LA VIEILLESSE, Simone de Beauvoir

*Le mor <rebut> dit bien ce qu’il veut dire. On nous raconte que la retraite est le temps de la liberté et des loisirs; … Ce sont des mensonges éhontés. La société impose à l’immense majorité des vieillards un niveau de vie si misérable que l’expression <vieux et pauvre> constitue presque un pléonasme ; inversement : la plupart des indigents sont des vieillards.

Les loisirs n’ouvrent pas aux retraités des possibilités neuves ; au moment où il est enfin affranchi des contraintes, on ôte à l’individu les moyens d’utiliser sa liberté. *
Extrait : LA VIEILLESSE de Simone d Beauvoir, Gallimard éditeur 1970. Édition de papier, 800 pages.

Simone de Beauvoir aborde ici les problèmes, politiques, sociaux, existentiels, philosophiques, psychologiques du vieillissement et de la mort. L’essai est composé de deux parties.

Elle explique d’abord sa vision engagée de la vieillesse en démontrant que les sociétés modernes se comportent de façon aussi « dégradante » que certaines des sociétés primitives. Les vieillards sont des bouches inutiles à nourrir. De Beauvoir est en cela un précurseur du combat politique de personnes âgées pour faire reconnaître leurs droits dans un monde qui exclut les anciens.

Dans une seconde partie, l’auteure définit ce qui pour elle peut donner du sens dans l’absurdité d’un monde impitoyable pour les anciens. L’engagement au service des autres dans des projets et des combats politiques donnent même au grand âge des objectifs qui font sens pour la personne elle-même, pour son environnement, pour la société.

 

Un portrait tranchant

Dans son livre en deux tomes, Simone de Beauvoir dresse un bilan très sombre de la vieillesse. Dans le premier tome, elle décrit la vieillesse sur les plans biologique, ethnologique, historique et termine par le positionnement de la vieillesse dans la Société moderne.

Le deuxième tome est beaucoup plus philosophique, fortement empreint de la pensée existentialiste de Jean-Paul Sartre. Elle décrit la vieillesse sur les plans historiques et évolutifs, ce qui comprend la vie personnelle, professionnelle et sexuelle. Elle donne de nombreux exemples fort détaillés de la vieillesse de grands personnages historiques qui ont marqué leur temps en politique, littérature, arts, musique et philosophie.

Il faut comprendre ici que ce livre a été publié en 1970, soit 52 ans avant la publication de cet article. La question pour moi était de savoir si le livre a mal vieilli. Je dirais oui jusqu’à un certain point. Certaines choses n’ont pas changé.

À une très lointaine époque où régnait la loi tribale, on tuait les vieux dès qu’ils devenaient encombrants. Puis on a arrêté cette pratique et on a confiné les vieux dans leur famille où ils sont devenus rapidement gênants, souvent dans l’attente de l’héritage. Puis la famille a éclaté et on s’est mis à parquer les vieux. Aujourd’hui, on parque toujours les vieux ou ils se parquent eux-mêmes ce qui est tout à fait dans le ton de la modernité.

De Beauvoir a raison a bien des égards malgré l’évolution explosive de la Société : La politique de la vieillesse est un échec monumental de la civilisation, un gâchis à l’échelle mondiale.

Le livre est donc empreint d’un certain réalisme mais comporte des irritants comme celui d’être à la remorque de la mentalité des années 1960-70, l’auteure utilisant par exemple un vocabulaire vu aujourd’hui comme celui d’un autre temps.

Elle utilise des mots jugés aujourd’hui dépassés et même à la rigueur, choquants : Décrépitude, gâtisme, dégénérescence, finitude, déchéance, vieillards, etc. Certains modèles d’expression laissent à penser que Simone de Beauvoir est carrément tranchante :

<Le mot -rebut- dit bien ce qu’il veut dire. On nous raconte que la retraite est le temps de la liberté et des loisirs… Ce sont des mensonges éhontés. La Société impose à l’immense majorité des vieillards un niveau de vie si misérable que l’expression -vieux est pauvre- constitue presque un pléonasme.> Extrait. L’auteure va jusqu’à dire que la politique de la vieillesse confine à la barbarie.

Tout ça est trop fort. Je comprends pourquoi cet essai de Simone de Beauvoir a été aussi critiqué par ses contemporains. Il est tranchant et très agressif. Je rejoins l’auteure toutefois quand elle dit qu’il faut complètement revoir la gestion actuelle des aînés, repartir sur des bases réalistes et cesser de considérer les aînés comme des morts en sursis.

En résumé, l’ouvrage est intéressant, quoique pas toujours facile à suivre. C’est vrai, il est d’un autre temps mais il vient réactualiser la situation et le sort de nos aînés qui, nous l’avons vu pendant la pandémie du COVID 19, souffrent d’une tendance de la Société à les mettre sur une voie de garage.

Suggestion de lecture : L’ÉTRANGER, d’Albert Camus


L’auteure Simone de Beauvoir

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 1er juin 2025

 

Le Seigneur des anneaux



VERSION AUDIO


Lu par Thierry Janssen

 Amies lecteurs, amies lectrices, chaleureuses salutations. Aujourd’hui, je viens réactualiser la célèbre trilogie de J.R.R. Tolkien LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Cette fois, je commente la version audio réalisée par Audiolib et lue par Thierry Jansen. Comme je ne commenterai que la version sonore, je vous invite à lire ou relire le commentaire que j’ai publié le 1er avril 2019.

