LES PASSAGERS, John Marrs

<Claire inspira plusieurs fois profondément pour se calmer et contempla, mal à l’aise, sa propre voiture. Ben avait signé le contrat pour l’acheter à crédit trois semaines plus tôt, et elle avait encore du mal à s’habituer à ses multiples fonctionnalités nouvelles. La plus grande différence avec leur précédente voiture, c’est que celle-ci n’avait plus ni volant, ni pédales, ni possibilité de passer en contrôle manuel. Elle était totalement autonome, et ça effrayait Claire.>

Extrait : LES PASSAGERS, John Marrs, Hugo roman éditeur, 2020, édition de papier, 448 pages. Aussi en format numérique.

Les voitures sans conducteur ? Un réel progrès pour la sécurité de tous, nous dit-on. Mais quand un hacker prend le contrôle de huit d’entre elles, le progrès devient une menace. Mortelle. Les huit véhicules et leurs passagers sont programmés pour rouler vers une collision aussi spectaculaire que fatale.

Tous vont mourir. Tous, sauf celui ou celle que le public décidera de sauver via les réseaux sociaux. Chaque passager doit plaider sa cause pour influencer les votes. Mais le hacker connaît aussi leurs secrets Les plus sombres…

Qui sont les huit passagers ?

Libby : Une femme ordinaire qui devient la voix du public dans cette crise.
Jude : Un homme avec un passé sombre, cachant des secrets.
Sofia : Une immigrée qui lutte pour sa survie et celle de sa famille
Sam : Un vétéran de guerre avec des blessures physiques et émotionnelles.
Claire : Une femme enceinte, symbole d’espoir et de vulnérabilité
Shabana : Une politicienne controversée avec des ambitions personnelles.
Jack : Un influenceur des réseaux sociaux, obsédé par sa popularité
Victor : Un homme âgé, représentant une génération passée.

Huit piégés…
Qui survivra ?

Nous sommes dans un futur pas si lointain dans une Angleterre régie par les nouvelles technologies. Tout est intelligence, depuis le grille-pain en passant par la tondeuse jusqu’aux voitures qui ne requièrent plus de conducteurs.

Un jour, huit passagers deviennent otages dans leur propre voiture, un mystérieux hacker ayant pris le contrôle de tous les systèmes. Impossible de fuir. Le pirate annonce froidement que les huit voitures vont entrer en collision et que tout le monde devrait en mourir.

C’est un roman qui m’a époustouflé et même giflé d’une certaine façon. LES PASSAGERS est un thriller-chorale, une forme littéraire qui exige une parfaite maîtrise de la technique d’écriture. À ce titre, je considère John Marrs comme un artiste.

C’est une histoire aussi sordide que glaçante car elle évoque une société trompée, désinformée, exploitée et manipulée, ce qui est en fait, très proche de la Société d’aujourd’hui. Le livre dénonce aussi le pouvoir des hackers, le piratage informatique et la corruption politique qui sous-tend toute l’intrigue.

Le plus grand pouvoir de cette histoire à faire frémir est de pénétrer profondément dans les dérives technologiques et l’inimaginable puissance des réseaux sociaux. Car il faut bien le dire, le malheur des huit passagers terrorisés fera l’objet d’un spectacle. Je parle bien sûr de cette plaie de l’univers médiatique qu’on appelle la téléréalité.

Sur le parcours des voitures piégées, la foule est hystérique : *Quand les gens deviennent partie d’une foule, ils cessent d’être des individus, leurs inhibitions disparaissent, ils ne suivent plus leurs règles morales habituelles* (Extrait) L’auteur a tout prévu, y compris un profil psychologique de chaque passager et un jugement de nature à nous rappeler qu’il ne faut pas se fier aux apparences.

C’est un roman coup de poing, spectaculaire. Le rythme est haletant. La lecture est vite devenue addictive. Quoique très intrigant, L’épilogue est long et sensiblement embrouillé et je n’ai pas été très surpris de la finale.

Mai dans l’ensemble, ce livre fut pour moi un vrai coup de cœur qui n’est pas sans faire réfléchir sur la corruption politique et le dangereux pouvoir qu’exerce l’intelligence artificielle sur nos vies. En principe c’est un roman d’anticipation mais son actualité m’a pris de court.

C’est une histoire développée avec génie. Malgré sa ventilation, elle ne m’a laissé aucun répit. J’espère voir ce livre adapté au cinéma. Ce n’était pas le cas au moment d’écrire cet article.  Si l’éventuel réalisateur y met autant de talent que l’auteur, la production battrait des records.

Je pourrais en parler encore longtemps mais en conclusion, je dirai que c’est un livre à lire absolument et que John Marrs est un auteur à surveiller.

Suggestion de lecture : NOA, de Marc Levy


L’auteur John Marrs

Bonne lecture
Claude Lambert
le dimanche 13 avril 2025

 

LES NOMBRILS, tome 1

POUR QUI TU TE PRENDS

Commentaire sur la BD de
DELAF et DUBUC

Extrait : LES NOMBRILS, tome 1, POUR QUI TU TE PRENDS par Dubuc et Delaf, Dupuis éditeur, 2006, bande dessinée de 48 pages.

Si vous les aimez autant qu’elles s’aiment, vous allez les adorer ! Jenny et Vicky sont les pires chipies que la Terre ait portées. Elles se prennent pour le nombril du monde et pour peu, elles le seraient vraiment. Avec leurs vêtements sexy, leur maquillage provocateur et leur coiffure toujours impeccable, partout où elles vont, les regards sont hypnotisés, la musique s’arrête. On ne voit et on n’entend plus qu’elles.

