ou audio, si vous êtes trop impressionnable, abstenez-vous.

Quant à l’histoire comme telle, elle est vraiment bien écrite. Sicard manie les mots en maître et aucune page de son livre n’est délestée de cruauté. Il a les mots justes qui secouent le lecteur et entretient la tension tout au long de la lecture pouvant jusqu’à provoquer un malaise.

Dans ce livre, qui tranche par son réalisme, beaucoup de mots vont au-delà de leur définition et certains agencements rappellent la poésie d’une certaine façon. Je me réfère en particulier aux figures de style. C’est très personnel comme point de vue. D’une façon ou d’une autre, RAIPONCE ne laisse pas indifférent.

C’est un livre terriblement descriptif. San être emballé, j’ai assez aimé…

Suggestion de lecture : Coup d’œil sur la série CONTES INTERDITS

Louis-Pier Sicard est un écrivain québécois né en 1991. Il obtint un baccalauréat en éducation physique en 2014. Il est inscrit à la maîtrise en études littéraires tout en travaillant, depuis 2012, comme enseignant suppléant en éducation primaire. Gagnant du premier prix mondial de poésie francophone des 15-25 ans en 2014, il a publié un premier recueil en 2013, Les Amants de l’abîme, et a entrepris la publication d’une série fantastique, Félix Vortan, dont le premier tome obtient le Grand prix jeunesse des univers parallèles.

La série CONTES INTERDITS
en développement

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Claude Lambert

LE DIMANCHE 24 AOÛT 2025

Le Silmarillon 2

L’œuvre de
J.R.R. et CHRISTOPHER TOLKIEN

Commentaire, partie 2

*Il arriva, un jour avant la venue du printemps, que Lùthien dansait sur une colline verdoyante, et qu’elle se mit soudain à chanter d’une voix haute et claire, un chant qui vous perçait le cœur comme celui de l’alouette quand il s’élève des portes de la nuit pour lancer sa mélodie vers les étoiles mourantes, voyant déjà le soleil derrière les murailles du monde. Et le chant de Lùthien défit les liens de l’hiver, libéra les eaux gelées qui se mirent à bruire, et des fleurs naquirent de la terre glacée là où s’étaient posés ses pas. *

<Extrait : LE SILMARILLION, œuvre majeure inachevée de J.R.R. Tolkien mais par la suite complété et publié par son fils Christopher. Pocket éditeur, 2002. Édition de papier 482 pages. Version audio : Audiolib éditeur, 2021, durée d’écoute : 15 heures 27 minutes, 1,3 Go, narrateur : Thierry Janssen.>


Les Terres du Milieu

J’ai bien senti l’influence de Tolkien père dans le SILMARILLION mais l’œuvre dégage un parfum d’inabouti. Si Ronald Tolkien s’était rendu au bout de son œuvre, je suis sûr qu’elle serait devenue une trilogie car beaucoup d’éléments qu’on retrouve dans la chaîne d’évènements du SILMARILLION me semble inachevés ou superficiels.

L’œuvre a été achevé par le fils de Tolkien, Christopher qui a peut-être été vite en affaire. Ça m’a semblé bâclé et j’ai été déçu par le dernier carnet qui aurait pu, je crois, mieux me préparer au Seigneur des anneaux en alimentant un peu mieux l’introduction des futurs héros : Gandalf, fredon, Bilbon, Aragorne. On aurait pu ajouter à cela un petit aperçu de ce qui attendait la Terre du Milieu.

Bien que l’histoire soit alourdie par une généalogie compliquée, elfique en particulier, avec des noms imprononçables, j’ai bien senti la prépondérance de Ronald Tolkien dans l’ensemble de l’ouvrage. Nul doute que l’influence du Père Tolkien se fait bien sentir dans l’écriture, qui est toujours aussi belle, la sensibilité du langage et une culture bien identifiée pour chaque peuple.

J’ai donc surmonté les irritants d’un livre terminé un peu trop vite pour savourer les magnifiques envolées narratives du SILMARILLON qui renferme la base incontournable du Seigneur des anneaux. Il est vrai que dans l’édition que j’ai utilisée, des noms ont changé…Fredon Sacquet est devenu Fredon Bessac, Grand-Pas est devenu l’arpenteur. Mais je m’y suis fait et j’ai beaucoup apprécié la narration de Thierry Janssen…comme toujours.

Suggestion de lecture : BILBO LE HOBBIT, de J.R.R. Tolkien

À gauche, l’auteur John Ronald Reuel Tolkien, à droite, son fils Christopher qui a achevé et publié le livre de son père LE SILMARILLION

La suite

En attente de l’adaptation cinématographique


Au moment d’écrire ces lignes (août 2025), le projet était sur la table du réalisateur Peter Jackson depuis un bon moment. Toujours pas de nouvelles.

 

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Claude Lambert
le samedi 23 août 2025