L’article comprend mon opinion sur l’histoire, les notes biographiques et cinématographiques. Mon opinion n’a pas changé. Sur le plan littéraire, LE SEIGNEUR DES ANNEAUX est un chef d’œuvre. Cliquez ici pour lire l’article. Cette fois, je veux commenter seulement la version sonore ainsi que l’édition.

Trois anneaux pour les rois des Elfes sous le ciel
Sept aux Seigneurs des nains dans leurs salles de pierre
Neuf aux hommes mortels voués à trépasser
Un pour le Seigneur sombre au trône de ténèbres, au pays de Mordor où s’étendent les ombres
Un anneau pour les dominer tous
Un anneau pour les trouver
Un anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier
Au pays de Mordor où s’étendent les ombres
Extrait : 1er volume audio LE SEIGNEUR DES ANNEAU, J.R.R. Tolkien. Narrateur : Thierry Janssen. Audiolib éditeur, 2018. Durée d’écoute : Volume 1, LA FRATERNITÉ DE L’ANNEAU, 20 heures 52 minutes, Volume 2, LES DEUX TOURS, 18 heures 9 minutes. Volume 3 : LE RETOUR DU ROI, 19 heures 13 minutes.

1 LA FRATERNITÉ DE L’ANNEAU : C’est un dangereux héritage que Bilbo Bessac cède à son neveu avant de disparaître : l’anneau de pouvoir forgé par Sauron et dérobé jadis à Gollum. Le mage noir n’aspire qu’à retrouver son arme et sa puissance, et déjà ses cavaliers font route vers la Comté… Pour leur échapper et détruire la menace que représente cet anneau, le jeune hobbit, Frodo, et ses compagnons commencent la périlleuse traversée de la Terre du Milieu, dans l’espoir d’atteindre la Faille du Destin, au cœur du Mordor.

2 LES DEUX TOURS : Tandis que Merry et Pippin rencontrent les fascinants Ents de la forêt de Fangorn, Aragorn, Gimli et Legolas affrontent les Orques et les Cavaliers du Rohan, avant de rencontrer un mystérieux cavalier blanc. Frodo et Sam, de leur côté, suivent Gollum le long des chemins périlleux qui mènent vers le royaume du Mordor, le seul lieu où l’Anneau pourrait être détruit.

3 LE RETOUR DU ROI : Toujours accompagné de Sam et Gollum, Frodo poursuit sa traversée du Mordor pour atteindre la montagne du destin. Tandis que Gandalf affronte Sauron dans une lutte sans merci, c’est une guerre dévastatrice qui a lieu au pied de Minas Tirith, assiégée par des armées d’orques et de trolls. Aragorn, Gimli, Legolas, Merry et Pippin combattent avec l’énergie du désespoir pour défendre la cité blanche, et avec elle la Terre du milieu toute entière, face à l’invasion des forces des ténèbres.

Un beau moment d’écoute

Ce fut pour moi une très belle expérience sonore malgré l’étrangeté de la traduction. En effet, plusieurs mots et expressions ont été traduits littéralement ou librement. C’est ainsi que Frodon Sacquet est devenu Frodo Bessac, Grand-pas est devenu l’Arpenteur, Fondcombe est devenu Fondeval et j’en passe.

Certains noms sont demeurés les mêmes comme la dame de Loriens, la belle Galadrielle et son époux Clayborne par exemple. Et au moins, Gandalf est demeuré Gandalf

Bien sûr, pour ceux et celles qui ont LU LE SEIGNEUR DES ANNEAUX ou qui ont vu la version française de la trilogie cinématographique, et il y en a des millions, cette nouvelle traduction est dérangeante. Je n’ai pas très bien compris ce choix de l’éditeur. Mais, bon, c’est irritant mais surmontable.

Il est impossible pour moi d’oublier ma lecture de la trilogie. Elle demeure inoubliable. Mais avant d’ÉCOUTER la version audio, il est préférable d’oublier momentanément les versions du septième art.

Quant à la narration, Thierry Janssen a fait, je crois un excellent travail. Bien sûr, avec l’énorme quantité de personnages à incarner vocalement, certaines voix sont moins bien réussies mais c’est un détail. Ce qui est important, c’est que la voix de chaque personnage de la communauté de l’anneau soit distincte et bien travaillée. À cet effet, Janssen ne m’a jamais déçu.

Bref, j’ai beaucoup aimé cette version audio et sur le plan littéraire, LE SEIGNEUR DES ANNEAUX demeure dans le top dix de mes meilleures lectures à vie. Bientôt, je ferai le même exercice avec LA TOUR SOMBRE, la célèbre octalogie de Stephen King. J’ai très hâte de vous en reparler. 

Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 31 mai 2025

Tintin et le Québec, Tristan Demers

TINTIN ET LE QUÉBEC
Commentaire sur le livre de Tristan Demers, publié en co-réédition en 2020 par les *éditionsmoulinsart* et Hurtubise. Édition de papier, grand format, 175 pages.
<Avec le recul et fort du succès remporté par TINTIN ET LE QUÉBEC, je réalise à quel point cet ouvrage a été un déclencheur de mémoire, une façon de voyager dans le temps et de replonger dans la nostalgie des souvenirs tendres de l’enfance de tout un chacun>
Tristan Demers
Extrait de l’avant-propos
livre illustré

Dans une édition entièrement revue, enrichie d’images et de documents d’archives, Tristan Demers retrace, à la manière d’un journal de bord, le voyage d’Hergé au Québec en 1965. Il y évoque, en parallèle, le parcours de Tintin, un héros bien ancré dans l’imaginaire collectif des québécois.