Et heureusement ! Parce que Jenny et Vicky sont prêtes à tout pour être le centre d’attraction. Leur amie, la trop grande Karine, l’apprend à ses dépens lorsqu’un certain Dan s’intéresse à elle. Jenny et Vicky ne sont pas du genre à accepter la compétition ! Les lettres de Dan n’arriveront jamais à destination, ses invitations tomberont toutes mystérieusement à l’eau.

Pauvre Karine !

Dans un monde qui privilégie l’enveloppe plutôt que son contenu, elle ne peut qu’être le souffre-douleur des deux autres. Et si un jour Karine s’émancipait ? Qu’adviendrait-il de ce trio dépareillé ?

 

Une collection de clichés

Première observation, ce n’est vraiment pas une bande dessinée à proposer aux enfants. Elle s’adresse surtout aux ados, et encore… aux ados capables de comprendre l’énormité des clichés qu’on y trouve. Il y a de l’humour, acide par moment. Personnellement, je n’ai pas accroché à cette BD à cause du déploiement d’égocentrisme, de cruauté et de clichés que j’y ai trouvé.

La série suit deux adolescentes sans trop de cervelle. Ce sont des chipies qui utilisent leur copine Karine, dessinée comme une grande échalotte, comme tête de turc, ou souffre-douleur si vous préférez. Étrangement, Karine se remet des coups bas, un peu gelée par sa naïveté et sa candeur et nettement désavantagée par son physique sur lequel elle a tendance à se faire quelque illusion.

Chaque album est à raison d’un sketch par page et chaque page nous réserve son déploiement de méchanceté et de malveillance incrustée. C’est répétitif et redondant sur le plan comportemental. Rien ne change d’un sketch à l’autre sauf le thème abordé et c’est là que se trouve, à mon avis, le côté positif, la force de la série.

La série aborde des thèmes qui sont proches des ados comme l’amitié, l’estime de soi, la confiance, la famille, le coup de foudre, le rejet, la mode et les apparences et j’en passe. La bande n’est pas forcément moralisante comme telle, mais elle m’a surtout aiguillé sur ce qu’il ne fait pas faire. Ici, l’intelligence est démystifiée grâce à l’absurde.

L’humour a aussi sa place. Il est parfois caustique, noir, souvent subtil et on sait bien que c’est une qualité que recherchent les ados en littérature. Quant au graphisme, il ne m’a vraiment pas impressionné.

Je suis sûr que beaucoup d’ados apprécieront cette série. Elle est déjà d’ailleurs très connue si j’en juge par le volume impressionnant de ventes. Quant à moi, j’ai lu deux albums et j’ai arrêté là. Peu d’éléments sont venus me chercher et je n’ai pas pu m’attacher aux personnages bien que j’aie développé de l’empathie pour Karine malgré sa personnalité empâtée.

Il paraît que les derniers numéros sont meilleurs. Peut-être que j’y reviendrai un jour.

Suggestion de lecture : YUL ET SA CLIQUE, Une bd de Julien Mariole


Les auteurs de la série : Delaf, de son vrai nom Marc de la Fontaine, illustrateur et coloriste et Dubuc, de son nom complet Maryse Dubuc, scénariste de la série LES NOMBRILS.


Pour parcourir la série, cliquez ici

 

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 12 avril 2025

Minuit dans l’univers

Commentaire sur le livre de
LILY BROOKS-DALTON

*…cette nuit-là, les constellations n’étaient qu’une banale toile de fond pour la cascade de l’aurore boréale qui ruisselait dans l’air : coulées de lumière dansante, irisées de vert, de violet, de bleu. *

(Extrait : MINUIT DANS L’UNIVERS, Lily Brooks-Dalton, Les Presses de la Cité 2017, version papier, 275 pages. Version audio : Audible Studios éditeur, 2021, durée d’écoute : 7 heures 34 minutes. Narrateur : Éric Chantelauze.

Augustin, un brillant astronome, est en mission dans l’Arctique lorsque sa base est évacuée. Alors que les militaires rapatrient ses collègues, il refuse de quitter l’Observatoire. Quel que soit le danger, il veut finir ses jours ici, les yeux dans les étoiles. La rencontre avec une fillette de huit ans change ses plans : il doit reprendre contact avec le monde pour qu’elle soit sauvée. Mais toutes ses tentatives restent sans réponse…

Alors qu’une jeune astronaute, Sully, quitte Jupiter pour regagner la Terre avec son équipage, elle perd tout contact avec Houston. Augustin capte son appel. Au fil des échanges, ils vont se découvrir et se rapprocher, malgré l’immense vide qui les sépare. Ensemble, ils affrontent leurs peurs et leur solitude, réfléchissent sur leurs choix passés et affrontent le futur qui les attend.

 NUANCES D’INFINI

L’histoire suit en parallèle deux personnages principalement. Augustin, un astronome sur la fin de ses soixante-dix ans qui refuse de quitter sa base d’observation arctique malgré l’ordre d’évacuation. Il y a aussi Sully, une jeune astronaute qui tente de quitter l’orbite de Jupiter pour regagner la terre mais perd tout contact avec Houston.

S’ajoute un troisième personnage qui restera pour moi énigmatique du début à la fin du récit : Iris, qui a trouvé refuge dans l’observatoire, à la grande surprise d’Augustin.

De son observatoire, Augustin capte l’appel de détresse de Sully. Un dialogue s’installe et quelque chose de fort se développe entre les deux solitudes. Un lien qui pourrait peut-être les préparer à ce qui les attend.

C’est une belle histoire mais elle souffre de sous-développement. Il n’y a pas d’action comme telle, peu de suspense. Le rythme est lent mais un léger caractère fantastique vient toutefois enrichir le récit. Le quatrième de couverture laisse à penser qu’il s’agit d’un drame apocalyptique mais ce n’est pas le cas. Ici, l’apocalypse est très secondaire.

Pour faire simple, disons que MINUIT DANS L’UNIVERS est la rencontre de deux solitudes alors que la vie telle qu’on la connait pourrait toucher à sa fin, d’où le titre. Le dialogue plonge dans le passé et il en découle une nostalgie, de la tristesse. S’attacher aux personnages relève vraiment du ressenti de chaque lecteur-lectrice.

Le roman comme tel, méditatif et introspectif ne m’a pas vraiment emballé mais j’ai été fasciné par la beauté de l’écriture, de son pouvoir descriptif qui a aisément rejoint mon imagination. La façon dont Lily Brooks-Dalton décrit le vide arctique et le vide spatial et de les lier avec la solitude des personnages est majestueuse. L’expression d’une poésie qui ne m’a pas laissé indifférent.

La plume et l’imagination font la force du livre, les faiblesses étant dans le développement de l’histoire, Iris qui est un personnage énigmatique plus ou moins défini et la finale m’a laissé sur ma faim. Intéressant rapport de forces et de faiblesses. Je n’ai aucun regret.

Suggestion de lecture : SÉCESSION, de Julien Centaure

Extrait du film MINUIT DANS L’UNIVERS, sorti en 2020, réalisé par Georges Clooney, adaptation du livre de Lily Brooks-Dalton. En général, le film a reçu un accueil plutôt froid de la Presse et des critiques.


L’autrice Lily Brooks-Dalton

Bonne lecture

Bonne écoute
Claude Lambert
le vendredi 11 avril 2025



L’Arbre Monde, Richard Powers

*Elle prend sa main tremblante dans le noir. C’est si bon au toucher, c’est ce que doit ressentir une racine qui découvre, après des siècles, une autre racine avec qui s’enlacer sous terre. Il y a cent mille espèces d’amour, inventées séparément, toujours plus ingénieuses, et chacune d’entre elles engendre des choses nouvelles. *

(Extrait : L’ARBRE MONDE, Richard Powers, version audio : Lizzie Éditeur, 2018, durée d’écoute : 21 heures 42 minutes, narratrice : Leah Valdis-Bogart. Version papier : Cherchemidi éditeur, 2018, 550 pages.)

Aux frontières de la poésie

C’est un livre magnifique qui m’a touché profondément car il développe avec sensibilité et intelligence, un sujet qui me tient à cœur. Mais résumons d’abord l’histoire.

Après des années passées seule en forêt, une botaniste fait une découverte extraordinaire qui confirme finalement ce que les légendes proclament depuis l’aube des temps : les arbres communiquent entre eux et pas seulement, ils tentent de communiquer avec l’homme depuis les temps anciens. Malheureusement, leur fréquence est incompatible avec la compréhension de l’homme.

L’histoire évoque également le fourmillement d’une vie souterraine qui va jusqu’à supposer que les arbres du monde auraient bien pu prendre racine à partir d’un arbre-mère : l’arbre-monde.

Au fil de cette profonde intimité, nous suivons le destin entrelacé de neuf personnes, représentées par des noms d’arbres, qui convergent vers la Californie pour défendre un séquoia menacé de destruction. Les lecteurs peuvent suivre les défenseurs, un peu comme on lit les nouvelles convergentes d’un recueil.

Ça peut paraître saugrenu, mais je pourrais très bien qualifier cette œuvre de drame d’amour écologique, essai de philosophie environnementale, un roman manifeste. Moi j’appelle ça une alerte écologique, émise sans haine, sans jugement avec une plume poétique à la limite du langage musical. J’ai été ému par la beauté et la profondeur de l’écriture. J’ai été saisi par une émotion d’une rare intensité.

Ce livre met en perspective une véritable tragédie : la déforestation, la coupe à blanc, des pans entiers de forêt qui disparaissent au nom du développement et qui abîment dangereusement la planète.

Il y a plusieurs années de cela, j’enseignais à mes jeunes scouts que lorsqu’on est perdu en forêt et au bord de la panique, faire un câlin à un arbre nous procurait calme et énergie nouvelle. C’est en partie un pouvoir de communication de l’arbre.

 Voilà ce qu’est pour moi ce livre de Richard Powers : un câlin, doublé d’un sérieux avertissement, un plaidoyer d’une profonde sincérité doublé d’un appel au respect et à la reconnaissance. C’est un livre énorme et puissant mais aussi doux et enveloppant.

Le récit comporte quelques faiblesses toutefois. Il y a beaucoup de longueurs qui nuisent au fil conducteur, aussi, des explications scientifiques un peu lourdes. Certains passages frôlent l’extrémisme, sans y plonger vraiment toutefois. Le tout demande une certaine concentration car l’écriture bifurque souvent. La version audio offre une narration monotone qui frôle l’ennui.

Richard Powers consacre ici un genre littéraire appelé à proliférer : le roman écologique. Une chose est sûre, je ne verrai plus jamais les arbres comme avant. Extraordinaire moment de lecture.

Suggestion d’écoute : PAYSAGE SONORE DE LA NATURE CANADIENNE, collectif audio


L’AUTEUR RICHARD POWERS

 Du même auteur

Depuis la mort de sa femme, Theo Byrne, un astrobiologiste, élève seul Robin, leur enfant de neuf ans. Attachant et sensible, le jeune garçon se passionne pour les animaux qu’il peut dessiner des heures durant. Mais il est aussi sujet à des crises de rage qui laissent son père Depuis la mort de sa femme, Theo Byrne, un astrobiologiste, élève seul Robin, leur enfant de neuf ans.