Le Phénomène Tintin, surtout Hergé

C’est un très beau livre. Sa présentation graphique est chaude, attrayante. Exactement ce à quoi m’a habitué Tristan Demers avec une bibliographie créative et recherchée sans compter son incroyable imagination étant, entre autres, l’auteur concepteur de plus de soixante bandes dessinées

Dans son livre, Tristan Demers visite un bout d’histoire du Québec appelé à juste titre La révolution tranquille, histoire marquée sur le plan culturel par la visite chez nous de George Remi, appelé familièrement et simplement Hergé suite à l’association de la première lettre de ses nom et prénom…Hergé, créateur de Quick et Flupke, de Jo, Zette et Jocko, mais surtout, le papa de Tintin, un des personnages les plus charismatiques de l’univers des bandes dessinées.

La visite arrivait à point car dans les années 60, les préjugés sur la BD avaient la vie dure. Cet aspect est évoqué dans le livre et le charisme de Hergé va peut-être changer les choses. Le livre est centré sur la visite de Hergé au Québec, son itinéraire, son agenda, ses rencontres de presse et ses interminables séances d’autographe, confirmant qu’il était attendu et adulé. J’ai été déçu de ce choix car le contenu du livre ne livre pas les promesses du contenant, dont le titre.

Ne devrait-on pas dire HERGÉ AU QUÉBEC ? Malgré toute la sympathie que j’ai pour Hergé, ce brillant et génial dessinateur et concepteur, dans le livre de Tristan Demers, le personnage est entouré d’une aura surdimensionnée. J’aurais aimé qu’on laisse les enfants s’exprimer sur Tintin, parler de l’impact du jeune reporter sur le jeune lectorat et même les premiers lecteurs…je n’exagère pas, j’ai pratiquement appris à lire dans les albums de Tintin.

J’aurais souhaité que l’auteur développe davantage sur l’influence et la crédibilité de Tintin et Milou auprès des jeunes québécois et québécoises, comme il l’a fait dans son excellent documentaire ASTÉRIX CHEZ LES QUÉBÉCOIS qui m’a procuré personnellement beaucoup plus de découvertes et d’émotions. J’ai quand même appris dans TINTIN ET LE QUÉBEC beaucoup de choses intéressantes. Par exemple, le rôle joué par le regretté comédien Jean Besré dans une série radiophonique consacrée aux aventures de Tintin à Radio-Canada et son rôle dans la visite de Hergé au Québec.

J’ai été aussi surpris par les courbettes que les organisateurs ont dû faire pour amener Hergé au Québec ainsi que l’accueil princier qui lui a été réservé. Également sur l’insistance d’un rêve qui ne s’est jamais réalisé : la création d’une aventure de Tintin au Québec. À ce sujet, Hergé ne s’est vraiment jamais montré intéressé. Ce qui est très dommage.

Beaucoup de <Hergé> pas assez de <Tintin>. C’est le défaut de la qualité du livre. J’admire Hergé le créateur mais je n’ai pas réussi à m’attacher au personnage. Pour le reste, Tintin est mon ami à vie. Je vous recommande le livre parce qu’il est vraiment bien fait et reflète fidèlement une portion de l’histoire du Québec dans laquelle couvaient des changements importants ainsi que des stimulants majeurs de la vigueur culturelle québécoise.

Suggestion de lecture : ASTÉRIX CHEZ LES QUÉBÉCOIS, de Tristan Demers

Aussi, très intéressant :


Tintin à travers parodies et pastiches d’après
Yves rodier. 25 planches magnifique à voir. Sur
cette œuvre parodique et sur Yves Rodier, je
vous invite à visiter *le Naufrageur*



Sur Tristan Demers, je vous invite à lire un article de presse signé Marie-Ève Lambert, une biographie (dossier biographique et bibliographique complet), sa page Facebook, ainsi que mon commentaire sur son livre ASTÉRIX CHEZ LES QUÉBÉCOIS.

Bonne lecture
Claude Lambert

le dimanche 25 mai 2025

L’ORDRE DU MONDE

Commentaire sur le livre de
DENIS LÉPÉE

*Au prix d’un effort surhumain, il tira sur son bras droit cramponné à la balustrade et parvint à se remettre debout. Il avait l’impression qu’on lui broyait la poitrine. Des taches blanches papillonnaient devant ses yeux. Il voulut appeler mais aucun son ne sortait de sa bouche. *

Extrait : L’ORDRE DU MONDE, Denis Lépée. Version papier : Timée édition 2007, 377 pages. Version numérique, Éditions de l’Épée, 2012, 296 pages.

Juin 2008 : Une vague d’explosions ravage les symboles du pouvoir à travers l’Europe : l’Assemblée nationale à Paris, la célèbre tour de Big Ben à Londres, la Commission européenne à Bruxelles. Aucune revendication, mais un suspect que tout accuse : Tommaso Mac Donnell, un jeune archéologue spécialisé dans les fouilles sous-marines. Traqué, il doit remonter la piste pour échapper à l’engrenage infernal où le hasard l’a jeté. Mais peut-on vraiment parler de hasard ?