Attachant et sensible, le jeune garçon se passionne pour les animaux qu’il peut dessiner des heures durant. Mais il est aussi sujet à des crises de rage qui laissent son père démuni. Pour l’apaiser, ce dernier l’emmène camper dans la nature ou visiter le cosmos.

Chaque soir, père et fils explorent ensemble une exoplanète et tentent de percer le mystère de la vie. Le retour à la réalité est souvent brutal. Quand Robin est exclu de l’école suite une nouvelle crise, son père est mis en demeure de le faire soigner. Refusant l’option de la médication, Théo se tourne vers un neurologue expérimentant une nouvelle thérapie. Par le biais de l’intelligence artificielle, Robin va s’entraîner à développer son empathie et contrôler ses émotions. 

BONNE LECTURE

BONNE ÉCOUTE
Claude Lambert
le dimanche 6 avril 2025

 

Félix Leclerc et nous

40 regards sur l’homme et son œuvre

Commentaire sur le livre de
MONIQUE GIROUX et PIERRE GINCE

*Félix a tout inventé de la chanson moderne québécoise de par son talent, sa guitare, des mots simples et forts à la fois, des images suggérées, des mélodies facilement mémorisables, des fables philosophiques sur de la musique, de la poésie.

Il nous a nommés, a vanté la nature, la nôtre. Il a, comme ses ancêtres de la Mauricie qui défrichaient la terre, défriché celle de notre culture populaire. Sans même le savoir ou encore moins le vouloir, il a damé des chemins, les rendant carrossables pour ceux et celles qui prendraient la guitare à sa suite. *

(Propos de Monique Giroux, extraits de l’introduction du livre FÉLIX LECLERC ET NOUS, 40 regards sur l’homme et son œuvre, par Monique Giroux et Pierre Gince, Les Éditions de l’Homme 2022, édition de papier, 292 pages.)

Auteur-compositeur-interprète, écrivain, animateur, scénariste, metteur en scène et acteur: Félix Leclerc avait toutes les cordes à son arc. Pionnier de la chanson québécoise moderne, il a créé un style musical reconnaissable entre tous. Ses souliers l’ont mené du Québec à la France, où il a côtoyé Brel, Brassens et Devos. Près de 40 ans après son décès, ce grand poète est toujours bien vivant dans le cœur de plusieurs générations, chez nous comme ailleurs. Bienvenue dans ce «Tour de l’île» unique, balisé par les témoignages intimes des plus grands artistes de la chanson francophone et des privilégiés qui l’ont côtoyé au quotidien, dans son havre de paix.

Un pur P’tit Bonheur

C’est un ouvrage en deux parties, la principale étant une collection de 40 témoignages sur Félix Leclerc. Chaque regard sur Félix est signé d’artistes ou d’autres personnes qui, tôt ou tard ont côtoyé ou interprété le poète de l’île et comprend une courte biographie de l’artiste.

Cette imposante série de témoignages est précédée d’un vaste tour d’horizon de la vie et de l’œuvre de Félix Leclerc qui rappelle un peu la forme d’un journal, sauf qu’ici, les faits saillants sont détaillés par année. Cette partie constitue un important rapport de recherches qui place de façon adéquate le lecteur et la lectrice dans le contexte.

Il y a évidemment une redondance inévitable dans ces textes. Tous les artistes admettent avoir été touchés tôt ou tard par Félix comme touchés par la grâce. J’essaie ici de dégager les points communs de tous ces textes qui décrivent Félix Leclerc :

Félix était un homme massif, imposant, *Quand Félix arrivait quelque part, il apparaissait. * (Extrait du témoignage de Natalie Leclerc) Sa voix était grave et forçait l’attention, bel homme, poète, dramaturge, homme de théâtre, auteur, compositeur, interprète, reconnu et adulé en France avant de l’être au Québec.

Il a ouvert la voie à un style d’interprétation qui s’est élevé au niveau de l’art, influençant fortement ceux devenus monstres sacrés de la chanson : Brassens, Duteil, Brel, Claude Gauthier et beaucoup d’autres.

Félix était réservé, un peu timide, casanier mais paradoxalement chaleureux et empathique.

Ça transparaissait jusque sur la scène quand il entrait avec sa guitare et posait un pied sur son éternelle chaise. Sa pensée sociale fut évolutive jusqu’en 1970 où elle prit un tournant avec la crise d’octobre.

*En octobre 1970, quand un des soldats lui demandent de s’identifier afin qu’il puisse rentrer à l’Île d’Orléans. Ça le blesse. C’est l’origine même de <L’ALOUETTE EN COLÈRE> qui marque un nouveau tome dans la carrière de Félix Leclerc. *  Extrait du témoignage de Marc Laurendeau.

C’est ainsi que, personnellement, L’ALOUETTE EN COLÈRE est devenue ma chanson préférée sur le plan identitaire après *Attends-moi Ti-gars* que je fredonnais à la fin d’une journée en sortant de ma petite école Saint-Maurice. D’autres chanson furent identifiées dans les témoignages comme préférées : LE TOUR DE L’ÎLE, L’HYMNE AU PRINTEMPS, BOZO, LE PTIT BONHEUR et j’en passe.

Évidemment, en 40 entrevues, il y a beaucoup de répétition et de redondances. Mais il y a aussi des apports personnels d’une grande richesse. C’est ainsi qu’avec le témoignage d’Yves Duteil j’ai connu et savouré les origines de <LA LANGUE DE CHEZ NOUS> Pas d’erreur, ce recueil est porteur d’émotion, de chaleur et d’amour, sans compter l’engagement social.

Je me souviens très bien maintenant de celui qui a ouvert la voie. Merci Monique et Pierre. Je comprends aussi beaucoup mieux pourquoi Brassens est l’auteur-compositeur-interprète qui m’a le plus atteint à vie avec Félix Leclerc. Brassens et Leclerc ont ceci en commun outre leur poésie : plus la scène est dépouillée plus elle est riche et enveloppante.

Suggestion de lecture : LE PETIT MOZART, la BD de William Augel


Félix Leclerc


Les auteurs Pierre Gince et Monique Giroux

 

 

Ma préférée…
celle que je fredonnais
sur les chemins
de la p’tite école

BONNE LECTURE
CLAUDE LAMBERT

LOUIS VUITTON L’AUDACIEUX

Commentaire sur le récit biographique de
CAROLINE BONGRAND

*Constant lui enseigna le métier d’emballeur. Toute la journée, il allait proposer ses services de magasin en magasin. Sa technique était simple. Posté dans une rue commerçante fréquentée par les aristocrates et les bourgeois, il attendait de voir un client sortir d’une boutique pour y entrer aussitôt et proposer l’emballage.

Extrait : LOUIS VUITTON L’AUDACIEUX, Caroline Bongrand, version audio : Gallimard éditeur, 2021 Durée d’écoute : 7 heures 26 minutes. Narratrice : Isabelle Huppert.

Louis Vuitton a tout juste 14 ans lorsqu’il quitte son Jura natal. À Paris, il trouve à s’employer auprès du layetier-coffretier-emballeur le plus en vue du faubourg Saint-Honoré. D’une plume alerte, Caroline Bongrand retrace l’ascension de ce jeune audacieux, artisan virtuose et visionnaire. Lorsqu’Eugénie de Montijo devient impératrice des Français, elle garde auprès d’elle son emballeur préféré auquel la lie une amitié aussi vraie que durable. Installé à son compte en 1854, Louis Vuitton, porté par les fastes du Second Empire, ne cessera plus d’innover pour créer des malles adaptées aux tenues les plus extravagantes et aux voyages les plus lointains, faisant de sa propre existence un roman.  

 Louis le bagagier

J’aime prendre le temps, occasionnellement, de lire ou entendre un récit biographique. Je fais ainsi la connaissance de personnages qui ont participé à leur façon à l’histoire. Je parle de personnages nouveaux pour moi, que je connais peu ou pas du tout.

Élargir ce champ de connaissance pour moi est un plaisir. LOUIS VUITTON L’AUDACIEUX raconte l’histoire d’un homme vaillant, ingénieux, industrieux et à l’ambition réfléchie. C’était un innovateur et oui, il était audacieux, n’hésitant pas à se donner, s’investir, accepter l’échec et recommencer.

Ayant quitté Paris à 14 ans pour chercher du travail, Louis a commencé dans une petite entreprise comme simple emballeur. Encadré par un bon employeur qui lui faisait confiance, Louis a gagné en assurance. Il a développé ensuite toutes sortes d’habiletés : layetier, coffretier. Il devint enfin un malletier célèbre.

Sur fond d’agitation politique et de menaces de guerre, l’autrice raconte une véritable amitié que Louis Vuitton a développé avec Eugénie, devenue impératrice des français qui considérait Vuitton comme un précieux confident.

C’est vraiment une belle histoire, livrée avec simplicité. J’ai beaucoup apprécié sa lente évolution jusqu’à l’entrée en scène du fils de Louis, George qui exportera finalement les produits Vuitton dans les Amériques. Peu avant sa mort, Louis Vuitton était devenu un des plus célèbres maroquiniers du monde.

C’est un cheminement d’autant plus remarquable qu’aujourd’hui, l’entreprise existe toujours, devenue une maison de luxe pour les accessoires de voyage qui a étendu son savoir-faire jusque dans le prêt-à-porter.

Très beau récit biographique présenté sous forme de roman. Je me suis attaché au héros dont l’histoire est prenante et passionnante. Seule ombre au tableau, dans la version audio, la narration manque de chaleur et transmet laborieusement l’émotion.

Divertissant et instructif.

Suggestion de lecture : LÉO MAJOR un héros résilient, Biographie écrite par LUC LÉPINE


Louis Vuitton (1821-1892)


L’autrice Caroline Bongrand

Bonne écoute
Claude Lambert

le dimanche 30 mars 2025

LA BÊTE INTÉGRALE

Commentaire sur le livre de 
DAVID GOUDREAULT

*Ma mère se suicidait souvent*

Extrait : LA BÊTE INTÉGRALE, David Goudreault, Stanké éditeur, 2018, édition de papier, 720 pages. Version audio : Vues et voix éditeur, 2020, duré d’écoute, 16 heures 12 minutes, narrateur : Émile Proulx-Cloutier.

Le drame familial d’un homme seul, petit criminel accro à la porno et aux jeux de hasard, violent, manipulateur, sexiste, raciste et homophobe. Narrateur du roman, cet anti-héros a été séparé de sa mère à l’âge de sept ans et a trouvé du réconfort dans les livres.

Il rage contre les familles d’accueil qui se succèdent dans sa vie, carbure à l’alcool, à la drogue, aux amphétamines, et s’enfonce dans la criminalité. Il ne veut rien savoir des normes, rit des règles, profite de toutes les bonnes âmes qu’il croise, sans scrupule, jusqu’à commettre l’irréparable


Un personnage éclaté

Il n’y a rien de plus satisfaisant que de lire un auteur capable de me piéger dans des émotions contradictoires allant jusqu’à me faire éprouver de l’empathie pour la bête.