 Les cachotteries de l’histoire

 

C’est une histoire qui offre un beau déploiement d’action et de revirements. Vous noterez toutefois dans le fil de mon commentaire, qu’elle est invraisemblable et peu crédible même si elle est fondée sur une réalité historique. Ici, la fiction prend le pas sur l’histoire avérée. Ça reste un roman. Voyons le tableau…

Nous suivons Tommaso Mcdonnel, un jeune spécialiste de l’archéologie sous-marine. Un jour, Tommaso reçoit la demande d’un obscur avocat londonien de trouver un navire disparu depuis fort longtemps au large de la Tunisie.

Presqu’aussitôt, Tommaso se retrouve dans une inimaginable spirale de violence qui vise à détruire les symboles du pouvoir à travers l’Europe comme l’Assemblée nationale de Paris. Tommaso doit aller au bout de ce mystère quand des terroristes enlèvent sa fille.

Étrangement, ce n’est pas l’archéologie qui est au cœur de cet ouvrage mais bien l‘architecture qui dévoile dans le récit, des forces cachées qui influencent le quotidien de chaque individu par la canalisation d’énergies mystérieuses.

On dirait que le récit prête une âme aux bâtiments considérés comme des chefs-d’œuvre d’architecture afin qu’ils concourent à l’équilibre du monde : *La question, c’est ce que les bâtiments souhaitent être. * (Extrait)

Ce lien entre l’architecture et l’évolution humaine rend l’histoire un peu nébuleuse, tirée par les cheveux. Certains dialogues prennent des allures philosophiques et mettent en perspective le pouvoir des symboles.

Je n’ai pas été emballé par l’aspect ésotérique de l’ouvrage mis le livre comporte beaucoup de forces intéressantes en commençant par le charisme de son héros Tommaso, sympathique, humain, un peu naïf mais opiniâtre, au final attachant.

Sa vie d’archéologue n’est pas de tout repos, étant pris dans un tourbillon de terrorisme et d’énigmes qui lui fait faire le tour du monde. Pas aussi spectaculaire qu’Indiana Jones, la trame est tout de même explosive.

Beaucoup d’action, de rebondissements. J’ai trouvé la finale faible et un peu prévisible, mais l’ensemble est bien écrit, bien développé. J’ai apprécié le style de l’auteur.

Ce livre, qui se lit comme un polar m’a plu suffisamment pour le recommander. J’ai beaucoup apprécié le style de Lépée.

Suggestion de lecture : RESSUSCITER de Colleen Houck

L’auteur Denis Lépée

 DU MÊME AUTEUR


Bonne lecture
Claude Lambert

le samedi 24 mai 2025

 

LA CITÉ ENSEVELIE

*-Le sol tremble non? J’ai l’impression que le sol s’est mis à trembler…il ne faut pas s’inquiéter, ce n’est sûrement rien…pas de panique…Ah   mon Dieu ! Nous sommes le 19 septembre et il est 7 heures 19…le studio est en train de se lézarder totalement…Attention,,,Poussez-vooouuus…*

Extrait : LA CITÉ ENSEVELIE (version sonore seulement) MULTICAST. Auteurs : Alma Delia Murillo, José Esteban Pavlovich, Adriana Bello, Julia Santibañez, Bernardo Esquinca Audible originals éditeur, 2021. ACTEURS : Fred Testot, Jean-Baptiste Maunier, Pascal Germain, Sandra Parra, Caroline Mozzone, Fili Keyta, Emmanuel Lemire, Jessica Barrier, Olivier Chauvel, Emmanuel Karsen, Hubert Drac, Frédéric Cerdal, Antoine Tome, Alexandre Donders Durée d’écoute : 6 heures 26 minutes

Quelque chose se trame sous la surface de la métropole archaïque de Mexico. Des tremblements de terre à répétition et des éruptions volcaniques sèment la terreur chez les habitants. Mais les dernières catastrophes naturelles qui ont frappé la ville semblent de plus en plus anormales…et sinistres.

Des essaims entiers de grillons noirs et des pluies meurtrières ravagent le paysage, les cathédrales s’embrasent sans raison, et une multitude d’enfants se volatilisent. La fille du professeur Fernando Navarro a elle aussi mystérieusement disparu. Tandis que l’archéologue part à la recherche de sa fille, il recroise la route de l’ex-lieutenant Gastón Ramírez qui est, lui aussi, en quête de réponses.

Les deux hommes suivent plusieurs indices obscurs qui les mènent aux ruines souterraines du Grand Temple, autrefois si majestueux. Tandis qu’ils progressent dans ce lieu apocalyptique, une force si sombre se développe autour d’eux qu’elle pourrait plonger toute la ville de Mexico dans une obscurité éternelle. Avec l’aide de l’ingénieuse archéologue Pía Malinalli, experte en mythologie aztèque, ils espèrent lever le voile sur le mystère qui menace leur civilisation.  

 
Comme au cinéma

On aime ou on n’aime pas

Ce n’est pas un livre audio à proprement parler. C’est un multicast, du cinéma sans image, un spectacle sonore. Si vous êtes un inconditionnel de la narration classique, vous pourriez être déçu. Il faut simplement s’attendre à quelque chose de différent et se laisser aller.

Personnellement, je préfère la narration conventionnelle, mais je suis aussi cinéphile, amateur d’effets spéciaux sonores et visuels. Dans LA CITÉ ENSEVELIE, j’ai été servi. Des effets spéciaux, il n’y a que ça et à leur profit, les auteurs ont malheureusement négligé les dialogues qui sont décousus, pas toujours cohérents et peu explicatifs.

Principales forces : les effets spéciaux et le bruitage en général, bonnes performances du casting dans l’ensemble. Les concepts historique et archéologique sont intéressants. Les chapitres sont courts et fluides. Le fil conducteur est solide. L’intrigue force l’attention. L’ambiance de mystère est enveloppante.

Principales faibles : Le scénario est peu original. Le sujet de la secte religieuse qui veut refaire le monde est en surchauffe. Le lien entre les catastrophes comme les tremblements de terre et la mythologie aztèque est loin d’être clair si tant est qu’il y en a un. Alors, on doit se rabattre sur le surnaturel. C’est un peu facile parce que ça dit tout mais ça n’explique rien.

Le scénario est peu descriptif. Déjà que les chapitres sont courts. Souvent, l’auditeur, l’auditrice doit tirer ses conclusions en interprétant les effets sonores. En fait, c’est le principal point négatif, pas assez détaillé sur le plan du scénario et aussi sur le plan du contexte historique.

Mais au moins, c’est captivant. Il y a de l’action et l’ensemble suscite la curiosité même s’il ne la satisfait pas entièrement. Je peux dire que j’ai apprécié cette œuvre parce que je l’ai pris pour ce qu’elle est : un spectacle.


Autres livres audios multicast

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Pour lire mon commentaire sur
LA SORTIE DES PROFONDEURS, cliquez ici

 

Bonne écoute
Claude Lambert
le vendredi 23 mai 2025

 

 

Éissem passait par là

Commentaire sur le livre de 
PIERRE JUTEAU

*Le même jour, au même instant, Mathieu, Mireille, Geneviève, Antoine et Catherine, tous nés au même moment, entraînèrent, par un acte involontaire la mort de Louis, Amilie, Suzanne, Éric et Dorothée…
Les cinq jeunes quintuplés provenaient de l’esprit et des âmes de ceux qui avaient été tués par ces mêmes quintuplés.
La naissance avait donné la mort. *

Extrait : ÉISSEM PASSAIT PAR LÀ, de Pierre Juteau, Éditions de la Francophonie, 2006, version papier, 100 pages.

La réincarnation serait-elle possible ? Qui d’entre nous ne s’est jamais posé la question ? Êtes-vous dans un autre corps ? Et votre esprit, appartient-il à votre propre corps ou provient-il d’un autre individu. Tellement de questions qui restent sans réponse. ÉISSEM PASSAIT PAR LÀ est un court roman qui suggère des avenues possibles.

 

Une approche de la réincarnation

Éissem passait par là de Pierre Juteau est un roman futuriste captivant qui explore le thème de la réincarnation. Publié par les Éditions de la Francophonie, ce livre compte 104 pages et propose une réflexion originale sur la vie, la mort et les liens entre les âmes.

L’histoire se déroule dans un univers où les personnages sont confrontés à des questions existentielles profondes, tout en naviguant dans un monde empreint de mystère et de spiritualité. Le style d’écriture de Juteau est souvent salué pour sa capacité à mêler des concepts philosophiques à une narration engageante.

Si vous êtes intéressé par les récits qui allient science-fiction et introspection, ce livre pourrait vous intriguer.

J’ai trouvé ce petit livre intéressant mais il ne m’a pas emballé surtout parce que je ne suis pas porté vers les récits à caractère initiatique. Le livre propose une réflexion philosophique sur des thèmes existentiels, limitée par sa brièveté.

L’auteur n’est peut-être pas allé au bout de sa pensée mais il y a tout de même beaucoup d’intéressantes matières à réflexion. C’est un peu spécialisé sur les plans philosophiques et spirituels. Ça pourrait ne pas plaire à tout le monde.

Si vous aimez la philosophie, se petit livre pourrait vous plaire. Il se lit vite et ne manque pas de profondeur.

Suggestion de lecture : JONATAN LIVINGSTON LE GOÉLAND, de Richard Bach


Oeuvre de l’artiste-peintre et auteur Pierre Juteau


L’auteur et artiste-peintre Pierre Juteau

Pierre Juteau est un artiste-peintre québécois présent dans plusieurs galeries d’art. Il colore l’imaginaire. En 2005, Pierre Juteau a été sélectionné pour représenter le Canada à la biennale internationale d’art contemporain de Florence en Italie.

Sa formation en science ainsi que sa passion pour apprendre l’ont guidé vers d’autres lieux. Il se questionne constamment sur ce qu’est l’esprit humain ainsi que sur la relation entre la vie et la mort.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 18 mai 2025

AFTER, Anna Todd

Dans ce tome d’AFTER (saison 1) Theresa Young, dite « Tessa », est une jeune étudiante dont la vie et la carrière semblent toutes tracées. Elle fait alors la connaissance de Hardin Scott, un étudiant très différent d’elle qu’elle déteste au premier abord. Pourtant, une passion mouvementée va naître entre eux.