La bête, c’est le narrateur, l’anti-héros : un type sexiste, violent, manipulateur et mentalement instable, obsédé par sa mère qu’il voit partout, naïf à en être attendrissant et monsieur je-sais-tout qui étale un peu partout dans le récit sa philosophie de supermarché : *-Quant t’es rien, devenir un moins que rien, ça donne de la valeur. * (Extrait)

Notre homme livre ses connaissances, en général moralement satisfaisantes pour lui et termine très souvent ses affirmations par l’expression qui remplace avantageusement le point final et qui ne tolère pas de réplique : *C’est documenté* .

Bien sûr, c’est un récit violent renfermant de la sexualité plutôt crue et des propos dérangeants. En fait, c’est tout le récit qui est dérangeant, évoquant entre autres une froide manipulation, les règles impitoyables qui régissent les milieux carcéraux, spécialement entre les prisonniers. C’est une histoire sombre, celle du liquidateur liquidé par la vie…pas facile à assimiler.

Mais c’est une histoire bien écrite et d’une extraordinaire intensité et qui fut dans mon cas totalement addictive avec un fil conducteur impeccable. Le récit m’a à la fois ému et choqué, amusé et enragé, attendri et endurci, dégoûté et émerveillé. Il y a beaucoup d’action. La bête est toujours en mouvement.

L’histoire est aussi teintée d’humour. Il est noir évidemment mais d’une désarmante spontanéité : *La vie, ce n’est pas une boite de chocolat, c’est une poutine. On a rarement un goût pur, distinct. Tout est pogné, mélangé ensemble. Un peu de frites ou de fromage dans ta bouchée, mais ça baigne toujours dans la sauce.* (Extrait)

Je veux souligner en passant que la version audio de LA BÊTE fut pour moi une révélation, un véritable chef d’œuvre. Émile Proulx-Cloutier a su parfaitement cerner le personnage de David Goudreault et le rendre à la perfection. Il m’a même fait rire en imitant le type à qui il manque des dents à l’avant. Magnifique performance.

Malgré une confusion dans mes sentiments, je crois que c’est un excellent livre. Je suis arrivé à la fin du récit sans voir passer le temps. Quant au personnage principal, peut-être l’ai-je compris dans sa fureur, sa folie. Je ne sais toujours pas si je l’ai aimé ou détesté mais il demeure pour moi inoubliable.

Cette histoire, issue d’une plume habile et talentueuse vaut la peine d’être lue ou écoutée.

Suggestion de lecture : 11 SERPENTS, de Philippe Saimbert


L’auteur David Goudreault

 

Bonne lecture
Bonne écoute,
Claude Lambert

le samedi 29 mars 2025

ANÉANTIR, Michel Houellebeck

<Ce qui est inquiétant dans le troisième message, ce n’est pas son contenu, c’est sa diffusion. Cette fois, ils ne se sont pas attaqués à un site administratif, ils ont visé Google et Facebook; des gens qui, en principe, ont les moyens de se défendre. Et ce qui est stupéfiant, c’est la violence et la soudaineté de l’attaque.>

Extrait : ANÉANTIR, Michel Houellebecq, Flammarion éditeur, 2022, édition de papier, 732 pages.

Le roman suit Paul Raison, un fonctionnaire du Ministère de l’Économie et des finances, attaché au Cabinet du Ministre Bruno Juge, avec lequel il entretient également des liens d’amitié. Le climat politique est marqué par des attentats terroristes extrêmement sophistiqués, faisant appel à des moyens militaires importants, sans qu’on connaisse vraiment les motivations des auteurs. Paul entretient des liens distants avec sa femme Prudence. Le couple vote ouvertement pour le Rassemblement national. Enfin, le frère cadet de Paul travaille comme restaurateur d’œuvres d’art et est marié à une femme détestable.

Vivre et déchanter

Ce livre était dans mes projets de lecture depuis sa sortie. J’ai procrastiné là-dessus. J’hésitais parce que Houellebecq n’est pas un auteur spécialement facile à lire et à digérer. J’ai eu le même sentiment avec Charles Bukosvsky. Même si ce dernier est plus errant et tourmenté, ces deux auteurs, quoique très différents, ont un point en commun : s’ils se laissent désirer au début de leur histoire, ils gagnent des cœurs au fil des pages.

En effet, si ANÉANTIR démarre sur l’élan d’un escargot, il est très vite devenu pour moi un coup de cœur. ANÉANTIR raconte l’histoire de Paul Raison, fonctionnaire français, attaché politique et ami du ministre Bruno Juge. Son mariage est précaire, sa sœur est dévote, son frère est instable et son père, un ancien agent secret est mourant,

L’histoire se déroule sur fond de campagne électorale à la présidence française dans laquelle son ami est impliqué. C’est un livre en deux parties. Dans la première partie, il faut comprendre un peu le fonctionnement de la politique en France, mais c’est optionnel. L’auteur met ses personnages en place et les approfondit dans un monde où le terrorisme se fait sérieusement menaçant et pousse à l’agitation sociale.

Cette première partie est une série de petites intrigues qui s’imbriquent. Elles ne sont ni abouties ni expliquées. Ce choix m’a semblé voulu par l’auteur qui n’a fait, finalement, que me préparer à la deuxième partie qui, elle précise le destin tragique de Paul.