*Hardin est comme une drogue, à chaque nouvelle prise, aussi petite soit-elle, j’en veux plus. Il annihile toutes mes pensées, envahit tous mes rêves.
Dès que j’entrouvre les lèvres, sa bouche est sur la mienne, mais cette fois je ne résiste pas. J’en suis incapable. Je sais que ce n’est pas la solution et que je ne fais que m’enfoncer plus encore, mais en cet instant tout m’est indifférent. Seuls comptent ces mots et la façon dont il les a prononcés : J’ai besoin de toi. *

Extrait : AFTER, saison 1, Anna Todd, livre de poche éditeur, 2019, papier, 816 pages. Version audio : Audible studios éditeur, 2015, durée d’écoute : 17 heures 18 minutes, narratrice : Bénédicte Charton.

DE L’AMOUR CORROSIF

Pour utiliser l’expression consacrée, AFTER n’est que la variation d’un thème totalement brûlé : une histoire à l’eau de rose qui rappelle un peu la collection Harlequin. Nous suivons principalement deux personnages : D’une part, Thérèsa Young, appelée Thessa, une jeune fille coincée, candide et naïve jusqu’à l’insignifiance. Son petit ami de départ est Noha, un sentimental bloqué convaincu que le sexe ne se consomme qu’après un mariage fait dans les règles de l’art.

Et d’autre part, il y a le bad boy qui en a vu d’autres : Hardin Scott, un mufle égocentrique qui cache beaucoup de choses et qui n’inspire pas trop la confiance. Les lecteurs et lectrices assistent donc à la collision de deux types contraires de solitude.


S’ensuit une tentative désespérée de s’ajuster. Une quinzaine de chicanes, une quinzaine de réconciliations, beaucoup de *je t’aime-tu m’aimes-ils s’aiment-nous nous aimons-vous vous aimez* Beaucoup de scènes sexuelles souvent torrides. C’est répétitif, redondant, long jusqu’à l‘ennui. J’ai aussi été fort surpris de l’immaturité des personnages qui évoluent pourtant en milieu universitaire.

Dans l’ensemble, j’ai trouvé le récit fortement teinté de machisme. AFTER est le genre *50 NUANCES DE GREY* format ado et encore, malgré le succès de la série, j’ai de la difficulté à comprendre que les ados tolèrent la lecture d’un livre de plus de 800 pages qui aurait pu être limité à 200 pages.

Sur le plan de l’histoire, la question qui se pose est celle-ci : Est-ce que le présomptueux Hardin finira par se faire mettre à sa place ? Je vous laisse le découvrir si le genre vous intéresse mais je dois dire que la finale est assez intéressante. L’autrice l’a intelligemment fignolée, mettant tout en place pour la suite qui je l’espère sera moins linéaire…plus proactive.

Côté audio, très belle performance de la narratrice Bénédicte Charton à une exception près : la voix qu’elle prête à Thessa rend le personnage puéril, voir niaise.

Moi je n’irai pas plus loin. Je me suis rendu au bout de cette histoire et ma foi, il était temps qu’elle finisse.

Suggestion de lecture : À TRAIN PERDU, de Jocelyne Saucier


L’autrice Anna Todd

La série

Bonne lecture
Bonne écoute
Claude Lambert
le samedi 17 mai 2025

L’HÉRITAGE, John Grisham

Trouver trois millions de dollars dans une maison vide… Un rêve ! C’est celui que vit Ray Atlee, un professeur de droit sans histoire. La maison vide est celle de son père, le juge Atlee, et les trois millions de dollars sont entassés dans les placards… Le juge vient de mourir et personne ne connaît l’existence ni l’origine du magot. Ray cède à la tentation : il s’octroie « l’héritage ». Mais les sacs-poubelles pleins de billets de banque qu’il traîne partout avec lui sont porteurs de mort. Quelqu’un le suit, le menace, change sa vie en enfer. Il n’a plus qu’une solution : découvrir comment cet argent a pu arriver dans la maison d’un juge réputé pour son intégrité…

*Impossible de ne pas admirer la fortune étalée sur le lit. Combien de fois dans sa vie aurait-il l’occasion de contempler trois millions de dollars? A qui cela était-il donné? Assis dans un fauteuil, le menton entre les mains, il ne pouvait détacher les yeux des tas de billets parfaitement alignés. Les mêmes questions revenaient sans cesse à son esprit: d’où venait cet argent et à qui était-il destiné? *

Extrait : L’HÉRITAGE, John Grisham, Robert Laffont éditeur, édition de papier, 2002, 300 pages

Le choix de Pandore

Voyons d’abord le contenu. Un professeur de droit, Ray Atlee, découvre son père, le juge Atlee mort dans son lit, emporté par le cancer. Une petite tournée rapide de la maison lui permet de découvrir, dans un placard, une grande quantité de boîtes contenant des billets de 100$. En tout, 3 millions de dollars. Et cette fortune ne figure pas dans le testament du juge. Une tempête de questions fait rage dans la tête de Ray.

Est-ce de l’argent sale, le juge a-t-il été acheté, a-t-il gagné le gros lot au casino ou à la bourse? Doit-il garder l’argent pour lui et en profiter ou le verser à la succession, c’est-à-dire lui et son frère Forrest, un toxicomane rebelle récidiviste qui brûlerait l’argent en drogues dures, accélérant ainsi sa fin.

En prenant en charge ces 3 millions, Ray Atlee ouvre une boîte de Pandore. Il est suivi, harcelé, intimidé, menacé. Sa vie tourne au cauchemar. Pour s’apaiser, il doit connaître la vérité : comment un juge aussi droit et intègre a pu engranger 3 millions de dollars en liquide ?