J’ai été profondément remué par ce récit. Oui, Houellebecq peut être cinglant par moment, cynique et même tordu mais le regard qu’il jette sur la Société est d’une désarmante justesse. Il m’a poussé à une profonde réflexion sur le sens de la vie, la mort et la vieillesse.

*…nous ne supportons plus les vieux, nous ne voulons même par savoir qu’ils existent, c’est pour ça que nous les parquons dans des endroits spécialisés, hors de la vue des autres humains. La quasi-totalité des gens aujourd’hui considèrent que la valeur d’un être humain décroit au fur et à mesure que son âge augmente; que la vie d’un jeune homme et plus encore celle d’un enfant, a largement plus de valeur que celle d’une très vieille personne… * (Extrait)

L’auteur y va de sa notion du nihilisme. C’est du Houellebecq…souvent acide dans ses propos mais toujours sur fond de vérité. C’est ma façon de voir mais une chose est sûre, il ne laisse pas indifférent. Ses ombreux passages sur le cancer en phase terminale ont eu sur moi l’effet d’un coup de poing :

*Il était au milieu des condamnés, des incurables, dans une communauté qui n’en serait jamais une, une communauté muette d’êtres qui, peu à peu se dissolvaient autour de vous, il marchait <dans la vallée de l’ombre de la mort>, selon l’expression qui lui apparaissait, pour la première fois, dans toute sa force. Il découvrait une forme de vie étrange et résiduelle, complètement à l’écart, aux enjeux absolument différents de ceux qui agitent les vivants. * (Extrait)

Malgré tout, j’ai perçu dans ce livre du positif, de l’espoir. J’ai développé le sentiment que tout n’était pas perdu comme si ce pavé de Houellebecq faisait bande à part. ANÉANTIR est une œuvre magnifique de Houellebecq qui, dans sa muflerie a dévoilé une grande sensibilité dans son analyse de la condition humaine. À lire absolument.

Suggestion de lecture : LE FLAMBEAU, de Philippe Lançon


L’auteur Michel Houellebecq. Voir sa biographie.

DU MÊME AUTEUR

Bonne lecture
Claude Lambert
le vendredi 28 mars 2025

STEEL BROTHERS

livre 1, CHÂTIMENT

Commentaire sur le livre de
MANON DONALDSON

<Il fait si noir autour de moi. Je suis tapie dans l’ombre et j’attends. Je n’entends que mon pouls battre à mes tempes. La main devant la bouche, j’essaie de respirer sans laisser échapper le moindre bruit susceptible de me trahir. Je sais à présent qui il est… J’ai passé sept ans à le traquer sans relâche pour mieux comprendre, et maintenant que je touche enfin au but, je suis cachée dans un minuscule cagibi, terrorisée. J’aurais dû les écouter, j’aurais dû abandonner. Je suis maintenant prise au piège, et cette nuit est probablement ma dernière.>

Extrait : STEEL BROTHERS T1, LE CHÂTIMENT, Manon Donaldson, Black Ink éditeur, 2018, 496 pages. Version audio : Audible Studios éditeur, 2019, durée d’écoute : 16 heures 35 minutes. Narratrice, Arianne Brousse.

Quand Evelynn, adolescente de 14 ans, découvre sa famille massacrée, son traumatisme se transforme en haine qui alimente son désir de vengeance. Evelynn devient Ivy. 7 ans après le drame, elle réussit à s’infiltrer et à se faire accepter par les Steel Brothers, gang de bikers aux mœurs peu recommandables.

Ils sont responsables de la mort de sa famille, ils doivent payer, et Ivy a mis sur pied un plan infaillible. À leur tête, le ténébreux Dante pourrait bien tout remettre en question. Dangereux, sans foi ni loi, le puissant chef de gang va tenir un rôle inattendu.

Ivy pourra-t-elle jouer cette partie dont elle ne connaît pas toutes les règles ?

 

Une plume à subjuguer

C’est un ouvrage à tension élevée dont le ton et le rythme forcent l’attention. Le sujet est simple : une ado appelée Evelynn découvre sa famille massacrée. Une fois développée la question de savoir pourquoi elle a échappé à l’hécatombe, son traumatisme se transforme en une insatiable soif de vengeance. Les Steel Brothers, des motards criminalisés seraient responsables de cette tuerie.

Son plan est d’infiltrer les Steels, découvrir la vérité, identifier le ou les tueurs et d’exercer une implacable vengeance. Simple le plan ? Pas tant que ça.

LE CHÂTIMENT est le premier tome d’une trilogie. C’est avant tout une histoire de vengeance assortie d’alliances, d’aventures sentimentales et sexuelles et où la mort est omniprésente. Le lecteur est balloté je dois dire de rebondissement, en fausse piste, en revirement. Au cœur de l’intrigue : traîtrise, guerre de motards, infiltration, règlements de compte et des découvertes étranges qui n’ont pas fini de surprendre Evelyne devenue Ivy, mue par l’obsession de la vengeance.

C’est un roman puissant. Sa première force est son personnage principal, Ivy que l’auteur a doté d’une trempe et d’une audace extraordinaires et attachante au point que le lecteur est poussé à l’empathie pour elle. Je suis toujours sensible à l’attraction d’un personnage approfondi et bien travaillé.

Autre force, l’histoire évolue dans le monde des *bikers* avec lequel l’auteure nous familiarise non sans une retenue recherchée. C’est violent sans être excessif. Aussi, les revirements rythment le récit. L’auteure réserve de nombreuses surprises bien réparties dans l’évolution du récit. Pas de temps morts, pas de longueur et malgré la violence, l’histoire est porteuse d’émotions, particulièrement dans la finale que je n’aurais du reste jamais pu prévoir.