Si vous me permettez l’expression, L’HÉRITAGE est une histoire sans histoire. C’est un roman sans vraiment d’action, pas de rebondissements, de revirements. L’intrigue est intéressante mais je l’ai trouvé sous-développée. Les motivations des harceleurs de Ray ne sont pas claires encore moins leur façon de faire. Le rôle de Forrest est obscur. Il va il vient et se place au cœur de la finale sans trop d’explications. En général, les personnages ne sont pas d’une très grande profondeur.

C’est loin d’être le meilleur Grisham que j’ai lu. Mais la véritable force du roman réside dans les thèmes qu’il véhicule. Les questions que je me suis posées dans la lecture de ce roman concernaient moins le sort de Ray que l’intégrité du juge. Vous avez compris que les thèmes tournent autour de la droiture judiciaire, de l’intégrité sans oublier l’envers de la médaille : la cupidité, l’avidité. Ajoutez à cela un avocat véreux.

Dans la filière judiciaire, je reconnais Grisham. Il y est toujours fort mais le développement m’a déçu. Je n’ai pas été tenu en haleine. Pas de frissons, pas d’émotions, un personnage principal vide. Rien d’audacieux, de captivant. Il y a les liens avec le fonctionnent de la justice qui sont intéressants mais très insuffisants pour donner au roman l’appellation de thriller. Les thèmes développés dans l’histoire m’ont tenu dans le coup. C’est toujours ça.

Suggestion de lecture : LE PUITS, de Vincent Fournier-Boisvert


John Grisham

Pour en savoir un peu plus sur John Grisham, cliquez ici. Je vous invite aussi à parcourir sa bibliographie.

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 11 mai 2025

L’archipel du Goulag, 2

Commentaire, 2e partie
sur le livre d’ALEXANDRE SOLJENITSYNE

Pour revenir sur la première partie, cliquez ici.

L’ARCHIPEL DU GOULAG est un très long pavé (2 000 pages et plus selon les éditions) chargé de noirceur, de mort et de désespoir, cri du cœur de la réalité historique décriée froidement par Soljenitsyne. Plusieurs passages m’ont fait frémir et même, glacer d’horreur :
*Il y a un ordre du GPU : <Ne gaspillez pas de munitions ! Pas un seul coup qui ne soit pour le prisonnier ! >* (extrait)

*Entrez dans le socialisme en renforçant les prisons au maximum ! Ce n’était pas une blague dans un magazine humoristique, cela a été déclaré par le procureur général de l’Union Soviétique ! * (extrait)

*À Serpentika, 30 à 50 personnes étaient abattues par jour à quelques pas de la cellule au secret; puis les cadavres ont été entassés sur des traîneaux, et un tracteur les a emmenés de là. * (extrait)

*La mort est la principale production de l’archipel, une production ininterrompue qui n’a pas besoin de règles ou de règlements. * (extrait)

Il est pratiquement impossible de critiquer un tel ouvrage car les témoignages sont les cris du cœur de personnes déportées qui ne savent pas trop ce qui leur arrive, encore moins que le goulag n’est qu’un soutien de l’économie soviétique. Plutôt que de chercher un sens à la vie, les témoignages donnent un sens à la mort.

Je crois avoir bien saisi l’esprit de l’auteur et ce qui réactualise le livre à mon avis est l’Ukraine. En effet, au moment d’écrire cet article, l’Ukraine et la Russie sont en guerre. La Russie veut récupérer l’Ukraine.

Il faut croire que la grande histoire a ses contradictions…* Lénine a signé cette paix avec Hetman Skoropadski, ce faisant, il a montré qu’il était pleinement satisfait de la séparation de l’Ukraine…* (extrait)

Je vous avertis d’aiguiser votre patience. L’ARCHIPEL DU GOULAG est un livre très long, très dur et quelque peu indigeste à cause de nombreux palabres pas toujours utiles, de nombreux termes russes, une phénoménale quantité de notes renvoyées à la fin de l’ouvrage et une traduction douteuse. La grande force du livre tient dans le fait que Soljenitsyne couvre absolument tous les aspects de la vie concentrationnaire.

C’est un témoignage rude et sans compromis sur un système despotique qui a fait des millions de morts. *… dans le monde de la concentration, l’homme est pour l’homme un rat et un cannibale…* (extrait)

Je crois que L’ARCHIPEL DU GOULAG demeure un incontournable, un puits de réflexion sur la capacité humaine à tuer et détruire, sur la folie de dirigeants instables et sur les inimaginables débordements du pire système concentrationnaire de l’histoire. Ce livre vient nous rappeler qu’il ne faut jamais oublier.

*Il faut haïr son propre pays, il faut lui être totalement étranger pour tirer sur la fierté de la nation, l’essence de son savoir, son énergie et son talent… * (extrait)


Joseph Staline (1878-1953)


L’auteur Alexandre Soljenitsyne (1918-2008)

 

LE GOULAG À L’ÉCRAN

L’ARCHIPEL DU GOULAG a fait l’objet de nombreuses adaptations. Je vous recommande le film documentaire de Jean Crépu réalisé en 2008.

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 10 mai 2025

L’archipel du Goulag, 1

COMMENTAIRE partie 1
Sur le livre d’ALEXANDRE SOLJÉNITSYNE

*Au camp, ce n’est pas comme dans la vie ordinaire. Dans la vie ordinaire, chacun s’efforce imprudemment de s’exprimer et de se mettre en valeur extérieurement. On voit plus facilement à quoi prétend celui-ci ou celui-là. En détention, contraire, tous sont dépersonnalisés, mêmes cheveux tondus, mêmes visages non rasés, mêmes bonnets, mêmes cabans. L’expression spirituelle est défigurée par les vents, le hâle, la saleté, le dur travail. Pour arriver, sous l’apparence humiliée, dépersonnalisée, à discerner la lumière de l’âme, il faut un entraînement. *

Extrait : L’ARCHIPEL DU GOULAG, d’Alexandre Soljenisyne. Publication originale : 1973 chez Seuil éditeur. Réédité plusieurs fois dont 2014 chez Points éditeur, 912 pages, poche. Format Numérique chez David Lion éditeur.

Immense fresque de l’univers concentrationnaire soviétique, dont Soljenitsyne fut l’une des nombreuses victimes, L’Archipel du Goulag est un livre de témoignage et de combat. À texte exceptionnel, destin d’exception : rédigé entre 1958 et 1967 dans la clandestinité, il fut publié pour la première fois en France en 1974 et censuré en U.R.S.S. jusqu’en 1989. Puissance d’évocation, éloquence tumultueuse : l’ouvrage, qui a ébranlé les fondements du totalitarisme communiste, continue de brûler les mains.

Introduction

L’ARCHIPEL DU GOULAG n’est pas une oeuvre autobiographique. Elle ne développe pas non plus l’histoire du Goulag. Elle se contente de décrire le quotidien des victimes du régime totalitaire et cruel dans le système carcéral soviétique, appelé goulag, un réseau de camps de travail forcé. Ce réseau, composé de nombreuses unités est évoqué dans le titre sous le nom d’ARCHIPEL.

Ce livre, entamé dès la sortie (1) de son auteur du goulag et dans le plus grand secret, réunit plus de 225 témoignages de prisonniers politiques astreints aux travaux les plus bas d’une organisation concentrationnaire, génocidaire et exterminatrice, parfaitement intégrée à l’économie soviétique car elle fournissait une main d’œuvre gratuite, jetable et remplaçable, selon le bon plaisir de ce parfait paranoïaque qu’était Staline.

Wikipédia décrit L’ARCHIPEL DU GOULAG comme une œuvre en sept parties. La première partie décrit la construction et le développement de l’industrie pénitentiaire russe. La deuxième partie traite de la colonisation de ce qui est maintenant convenu d’appeler l’archipel créé par les flux de prisonniers.

La troisième partie traite du travail et de l’extermination des *travailleurs-prisonniers* par la malnutrition, l’épuisement, la maladie, des gardes sadiques, un irrespect total de la vie comprenant toutes sortes de privations des nécessités de base dont l’hygiène.

Dans les cinquième et sixième parties, l’auteur décrit la psychologie des habitants du goulag. Enfin, la septième partie jette un regard critique sur l’*après-Staline*

1- Une rare exception. En général, les prisonniers qui entraient au goulag y mouraient.


Le quotidien d’un goulag dans le froid sibérien

Le vampirisme stalinien


Alexandre Soljenitsyne…itinéraire
la rançon de l’expression

Si ce livre n’est pas une autobiographie, ce n’est pas un roman non plus. En fait, il est classé *essai d’investigation littéraire*. Moi je le décris comme une fresque, recueil de témoignages et d’histoires écris par Soljenitsyne qui a aussi goûté au Goulag alors qu’il croulait sous la correspondance des *goulagiens* qui attendaient de lui LE livre qui deviendrait devant l’histoire, témoin de la déchéance soviétique : *…sur la planète entière et dans toute l’histoire, il n’y avait pas eu de régime plus mauvais et plus sanglant…* (extrait)

Tous ces témoignages ont été colligés alors que l’union Soviétique était dirigée Par Staline, un tyran secondé par un petit cheptel de moutons. Staline était paranoïaque au point d’avoir divisé la société Soviétique en deux grandes familles distinctes : les traîtres et les trahis : 

*pendant les années qui ont précédé, et pendant l’emprisonnement, j’ai aussi longtemps été d’avis que Staline avait donné à l’état soviétique une orientation fatale… Le cachet que sa personnalité a imprimé sur les évènements était une brutalisation déconcertante, un despotisme rigide … * (extrait)

Staline fut une malédiction de plus pour la Russie : *Toute l’histoire de la Russie est une succession de tyrannies. * (extrait)

Le goulag a commencé à s’intensifier sur les îles Solovetski. Un camp à la fois, lentement mais sûrement. Soljenitsyne appelait ces camps *métastase* : *Ainsi les îles de l’archipel se sont pétrifiées, sans cesser de continuer à faire des métastases. * (Extrait) Ainsi, cette malédiction a grossi jusqu’à plus de 15 millions de prisonniers détenus simultanément. Et ce n’est pas le pire… :

 


*…tous sont emprisonnés pour des absurdités. Surtout, cela semble ridicule à l’accusé lui-même. * (extrait)

*…car seuls les médecins nous diront comment, quelques mois dans une telle prison, transforment un homme en infirme à vie. * (extrait)

Je poursuivrai ce dossier sur L’ARCHIPEL DU GOULAG lors de la prochaine publication sur biblio.com

Bonne lecture

Claude Lambert
le vendredi 9 mai 2025