C’est bien fait, bien écrit et bien pensé. L’auteure m’a amené exactement là où elle voulait et ne m’a pas ménagé. Les personnages ne sont jamais ceux qu’on pense. Je me suis senti agréablement brassé et si vous êtes comme moi, vous vous accrocherez au personnage central, une tête dure comme j’en ai rarement vu. Soit dit en passant, j’ai adoré la performance de la narratrice Arianne Brousse dans la version audio.

Enfin, l’auteure a savamment mis en place tous les éléments nécessaires pour la suite. Je recommande donc STEEL BROTHERS 1, le Châtiment. Pas d’erreur, ça décoiffe.

Suggestion de lecture :  POUR SEUL REFUGE, de Vincent Ortis


L’auteure Manon Donaldson

LA SUITE

Bonne lecture
Bonne écoute

Claude Lambert
le dimanche 23 mars 2025

Les aventures de Tintin

Commentaire sur les albums de
HERGÉ

Malgré les efforts de Tintin pour les protéger, six membres d’une expédition scientifique consacrée à la civilisation Inca sont mystérieusement plongés dans une profonde léthargie. Lorsque le dernier scientifique tomba en léthargie, le professeur tournesol disparait, enlevé après s’être paré du bracelet de la momie Rascar Capac. Tintin et le capitaine Haddock concluent que leur enquête devra se poursuivre au Pérou d’où origine la momie. Pendant ce temps, les scientifiques endormis font régulièrement et simultanément le même cauchemar. Un rêve fou dans lequel la momie est vivante.

LE TEMPLE DU SOLEIL est la suite de l’aventure amorcée dans LES 7 BOULES DE CRISTAL. Nos amis Tintin et Hadock sont au Pérou, à la poursuite du professeur Tournesol, après avoir appris que ce dernier a commis le sacrilège de porter le bracelet de la momie Rascar Capac. Ils auront l’aide inespérée d’un jeune indien Quishua appelé Zorrino qui leur apprend l’existence d’un temple, très loin dans les montagnes péruviennes où pourrait être mis à mort le professeur Tournesol. Ils entreprennent un long et périlleux voyage qui pourrait bien conduire nos amis au sacrifice de leur vie…

Riche et indémodable

Ma première lecture à vie fut celle d’un album de Tintin. Par la suite, j’ai dévoré rapidement la collection complète et j’y suis revenu régulièrement au fil des ans. C’est comme plus fort que moi. Tintin fut mon premier ami. C’est lui qui m’a introduit à la lecture. Même après soixante ans, j’y reviens à l’occasion.

Cette fois, j’ai profité de l’arrivée sur le marché d’un nouveau format d’édition, plus petit mais tout aussi attractif et qui se glisse bien mieux dans une bibliothèque. En fait, ce nouveau format est sorti en 2007, toujours chez Casterman pour souligner le centenaire de la naissance de Hergé.

Il était temps pour moi de m’y remettre. J’étais dû comme on dit. Pour me replonger dans l’univers du jeune reporter, j’ai choisi les diptyques de la collection, c’est-à-dire les aventures de Tintin déployées sur deux albums. Il y a quatre diptyques en tout dans la collection : LES CIGARES DU PHARAON et LE LOTS BLEU, LES 7 BOULES DE CRISTAL et LE TEMPLE DU SOLEIL, LE SECRET DE LA LICORNE et LE TRÉSOR DE RACHAM LE ROUGE et le diptyque lunaire : OBJECTIF LUNE et ON A MARCHÉ SUR LA LUNE.

J’ai réalisé peut-être encore davantage aujourd’hui la richesse de ces albums avec leurs graphismes recherchés, leur caractère initiatique en géographie, histoire, sciences et phénomènes de toutes sortes et ce magnifique équilibre que Hergé a toujours jalousement conservé entre mystères, énigmes, enquêtes et l’humour avec les attachants personnages qui entourent Tintin dont bien sûr le tonitruant capitaine Haddock.

Toutes ces qualités sont toujours recherchées par les jeunes lecteurs à qui on propose encore plus car Hergé a su insuffler à son jeune héros un inexplicable pouvoir attractif comme une aura qui tend un irrésistible filet gardant les jeunes lecteurs dans le coup.

Je constate aujourd’hui que Tintin demeure une icône de la francophonie internationale. Un incontournable. Il n’a pas vieilli. Et après toutes ces années, je le redécouvre encore.

Quant au diptyque en rubrique, c’est mon préféré. Il est teinté de véracité et de crédibilité qui supposent une recherche sérieuse et beaucoup de documentation. Il y a aussi les personnages secondaires qui sont venus me chercher en particulier Zorrino dans LE TEMPLE DU SOLEIL, une attachante petite racine péruvienne. Il y a aussi Tchang le jeune chinois qui fut au centre de mon attention dans LE LOTUS BLEU et TINTIN AU TIBET.

Chaque album a un petit quelque chose, une particularité, un personnage ou une situation, susceptible de vous atteindre personnellement. Pour moi, dans les   boules de cristal, ce fut un petit cachet fantastique, personnifié par Rascar Capac. Quoiqu’il en soit, encore aujourd’hui, Tintin ne laisse personne indifférent.

C’est donc avec un plaisir renouvelé que je vous recommande un des fleurons du neuvième art : LES AVENTURES DE TINTIN, créé par Hergé.

Suggestion de lecture : FINGERS,  une aventure de Lucky Luke, de Lo Hartog Van Banda et Morris


L’auteur : Georges Remi, dit HERGÉ

Les autres suites

Bonne lecture
Claude Lambert
le samedi 22 mars 2025